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Métapo infos - Page 1528

  • Sécurité routière : l'arnaque extra-large...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Obertone, cueilli sur Ring, consacré à la lutte contre l'insécurité routière et à son rôle distractif.

     

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    Sécurité routière : l'arnaque extra-large

    Les militants contre "la violence routière" considèrent les véhicules comme des instruments purement utilitaires. Les notions de plaisir, d'esthétisme ou de liberté ne font pas partie de leur programme. Dans leur monde, n'importe quel mollusque en voiturette doit pouvoir aller d'un point A à un point B sans courir le moindre risque de rencontrer un événement, surtout si cet événement klaxonne et roule trop vite. L'avenir du genre humain promet d'être trépidant. 

    La sécurité routière n'est pas que la lubie d'un groupe d'oisifs se cherchant un étendard. Elle est un argument politique de premier plan. C'est à peu près le seul bilan sur lequel personne n'osera attaquer Sarkozy. Parce que depuis l'instauration des règles (les années 70), il n'y a jamais eu si peu de morts sur les routes françaises. Mais ce bilan l'a pourtant précédé. Souvenez-vous, lors de sa réélection soviétique en 2002, Jacques Chirac se lançait dans un programme de gouvernement ambitieux, en trois grands axes :

    -Améliorer la sécurité routière.
    -Lutter contre le cancer.
    -Aider les handicapés.


    Un programme de conseiller général. En réalité, Chirac a été habile comme un journaliste : avec force publicité, il a placé des faits incritiquables, mais somme toute secondaires, au premier plan d'une politique dite d'intérêt national. Et il savait ce qu'il faisait : avec des sommes colossales, ces objectifs étaient à sa portée, et donc son bilan n'en serait que plus facile à défendre. Retenez la leçon : si vous devenez un jour Président, annoncez que votre principal objectif est la lutte contre les déjections canines. Bilan inattaquable garanti cinq ans plus tard.

    Bref historique : en 1971, la France dénombre 17 000 morts sur ses routes. Il faut dire qu'on peut alors rouler à 200km/h avec un bon gramme dans le sang, sans ceinture, sans pour autant être hors-la-loi. Après la mise en place d'une législation d'abord minimale, ce nombre baisse sensiblement et s'établit autour des 10 000. La politique Chirac ramène ce chiffre à 6 000, ce qui parait irréductible. Avec une nouvelle série de mesures (radars fixes, contrôles multipliés), Sarkozy divise ce chiffre par deux. Évidemment, la mort brutale d'un usager est un drame épouvantable pour une famille. Mais on ne meurt pas que sur les routes, loin de là. Évidemment, on peut toujours réduire le nombre de morts. Mais les chiffres sont-ils si catastrophiques ? L'insécurité routière justifie-t-elle son tapage médiatique permanent ?

    Les stages de sensibilisation (le terme rééducation serait plus juste) destinés à récupérer ses points sont intéressants à ce titre : ils donnent des statistiques. Elles sont suffisamment éloquentes pour que l'on remette en question l'existence même de la politique dite de sécurité routière.  Depuis 1971, les accidents corporels et mortels ont chuté de 72%, alors que l'indice de circulation a augmenté dans le même temps d'à peu près autant. En vingt ans de conduite, la probabilité d'avoir un accident est de 1/1, mais la probabilité d'en mourir est de 0,002/1. Soit un risque sur 500. En imaginant qu'il ne s'agisse pas d'un calcul politique, effrayer les gens pour une éventualité si improbable est tout sauf rationnel et responsable.

