Vous pouvez découvrir ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 octobre 2013 et consacrée à la question du droit du sang...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous une excellente chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 octobre 2013 et consacrée à la question du droit du sang...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Marc Crapez, cueilli sur le site de Marianne et consacré au vote en faveur du FN...
Chercheur en sciences politiques, Marc Crapez est l'auteur de plusieurs essais comme La gauche réactionnaire (Berg, 1998), L'antisémitisme de gauche au XIXe siècle (Berg, 2002), Défense du bon sens (Rocher, 2004).
Les raisons du vote FN
Jadis les sondages sous-estimaient le vote Front national, car les gens hésitaient à se dévoiler. C’est l’inverse aujourd’hui, où certains sondés en profitent pour adresser aux partis traditionnels un coup de semonce qu’ils ne confirment pas toujours dans les urnes.
Pour expliquer le résultat de Brignoles, beaucoup postulent une montée quasi continue du populisme en Occident. A cette vision accusatrice et déterministe, on peut préférer penser que rien n’était entièrement joué d’avance et poser le problème en ces termes : qu’est-ce qui, dans ce petit coin de France, a donné quelques centaines de voix supplémentaires au FN, ou a fait opter pour l’abstention des électeurs qui n’avaient pas envie de voter contre le FN ?
Les commentaires d’Internautes, si l’on écarte ceux qui sont trop politisés, fournissent une série de facteurs et d’indications. Cela permet de mieux comprendre pourquoi, sans forcément franchir le pas du vote FN, certains s’abstiennent pour le laisser élire : ils considèrent parfois le FN comme un moindre mal, dont les défauts ne sont pas pires que ceux d’autres partis.
Ils considèrent même qu’ils sont assez grands pour voir tout seuls les défauts du FN et que les partis traditionnels devraient balayer devant leur porte et cesser de s’exonérer de leurs responsabilités. Un Mariannaute trouve décevant que ces partis se renvoient la balle de l’élection de Brignoles : « Toujours les autres ; jamais eux ». Ils excellent à « faire des déclarations tonitruantes sur le FN ; genre c’est un poison, un parti fasciste ». Mais « vrai ou faux ce n’est pas l’important ».Les limites du discours paternaliste
Quand l’UMP annonce la formation d’un groupe de travail sur le vote FN, un internaute proteste : « Ainsi donc plus de 6.000.000 de Français auraient besoin d’une psychanalyse ! Un groupe de travail et pourquoi pas un groupe de chercheurs, de scientifiques pour analyser ces individus qui votent FN comme s’il s’agissait d’une nouvelle espèce animale découverte à Brignoles ».
Ainsi, les démarches paternalistes sont mal perçues. Certains commentateurs ont tendance à croire les autres quelque peu attardés ou prisonniers de handicaps. Or, les électeurs FN ne sont pas en proie à des pathologies, ils sont sensés et ont des QI normaux. Se targuer d’avoir « siphonné » les voix du FN ne fonctionne qu’une fois, parce que la formule est péjorative et laisse un mauvais souvenir.
A Brignoles, la candidate UMP n’a pas été à la hauteur : en appeler à la res-pon-sa-bi-li-té, insinuait, ipso facto, que les électeurs du Front national seraient irresponsables et que le Front républicain jusqu’aux communistes serait un procédé salvateur. Les gens vers lesquels on remue l’index en disant « ce n’est pas bien, mon petit » se rebiffent et d’autres basculent par solidarité de leur côté.
Sans surprise, un internaute accuse « l’immigration en augmentation » -ce qui est différent du thème d’extrême-droite de la guerre ethnique imminente- et « les magouilles ». Ce point est développé par un autre internaute : « Une élite déconnectée du réel consanguine et impunie. La multiplication des affaires odieuses (Woerth, Cahuzac, DSK, Sarkozy, Balkany… j’en passe) qui ne menant qu’à des relaxes et des non-lieux donnent l’impression d’une immunité judiciaire des élites ».
La consanguinité rend les élites indéboulonnables. A 78 ans, le maire communiste de Brignoles, Claude Gilardo, avait-il encore les qualités de pugnacité et de réactivité nécessaires ? Fallait-il que Gaston Flosse, récemment réélu en Polynésie à 82 ans, soit investi comme candidat par l’UMP ? Ajouté à cela le préfet de la route qui faisait « sauter ses contredanses » et tous les partis paraissent éclaboussés.
