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Points de vue - Page 308

  • Unité des dissidents !...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Jean-Yves Le Gallou, cueilli sur Polémia et qui vise à poser quelques principes simples de résistance face à la diabolisation de la pensée dissidente par le système...

     

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    Dissidents de toute tendance, unissez-vous !

    La diabolisation est l’arme absolue des chiens de garde du système mondial dominant. Tout ce qui n’est pas politiquement correct est média-diabolisé.

    Contrairement à ce que le système cherche à faire croire ce n’est pas le fait de commettre des erreurs ou des maladresses qui conduit un homme à s’exposer à la diabolisation : c’est le courage et la lucidité.

    C’est le courage et la lucidité (et non la maladresse) qui exposent à la diabolisation.

    Or, par une singulière perversion de l’esprit public, c’est la victime d’une campagne de diabolisation que l’opinion traite en coupable.

    Quand, en 1966, De Gaulle fait sortir la France de l’OTAN, « l’ingrat », « l’irresponsable » est diabolisé. Il l’est à nouveau en 1967 lorsqu’il refuse de soutenir Israël dans la Guerre des Six Jours : une diabolisation que l’ancien chef de la France Libre paiera au prix fort en 1968 et 1969.

    Quand, en1968, Enoch Powell, espoir du parti conservateur britannique issu de Cambridge, dénonce dans un discours brillant les dangers de l’immigration, il ne « dérape » pas, il est lucide. Une lucidité qui ruinera ses ambitions légitimes.

    Lorsque Benoît XVI prononce un grand discours à Ratisbonne, il remplit, en conscience, son magistère tout comme quand il ouvre les bras de Rome aux défenseurs de la tradition catholique. Mais c’est cela qui lui vaut l’attaque des « loups » médiatiques.

    Quant aux mauvaises images de Christine Boutin et de Christian Vanneste, elles ne sont pas le produit d’ « erreurs de communication », comme des esprits irréfléchis pourraient le penser, mais de prises de position précoces, exposées et courageuses contre la dénaturation du mariage.

    Et il faut être bien naïf pour croire que Jean-Marie Le Pen a dû sa diabolisation à ses déclarations sur le « détail » : son analyse lucide de l’immigration (1983), son engagement contre les guerres américaines (1990), ses critiques du Traité de Maastricht (1992) et du libre-échange mondialiste (1993) suffisent largement à expliquer son statut de paria médiatique. En politique il n’est jamais bon d’avoir raison trop tôt !

    La fonction de la diabolisation est simple, simplissime même : interdire les propos et les actions jugées politiquement incorrectes par les dominants.

    La fonction de la diabolisation : paralyser, dénigrer, censurer, isoler, diviser

    Comme une bombe à fragmentation la diabolisation agit de façon multiple pour :

    – Paralyser celui qui en est victime dans l’espoir de lui interdire la répétition de propos politiquement incorrects pour protéger la bien pensance ;

    – Dénigrer l’auteur de propos jugés mal sonnants pour en minimiser la portée ;

    – Et légitimer l’occultation progressive du dissident et censurer l’expression de ses convictions.

    Comme la peine de mort pour les criminels, la diabolisation a aussi une fonction de dissuasion ; de dissuasion de la dissidence dont elle souligne le coût exorbitant.

    La diabolisation suivie du silence et de l’isolement débouche enfin sur la mise en quarantaine du dissident : c’est le fameux « cordon sanitaire ».

    La diabolisation est aussi un élément clé de division des adversaires du régime : chaque opposant vivant dans la crainte d’être contaminé par le voisin.

    Sortir du piège de la diabolisation : résister, contourner, jouer solidaire

    Il faut sortir du piège de la diabolisation en adoptant une stratégie courageuse et intelligente.

    D’abord, en résistant. En résistant à la tyrannie du politiquement correct et en refusant les logiques de la diabolisation. Bien se convaincre et bien convaincre – les exemples historiques sont nombreux – que c’est souvent le diabolisé qui est dans le vrai. En leur temps Jeanne d’Arc (« une sorcière »), Galilée (« un hérétique ») ou Soljenitsyne (« un houligan ») furent diabolisés.

    Ensuite, en faisant face aux vents contraires : ne pas hésiter à avoir un préjugé pour le diabolisé contre les diabolisateurs, ces chiens de garde du système.

    Enfin, en contournant les grands organes médiatiques de diabolisation par la pratique et la culture de la réinformation, le recours aux médias alternatifs sur Internet et les réseaux sociaux. Ce qui était impossible hier devient de plus en plus facile aujourd’hui : la preuve, le président Assad est en train d’échapper au sort de Milosevic et de Saddam Hussein.

    Reste un point essentiel : apprendre aux dissidents à jouer solidaires, à se respecter les uns les autres. En tout cas à éviter de se tirer dans le dos. Ou de se balancer à la police de la pensée.

    Jouer solidaire : ne pas accuser l’autre d’être « xénophobe », « homophobe », « ringard » ou « réac »

    Chacun a ses préférences dans l’expression de ses convictions et ses méthodes d’action.

