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Métapo infos - Page 425

  • Mythes et réalités du Great Reset...

    Les éditions Culture & Racines viennent de publier un essai d'Eric Verhaeghe intitulé Le Great Reset - Mythes et réalités. Ancien haut-fonctionnaire, Eric Verhaeghe a quitté l'administration depuis près de quinze ans et fondé plusieurs entreprises. Il anime le site d'information Le Courrier des stratèges.

     

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    " Le Great Reset est l’idée à la mode des élites mondialisées qui gravitent autour du Forum de Davos. Mais que signifie-t-il au juste ? S'agit-il, comme on le lit parfois, du dernier projet néo-libéral destiné à balayer nos services publics ? Ou bien est-il le complot pour une domination du monde dont parlent certains ? Ce projet mérite d’être analysé et compris, car il risque d’avoir un vrai impact sur notre vie quotidienne dans les années à venir. 

    Le Great Reset, c’est l’appel officiel à utiliser la pandémie et les confinements pour changer les comportements sociaux et sociétaux, une occasion historique d’accélérer la quatrième révolution industrielle, celle de la digitalisation. C’est aussi un éloge de l’intervention de l’État pour imposer la transition écologique et l’économie circulaire. C’est encore une justification à la surveillance de tous les individus grâce à Internet et à la reconnaissance faciale.

    Loin des fantasmes, cet opuscule propose une lecture littérale du livre de Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, co-écrit avec Thierry Malleret (ancien conseiller de Michel Rocard), « COVID-19 : La grande réinitialisation » publié en juillet 2020 et en donne une interprétation conforme à sa lettre : ni complot, ni parole en l'air, le Great Reset formalise une aspiration profonde, à la fois étatiste et écologiste, qui structure la pensée dominante d’aujourd'hui. "
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  • L’Iran, nouveau pion de la realpolitik chinoise...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Renaud Girard, cueilli sur Geopragma et consacré au rapprochement stratégique entre la Chine et l'Iran.

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    L’Iran, nouveau pion de la realpolitik chinoise

    Dans le jeu d’échecs planétaire qui oppose les Etats-Unis à la Chine, cette dernière vient de s’emparer d’une case importante. Le 27 mars 2021, le ministre des affaires étrangères de l’Iran s’est rendu à Pékin pour y signer un pacte de coopération stratégique avec la Chine sur 25 ans. Les Chinois réaliseront en Iran des investissements d’un montant équivalent à 400 milliards de dollars, dans les domaines des infrastructures routières, de l’énergie, des télécommunications et de la cyber-sécurité. En échange, les Iraniens offriront à la Chine un accès prioritaire à leurs ressources gazières et pétrolières, et ce à des prix 12% inférieurs à ceux du marché. La Chine a toujours cherché à sécuriser ses approvisionnements énergétiques, indispensables pour faire fonctionner « l’atelier du monde ». Un volet de coopération dans le renseignement militaire est joint à ce pacte.

    Dans certaines technologies, la Chine n’a plus rien à envier aux Etats-Unis. Dans les télécommunications, la firme chinoise Huawei a pris une avance considérable, notamment dans la 5-G. En matière de cyberguerre, la Chine court également en tête de peloton. Elle est, par exemple, parvenue à voler à Boeing les plans secrets de son avion de transport militaire C-17 Globemaster, ce qui lui a permis de construire en un temps record son appareil Xian Y-20. Qui sait cambrioler sait aussi se protéger des voleurs. Les ingénieurs cyber chinois fourniront à l’industrie nucléaire iranienne les moyens de se protéger contre les intrusions étrangères, comme celles opérées ces dix dernières années par les Etats-Unis et Israël. L’Iran vient de subir une humiliation. Le samedi 10 avril 2021, son président montrait fièrement à la télévision le lancement de nouvelles cascades de centrifugeuses, plus performantes dans l’enrichissement d’uranium. Le lendemain, par une attaque sophistiquée, Israël parvenait à paralyser le complexe de Natanz, première installation nucléaire iranienne.

