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Points de vue - Page 52

  • De Gaulle et la conscience ethnique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur le site du nouveau Présent et consacré à De Gaulle et à son rapport paradoxal à la conscience ethnique...

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribeia, 2020).

     

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    De Gaulle et la conscience ethnique

    Mythe d’un De Gaulle conforme à l’antiracisme subversif

    Ceux, de plus en plus nombreux au fil du temps, qui se réclament du général De Gaulle à tout bout de champs, évitent, à de rares exceptions près, les propos tenus par celui-ci à Alain Peyrefitte quant à la nature raciale et ethnique de la France. Un tel De Gaulle n’est plus conforme au mythe reconstruit depuis…

    Quant à ceux qui les assument en encore, tels Éric Zemmour ou Nadine Morano, ils ne comprennent pas le caractère historiquement paradoxal de ces propos au regard de la responsabilité historique du Général.

    En effet, nous vivons sous l’empire d’un antiracisme systémique, doctrine rigoureuse et totalitaire, distincte de l’indifférence aux perceptions ethniques, et qui vise au métissage, à la « créolisation » de la France à laquelle aspire un Jean-Luc Mélenchon.

    Pour mémoire, Charles De Gaulle disait notamment à Alain Peyrefitte :

    C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle. Mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne.

    Qu’on ne se raconte pas d’histoires ! Les musulmans, vous êtes allé les voir ? Vous les avez regardés , avec leurs turbans et leurs djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! Ceux qui prônent l’intégration ont des cervelles de colibri, même s’ils sont très savants (…). Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ?i (5 mars 1959).

    (…)

    Vous voyez un président arabe à l’Élysée ?ii(9 octobre 1959).

    Or ces propos, jugés scandaleux aujourd’hui, ne faisaient que refléter la perception, commune aux Français de la génération du Général et des générations précédentes. Les métissages étaient assez rares et socialement mal vus. Notre identité ethnique n’était guère théorisée, mais ressentie et vécue naturellement sans raciopudibonderie. Dans les années 1930, les postes françaises (ministère des PTT), émettaient, bien benoîtement des timbres « Pour sauver la race ». Au nom de la République !

    De Gaulle, artisan paradoxal du démantèlement de son propre univers

    Attaché à son accès au pouvoir politique à n’importe quel prix, De Gaulle abandonnera aux communistes et à leurs satellites le pouvoir culturel en 1944-1946, notamment l’Université et l’Éducation nationale dûment et violemment épurés par le Parti communiste avec la Terreur de l’été et l’automne 1944 mais aussi par les gaullistes.

    Dans les années soixante le PC est entré en crise et l’on voit se multiplier les dissidences gauchistes, portées par des marxistes américanisés. De Gaulle revenu au pouvoir, ce sera la crise de Mai 68… Qui eut pour épilogue l’abandon aux gauchistes de ce même pouvoir culturel : même chef, même compromission…

    Aussi, de nos jours encore, même si le capitalisme a absorbé comme un buvard les « contestatairesiii » de 1968, l’imprégnation marxiste est restée extrêmement forte dans la société française, ne laissant dans le débat politique et culturel plus de place qu’aux raisons économiques, toute naturalité ethnique en étant bannie. Et ce, en consensus, sous l’ordre moral anti-discriminatoire capitaliste américain, définie par exemple par l’économiste Gary Becker dans un ouvrage publié en 1957.

    C’est ainsi que va se développer un phénomène nouveau, l’ « antiracisme » : le vocable, précédemment sans objet, n’est entré dans la langue française qu’en 1958 (cf. Petit Robert), avant d’être la cause du retour du délit d’opinion avec la loi Pleven du 1er juillet 1972, faisant de la république française une pionnière en ce domaine. Antiracisme devenu lutte pour la délégitimation morale et juridique de toute forme de discrimination, jusqu’à la loi Perben II (1984), celle qui nous interdit même de nous moquer des travelos…

    Marxistes et ploutocrates, même combat vers un communisme, mais subordonné à la Bourse !

    L’après De Gaulle ou le règne du totalitarisme économétrique

    Un demi siècle après les propos de De Gaulle, il n’était plus possible d’enfreindre la morale anti-discriminatoire. Son expression selon laquelle il ne voulait pas que son village de Colombey-les-deux-églises deviennent « Colombey les deux mosquées iv» tombe sous le coup de la loi. Dans le langage vulgaire c’est en effet de l’ « islamophobie », dans le langage juridique de la provocation à la haine raciale, au sens large, ici religieuse.

    Car tout ce qui enfreint peu ou prou la nouvelle morale de fer de l’égalitarisme renvoie à un concept forgé outre Atlantique, celui de « haine », entré dans le droit français en 1972, avec la loi Pleven (Gaulliste mais aussi démocrate chrétien), qui a fait de la morale anti-discriminatoire, la loi. Les censeurs et persécuteurs de dissidents soutiennent qu’il n’y a pas là le retour du délit d’opinion : au regard de l’ordre moral, une immoralité ne peut procéder d’une idée, d’une opinion ou d’un sentiment naturel, mais seulement de l’outrage aux bonnes mœurs. Pas de liberté pour la pornographie discriminatoire…

    Contrairement à feu Jean Raspail, Renaud Camus et ceux qui entendent lutter contre l’immigration exotique, contre le « Grand remplacement », sont gênés aux entournures, contraints qu’ils sont (même sans avoir à se faire violence) d’en rester des circonlocutions, voire en s’abandonnant naïvement aux seuls arguments économiques. L’antifascisme, ce joker qui interdit toute alternative au progressisme économétrique (empire des seuls arguments quantitatifs) triomphant, les paralyse.

    Cela convient aux gardes-fou marxistes et ploutocratiques, mais au prix de l’escamotage de l’essentiel, savoir la réalité ethnique devenue inavouable.