    On peut privilégier la lutte contre l’immigration et la défense de l’identité nationale ou bien préférer l’engagement pour la souveraineté, le protectionnisme économique et la défense de la langue française, ou encore mettre au premier plan de sa militance le combat pour les valeurs, la défense de la vie et de la famille. A une condition que nul n’accuse l’autre d’être « raciste », « xénophobe », « ringard », « réac » ou « homophobe ».

    De même chacun est libre de choisir sa forme d’action : voter, réinformer, militer dans un parti politique, porter sa parole dans une assemblée, ou bien aller dans la rue pour manifester, conduire des actions symboliques, faire entendre aux ministres et aux oligarques ses convictions, ou bien entrer dans la résistance passive ou active. « Chaque Philoctète sait que sans son arc et ses flèches Troie ne sera pas conquise. »

    Chaque action a sa légitimité. Chacun doit respecter l’action des autres, qu’il soit militant politique, veilleur, sentinelle debout, hommen ou activiste identitaire. En France, comme hier en Irlande ou en Inde, la résistance nationale et civilisationnelle est appelée à prendre des formes différentes et complémentaires.

    Diaboliser le voisin, ce n’est pas se dédiaboliser c’est renforcer sa propre diabolisation

    Il faut se garder du piège de la division fondée sur le refus de comprendre et d’accepter ce que fait son voisin selon la logique suivante : celui qui en fait moins (ou qui agit autrement que moi) est un « lâche ». Celui qui en fait plus que moi (ou choisit des formes d’action plus spectaculaires) est un « extrémiste ». Penser cela c’est permettre au système de saucissonner ses opposants. Il ne faut pas entrer dans ce jeu.

    Il est crucial de ne pas contribuer à la diabolisation des autres ou de ses voisins. Certains se croient malins en pensant qu’en contribuant à diaboliser autrui ils se dédiaboliseront à peu de frais. Quelle erreur ! Hurler avec les loups n’est pas seulement moralement minable c’est surtout stupide car cela contribue à renforcer la diabolisation en général et, par contagion, sa propre diabolisation. C’est aussi permettre à l’adversaire d’appliquer la technique du salami : couper et manger une tranche puis… passer à la suivante.

    Il faut juger les autres sur ce qu’ils sont, sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils disent, non sur la caricature qu’en donnent leurs adversaires. Appliquons la présomption d’innocence, ne participons pas au lynchage des diabolisés sur des on-dit.

    Les dissidents de l’identité nationale et civilisationnelle n’ont qu’un seul adversaire : les tenants du politiquement correct et de l’idéologie unique qui veulent abolir toutes les frontières, frontières physiques des nations et des peuples, frontières morales que sont les traditions.

    Bref, il faut jouer solidaire ! Dissidents de toute tendance, unissez-vous !

     Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 14 octobre 2013)

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  • Jusqu'où descendra la politique ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une réaction de Christian Vanneste, cueillie sur Nouvelles de France et qui fait suite à l'affligeant "traitement" politique de l'"affaire" Leonarda...

     

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    Jusqu'où descendra la politique ?

    Le sommet de l’État convoqué par une jeune immigrée clandestine, un Président, un Premier ministre, un ministre de l’Intérieur contraints de s’interroger sur une mesure d’expulsion parfaitement légale à l’encontre d’une famille de fraudeurs, des élus et même des ministres exigeant qu’une loi ne soit pas appliquée, des élèves mobilisés autour d’une revendication absurde et les expulsés n’hésitant pas à dire que de toutes manières, ils reviendront : le spectacle offert par la politique de notre pays nous plonge dans la stupeur et l’hébétude. On n’en croit pas ses yeux. On a envie de se pincer pour se sortir d’un mauvais rêve. Certes, tous ceux qui se souviennent de la France du Général de Gaulle n’en ont pas forcément un bon souvenir. Je pense aux rapatriés d’Afrique du Nord ou aux harkis, par exemple. Mais, lorsqu’on évoquait l’État, l’autorité, la légitimité ou la France, ces mots avaient un contenu et une force dont ils sont aujourd’hui vidés. De Gaulle jouissait de l’autorité du fondateur, de cette autorité romaine qu’a si bien soulignée Hannah Arendt. En 1940, en 1958, il avait fondé à nouveau la République et en avait tiré une légitimité qui dépassait la simple expression des suffrages à laquelle il s’est pourtant toujours plié. C’est en 1968 que tout s’est joué. Tous les ingrédients de notre décadence ont brusquement fait surface dans un pays libéré des guerres, rendu effervescent par l’arrivée à l’âge adulte des enfants du baby-boom, et croyant que tout était possible dans un pays prospère à la croissance continue. L’agitation stérile et puérile des étudiants, la subversion politique et syndicale ont failli emporter les institutions. Le Peuple a résisté, en défilant d’abord et en votant ensuite. Les conditions d’une réaction salutaire étaient réunies et elle ne s’est pas produite. Elle ne s’est jamais produite. Petit à petit, le virus de 1968 a contaminé un pays qui en est aujourd’hui ravagé.

