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crise - Page 15

  • Le bûcher des vaniteux...

    Les éditions Albin Michel viennent de publier Le bûcher des vaniteux, un recueil des chroniques radiophoniques qu'Eric Zemmour a écrites au cours de l'année 2011. Une relecture décapante de cette année riche en événements...

     

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    « J’ai tenu, chaque matin, le journal de bord de cette année surprenante, inquiétante, mirobolante. De mon poste d’observation privilégié, j’ai vu brûler les bûchers des vaniteux. Comme au temps de Philippe Le Bel, le petit peuple de Paris, sidéré et vaguement inquiet, regarda brûler celui des Templiers.
    J’y ai même glissé ma petite allumette. Ni vu ni connu. Pas pu m’empêcher. Un réflexe, une mauvaise habitude. Une revanche aussi. Je vous en prie, ne me dénoncez pas. Suis en sursis. »


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  • Ce n'est pas une crise, c'est un renversement !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur le site de l'AGEFI et consacré à la chute des illusions du libre-échange. Hervé Juvin est l'auteur d'un essai essentiel intitulé Le renversement du monde (Gallimard, 2010).

     

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    Ce n'est pas une crise, c'est un renversement !

    Le mot « crise » désigne la transition d'un état ordonné à un autre. Rien de plus impropre et plus vain pour désigner la situation dans laquelle nous nous trouvons. J'ai choisi le mot de « renversement » pour désigner une situation dans laquelle nous devons réviser nos certitudes les mieux ancrées, nos préjugés les mieux partagés. Nous avons tant célébré le développement des autres, fruit de la mondialisation béate, que nous n'avons pas vu le sous-développement qui gagnait nos territoires et nos quartiers. Partout, le scénario qui se met en place est à l'inverse de celui décrit à grands sons de trompe dans les années 90. Partout, les illusions du libre-échange apparaissent pour ce qu'elles sont, une duperie à l'usage des naïfs, et partout, la concurrence des acteurs privés sur les libres marchés ne masque plus les affrontements de puissance qui dictent leurs prix et leurs conditions aux marchés. Qui a dit que l'argent suffirait à tout ? Renversement des croyances et des repères pour les gérants, pour les assureurs et pour les investisseurs de long terme. Renversement aussi pour l'épargnant, qui redécouvre le risque, qui réapprend la géographie, et qui va bientôt redécouvrir l'histoire ; le ressentiment, la vengeance, la passion vont entrer dans le vocabulaire de ceux qui avaient cru les exclure en postulant que les hommes sont partout les mêmes, que les arbres montent jusqu'au ciel, et que le monde est plat. Il est facile de se faire peur, encore plus facile de céder à la confusion des images et des mots. L'ambiguïté de la situation vient de la complexité des choses, et du voile que les agrégats économiques et les approximations géopolitiques posent sur les faits. A la source de tant d'erreurs et de tellement de confusion, l'idée que l'économie est une science, qu'elle possède un pouvoir prédictif, et qu'il existe des lois de l'économie contre lesquelles la volonté et la passion des hommes ne peut rien. Le paradoxe est saisissant ; toutes les sciences exactes ont renoncé, depuis Einstein et Heisenberg, à prétendre dire le réel, pour se résigner à faire comme si ; seule l'économie prétend oublier qu'elle fut économie politique pour enfermer le monde dans des tableaux, des statistiques et des projections mathématiques. Misère d'une science qui n'a aucun des moyens d'accès à la vérité, mais qui prétend produire le vrai à partir de l'utile !Une grande partie des alertes, des peurs et de la défiance provient de l'invasion des indicateurs économiques, et plus particulièrement financiers, dans nos sociétés et dans nos vies. Tout se passe comme si une majeure partie de l'Europe avait abdiqué son autonomie pour confier son destin aux indicateurs économiques, et pour faire des marchés financiers un nouveau souverain, anonyme, invisible, irresponsable, mais partout présent. Qu'est-ce d'autre que la règle de Maastricht, qu'est-ce d'autre que la dépendance passée à l'égard des agences de notation et des analystes crédit, voire de telle ou telle banque américaine ? Sous l'influence de la finance anglo-américaine, et d'une idéologie imposée par le bavardage des économistes labellisés conformes, une démission collective a eu lieu. Si l'Europe ne protège de rien, si l'Union européenne a sacrifié aux dogmes de l'économie ses sociétés, sa liberté et sa singularité, si la Commission a été le moyen du renoncement de l'Europe à elle-même, nos voisins, proches ou lointains, n'ont pas fait de même. De même que les Etats-Unis n'ont jamais abandonné au marché quoi que ce soit de leurs intérêts stratégiques, de même l'Allemagne a continué à se donner sa loi, à faire passer sa société et son unité interne avant les règles du marché. Ce n'est pas seulement affaire de cogestion ou de fédéralisme. C'est d'abord affaire de primauté de l'intérêt national et local. L'impossibilité avérée de procéder à une offre publique d'achat agressive en Allemagne - quels que soient les intérêts des actionnaires vendeurs -, la primauté de la négociation sur les salaires et les revenus financiers, pour déterminer le partage de la valeur, la participation des salariés à la conduite des entreprises, et la négociation permanente de leur adhésion à la stratégie et à la conduite des affaires font la spécificité d'une société qui ne se réduit pas à son économie, qui se donne sa loi et qui n'a pas cédé son autonomie interne pour le plat de lentilles de la valorisation de marché. Le futur gouvernement de la France, comme l'ensemble de l'Europe, devrait étudier plus attentivement l'école de l'ordoliberalismus allemand. Cette école, féconde au milieu du siècle dernier, entend assurer la concurrence par l'autorité des institutions garantes du jeu équitable et non faussé du marché, elle développe une approche du marché comme moyen de la société. Nul doute que les Français, inquiets d'une dépossession qui ne dit pas son nom, ont beaucoup à apprendre de l'école des choix institutionnels et de la socialisation du marché.