    Tenez-vous bien, en 100 ans de conduite, on aura en moyenne six accidents, et un risque sur cent d'y passer. Placez cent papiers dans une urne, l'un d'eux est votre certificat de décès en cas d'accident de la route. Pour une vie de centenaire, ça se tente non ? À titre de comparaison, le tabac représenterait dans notre urne dix certificats de décès à son nom. Le risque que vous vous suicidiez est trois fois plus important. Le risque que vous vous fassiez violer est dix fois plus important… Trouvez-vous que la politique du gouvernement contre le viol est suffisante ? Dans notre pays, un accident a lieu tous les 251 666km. Un conducteur est blessé tous les 5 698 113km. Un conducteur se tue tous les 125 833 333km. Il semble que tout ça nous laisse une certaine marge, même si vous décidez d'être dix fois plus dangereux que vos petits camarades de jeu. Les écolos vont devoir s'armer de patience : à ce rythme, il faudra trois millions de jours (8 000 ans) pour se débarrasser de tous les conducteurs. Sans compter la raréfaction des chocs frontaux vers les derniers siècles…

    Oui, la politique de sécurité routière est une arme de distraction massive : elle criminalise inutilement des gens qui ne le méritent pas (pour le coup, il s'agit bien d'une très mauvaise "stigmatisation") et dépense (pour ne pas dire extorque) l'argent de ceux-ci pour construire le faux problème de la sécurité routière. Ce qui permet de culpabiliser les honnêtes gens (un peu plus, un peu moins…) et surtout d'obstruer les fréquences, de dissimuler les vrais problèmes, tout en faisant croire aux électeurs que la politique a encore un pouvoir d'action.  Mais tout ça ne fait sans doute que commencer.

    Laurent Obertone (Ring, 15 décembre 2011)

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  • Carl Schmitt et la théologie politique...

    Les éditions du Cerf viennent de publier un recueil comportant quatre essais inédits du juriste et philosophe politique allemand Carl Schmitt. Le volume est présenté par Bernard Bourdin, professeur de philosophie et de théologie à l'université de Metz, et préfacé par Jean-François Kervégan, auteur récent d'un essai intitulé Que faire de Carl Schmitt ? (Gallimard, 2011).

     

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    "L'expression « théologie politique » n'a jamais été utilisée en tant que telle par les théologiens chrétiens. Elle n'apparaît pour la première fois que dans le titre d'un ouvrage majeur de la philosophie du XVIIe siècle, le « Traité théologico-politique » de Spinoza. L'intention de son auteur était de conjoindre la souveraineté et la liberté de pensée, et par là même de régler le « problème théologico-politique ». Il faut attendre l'anarchiste Bakounine, au XIXe siècle, pour « réhabiliter » la théologie politique à des fins révolutionnaires, puis pour dénoncer le déisme de Mazzini.

    En 1922, en rédigeant son premier texte sur la théologie politique, Carl Schmitt prend le contre-pied de l'anarchisme révolutionnaire. Avec le juriste rhénan, la théologie politique est désormais identifiée à la théorie de la souveraineté. C'est par une formule lapidaire, devenue célèbre, qu'il commence son essai : « Est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle. » Dès la fin du IIe Reich, puis dans le context de la république de Weimar, tout le projet intellectuel de Schmitt est d'articuler sa théorie du droit et du politique à une structure de pensée théologico-politique. Le problème de la démocratie libérale est son incapacité à disposer dune véritable théorie de la représentation, en raison de l'individualisme inhérent à la pensée libérale. Face à cette impuissance, le catholicisme, par sa structure ecclésiologique, offre au contraire tous les critères de la représentation politique et de la décision.

    Les textes que Bernard Bourdin présente dans ce volume, parus entre 1917 et 1944, sont des plus explicites s'agissant de ces aspects de la théorie schmittienne : institution visible de l'Église, forme représentative et décisionnisme. Ils mettent de surcroît en évidence la double ambivalence de la pensée de Schmitt dans son rapport au christianisme (catholique) et à la sécularisation. En raison de son homologie de structure entre Dieu, État et Église, la nécessité d'une transcendance théologico-politique plaide paradoxalement pour une autre approche d'une pensée politique séculière. Ambivalence qui ne sera pas non plus sans équivoque."

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  • "Tout le monde se fout de notre sort"...

    Nous reproduisons ci-dessous un article cueilli dans le quotidien Le Monde, daté du 7 décembre 2011, et consacré au sentiment d'abandon qui envahit les Français des nouvelles classes populaires, qui subissent au quotidien les effets de l'immigration et de l'insécurité...

