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crise - Page 16

  • Europe : fusion des Etats, fission des sociétés ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une réflexion sur les développements possibles de la crise européenne, produite par Bernard Wicht et cueillie sur Le Polémarque, le site de Laurent Schang.  Spécialiste des questions stratégiques, Bernard Wicht est l'auteur de L'OTAN attaque (Georg, 1999) et de Guerre et hégémonie (Georg, 2002). Il a aussi publié récemment un court essai intitulé Une nouvelle Guerre de Trente ans ? - Réflexions et hypothèses sur la guerre actuelle (Le Polémarque, 2010).

     

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    Europe : fusion des Etats, fission des sociétés ?

    À court terme, vers quelle Europe se dirige-t-on ?[1]

    La question est loin d'être académique. Effondrement de l'UE ou raidissement sous forme d'une fédéralisation forcée ? A priori les deux options sont envisageable dans le climat actuel, cependant la seconde hypothèse me semble la plus vraisemblable compte tenu de la dynamique générale qui s'est enclenchée avec la crise de l'euro.

    En effet, si l'on suit les explications de l'historien britannique Niall Ferguson, spécialiste de la monnaie, il est plus facile de sortir de l'UE que de l'euro[2]. Si le Traité de Lisbonne prévoit la possibilité pour un État de quitter l'Union, ce n'est pas le cas pour l'euro où aucun mécanisme n'est prévu en la matière ; un peu comme les conquistadores des Grandes Découvertes, l'UE a semble-t-il brûlé ses vaisseaux et rendu un retour en arrière quasi impossible. De plus, matériellement une sortie de l'euro signifierait pour les États fortement endettés que leurs actifs seraient libellés en (nouvelle) monnaie nationale (drachme, lire, pesetas, etc.) tandis que leurs passifs resteraient libellés en euro : donc banqueroute assurée pour ces pays. À cette première explication touchant la quasi-impossibilité de sortir de la monnaie unique tant institutionnellement que concrètement, Ferguson en ajoute une deuxième : une monnaie nécessite impérativement un système fiscal et budgétaire unifiés, c'est la condition fondamentale de son fonctionnement à moyen et long terme.

    À mon avis, ce sont ces deux éléments structurels qui imposent une fédéralisation forcée de l'UE : une monnaie et l’appareil fiscalo-budgétaire l’accompagnant. L'euro a créé ainsi une dynamique débordant largement la capacité de décision des gouvernements, sans parler des réactions des populations. Il y a là un « moteur » au sens macro-historique, qui dicte le développement des sociétés en fonction de la logique défi-réponse[3]. On l'a d'ailleurs déjà vu à l'œuvre avec les changements de gouvernement en Italie et en Grèce, changements intervenus non pas suite à une élection mais sous la pression des marchés financiers.

    Ouvrons brièvement ici une parenthèse pour rappeler les trois moyens dont dispose un État pour faire face au surendettement public : 1) l’inflation ; 2) la mise en faillite ; 3) la confiscation de la fortune privée. Dans le cas présent, les deux premiers sont exclus. Car la monnaie unique rend impossible toute politique inflationniste nationale. Il en va de même d’une mise en faillite autoproclamée (comme le fit l’Argentine il y a une dizaine d’années) ; la simple velléité de l’ancien Premier Ministre grec de soumettre à référendum le plan de renflouement proposé par le couple franco-allemand a conduit à sa démission immédiate. Ceci indique également que pour se mettre en faillite, un État doit pouvoir s’appuyer sur l’accord ou le consentement tacite d’une large majorité de sa classe politique et de la population ; l’exemple grec et dans une moindre mesure italien tendent à montrer que c’est loin d’être le cas en Europe pour l’instant. Il ne reste donc que la confiscation de la fortune privée. À cet égard, les pressions exercées sur les banques suisses en vue de taxer par tous les moyens l’épargne qui s’y trouve, conjuguées à la propagande visant à dénoncer les « profiteurs » qui chercheraient par ce biais à ne pas payer l’impôt, tout ceci témoigne que c’est bel et bien cette troisième voie – la confiscation de la fortune privée – qui est envisagée pour faire face au surendettement public.