    Depuis 2020, la Chine a supplanté l’Union européenne comme premier partenaire commercial de l’Iran. En effet, après le retrait il y a trois ans de l’Amérique de l’accord nucléaire avec l’Iran du 14 juillet 2015 (dit JCPOA), les firmes européennes ont toutes suspendu leur commerce avec Téhéran, par peur de représailles du Trésor américain, ou simplement par manque de banques volontaires pour effectuer les transactions.

    Par ce pacte, la Chine applique l’un des plus vieux principes de la géopolitique : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Elle est la cible de sanctions américaines de plus en plus nombreuses, prises pour punir son indifférence aux droits de l’homme (à Hong-Kong ou au Xinjiang) ou son mépris de la propriété intellectuelle occidentale. Elle s’allie donc avec la Perse, pays économiquement et politiquement boycotté par les Américains depuis plus de quarante ans.

    Le régime théocratique chiite iranien partage l’indifférence aux droits de l’homme des hiérarques communistes chinois. Il ferme les yeux sur les politiques de rééducation forcée des musulmans ouigours de la province chinoise du Xinjiang. Après tout, ce ne sont que des sunnites, turcophones et non persanophones.

    Feu l’ayatollah Khomeiny rêvait d’emmener derrière lui les chiites et les sunnites, ensemble, vers une grande révolution islamique mondiale. La sanglante guerre civile d’Irak entre les deux communautés, commencée en 2006 et jamais éteinte depuis, a définitivement eu raison de ce rêve. Bien qu’ils maintiennent le slogan éculé de « Mort à Israël ! », de moins en moins fédérateur auprès des nations arabes, les dirigeants iraniens actuels ont compris que les chiites ne pourront jamais plus prétendre à un leadership sur l’Islam entier. Dans leur grande masse, les sunnites (un milliard et demi de fidèles dans le monde) considèrent le chiisme au mieux comme une regrettable déviation, au pire comme une hérésie punissable de décapitation immédiate.

    Réalistes, les stratèges iraniens ont concentré leurs efforts au Moyen-Orient sur les minorités chiites (ou apparentées au chiisme comme les alaouites syriens). Ils ont réussi à créer un axe Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth les menant jusqu’à la Méditerranée. Cet axe est désormais offert à la Chine pour enrichir sa BRI (Belt and Road Initiative), ou Routes de la Soie. Si un jour apparaît un gazoduc reliant les rivages du Golfe Persique à ceux de la Méditerranée, on peut parier qu’il sera construit, puis entretenu, par les ingénieurs chinois.

    Comme on l’a vu dans son allocution enregistrée pour le Sommet de l’Union africaine le 5 février 2021, la stratégie diplomatique de Joe Biden est empreinte d’un néo-moralisme, qui va par exemple jusqu’à une défense intercontinentale des « droits des LGBTQ ». C’est gentil, mais sans doute pas suffisant pour stopper les grandes avancées stratégiques de la Chine, au Moyen-Orient comme en Afrique…

    Renaud Girard (Geopragma, 14 avril 2021)

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  • L'identité, socle de la cité...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie, en collaboration avec l'Institut Illiade, viennent de publier un essai d'Henri Levavasseur intitulé L'identité, socle de la cité - Réconcilier ethnos et polis

    Docteur en histoire, médiéviste et germaniste, Henri Levavasseur a notamment collaboré à La Nouvelle Revue d’histoire, ainsi qu’à deux ouvrages édités par l’Institut Iliade : Ce que nous sommes — Aux sources de l’identité européenne (Pierre-Guillaume de Roux, 2018), et Nature, excellence, beauté — Pour un réveil européen (La Nouvelle Librairie, 2020). Il a également contribué à La Bibliothèque du jeune Européen, recueil dirigé par Alain de Benoist et Guillaume Travers (Le Rocher, 2020).

    docteur en histoire, médiéviste et germaniste

     

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    " Confrontés en l’espace de quelques décennies à l’arrivée massive de populations exogènes, la plupart des peuples d’Europe sont aujourd’hui sommés par leurs propos dirigeants de renoncer à leur identité ethnique et culturelle au profit d’un nouveau modèle de société cosmopolite, fondé sur l’adhésion à des « valeurs » abstraites et universelles. La perte de tout équilibre entre communauté ethnique et communauté civique menace la pérennité même de nos nations. Henri Levavasseur invite dans cet ouvrage les peuples d’Europe à reprendre collectivement conscience de « ce que nous sommes », afin de refonder la cité sur le socle de l’identité. "

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  • Quand le pétrole disparaîtra...