Une autre « exaspération » résulte de la guerre des chefs à l’UMP, ou encore des « promesses non tenues » par les différents partis au pouvoir. Une désillusion accentuée après une alternance politique de 2012 qui ne semble pas tenir toutes ses promesses. Certains déplorent, en outre, un effritement des règles communes et des repères. « Les lois ne sont pas respectées », dit l’un. Un autre réclame « le respect des règles, les valeurs morales ». Un troisième se range dans la catégorie des « citoyens qui respectent les lois, travaillent et ont des problèmes pour finir leurs mois ».
Enfin, on rencontre souvent cette objection : pourquoi les écologistes ou les communistes, qui pèsent à peine plus de 2% chacun, ont-ils plus d’élus que le FN, qui atteint presque 20% ? Bien sûr, c’est en partie la faute au FN, qui ne fait pas de concessions pour s’insérer dans une coalition électorale. Mais au-delà d’un certain différentiel, les gens ne le comprennent plus et ne l’admettent pas. Il faut donc remédier à ce sentiment d’iniquité en introduisant une dose de proportionnelle pour faire une place au FN. En démocratie, il faut que (presque) chaque voix compte. Le jeu démocratique ne peut demeurer durablement faussé.
Marc Crapez (Marianne, 22 octobre 2013)
Nous avons cueilli sur Metamag ce point de vue de Michel Lhomme consacré à Jean-Luc Mélenchon, révolutionnaire marxiste... tendance Groucho !...
La révolution de Groucho
On dira que le Front de Gauche est marxiste. Cela dépend. Si l’on entend par marxiste un disciple du philosophe allemand Karl Marx, j’en doute car ce Marx là avait au moins des idées. Considérer donc Jean-Louis Mélenchon comme un marxiste, c’est déjà lui en concéder trop. Il y a une autre manière d’être marxiste, c’est d’être un imitateur de Julius Henry Marx.
Julius Henry Marx fut plus connu sous le surnom de Groucho Marx. Groucho est l’un des membres des célèbres Frères Marx (Chico, Harpo, Groucho, Gummo et Zeppo), un groupe de comiques nord-américains qui devinrent fameux au départ par leurs vaudevilles sur scène puis au cinéma parlant. Groucho, parce qu’il a écrit, reste celui dont on se souvient. L’humour des Marx reposait toujours sur l’absurde. C’était un humour singulier, dur, ironique et souvent surréaliste, un humour par ailleurs la plupart du temps improvisé. A ce titre, Jean-Luc Mélenchon est un vrai Brother !
Le leader du Front de gauche a poussé cette semaine un nouveau coup de gueule : « Y'en a marre ! De l'argent, il y en a ! Il est confiné à certains endroits. Le pays n'a jamais été aussi riche ». Cette déclaration n'est certes pas nouvelle mais elle a pris une tournure un peu particulière, après la publication d'une étude édifiante de la banque Crédit Suisse, le Global Wealth Report, (rapport 2013 sur la richesse mondiale) et la proposition dans le budget, discuté cette semaine, de taxer les comptes d’épargne des Français (Pea, Pel, assurance-vie) rétroactivement depuis 1997 (article 8 du projet de loi de finance de la Sécurité sociale) au taux de 15,5% suivant en cela les directives du FMI.
Dans ce rapport, on y apprend que la richesse dans le monde a grimpé de 68% depuis 2003, malgré la crise qui frappe les économies depuis cinq ans. La richesse aurait atteint 241.000 milliards de dollars. Le rapport souligne aussi qu’entre 2012 et 2013, c'est aux Etats-Unis que la richesse globale a le plus augmenté, suivi par la Chine, l'Allemagne et la France. L'étude du Crédit Suisse confirme ce que nous pressentions : 46% du patrimoine mondial appartient à seulement 1 % des ménages. A l'inverse, les deux tiers des adultes de la planète ne possèderaient seulement que 3% de la richesse globale. Les millionnaires en dollars seraient 32 millions dans le monde. L'étude a pris en compte, pour son classement, le patrimoine total, immobilier compris.