    Revenons au moteur évoqué plus haut à propos du rôle de la monnaie unique. Si une telle dynamique est à l’œuvre, vers quelle Europe fédérale se dirige-t-on : un « gouvernement européen » à Bruxelles comme semble le dire les décisions du dernier Sommet européende décembre 2011 (pacte budgétaire[4]), ou bien une autre forme plus ad hoc. Là aussi, je vois plutôt la seconde possibilité. Les réunions à répétition du G20 à l'instigation principale de la France et de l'Allemagne, les rencontres entre chefs d'État et de gouvernement et les premiers mécanismes régulateurs créés en dehors du cadre de la Commission européenne, les invitations contraignantes adressées à ces occasions aux responsables des gouvernements concernés (Grèce, Italie, etc.), le leadership assumé en la matière par la France (en apparence) et par l'Allemagne (réellement), tout cela indique une voie probable, à savoir non pas un fédéralisme dans le cadre institutionnel bruxellois mais une formule plus empirique dans laquelle, sous couvert intergouvernemental (Sommets, conférences ministérielles, réunions restreintes, etc.), l'Allemagne laisserait la France jouer le rôle de « puissance invitante » (afin de lui permettre de sauver la face) mais déterminerait le contenu de l'agenda réel. Outre les réunions en cascade précitées, un autre argument plaide en faveur d'une telle évolution : l'Allemagne connaît déjà au niveau national un système fiscal pouvant préfigurer celui d'une Europe fédéralisée « par contrainte ». Car, d'ores et déjà dans l'Allemagne des 16 Länder, il n'y a qu'un seul système fiscal au niveau fédéral ; contrairement aux cantons suisses les Länder ne disposent pas de compétences fiscales propres, ils ne lèvent pas l'impôt eux-mêmes. L'argent est collecté de manière centrale par le Bund et redistribué ensuite aux Länder au prorata de leur taille et de leur population.

    Un tel système peut donc très bien s'adapter à un cas de fédéralisation forcée. Et en tenant ainsi les impôts, on peut ensuite dicter les priorités des politiques budgétaires nationales ; un peu comme le FMI et la Banque mondiale ont imposé, dans les années 90, des ajustements budgétaires aux États africains en contrepartie des prêts accordés. Au passage, on retrouve donc la préoccupation actuelle de plusieurs historiens d'une africanisation de l'Europe (Cosandey, Attali).

    Comment cette centralisation pourrait-elle se dérouler concrètement ? Les populations rempliraient-elles des déclarations fiscales « allemandes » qu'elles enverraient ensuite à Berlin ? Peu réaliste. En revanche, la formule du pot commun est utilisée de longue date dans l'UE pour différents programmes allant de la Politique agricole commune à la Recherche scientifique. Il est ainsi possible d'imaginer grosso modo un vaste pot commun rassemblant les finances des États européens en difficulté, pot commun géré par l'Allemagne (et sous présidence honorifique française) dictant la rigueur budgétaire nécessaire en contrepartie des plans de sauvetage octroyé à ces pays. À partir de là, la fédéralisation se réalise de fait, de manière pragmatique et empirique, sous la pression financière mais sans réforme institutionnelle de l'UE (que l'on sait voué à l'échec depuis les référendums sur le projet de constitution européenne) - l'UE se trouvant en corollaire vidé, également de fait, de sa substance (Ferguson providebit).

    Conséquences d'une telle évolution : 1) fusion étatique accrue et accélérée sous leadership monétaire et financier franco-ALLEMAND ; 2) manifestations, émeutes et révoltes se développant de manière endémique en réaction aux politiques d'austérité ; 3) militarisation exponentielle des polices nationales en réponse aux émeutes et révoltes ainsi que recours croissant aux sociétés de sécurité privée pour faire face à l'ensemble des besoins. Il faut en outre supposer que, d'une part, les mouvements de type Wikileaks et Indignés auront d'ici là suffisamment discrédité les classes politiques nationales et que, d'autre part, le spectre du chaos et de l'anarchie aura été suffisamment agité, pour permettre à cette fédéralisation de ne pas se heurter à un obstacle démocratique trop important !

    Il est intéressant de relever que les trois conséquences susmentionnées correspondent presque trait pour trait à celles de la Grande Dépression médiévale des XIVe et XVe siècles. Cette dépression intervient en effet avec la saturation de l'économie féodale et débouche sur un renforcement du pouvoir des classes dominantes, sur des révoltes urbaines (Ciompi à Florence, Jacques à Paris, etc.), ainsi que sur la militarisation accrue en raison des guerres endémiques et du recours à des mercenaires (les routiers)[5].

    Bernard WICHT (Le Polémarque, 21 février 2012)

    [1] À ce stade, il est important d’insister sur cette dimension du « court terme », le moyen et long termes pouvant déboucher sur des conséquences assez différentes comme j’ai tenté de l’esquisser dans mon petit opuscule intitulé Une nouvelle Guerre de Trente Ans ? Réflexion et hypothèse sur la crise actuelle, Nancy, Le Polémarque, 2011.