     

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    M. Jean, dans une cité de la région parisienne : "Tout le monde se fout de notre sort"

    C'est une cité sans renommée, dans une petite ville de la banlieue parisienne. Des immeubles proprets, de quatre ou cinq étages, pas plus. Il y a un arrêt de bus où les bus s'arrêtent encore. Il y a quelques commerces de proximité, un centre social et un poste de la police municipale. Le centre-ville est à 300 mètres à peine, mais c'est déjà un autre monde. "Ici, monsieur, nous vivons dans une bulle. Nous sommes abandonnés à nous-mêmes."

    M. Jean, 75 ans, et Mme Françoise, 64 ans, habitent à quelques numéros l'un de l'autre. Une fois obtenue la promesse de ne pas être reconnus ("Ça peut être risqué pour nous"), la parole se débonde en un flot ininterrompu, pendant plusieurs heures.

    M. Jean, un ancien photograveur, est arrivé ici, avec sa femme et son enfant, à la fin des années 1960. La construction des immeubles n'était pas encore achevée. Les voisins étaient alors des fonctionnaires de La Poste ou d'autres administrations, des militaires, des ouvriers de l'usine voisine. "Tout le monde travaillait. On se connaissait. On laissait la porte ouverte." "On causait les uns avec les autres", poursuit Mme Françoise, employée trente-huit ans dans un grand magasin et qui a emménagé en 1986.

    "ENTASSÉS DANS DES F3"

    Quand tout cela a-t-il commencé à déraper ? "C'est difficile à dire. Quand on s'aperçoit des choses, c'est trop tard." M. Jean situe tout de même le basculement dans les années 1980. La cité a commencé à accueillir des familles délogées des squats de Paris qui entravaient les projets immobiliers de prestige dans la capitale. "Elles ont commencé à s'installer à un bout de la rue et puis ont remonté à chaque appartement libéré. On mettait quatre personnes dans un logement et on en voyait d'autres arriver avec des valises d'on ne sait où. Très vite, les gens se sont entassés dans des F3."

    Quand il s'agit de décrire les nouveaux venus, le discours s'embarrasse un peu, les mots deviennent encombrants, le vocabulaire forcément connoté. Alors on cherche, on change : les étrangers, les immigrés, les Noirs, les Africains, les Arabes, les Maghrébins. Les anciens habitants, eux, sont partis, appartement après appartement.

    Autres circonvolutions, contorsions de langage pour décrire cette population en fuite : les Français, les Gaulois, les Blancs. Mme Françoise et M. Jean sont restés.

    L'ancien photograveur décrit la paupérisation croissante du voisinage. "Plus personne ou presque ne travaille, décrit cet homme investi de fonctions associatives qui lui permettent de pousser les portes fermées. Quand on entre dans certains appartements, y compris ceux des Français qui restent, on voit des choses incroyables, des gens entassés, de la misère."

    DROGUE CACHÉE DERRIÈRE LES COMPTEURS

    Depuis les années 1990, les petits trafics ont gangrené le voisinage, les cambriolages n'ont cessé de se multiplier. "Je vois des jeunes circuler à bord de voitures comme jamais je ne pourrais en avoir alors qu'ils sont officiellement au RSA. Ici, c'est tout petit. On connaît la situation de chacun." Mme Françoise dit retrouver régulièrement de la drogue cachée derrière les compteurs. Elle ne descend plus seule dans sa cave. Même si sa cité a été épargnée par les émeutes de 2005, elle voit régulièrement de ses fenêtres des voitures brûler sur le parking, notamment au Jour de l'an.

    "Grande gueule", comme elle se décrit elle-même, Mme Françoise n'a jamais hésité à expulser les jeunes qui investissaient le hall. Cela lui vaut des déboires. Il y a un mois, sa guimbarde, vieille de 20 ans, a été vandalisée. En mai, elle a été agressée en bas de chez elle, s'est retrouvée avec des points de suture à la tête. "Régulièrement, je me fais insulter."