Cela peut être discutable et ce n'est pas le cas de tous les classements. Les rapports publiés par Capgemini estiment qu'on est millionnaire quand on possède au moins un million de dollars à sa disposition quasi-immédiatement. Ils ne tiennent pas compte du patrimoine immobilier.
En France, le Crédit Suisse (qui prend donc en compte le patrimoine total) a estimé qu'il y avait 2,2 millions de millionnaires, soit plus que dans n'importe quel autre pays européen, ceci résultant en particulier de la hausse permanente de l'immobilier depuis 15 ans. Reste maintenant à nous demander où notre Groucho gaulois veut en venir ? Mais à la taxe, à la dîme, à la gabelle, lui le révolutionnaire pourtant patenté ! Et la nouvelle idée de la gauche de gouvernement sortie cette semaine c’est la gabelle rétroactive !
Mélenchon s'est souvent déclaré contre la transparence totale (interview à La Croix du 26 mars 2012). En fait, le leader du Front de Gauche ne s'est jamais caché d'avoir un train de vie confortable. On peut donc supposer qu’il y a forcément du vécu dans la déclaration de cette semaine. Son patrimoine est estimé à 760 000 euros dont 720 000 euros de biens immobiliers. C’est donc de l’empathie ou du transfert. Groucho aurait tendance à croire que nous sommes tous riches ! Par provocation, il avait même publié son patrimoine et ses mensurations sur son blog. Dans un billet intitulé «Tout sur moi (mes mensurations, mon patrimoine, mes projets immobiliers », le coprésident du Parti de Gauche avait écrit : « Je m'appelle Jean-Luc Mélenchon. Je suis né le 19 août 1951 à Tanger au Maroc. Je mesure 1,74 mètre. Je pèse 79 kilos. Ma taille de chemise est 41/42. Ma taille de pantalon est 42. Je chausse du 42. Tous mes cheveux sont naturels et ils ne sont pas teintés ».
La politique de Mélenchon, c’est cela : il fustige la richesse mais il est riche. Il est pour les libertés mais il condamne la liberté d’expression sur le net. A chaque affirmation politique, Groucho nous en sort la contradictoire. Il n’a retenu du marxisme non pas la rationalité de l’esprit critique mais la « dialectique des contradictions » qu’il nous fait comprendre comme un fou rire. Il affirme pour nier et nie pour affirmer. Toutes les déclarations de Mélenchon donnent la même impression : une certaine incohérence, pas d’idées propres mais une pensée populiste du slogan, une sorte de « enjoy communisme », somme toute assez décevante. C’est en fait la méthode du sketch innové et éprouvé par les Marx Brothers Groucho, du style « Etes-vous, Mr Mélenchon, contre les patrons ? ». « Absolument pas, les entreprises sont nécessaires au maintien de l’économie » !... « Connaissez-vous de bons patrons ? « Non, il n’y a en a aucun, ce sont tous des salauds ! ». C’est du Marx revisité par Groucho, la vulgarité en plus.