    [3]Il importe de rappeler que l’évolution fondamentale des sociétés découle rarement des décisions des gouvernements et des plans établis par eux, ni des réflexions des philosophes. La raison humaine (comprise au sens d’un comportement dicté par des principes et un raisonnement apparemment rationnels) ne joue donc pas grand rôle. La plupart du temps c’est la pure logique défi-réponse qui dicte cette évolution et la direction de celle-ci dépend des dynamiques à l’œuvre et non tant des « réponses humaines » que l’on tente d’apporter. Ces dynamiques découlent essentiellement de l’économie, de la démographie, voire de la construction du pouvoir (au sens de prédation et hégémonie). À titre d’exemple en ce sens, il est frappant de constater que les États-Unis voient leur évolution actuelle dictée non tant par l’analyse rationnelle des besoins du pays et de la population, mais bel et bien par une dynamique purement hégémonique craignant l’émergence d’un peer competitor : d’où les nouveaux programmes d’armement, la défense du dollar par déstabilisation de l’euro alors que, pendant ce temps, à l’intérieur la société se délite à grande vitesse (notamment : de nombreuses petites villes devant renoncer à tout service public, la drogue en provenance du Mexique gangrénant déjà une moitié des États de l’Union). Ce sont de telles dynamiques qui décident et non les protestations, les historiens du temps long de Toynbee à Braudel l’ont maintes fois souligné.

    [5]Guy BOIS, La grande dépression médiévale, XIVe – XVe siècles : le précédent d’une crise systémique, Paris, PUF, 2000 (Collection Actuel Marx Confrontation).

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  • Bienvenue dans la crise du monde...

    Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin annonce une nouvelle vague de colonisation provoquée par la finance mondiale. Désormais, les fonds spéculatifs investissent massivement dans les biens réels (terres arables, métaux rares, énergie,...)...

     


    Hervé Juvin : "Bienvenue dans la crise du monde" par realpolitiktv

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  • La dette infinie...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Alain de Benoist consacré à la crise de la dette et publié dans le numéro de février de la revue Le spectacle du monde. Ce numéro, actuellement en kiosque, comporte un dossier particulièrement riche sur la crise, que nous vous conseillons vivement de lire.

     

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    La dette infinie

    En 55 avant notre ère, Cicéron écrivait : « Le budget devrait être équilibré, les finances publiques devraient être comblées, la dette publique devrait être réduite, l’arrogance de l’administration devrait être abolie et contrôlée et l’aide aux pays étrangers devrait être diminuée de peur que Rome ne tombe en faillite. » Il y a longtemps que la classe politique ne lit plus Cicéron ! Depuis la fin des années 1970, la plupart des pays industrialisés sont entrés dans un régime de dette permanente, dont même les périodes de forte croissance économique n’ont pas permis de sortir.

    La dette mesurée est celle des administrations publiques, qu’on appelle « dette souveraine » ou « dette publique ». La dette publique « au sens de Maastricht », mesurée en valeur nominale (et non en valeur de marché), se définit comme le total des engagements financiers des Etats contractés sous forme d’emprunts résultant de l’accumulation, au fil des années, d’une différence négative entre leurs rentrées et leurs dépenses ou leurs charges. Elle concerne trois secteurs : les administrations centrales, c’est-à-dire l’Etat proprement dit, les administrations locales (collectivités territoriales, organismes publics, etc.) et les régimes de Sécurité centrale.

    Le traité de Maastricht (1992) avait adopté comme principes que le déficit des Etats membres de l’Union européenne ne devait pas dépasser 3 % du produit intérieur brut (PIB) et que leur dette publique devait rester inférieure à 60 % du PIB. Ces objectifs n’ont pas été atteints. Globalement, la dette publique dans la zone euro a augmenté de 26,7 % depuis 2007. Elle représente aujourd’hui 80 % du PIB global de la zone. Mais il ne s’agit là que d’une moyenne. En 2011, huit pays de l’Union européenne affichaient une dette supérieure à 80 % de leur PIB : la Hongrie et le Royaume-Uni (80,1 %), l’Allemagne (83 %), la France (85 %), le Portugal (92 %), la Belgique (97%), l’Italie (120 %) et la Grèce (160 %). Les Américains ne se portent pas mieux : à l’heure actuelle, toute dépense publique faite aux Etats-Unis est financée à hauteur de 42 % par l’emprunt !

    En France, la dette publique ne représentait en 1980 que 20,7 % du PIB, soit l’équivalent de 92,2 milliards d’euros. En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy a été élu à la tête de l’Etat, elle avait déjà atteint 64,2 % du PIB (1211 milliards d’euros). Elle s’élève maintenant à 85,3 % (1688 milliards d’euros), soit 30 % d’augmentation en quatre ans. Le rapport 2011 de la Cour des comptes laisse prévoir qu’elle pourrait atteindre 100 % du PIB en 2016. L’essentiel de la dette est porté par les administrations centrales : 1297 milliards d’euros sur 1646 milliards en 2011 (les collectivités locales n’étant endettées qu’à hauteur de 156 milliards, la Sécurité sociale à hauteur de 191 milliards). Quant au déficit des finances publiques, qui s’est établi en 2011 à 98,5 milliards d’euros, il continue à s’accroître au rythme de 3200 euros à la seconde !