    Hervé Juvin (L'AGEFI, 23 février 2012)

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  • Demain, l'effondrement économique ?...

    Vous pouvez regarder ci-dessous un entretien avec Piero San Giorgio, l'auteur de Survivre à l'effondrement économique, un essai publié en 2011 aux éditions le Retour aux Sources. L'entretien a été réalisé par le site Media-investigation.com


    Piero San Giorgio prévoit l'effondrement... par MEDIA-INVESTIGATION

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  • Vive la crise ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Philippe Milliau, cueilli sur Novopress et consacré à la crise et aux opportunités qu'elle offre...

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    Vive la crise

    Pour les amuseurs publics et autres bonobos de la pensée qui pontifient dans les médias, la crise que nous subissons n’est qu’un épisode de plus dans la longue liste des soubresauts du capitalisme mondial depuis l’invention de la monnaie par un Homo Sapiens un peu plus malin que ses congénères.

    À en croire les augures bien en cour, il suffit d’un peu de patience pour que tout rentre dans l’ordre et pour que la valse des milliards puisse reprendre comme avant pour le plus grand bonheur des manitous du CAC 40, de la Deutsche Boerse, de la City de Londres ou encore de Wall Street.

    Et si ce n’était pas du tout ça ?

    Et si, à l’opposé de la vision falsifiée véhiculée depuis le début de cette crise, nous vivions un renversement de l’ordre ancien ? Un bouleversement d’un monde tel que nous le connaissions jadis nous obligeant à envisager des mesures radicales pour guérir notre continent des maux qui l’affligent.

    Cette hypothèse est bien trop effrayante pour que les élites du système osent en parler. Pourtant, les arguments qui plaident en sa faveur sont nombreux, solides et concordants.

    Examinons quelques-uns des faits qui nous amènent à proposer cette explication.

    Le dollar a du plomb dans l’aile

    Une des manifestations les plus criantes de la fin de cette époque qui nous a tant fait souffrir, qui nous a asservis, comme tous les peuples du monde ou presque, c’est l’état de son pilier principal : le dollar.

    Déjà, par rapport à un panier des monnaies dynamiques (yuan, euro, real…), on observe un début de baisse du dollar en valeur relative. La situation économique et politique des États-Unis devrait, en dépit de multiples tentatives pour maintenir cette hégémonie, entraîner une accentuation de cette chute en 2012 et 2013.

    Plus significatif : la part du dollar au sein des devises accumulées dans les banques centrales a amorcé une petite baisse tendancielle depuis dix ans au profit de l’euro. Cette baisse semble en cours de nette accentuation en dépit des tribulations de notre devise dues la gestion des dettes souveraines de certains pays européens.