De la partie sombre du marxisme de Jean-Louis Mélenchon, nous connaissions le zélateur de Maastricht. Pourtant, il déclarait au Sénat le 9 juin 1992 : «Maastricht est un compromis de gauche» et inventait une nation hors sol, sans peuple, «la nation européenne». Moins connues sont les causes de l’échec des négociations entre le MRC de Jean-Pierre Chevènement et le Front de gauche lors des dernières européennes de 2009 : pour le Front de Gauche, les mots «République» ou «républicain» de Jean-Pierre Chevènement sentaient le soufre et même le mot «nationalisation» était trop connoté ! Le clou est peut-être sur Chavez qu’il voit comme un « homme diffamé » ou dithyrambique et hugolien, comme « l’idéal inépuisable de l’espérance ». Mais il est bien forcé d’avouer qu’il y a au Venezuela une restriction des libertés civiles et démocratiques. C’est alors qu’au passage il reconnaît, en marxiste orthodoxe, que cette restriction répond aux nécessités de la population ! Lorsque l’interlocuteur lui fait alors remarquer que dans un état de droit, certaines libertés ne sauraient être limitées par définition, il se contente de répondre « mais c’est ainsi qu’en a décidé le peuple vénézuélien ». En bref, du bolcho à la Groucho, du socialisme ressuscité. Mélenchon croit, en fait, en la résurrection ! La résurrection, c’est pour lui, une « économie solidaire, juste et écologique » mais ne cherchez pas à entrer dans les détails car dixit l’intéressé, on se heurterait alors aux « réalités macro-économiques » !Au fait, que nous disait le vrai Groucho ? «La politique, c’est l’art de chercher les problèmes, de les trouver, de les sous-évaluer et ensuite d’appliquer de manière inadéquate les mauvais remèdes ». C’est bien en ce sens que le Front de Gauche est et restera marxiste et que Jean-Luc Mélenchon est un homme politique ambigu et indéfini avec cette évidence qui crève les yeux : Mélenchon a fait sienne la définition de la flexibilité politique donnée par Groucho : "Voici mes principes, s'ils ne vous conviennent pas, j'en ai d'autres" !Michel Lhomme (Metamag, 21 octobre 2013)
Nous reproduisons ci-dessous une utile mise au point de Patrice de Plunkett, cueillie sur son blog, à propos des questions du droit du sol et du droit du sang...
L'histoire du "droit du sol" et du "droit du sang"
...n'a rien à voir avec les slogans qui s'affrontent aujourd'hui :
Ce matin à l'aube, France Info déclare : «en mettant en cause le droit du sol, Jean-François Copé met en cause un fondement de la République ».
Grosse erreur historique !
Le « droit du sol » (est Français quiconque naît en France et y demeure) était un fondement de... l'Ancien Régime, où toute personne née dans le royaume avait la « qualité de Français » en étant, par le fait, sujet du roi de France.
La Révolution a affaibli cette tradition, en exigeant une démarche personnelle pour demander la citoyenneté française.
Puis le Code civil napoléonien a remplacé le « droit du sol » par le « droit du sang », jus sanguinis, par souci du sort des Français expatriés. Et il a rendu longue et difficile la procédure de naturalisation...
Le droit du sol n'a été rétabli qu'en 1889, et pour deux raisons d'époque : a) la France étant devenue une terre d'immigration de main d'oeuvre (polonaise, italienne etc), la République ne voulait pas laisser se constituer des enclaves peuplées d'étrangers ; b) traumatisée par la défaite de 1870, la République – hantée par l'idée de « revanche » – voulait compenser, pour des motifs militaires, son déficit démographique naissant.
Auucun rapport, donc, avec les slogans agités aujourd'hui, dans un débat politique racorni (depuis les années Mitterrand/LePen) autour d'un anachronisme : le face à face utilitaire entre la « gauche morale » et le fantôme de Hitler.
Je tire ces précisions de l'excellent ouvrage de Patrick Weil : Droit du sol vs droit du sang ?, Grasset 2002, 412 pages. Elles ne dictent pas le regard que l'on doit porter aujourd'hui sur la justice à rendre aux personnes vivant en France ; ici nous ne sommes pas de ceux qui regardent l'avenir dans le rétroviseur. Mais elles enseignent à ne pas commettre de simplifications propagandistes.
Patrice de Plunkett (Patrice de Plunkett : le blog, 23 octobre 2013)
Nous reproduisons ci-dessous un texte de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et qui vise à poser quelques principes simples de résistance face à la diabolisation de la pensée dissidente par le système...
Dissidents de toute tendance, unissez-vous !
La diabolisation est l’arme absolue des chiens de garde du système mondial dominant. Tout ce qui n’est pas politiquement correct est média-diabolisé.
Contrairement à ce que le système cherche à faire croire ce n’est pas le fait de commettre des erreurs ou des maladresses qui conduit un homme à s’exposer à la diabolisation : c’est le courage et la lucidité.
C’est le courage et la lucidité (et non la maladresse) qui exposent à la diabolisation.
Or, par une singulière perversion de l’esprit public, c’est la victime d’une campagne de diabolisation que l’opinion traite en coupable.
