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Points de vue - Page 311

  • Le déni de l'insécurité culturelle...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant de Guillaume Bernard, cueilli sur Valeurs actuelles et consacré à la question de l'insécurité culturelle.

     

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    Le déni de l'insécurité culturelle

    L’immigration (et sa forte concentration en certains endroits du territoire) conduit bien des Français — en particulier des classes populaires qui sont, plus directement que les autres, au front de la cohabitation — à se considérer dans une situation d’insécurité culturelle. Subissant par ailleurs une forme de déracinement dû, notamment, à l’uniformisation des modes de vie à cause de la mondialisation, ils se jugent acculés à défendre leur culture alors même qu’ils incarnent l’identité de référence, celle du lieu. Pourquoi une grande partie de l’élite politique et intellectuelle considère-t-elle cela comme une phobie infondée manifestant un manque d’ouverture d’esprit ?

    La théorie du “creuset républicain” pose comme principe que, petit à petit, les populations d’origine étrangère se laisseront dépouiller de leurs particularismes culturels pour adhérer aux valeurs communes. Cette position repose sur l’hypothèse qu’il n’y a pas de différence entre le processus de francisation des provinces au cours des derniers siècles et l’actuelle situation des immigrés. Elle pose comme pétition de principe que toute culture est dissoluble dans la République ; si les immigrés sont encore des “minorités visibles”, c’est parce qu’ils ont subi le racisme des “Français de souche”. Il n’y aurait de rejet que subi par les immigrés et jamais commis par eux : aucune francophobie de leur part qui expliquerait, en partie, l’échec de l’intégration.

    Quant à l’idéologie multiculturaliste, elle récuse l’objectif d’obtenir des immigrés qu’ils abandonnent leur identité d’origine et que, d’une certaine manière, ils se convertissent à la France. Elle admet qu’ils puissent continuer à vivre en étrangers et que l’identité française soit, à terme, transformée. L’intégration serait un processus à double sens supposant un compromis réciproque entre les immigrants et leurs hôtes. Cette position repose sur l’hypothèse que l’identité française aurait, par le passé, déjà évolué et ne serait donc pas restée globalement stable jusqu’à encore très récemment (les Trente Glorieuses). Le multiculturalisme rejette l’idée de l’assimilation, c’est-à-dire que ce soit au porteur de l’identité venue de l’extérieur

    Ainsi, le déni de l’insécurité culturelle s’explique-t-il par le présupposé contractualiste de l’ordre social. En effet, il existe deux manières d’appréhender les corps sociaux. Ceux-ci sont soit conçus comme des entités naturelles inscrites dans l’ordre cosmologique des choses (position classique), soit considérés comme des constructions artificielles produites par la volonté des hommes (théorie moderne). L’appartenance à ces deux types de société se manifeste de manière radicalement différente. Dans le premier cas, elle consiste en une adéquation culturelle concrète ; la partie doit se soumettre à l’identité du tout-existant en tant que tel. Dans le second cas, elle se manifeste par l’adhésion à des principes politiques abstraits ; le tout, ainsi que son identité, sont le résultat de la conjonction des parties.

    Par conséquent, des apports humains exogènes ne perturbent nullement l’identité de la société moderne, à la seule condition qu’ils ne remettent pas en cause l’existence du contrat social. À l’inverse, du point de vue classique, ils peuvent, en fonction de leurs actes, aussi bien être des facteurs de perpétuation du corps social que des causes de son délitement.

    Pour les tenants de la sociabilité artificielle, considérer que certaines vagues d’immigration peuvent participer à la désagrégation sociale est analysé comme du racisme puisqu’il n’existe pas d’identité propre au tout (dépassant les nationaux du moment), mais seulement une juxtaposition de toutes les cultures particulières présentes, à un moment donné, sur le territoire d’un État. Cela les conduit à nier que la cohabitation d’identités divergentes puisse engendrer des conflits. L’insécurité culturelle n’existe pas puisque l’identité de la société est une construction en perpétuel mouvement. Et c’est ainsi que les théories intellectuelles de l’élite exacerbent les crispations sociales vécues par le peuple !

