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Nouveautés

  • Feu et destin : Manifeste du Prométhéisme...

    Nous reproduisons ci-dessous le "Manifeste du Prométhéisme" de Prometheica, revue italienne d'études sur le surhumanisme, la technique et l'identité européenne, qui compte parmi ses animateurs, notamment, Adriano Scianca et Carlomanno Adinolfi.

     

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    Feu et Destin :
    Manifeste du Prométhéisme

    1 L’ASSAUT AU CIEL

    Le feu de la technique est aujourd’hui dérobé par un système de pouvoir qui se dit progressiste mais qui est en réalité bigot, superstitieux et stagnant. Par technique, nous entendons non seulement l’ensemble des pratiques et des savoirs liés à la science, mais aussi tout l’assortiment des actes politiques, esthétiques, religieux, sociaux avec lesquels l’homme a historiquement compris et transformé le monde, l’œuvre générale de mobilisation totale de la réalité aujourd’hui méconnue, omise et condamnée. Dans cet Olympe décadent, les dieux exténués de la civilisation humaniste, égalitariste, libérale conservent une flamme sans en avoir conscience, une flamme dont ils ne soutiennent même plus la vue. L’assaut contre ce ciel de plomb pour la libération du feu est ce que nous appelons la Révolution Prométhéenne.

    2 EUROPE AVANT-GARDE

    La technique a une portée à la fois universelle et particulière. Cette étincelle d’innovation et de création accompagne l’homme depuis toujours et en tout lieu, elle est même ce que l’être humain a de spécifique par rapport aux animaux. Cette portée a cependant été déclinée de manières très différentes dans les diverses cultures : certaines, bien que ne pouvant empêcher l’usage de la technique, l’ont entourée d’interdits, de tabous, de condamnations morales et de narrations inhibitrices. D’autres, au contraire, en ont fièrement relevé le défi. Le nom de la terre où le feu de la technique a brûlé avec le plus d’éclat est : Europe. Le prométhéisme reconnaît et revendique ce trait culturel, sans pour autant fonder sur lui aucune prétendue hiérarchie morale universellement valable.

    3 ACCÉLÉRER POUR NE PAS POURRIR

    Résolument révolutionnaire, le prométhéisme rejette toute tentation réactionnaire ou conservatrice, toute critique de l’esprit du temps qui parte de l’esprit du temps tout juste passé, tout refuge dans des valeurs et des institutions données. Le réactionnaire n’est que l’agent régulateur du subversif, celui qui défend les subversions d’hier. Ce n’est pas en retardant les processus en cours que l’on échappe à leurs aspects perturbateurs, mais en les accélérant à une vitesse telle, qu’elle en fasse ressortir l’impensé. Ne pas se retirer du processus, donc, mais aller plus loin, accélérer le processus.

    4 POUR LA SURHUMANITÉ

    Pour le prométhéisme, l’homme, comme abstraction autant éthique que biologique, est quelque chose qui doit être dépassé. Ontologiquement propulsé vers l’avant tel un projectile, l’homme est réellement fidèle à lui-même quand il dépasse ses propres limites. Il ne se retrouve pas dans une essence façonnée à l’image et à la ressemblance d’un être transcendant ou d’une charte des droits, mais dans un nombre incalculable de transformations, imitations, hybridations, relations, connexions ; il se prolonge dans la machine, s’identifie à l’animal, il se répand dans l’ordinateur, se projette dans les dieux. L’homme est sa propre expérimentation. Si cette tension vers “l’ultérieurité” accompagne l’homme dès l’hominisation, aujourd’hui elle devient consciente. Le défi pour la post-humanité devient un défi incontournable, qui peut, bien entendu, conduire à l’inhumain comme au surhumain. Le conflit fondamental – qui caractérisera l’avenir et dans lequel le prométhéisme prend part avec un lucide fanatisme – est la bataille entre les éleveurs d’un homme rétréci et les éleveurs d’un homme renforcé.

    5 POUR UNE POLITIQUE PROMÉTHÉISTE

    Le prométhéisme refuse de se cristalliser en une formule sociale spécifique déduite de la politique politicienne et admet en son intérieur des sensibilités et des provenances différentes. Il ne peut cependant s’accorder avec des positions humanistes, kantiennes, réformistes, hédonistes, réactionnaires, conservatrices, technophobes, cléricales, libérales ou politiquement correctes. Par conséquent, le cercle se resserre.