Quand, en 1966, De Gaulle fait sortir la France de l’OTAN, « l’ingrat », « l’irresponsable » est diabolisé. Il l’est à nouveau en 1967 lorsqu’il refuse de soutenir Israël dans la Guerre des Six Jours : une diabolisation que l’ancien chef de la France Libre paiera au prix fort en 1968 et 1969.
Quand, en1968, Enoch Powell, espoir du parti conservateur britannique issu de Cambridge, dénonce dans un discours brillant les dangers de l’immigration, il ne « dérape » pas, il est lucide. Une lucidité qui ruinera ses ambitions légitimes.
Lorsque Benoît XVI prononce un grand discours à Ratisbonne, il remplit, en conscience, son magistère tout comme quand il ouvre les bras de Rome aux défenseurs de la tradition catholique. Mais c’est cela qui lui vaut l’attaque des « loups » médiatiques.
Quant aux mauvaises images de Christine Boutin et de Christian Vanneste, elles ne sont pas le produit d’ « erreurs de communication », comme des esprits irréfléchis pourraient le penser, mais de prises de position précoces, exposées et courageuses contre la dénaturation du mariage.
Et il faut être bien naïf pour croire que Jean-Marie Le Pen a dû sa diabolisation à ses déclarations sur le « détail » : son analyse lucide de l’immigration (1983), son engagement contre les guerres américaines (1990), ses critiques du Traité de Maastricht (1992) et du libre-échange mondialiste (1993) suffisent largement à expliquer son statut de paria médiatique. En politique il n’est jamais bon d’avoir raison trop tôt !
La fonction de la diabolisation est simple, simplissime même : interdire les propos et les actions jugées politiquement incorrectes par les dominants.
La fonction de la diabolisation : paralyser, dénigrer, censurer, isoler, diviser
Comme une bombe à fragmentation la diabolisation agit de façon multiple pour :
– Paralyser celui qui en est victime dans l’espoir de lui interdire la répétition de propos politiquement incorrects pour protéger la bien pensance ;
– Dénigrer l’auteur de propos jugés mal sonnants pour en minimiser la portée ;
– Et légitimer l’occultation progressive du dissident et censurer l’expression de ses convictions.
Comme la peine de mort pour les criminels, la diabolisation a aussi une fonction de dissuasion ; de dissuasion de la dissidence dont elle souligne le coût exorbitant.
La diabolisation suivie du silence et de l’isolement débouche enfin sur la mise en quarantaine du dissident : c’est le fameux « cordon sanitaire ».
La diabolisation est aussi un élément clé de division des adversaires du régime : chaque opposant vivant dans la crainte d’être contaminé par le voisin.
Sortir du piège de la diabolisation : résister, contourner, jouer solidaire
Il faut sortir du piège de la diabolisation en adoptant une stratégie courageuse et intelligente.
D’abord, en résistant. En résistant à la tyrannie du politiquement correct et en refusant les logiques de la diabolisation. Bien se convaincre et bien convaincre – les exemples historiques sont nombreux – que c’est souvent le diabolisé qui est dans le vrai. En leur temps Jeanne d’Arc (« une sorcière »), Galilée (« un hérétique ») ou Soljenitsyne (« un houligan ») furent diabolisés.
Ensuite, en faisant face aux vents contraires : ne pas hésiter à avoir un préjugé pour le diabolisé contre les diabolisateurs, ces chiens de garde du système.
Enfin, en contournant les grands organes médiatiques de diabolisation par la pratique et la culture de la réinformation, le recours aux médias alternatifs sur Internet et les réseaux sociaux. Ce qui était impossible hier devient de plus en plus facile aujourd’hui : la preuve, le président Assad est en train d’échapper au sort de Milosevic et de Saddam Hussein.
Reste un point essentiel : apprendre aux dissidents à jouer solidaires, à se respecter les uns les autres. En tout cas à éviter de se tirer dans le dos. Ou de se balancer à la police de la pensée.
Jouer solidaire : ne pas accuser l’autre d’être « xénophobe », « homophobe », « ringard » ou « réac »
Chacun a ses préférences dans l’expression de ses convictions et ses méthodes d’action.