    Le 19 avril 2021, Pierre Bergerot recevait sur TV libertés Rémi Mosca pour évoquer les conséquence pratiques d'une fin prochaine du pétrole. Consultant, passionné par les questions d'écologie et de mutation des sociétés, Rémi Mosca a publié Sang noir - Le dernier siècle du pétrole (Sang de la terre, 2021).

     

                                              

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  • Le lobby saoudien en France...

    Les éditions Denoël viennent de publier une enquête dirigée par Pierre Conesa et intitulée Le lobby saoudien en France - Comment vendre un pays invendable. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont, notamment, Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016) et Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert Laffont, 2018).

     

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    " L'Arabie saoudite rivalise avec la Corée du Nord en matière d'atteintes aux droits de l'homme ; d'absence totale de droits de la femme ; d'usage de la torture ; d'intolérance religieuse absolue ; d'interventions militaires extérieures (Bahreïn, Yémen) ; d'absence de liberté de conscience, de la presse et de liberté d'opinion, etc. Une spécificité supplémentaire propre à l'Arabie : la peine de mort pour "blasphème" et l'athéisme assimilé à du terrorisme. Longtemps le régime s'est recroquevillé dans sa superbe indifférence avant que la guerre au Yémen ou l'assassinat de Khashoggi ne l'obligent à soigner son image. La solution a donc consisté à contracter avec toutes les sociétés internationales de relations publiques et les cabinets de lobbying, en particulier aux Etats-Unis et en France. "

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  • Assimilation : histoire d’un échec...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Michel Geoffroy au site de la revue Éléments et consacré à l'échec de l'assimilation. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020) et tout récemment Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Assimilation : histoire d’un échec

    ÉLÉMENTS : En quoi consiste l’assimilation ? Est-ce elle qui pose problème ou les ordres de grandeur qui ont changé ?

    MICHEL GEOFFROY. S’assimiler consiste à devenir semblable à quelque chose d’autre que soi. Pour un immigrant, s’assimiler consiste donc à devenir semblable au peuple, aux traditions et à la culture qu’il rejoint. Lorsqu’on évoque la naturalisation d’un étranger, appelé par conséquent à changer de nature pour devenir Français, on évoque la même ambition. L’assimilation se conçoit donc comme un processus de nature proactive et individuelle : celui qui rejoint le groupe doit faire l’effort de s’assimiler, de changer de nature, pour se rendre compatible avec lui. L’assimilation ne saurait donc se réduire à l’effort que devrait faire la seule société d’accueil, pour intégrer les immigrants.

    L’assimilation renvoie aussi à la conception française de la nation une et indivisible, mise en place à partir de la Révolution française, même si Tocqueville a bien montré que la monarchie avait œuvré en permanence dans le sens de l’unification du royaume. Mais la République ne reconnaît de légitimité, à la différence de l’Ancien Régime, ni aux corps intermédiaires ni à des nations particulières au sein de la Nation. Elle ne veut connaître que des citoyens, individus égaux en droit, selon l’objurgation célèbre du député Stanislas de Clermont Tonnerre en décembre 1789 : « Il répugne qu’il y ait dans l’État une société de non-citoyens et une nation dans la nation ».

    Mais il ne faut pas oublier que contrairement à un discours largement fantasmé, l’assimilation ne va jamais de soi. Il est toujours difficile d’assimiler une autre culture que la sienne parce que l’identité – fait de nature – prime sur la nationalité – qui reste une construction politique. Ce que ne comprennent pas ceux qui fabriquent des Français de papier à la chaîne.