    Lorsque le journal Le Monde évoque « des élus en baisse de régime », le premier qui est cité pour juger l’abaissement du niveau de nos représentants est Cohn-Bendit. L’activiste allemand de 1968, né en France, mais Allemand pour ne pas faire son service militaire, néanmoins représentant de notre pays au Parlement européen, libertaire, mondialiste, fédéraliste et parfois interpellé sur des propos scandaleux touchant à la sexualité des enfants, est à l’évidence le meilleur des juges… En fait, c’est plutôt un symptôme. Le Monde est le journal dans lequel Pierre Viansson-Ponté écrivait  » La France s’ennuie » en 1968, témoignant assez de cette légèreté journalistique qui se réjouit des échecs, des difficultés qui donnent de la matière et qui font vendre. La direction des médias, les salles de rédaction sont aujourd’hui envahies par les soixante-huitards, leurs disciples et leurs enfants. La vie politique est désertée par le courage, la réflexion et la hauteur de pensée. Après les professeurs, il y a eu les énarques et maintenant nous vivons sous la République des apparatchiks, des assistants parlementaires qui auront fait de la politique un métier que l’on fait toute sa vie, à l’abri du monde réel, sans la moindre compétence, sans la plus petite expérience, avec pour seul savoir-faire, l’art de complaire aux médias, afin que la France ne s’ennuie pas. La dictature de l’urgence et de l’éphémère, la démagogie du « jeunisme » triomphent.

    La primaire socialiste de Marseille est caricaturale sur ce plan. Vous aurez beaucoup de mal à trouver chez Samia Ghali comme chez Patrick Menucci, une activité rémunérée qui ne soit pas en rapport avec leur adhésion au parti socialiste, avec le passage, obligé à Marseille, par la case Guérini. Beaucoup de Français qui connaissent les affres du chômage ou de l’insécurité, le bijoutier de Nice, obligé de quitter son quartier, parce que victime de la délinquance, l’ouvrier de Marcq-en-Baroeul, qui perd son emploi, se disent que le monde des copains et des coquins est protégé de ces réalités. On doit s’interroger sur le sens du mot « représentant ». Les élus peuvent représenter la population parce qu’ils lui ressemblent, parce qu’ils projettent dans les instances du pouvoir la diversité géographique ou sociale du pays. La question du sexe sur laquelle on insiste beaucoup est-elle si importante ? Y a-t-il une différence entre l’assistant et l’assistante parlementaires ? Tous deux font de la politique une profession fondée sur la carrière et l’arrivisme. Ils ne représentent qu’eux-mêmes. Les élus peuvent aussi constituer une aristocratie élective. Le peuple désignerait les plus capables, les plus compétents, pourquoi pas les plus vertueux pour assurer la réalisation du bien commun. Cette proposition, lorsqu’on observe le niveau du débat et des échanges entre une sénatrice et un député socialistes qui veulent devenir, avant tout au service de leur parti, le Maire de la seconde ville de France est, à l’évidence, une galéjade.

    Les Français prennent de plus en plus conscience que ça ne peut plus durer, qu’il est grand temps de nettoyer les écuries d’Augias. Bien sûr, nous n’avons plus de Général de Gaulle en réserve. Mais le Peuple est toujours là, et les manifestations contre l’absurde mariage unisexe, cette victoire posthume de 1968, ont montré qu’il possédait encore du ressort. Il reste à savoir si celui-ci sera suffisant pour expulser, non quelques Roms, mais une classe politique pitoyable.

    Christian Vanneste (Nouvelles de France, 20 octobre 2013)

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  • L'Amérique et les hypothèques de Dieu...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Immarigeon, cueilli sur son blog American Parano et consacré à la crise de la dette américaine.

    Avocat, bon connaisseur des Etats-Unis, Jean-Philippe Immarigeon est l'auteur de plusieurs essais d'une grande lucidité comme American parano (Bourin, 2006), Sarko l'Américain, (Bourin, 2007), L'imposture américaine (Bourin, 2009) ou Pour en finir avec la Françamérique (Ellipses, 2012). Il collabore régulièrement à la revue Défense Nationale.

     

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    L'Amérique et les hypothèques de Dieu

    L’Amérique est paralysée, l’Amérique s’enfonce dans une crise autrement plus profonde que simplement financière. Mais l’Amérique est en crise parce qu’elle n’est qu’une crise permanente, elle est cette expulsion de la vieille Europe d’avant l’Europe, celle des Pilgrims du Mayflower, réfugiée dans ce que j’ai déjà nommé Feodalic Park. Elevés dans l’idée, conceptualisée par Thomas Paine, que leur île-continent se devait d’être découverte pour que s’y réfugiât ces sectes calvinistes dans lesquelles Max Weber vit le terreau du capitalisme, les Américains se sont installés dans ce don de Dieu comme dans la forteresse du choral de Luther, Ein feste Burg ist unser Gott. Refuge, réclusion, retranchement, ils n’en sont jamais sortis que pour forcer The Rest of the World à leur ressembler, de gré ou de force. La guerre d’Irak, et tout le substrat idéologique que les néocons lui ont donnée et qu’on n’a pas voulu prendre pour ce qu’il était, à savoir l’Amérique des origines qui se réalise et non un simple et très passager pétage de plombs, a mis fin à ce rêve. Il ne lui reste plus qu’à se replier sur son île-continent, et à revenir à la lettre du Farewell Address de George Washington : ne jamais être tributaire de l’Etranger.