On peut privilégier la lutte contre l’immigration et la défense de l’identité nationale ou bien préférer l’engagement pour la souveraineté, le protectionnisme économique et la défense de la langue française, ou encore mettre au premier plan de sa militance le combat pour les valeurs, la défense de la vie et de la famille. A une condition que nul n’accuse l’autre d’être « raciste », « xénophobe », « ringard », « réac » ou « homophobe ».
De même chacun est libre de choisir sa forme d’action : voter, réinformer, militer dans un parti politique, porter sa parole dans une assemblée, ou bien aller dans la rue pour manifester, conduire des actions symboliques, faire entendre aux ministres et aux oligarques ses convictions, ou bien entrer dans la résistance passive ou active. « Chaque Philoctète sait que sans son arc et ses flèches Troie ne sera pas conquise. »
Chaque action a sa légitimité. Chacun doit respecter l’action des autres, qu’il soit militant politique, veilleur, sentinelle debout, hommen ou activiste identitaire. En France, comme hier en Irlande ou en Inde, la résistance nationale et civilisationnelle est appelée à prendre des formes différentes et complémentaires.
Diaboliser le voisin, ce n’est pas se dédiaboliser c’est renforcer sa propre diabolisation
Il faut se garder du piège de la division fondée sur le refus de comprendre et d’accepter ce que fait son voisin selon la logique suivante : celui qui en fait moins (ou qui agit autrement que moi) est un « lâche ». Celui qui en fait plus que moi (ou choisit des formes d’action plus spectaculaires) est un « extrémiste ». Penser cela c’est permettre au système de saucissonner ses opposants. Il ne faut pas entrer dans ce jeu.
Il est crucial de ne pas contribuer à la diabolisation des autres ou de ses voisins. Certains se croient malins en pensant qu’en contribuant à diaboliser autrui ils se dédiaboliseront à peu de frais. Quelle erreur ! Hurler avec les loups n’est pas seulement moralement minable c’est surtout stupide car cela contribue à renforcer la diabolisation en général et, par contagion, sa propre diabolisation. C’est aussi permettre à l’adversaire d’appliquer la technique du salami : couper et manger une tranche puis… passer à la suivante.
Il faut juger les autres sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils disent, non sur la caricature qu’en donnent leurs adversaires. Appliquons la présomption d’innocence, ne participons pas au lynchage des diabolisés sur des on-dit.
Les dissidents de l’identité nationale et civilisationnelle n’ont qu’un seul adversaire : les tenants du politiquement correct et de l’idéologie unique qui veulent abolir toutes les frontières, frontières physiques des nations et des peuples, frontières morales que sont les traditions.
Bref, il faut jouer solidaire ! Dissidents de toute tendance, unissez-vous !
Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 14 octobre 2013)
Nous reproduisons ci-dessous une réaction de Christian Vanneste, cueillie sur Nouvelles de France et qui fait suite à l'affligeant "traitement" politique de l'"affaire" Leonarda...
Jusqu'où descendra la politique ?
Le sommet de l’État convoqué par une jeune immigrée clandestine, un Président, un Premier ministre, un ministre de l’Intérieur contraints de s’interroger sur une mesure d’expulsion parfaitement légale à l’encontre d’une famille de fraudeurs, des élus et même des ministres exigeant qu’une loi ne soit pas appliquée, des élèves mobilisés autour d’une revendication absurde et les expulsés n’hésitant pas à dire que de toutes manières, ils reviendront : le spectacle offert par la politique de notre pays nous plonge dans la stupeur et l’hébétude. On n’en croit pas ses yeux. On a envie de se pincer pour se sortir d’un mauvais rêve. Certes, tous ceux qui se souviennent de la France du Général de Gaulle n’en ont pas forcément un bon souvenir. Je pense aux rapatriés d’Afrique du Nord ou aux harkis, par exemple. Mais, lorsqu’on évoquait l’État, l’autorité, la légitimité ou la France, ces mots avaient un contenu et une force dont ils sont aujourd’hui vidés. De Gaulle jouissait de l’autorité du fondateur, de cette autorité romaine qu’a si bien soulignée Hannah Arendt. En 1940, en 1958, il avait fondé à nouveau la République et en avait tiré une légitimité qui dépassait la simple expression des suffrages à laquelle il s’est pourtant toujours plié. C’est en 1968 que tout s’est joué. Tous les ingrédients de notre décadence ont brusquement fait surface dans un pays libéré des guerres, rendu effervescent par l’arrivée à l’âge adulte des enfants du baby-boom, et croyant que tout était possible dans un pays prospère à la croissance continue. L’agitation stérile et puérile des étudiants, la subversion politique et syndicale ont failli emporter les institutions. Le Peuple a résisté, en défilant d’abord et en votant ensuite. Les conditions d’une réaction salutaire étaient réunies et elle ne s’est pas produite. Elle ne s’est jamais produite. Petit à petit, le virus de 1968 a contaminé un pays qui en est aujourd’hui ravagé.