    La Vème République s’est donné pour objectif la dissolution du peuple français

    Alors que reste-t-il de la conscience ethnique française ? Mais on ne peut plus dire les choses, aussi dit-on mixité sociale au lieu de mixité raciale ! Y pense-t-on seulement encore ? Personne ne nomme plus la réalité, grosse des pires désordres : le chaos ethnique, terme que personne n’ose utiliser. Non, il n’y a pas de de banlieues ou de quartiers « sensibles » ou « populaires » mais des banlieues et des quartiers du chaos ethnique. On ne saurait esquisser une solution à un problème que l’on ne sait, ou n’ose, pas nommer.

    Pourtant, on ne peut sauvegarder son être collectif si on n’en a plus aucune conscience, ce qui arrive immanquablement quand on cesse d’en parler par peur, puis par honte. De Gaulle, s’il n’avait pas été si pusillanime quant aux conséquences de l’abandon de la culture aux marxistes, aurait dû prévoir qu’il liquidait son univers, lui qui pressentait la cause de la pression migratoire à venir : « Un jour viendra où les peuples décolonisés ne se supporteront plus eux-mêmes.v » On ne peut pas se plaindre de la maladie tout en détruisant les anti-corps !

    De Gaulle nous a tués. Pourtant, nous étions quand même «  un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion et de religion chrétienne. » Nous étions : faut-il déjà se résoudre à conjuguer notre être au passé ?

    Éric Delcroix (Nouveau Présent, 19 avril 2023)

    i) C’était De Gaulle, par Alain Peyrefitte, Éditions de Fallois/Fayard, 1994, tome I, page 52.

    ii) Ibid , page 56.

    iii) Pour reprendre le néologisme du temps, qui a éclipsé le contestateur antérieur.

    iv) Ibid, page 52.

    v) Ibid, page 54

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  • Non, les Égyptiens n’étaient pas noirs !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Robin Pardaillec paru sur le site de L'Incorrect et consacré à la question de la couleur de peau des Egyptiens de l'Antiquité...

     

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    Non, les Égyptiens n’étaient pas noirs !

    Le Grand Palais à Paris organise régulièrement des cours d’histoire de l’art. Souhaitant combler mes lacunes en la matière, je me rends régulièrement les samedis matin aux abords des Champs-Élysées pour suivre pendant deux heures et demi l’enseignement de maîtres de conférence ou de professionnels travaillant au Louvre. L’occasion aussi de goûter à nouveau au statut d’étudiant.  En octobre dernier, en pleine séance sur l’art des hiéroglyphes, un jeune homme au style savamment négligé prend la parole : «les Égyptiens étaient noirs, pourquoi ne le dites-vous pas?». L’égyptologue, après un regard ahuri derrière ses lunettes rondes, finira, entre deux rires nerveux, par conseiller à cet étudiant de relire l’ensemble des travaux effectués par ses confrères français et américains en la matière et conclura ironiquement «il faut arrêter de lire Cheikh Anta Diop».

    L’épisode pourrait faire sourire mais ce type de théories fumeuses fait désormais florès sur le web. Des centaines de sites internet en anglais et en français, relayés plusieurs dizaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, propagent un discours savamment rodé : l’Homme blanc aurait manipulé l’historiographie, en masquant l’apport inestimable des Africains dans les sciences et les arts, notamment durant l’Égypte antique. Des histoires plus fantasmagoriques les unes que les autres sont diffusées auprès d’un auditoire souvent jeune : les Africains auraient «découvert l’Amérique» avant Christophe Colomb, donnant naissance aux civilisations précolombiennes (ne riez pas), les Africains auraient inventé les grands théorèmes mathématiques, la médecine moderne, l’architecture (volés par les grecs évidemment)…

    Universitaires et historiens, prisonniers de leur propre «champ» professionnel (pour reprendre Bourdieu), ignorent souvent l’existence de ces théories farfelues. Un ami, professeur d’Histoire, me racontait pourtant cet été que même parmi ses élèves les plus médiocres cette «version de l’Histoire» triomphe. Une conception erronée, simpliste et absolument complotiste qui s’insère parfaitement dans des esprits biberonnés au web, aux «illuminatis», au «complot sioniste» et à Dieudonné.

    D’où viennent ces théories ?

    Cheikh Anta Diop, inspirateur de cet «Afrocentrisme» publie à partir de 1952 une série d’articles et d’ouvrages s’évertuant à démontrer que les Égyptiens antiques étaient ethniquement «noirs» et à l’origine de toutes les civilisations. Même s’il n’est ni historien, et encore moins égyptologue, ses thèses ont eu un petit succès dans certains milieux politiques africains. Battues en brèche par des chercheurs reconnus (comme Alain Froment ou François-Xavier Fauvelle-Aymar), ces théories reviennent aujourd’hui en force même si l’ensemble des savoirs, des recherches et des analyses ridiculisent ces théories sur différents points :

    – L’étude des groupes linguistiques : alors que les Nubiens (les populations noires présentes durant l’antiquité dans la région de l’actuel Soudan, et dont Cheikh Anta Diop estimait qu’ils étaient les «véritables» Égyptiens) appartiennent au groupe linguistique nilo-saharien, la langue égyptienne d’alors se rattachait au groupe dit «afrasien». Deux groupes distincts, donc deux peuples différents.

    – l’étude des momies et des squelettes prouve à chaque nouvelle fouille archéologique que les Égyptiens n’étaient pas «mélanodermes». En effet, l’étude des cheveux, de la peau, mais aussi des os et de la forme du crâne permet de classifier les corps selon des appartenances ethniques. Il apparaît clairement que les Égyptiens antiques, le peuple comme les dirigeants, n’étaient pas de type «africain».

    – Enfin, l’étude de la génétique : en comparant la présence de telles ou telles caractéristiques chromosomiques, elle permet d’affirmer avec certitude que les populations qui peuplaient l’Égypte antique n’avaient pas grand-chose à voir avec les populations noires africaines. Une donnée encore confirmée cet été par une nouvelle étude de l’ADN de momies, qui prouve que les Égyptiens d’alors étaient plus proches physiquement des autres populations du Proche-Orient, voire des Européens, que des autres peuples africains.