    "Les gamins jouent en toute impunité à des choses qu'ils voient à la télévision ou entendent avec le rap, explique M. Jean. Ils refont l'histoire. Pour eux, on reste les colons. Chez les parents, c'est la loi du silence. Ils n'osent rien dire. Ils ont peur de leurs enfants ou peur de la police parce qu'ils sont en situation irrégulière."

    Il y a peu, les deux témoins voient également la religion musulmane prendre la rue. "Depuis un an ou deux, les femmes sortent maintenant avec le voile. La fille de ma voisine s'est mise à le porter, il y a six mois. Ça m'a fait un choc. Les hommes se laissent pousser la barbe et s'habillent à la pakistanaise." Une salle de prière devrait bientôt ouvrir dans la cité.

    EN DÉCALAGE

    Alors, Mme Françoise et M. Jean ont commencé à se sentir en décalage, pour ne pas dire esseulés. "Nous nous retrouvons enfermés dans un ghetto", résume M. Jean. Ils se sentent intrus dans "leur" cité. "On me conseille de partir, on me dit que je n'ai pas à occuper seule un appartement de 60 m2, dit Mme Françoise, qui a perdu son mari. Je ne demande pas mieux que de me barrer mais je n'en ai pas les moyens."

    La veuve dont la retraite est de 1 250 euros, paye 506,95 euros de loyer pour son F4. "Je ne pourrais jamais trouver ça ailleurs avec mes revenus." M. Jean touche 2 100 euros de retraite avec sa femme, et paye un loyer de 652 euros pour un appartement de 82 m2. " Si je pouvais partir, pensez bien que je le ferais. Mais j'ai passé l'âge d'acheter." Alors M. Jean a fait une demande de logement social dans le Var qu'il renouvelle chaque année, sans grand espoir.

    "Tout le monde se fout de notre sort", estime M. Jean. C'est sans doute le plus cruel. "La police nous dit qu'elle n'ose pas intervenir car elle craint de mettre le feu aux poudres." Le bailleur social, lui, a ses bureaux dans les beaux quartiers de Paris. "Quand vous vous retrouvez autour d'une table avec ces gens-là, vous sentez que vous n'êtes rien." Un constat amer que ne confirment pas exactement les importants travaux de rénovation entrepris par le bailleur et la municipalité ces dernières années.

    "LES POLITIQUES NOUS ONT OUBLIÉS"

    Quant aux hommes politiques... Mme Françoise explose d'un rire sardonique. "Ils nous ont oubliés. La cité ne vote pas. La participation atteint à peine 30 %. Alors nous n'intéressons personne." Les deux voisins avaient choisi Nicolas Sarkozy en 2007. "J'y ai vraiment cru", assure M. Jean. Il éprouve aujourd'hui plus que de la déception, de la révulsion pour "cet homme qui nous a trompés, qui a dit qu'il s'occuperait de nous et qui ne s'est occupé que de ses amis les riches".

    Aujourd'hui, affirme Mme Françoise, "ce qui se passe à la télé, ce qu'il dit à l'Elysée, on s'en balance, ça ne nous concerne plus". Ils iront quand même voter puisqu'ils l'ont toujours fait. Mme Françoise a arrêté son choix : "Sarkozy ? Il n'y a pas de risque que je me fasse avoir à nouveau. A gauche, il n'y a personne qui puisse vraiment changer les choses. Alors, pour moi, je vous le dis tout net, ce sera Marine Le Pen et tant pis si ça pète."

    M. Jean, ancien syndicaliste chrétien, ne peut se résoudre à ce choix. "C'est contraire à mes convictions. Je ne me suis pas encore fixé. Je regrette que le vote blanc ne soit pas comptabilisé." Il soupire. "Pourquoi ces gens-là ne sentent-ils pas que nous n'en pouvons plus ?"

    Benoît Hopquin (Le Monde , 6 décembre 2007)

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  • « La France n'est pas un pays d'hommes libres »...