    Le service de la dette représente le paiement annuel des emprunts souscrits arrivés à échéance. La charge de la dette représente le paiement des seuls intérêts, soit en France près de 50 milliards d’euros par an, ce qui correspond à 20 % du budget de l’Etat, à 89 % de l’impôt sur le revenu, ou encore à 140 % de l’impôt sur les sociétés. Le remboursement du capital de la dette s’élevant à environ 80 milliards d’euros, le service total de la dette représente aujourd’hui pour l’Etat 118 milliards d’euros, soit l’équivalent de la totalité de ses ressources fiscales directes. Quant au paiement des seuls intérêts, il est en passe de devenir le premier poste budgétaire de l’Etat, avant l’Education nationale, la Défense ou la sécurité. 

    Mais à qui doit-on tout cet argent ? Essentiellement aux marchés financiers, à des établissements bancaires, à des compagnies d’assurances, à des fonds de pension et à certaines sociétés de crédit. Ce sont eux qui « achètent » des titres de dette française, qu’il s’agisse des obligations assimilables du Trésor (OAT), les plus importantes en volume, qui sont des produits à long terme, des bons du Trésor à intérêt annuel (BTAN), d’une durée de deux à cinq ans, ou des bons du Trésor à taux fixes et à intérêts précomptés (BTF), à très court terme. De fait, c’est aujourd’hui à travers la gestion des dettes des Etats que les marchés financiers sont structurés et organisés. Les établissements financiers échangent ensuite la dette qu’ils ont « achetée » sous des formes multiples, comme les produits dérivés, ce qui leur permet de spéculer à leur tour sur les marchés. 

    Le pays industrialisé le plus endetté est le Japon, avec une dette excédant 195 % de son PIB, mais l’essentiel de cette dette est détenu par les Japonais euxmêmes, ce qui met le Japon relativement à l’abri des aléas de la conjoncture internationale. Ce n’est pas le cas de la France, où 68 % de la dette négociable de l’Etat est entre les mains d’investisseurs « non résidents », c’est-à-dire étrangers. Quels sont les pays qui en possèdent le plus ? Il est impossible de le savoir avec certitude, car la loi interdit de divulguer cette information.

    Comment en est-on arrivé là ? Les causes sont évidemment multiples : déficits budgétaires à répétition (la France est en déficit depuis près de quarante ans), incapacité de la plupart des Etats à maîtriser leurs dépenses publiques, réformes fiscales et baisses d’impôts démagogiques (si la fiscalité n’avait pas changé depuis 1999, la dette française serait aujourd’hui d’environ 20 points de PIB de moins), désindustrialisation en partie due aux délocalisations rendues possibles par la mondialisation (dans l’ensemble des pays membres de l’OCDE, quelque 17 millions d’emplois industriels ont été détruits en l’espace de seulement deux ans), dérégulation, privatisations, etc.

    L’une des causes immédiates de la hausse de la dette réside dans les plans de sauvetage de la finance décidés par les Etats en 2008 et 2009. Pour renflouer les banques et les compagnies d’assurances, les Etats ont dû emprunter à leur tour sur les marchés, ce qui a accru leur dette dans des proportions énormes. Des sommes astronomiques (800 milliards de dollars aux Etats-Unis, 117 milliards de livres en Grande-Bretagne) ont été dépensées pour empêcher les banques de sombrer, ce qui a grevé d’autant les finances publiques. Au total, les quatre principales banques centrales (Réserve fédérale américaine, Banque centrale européenne, Banque du Japon et Banque d’Angleterre) ont injecté 5000 milliards de dollars dans l’économie mondiale entre 2008 et 2010. C’est le plus grand transfert de richesses de l’histoire du secteur public vers le secteur privé ! Un transfert qui a permis aux banques sauvées par les Etats de se retrouver créancières de leurs sauveurs…

    Le crédit, dans le même temps, n’a cessé de se généraliser. La possibilité offerte aux ménages d’emprunter pour couvrir leurs dépenses courantes ou acquérir un logement a été l’innovation financière majeure du capitalisme d’après-guerre. En s’endettant massivement, les ménages ont incontestablement contribué, entre 1948 et 1973, à la prospérité de l’époque des Trente Glorieuses, l’endettement permettant à la machine à consommer de continuer à tourner. Et le crédit s’est encore développé lorsque les monnaies, devenues fiduciaires, ont définitivement cessé d’être convertibles en or.

    La dette est un contrat entre deux entités portant sur un échange échelonné dans le temps. Le crédit se définit comme le pouvoir d’acheter en échange d’une promesse de payer. Le système ne fonctionne évidemment que si cette promesse est tenue.

    La crise actuelle, on le sait, a commencé aux Etats-Unis à l’été 2007, avec l’affaire des subprimes. Les ménages américains, incapables d’épargner, ont été systématiquement incités à s’endetter en hypothéquant leur logement. Comme le recours à l’emprunt n’était pour eux qu’un moyen de maintenir artificiellement leur niveau de vie en dépit d’une baisse de leurs revenus, les faillites n’ont pas tardé à se multiplier. Les banques et les compagnies d’assurances ont été à leur tour menacées, ce qui a conduit les Etats à emprunter massivement pour les renflouer. C’est ainsi que la crise du surendettement privé s’est muée en crise du surendettement public.