    6 SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE TOTALE

    Le thème de la souveraineté technologique s’impose avec une telle évidence que même les agendas politiques des sociétés occidentales en font de plus en plus souvent mention. Ces préoccupations sont cependant réduites à néant par les utopies mondialistes, les tabous technophobes et la perte constante de souveraineté générale que l’on constate à tous les niveaux dans nombre de ces sociétés. Le prométhéisme exige une souveraineté technologique totale, pour laquelle sera sûrement nécessaire un « saut quantique » dans la manière globale de se référer à la politique et à la technologie. La souveraineté technologique totale implique – puis elle alimentera – la souveraineté politique et la disponibilité de moyens technologiques à la hauteur, c’est-à-dire la liberté et la possibilité concrète d’adopter certaines stratégies. Ce « saut quantique » n’est donc concevable qu’à l’échelle de la grande politique, qui est forcément celle du grand espace de civilisation européen.

    7 L’AUTODÉTERMINATION BIOCOMUNAUTAIRE

    Le développement des biotechnologies et des anthropotechniques met aujourd’hui l’homme face à des décisions pour lesquelles il en ira de la quantité et de la qualité de sa descendance. Le perfectionnement des techniques de diagnostic et de soins prénataux, de procréation artificielle, d’édition génomique, de clonage change radicalement la perspective dans laquelle nous concevons aujourd’hui les questions démographiques ainsi que ce nœud de problèmes mêlés de tabous brûlants qui porte le nom d’eugénisme. Mais, que nous décidons d’utiliser pleinement toutes les techniques à notre disposition, ou que nous décidons d’y fixer des limites, nous sommes, de toute façon, pleinement responsables de la direction que nous avons choisi d’entreprendre. L’interdit bioéthique est lui aussi un choix interventionniste, culturel, auto évolutif. Le prométhéisme vise à relever de manière créative ce défi en vue d’une autodétermination biocommunautaire.

    8 UNE ÉCOLOGIE FUTURISTE

    Contrairement aux apparences, le prométhéisme est aujourd’hui la seule vision du monde qui puisse aboutir à une pratique écologique couronnée de succès. L’environnementalisme petit-bourgeois des « petits gestes quotidiens », celui nihiliste et extincteur, la temporisation suicidaire de la décroissance, le green washing hypocrite des multinationales – tout cela relève d’une idéologie anti-humaine, anti-politique et anti-européenne qui n’a, par ailleurs, le moindre espoir d’influencer les dynamiques écologiques. La seule écologie authentique est celle qui intervient sur la nature, avec plus et non avec moins de technique, et qui décide comment modeler l’environnement selon des paramètres culturels donnés. Bases pour une écologie prométhéenne : géo-ingénierie, nanotechnologie, intelligence artificielle, nucléaire, génie génétique, recherche de nouvelles ressources, de nouvelles techniques de stockage et de recyclage.

    9 DU CÔTÉ DES ROBOTS

    Depuis plus d’un siècle, la figure du robot perturbe le sommeil de la modernité, qui y entrevoit le profil d’un nouveau golem. En présence du robot, l’homme moderne fait l’expérience de la honte que l’on ressent face à la grandeur humiliante de son propre produit, qui « a vu des choses que nous, humains, ne pouvons même pas imaginer ». Mais les plaintes moralisatrices sur l’homme dépossédé de son âme par les robots négligent une donnée fondamentale : l’outil en obsidienne des premiers hominidés et la puce en silicium ont été forgés par le même feu prométhéen. C’est en « s’aliénant » dans l’artificiel que l’homme est devenu lui-même depuis la nuit des temps. Dans le robot – même dans la version la plus réaliste des super-ordinateurs et de l’IA – le prométhéisme voit le miroir de l’homme, sa volonté de dépassement, un allié au-delà du bien et du mal.

    10 ÉPIQUE DE L’ESPACE

    Dans un monde toujours plus petit, l’espace devient la dernière frontière de conquête. En plus d’être un formidable vecteur de recherche et de développement pour des technologies utiles ici sur Terre, l’exploration spatiale garantit l’accès à des matières premières rares et la consolidation de la souveraineté satellitaire. Mais c’est surtout, dans son aspect radical de découverte, de colonisation et de terraformation d’autres planètes, une source inépuisable de merveilleux. Peut-être que le prochain ver sacrum se produira en direction d’un destin stellaire. Quant aux éventuelles rencontres avec des civilisations extraterrestres, le prométhéisme n’a pas de préjugés positifs ou négatifs, tout en faisant l’éloge de la pluralité du vivant, de l’altérité radicale, de formes multiples de l’être et du devenir, de ce qui nous pousse au-delà, plus loin, plus haut, au-delà des universalismes et des anthropocentrismes judéo-chrétiens plus ou moins sécularisés.