    Or la dette est l’intrusion de l’Etranger dans les affaires américaines. C’est cela qui est refusé, c’est cette rébellion qui est derrière le Tea Party dont la raison sociale plonge dans cet incident de Boston de novembre 1773, ce que tout le monde sait, sauf qu’il s’agissait ni plus ni moins d’un réflexe de prophylaxie. Thé anglais, livres français ou dollars chinois, l’Etranger est forcément intrusif, symbolisant le Mal dont l’Amérique s’est séparé en 1620 puis en 1776. La séquestration, le refus de relever le plafond de la dette, c’est le refus de l’Autre qui n’est que la manifestation la plus tangible du repli d’une nation dont les dirigeants disent qu’elle est fatiguée, sans que les nôtres ne comprennent que ce mot entre en résonnance avec la raison fondatrice de l’Amérique. Il veut dire qu’un troisième abandon du monde, une troisième séparation après celles de 1620 et 1776, sous-tend la crise actuelle, et en est l’achèvement logique, historique et irrépressible.

    Cette faillite acceptée et assumée, ce refus d’honorer la dette sera le signal de la banqueroute universelle : tous les débiteurs vont dire merde à leurs créanciers. Bonne nouvelle. Catastrophe, s’affolent d’autres. De ceci l’Amérique se préoccupe comme d’une guigne. Elle ne déstructure pas le monde puisqu’elle ne l’a jamais pensé, qu’elle n’a jamais pensé qu’elle-même. Elle ne se sent liée à aucune obligation, à aucun principe qui ne soit le sien. Elle n’a jamais rien prévu que pour elle-même, et ce qu’elle veut aujourd’hui c’est avoir la paix, qu’on lui foute la paix.

    Hantée par l’idée de sa disparition, qu’elle a déjà frôlée lors de la Grande Dépression, cette nation de cowboys dépressifs qui a cru pouvoir se garantir de tous les maux en accumulant une puissance sans égale, découvre que l’Histoire est aussi amorale que la nature chez Darwin. Si d’épouvantables défaites peuvent faire basculer en une nuit les trônes les plus assurés, les empires ne tombent pas d’une déchéance qui se mesure et qu’on peut réparer parce qu’on la détecterait. Ce serait si facile, il suffirait de colmater et l’on serait au-dessus de Pharaon, du Khan, du Grand Moghol, de l’Aztèque ou de la Sublime Porte. Ils meurent d’hystérie lorsqu’ils se découvrent désarmés au spectacle de l’impuissance de leur puissance soudainement inopérante, inutile et vaniteuse autant que vaine.

    « Nous avons tous vu des empires s’effondrer, et les plus solides, écrivait Jean Giraudoux dans Sodome et Gomorrhe, et les plus habiles à croître et les plus justifiés à durer, et ceux qui ornaient cette terre et ses créatures. Au zénith de l’invention et du talent, dans l’ivresse de l’illustration de la vie et de l’exploitation du monde, alors que l’armée est belle et neuve, les caves pleines, les théâtres sonnants, que dans les teintureries on découvre la pourpre ou le blanc pur, dans les mines le diamant, dans les cellules l’atome, que de l’air on fait des symphonies, des mers de la santé, que mille systèmes ont été trouvés pour protéger les piétons contre les voitures, et les remèdes au froid et à la nuit et à la laideur, alors que les alliances protègent contre la guerre, les assurances et poisons contre la maladie des vignes et les insectes, alors que le grêlon qui tombe est prévu par les lois et annulé, soudain en quelques heures un mal attaque ce corps sain entre les sains, heureux entre les bienheureux. C’est le mal des empires. Il est mortel. Alors tout l’or est là, entassé dans les banques, mais le sou et le liard eux-mêmes se vident de leur force. Tous les bœufs et vaches et moutons sont là, mais c’est la famine. Tout se rue sur l’empire, de la chenille à l’ennemi héréditaire et aux hypothèques de Dieu. Le mal surgit là même d’où il était délogé pour toujours, le loup au centre de la ville, le pou sur le crâne du milliardaire. Et les fleuves tournent, les armées tournent, le sang et l’or tournent, et dans la tourmente, l’inondation et la guerre des guerres, il ne reste plus que la faillite, la honte, un visage d’enfant crispé de famine, une femme folle qui hurle, et la mort. »

    La faillite, la honte, et la mort. Que la crise actuelle se résolve, temporairement, ou qu’elle permettre d’ici 2015 d’en finir enfin avec le XXe siècle, il nous faut d'urgence, pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait faute de me lire, penser un monde sans l’Amérique.

    Jean-Philippe Immarigeon (American Parano, 12 octobre 2013)

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  • Le dimanche au soleil...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Théry, cueilli sur Causeur et consacré à la question du travail le dimanche...

