Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 14 novembre 2013 et consacrée à la position de blocage adoptée par la France dans les négociations avec l'Iran...
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Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 14 novembre 2013 et consacrée à la position de blocage adoptée par la France dans les négociations avec l'Iran...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Bernard, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la révolte qui monte au sein du peuple français...
Une France en marche vers l'insurrection ?
Au cours des temps, les crises se sont révélées multiformes : religieuses, institutionnelles, militaires, sanitaires, etc. L’Histoire enseigne que la conjonction des crises partielles peut entraîner des bouleversements d’envergure. Le cas de l’Empire romain, à partir du IIIe siècle, est édifiant : crise économique et fuite sociale vers les campagnes, crise identitaire et instrumentalisation de la citoyenneté à des fins fiscales, crise militaire et pression migratoire aux frontières, crise institutionnelle et accroissement du dirigisme étatique. Toute ressemblance avec une situation vécue devrait conduire à en tirer des leçons.
L’actuelle situation de la France est, pour le moins, inquiétante, car elle doit faire face à une pluralité de crises : insécurité physique et matérielle (depuis les incivilités jusqu’à la plus violente des criminalités), insécurité économique et sociale (chômage de masse, retraites incertaines), insécurité culturelle (multiculturalisme dû à une immigration non assimilée, déracinement en raison de la mondialisation, bouleversement des moeurs). L’aggravation possible de chacune de ces crises est naturellement anxiogène. Mais la crispation de l’opinion publique vient également de ce que nombre d’hommes politiques relativisent l’importance, voire nient l’existence, de certaines de ces crises, se contentant d’incriminer la fermeture à l’autre et le passéisme moralisateur.
L’incapacité des politiques à appréhender la réalité de la multiplicité et de l’interaction des crises procède essentiellement de leur idéologie matérialiste : ils réduisent les dysfonctionnements de la société à un trouble dans le domaine de l’avoir. Ils ne parviennent pas à identifier la nature profonde des enjeux, à déterminer le dénominateur commun de toutes les frictions. Ils ne saisissent pas qu’il y a, à leur racine, une crise de l’être : incertain quant à sa persistance en tant que puissance industrielle, militaire ou civilisationnelle, le corps social français vit une étape périlleuse et décisive dans son existence. La porosité des frontières extérieures de l’espace Schengen, les abandons de souveraineté à l’Union européenne, l’explosion de la dette publique, la baisse du niveau scolaire ou encore les émeutes urbaines sont autant de sujets qui illustrent, tant sous l’angle individuel que collectif, la perte des libertés, la dépossession de soi et la dilution de la maîtrise de son destin.
Deux facteurs principaux expliquent la force inhabituelle de l’actuelle exaspération. Premièrement, la conjonction de catégories socioprofessionnelles jusqu’ici distinctes, voire opposées (ouvriers, agriculteurs, employés et artisans) : la paupérisation économique, la spoliation fiscale, le déclassement social et la relégation spatiale dans la France périphérique les rendent solidaires. Deuxièmement, l’affaiblissement des partis politiques et des groupes d’influence (Églises, syndicats) : la contestation qui gronde n’est pas canalisée, comme jadis, par des corps intermédiaires susceptibles de la brider par stratégie ou par idéologie. Aussi, la docilité politique s’efface-t-elle progressivement devant la conviction que sa situation et surtout celle de ses enfants ne peuvent qu’empirer. Ceux qui perdent l’espoir d’une ascension sociale sont naturellement plus enclins que les autres à basculer dans la radicalisation politique.
Leur écoeurement se traduira, sans doute, à l’occasion des prochaines élections, par l’abstention ou le vote FN. Mais se réduira-t-il à cela ? Ce n’est pas être alarmiste que de poser la question. L’expérience montre que, lorsque la confiance des citoyens dans le personnel politique disparaît (à cause de l’impuissance ou de l’inconséquence de ses mesures), la légitimité du pouvoir est réduite à peu de chose. Par le passé, en 1848 comme en 1958, le régime s’est effondré en quelques semaines. Il suffit d’un événement, même anodin, pour cristalliser les mécontentements et révéler leur unité. Qu’elle arbore les drapeaux roses de la “manif pour tous” ou les bonnets rouges de la révolte contre l’écotaxe, c’est la même colère qui est en marche contre les promesses électorales sans lendemain et la condescendance des élites.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'instrumentalisation de l'antiracisme par la caste au pouvoir...