    Guillaume Bernard (Valeurs actuelles, 14 juin 2013)

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  • Canal plus : la machine à faire penser dans le bon sens...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christian Harbulot, cueilli sur le site Les influences et consacré au rôle des médias , et particulièrement de Canal plus, dans la construction de l'idéologie dominante. Fondateur de l'Ecole de guerre économique, Christian Harbulot est notamment l'auteur de La main invisible des puissances (Ellipses, 2007) et le coordonnateur de l'ouvrage collectif Les chemins de la puissance (Tatamis, 2007).

     

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    Canal + : la machine à faire penser dans le bon sens

    Les médias ont longtemps été présentés comme le bouclier de la démocratie. Ce quatrième pouvoir est aujourd’hui touché par des évolutions en apparence contradictoires mais dont l’effet syncrétique aboutit à la prédominance sans partage d’une nouvelle idéologie dominante. La banalisation du métier de journaliste et la baisse tendancielle des revenus de nombreux salariés a modifié la composition sociologique des entreprises de presse. Les élites de droite ont vaqué à d’autres occupations. Amorcée depuis les années 60, la concentration des organes de presse a eu pour effet de restreindre les espaces de pensée et de prise de parole. La dépolitisation générée par la fin de la guerre froide a laissé libre un espace de débat qui a été très vite dominé par un discours sur la démocratie largement alimenté par les références culturelles américaines.

    Au début du XXIe siècle, la société de l’information est devenue une société du spectacle informative comme le décrit si bien l’ouvrage d’Ollivier Pourriol (On/Off, NiL, 2013) sur le système Canal Plus. Son témoignage dans l’émission Répliques diffusé le 25 mai dernier sur France Culture est lourd de sens. Derrière le côté branché de la chaîne transparaît une machine à faire penser dans le bon sens qui ne fait plus du tout sourire. Derrière la pseudo spontanéité des animateurs vedettes de Canal Plus se cachent un petit groupe de faiseurs d’opinion dont le comportement est dicté par d’autres motivations que l’envie de distraire les bobos parisiens ou les jeunes de banlieue de l’hexagone jusqu’au Maghreb. De facto, ils participent à la construction d’une idéologie dominante qui ne laisse aucun espace à la contestation de leur vision décontractée du monde et de la société.

    Le traitement du phénomène de la Manif pour tous a sur ce point une valeur démonstrative assez étonnante En Mai 68, les radios périphériques assurèrent pendant quelque temps une contre- information sur les manifestations de rue. C’était temps de l’ORTF où l’information était officiellement sous le contrôle du pouvoir en place. En mai 2013, il faut se replier sur la petite station radio Notre Dame pour sortir du discours hégémonique de la parole médiatique ambiante, c’est-à-dire avoir un autre son de cloche sur ce qui se passe réellement dans la rue et sur le débat en cours ! Etrange retournement de situation qui gomme les points de détail comme par exemple les cars de manifestants refoulés par des forces de police sur certaines aires de péage d’autoroutes ou le flicage grossier des fils de militaires sur demande de l’autorité politique qui cherche à mesurer l’amplitude de cette nouvelle forme de contestation au sein des armées.

    Mais il existe derrière ce rideau de fumée idéologique une autre société de l’information que le gouvernement actuel et le monde médiatique ne contrôlent pas : l’espace de parole créé par le biais d’Internet. Si les médias symbolisés par la culture Canal Plus se présentent comme les défenseurs du temple cathodique de la démocratie, les internautes sont en train de devenir les garants d’une nouvelle forme de liberté d’expression.

    Christian Harbulot (Les influences, 2 juin 2013)

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  • L'homme nouveau ou la société contre le peuple...