    La notion de dette est aujourd’hui fortement associée au mécanisme de création monétaire. L’ouverture de crédits par les banques privées est une création de monnaie scripturale, purement comptable, c’est-à-dire virtuelle, résultant d’un simple jeu d’écritures. Par la création monétaire, les banques créent ex nihilo un « pouvoir d’acheter » qu’elles transmettent à leurs clients emprunteurs. Cette monnaie représente aujourd’hui plus de 90 % de la masse monétaire. Son rôle est amplifié par l’effet multiplicateur du crédit permis par le système des réserves fractionnaires, qui permet aux banques de prêter plusieurs fois le montant de leurs fonds propres.

    Une grande partie des dettes publiques se trouve donc aujourd’hui dans les comptes des banques, qui n’ont cessé d’en acheter en se refinançant auprès de la Banque centrale européenne (BCE) à un prix quasi nul. En d’autres termes, les banques ont prêté aux Etats, à un taux d’intérêt variable, des sommes qu’elles ont elles-mêmes empruntées pour presque rien. Mais pourquoi les Etats ne peuvent-ils pas se procurer eux-mêmes les sommes en question auprès de la Banque centrale ? Tout simplement parce que cela leur est interdit !

    La date clé est celle du 3 janvier 1973, date à laquelle le gouvernement français, sur proposition de Valéry Giscard d’Estaing, alors ministre des Finances, a fait adopter une loi de réforme des statuts de la Banque de France disposant que « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France » (art. 25), ce qui signifiait qu’il était désormais interdit à la Banque de France d’accorder des prêts – par définition non grevés d’intérêt – à l’Etat, celui-ci étant dès lors obligé d’emprunter sur les marchés financiers aux taux d’intérêt que ceux-ci jugent adéquats. Cette disposition a été ensuite généralisée dans toute l’Europe, avant d’être reprise dans le traité de Maastricht (art. 104), puis dans le traité de Lisbonne (art. 123), qui fait interdiction à la Banque centrale européenne de prêter aux Etats, ceux-ci se retrouvant dans l’obligation d’emprunter auprès de marchés ou d’établissements privés moyennant de forts taux d’intérêts. Les banques privées, elles, peuvent continuer d’emprunter à la BCE à un taux dérisoire (moins de 1%) pour prêter aux Etats à un taux variant entre 3,5 et 7 %.

    La loi de 1973 marque le moment où la Banque de France a abandonné son rôle de service public et dépossédé l’Etat de sa souveraineté monétaire. A l’origine, cette loi s’appuyait sur le fait que les prêts sans intérêts accordés par les banques centrales aux Etats favorisaient l’inflation. Ce n’était pas faux, mais on est passé d’un excès à l’autre. Au lieu de conserver le même système tout en mettant en place une procédure permettant de limiter l’inflation, on a purement et simplement décrété que les banques centrales ne pourraient plus prêter aux Etats – mais pourraient le faire aux banques à un taux d’intérêt ridiculement bas. On a ainsi transféré aux banques le privilège majeur des Etats, qui était le privilège de battre la monnaie, et donné au secteur privé le monopole de la création monétaire.

    Dès 1999, Maurice Allais, Prix Nobel d’économie, écrivait : « Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n’hésite pas à le dire, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs. Concrètement, elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents. » (La crise mondiale d’aujourd’hui).

    Tout récemment encore, Mario Draghi, nouveau président de la BCE, a décidé d’accorder aux banques des prêts en euros à un taux de 1% sur trois ans, sans aucune limitation de montant. Le taux Euribor, c’està- dire le taux auquel les banques se prêtent de l’argent entre elles, étant de 1,9 %, les institutions financières de la zone euro ont ainsi accédé à des financements deux fois moins coûteux. Sans surprise, 523 banques européennes ont immédiatement souscrit au premier volet de cette offre, daté du 21 décembre 2011, pour un montant de 489 milliards d’euros – qu’elles vont maintenant pouvoir prêter aux Etats au taux qu’elles voudront !

    C’est ici qu’interviennent les agences de notation, dont le rôle est désormais bien connu (lire page 29). Plus un pays est bien noté, plus il a loisir d’emprunter à des taux réduits (de 1 à 4% en fonction de la durée de l’emprunt contracté). A l’inverse, un pays mal noté doit faire face à un relèvement des taux d’intérêt censé compenser le risque plus élevé que prennent les établissements et les marchés en lui prêtant de l’argent.