    Encore plus significatif : la part des transactions internationales libellées en dollars est en chute libre. L’actuelle crise avec l’Iran n’est pas sans accentuer ce phénomène. Plus de 60% des échanges entre l’Euroland et le reste du monde est maintenant effectué en euros, contre moins de 50% il y a dix ans, et le phénomène s’accélère.

    Chacun sait bien ce que veut dire la suprématie du dollar : elle a tout simplement permis le financement gratuit du gigantesque déficit commercial des États-Unis, ainsi que la mobilisation au profit de cette même puissance dominante d’une part considérable de l’épargne mondiale. Le dollar roi, principale monnaie de change et de réserve, véritable étalon remplaçant l’or a dopé depuis quarante ans l’économie de l’Amérique du Nord. C’est en voie de se terminer ; la face du monde en sera changée.

    Les Etats-nations sont dépassés, c’est la naissance des nations continents !

    Ainsi le Japon, prenant acte de son dépassement économique définitif par la Chine, commence sa sortie de la sphère du dollar pour s’arrimer à celle du yuan. C’est le début d’une entente devenue nécessaire après des siècles de conflit. S’il fallait une évidence du bouleversement d’un monde jusqu’à présent dominé par les Européens continentaux, puis par les Anglo-Saxons, il suffirait d’observer l’émergence rapide de cette formidable puissance asiatique de près de deux milliards d’hommes.

    Plus près de nous aussi, on observe l’extension du « modèle turc » sur le pourtour sud de la Méditerranée. En un an, la Turquie elle-même est sortie du « camp occidental » et le printemps arabe, qui n’a pas fini son œuvre, n’instaure pas la démocratie mondialisante comme ont voulu le croire les derniers défenseurs de ce monde à l’agonie. Ce sont bel et bien des gouvernements religieux qui se mettent en place dans cette région, les peuples se réappropriant ainsi une part de leur identité et de leur histoire.

    Mentionnons également le cas de l’Inde, qui, protégée par sa civilisation propre et ses structures sociales différenciées, trace une route originale.

    À sa façon, l’Afrique noire repart sur le chemin de la croissance, au moins dans ses insolubles problèmes d’absence tragique de maîtrise démographique, d’urbanisation bidonville et de conflits ethniques contrariés par des interventions étrangères brutales.

    L’isolationnisme prôné par une nouvelle vague d’hommes politiques aux États-Unis va dans un sens voisin, tout comme les dynamiques des retrouvailles identitaires plus au sud du continent.

    C’est bien la raison pour laquelle le futur jeu des Européens passe davantage par Moscou d’abord, et Pékin, New Delhi ou Brasilia ensuite ; et beaucoup moins par la City et Wall Street, refuges de nos anciens maîtres !

    Quel destin pour l’Europe ?

    Paradoxalement, cette crise nous offre une nouvelle chance, celle de rompre nos liens de vassalités hérités de l’ordre ancien imaginé à Breton Woods et maintenu contre vents et marées par la force financière et militaire des États-Unis.

    Et nous, Européens, dans tout cela ? Serons-nous les derniers croyants d’un ordre mondial et individualiste qui se meurt sans nous avoir vraiment profité ? Nous les donneurs de leçons « français » du nouvel ordre sans-frontiériste, nous qui confions nos temples à des pillards, sommes-nous à l’égal de Rome deux siècles après l’édit de Caracalla ?

    En fait, je le crois au fond de moi, rien n’est joué, rien n’est perdu, rien n’est définitif, la culture, le sang, le génie des Européens sont là – certes endormis, mais bien présents !

    Pour nous, Français et Européens, fiers d’une histoire que nous ne croyons pas finie, mais sans cesse renaissante à l’image du sol invictus, la situation est un défi, pas une fin.

    Redisons le clairement, car le choix est vital : ou les peuples européens trouveront une nouvelle dynamique commune pour le XXI siècle, ou bien ils sortiront de l’histoire. Le retour nostalgique à la situation de la première moitié du siècle passé, aux États nations dits souverains et indépendants ne fonctionnera pas à l’ère des compétiteurs du monde actuel. Il suffit d’en regarder la taille et les appétits pour s’en convaincre. Cessons une bonne fois de nous complaire dans un nombrilisme dépassé, et regardons le monde tel qu’il est et tel qu’il sera.