    Nous reproduisons ci-dessous un texte de Robert Redeker, signalé par Polémia et cueilli sur le blog de cet auteur.

    Professeur de philosophie, essayiste à l'origine classé à gauche, Robert Redeker vit depuis plusieurs années sous protection policière pour avoir publié dans le Figaro un texte hostile à l'islamisme.

    Le texte  que vous êtes invité à découvrir signe une évolution étonnante de la pensée de son auteur qui ne peut que nous réjouir...

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    L'homme nouveau ou la société contre le peuple

    L’adoption du mariage homosexuel, l’introduction à l’école de la théorie des genres, qui devient une sorte de pensée officielle et obligatoire, le projet d’accorder le droit de vote aux étrangers, la palme d’or accordée par le jury du Festival de Cannes à un film qui, divine surprise, réunit la chance d’avoir été réalisé par un Maghrébin et de raconter une histoire d’amour homosexuelle, ne sont pas des événements disjoints. Solidaires, ils entretiennent entre eux un lien de constellation. Une même conception de l’homme autant qu’une même conception de l’avenir de la société qui les relie.

     

    Un impératif commun, plus ou moins explicite, dirige ces événements : il faut remplacer l’homme, tel que nous le connaissons depuis la nuit des temps, par autre chose. Comme pour le mariage, le mot sera conservé mais pas ce qu’il désigne. Ainsi, le mariage a changé de sens en devenant le mariage pour tous. Ainsi, homme et femme sont des mots qui ne veulent plus dire du tout la même chose postérieurement au triomphe de la théorie des genres qu’antérieurement.

     

    Quant à l’extension du droit de vote aux étrangers, il substitue une entité nouvelle au citoyen et à la nation, même s’il ne modifie pas les mots. Cet homme nouveau, que le gauchisme culturel veut substituer à l’homme tel qu’il existe, c’est l’homme sans héritage. Il n’est pas un héritier. Il est même, pour emprunter un vocable à Renaud Camus, un inhéritier. Non seulement l’accès à l’héritage des siècles – qu’il s’appelle la langue, la culture, la nation – lui est barré, mais il est psychiquement programmé pour refuser cet héritage autant qu’il est éduqué, ou inéduqué, pour pouvoir s’en passer. N’héritant pas du passé, ni n’en recevant le legs en héritage, il ne se sent débiteur d’aucune dette envers lui. Il ne doit rien à la patrie, rien à la nation et à son histoire, il ne doit rien à de Gaulle, rien à Jeanne d’Arc. On le veut radicalement neuf. Il se croit tel.

     

    Jusqu’ici exista un individualisme spatial et sociologique : l’individu séparé des autres hommes. Voici qu’apparaît un individualisme temporel et historique : l’individu entièrement plongé dans le présent, sans racines dans le passé, séparé de l’histoire. Le type d’homme engendré par cette constellation de réformes sociétales sera un homme qui se vivra, se sentira et se pensera comme existant par génération spontanée.

     

    Venue d’Aristote, défendue au XIXe siècle par Liebig et combattue par Pasteur, la théorie de la génération spontanée soutenait que des êtres vivants, par exemple des souris, pouvaient naître sans parents, sans pères ni mères, du seul fait de l’animation de la matière par la forme (l’idée). La comparaison avec nos réformes sociétales vaut. L’idée, la forme, c’est bien entendu le genre. C’est aussi la volonté de deux époux d’un même sexe, pardon, d’un même genre, d’élever un enfant qui n’aurait ni père ni mère, seulement des parents numérotés un et deux. Le grand combat contre la nature conduit par les propagandistes de la théorie du genre, socle philosophique du mariage pour tous, ramène dans l’actualité une variété de la théorie de la génération spontanée.