     

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    Le dimanche au soleil

    Pour ouvrir le débat sur le travail le dimanche, Nicolas Sarkozy avait lancé avec l’accent faubourien qu’on lui connaît : « Est-ce normal que j’doive faire ouvrir spécialement un boutique de luxe le dimanche pour que Ma’am Obama puisse faire ses courses quand j’la reçois à Paris ? »

    Oui, c’est normal. D’ailleurs, est-ce que les boutiques Hermès, Dior ou Chanel sont ouvertes le dimanche à Washington, New York et même à Londres, le temple de la dérégulation ? Bien sûr que non. Pourquoi ? Tout simplement, parce que les riches ne font pas leurs courses le dimanche. Ils se ressourcent en famille dans leur résidence secondaire, jouent au tennis ou au golf, mènent des activités culturelles, voire cultuelles aux Etats-Unis où la pratique religieuse reste vivace. Eh oui, faire ses courses le dimanche est une activité de pauvres, comme l’a très bien montré Jérémy Rifkin dans L’âge de l’accès : c’est le résultat de la confusion progressive du loisir et de la consommation.

    Les zones urbaines se structurent aujourd’hui autour de moles (malls en anglais) dont la destination n’est plus très nette : le peuple se rend-il dans des espaces de loisirs pour y acheter de la bimbeloterie ou va-t-il dans des espaces commerciaux pour s’y divertir ? L’espace le plus fréquenté de n’importe quel musée moderne est désormais la boutique de souvenirs, point de passage obligé. Inversement, un centre commercial s’organise aujourd’hui comme un parcours initiatique devant des vitrines (cf. Ikea) qui exposent les nouveautés. Cette tendance trouve son acmé au Louvre où l’espace Carrousel regroupe à la fois de riches boutiques de souvenirs « culturels », un Starbuck’s, des boutiques de luxe et même un Apple store : la Joconde en porte-clé et l’Iphone à consommer en sortant de la visite des collections de l’Égypte ancienne…

    L’autre tendance de fond à prendre en compte dans ce débat est ce qu’on a décrit aux Etats-Unis comme « la walmartization de la société ».  France 2 a diffusé cette semaine un reportage qui montre qu’aux Etats-Unis, les Wallmart y sont ouverts 7 jours sur 7, et 24 heures sur 24. Wallmart a tranché depuis de nombreuses années à la fois le débat sur l’ouverture le dimanche et le débat sur le travail de nuit. On peut donc acheter chez Wallmart un paquet de lessive à toute heure du jour et de la nuit ou de la semaine. Les employés y vivent-ils mieux qu’en France ? Certainement pas : les salaires sont en deçà du smic français et il n’est bien sûr pas question de rémunérer les heures de nuit ou du dimanche à un tarif plus élevé. C’est l’employeur qui fixe le planning de chaque employé qui doit s’y soumettre, ou se démettre s’il n’est pas d’accord.

    Henry Ford payait bien ses ouvriers pour qu’ils puissent acheter ses voitures. Sam Walton, le fondateur de Wallmart, a lui choisi de très mal payer ses employés et de mettre la pression sur les producteurs pour réduire les prix de vente ; producteurs qui sont devenus par la force des choses des entreprises chinoises et consommateurs qui sont devenus dans la même tendance des chômeurs. Politique de la demande dans le premier cas, politique de l’offre dans le second. Walton était visionnaire puisque la walmartization de la société est à l’œuvre partout en occident depuis 30 ans.

    Le débat français actuel sur l’ouverture le dimanche doit être regardé sous ce double prisme, marchandisation des loisirs d’un côté, paupérisation des consommateurs de l’autre.

    Car il ne faut pas s’y tromper : le débat autour du travail le dimanche est un leurre. C’est une mystification à l’égal du slogan sarkozyen « travailler plus pour gagner plus ».  De dérégulation en dérégulation, les employés qui pensent améliorer leur paie en travaillant le dimanche seront les dindons de la farce. Quand il n’y aura plus de règle, ni pour la durée hebdomadaire du travail comme le réclame le Medef, ni pour les jours fériés ou les jours de repos, il n’y aura par définition plus d’exception à la règle, donc plus d’heures supplémentaires payées à un tarif plus élevé. Dans 10 ans, les employés des hypermarchés français ouverts le dimanche travailleront comme chez Wallmart, la nuit ou le jour, le samedi ou le dimanche, mais le plus souvent la nuit et le jour, le samedi et le dimanche pour essayer d’avoir une paie décente. Aux Etats-Unis, les « poor workers » doivent aujourd’hui assumer 2 jobs pour s’en sortir. Un le jour et un le soir ou la nuit.

    Car la question centrale est bien celle du niveau de rémunération. Pourquoi certains salariés de supermarchés se disent-ils prêts à travailler le dimanche ? Tout simplement parce qu’ils sont très mal payés la semaine et que leur paie ne leur permet plus de subvenir aux besoins de leur famille, surtout en région parisienne où le coût du logement est prohibitif. Pourquoi, une majorité de citoyens-consommateurs se déclarent-ils en faveur du travail le dimanche ? (on se garde pourtant bien dans ces sondages commandités de leur poser la question « êtes-vous personnellement d’accord pour travailler le dimanche ? » !…) Parce qu’ils s’ennuient à mourir et que la société du spectacle qu’on leur impose ne peut les conduire qu’à se divertir en léchant des vitrines ou s’exposent des marchandises produites à coût toujours plus réduit par des salariés toujours plus précarisés.