    Hélas une bureaucratie tatillonne et inefficace, une absence de projet, et pire une absence de définition identitaire, une complicité de larbins au service de la mondialisation et de soumissions aux intérêts transatlantiques ont terni l’image de l’Union européenne, et son centre bruxellois.

    Tout n’est pas à jeter dans l’Union telle qu’elle existe

    Certes nous n’avons pas de mots assez durs concernant cette Union européenne d’apparatchiks et de fossoyeurs de peuples. Cependant faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain?

    Faut-il, comme certains le demandent ardemment, mettre l’euro à mort alors que la suprématie du dollar touche à son terme?

    Oui l’euro existe en dépit de ses immenses défauts ; euro qui fut mal construit, mais euro quand même ; un euro qu’il faut sauver puis gouverner efficacement, ne serait-ce que pour éviter d’être hors jeu dans un match dollar-yuan d’où nous serions éliminés.

    Et si l’euro s’effondrait ?

    Ne broyons pas du noir en permanence : oui, les risques existent, mais si l’euro défaille, c’est-à-dire s’il y a défaut de paiement en chaîne de plusieurs pays européens, c’est le système des garanties (appelé CDS, credit default swaps) qui est appelé, comme dans une assurance après un sinistre. Et qui donc détient 96 % du risque en assurance, réassurance et produits swaps dérivés (pour un extraordinaire montant cumulé de 156 trillons de dollars, soit près de quatre fois le PIB mondial) ? Ce sont les quatre principales banques américaines (Goldman Sachs, JP Morgan, Bank of America, Citybank) et une banque britannique (HSBC). C’est un pan gigantesque de la finance des États-Unis qui serait englouti. Quelque part, c’est échec et mat pour le système qui nous a dominés et qui bouge les dernières pièces du jeu…

    Ne nous avait on pas prédit que si la France perdait son triple A elle serait obligée d’emprunter à des taux plus forts ? Et que se passe-t-il depuis lors ? Exactement le contraire !

    En des termes simples, cela veut dire qu’il n’y a plus de boussole, de règles, d’habitudes, de certitudes. Tout le monde fait ce qu’il veut, hors de toute contrainte ; même les marchés s’y mettent ! Les agences ne servent plus à rien, envoyons-les à la casse !

    Il faut débruxelliser l’Union européenne

    Faute d’avoir fait le choix d’un pouvoir politique européen, une classe de bureaucrates sans visages s’est emparée des leviers de l’Union européenne. Nous devons refuser que l’Europe ne soit qu’une construction bureaucratique s’opposant aux Européens mais bel et bien une Europe des peuples, dotée d’institutions démocratiques qui permettront une véritable unité civilisationnelle. Une Europe démocratique et non technocratique, une Europe identitaire et non mondialiste, une Europe subsidiariste et non-jacobine, c’est possible.

    Cette Europe que nous appelons de nos voeux est la seule en mesure de satisfaire aux attentes des nouvelles générations largement formée par les échanges universitaires « Erasmus » entre étudiants de différents pays d’Europe.

    N’est ce pas réjouissant de voir lors du sommet européen du 9 décembre 2011 les exigences anglaises refusées par des pays continentaux que l’on croyait davantage asservis ? Et le Royaume-Uni de se retirer, seul vers le large, avec le risque d’y sombrer bien seul.

    On regardera avec délectation une possible Écosse indépendante demander son entrée dans l’Union européenne et l’adoption de la monnaie unique : la victoire de William Wallace huit siècles plus tard ! La Reconquista espagnole en a bien mis autant !

    Oui, nous pouvons, avec d’autres peuples et civilisations, profiter de la fin à venir de la toute-puissance des gendarmes de l’ordre mondial et construire l’Europe qui aurait dû l’être dès le départ, une Europe forte, démocratique et souveraine!

    Les dangers qui nous guettent

    Oui, nous pouvons accepter, accompagner, profiter des bouleversements considérables dont nous ne voyons que l’infime part du début.