     

    Une condition est exigée pour la réussite de ce projet anthropologique et politique : que les hommes ne soient plus des hommes et que les femmes  ne soient plus des femmes par nature. A la rupture avec l’histoire doit s’articuler la rupture avec la nature. L’invention de la théorie du genre c’est la cheville ouvrière de cette rupture. Ainsi, le mariage pour tous est-il à la fois le mariage déshistoricisé (jamais, en Occident, le mariage homosexuel ne fut institutionnalisé) et dénaturalisé (la différence naturelle des sexes, base historique, symbolique et biologique du mariage, est niée).

     

    Le vote des étrangers (des personnes qui refusent d’adopter la nationalité française) illustre cette double négation. Il occulte le sens du mot « patrie » : la terre des pères. La patrie est, étymologiquement, un héritage. Il n’y a pas de patrie si les fils et les filles n’héritent pas des pères l’histoire et la terre. La patrie, cette terre des pères, est une mère qui engendra ceux qu’on appelait jadis des sujets et aujourd’hui des citoyens. Pour rendre possible ce vote, il faut masquer la dimension héréditaire qu’implique la notion de patrie. La patrie est le produit de l’histoire, et l’héritage celui de l’engendrement, c’est-à-dire de la nature. Héritage, père et mère, la patrie est à la fois histoire et nature. Exactement ce que la théorie du genre combat. Dessaisir les fils et filles de cet héritage est l’objet du droit de vote aux étrangers.

     

    Le déni de la nature et de l’histoire apparaît encore plus nettement dans l’acharnement à vouloir effacer le mot « race » de la langue officielle. Deux siècles durant, la gauche affirmait représenter le peuple, la patrie et la nation. Aujourd’hui, sa nouvelle déesse est la société, fabriquée dans les laboratoires des sciences humaines. C’est au nom de la société qu’elle substitue l’inhéritier, l’individualiste nouveau, l’individualiste né par génération spontanée sans patrie et sans nation, sans racines historiques et politiques, au citoyen national. Le sociétal n’est pas seulement l’idéologie qui dresse la société contre le peuple, il est aussi l’idéologie qui détruit le peuple au nom de la société.

     Robert Redeker (Blog de Robert Redeker, 3 juin 2013)

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  • D'une crise à l'autre : vers un nouveau monde ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence donnée par Hervé Juvin le 18 avril 2013, à l'Ecole militaire, devant le Cercle de stratégie, et mise en ligne sur le site de Theatrum Belli. Hervé Juvin évoque le « renversement du monde » qui vient...

     


    Conférence d'Hervé Juvin : D'une crise à l... par webtele-libre

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  • Libérer le peuple des illusions du progrès...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une conférence donnée par Pierre Le Vigan à Nice, le 23 mai, pour l'association Le Castellaras, et consacrée aux idées développées par Jean-Claude Michéa, notamment dans son dernier livre Les mystères de la gauche (Climats, 2013).

    Pierre Le Vigan collabore aux revues Eléments, Krisis et Le spectacle du monde. Il a publié plusieurs essais, dont le dernier en date est intitulé Ecrire contre la modernité (La Barque d'or, 2012).

    La conférence a été mise en ligne par le site Les non-alignés.

     

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  • Récupération ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant d'Antoine Bueno, cueilli sur Atlantico et consacré à la mort d'un jeune militant d'extrême gauche au cours d'une rixe... Antoine Bueno enseigne la littérature à Sciences Po.

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    Récupération : Clément Méric une victime, oui... Un martyr, non

    A peine le jeune homme était-il tombé que la machine à récupération démarrait en trombe. Avant même qu’il se fut éteint, elle s’était emballée.

    En moins de 24 heures, Clément Méric est devenu un symbole, si ce n’est un martyr.

    Clément Méric est bien sûr une victime, mais certainement pas un martyr.

    Oui, Clément Méric est une victime. Victime d’un acte de violence que rien ne saurait excuser et dont le ou les auteurs devront répondre devant la justice. C’est bien à cela que servent le code pénal et les assises.