    Les agences sont-elles infaillibles ? Nullement, car il leur est impossible d’évaluer en toute objectivité un avenir par nature indéterminé. En décembre 2010, l’agence de notation Standard & Poor’s soulignait ainsi que « la France est notée AAA, soit la note la plus haute, avec une perspective stable, ce qui signifie qu’on ne voit pas cette note bouger dans les deux prochaines années ». Treize mois plus tard, la France perdait son « triple A ». Plus grave : les avis des agences de notation peuvent être comparés à des thermomètres qui, non contents d’enregistrer la température, la feraient automatiquement s’élever lorsqu’ils constatent qu’elle est mauvaise. Il suffit en effet qu’un pays soit « dégradé » pour que ses emprunts deviennent plus coûteux et que par conséquent sa situation s’aggrave.

    Résumons. Les Etats en déficit doivent emprunter de l’argent à des taux d’intérêt fixés par leurs créanciers en fonction de leur plus ou moins bonne santé financière supposée. Ces intérêts doivent aussi être remboursés. Etant en déficit, et n’ayant donc pas les moyens de rembourser leur dette ni leurs intérêts, les Etats font de nouveaux emprunts, d’abord pour faire fonctionner leur pays, ensuite pour rembourser le montant du prêt précédent, enfin pour rembourser les intérêts de ce dernier, ce qui a pour effet d’augmenter encore leur dette et d’alourdir encore leurs intérêts. Et comme leur situation s’aggrave, les taux d’intérêt qu’on leur impose augmentent eux aussi. Résultat : plus ils remboursent, plus ils empruntent et plus ils doivent payer. La dette est ainsi placée en situation de croissance exponentielle pour la simple raison que tout argent mis en circulation l’est par des prêts bancaires et que l’emprunteur doit toujours rembourser plus que le montant perçu. Spirale infernale.

    Comment en sortir ? La solution qu’ont choisie les Etats pour assainir la situation consiste à ponctionner les retraites, les allocations familiales ou les salaires des fonctionnaires, à réduire les programmes sociaux, à diminuer le nombre des fonctionnaires, à vendre ou à privatiser tout ce qui peut l’être (ce qui réduit d’autant leur patrimoine), à instaurer partout la rigueur et l’austérité. Le problème est que ces mêmes Etats veulent en même temps « relancer la croissance ». Or, les programmes d’austérité entraînent mécaniquement une aggravation du chômage et une détérioration du pouvoir d’achat, donc de la demande, ce qui ne peut que freiner la croissance et diminuer encore la solvabilité des Etats. Sous l’effet de l’austérité, l’économie ne peut plus être tirée par la consommation, qui est inéluctablement appelée à se contracter. Les classes moyennes et les classes populaires sont alors les premières à payer l’impéritie de la classe dominante. Lorsque l’austérité atteint un niveau jamais vu en temps de paix, les conséquences politiques et sociales menacent de déboucher sur le chaos.

    La mise en oeuvre de programmes d’austérité revient à « organiser la récession en Europe, avec pour résultat que les pays ne sortiront jamais du surendettement », déclarait récemment Hubert Védrine, interrogé par le quotidien québécois le Devoir. Avant d’appeler à « dompter les marchés » plutôt qu’à les rassurer, « car ces marchés ne sont pas un rassemblement de vieilles personnes inquiètes, mais un marécage de crocodiles ».

    Y a-t-il une autre façon de faire ? Une solution, au moins à court terme, serait que la BCE accepte de « monétiser la dette », c’est-à-dire de jouer le rôle de prêteur en dernier ressort. Mais la BCE s’y refuse, l’Allemagne aussi et la Commission européenne également. Que faire alors ? Renationaliser l’économie et mettre fin à l’indépendance des banques centrales ? C’est ce que le gouvernement hongrois vient de faire, avec comme conséquence de s’exposer à une plainte pour « violation du droit communautaire » déposée par la Commission européenne. Effacer la dette ? Ce serait possible si tous les pays endettés l’exigeaient en même temps (la France, d’un trait de plume, a effacé en juin 2011 la totalité de la dette du Togo). Mais personne ne veut s’y résoudre.

    Alors ? Alors, faute de remettre en question les fondements du système actuel, chacun scie consciencieusement la branche sur laquelle il est assis. Les politiques se plaignent de dépendre des marchés financiers et des agences de notation, mais ils ont fait tout ce qu’il fallait pour se placer sous leur contrôle. Ils ont dérégulé les marchés pendant des décennies, ils ont libéralisé le crédit, ils ont toléré les délocalisations, ils ont permis aux banques de dépôt et aux banques d’investissement de fusionner leurs activités, ils ont interdit aux banques centrales d’aider financièrement les Etats, ils ont laissé la contrainte actionnariale se développer au-delà du raisonnable, ils ont donné aux agences de notation le pouvoir (qu’elles n’avaient pas auparavant) de noter les Etats, alors même qu’ils s’endettaient eux-mêmes durablement. Ils recueillent aujourd’hui les fruits de leur aveuglement.