    Il n’y a en réalité que deux dangers qui puissent être mortels pour notre peuple. L’un est clair, connu, visible : la perte de nos identités charnelles et culturelles par totale submersion migratoire ; mais comme le disait le grand poète Hölderlin, « là où croît le danger, là croît ce qui sauve ». Je crois profondément qu’au travers de toutes nos terres d’Europe, la conscience s’éveille, maintenant.

    Il est un second danger, c’est le retour aux égoïsmes nationaux, puis la désignation du voisin comme ennemi. On a déjà donné, merci bien ! Lorsque la France et l’Allemagne sont unies, l’Europe est forte et grande. La mission sacrée des identitaires est claire : nous avancer vers le chemin de la foi en une civilisation, une volonté, un désir d’Europe. Pas leur Europe, la nôtre !

    Il nous faut trouver sans défaillance les moyens concrets de redonner un destin particulier à notre histoire.

    Pour demain, quelles orientations ? Quelles perspectives ?

    Quelles mesures nous faudrait-il adopter pour faire de l’Europe non pas un vassal des États unis et de l’hyper classe mondiale mais une puissance souveraine dans ce monde multipolaire en devenir?

    Voici une liste de mesures que nous jugeons importantes et que nous pourrions d’ores et déjà mettre en œuvre :

    Promouvoir de nouvelles générations de responsables politiques pour chasser les classes politiques corrompues, en particulier celles des pays méditerranéens.

    Mettre en route une harmonisation fiscale des pays de l’Eurozone, selon le principe de base : pas de monnaie unique possible sans convergence fiscale ; régler le cas épineux de la concurrence déloyale de l’Irlande et de sa faible imposition sur les bénéfices.

    Transferts de parts de budgets nationaux vers des budgets communautaires, correspondant aux transferts de souveraineté : pas de souveraineté fictive !

    Rapatriement et contrôle des marchés financiers à la frontière de la zone euro ; obligation d’exécution en euros de ces marchés, comme de la quasi-totalité des échanges commerciaux intra européens.

    Création d’euro bonds et rachat systématique des dettes des états pour diminuer les taux d’intérêt des emprunts. Limitation à 25% au maximum de l’exposition des dettes des pays européens aux marchés hors zone euro.

    Création immédiate d’une agence de notation européenne.

    Mesures de protection vis-à-vis des marchés financiers : interdiction des produits dérivés, des ventes spéculatives et ventes à terme. Augmentation progressive de la taxation des transactions financières jusqu’à l’obtention de l’équilibre souhaitable par rapport à la taxation du travail et de la consommation.

    Partenariats bilatéraux pour les principaux achats nécessaires d’énergie et de matières premières ; les achats libellés en Euros seront privilégiés.

    Exigence d’équilibre budgétaire, et remboursement progressif de la dette publique existante. Mobilisation de l’épargne en vue d’accélérer ces remboursements et de lancer un grand plan européen d’investissement.

    UNE RENAISSANCE DYNAMIQUE PAR UN GRAND PLAN D’INVESTISSEMENT

    L’épargne privée, au moins dans certains pays de la zone euro, est forte ; en Italie par exemple. Mobilisée par un vrai pouvoir souverain européen dans le cadre d’une confiance restaurée, elle peut permettre un double effet positif et nécessaire : desserrer la dépendance des états auprès du système bancaire, et aussi lancer une vraie dynamique de sortie de crise pour l’emploi et l’économie.  Ce plan d’un montant jamais atteint devrait se fixer 10 objectifs vitaux :

    ÉNERGIE : plus économique, plus propre et écologique, plus indépendante. Partenariat avec nos cousins russes.

    TRANSPORTS : pour la partie intra européenne, une harmonie technique, et des moyens de transport plus rapides, moins chers. En revanche plus chers vers l’extérieur.

    DÉMOGRAPHIE : relance de la natalité, de l’adoption d’Européens, de la protection maternelle et infantile.

    PROTECTION DE LA FRONTIÈRE : moyens douaniers, policiers, diplomatiques et militaires pour une réelle protection de l’espace européen.

    MISE A NIVEAU ET CONVERGENCE. Ce que la France a su faire pour les Antilles ou Mayotte, l’Europe doit pouvoir le faire pour ses régions et pays à la traîne !

    HARMONISATION STRATÉGIQUE ET MILITAIRE. Un vrai projet de guidage par satellite par une refonte souveraine de Galiléo, le concurrent du GPS américain. Une mise en commun des potentiels stratégiques, militaires et de recherche.