    Clément Méric est mort comme hélas de trop nombreux autres jeunes meurent en France, sans qu’on n’en entende jamais parler, victimes d’actes de violence.

    Alors pourquoi spécifiquement parler de Clément Méric, plus que d’un autre ?

    Menons l’enquête.

    Peut-être, si l’on en croit Anne Hidalgo, parce qu’« il est mort pour ses idées ».

    Ah, bon, d’accord.

    Et de quelles idées s’agissait-il ?

    Clément Méric pensait qu’il était mal d’être fasciste, xénophobe et raciste.

    C’est-à-dire à peu près ce que tout le monde pense depuis 1945.

    Clément Méric est donc mort de penser comme tout le monde. Ce qui rend son décès d’autant plus désolant, mais ne justifie pas à soi seul qu’on en fasse une cause nationale.

    Si ce n’est donc du côté de la victime qu’il faut chercher, voyons du côté de l’agresseur…

    Bingo ! Mais c’est bien sûr ! Clément Méric a été tué par un skin ! C’est ça qui est intolérable !

    Quant un voyou plante un gamin pour 10 euros ou un téléphone portable, c’est un drame, mais ça n’est pas intolérable. Ça n’est pas une cause nationale. On peut ne pas en parler, n’en faire ni banderole ni marche commémorative.

    Mais quand un skin tue pour des raisons idéologiques, ça c’est intolérable ! Ça c’est une cause nationale !

    Parce que c’est le Mal.

    Et… J’ai une question… Mais je sais pas si je peux… Allez, je me lance : et si ça avait été le contraire ? Si un skin avait péri de la main d’un militant d’extrême gauche ? Est-ce que ça aurait suscité autant d’indignation ?

    Mais oh ! Quel mauvais esprit ! Et quel âne ! Pas d’amalgame !

    N’empêche, dans l’hypothèse d’une improbable symétrie, c’est avec malice qu’on peut se demander si Marine se serait autant répandue que Mélanchon l’a fait pour demander la dissolution des activismes du camp adverse…

    Trêve de politique fiction, retour au réel, le Mal, c’est la figure patibulaire du Skin. Pas celle, romantique, du militant d’extrême gauche.

    Pourquoi ? Parce qu’il nous rappelle de mauvais souvenirs, le skin. Plus précisément « les heures les plus sombres de notre histoire », selon la formule consacrée.

    Ah, bon, d’accord.

    Mais quel danger représentent aujourd’hui les quelques illuminés qui continuent à se raser le crâne et se faire tatouer des croix gammées sur la gencive ou celtiques derrière les oreilles ?

    Euh… Peu importe.

    Parce que, ce qui importe, c’est qu’à l’occasion d’un fait divers on puisse raviver le brasier bien froid du XXème siècle, réagiter le spectre décomposé des vieux affrontements idéologiques, rebrandir l’épouvantail usé du fascisme.

    On en profite pour simplifier le monde, lui retrouver des pôles, un Bien et un Mal, en l’enduisant au passage de « peste brune », de « plus jamais ça », de « no passaran ». Bref d’anachronisme.

    Ou de nostalgie. A la nostalgie du paumé d’extrême droite répond celle de l’anti-fascisme. C’est confortable. C’est connu. Tout le monde s’y retrouve. Nostalgie d’un monde manichéen, donc intelligible.

    Bien utile, bien opportun, bien pratique pour, le temps d’une émotion suscitée et entretenue, détourner les regards des véritables fléaux qui gangrènent aujourd’hui la société, et qui ne sont à l’évidence pas les trois malheureux skinheads survivant encore.

    Mais quand on fait la chasse au skin, on oublie la crise. Discours écran. Superstructure. Infrastructure. Peut-être Clément Méric lui-même n’aurait-il pas écrit autre chose.

    Clément Méric doublement violenté. Violenté physiquement. Violenté moralement pour être instrumentalisé par une bienpensance opportuniste.

    Antoine Bueno (Atlantico, 7 juin 2013)

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