    On appelle « usure » l’intérêt d’un montant abusif attribué à un prêt. Mais l’usure est aussi le procédé qui permet d’emprisonner l’emprunteur dans une dette qu’il ne peut plus rembourser, et à s’emparer des biens qui lui appartiennent et qu’il a accepté de donner en garantie. C’est très exactement ce que nous voyons se passer actuellement à l’échelle planétaire. Ce que Keynes appelait un « régime de créanciers » correspond à la définition moderne de l’usure. Les procédés usuraires se retrouvent dans la manière dont les marchés financiers et les banques peuvent faire main basse sur les actifs réels des Etats endettés, en s’emparant de leurs avoirs au titre des intérêts d’une dette dont le principal constitue une montagne d’argent virtuel qui ne pourra jamais être remboursée.

    Comme conséquence de la crise, l’Europe du Sud se retrouve aujourd’hui gouvernée par des technocrates et des banquiers formés chez Goldman Sachs ou Lehman Brothers. « Etre gouverné par l’argent organisé est aussi dangereux que de l’être par le crime organisé », disait Roosevelt.

    Il n’y aura pas de rétablissement spontané du système. Aucun pays n’a aujourd’hui les moyens d’arrêter la hausse de sa dette en pourcentage de son PIB, aucun n’a les moyens de rembourser le principal de sa dette. C’est la raison pour laquelle la crise de la dette est beaucoup plus grave que la crise de l’euro, qui ne joue, par rapport à elle, qu’un rôle de circonstance aggravante. La preuve en est que les pays industrialisés qui n’appartiennent pas à la zone euro sont tout aussi endettés que les autres, sinon plus. L’Europe s’oriente vers la récession, les Etats-Unis et le Royaume-Uni vers la dépression. En dépit de toutes les manoeuvres de retardement, une explosion généralisée semble inéluctable d’ici deux ans.

    Alain de Benoist (Le spectacle du monde, février 2012)

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  • Le dernier contrat...

    Olivier Maulin frappe fort. Après la parution aux éditions Balland, à l'automne, de son roman Les Lumières du ciel, il revient avec Le dernier contrat, un polar politique se déroulant dans un futur proche, publié aux éditions de La Branche. Animateur du Cercle Cosaque à Paris, Olivier Maulin est aussi l'auteur de trois autres romans particulièrement réjouissants, En attendant le roi du monde (L'esprit des péninsules, 2006), Les évangiles du lac (L'esprit des péninsules, 2008) et Petit monarque et catacombes (L'esprit des péninsules, 2009), dont nous vous conseillons vivement la lecture !

     

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    "Laminée par une crise économique et politique sans précédent, la France est plongée dans le chaos.
    Un mystérieux mouvement, dirigé par le charismatique et médiatique Frère-la-Colère, tente de profiter de la situation pour hâter l'effondrement général. Prêt à tout, Frère-la-Colère engage un tueur à gages, un pro sur le retour, dépressif et alcoolique. Son contrat : assassiner le président de la République le samedi 14 juillet, pendant le défilé.

    Guerre civile ; clandestinité ; répression ; terrorisme. Sous ces motifs politiques puissants se dessine un roman d'action diablement efficace, mené tambour battant par un duo improbable... et franchement dérangeant."

     

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  • Des clefs pour comprendre la crise ?...

     

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    Le numéro de février 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à la crise, à ses origines et aux moyens de la juguler. On pourra y lire, notamment, des articles d'Alain de Benoist ("La dette infinie"), de Jean-François Gayraud ("Les criminels de la finance"), d'Hervé Juvin ("Après la mondialisation"), de Jean-Luc Gréau ("La chute de la maison euro"), de François-Laurent Balssa ("Vers une internationale protectionniste"), de Julien Thouery ("Casse sociale et friche industrielle"), de Valentin Goux ("Argentine, la souveraineté contre la crise"), d'Arnaud Guyot-Jeannin (" Karl Polanyi, prophète de la crise") ou de Thierry Lentz ("Les potions amères du baron Louis"), ainsi que des entretiens avec Paul Jorion ("Il est temps de fermer la parenthèse Adam Smith"), Jacques Sapir ("La zone euro est ingérable") et François Bayrou.

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles de François Bousquet ("Philippe Barthelet, magicien du verbe"), d'Olivier François ("Charles Dickens, un génie fraternel") ou de Michel Thibault ("Gallen-Kallela, le romantisme du Kalevala"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour.

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  • Quelques chiffres incroyables sur l'économie américaine...

    Nous reproduisons ci-dessous des données concernant l'économie américaine cueillies sur le site du Manifeste pour un débat sur le libre-échange et sur l'euro. Edifiant... Mais cela n'empêche pas pour autant Tim Geithner, le secrétaire américain au Trésor de venir sermonner les chefs d'états européens à l'occasion des sommets consacrés à la crise...