    Conclusion, les Égyptiens n’étaient pas «noirs». À l’exception d’une seule dynastie mal connue (la 25e dynastie, au huitième siècle avant Jésus-Christ), les pharaons étaient donc ethniquement proches des populations phéniciennes, comme l’ensemble de la région avant les grandes migrations arabes. Ramsès II était roux, Toutankhamon avait un patrimoine génétique similaire à celui à 70 % à celui d’un Européen, et Cléopâtre, fille d’une lignée de Macédoniens endogames, ressemblait probablement plus à Maria Callas qu’à Michelle Obama.

    Comme l’écrit Bernard Lugan, dans « mythes et manipulations de l’Histoire africaine », «placées au confluent de la magie et de la méthode Coué, les thèses de C.A Diop sont donc celles d’un conteur narrant une histoire destinée à faire rêver ses auditeurs et non le produit d’une véritable recherche scientifique». Un exemple : Diop voyait dans les cheveux crépus des jolies Égyptiennes la preuve de leur «africanité». Manque de chance, il ne s’agissait tout simplement que de perruques, courantes dans l’aristocratie d’Alexandrie ou de Thèbes. Ce type d’erreurs (ou de manipulations) se retrouve des centaines de fois dans toute l’œuvre de l’auteur africain.

    Un manque de rigueur et de sérieux qui n’a pas empêché Cheikh Anta Diop d’affirmer que ces «Égyptiens» imaginaires étaient à l’origine des mathématiques, des arts, de l’agriculture, de l’architecture… bref, de la civilisation. Une conception fantasque de l’Histoire des sciences qui vise simplement à éclipser l’héritage occidental, et plus particulièrement, grec. À la fin des années 80, un historien américain Martin Bernal reprendra cette thèse en l’amplifiant : la Grèce antique aurait tout simplement été colonisée par les Égyptiens. Tout l’apport scientifique et philosophique des Grecs, sur lesquels la civilisation occidentale repose, n’aurait été qu’un ersatz de la culture égyptienne noire. Voyant rapidement ses travaux démontés point par point par ses confrères, Bernal avait alors brandi… le complot raciste du monde universitaire. Une bonne blague qui n’a heureusement pas duré, mais qui perdure encore aujourd’hui sur le web.

    Que les jeunes populations immigrées d’origine africaines présentes en France s’inventent un passé imaginaire est un problème finalement assez secondaire et il faudrait plutôt en rire. Là où le bât blesse, c’est que ces théories ont désormais aussi un écho chez les «petits blancs». Un discours qui s’inscrit dans la repentance et la haine de soi pour ces jeunes Européens, culpabilisés et dépossédés des grandes inventions et des grandes découvertes de leur passé, au profit d’une Histoire afrocentrée mythifiée.

    Robin Pardaillec (Site de L'Incorrect, 28 février 2018)

     

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  • Des casseroles ne feront pas démissionner Macron...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la crise politique et démocratique qui se poursuit après le passage en force de la réforme des retraites.

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021) et dernièrement Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021).

     

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    Des casseroles ne feront pas démissionner Macron

    Depuis le lancement de la réforme des retraites, la France vit dans une sorte de métavers politicien, où la réalité a cédé la place à l’illusion. Aujourd’hui, on pense même qu’en tapant sur des casseroles on fera reculer l’oligarchie ! L’opposition à la réforme des retraites nous a fait entrer de plain-pied dans l’illusionnisme politique, avec le concours actif des médias mainstream. Il serait temps de se réveiller.

    D’abord l’illusionnisme de gauche

    La gauche se dit vent debout contre la réforme et fait crier « Macron démission » sur l’air des lampions. Mais comment oublier que cette même gauche l’a fait élire, deux fois de suite en outre : en 2017 comme en 2022 ?

    Comment croire aussi à la pérennité de notre système de retraites dans un pays qui se désindustrialise, qui a moins d’enfants et qui « accueille » de plus en plus d’immigrants inactifs ? Autant de sujets sur lesquels cette même gauche reste dans le déni le plus obtus, à l’image d’un Fabien Roussel affirmant qu’il serait pétainiste d’évoquer la natalité française.

    Et puis crier « Macron démission » n’a aucun sens, sinon de servir de défouloir à l’impuissance politique.

    Macron ne démissionnera pas

    Macron ne démissionnera pas et il l’a dit.

    Abrité derrière les institutions de la Ve République qui, faut-il le rappeler, donnent la prééminence à l’exécutif et permettent même au président de la République d’imposer une suspension exceptionnelle de la légalité (article 16), Emmanuel Macron ne craint ni la rue ni l’impopularité.

    Si nos armées manquent de munitions, ce n’est pas le cas de nos « forces de l’ordre » qui seront toujours là pour protéger le pouvoir. Et les policiers et gendarmes supplémentaires que l’on se prépare à recruter pour les Jeux olympiques ne seront certainement pas licenciés ensuite.

    « La république a bien de la chance, elle peut tirer sur le peuple », jugeait, désabusé, le roi Louis-Philippe exilé.

    Gageons qu’Emmanuel Macron ne s’en privera pas, si nécessaire. Les Gilets jaunes éborgnés peuvent en témoigner.

    L’illusionnisme de droite

    Faire croire aussi que les parlementaires engageront une procédure de censure du gouvernement, voire, comme l’affirment certains, de destitution du président de la République ou d’abolition de la loi sur les retraites, manque également de sérieux.

    Jamais les élus LR ou NUPES ne s’associeront aux initiatives du RN, dont la dédiabolisation ne concerne qu’une partie de l’opinion, pas les appareils politiciens.

    Et tous, plus ou moins bien élus, n’ont de toute façon aucunement l’envie de retourner devant leurs électeurs plus tôt que prévu.

    Donc ces prétendues menaces parlementaires n’inquiètent pas le président de la République.

    L’État de droit, chien de garde du pouvoir

    Il y eut aussi l’épisode du Conseil constitutionnel et du référendum d’initiative partagée. Un beau suspense médiatique, mais, une nouvelle fois, bidon.