Au secours, les gardes-rouges de l'antiracisme reviennent!
« Le patriotisme aujourd’hui, c’est toujours l’amour des siens, ce qui n’a rien à voir avec le nationalisme qui est la haine des autres », a ainsi martelé jeudi le chef de l’Etat dans les salons de l’Elysée, dans une expression fumeuse, délibérée et en même temps terrible pour le niveau politique qu’il témoigne d’un Président de la République, confondant allègrement la Nation, la République et la Patrie au sujet de la mobilisation générale de 14, lors du lancement des commémorations prochaines de la Grande Guerre.
Il a rajouté au cas où on ne l’aurait pas très bien compris : « C’est la défense de la République, de ses valeurs et de sa promesse. » Cette opposition arbitraire entre le patriotisme et le nationalisme dans une définition sabordée de la République à propos du premier conflit mondial ne nous surprendra pas : elle est partisane et socialiste mais qu’un chef d’Etat la reprenne devant un parterre de militaires et d’officiels interpelle et laisse perplexe. Une telle intervention ne peut que diviser les Français. Elle reprend la seule bouée de sauvetage qui reste aux solfériniens, l’antiracisme de combat.
On se demandera toujours comment en France, un sentiment aussi noble et aussi respectable – la lutte contre toutes les formes de racismes – a pu faire l’objet, dans les dernières décennies, d’une telle récupération politique, utilisant sciemment, délibérément, violemment et dogmatiquement l’accusation de racisme pour disqualifier toute parole adverse.
L’antiracisme est l’ultime arme du pouvoir, une arme rhétorique mais la rhétorique ne répare jamais la réalité. Au contraire, elle la manipule et la dénie. En faisant triompher un nouveau manichéisme politique d’une vision sociale en « noir et blanc », utilisée pour bâillonner tout contradicteur importun, le gouvernement et le parti socialiste créent les conditions d’une guerre civile qui serait pourtant évitable par l’intelligence française des rapports humains et ce, même dans une socialité difficile. L’adversaire devient l’ennemi public numéro un. Il est diabolisé, démonisé. Du fait même de la nature violente de l’idéologie antiraciste, le « de souche » est mis au ban de la cité, interdit de parole et de pensée. Il lui sera demain impossible de répondre aux accusations mensongères qui vont être avancées à son encontre.
Ce sont les procès de Moscou et la censure de l’internet en préparation, le totalitarisme de la moraline cosmopolitique, la pire des inquisitions, l’inquisition bien pensante et humaniste. Les socialistes, au nom de principes supérieurs dont eux seuls détiendraient le monopole, refusent en réalité toute forme d’échange argumenté. Sous l’apparence d’une prise de position courageuse, ces procédés de diabolisation de l’adversaire sont une atteinte pure et simple à la cohérence et à la solidité de la raison et surtout une déformation illégitime du réel, paralysant tout renouveau de la pensée à venir. Car au-delà des amalgames nauséabonds, des reductio ad hitlerum disqualifiant les contradicteurs, au-delà des atteintes au débat public et à la liberté d’expression dont est porteur l’antiracisme actuel, on voit se développer la pensée des œillères, une vision du monde fautive qui se serait arrêtée aux Mercédès discrètes de Carpentras c’est-à-dire rétroactivement dans les landes des années 80, du côté de Latché.
L’antiracisme défend en fait l’idée que l’homme est un être abstrait, un simple sujet rationnel qui peut se choisir, se définir de toute sensibilité et de toute culture particulière. Il est la pire version du monothéisme d’Etat et du néo-capitalisme conduisant pour autant directement à la ségrégation future. Dans les villes américaines, les zones culturelles se juxtaposent les unes aux autres et ne se rencontrent quasiment jamais. On y construit des quartiers avec des murs et des grilles électriques que seuls les livreurs de pizzas sont autorisés à franchir. L’idéologie antiraciste n’est finalement qu’un universalisme assimilationniste et intégrateur, une néo-colonisation à l’envers, l’idée suprêmement orgueilleuse de vouloir encore n’imposer qu’une seule culture au monde mais comme une imposition délibérément octroyée dans la culpabilité et le ressentiment, comme pour réparer sa faute. Les nouveaux curés de l’enseignement laïc en viennent ainsi à condamner leur propre culture pour mieux porter aux nues celles des autres, renversement illogique et mortifère qui privera toute une jeunesse de repères historiques permettant justement de mesurer et d’apprécier l’altérité radicale de l’autre culture.