    Le journal La Savoie rapportait récemment qu’un détenu, coupable de violences sur un surveillant de prison avait affirmé au tribunal avoir agi ainsi « pour être renvoyé dans son pays, l’Algérie » : le juge a dû alors lui faire remarquer qu’il était ne nationalité… française, né à Sallanches ! Quel symbole…

    On vante l’assimilation des Italiens, des Polonais ou des Portugais en France. Mais il ne faut pas oublier qu’une partie non négligeable des migrants italiens retournera finalement en Italie. Et que de nombreux Portugais, parfaitement intégrés, retournent cependant en Portugal pour leurs vieux jours, pas uniquement pour des raisons fiscales.

    L’assimilation à la française relève largement du mythe parce que, contrairement au discours officiel asséné depuis des années, la France n’a jamais été un pays d’immigration et certainement pas un pays d’immigration de masse comme aujourd’hui. Nous ne sommes pas en effet, à la différence des États-Unis, de l’Australie, du Canada ou de la Nouvelle-Zélande, grands donneurs de leçons en matière d’immigration et de multiculturalisme par ailleurs, une nation de colons ou de migrants mais d’héritiers. Nos ancêtres habitaient déjà en Europe il y a des milliers d’années : nous sommes chez nous en Europe ! Et à l’échelle de notre histoire et de notre population, nous n’avons en réalité assimilé que relativement peu de personnes.

    Malika Sorel, essayiste française d’origine algérienne, l’affirmait dans un entretien donné au Spectacle du monde (octobre 2010) : « devenir français est un processus qui doit-être personnel, car il faut être prêt à assumer d’inscrire ses propres descendants dans un nouvel arbre généalogique qui n’est pas celui de ses ascendants biologiques et culturels. Il y là une véritable rupture, très difficile à assumer. »Une rupture d’autant plus difficile à assumer que la distance culturelle s’accroît entre les immigrants et la société d’accueil, phénomène qui caractérise justement la seconde moitié du XXe siècle, avec une immigration majoritairement en provenance de pays africains, arabes et musulmans, et non plus européens et chrétiens.

    Comme l’écrit Didier Leschi, directeur général de l’Office français pour l’immigration et l’intégration, « les écarts de mœurs, de langue, de religion avec les sociétés de départ sont devenus vertigineux » pour les sociétés européennes d’accueil (Le Grand Dérangement. L’immigration en  face, Gallimard Tracts 2020).

    La seconde raisonpour laquelle l’assimilation ne peut plus marcher de nos jourstient au volume même de l’immigration et à la rapidité de son expansion. C’est une question de taille, pour reprendre l’expression du mathématicien et philosophe Olivier Rey. L’assimilation est un processus difficile, individuel et de longue durée. Or, l’immigration de nos jours se caractérise au contraire par sa masse et sa concentration dans l’espace et dans le temps.

    Samuel Huntington soulignait, en analysant la politique d’immigration des États-Unis qu’un « taux d’immigration élevé et continu ralentit l’intégration et peut même aller jusqu’à la bloquer » (Qui sommes-nous ?, Odile Jacob). N’est-ce pas justement ce qui se passe en France ? L’effet masse rend caduc en effet tout effort d’assimilation de la part de la société d’accueil.

    D’abord parce qu’il facilite le regroupement communautaire des immigrants. Samuel Huntington, dans son analyse de l’arrêt du melting-pot américain, rappelle qu’au début des États-Unis les gouverneurs veillaient avec sagesse, à répartir les immigrants – au demeurant avant tout d’ascendance européenne – sur tout le territoire, afin d’éviter leur concentration, qui aurait nui à leur assimilation.

    Nous n’avons pas eu cette prudence en France et l’immigration a eu tendance à se regrouper dans certaines zones urbaines par affinité ethnique ou religieuse. Ce sont les fameux « quartiers sensibles », les « banlieues populaires » ou les « zones urbaines sensibles » qu’évoque la novlangue officielle ! L’effet masse vide également de son sens les procédures censées vérifier la bonne assimilation des immigrants. Car ce ne sont plus des individus qui s’installent en France, mais des populations. Il suffit de regarder la longueur des queues devant nos préfectures en fin de mois !