    Les prétendus « sages » ne sont pas des juristes mais des politiques. Et le Conseil constitutionnel a approuvé toutes les mesures liberticides prises pendant le covid. Avec lui, la macronie ne risque donc rien.

    Pendant que le parquet national financier, si prompt à s’intéresser aux affaires de François Fillon, a des semelles de plomb quand il s’agit d’instruire les dossiers visant le président de la République, ses comptes de campagne ou ses ministres.

    Dans son allocution du 17 avril dernier, Macron a donc pu dire que « l’État de droit est notre socle » en toute sérénité.

    Impopulaire, et alors ?

    Certes, la popularité d’Emmanuel Macron et de son gouvernement n’est manifestement pas bonne[1]. Et à bien des égards la réforme des retraites a été, pour beaucoup, l’initiative de trop. Mais qu’est-ce que cela change vraiment ?

    Pas grand-chose car de toute façon Emmanuel Macron ne peut briguer un nouveau mandat. Et ce ne sont que des sondages, pas des bulletins de vote. À l’Assemblée nationale, il finira toujours par trouver une majorité de rencontre, grâce à la gauche et aux LR, toujours prêts à aller à la gamelle.

    De toute façon, dans la postdémocratie européenne l’État n’a plus pour fonction de répondre aux besoins et attentes de la population, mais d’imposer les changements que souhaite l’oligarchie. Il n’a plus qu’un rôle coercitif.

    La politique des casseroles

    Dernière idée en date censée ébranler la macronie : le concert de casseroles pour conspuer le gouvernement et le président de la République. C’est plutôt drôle, il est vrai, surtout de voir les préfets prendre des arrêtés anti-casseroles le plus sérieusement du monde. Et cela fait beaucoup rire les journalistes étrangers.

    Mais cela rappellera aux plus âgés, malheureusement, les casseroles de l’Algérie française : à cette époque aussi, on a tapé sur des casseroles, mais cela n’a nullement empêché de brader l’Algérie. Avis aux amateurs.

    Car, pendant qu’on tape sur des casseroles, les choses sérieuses se passent ailleurs, comme si de rien n’était : à Bruxelles qui programme une nouvelle ouverture des frontières à l’immigration, de nouvelles taxes sur la viande et l’énergie ou une entrée de la Turquie dans l’UE ; à l’OTAN qui continue consciencieusement d’agiter la muleta ukrainienne devant le taureau russe ; à Washington qui entend bien se battre contre le monde polycentrique jusqu’au dernier Européen.

    Comme l’écrivait si bien Alain de Benoist, en France « ce ne sont pas les extrémistes qui manquent, ce sont les révolutionnaires[2] ». Et encore, il s’agit bien souvent d’extrémistes 2.0., bien au chaud derrière leur écran, qui confondent tweets et pavés, vidéos et révolution, casseroles et grande politique.

    Il serait temps de revenir dans le monde réel.

    Michel Geoffroy (Polémia, 25 avril 2023)

     

    Notes :

    [1] Le dernier sondage BVA pour RTL révèle que seulement 26 % des personnes interrogées déclarent avoir une bonne opinion d’Emmanuel Macron, comme au temps des Gilets jaunes.
    [2] Alain de Benoist, L’Exil intérieur – Carnets Intimes, La Nouvelle Librairie, « Krisis », 2022.

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  • Électricité, décarbonation : pourquoi l’Europe a tout faux

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Brice Lalonde, cueilli sur Geopragma consacré à la question du nucléaire et à la décarbonation de l'électricité.

    Brice Lalonde a été candidat écologiste à l'élection présidentielle de 1981 et ministre de l'environnement dans le gouvernement de Michel Rocard.

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    Électricité, décarbonation : pourquoi l’Europe a tout faux

    Il n’y a que quatre pays européens qui réussissent à décarboner leur électricité, ce sont la Suisse, la Norvège, la Suède et la France. Pourquoi ? Parce qu’ils ont des moyens de production pilotables décarbonés qui fournissent cette électricité lorsqu’elle est demandée et quasiment à toute heure au long de l’année. Les autres pays produisent une électricité soit systématiquement très carbonée, comme la Pologne, soit décarbonée par moments, comme l’Allemagne et l’Espagne, quand le soleil et le vent sont au rendez-vous, mais carbonée le reste du temps par appel au gaz et au charbon.

    Or, pour garantir la permanence d’une production électrique décarbonée, l’Europe ne voit que le vent et le soleil, car ces sources d’énergie lui apparaissent illimitées, locales et gratuites. Mais les contraintes imposées au système électrique par les renouvelables intermittentes sont loin d’être gratuites et, pour atteindre avec elles la neutralité carbone, il faudrait à la fois affaler la consommation d’énergie et construire un nombre phénoménal de moyens de production renouvelables. Priorité devrait plutôt être redonnée aux sources décarbonées pilotables, hydraulique et nucléaire, suppléées par les renouvelables.

    Une vision de jardin d’enfants

    Les faits sont têtus, les thuriféraires des renouvelables le sont aussi. Leur culte est porté par les prébendiers des aides d’État, par la poussée écologiste des cinquante dernières années, particulièrement forte en Allemagne, mais aussi par la Commission européenne qui applique avec zèle et myopie le seul article du traité de Lisbonne relatif à l’énergie. Alors que le traité reconnaît la souveraineté des États membres pour le choix de leurs sources d’énergie, cet article 194 limite l’action collective de l’Union à la promotion des économies d’énergie et du développement des renouvelables.

    Ainsi les directives du « paquet fit for 55» sont-elles fondées sur cet article 194. Elles n’autorisent que des formes d’énergie – chaleur, électricité, hydrogène – issues de sources renouvelables. Le nucléaire est banni – sauf pour produire de l’hydrogène, grâce à l’action de notre ministre de l’Énergie. Un objectif de plus de 40 % de renouvelables est fixé pour 2030. Au nom du climat et au mépris du traité, l’Europe impose donc le mix de son choix. Il s’agit d’un curieux détournement de procédure, car c’est l’article 191 du traité de Lisbonne qui traite de l’environnement et de la défense du climat. C’est celui-là qui devrait s’appliquer à la politique climatique de l’Union. La Commission veut-elle décarboner ? Pas vraiment, son objectif est la multiplication des renouvelables et la diminution d’un tiers de la consommation d’énergie, une vision de jardin d’enfants.