    Un gouvernement de progrès mettrait la politique de rémunération au cœur du débat. Un gouvernement de progrès ferait une politique de la demande plutôt qu’une politique de l’offre. Un gouvernement de progrès maintiendrait l’organisation de la vie hebdomadaire en 3 temps : 5 jours de travail (bientôt 4), le samedi consacré aux activités commerciales, le dimanche consacré aux activités sportives, culturelles, ludo-éducatives ou spirituelles. Un gouvernement de progrès ferait du travail le dimanche l’exception et non la règle. Un gouvernement de progrès aurait un projet pour refaire du dimanche une journée d’épanouissement individuel et social. Je doute qu’un gouvernement social-libéral le fasse.

    J’invite tous ceux que ce débat passionne, à revoir le chef d’œuvre de Bertrand Tavernier, Un dimanche à la campagne. On y comprend que ce qui fait la vie d’un homme repose sur autre chose que l’hyperconsommation dérégulée. Que l’homme est mieux fait pour passer un dimanche à la campagne qu’un dimanche à Auchan…

    Xavier Théry (Causeur, 10 octobre 2013)

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  • La négation du réel criminel est suicidaire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la tentative de négation de la réalité criminelle de notre société par l'oligarchie politico-médiatique...

     

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    France : la négation du réel suicidaire est criminel

    La déferlante criminelle que nous prédisions clairement, depuis la fin 2012, est là. Prouvons-le en écoutant la société civile : personnels hospitaliers, pompiers, buralistes.

    • À Marseille, le professeur chargé des services d’urgence des hôpitaux déclare voici peu : « Nous sommes confrontés à un niveau de violence jamais atteint. » Sur tout le système hospitalier français, les « atteintes aux biens et aux personnes » ont doublé entre 2011 et 2012.

    • Chez les pompiers, les agressions physiques augmentent de 35 % de 2008 à 2012.

    • Buralistes : leur confédération recense 341 vols à main armée de janvier à juin 2013 (1,8 par jour) dont 43 à Marseille.

    Mais cette vague criminelle affecte-t-elle le monde entier ? Au moins, toute l’Union européenne ? Non : elle est une triste exception française car, partout dans le monde développé, la criminalité baisse fortement – parfois, elle s’écroule.

    • En Angleterre en 2012 : cambriolages, – 7 % ; crimes violents, – 6 % ; violences urbaines, – 17 %. Cela résulte-t-il d’un brutal matraquage répressif ? Non : entre 2010 et 2012, la police anglaise a perdu 14.186 fonctionnaires ; ses effectifs sont au plus bas depuis 2002. Or, le risque pour un Britannique d’être victime d’un crime est le plus faible depuis trente ans !

    • Aux États-Unis, les crimes violents ont diminué de 32 %, de 1990 à 2012. Mieux encore : dans les métropoles américaines, le recul des homicides, vols à main armée, agressions et autres délits est de 64 % !

    Même l’Estonie a réussi, depuis 1995, à faire baisser les vols à main armée, vols de véhicules, etc. de 60 %.

    Donc, l’échec français est bien français ; clairement dû au fait que l’attelage gouvernemental tire à hue et à dia, Mme Taubira vidant les prisons et la police tentant vainement ensuite de rattraper les criminels.

    Face à ce désastre, que veulent les Français ? Là aussi, les choses sont claires. Ils veulent :

    • Qu’on prenne la sécurité au sérieux : dans Le Journal du Dimanche du 29 septembre 2013, la sécurité caracole en tête des enjeux des futures élections municipales (30 %, ex æquo avec l’emploi), juste après la fiscalité (32 %).

    • Une justice plus sévère : Dans Le Figaro, sondage du 22 mars 2013, les Français demandent à 92 % une perpétuité réelle (sans libération conditionnelle) pour les crimes les plus graves ; 88 % des Français se disant « de gauche » ayant la même exigence.

    Cependant, les Français se fient-ils aux médias dominants pour les alerter et les informer, d’abord sur la sécurité ? Non ! Dans un sondage (Marianne, 15 mars 2013), les Français placent, en termes de confiance, les journalistes à la 27e place sur 33. Faire confiance aux journalistes ? Non : 60 % ; oui : 37 % seulement. Autre sondage (Le Point, 25 janvier 2013) : les médias font-ils mal leur travail ? Oui : 58 % ; ignorent-ils les vrais problèmes des Français ? Oui : 72 %.

    Pourtant, les médias dominants forment désormais une sorte « d’orchestre rose », voué à nier le réel criminel. De cela, un exemple caricatural. Durant l’été 2013, la radio France Info présente une série de Jacques Legros, intitulée « Les pousse-au-crime » et consacrée aux « criminels qui ont marqué nos sociétés ». Série bien sûr écoutée avec intérêt par le criminologue que je suis. Il n’empêche que, pour Legros et France Info, comment se prénomment nos criminels d’aujourd’hui ? Benoît… Bruno… Catherine… Charlène… Christine… Clément… Corinne… Estelle… Jason… Kevin… Pascal… Sylvie… Thierry. C’est tout ?

    Oui. Legros et France Info ignorent-ils que, dans la vraie vie, dans la rue et dans les tribunaux, les criminels se nomment rarement Christine ou Thierry ? Non, bien sûr. Force est donc de conclure au camouflage et au déni du réel.