    Léopold Kohr, le père de la célèbre formule « Small is beautiful », affirmait que quand quelque chose ne marche pas, c’est que quelque chose est trop gros. Il se passe exactement cela avec l’immigration de masse : trop grosse désormais pour qu’une assimilation soit possible.

    ÉLÉMENTS : Vous avez eu le nez creux en publiant cette brochure. Entre Clair Koç, d’origine turque, qui vient de publier Claire, le prénom de la honte ; entre le dernier essai de Raphaël Doan, Le rêve de l’assimilation, et celui du très remarquable Vincent Coussedière, Éloge de l’assimilation, vous faites entendre une voix dissonante. Comment expliquer ce « revival » assimilationniste ?

    MICHEL GEOFFROY. Par son échec, paradoxalement ! Invoquer l’assimilation de nos jours, revient à dénoncer implicitement – ou parfois explicitement – les effets désastreux d’une immigration de masse dérégulée, comme celle que nous connaissons aujourd’hui. On peut rêver de l’assimilation ou faire son éloge, mais il n’empêche qu’elle ne fonctionne plus de nos jours. Et si l’assimilation ne fonctionne plus, alors même que l’immigration ne cesse pas, cela signifie que la France change de nature et devient un agrégat de communautés ayant de moins en moins de choses en commun. Ce que relevait l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Colomb, lors de son départ du ministère en octobre 2018 : « Je crains que demain on vive face à face » en France et non plus ensemble. Le mantra officiel du vivre ensemble sert à cacher l’impossibilité d’une assimilation de flux continus d’immigrants. De fait, le vivre ensemble se réduit à une simple promiscuité sans affinité.

    Pire encore, il s’agit d’un mot d’ordre totalitaire, car le vivre ensemble correspond à l’intégration imposée par l’État à ceux qui n’en veulent pas : qu’il s’agisse des autochtones – à qui on ne demande jamais s’ils souhaitent « accueillir » toujours plus d’immigrants – ou des immigrants eux-mêmes, qui n’entendent pas abandonner leur culture ni leurs convictions.

    Désormais impossible, l’assimilation ouvre la voie au multiculturalisme multi-conflictuel, que rien ne semble pouvoir arrêter désormais. Et certainement pas l’oligarchie mondialiste qui a pris le pouvoir en Europe occidentale et qui a provoqué, par idéologie et par intérêt, un inextricable chaos migratoire.

    Il faut bien constater que dans les pays européens confrontés justement à une immigration de même nature, on retrouve en effet les mêmes pathologies liées à l’immigration de masse, qu’en France : faible intégration au travail des populations d’origine immigrée, part importante des personnes d’origine immigrée parmi les bénéficiaires des prestations sociales, développement du fondamentalisme islamique, création d’enclaves territoriales, white flight, sur-représentation de ces populations dans les actes violents et délictueux, etc.

    L’assimilation ne se produit plus maintenant qu’à rebours, la société d’accueil finissant par s’imprégner, progressivement, des mœurs, de la religion ou de la culture des immigrants. La visibilité croissante de l’islam dans l’espace public, la progression de l’abattage hallal, les menus sans porc dans les cantines ou bien le retrait progressif des symboles chrétiens au prétexte de ne pas « heurter » les non-chrétiens me semblent traduire un tel mouvement. Mais curieusement cette « appropriation culturelle » manifeste ne paraît pas choquer les adeptes du décolonalisme

    Le président turc, en s’adressant en 2010 aux Turcs vivant en Europe n’hésite donc plus à affirmer : « Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité, personne ne peut vous dire : renonce à tes valeurs. » Ces propos expriment un discours de conquête et de combat. Ils reviennent à proclamer : je veux vivre chez vous comme chez moi. Cela contredit totalement non seulement notre tradition nationale d’unité, mais l’idée même d’assimilation.