Etre optimiste : la société civile est forte
Depuis les années 80, la France a profondément changé. La France populaire est beaucoup plus forte et battante que la France des élites. Il nous faut être vigilant et remettre allègrement en cause le manichéisme outrancier de la politique intérieure d’où qu’il vienne. L’idéologie antiraciste qu’on a réactivée cette semaine ne cesse depuis trente ans de paralyser toute la réflexion, tout le débat intellectuel français. Il nous faut dénoncer ces garde-rouges de l'idéologie compassionnelle, ces nouveaux col-mao de la jeunesse, pseudo-obsédés du vivre ensemble et leur rappeler Proudhon : ‘’chaque fois que j’entends le mot “humanité” je sais qu’ils veulent tromper”.
Il faut clamer qu’il est possible d’adopter une position humaniste, tout en défendant les intérêts supérieurs de la nation. Cela s’appelle être républicain mais depuis des lustres, les solfériniens se torchent avec la République qu’ils ont vendu aux marchands et à Bruxelles. Il faut préciser que si le « grand remplacement » est aujourd’hui possible, c’est que, par-delà l’ampleur numérique réelle des flux migratoires, ceux-ci ont trouvé en face d’eux une stratégie politique concertée, une offensive de décérébration éducative et d’avilissement menée sous l’égide de l’Education nationale et de la télévision, de la publicité et de la « nouvelle philosophie » deleuzienne et néo-spinoziste. Ceux qui, hier, ont encouragé, justifié et organisé (médiatiquement, politiquement, philosophiquement) l’immigration et qui appellent aujourd’hui à la « vigilance citoyenne» se muent en fait en étranges croisés noirs de la « laïcité » qui, le soir, exciteraient les prolos « celtes » contre les victimes du déracinement que sont les Musulmans et les Sarrazins.
Ce qui s’opère actuellement dans l’ambiguïté des discours ambiants doit être scrupuleusement annoté pour témoigner demain de ce qu’il adviendra. L’idéologie gouvernementale orchestre aujourd’hui la prorogation idéologique et intellectuelle de son pouvoir en suscitant des situations de guerre civile ou de guérilla larvée sur le thème ethnique et ce, pour maintenir les populations dans un état de peur permanente (terrorisme, délinquance, crise économique…) et leur faire ainsi accepter demain le coup de force anti-électoral accompagné de tous les reculs sociaux et sociétaux imaginables qui seront proposés bien sûr comme des ersatz de « sécurité », de « flexisécurité », d’écotaxe, ou autres avatars progressistes.Certains du coup se targueraient de nous asséner que nous n’avons aucune vertu de compassion, aucun sens de l’hospitalité mais c’est que nous sommes, manque de pot, rimbaldien : « ce qui fait ma supériorité, c’est que je n’ai pas de cœur ».Michel Lhomme (Metamag, 14 novembre 2013)
Dans cette chronique, mise en ligne sur Realpolitik.tv, Hervé Juvin s'interroge sur les évolutions en cours de la politique américaine au Proche-Orient. Une situation complexe qui caractérise bien cette période de "renversement du monde" dans laquelle nous sommes rentrés...
Hervé Juvin vient de publier un essai remarquable et décapant, La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013), dont nous vous recommandons la lecture.
Géopolitique américaine et jeu diplomatique aux... par realpolitiktv
Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et consacré à la montée des mouvements de protestation populaire en Europe...
Populisme, mouvements dissidents : le grand basculement qui vient
Épuisement du cycle d’alternance politique classique né en 1980
Les électeurs ne croient plus au « changement » entre partis du Système, simulant depuis 40 ans des oppositions artificielles mais conduisant dans les faits les mêmes politiques. C’est l’épuisement d’un cycle commencé dans les années 1980 où à chaque élection, un coup, le vainqueur socialiste remplaçait le vaincu RPR (puis UMP), en attendant le coup suivant, où le vainqueur RPR/UMP remplaçait le vaincu socialiste. La scénarisation d’un jeu de rôles entre compères a cessé d’intéresser les électeurs qui se réfugient dans l’abstention ou le vote populiste.