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    29 chiffres incroyables sur l'économie américaine

    Enfance

    #1 Aujourd’hui 1 américain sur 7, et 1 enfant sur 4, dépend de l’aide alimentaire.

    #2 Approximativement 57% des enfants des USA vivent dans des foyers à « faible revenus » ou sous le seuil de pauvreté.

    #3 Le nombre d’enfants sans-abris aux États-Unis est désormais 33% plus élevé que ce qu’il était en 2007.

    #4 Tristement, la pauvreté infantile a littéralement explosé partout aux États-Unis. Selon le « National Center for Children in Poverty », 36.4% des enfants vivants à Philadelphie vivent dans la pauvreté, 40,1% à Atlanta, 52,6% à Cleveland et 53,6% à Detroit.

     

    Pauvreté

    #5 Le pourcentage d’américains vivant dans l’extrême pauvreté (6.7%) a atteint un nouveau record.

    #6 Selon Paul Osterman, environ 20% des adultes travaillent pour une rémunération au niveau du seuil de pauvreté.

    #7 Une étude a montré qu’approximativement 41% des actifs avaient des problèmes à payer leurs factures de santé ou ont actuellement un emprunt pour y faire face.

    #8 48% des américains sont considérés comme ayant de « faibles revenus » ou vivant dans la pauvreté.

    #9 Depuis Décembre 2007, le revenu médian aux USA a diminué de 6,8% compte tenu de l’inflation.

     

     

    Inégalités

    #10 Les six héritiers du fondateur de Wall-Mart, Sam Walton, ont un capital net presque équivalent à celui des 30% des américains les plus pauvres.

    #11 Selon Paul Osterman, environ 20% des adultes travaillent pour une rémunération au niveau du seuil de pauvreté.

    #12 Selon une étude qui vient de paraître, les revenus des PDG des plus grosses entreprises américaines ont augmenté de 36,5% sur les 12 derniers mois.

    #13 Selon une analyse des données du Census Bureau, faite par le Pew Research Center, le capital médian des ménages de plus de 65 ans est 47 fois plus important que le capital médian des ménages de moins de 35 ans.

     

    Dettes des ménages

    #14 1 américain sur 7 possède au moins 10 cartes de crédit

    #15 Selon une étude récente, menée par BlackRock Investment Institute, le ratio dette des ménages sur revenus des ménages est de 154%.

    #16 En 2011, l’économie a ralenti et le nombre de mariages avec. Selon Pew Reserch Center analysis, seuls 51% des américains majeurs sont actuellement mariés. En 1960, ils étaient 72%.

     

    Retraites

    #17 La crise des retraites aux USA continue à empirer. Selon le Employee Benefit Research Institute, 46% des actifs ont moins de 10 000$ d’épargne pour leur retraite, et 29% des actifs ont moins de 1000$ d’épargne retraite.

     

    Chômage Emploi

    #18 En 1969, 95% des hommes entre 25 et 54 ans avaient un emploi. En Juillet 2011, seulement 81.2% des hommes de cette tranche d’âge avaient un emploi. Soit un taux de chômage réel de 2% en 1969 et 16% en 2011.

    #19 Un sondage effectué cette année a montré qu’environ 20% des américains ayant un emploi se considèrent comme sous-employés.

    #20 La durée moyenne de chômage entre 2 emplois pour un actif américain est de 40 semaines.

    #21 Une étude récente a montré que 1 américain sur 3 serait incapable de payer la mensualité de son emprunt immobilier ou le loyer du mois prochain s’il perdait soudainement son emploi.

     

    Immobilier

    #22 Si vous arrivez à y croire, le prix moyen d’une habitation à Detroit est maintenant de 6 000$ seulement.

    #23 La construction d’habitations neuves aux USA est sur le point d’atteindre son plus bas niveau historique.

    #24 Selon le US Census Bureau, 18% des habitations de l’Etat de Floride sont vacants. C’est 63% de plus qu’il y a 10 ans.

    Déficit commercial

    #25 Les USA dépensent environ 4$ en produits et services chinois pour chaque dollar que la Chine dépense en produits et services américains.

    #26 La prévision pour le déficit commercial des USA en 2011 est de 558 milliards de dollars.

    Banques

    #27 Aujourd’hui, les banques « too big to fail » (trop grosses pour faire faillite) sont plus grandes que jamais. Le total des actifs des 6 plus grandes banques américaines a progressé de 39% entre le 30 septembre 2006 et le 30 septembre 2011.

    Aides sociales

    #28 En 1980, les prestations sociales représentaient 11,7% des revenus. Aujourd’hui elles représentent plus de 18% des revenus

    #29 48,5% des américains reçoivent des aides du gouvernement. En 1983, seulement 30% en bénéficiaient.

    Sources : Olivier Berruyer (Les-crises.fr) et Manifeste pour un débat sur le libre échange

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