    Cet exercice de conjuration du réel criminel s’opère au nom du « fait divers ». Toujours plus, la criminalité disparaît des médias dominants. Il n’y a plus que d’anodins « faits divers ». Récemment, Najat Vallaud-Belkacem dénonce la « tyrannie des faits divers ». Alain Duhamel, lui, fustige « l’hystérisation des faits divers ». Et dans Libération, Pierre Marcelle, qui est une sorte de Jiminy Cricket du monde bobo, vomit les « fait divers » à chaque éditorial.

    Pourtant, face à la brutale réalité criminelle, toutes ces entreprises d’édulcoration, de relativisation, ces finasseries et conjurations de la réalité sont vouées à l’échec, pour les trois excellentes raisons que voici :

    • Dans la vraie vie, hors de la médiasphère, les « faits divers » n’existent tout simplement pas. Il s’agit d’un pur classement journalistique, dans lequel on empile des infractions, contraventions, délits et crimes, seules catégories juridiques pertinentes dans un État de droit.

    • Dans une société, même dictatoriale, on ne dissimule pas la réalité criminelle à la population. Les gens savent. Ils se parlent. Même la défunte URSS et sa propagande, même la Chine post-communiste n’ont pu camoufler à leurs peuples les vastes trafics criminels s’opérant en leur sein. Et la Ve République de 2013 n’y arrivera pas non plus.

    • Enfin, et pire encore que tout, pour « l’orchestre rose », cette négation du réel criminel est suicidaire. Car ce n’est pas la première fois que la gauche l’entreprend. Vers l’an 2000, le déni y était identique. Le « sentiment d’insécurité », entendait-on alors, n’émanait que de beaufs avinés et réac. Une simple campagne de com’ apaiserait tout cela bientôt.

    Arriva la présidentielle d’avril 2002. M. Jospin fut candidat – on connaît la suite. « L’orchestre rose » de 2013 est-il conscient de ce précédent ? Ouvre-t-il parfois les yeux, comprend-il l’effet de son mépris appuyé pour les « faits divers », sur des Français pillés et inquiets ? Il ne le semble pas.

    Pour conclure, cette citation du grand théoricien marxiste Karl Kautsky (1854-1938), père fondateur de la social-démocratie allemande : « Quand une classe ou une société dégénère, ou qu’elle est trop violemment bousculée, elle rejette toujours la vérité. Elle n’use plus de son intelligence pour clairement établir ce qui est, mais cherche des arguments pour s’apaiser, se consoler et se tromper elle-même. » Qu’ajouter ?

    Xavier Raufer (Boulevard Voltaire, 7 octobre 2013)

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  • Le tocsin sonne...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Thierry Benne, cueilli sur Causeur et consacré à la vacuité des appels au front républicain contre le Front national...

     

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    FN : après Brignoles, le tocsin sonne

    Face à la montée du Front National et au lendemain de l’élection cantonale de Brignoles, le tocsin sonne à toute volée dans les états-majors des partis. La République est en péril et chacun d’invoquer le pacte républicain, qui correspond  au code de bonne conduite des élus politiquement présentables.  La Gauche, de marteler qu’il faut absolument  dresser en sus un front républicain pour faire échec si nécessaire  à l’intrus. Bien entendu, le pacte républicain, comme le Front républicain, sont censés reposer sur des valeurs républicaines dont, comme de juste,  les seuls partis de pouvoir ou de coalition détiennent l’absolu monopole. Pourtant, si dans l’esprit de la plupart des nos concitoyens ces valeurs demeurent encore vivantes, force est de reconnaître qu’elles sont aujourd’hui bien mal en point. Qu’on en juge plutôt !

    On commencera par le contournement sournois de la volonté du peuple français par la triple collusion de l’Exécutif, du Parlement et, dans une moindre mesure, du Conseil constitutionnel pour faire échec au Non des Français au referendum de 2005 sur l’adoption d’une nouvelle constitution européenne. Cela fait partie des trahisons qui marquent. Toujours à propos de représentation nationale, on comprend mal comment un parti qui réunit à grand peine moins de 5% des suffrages de la Nation réussit à avoir quasiment vingt fois plus de députés qu’un mouvement qui mobilise régulièrement près d’un électeur sur six. De même, comment le principe républicain d’égalité se conjugue-t-il avec le monopole de la représentation syndicale qui aboutit à ce que seule compte ou presque la voix de  8 % des salariés (surtout publics) , quand les 92% qui restent (surtout privés !)  sont pratiquement réduits au silence. Enfin, comment ose-t-on prétendre conduire démocratiquement le processus de réforme des retraites, sans que 16 millions de retraités puissent déléguer un seul représentant ni au Conseil d’orientation des retraites, ni au Conseil économique, social et environnemental ?

    Le Conseil constitutionnel, lui-même, dont on vient de célébrer en grande pompe le 55ème anniversaire avec celui de la Constitution, n’échappe pas davantage à la critique. C’était, on l’a vu,  avec son aval complaisant que le pouvoir put en 2008 mettre à la corbeille le referendum de  2005.  Mais dix années avant, le Conseil avait déjà sciemment validé les comptes de  deux candidats à la présidence, en sachant parfaitement qu’ils étaient pour l’un parfaitement faux et pour l’autre gravement irréguliers. C’est encore ce même Conseil qui avait cru pouvoir le 30 juillet 2010 “louvoyer” avec l’illégalité flagrante de l’ancienne procédure de garde à  vue en fixant  à l’Exécutif  pour la régulariser un délai de rien moins que 11 mois  qu’il n’était normalement pas au pouvoir du juge d’accorder.