Lorsque le journal Le Monde évoque « des élus en baisse de régime », le premier qui est cité pour juger l’abaissement du niveau de nos représentants est Cohn-Bendit. L’activiste allemand de 1968, né en France, mais Allemand pour ne pas faire son service militaire, néanmoins représentant de notre pays au Parlement européen, libertaire, mondialiste, fédéraliste et parfois interpellé sur des propos scandaleux touchant à la sexualité des enfants, est à l’évidence le meilleur des juges… En fait, c’est plutôt un symptôme. Le Monde est le journal dans lequel Pierre Viansson-Ponté écrivait » La France s’ennuie » en 1968, témoignant assez de cette légèreté journalistique qui se réjouit des échecs, des difficultés qui donnent de la matière et qui font vendre. La direction des médias, les salles de rédaction sont aujourd’hui envahies par les soixante-huitards, leurs disciples et leurs enfants. La vie politique est désertée par le courage, la réflexion et la hauteur de pensée. Après les professeurs, il y a eu les énarques et maintenant nous vivons sous la République des apparatchiks, des assistants parlementaires qui auront fait de la politique un métier que l’on fait toute sa vie, à l’abri du monde réel, sans la moindre compétence, sans la plus petite expérience, avec pour seul savoir-faire, l’art de complaire aux médias, afin que la France ne s’ennuie pas. La dictature de l’urgence et de l’éphémère, la démagogie du « jeunisme » triomphent.
La primaire socialiste de Marseille est caricaturale sur ce plan. Vous aurez beaucoup de mal à trouver chez Samia Ghali comme chez Patrick Menucci, une activité rémunérée qui ne soit pas en rapport avec leur adhésion au parti socialiste, avec le passage, obligé à Marseille, par la case Guérini. Beaucoup de Français qui connaissent les affres du chômage ou de l’insécurité, le bijoutier de Nice, obligé de quitter son quartier, parce que victime de la délinquance, l’ouvrier de Marcq-en-Baroeul, qui perd son emploi, se disent que le monde des copains et des coquins est protégé de ces réalités. On doit s’interroger sur le sens du mot « représentant ». Les élus peuvent représenter la population parce qu’ils lui ressemblent, parce qu’ils projettent dans les instances du pouvoir la diversité géographique ou sociale du pays. La question du sexe sur laquelle on insiste beaucoup est-elle si importante ? Y a-t-il une différence entre l’assistant et l’assistante parlementaires ? Tous deux font de la politique une profession fondée sur la carrière et l’arrivisme. Ils ne représentent qu’eux-mêmes. Les élus peuvent aussi constituer une aristocratie élective. Le peuple désignerait les plus capables, les plus compétents, pourquoi pas les plus vertueux pour assurer la réalisation du bien commun. Cette proposition, lorsqu’on observe le niveau du débat et des échanges entre une sénatrice et un député socialistes qui veulent devenir, avant tout au service de leur parti, le Maire de la seconde ville de France est, à l’évidence, une galéjade.
Les Français prennent de plus en plus conscience que ça ne peut plus durer, qu’il est grand temps de nettoyer les écuries d’Augias. Bien sûr, nous n’avons plus de Général de Gaulle en réserve. Mais le Peuple est toujours là, et les manifestations contre l’absurde mariage unisexe, cette victoire posthume de 1968, ont montré qu’il possédait encore du ressort. Il reste à savoir si celui-ci sera suffisant pour expulser, non quelques Roms, mais une classe politique pitoyable.
Christian Vanneste (Nouvelles de France, 20 octobre 2013)