    UN RÉSEAU UNIVERSITAIRE EUROPEEN : pas de diplôme d’études supérieures sans un an au moins dans un autre pays d’Europe. Erasmus multiplié par 10, c’est le moyen de passionner la génération montante pour un devenir commun.

    LOCALISME ET ORGANISATION DE LA PROXIMITE. Fiscalité favorable aux produits du cru et à l’embauche locale, labels de qualité, traçabilité totale particulièrement du halal, voilà des investissements favorables à l’écologie, la santé et l’emploi. Restauration systématique d’une terre vivante et d’une agriculture saine et pérenne.

    RE INDUSTRIALISATION après la spécialisation des productions à l’échelle mondiale, réapprendre à produire et former à des métiers disparus.

    RE MIGRATION et partenariats bilatéraux de développement et d’éducation. Aides aux micro-projets en vue du retour au pays. Formations orientées en vue d’une nouvelle migration pour la majeure partie des populations dans le cadre d’un vaste partenariat de développement entre l’Europe et l’Afrique.

    Dix orientations pour un vrai investissement massif et coordonné. Dix points clefs pour une vraie renaissance. Les peuples de notre continent, les français au premier chef ont l’avenir devant eux… s’ils le veulent bien.

    À l’heure où de provisoires et compréhensibles engouements portent tout un pan fragilisé des populations européennes vers les sirènes des souverainistes davantage porteurs de nostalgie que de vraie espérance, notre voie est toute tracée. Il nous appartient de construire cette Europe des peuples, cette Europe ni impérialiste ni ethno masochiste, cette Europe fière de son héritage et tournée vers son avenir, bref une Europe identitaire!

    Oui, on peut l’affirmer. Le monde d’après ne sera pas le retour au monde d’avant.

    Philippe MILLIAU

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  • Europe : fusion des Etats, fission des sociétés ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une réflexion sur les développements possibles de la crise européenne, produite par Bernard Wicht et cueillie sur Le Polémarque, le site de Laurent Schang.  Spécialiste des questions stratégiques, Bernard Wicht est l'auteur de L'OTAN attaque (Georg, 1999) et de Guerre et hégémonie (Georg, 2002). Il a aussi publié récemment un court essai intitulé Une nouvelle Guerre de Trente ans ? - Réflexions et hypothèses sur la guerre actuelle (Le Polémarque, 2010).

     

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    Europe : fusion des Etats, fission des sociétés ?

    À court terme, vers quelle Europe se dirige-t-on ?[1]

    La question est loin d'être académique. Effondrement de l'UE ou raidissement sous forme d'une fédéralisation forcée ? A priori les deux options sont envisageable dans le climat actuel, cependant la seconde hypothèse me semble la plus vraisemblable compte tenu de la dynamique générale qui s'est enclenchée avec la crise de l'euro.

    En effet, si l'on suit les explications de l'historien britannique Niall Ferguson, spécialiste de la monnaie, il est plus facile de sortir de l'UE que de l'euro[2]. Si le Traité de Lisbonne prévoit la possibilité pour un État de quitter l'Union, ce n'est pas le cas pour l'euro où aucun mécanisme n'est prévu en la matière ; un peu comme les conquistadores des Grandes Découvertes, l'UE a semble-t-il brûlé ses vaisseaux et rendu un retour en arrière quasi impossible. De plus, matériellement une sortie de l'euro signifierait pour les États fortement endettés que leurs actifs seraient libellés en (nouvelle) monnaie nationale (drachme, lire, pesetas, etc.) tandis que leurs passifs resteraient libellés en euro : donc banqueroute assurée pour ces pays. À cette première explication touchant la quasi-impossibilité de sortir de la monnaie unique tant institutionnellement que concrètement, Ferguson en ajoute une deuxième : une monnaie nécessite impérativement un système fiscal et budgétaire unifiés, c'est la condition fondamentale de son fonctionnement à moyen et long terme.

    À mon avis, ce sont ces deux éléments structurels qui imposent une fédéralisation forcée de l'UE : une monnaie et l’appareil fiscalo-budgétaire l’accompagnant. L'euro a créé ainsi une dynamique débordant largement la capacité de décision des gouvernements, sans parler des réactions des populations. Il y a là un « moteur » au sens macro-historique, qui dicte le développement des sociétés en fonction de la logique défi-réponse[3]. On l'a d'ailleurs déjà vu à l'œuvre avec les changements de gouvernement en Italie et en Grèce, changements intervenus non pas suite à une élection mais sous la pression des marchés financiers.