    La laïcité, l’une des valeurs-phare de notre République, se fissure sous les coups de boutoir de ceux qui y voient un obstacle à leurs ambitions prosélytiques ou pas. Il est patent désormais qu’en violation des règles européennes,  une bonne partie  des abattages se font sur notre sol  selon le rite hallal, alors que la population musulmane ne représente pas 1/5 de la population française et qu’en son sein, les tenants purs et durs d’un  islamisme radical sont encore infiniment moins nombreux. L’interdiction du voile ne franchit pas la porte de nos universités, comme si ces dernières bénéficiaient par rapport à la République d’un privilège d’extraterritorialité. Et que dire de ce qui subsiste encore des horaires “aménagés” de certaines  de nos piscines, des menus “alignés” de nos cantines scolaires,  des pans entiers de notre histoire que nos enseignants ne peuvent plus aborder sans mettre leurs classes en ébullition ou encore de ces admissions hospitalières en urgence qui s’opposent à l’intervention d’un soignant masculin ?

    Que dire aussi de l’attaque en règle contre les familles ? De l’ambition exorbitante d’une Éducation Nationale, qui prétend s’arroger, y compris à l’encontre des  parents, le droit d’éduquer les enfants, alors qu’elle peine – et le mot est faible – à seulement les instruire ? Comment justifier l’acharnement fiscal contre les avantages des familles, dont beaucoup n’avaient  rien d’exorbitant, mais expliquaient l’efficacité de notre politique nataliste ? Que vaut enfin cette prévalence constante de l’assistanat qui, tout en asphyxiant ceux qui le financent  et en déresponsabilisant ceux qui en profitent,  veut faire  croire à chacun qu’un bon vote  peut remplacer l’effort ?

    Parlons maintenant de la Justice. Comment peut-on admettre qu’un syndicat influent de magistrats puisse mépriser les justiciables et le personnel politique au point de dresser  impunément un mur des cons, qui tend d’ailleurs un redoutable miroir à ses pitoyables auteurs? Comment ensuite la Justice pourra-t-elle donc exiger du citoyen le respect qu’elle-même ne lui accorde pas? Que penser de tous ces meurtres dont on ne peut même plus dire que l’auteur soit un récidiviste,  tellement il se trouve dans une démarche constante, uniforme  et continue d’infraction? Comment les citoyens peuvent-ils être contraints de croiser régulièrement dans leurs cités des individus, dont la dangerosité avérée est telle qu’aucun juge en charge de famille  n’admettrait  leur liberté  dans le voisinage immédiat de son propre domicile?

    Par ailleurs, le peuple français est un peuple libre et il supporte de plus en plus mal que l’on embrigade ou que l’on ampute sa mémoire, au prix d’une infantilisation qui en dit long sur le sens  démocratique  de ceux qui ont exigé  ces  “souvenirs imposés”. Et de se demander en quoi  ce qui a été commis  sur le plan de l’atrocité et de la barbarie par le nazisme doit seul être retenu, alors que des massacres en tous points comparables ou pires (voir l’exemple de Katyn),  mais commis par des Staline, Mao, Pol Pot ou consorts  peuvent  être soigneusement oubliés et  retranchés de l’Histoire comme s’il ne s’était rien passé.

    Mais cette revue serait incomplète si elle ne s’attachait pas à quelques affaires récentes qui, pour être plus personnelles, n’en  révèlent pas moins des dérives préoccupantes. D’abord l’actuel Président de la République avait lors de sa campagne électorale pris le pays à témoin qu’avec lui c’en était fini de l’interférence des affaires privées et des affaires publiques. Or, en en plein marasme, la République prend à sa charge tout ou partie des frais d’une dame qui n’a -semble-t-il- aucun lien de droit avec son Président  et qui se permet en outre par un tweet malvenu de torpiller la candidature électorale de son ex-rivale. Une autre fois, c’est le compagnon d’une  importante ministre qui éructe publiquement et un jour de Fête Nationale  sa bave  antimilitariste, avant de récidiver quelque mois plus tard  en insultant  directement le Ministre de l’Intérieur. Mais le comble de la confusion entre les affaires privées et les affaires publiques, c’est incontestablement l’affaire Cahuzac où il est clairement apparu que le responsable de la collecte des impôts s’arrangeait pour échapper lui-même aux efforts qu’il exigerait de tous les autres, le tout en mentant effrontément à la représentation nationale.

    Certes, ce modeste tour d’horizon ne saurait prétendre à l’exhaustivité, mais il n’en révèle pas moins l’écart béant  qui existe entre les vertus supposées du Front républicain et  le contenu de plus en plus faisandé de ces emballages fort trompeurs. le plus important pour que vive la République, ce n’est assurément pas la survivance du  pacte républicain, encore moins celle du front républicain, mais la pérennité des vraies vertus républicaines, celles qui font que tout un peuple peut encore faire raisonnablement confiance à ceux qui le dirigent.

    Thierry Benne (Causeur, 7 octobre 2013)

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