Épuisement du cycle de révolution sociétale de 1968
Les événements de Berkeley en Californie puis de Mai-68 ont débouché sur une rupture avec les valeurs traditionnelles sur fond de libération, de découverte des paradis artificiels, de dislocation de la famille. Cinquante ans plus tard, les enfants ou petits-enfants des soixante-huitards découvrent l’envers d’une société individualiste et les limites d’une éducation sans transmission. La fuite en avant vers le mariage gay et la marchandisation du corps se heurte à une opinion de plus en plus rétive malgré un matraquage médiatique intense.
Épuisement du cycle de mondialisation et de libre-échange ouvert en 1962
Depuis le Kennedy Round (1962), les négociations internationales se sont succédé pour faire disparaître les frontières économiques : Tokyo Round, réforme du Gatt, cycle de Doha. Dans le même temps le marché commun est devenu l’Union européenne qui s’est élargie et est devenue l’espace le plus ouvert du monde à la libre circulation des hommes, des capitaux, des marchandises. Les gagnants de la mondialisation veulent parachever le cycle avec un nouveau traité transatlantique. Les perdants du sans-frontiérisme se révoltent et les tenants de la réindustrialisation réclament de plus en plus fort le retour des frontières.
Épuisement du cycle de culpabilisation engagé en 1945
Ce cycle a commencé en 1945 : l’Allemagne vaincue a été culpabilisée du fait de la seconde guerre mondiale. Etrangement, cette culpabilisation s’est progressivement étendue aux autres pays européens, coupables d’avoir été vaincus ou d’avoir collaboré avec l’occupant allemand ou tout simplement de n’avoir pas assez résisté. Mais 70 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la reductio ad hitlerum perd de plus en plus de sens pour ne plus devenir qu’une figure de rhétorique au service des intérêts en place. L’élargissement de la culpabilité européenne à la colonisation dans les années 1960 puis à l’esclavage dans les années 1980 a fait déborder la coupe ; et tient de plus en plus difficilement la route malgré la multiplication des lois liberticides (en France : Pleven, Gayssot, Taubira, Perben).
Épuisement du cycle de 1914
La Guerre de 1914 a été le tombeau des sociétés traditionnelles. Sur leur ruine quatre idéologies sont nées et se sont affrontées : le fascisme et le national-socialisme, disparus en 1945 ; le communisme, qui s’est effondré dans les années 1990 ; reste le mondialisme anglo-saxon, dont la crédibilité financière et militaire est en voie de disparition ; lors de sa chute prochaine, les cartes idéologiques et géopolitiques seront rebattues. Et l’Europe pourra, selon la formule de Dominique Venner, sortir de sa « dormition ».
Épuisement du cycle des Lumières né au XVIIIe siècle
Allons plus loin encore. Depuis le XVIIIe siècle la philosophie rationaliste et utilitariste des Lumières s’est imposée. L’arraisonnement utilitaire du monde à la technique et à l’argent n’a cessé de s’étendre. Comme l’avait prophétisé Paul Valéry dans les années 1920 « Le temps du monde fini commence ». Ce qui débouche sur une crise identitaire et environnementale majeure.
Identité, traditions, localisme
« L’avenir n’est écrit nulle part », avait justement écrit Michel Poniatowski. Et les forces favorables à la poursuite des tendances dominantes sont puissantes : appareils de propagande des médias, des communicants et des publicitaires ; appareils de manipulation, de provocation et de coercition des Etats et singulièrement des Etats profonds.
Pourtant, signe incontestable de l’épuisement des cycles en cours, les mouvements de contestation se multiplient et convergent par-delà leur différence. Et c’est toujours par une coagulation de « non » que commencent les grands mouvements historiques. Difficile de dire sur quoi déboucheront ces phénomènes nouveaux. Mais plusieurs tendances émergent : la préoccupation identitaire, le choix localiste, le retour des traditions. Comme l’analyse avec finesse l’essayiste Hervé Juvin, le temps de « La Grande Séparation » arrive.
Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 6 novembre 2013)
Vous pouvez découvrir ci-dessous un texte sobre et fort de Laurent Ozon, cueilli sur Polémia et consacré aux commémorations de la Grande Guerre.
Sur le même sujet, il faut lire également, toujours sur Polémia, un article de Jean-Yves Le Gallou intitulé « Français de souche : ne vous laissez pas voler votre mémoire ! ».