    Les discours des dirigeants de la Commission sont les mêmes que ceux des ministres allemands : seules les énergies renouvelables sont bonnes. L’avenir doit être tout renouvelable. C’est devenu un credo. Et si l’Europe n’y suffit pas, ils demanderont à l’Afrique de faire l’appoint. Naguère, le Sahara avait déjà été au centre d’un rêve d’énergie solaire illimitée connectée à l’Europe par des câbles sous-marins. C’était le projet Désertec. Cette fois, c’est l’hydrogène fourni par d’hypothétiques électrolyseurs africains ou chiliens qui devrait remplacer le gaz russe. Déjà, les ports de la Baltique s’équipent pour accueillir cette manne chimérique.

    L’imposture contre le nucléaire

    L’Allemagne et la Commission peuvent-elles comprendre, non seulement que l’énergie nucléaire est un allié du climat, au contraire du charbon, mais qu’elle constitue un pilier central de l’économie française et de son développement futur. S’efforcer de l’interdire est ressenti par les Français comme une volonté de leur nuire. Faut-il ajouter que l’incroyable volte-face de l’Allemagne contre l’électrification des véhicules légers aggrave encore l’impression d’imposture. L’extravagante raison avancée est l’arrivée prochaine de carburants de synthèse. Mais ces carburants seront produits au compte-goutte et devront d’abord être dirigés vers l’aviation où ils sont indispensables. Ils nécessiteront des quantités considérables d’électricité qu’il faudra bien produire de façon fiable.

     À défaut, il y a fort à parier que l’hydrogène nécessaire provienne surtout du reformage du gaz qatarien, que les carburants des véhicules thermiques épargnés soient fossiles avant d’être synthétiques, bref que l’Allemagne nous roule dans la farine avec la complicité irréfléchie de la Commission. Peut-on toujours croire à la bienveillance de l’Union ? Depuis la loi « Nome », nous avons assisté à la descente aux enfers d’EDF, démantelée, écartelée, sommée tout à la fois de faire des cadeaux à une concurrence parasite, d’atténuer sur ses propres deniers le prix européen de l’électricité pour les Français et, privée des ressources nécessaires, de consentir néanmoins un immense effort d’investissement.

    Le consommateur en fait les frais : difficile de ne pas se souvenir que l’électricité était « abondante et bon marché » avant le marché européen et qu’EDF avait construit cinquante-cinq réacteurs nucléaires en quinze ans sans faire appel à l’aide directe de l’État. Nostalgie ! Si le retour en arrière n’est pas envisageable, limitons au moins les dégâts, arrêtons de désintégrer le système électrique français. La future réforme du marché européen devra permettre de lisser les prix et de financer les investissements.

     
    L’Europe, paradis des consommateurs, vient de se souvenir qu’il faut aussi des producteurs pour faire un monde. Bousculée par le protectionnisme américain, la Commission vient de proposer un programme d’industrialisation zéro carbone. Huit secteurs prioritaires ont été retenus parmi lesquels les inévitables renouvelables électriques, mais aussi les pompes à chaleur et la géothermie, les électrolyseurs et les piles à combustible, les réseaux, le captage du carbone. Pas le nucléaire, hélas, l’ostracisme continue, sauf pour des réacteurs futurs virtuels. À condition d’être mis en œuvre rapidement, le sursaut européen est salutaire. Toutefois si l’objectif est la décarbonation, l’Union doit laisser les États membres libres de leurs choix techniques et non choisir à leur place. Jusqu’où faut-il accepter les partis pris de la Commission et de ses actes délégués ?
     
    Brice Lalonde (Geopragma, 17 avril 2023)
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  • « La France doit enfin valoriser son histoire par des superproductions grand public ! » ...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Aurélien Duchêne et de Timothy G. Parvez consacré à l'absence du cinéma français dans les films historiques à grand spectacle... 

    Aurélien Duchêne est analyste en relations internationales. Timothy G. Parvez est étudiant franco-américain en relations internationales. Il travaille en parallèle au ministère de l'Intérieur.

     

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    Les Trois Mousquetaires : « La France doit enfin valoriser son histoire par des superproductions grand public ! »

    Qui regarde l'histoire de France a le vertige. Une histoire magnifiée entre autres par nos grands auteurs, qui ont contribué à faire vivre l'imaginaire collectif au travers de classiques tels que les Trois Mousquetaires. Le chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas fait justement l'objet d'une nouvelle adaptation sortie cette semaine au cinéma. Or, le film de Martin Bourboulon se distingue par le fait qu'il s'agit de l'une des très rares superproductions françaises consacrées ces dernières décennies à l'histoire ou aux classiques littéraires de notre pays.

    En comparaison, les Anglo-saxons sont coutumiers des grosses productions historiques, au point de produire davantage de «blockbusters» sur l'histoire de France que les Français eux-mêmes ! Napoléon fera ainsi cette année l'objet d'une superproduction de Ridley Scott, puis d'une série de Steven Spielberg. Mais naturellement, les grosses productions américaines et britanniques concernent d'abord l'histoire de leurs pays respectifs. Au niveau national, elles entretiennent le patriotisme ; au niveau mondial, elles conquièrent les esprits.

    Quand la France va-t-elle à son tour multiplier enfin de grosses productions (films, séries, jeux vidéo), valorisant l'histoire et le patrimoine de notre pays ? Qui puissent avoir auprès du grand public l'impact d'un phénomène culturel comme Game of Thrones ? Si l'on peut louer le fait que nous n'enseignions plus les artifices du roman national d'antan, nous pouvons déplorer le fait que nous ne transmettions plus depuis des décennies des repères majeurs de notre histoire. Qu'évoquent au grand public les batailles fondatrices de Bouvines et Valmy, ou le souvenir de la Nouvelle-France ? Pis, qu'inspirent aux jeunes générations des événements ou personnages naguère connus de tous, de Clovis à Clemenceau ?