    11 PHILOSOPHIE DE LA VOLONTÉ

    Le prométhéisme n’est pas un messianisme. Il n’annonce pas plus un nouvel âge d’or où des machines à l’intelligence semi-divine conduiront les hommes hors de l’histoire, que l’avènement d’un monde parfait où des citoyens sans défauts ne connaîtront ni maladie ni mort. Le prométhéisme est, au contraire, une philosophie inspirée du sens tragique de la vie et du volontarisme. Non prédiction fataliste de ce qui, certainement, sera, mais exhortation de ce que nous voulons être. La simple reconnaissance d’un destin déjà écrit est déjà un acte anti-prométhéiste. Prométhée est la divinité de la décision et de la volonté. À la lumière de son feu resplendit un monde façonné par notre plus authentique liberté.

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  • Obertone, Marsault et la Furia !...

    Avant la publication du premier numéro de la revue La Furia fin janvier, Laurent Obertone et son compère, le dessinateur Marsault, présentent leur projet...

     

                                                   

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  • Le cauchemar des bien-pensants...

    "Un rêve pour certains hommes. Un cauchemar pour d'autres !"

     

    Le vent mauvais nous l'avait annoncé... Il est de retour ! Le Docteur Merlin nous revient avec un nouveau disque intitulé Insoumis ! avec, on l'espère, son lot de textes grinçants, politiquement incorrects, poétiques ou portés par le souffle du mythe... En attendant, c'est une bonne occasion pour réécouter par exemple Verden, Excalibur, Le ruban gris, Dis-moi, Maléfices, Terre d'Empire, Le guerrier et le roi, La soirée va finir, Mariage, sans oublier Le cul de ma blonde, bien sûr !...

     

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    " Bien plus jeune que son enveloppe charnelle, le Docteur Merlin est « né » en 1981, durant les écoles de cadre de ce qu’on a appelé la « nouvelle droite ».

    Après des journées fatigantes et studieuses, nous nous retrouvions le soir pour des veillées, et nous fûmes très inventifs pour nous forger une histoire commune.

    Profitant d’un savoir faire acquis dans les camps scouts, nous étions quelques « folkeux » amateurs, et bien vite quelques chansons quelque peu iconoclastes virent le jour, librement inspirées de « la vie de Bryan » des Monthy python »

    Avec le film de J. Boorman "Excalibur" (qui m’inspira ce pseudonyme), la dimension mythique nous imposait des textes plus sérieux, plus historiques, plus inspirés, plus positifs !!

    Guillaume Faye, Olivier Carré, Pierre Vial, Maurice Rollet, et d’autres, m’inspirèrent tour à tour et je donnais à mes amis trois « K7 » ( païen, le vent mauvais, persiste et signe, qui furent remasterisées en 2002, sous le titre de "péchés de jeunesse").

    Ayant rencontré le directeur de la SERP (la boîte de disques de J.M.Le Pen) qui cherchait un chanteur politiquement incorrect, nous sortîmes ensemble un 45T ("Ahmed") puis des albums ("Europe", "Enchanté", "Soleil de pierre") et enfin un "Docteur merlin chante Brasillach".

    Après la grande scission du FN en 98, et la mort de la SERP, le combat culturel fût un peu oublié, et je ne chantais plus que pour mes amis et dans quelques fêtes identitaires de France, d’Europe ou même du Quebec. Pourtant, à un rythme lent, j’écrivais, ou découvrais, encore quelques textes et les mettais en musique.

    Mes « fans » de toujours réclamaient un enregistrement
    Quand le nombre de chansons fût suffisant, après une quinzaine d’années, je décidai de leur faire plaisir.

    Nous avons pris notre temps pour peaufiner ce dernier Opus :

    Docteur Merlin: Insoumis ! "

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  • Oméga...