    Ouvrons brièvement ici une parenthèse pour rappeler les trois moyens dont dispose un État pour faire face au surendettement public : 1) l’inflation ; 2) la mise en faillite ; 3) la confiscation de la fortune privée. Dans le cas présent, les deux premiers sont exclus. Car la monnaie unique rend impossible toute politique inflationniste nationale. Il en va de même d’une mise en faillite autoproclamée (comme le fit l’Argentine il y a une dizaine d’années) ; la simple velléité de l’ancien Premier Ministre grec de soumettre à référendum le plan de renflouement proposé par le couple franco-allemand a conduit à sa démission immédiate. Ceci indique également que pour se mettre en faillite, un État doit pouvoir s’appuyer sur l’accord ou le consentement tacite d’une large majorité de sa classe politique et de la population ; l’exemple grec et dans une moindre mesure italien tendent à montrer que c’est loin d’être le cas en Europe pour l’instant. Il ne reste donc que la confiscation de la fortune privée. À cet égard, les pressions exercées sur les banques suisses en vue de taxer par tous les moyens l’épargne qui s’y trouve, conjuguées à la propagande visant à dénoncer les « profiteurs » qui chercheraient par ce biais à ne pas payer l’impôt, tout ceci témoigne que c’est bel et bien cette troisième voie – la confiscation de la fortune privée – qui est envisagée pour faire face au surendettement public.

    Revenons au moteur évoqué plus haut à propos du rôle de la monnaie unique. Si une telle dynamique est à l’œuvre, vers quelle Europe fédérale se dirige-t-on : un « gouvernement européen » à Bruxelles comme semble le dire les décisions du dernier Sommet européende décembre 2011 (pacte budgétaire[4]), ou bien une autre forme plus ad hoc. Là aussi, je vois plutôt la seconde possibilité. Les réunions à répétition du G20 à l'instigation principale de la France et de l'Allemagne, les rencontres entre chefs d'État et de gouvernement et les premiers mécanismes régulateurs créés en dehors du cadre de la Commission européenne, les invitations contraignantes adressées à ces occasions aux responsables des gouvernements concernés (Grèce, Italie, etc.), le leadership assumé en la matière par la France (en apparence) et par l'Allemagne (réellement), tout cela indique une voie probable, à savoir non pas un fédéralisme dans le cadre institutionnel bruxellois mais une formule plus empirique dans laquelle, sous couvert intergouvernemental (Sommets, conférences ministérielles, réunions restreintes, etc.), l'Allemagne laisserait la France jouer le rôle de « puissance invitante » (afin de lui permettre de sauver la face) mais déterminerait le contenu de l'agenda réel. Outre les réunions en cascade précitées, un autre argument plaide en faveur d'une telle évolution : l'Allemagne connaît déjà au niveau national un système fiscal pouvant préfigurer celui d'une Europe fédéralisée « par contrainte ». Car, d'ores et déjà dans l'Allemagne des 16 Länder, il n'y a qu'un seul système fiscal au niveau fédéral ; contrairement aux cantons suisses les Länder ne disposent pas de compétences fiscales propres, ils ne lèvent pas l'impôt eux-mêmes. L'argent est collecté de manière centrale par le Bund et redistribué ensuite aux Länder au prorata de leur taille et de leur population.

    Un tel système peut donc très bien s'adapter à un cas de fédéralisation forcée. Et en tenant ainsi les impôts, on peut ensuite dicter les priorités des politiques budgétaires nationales ; un peu comme le FMI et la Banque mondiale ont imposé, dans les années 90, des ajustements budgétaires aux États africains en contrepartie des prêts accordés. Au passage, on retrouve donc la préoccupation actuelle de plusieurs historiens d'une africanisation de l'Europe (Cosandey, Attali).