    À l'heure où les Français ne lisent en majorité pas plus de livres d'histoire que de classiques littéraires, les films et séries pourraient jouer ce rôle de transmission de notre héritage millénaire. Puisque ce n'est pas le cas, les productions venues d'ailleurs remplissent la brèche. Les nouvelles générations grandissent ainsi souvent biberonnées aux superproductions américaines. Or, certaines de ces productions véhiculent parfois des narratifs et des idées qui peuvent fragiliser le sentiment d'appartenance, pilier de l'unité nationale. Ainsi du film Black Panther 2, qui met en scène l'humiliation de soldats français accusés d'avoir pillé des ressources au Mali, nuisant autant à l'intégration des jeunes issus de la diversité qu'à l'image de la France. Ce sont nos futurs ambassadeurs qui grandissent sous de telles influences. De la même manière, l'absence d'offre culturelle rendant plus attractifs notre héritage et nos valeurs explique pour partie le fait que tant de jeunes s'en détournent, voire embrassent des idées qui leur sont hostiles.

    Certes, de récentes grosses productions historiques françaises ont connu un franc succès et ont marqué les esprits et les références de toute une génération. Des films tels qu'Astérix ont permis de réinventer le mythe de l'irréductible Gaulois, sous une forme sympathique et attachante, et de réintégrer cette figure dans l'imaginaire collectif. Mais la figure du Gaulois n'est malheureusement présentée que sous cette forme parodique. Et là où une majorité de Français la connaissent à travers Astérix, où sont les références culturelles communes qui permettraient à tous les Français de s'intéresser à d'autres personnages incontournables de notre histoire ?

    Sans films ou séries grand public sur les Capétiens, Louis XIV, les figures de la Révolution ou de la IIIe République, comment faire vivre dans notre culture contemporaine ces personnages cantonnés aux livres d'histoire ? Bien évidemment, il ne s'agit pas ici de substituer des œuvres célébrant l'histoire de France aux productions qui dominent la scène culturelle française (comédies, films et séries centrées sur la vie quotidienne…). Il s'agit de dépoussiérer notre passé pour le faire enfin revivre dans la culture populaire. C'est ainsi que nous transmettrons à nouveau notre héritage, pour nous réunir autour de la fierté nationale. Il s'agit aussi de réinventer et de relancer l'influence française, en crise et en déclin à divers égards. Au-delà de la valorisation de notre histoire, nous devons aussi mettre en scène ce qui fait de la France une puissance qui compte encore. Les Britanniques le font en partie : James Bond incarne ainsi une figure patriotique rassembleuse, une référence qui transcende les clivages générationnels et incarne l'excellence britannique dont il est un ambassadeur mondial.

    Concrètement, comment mettre en œuvre de tels projets ? Pour toucher l'audience la plus large possible, il s'agira de concilier souci du réalisme historique sur le fond et qualité du divertissement sur la forme. Avec des budgets à la hauteur, soit plusieurs dizaines de millions d'euros par projet. Outre les financements privés, des aides publiques directes et massives seront indispensables. Ces fonds publics pourraient provenir d'une réorientation d'une partie des subventions à la création audiovisuelle. En particulier celles dédiées aux grosses productions commerciales qui pourraient se passer d'aides. Financer des superproductions valorisant notre héritage culturel et historique aidera aussi à lutter contre le mal-être collectif dans lequel baigne notre pays. Comment mieux nous en extraire qu'en renouant avec un imaginaire positif, fédérateur ? Valoriser un passé révolu, ce n'est pas vouloir son rétablissement, mais nous projeter dans un avenir commun.

    Aurélien Duchêne et Timothy G. Parvez (Figaro Vox, 14 avril 2023)

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  • La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre Le Vigan cueilli sur Polémia et consacré à Macron en tant qu'actuel fondé de pouvoir du système oligarchique.

    Urbaniste, collaborateur des revues Eléments, Krisis et Perspectives libres, Pierre Le Vigan a notamment publié Inventaire de la modernité avant liquidation (Avatar, 2007), Le Front du Cachalot (Dualpha, 2009), La banlieue contre la ville (La Barque d'Or, 2011), Écrire contre la modernité (La Barque d'Or, 2012), Soudain la postmodernité (La Barque d'or, 2015), Achever le nihilisme (Sigest, 2019), Nietzsche et l'Europe (Perspectives libres, 2022) et La planète des philosophes (Dualpha, 2023).

     

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    La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

    « Liquidation », écrivait Frédéric Rouvillois dans son livre sur Macron comme définition de son projet (Liquidation – Emmanuel Macron et le saint-simonisme, Cerf, 2020). Le projet de Macron, c’est cela : liquider tout ce qui restait solide dans la société française, certains habitus et mœurs, certaines structures, certains projets (devenir propriétaire d’une maison, la léguer, avoir un métier dont on est fier et pas seulement un « job »), rendre tout liquide, tout réversible, tout jetable (notamment les traces de notre histoire), tout interchangeable (les peuples, les gens, les sexes, les métiers, les territoires, etc.). Éparpillé façon puzzle : cela veut dire que notre pays et notre peuple ont été mis en morceaux. Dispersés et hachés menu. Éparpillé : c’est le résultat de la politique de Macron. Un peuple dispersé, affaibli, atomisé. Loin de n’avoir « rien fait », comme on l’entend parfois, Macron a presque tout réalisé de son programme. Vendre l’industrie française : c’est le capitalisme de connivence. Conforter l’oligarchie : c’est le pacte de corruption lié au covid, c’est-à-dire à l’interdiction de traiter les malades du covid hors utilisation de vaccins (ceux permettant des superprofits aux membres de la caste – ceux qui ont propulsé Macron et qui attendaient leur retour sur investissement).