    Les éditions Delcourt viennent de publier Oméga, une nouvelle et distrayante bande-dessinée uchronique de la collection Jour J concoctée par les scénaristes Fred BlanchardFred Duval et Jean-Pierre Pécau et par le dessinateur Maza. Ici, le postulat de départ, original, est que les ligues d'extrême droite ont réussi à faire tomber le régime parlementaire en février 34 et à instaurer un état autoritaire. Autoritaire et fort, puisqu'en réagissant par les armes à la tentative de remilitarisation de la Rhénanie par l'Allemagne, il provoque la chute du régime nazi et l'exil d'Hitler en Amérique du Sud !... On n'évite pas les écueils du politiquement correct, mais on trouve glissées dans l'histoire quelques amusantes pépites. On verra ainsi le rôle que les scénaristes, dans leur intrigue, ont réservé à Simone de Beauvoir...

     

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    " Depuis huit ans, à la suite du coup d'État des ligues d'extrême droite le 6 février 1934, la France a cessé d'être une république et n'a plus qu'un adversaire, la seule démocratie encore existante en Europe : la Grande-Bretagne. L'Europe est au bord du gouffre. La disparition du capitaine Antoine de Saint-Exupéry au-dessus de la Manche risque d'être l'étincelle qui mettra le feu aux poudres. "

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  • Sur les pas de Céline...

    Les éditions Montparnasse viennent de publier en DVD Paris Céline, un documentaire de Patrick Buisson (l'homme qui a fait couler beaucoup d'encre pendant la campagne électorale qui vient de s'achever...), avec Lorànt Deutsch qui sert de guide dans Paris sur les traces de Céline...

    Quand il ne pratique pas la stratégie politique, Patrick Buisson est journaliste et historien. Il est, en particulier, l'auteur de 1940 -1945 Années érotiques (Albin Michel, 2008 et 2009), un essai historique qui a fait date. Acteur, Laurent Deutsch est aussi un amoureux de Paris et a écrit plusieurs ouvrages sur ce sujet.

     

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    "50 ans après sa mort, Paris Céline propose pour la première fois d’explorer le Paris de Louis-Ferdinand Céline. Un voyage, en compagnie de Lorànt Deutsch, au cœur des lieux céliniens les plus emblématiques, du passage Choiseul à Clichy, de Montmartre à Meudon. Pour faire revivre ce Paris aujourd’hui presque entièrement disparu, le comédien passionné par la capitale se fait tour à tour lecteur des grands textes de Céline se rapportant à chaque lieu, et guide dévoilant à l’aide de nombreuses anecdotes ce qu’y fut la vie de l’écrivain et de ceux qui le côtoyèrent.

    Grâce à une riche iconographie mêlant des reproductions de dessins de Tardi et de grands peintres montmartrois, des gouaches de Gen Paul, des photos et extraits de films d’époque ainsi que des archives audiovisuelles souvent insolites parfois inédites, Lorànt Deutsch nous embarque au coeur du Paris du plus grand et du plus infréquentable des écrivains français du xxe siècle."


    Paris Céline (souviens-toi de te méfier) par editionsmontparnasse

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  • Le Christ interdit...

    Les éditions Tamasa viennent de faire paraître en DVD Le Christ interdit, seul film réalisé par l'écrivain et journaliste italien Curzio Malaparte, l'auteur de Kaputt et de La peau. Nous reproduisons ci-dessous un excellente présentation du film par Alexandre Mathis, cueilli sur le site Les influences...

     

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    Malaparte cinéaste

    Saluons la sortie en dvd de l’unique film réalisé par Curzio Malaparte, Le Christ interdit. Réédité en salle à Paris, le 7 mars dernier, le film a disparu du cinéma Arlequin peu de temps après. Esprit libre, associé aujourd’hui encore à un passé fasciste (1920 à 1941) par ceux surtout qui ne l’ont pas lu (certains, faute de dire autre chose, aiment à le rappeler), la mauvaise réputation qu’avait le film de Malaparte dès sa présentation au festival de Cannes et sa sortie à l’Impérial boulevard des Italiens, le 6 juin 1951, n’est pas effacée. Le film a eu plus de succès au festival de Berlin, la même année, avec un prix spécial.


    Georges Sadoul, qui ne fait pas dans la dentelle, donne le ton il y a plus d’un demi-siècle, traitant dans Les Lettres françaises le film de néo-fasciste, heure où l’adhésion au parti communiste est refusée à Malaparte. André Bazin, tout en commençant par une mise en garde se distançant de l’homme Malaparte lui inspirant peu de sympathie tient-il à préciser en employant la pincette du « nous », tient le film pour un chef-d’œuvre, dans le n°4 des Cahiers du Cinéma, où il lui consacre six pages.