Le silence du 11 novembre
Leurs noms sont sur les monuments de nos villes et de nos villages, sur les lettres qu’ils envoyèrent à leur femme, leurs enfants, leur mère dans les coffres des greniers de nos maisons de famille. Leurs noms, ce sont les nôtres, ceux de nos amis et de nos frères partout en Europe.
Chaque automne, depuis, ces cérémonies sont un moment éprouvant où nous, petits-enfants et arrière-petits-enfants, nous nous interrogeons sur ce que ce moment de notre histoire peut nous dire.
Chaque année, depuis, lors de ces commémorations, ceux qui captent la parole populaire, les castes de pouvoir, cherchent à y faire entendre leur propagande et leurs petites passions intéressées tandis que nous aspirons au silence, à la communion et à la réflexion. Des moments parfois insupportables avec toujours, pour nous, le dégoût d’avoir à supporter la vue d’hommes corrompus, vaguement raidis dans des saluts au-dessus de leurs forces et parlant à notre place, d’eux, de nos pères qui étaient si durs, si vifs, si jeunes.
Aujourd’hui, bientôt cent ans après le début de ce que nous avons décidé de nommer la Grande Guerre, il nous reste pourtant des constats simples et évidents à faire. Je les fais par ces lignes, pour mes amis et mes enfants, avec qui je suis souvent allé évoquer les mémoires oubliées de la Grande Guerre lorsque les petites foules s’étaient dispersées aux pieds des monuments. J’écris pour reprendre cette parole car nous avons bien le droit de raconter ce que nous sentons, nous aussi, à la vue de ces milliers de listes sans fin qui portent leurs noms, les nôtres.
Cette guerre fut une guerre entre Etats. Des millions de jeunes hommes moururent, enfouis dans la boue, pour des institutions politiques qui firent converger les sommets de propagandes les plus abjectes avec la plus totale inconséquence stratégique, la plus folle absence de clairvoyance, la plus totale absence de responsabilité historique, et, c’est bien naturel pour un Etat, la plus totale absence de sensibilité.
La Grande Guerre vit aussi l’héroïsme, la fraternité, le dévouement et le meilleur de ce que les hommes trouvent au fond d’eux dans la communauté du combat, avant de jeter leur vie dans le brasier de la guerre.
Cette guerre ouvrit la grande porte de la dépression des peuples européens, ruinés moralement par l’effondrement symbolique de leurs valeurs ancestrales par une guerre machiniste où la valeur des hommes comptait moins que la force de l’industrie. Ils furent sidérés par le manque de clairvoyance de leurs élites, ce qui produisit bientôt le délabrement même du principe d’une hiérarchie sociale. Il furent trahis par la folie suicidaire de leurs institutions qui ne purent les protéger mais, bien pire, détruisirent finalement la vie à la racine.
Cette guerre fut un tombeau, non seulement pour les multitudes de jeunes hommes qui moururent alors, mais pour une civilisation. Un cataclysme psychologique qui entraînera à sa suite les pires horreurs du XXe siècle.
La Première Guerre mondiale provoqua un affaiblissement vital et moral des Européens qui, depuis, cherchent, méfiants, les élites, les institutions, les pouvoirs entre les mains desquels nous pourrons refleurir. Depuis cette guerre absurde, les Européens effrayés, puis démoralisés, méfiants et désespérés, cherchent les fondations sur lesquelles s’appuyer, des fondations qui sauront les protéger des folies idéologiques des minorités dangereuses et assurer leur survie spirituelle, culturelle et sensible.
Ceux qui voient clair savent que le cycle ouvert en 1914 n’est pas encore refermé. Il ne se refermera que lorsque nous aurons résolu la totalité des conséquences de la Grande Guerre et assuré notre persistance dans l’histoire. Face au Grand Remplacement de population que nous subissons aujourd’hui, nous avons, cette fois, le choix de ne pas nous laisser faire, de ne pas nous laisser endoctriner et de nous révolter, ensemble, contre ceux qui mènent les Européens à l’abîme.
C’est ce que je sens, ce dont je me souviens et ce que je vois, chaque année, dans le silence et le vent d’automne, des commémorations du 11 novembre.
Laurent Ozon (Polémia, 9 novembre 2013)