    Téléologie et domination du Capital

    Il faut ici faire appel à Marx. Et d’abord souligner son point faible : la téléologie, voire une certaine eschatologie. C’est ce qu’il y a de moins convaincant chez Marx. « Pour nous, écrit Marx, le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement » (L’Idéologie allemande). On peut en douter. Pour le dire autrement, peut-on penser que le règne du Capital (entendons par là les rapports sociaux liés à un certain état et un certain agencement des forces productives) aboutisse nécessairement, même avec un coup de pouce politique, au communisme selon Marx, c’est-à-dire à la fin de l’aliénation ? Non. On ne peut valider la thèse de l’inéluctabilité historique de la marche vers le socialisme marxien comme travail conscient de la transformation de la nature et de soi-même. On peut craindre au contraire que le brouillard des âmes et le brouillage de la conscience de soi comme sujet historique ne s’étendent, par le développement du fétichisme de la marchandise.

    Pas de marche assurée au dépassement du capitalisme donc. En revanche, le règne du Capital (de la Forme Capital) peut aboutir à une version apocalyptique du « communisme », cette fois au sens stalinien, ou au sens de la dictature chinoise, c’est-à-dire à l’étatisme absolu. Mais la différence entre le totalitarisme néo-libéral et les totalitarismes communistes, c’est qu’il s’agit d’un étatisme antinational avec les néo-libéraux, l’État ayant fusionné avec les multinationales et la finance, qu’il a déjà sauvées en 2008 (cf. notamment Alain de Benoist, Au bord du gouffre – La faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, 2015). Nous vivons ainsi sous le « soleil noir du capital », comme écrit Anselm Jappe. Il est là non pour nous chauffer l’âme, mais pour brûler nos vies et pour nous aveugler par le crétinisme télévisuel des médias de grand chemin.

    Quand Macron fait du saint-simonisme

    Frédéric Rouvillois dit encore : « Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Macron fait du saint-simonisme sans le savoir » (FigaroVox, 27 septembre 2020). Cela va plus loin que cela, et c’est encore plus grave que cela. L’utopie rationaliste et techniciste de Saint-Simon (le socialiste) se voulait un « nouveau christianisme » (1825). Avec Macron, c’est d’un antichristianisme ou d’un postchristianisme (car s’opposer suppose de connaître, ou d’être déçu, non d’être indifférent) qu’il s’agit. Ses mots d’ordre sont non seulement ceux du télétravail mais ceux de la télévie. Une vie désincarnée. « Éloignez-vous les uns des autres », « suspectez tout le monde (de ne pas être vacciné, d’être “un danger”) », « méfiez-vous de votre prochain », « isolez-vous » et, finalement, « préparez-vous à la vraie vie dans le monde libéral : la guerre de tous contre tous ». C’est le refus de toute incarnation. C’est l’effacement de toutes les images fédératrices. C’est la destruction de toutes les formes instituantes : école, églises, histoire de France, élections prises au sérieux, fêtes solennelles. C’est la victoire de « ceux qui ont créé leur start-up » sur « ceux qui ne sont rien » et qui pourtant sont tout le peuple. C’est la domination des arrogants improductifs voire nuisibles (les affairistes) sur les travailleurs, sur les producteurs.

    Les libéraux des deux rives contre le peuple et le politique

    La politique Macron est le stade ultime du libéralisme et du capitalisme. Mais en quel sens ? C’est ici que nous voyons un tournant et une accélération dans les politiques libérales menées depuis 1983. Que s’est-il passé pour que le libéralisme devienne l’ennemi des libertés ? Il a fallu que le libéralisme fasse un constat. Le libéralisme se heurte à la résistance de la nature humaine. Qu’en conclut-il ? Qu’il faut changer la nature humaine. Tel est l’objectif de Macron et plus largement du Great Reset (la grande réinitialisation) de Klaus Schwab et Thierry Malleret (un livre publié en 2020). Le libéralisme ne se remet pas en question. Il remet le réel en question. La société n’est pas conforme aux postulats libéraux ? Ne changeons pas le libéralisme, mais changeons la société. Les communistes ont parfois fonctionné de cette façon. En ce sens, les libéraux sont leurs élèves. Entendons : les élèves de ce que les communistes ont fait de pire.

    Les libéraux ont donc constaté que la société n’était pas entièrement conforme aux schémas libéraux. Il faut donc changer la société. C’est pourquoi le libéral-libertaire Macron, unissant les libéraux des deux rives, les fossoyeurs de la France des deux rives, les oligarques des deux rives (une affaire qui a mieux marché que la sympathique tentative de Jean-Pierre Chevènement en 2002 d’unir les « républicains des deux rives »), appuyé sur le crétinisme et l’inculture des bobos, veut donner au libéralisme un nouvel élan et ne peut le faire qu’en supprimant la démocratie, en la réduisant à des procédures hors-sol, non représentatives.

    C’est pourquoi la Ve République (qui n’était pas parfaite mais était un outil améliorable) a été vidée du meilleur de son contenu, avec l’extension des pouvoirs du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, des juges, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, avec la transformation du poste de Premier ministre en simple poste de collaborateur (et pas le premier) du chef de l’État, et avec bien entendu la tutelle de l’UE (si utile car déresponsabilisante).

    Bilan : des élites robotisées et les robots contre la France. Les élites peuvent se permettre d’être antipatriotes et hors-sol, de partout et de nulle part. Le peuple ne le peut pas. « À celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien[1]. »

    « Crise » du covid et « crise » du climat comme moyen de tétanisation du peuple

    En rendant les élections de plus en plus déconnectées du peuple (la grande majorité des élus des chambres viennent des couches supérieures de la nation), en mettant dans les lois ordinaires toutes les lois d’exception qui devaient être temporaires, liées au terrorisme, à la « crise » du covid[2], au « climat », la politique Macron vise aussi à sauver le capitalisme par une mutation totalitaire. Il s’agit de mêler fausse « urgence » écologique (alors que l’écologie sérieuse, c’est le long terme), réduite à ce qui intéresse le système, c’est-à-dire la « croissance verte » et non la relocalisation de nos économies et industries, et réformes sociétales consistant à mettre l’accent sur de faux problèmes (comme les inégalités de salaire hommes-femmes, qui sont depuis longtemps interdites par… le Code du travail).