    Comment cette centralisation pourrait-elle se dérouler concrètement ? Les populations rempliraient-elles des déclarations fiscales « allemandes » qu'elles enverraient ensuite à Berlin ? Peu réaliste. En revanche, la formule du pot commun est utilisée de longue date dans l'UE pour différents programmes allant de la Politique agricole commune à la Recherche scientifique. Il est ainsi possible d'imaginer grosso modo un vaste pot commun rassemblant les finances des États européens en difficulté, pot commun géré par l'Allemagne (et sous présidence honorifique française) dictant la rigueur budgétaire nécessaire en contrepartie des plans de sauvetage octroyé à ces pays. À partir de là, la fédéralisation se réalise de fait, de manière pragmatique et empirique, sous la pression financière mais sans réforme institutionnelle de l'UE (que l'on sait voué à l'échec depuis les référendums sur le projet de constitution européenne) - l'UE se trouvant en corollaire vidé, également de fait, de sa substance (Ferguson providebit).

    Conséquences d'une telle évolution : 1) fusion étatique accrue et accélérée sous leadership monétaire et financier franco-ALLEMAND ; 2) manifestations, émeutes et révoltes se développant de manière endémique en réaction aux politiques d'austérité ; 3) militarisation exponentielle des polices nationales en réponse aux émeutes et révoltes ainsi que recours croissant aux sociétés de sécurité privée pour faire face à l'ensemble des besoins. Il faut en outre supposer que, d'une part, les mouvements de type Wikileaks et Indignés auront d'ici là suffisamment discrédité les classes politiques nationales et que, d'autre part, le spectre du chaos et de l'anarchie aura été suffisamment agité, pour permettre à cette fédéralisation de ne pas se heurter à un obstacle démocratique trop important !

    Il est intéressant de relever que les trois conséquences susmentionnées correspondent presque trait pour trait à celles de la Grande Dépression médiévale des XIVe et XVe siècles. Cette dépression intervient en effet avec la saturation de l'économie féodale et débouche sur un renforcement du pouvoir des classes dominantes, sur des révoltes urbaines (Ciompi à Florence, Jacques à Paris, etc.), ainsi que sur la militarisation accrue en raison des guerres endémiques et du recours à des mercenaires (les routiers)[5].

    Bernard WICHT (Le Polémarque, 21 février 2012)

    [1] À ce stade, il est important d’insister sur cette dimension du « court terme », le moyen et long termes pouvant déboucher sur des conséquences assez différentes comme j’ai tenté de l’esquisser dans mon petit opuscule intitulé Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle, Nancy, Le Polémarque, 2011.

    [3]Il importe de rappeler que l’évolution fondamentale des sociétés découle rarement des décisions des gouvernements et des plans établis par eux, ni des réflexions des philosophes. La raison humaine (comprise au sens d’un comportement dicté par des principes et un raisonnement apparemment rationnels) ne joue donc pas grand rôle. La plupart du temps c’est la pure logique défi-réponse qui dicte cette évolution et la direction de celle-ci dépend des dynamiques à l’œuvre et non tant des « réponses humaines » que l’on tente d’apporter. Ces dynamiques découlent essentiellement de l’économie, de la démographie, voire de la construction du pouvoir (au sens de prédation et hégémonie). À titre d’exemple en ce sens, il est frappant de constater que les États-Unis voient leur évolution actuelle dictée non tant par l’analyse rationnelle des besoins du pays et de la population, mais bel et bien par une dynamique purement hégémonique craignant l’émergence d’un peer competitor : d’où les nouveaux programmes d’armement, la défense du dollar par déstabilisation de l’euro alors que, pendant ce temps, à l’intérieur la société se délite à grande vitesse (notamment : de nombreuses petites villes devant renoncer à tout service public, la drogue en provenance du Mexique gangrénant déjà une moitié des États de l’Union). Ce sont de telles dynamiques qui décident et non les protestations, les historiens du temps long de Toynbee à Braudel l’ont maintes fois souligné.

    [5]Guy BOIS, La grande dépression médiévale, XIVe – XVe siècles : le précédent d’une crise systémique, Paris, PUF, 2000 (Collection Actuel Marx Confrontation).

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  • Bienvenue dans la crise du monde...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin annonce une nouvelle vague de colonisation provoquée par la finance mondiale. Désormais, les fonds spéculatifs investissent massivement dans les biens réels (terres arables, métaux rares, énergie,...)...

     


    Hervé Juvin : "Bienvenue dans la crise du monde" par realpolitiktv

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