    Pour l’homme, Malaparte, rappelons cette page irrésistible de Kaputt (1944), roman crépusculaire, flamboyant, halluciné, inadaptable à l’écran où l’auteur dédicace à Oswald Mosley Technique du coup d’état, en lui écrivant sur la page de garde ces deux phrases prises dans son livre : « Hitler, comme tous les dictateurs, n’est qu’une femme  » suivi de « la dictature est la forme la plus complète de la jalousie ». 
    Malaparte, pour le grand public, c’est la villa, à Capri, construction de la plus singulière modernité, perchée sur la pointe d’un rocher face à la mer, dont on voit une partie dans Le Mépris de Jean-Luc Godard, centre autour duquel gravite le film. L’intransigeant Roger Vailland a séjourné dans cette villa en 1950.


    Le nom Malaparte, officialisé en 1929, antinomie phonétique répondant à Bonaparte, année où l’écrivain prend ses distances avec Mussolini, est une autre image de l’homme. Malaparte rompt avec le fascisme en 1941. Malaparte, c’est un art du récit inoubliable. Des visions comme on en a pas lu ailleurs, celles, entre autres, sur ce front russe, pris dans un froid polaire, où naîtront des images prises au reportage vécu, dignes de Goya.

    Parabole autour du pardon


    Ce qui donne un ton irréel au village du Christ interdit est l’absence de désir de la population de vouloir tenir un coupable, la loi du silence qui y règne. 
    Comme Curzio Malaparte (qui, lui, cachait le manuscrit de Kaputt à travers l’Europe, lorsqu’il était correspond de guerre envoyé par La Stampa, avant d’être arrêté par les Allemands), Bruno était sur le front de l’Est. 
    Histoire éternelle du soldat rentrant, comme Ulysse, dans sa Toscane natale, découvrant la trahison, après une longue absence. Le frère de Bruno a été exécuté comme résistant par les Allemands, suite à une dénonciation. Maria, ancienne amie de Bruno, sublimissime Anna Maria Ferrero, son troisième film, elle a 16 ans, silhouette, erre et légèreté d’écureuil, a partagé la dernière nuit le lit du frère de Bruno, qu’elle croyait mort, et personne, dans le village, pas même la mère de Bruno ne veut lui dévoiler le nom de celui qui a dénoncé son frère. Un tonnelier, joué par Alain Cuny, lui fait croire que c’est lui. À partir d’un prétexte qui pourrait donner naissance à un film de vengeance de plus, Malaparte réalise une parabole sur le pardon.


    Le film se situe dans la lignée classique du cinéma italien. Post néo-réalisme – digérant le film néo-réaliste à sa fin, plus proche par ses images d’Eisenstein, la fête du 15 août dans le village, la procession, suivies de l’épisode païen « bénissez les jambes de ces jeunes filles  » qui piétinent le raisin dans la cuve de Bacchus, de Lattuada, voire de John Ford dans le traitement des scènes d’intimité, filmées latéralement, le film touche au baroque, auquel se mêle la vision du quotidien. 
    Le cinéaste d’un film a l’air d’avoir fait du cinéma toute sa vie (Bazin mettait l’accent sur la maîtrise du récit et de la mise en images). Le Christ Interdit alterne images presque documentaires et dramaturgie. Fluidité. Concision. Tout est noblesse, dans le film, la gestuelle. Le Christ interditest un film tout en retenue, et l’émotion vient de là.


    «  Tourné à Sienne, et dans sa région où les habitants pratiquent le jeu traditionnel de la Croix  », il s’ouvre sous l’égide de Minerva Films. Décor de rocaille, aride, servi par un noir et blanc superbe, on ne voyait plus ce film âpre, oublié, qu’à la cinémathèque, rue d’Ulm, dans les années soixante, et quelques fois, sur l’unique chaîne de la télévision. Il a été naguère édité en vhs par René Château en version française. Il était devenu invisible. Raf Vallone y trouve son plus beau rôle, mais peut-être aussi Alain Cuny. La distribution comprend Rina Morelli (la mère de Bruno), Elena Varzi, Philippe Lemaire, Gino Cervi. Musique de Curzio Malaparte. 
    Images de Gabor Pogany, qui signera celles du Passé d’une mère, pour son premier film avec Riccardo Freda, la même année.

    Alexandre Mathis (Les influences, 24 avril 2012)

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