    S’ensuit tout un discours mensonger sur de soi-disant « réfugiés » climatiques, prétexte à de nouvelles vagues migratoires, et sur un « changement » climatique d’origine seulement anthropique, hypothèse bien incertaine (le climat a tout le temps changé, et l’influence du soleil peut être infiniment plus importante que l’action humaine. Lire ou relire Emmanuel Le Roy Ladurie sur le perpétuel changement du climat. En outre, un réchauffement n’a pas que des aspects négatifs). Tétaniser les hommes pour les neutraliser. Mondialiser tous les problèmes pour faire oublier que des solutions locales et démocratiques peuvent exister. Mais aussi préparer un nouvel âge du capitalisme. Voilà l’agenda Macron.

    Vaccinations et lutte du Capital contre la baisse tendancielle du taux de profit

    Nous avons souligné les limites de Marx quand il croit pouvoir déceler un mouvement téléologique dans l’histoire. Mais cela ne peut faire oublier que Marx est totalement pertinent quand il inscrit l’économie dans une anthropologie et une philosophie, inscription richement prolongée par de nombreux marxiens, tels Karel Kosík[3], Georg Lukács, Tran Duc Thao, Roger Garaudy[4], Lucien Sève[5]… Il n’y a, comme le soutenait Raymond Abellio même après s’être détaché de certains aspects du marxisme, de solide théorie de la valeur que celle, marxienne, de la valeur-travail. En conséquence, sont aussi pertinentes la théorie de la plus-value et la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Le jeu des tendances et contre-tendances de cette loi garde une grande valeur explicative. Or, dans la mesure où l’économie capitaliste du monde occidental, et surtout européen, est de moins en moins productive, le capitalisme a besoin d’être de plus en plus parasitaire, prédateur, improductif. Il a besoin de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Et c’est là qu’arrivent les « vaccins ».

    Un vaccin obligatoire ou des vaccins obligatoires, et renouvelables plusieurs fois par an, constituent un formidable moyen de rétablir de hauts taux de profit dissociés de toute production socialement utile. Des profits sûrs avec la socialisation des risques et des éventuelles pertes (ou coûts de recherche), et avec la privatisation des profits. Processus classique d’un capitalisme de plus en plus ennemi de l’économie réelle, un capitalisme parasitaire et improductif qui a besoin de l’État pour restaurer ses profits, pour sauver les banques et les marchés financiers.

    Passe sanitaire, confinements et couvre-feu contre la révolte populaire

    Le puçage généralisé de tous et, au-delà de cela, le transhumanisme comme fabrication synthétique de soi et marchandisation de soi sont des moyens de relancer l’exploitation de l’homme en poussant l’aliénation jusqu’à la création d’un homme nouveau, simplifié, interchangeable, déshérité, sans culture. Un homme en kit, dans lequel tout est amovible, y compris ses organes sexuels. C’est ce qui se passe avec la stratégie dite « anti-covid », avec passe sanitaire puis passe vaccinal, couvre-feu et confinements (et pourquoi pas bientôt des confinements contre le réchauffement climatique, sachant qu’il y a déjà des interdictions de circulation ?).

    Ce qu’ont entrepris Macron et l’Union européenne comme projet de long terme, c’est une guerre de liquidation anthropologique de l’homme comme lié à ses semblables c’est-à-dire d’abord à son peuple, et être d’héritage culturel, issu d’une histoire, bénéficiaire d’une transmission. Libéral, on pourrait penser que le pouvoir macronien est issu pourtant en ligne directe du libéralisme de Benjamin Constant. Mais il y a dans cela une cohérence : la logique du libéralisme est l’individualisme. Elle est le tout à l’ego. Sa logique est la dissociation et l’éclatement du lien social. Sa logique est l’atomisation des gens et des peuples. Sa logique mène donc à la mort des peuples et à l’individualisation de tout (d’où la destruction du Code du travail, la destruction de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc.). La logique du libéralisme comme individualisme et culte des idées abstraites est la suppression du passé. Voilà comment on tue une civilisation pour y substituer une sous-civilisation de gens pucés et sous surveillance continue. Voilà comment on crée un « parc humain », comme dit Peter Sloterdijk. C’est pourquoi le libéralisme est contre les libertés et les peuples. Sa logique est orwellienne. 1984, nous y sommes.

    Une nécessaire libération : se libérer du libéralisme pour se libérer du règne du Capital

    Macron est l’actuel fondé de pouvoir de l’oligarchie. Un personnage anecdotique en un sens, mais si emblématique. Et c’est pourquoi il inspire les sentiments massivement hostiles que l’on peut constater chaque jour. Car la seule chose qu’il incarne, c’est justement l’abstraction, l’inhumanité et la brutalité de ce pouvoir oligarchique.

    Le monde de Macron, c’est un libéralisme totalitaire au service de l’argent roi. C’est pourquoi le réveil des solidarités locales et nationales est nécessaire. Il ne s’agit pas d’autre chose que d’une lutte de libération nationale et sociale. « Il faut refaire des hommes libres », disait Bernanos (La liberté, pour quoi faire ?, 1946). Cela ne se fera pas sans reconquérir nos libertés de peuple, nos libertés en commun.

    Pierre Le Vigan (Polémia, 16 avril 2023)

     

    Notes :

    [1] Au moment où on débat des droits de succession sur les héritages, il faut savoir qu’un Français sur trois n’hérite de rien, et qu’un ouvrier et employé sur deux hérite de moins de 8 000 (huit mille) euros (de quoi acheter une place de parking à Montélimar).
    [2] Le covid car c’est un virus, et non la covid car qui dit virus ne dit pas forcément maladie (2 % seulement des entrées en hospitalisation en 2020 y sont liés, France Info, 17-11-2021).
    [3] La Dialectique du concret, François Maspero, 1970 – Les éditions de la Passion, 1988.
    [4] Marxisme du xxe siècle, 10-18, 1966.
    [5] Une introduction à la philosophie marxiste, Éditions sociales, 1980.

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