    ÉLÉMENTS : Que faire alors, éternelle question ?

    MICHEL GEOFFROY. Une politique d’assimilation, si elle reste toujours possible dans le registre individuel, n’a plus de sens face à l’immigration de masse que nous connaissons aujourd’hui. Prétendre promouvoir une telle politique, voire – comme certains le proposent tels Manuel Valls ou Valérie Pécresse – de mettre en œuvre une « politique de peuplement », revient à transférer sur le seul pays d’accueil toutes les conséquences et toutes les charges d’une immigration de masse dérégulée. Cela n’a aucun sens, sinon de culpabiliser une fois encore notre civilisation, accusée en permanence de ne jamais assez bien intégrer les immigrants ni d’en accueillir jamais assez. Ce faisant, on passe sous silence que l’assimilation suppose au minimum une volonté de s’assimiler de la part de celui qui rejoint une autre culture et une autre histoire : elle ne saurait donc se réduire à un seul effort de la société d’accueil.

    En outre, on s’obstine aujourd’hui à déconnecter la question de l’assimilation ou celle de l’islamisme de celle de la régulation de l’immigration. Cela revient à vouloir écoper la baignoire sans fermer le robinet d’arrivée d’eau. Cela ne peut pas marcher !

    Il faut donc d’abord suspendre toute nouvelle immigration, qui de toute façon coûte désormais plus à la collectivité qu’elle ne lui rapporte. La situation est suffisamment grave pour justifier une telle mesure d’exception.

    Il faut ensuite organiser la remigration progressive de ceux qui manifestent par leur comportement leur refus évident de s’intégrer : notamment expulser les délinquants étrangers ou binationaux multirécidivistes, les prêcheurs salafistes et d’une façon générale cesser tout laxisme – ou toute lâcheté – en la matière. C’est en soi un vaste programme !

    Il faut aussi partir à la reconquête des zones d’immigration que l’État a en réalité abandonnées, se contentant d’y déverser des milliards pour acheter une paix sociale à court terme. Nombre de ces populations issues de l’immigration se trouvent livrées à elles-mêmes ce qui ne peut que renforcer leur propension au communautarisme.

    Enfin on doit offrir quelque chose de concret à ceux qui souhaitent s’intégrer au destin français. Or, on a consciencieusement déconstruit en France toutes les institutions holistes qui favorisaient l’intégration à la communauté nationale : la famille, l’école publique, le service militaire, l’État, la culture française. Et ces mêmes déconstructeurs prennent aujourd’hui sans honte la posture pourdéplorer l’échec de l’intégration !

    Qu’est-ce que la France offre aujourd’hui aux immigrants comme modèle ? Un individualisme fanatique, une société qui fait de la réussite matérielle le seul but de l’existence, une sous-culture audiovisuelle standardisée, un féminisme hystérique, la négation des différences sexuelles, la destruction des familles, un laxisme comportemental et judiciaire croissant, une lâcheté collective sans bornes ? Et pour couronner le tout, un discours victimaire véhiculé par les autorités et les médias qui culpabilise en permanence la société d’accueil.

    Personne ne peut s’intégrer à un néant.

    Il faut bien comprendre que l’échec de l’assimilation démontre la faillite, non pas de la France, mais de l’universalisme abstrait des Lumières et du sans-frontiérisme. Car il prouve que les hommes ne sont que superficiellement interchangeables, et que chaque civilisation possède une « âme » en propre comme l’avait pressenti, il y a déjà un siècle, Oswald Spengler, dans son célèbre essai Le Déclin de l’Occident.

    En d’autres termes, répondre au défi que l’immigration nous pose, suppose un profond renouveau culturel, moral, politique et social de notre pays et surtout de retrouver une fierté nationale et civilisationnelle qui nous fait gravement défaut.  Une utopie ? Non pas : un projet pour notre temps.

    Michel Geoffroy, propos recueillis par François Bousquet (Éléments, 19 avril 2021)

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