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de Médias (n°31, hiver 2011), la revue trimestrielle consacrée aux pratiques journalistiques et à laquelle collaborent notamment Robert Ménard, Emmanuelle Duverger et Philippe Bilger. On trouvera, notamment, dans ce numéro un grand entretien avec le député suisse de l'UDC, Oskar Freysinger, qui dit ses quatre vérités à notre pays, et un article sur le plagiat dans les milieux journalistiques. On lira aussi par curiosité l'entretien avec David Pujadas, le présentateur du journal télévisé de France 2, titulaire d'une "Laisse d'or" et d'un "Bobard d'or"... 

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  • L'avertissement aux criminels...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du directeur de B.I. Infos, Louis Dalmas, cueilli sur Enquête&Débat et consacré à la nécessaire révolte des peuples contre les oligarchies criminelles qui les dominent... 

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    L'avertissement aux criminels

    Comment faire entendre la voix des peuples ? Pour pouvoir écouter cette voix, il faut avoir une idée de ce qu’elle peut dénoncer, c’est-à-dire l’état de notre monde occidental actuel. Quel est cet état ? C’est simple. C’est un espace en trompe l’œil dirigé par des criminels qui ont recours au mensonge pour maintenir leur domination.

    Les mots peuvent vous paraître durs. Ils correspondent pourtant à une réalité. Je vais essayer de les justifier en les reprenant un à un..

    Un espace en trompe-l’œil. Nous vivons dans un monde de fausseté. Les prêcheurs de vertu sont de faux innocents, les engagements électoraux sont de fausses promesses, les stars “pipoles” sont de fausses idoles, les soi-disant philosophes sont de faux sages, l’érotisme médiatique est une fausse sexualité, la publicité est une fausse documentation, les nouvelles de journaux sont une fausse connaissance, les copies d’objets de luxe sont de fausses richesses. Tout,cela, on le voit tous les jours. Mais il y a beaucoup plus grave. Dans trois domaines.

    1) Un des deux ressorts les plus importants de l’activité humaine – l’autre étant le sexe – est l’argent. Or l’argent n’existe pratiquement plus sous une forme tangible. Sa représentation concrète – la monnaie – s’est peu à peu déréalisée. L’objet monnaie est devenu d’abord une image, avec les divers billets de la monnaie fiduciaire, puis un simple jeu d’écritures, l’enregistrement sur des machines de la monnaie scripturale, qui assure aujourd’hui 90 % des transactions dans le monde. L’argent n’a plus de présence matérielle : il alimente un formidable monde virtuel, qui est en lui-même une aliénation totale de l’instrument de nos échanges en société. Ce monde virtuel, qui ressemble à celui d’Alice derrière le miroir ou aux univers parallèles de la science-fiction, s’est gonflé en une sorte d’énorme cancer financier ayant perdu tout contact avec la réalité de la production et du travail.

    2) Deuxième domaine en trompe-l’œil : la représentation démocratique. La soi-disant “démocratie“ occidentale, sans cesse brandie comme garantie de civilisation, n’est qu’un leurre. Son exercice est réservé aux individus riches ou aux organisations puissantes, capables de financer des campagnes électorales qui coûtent cher. Les résultats de consultations populaires, comme des référendums, sont remis en question jusqu’à ce que le peuple vote dans le bon sens. Les principales instances de direction européenne ne sont pas élues. L’ONU et les parlements nationaux sont ignorés quand il s’agit de faire la guerre. La démocratie parlementaire n’est qu’un alibi servant à justifier l’existence d’une caste de politiciens professionnels plus soucieux de leurs carrières que des intérêts de la nation.

    3) Troisième domaine en trompe-l’œil : la démagogie faussement morale des “droits de l’homme“, de la “protection des civils“ (qui consiste à les bombarder) et du “devoir d’ingérence“, utilisée pour agresser les Etats manifestant des velléités d’indépendance.  Cette gigantesque fabrication morale, destinée à faire croire aux peuples que leurs gouvernements se battent pour la vertu contre le vice, pour le bien contre le mal, ne sert qu’à dissimuler les véritables buts économiques et pétroliers de la nouvelle colonisation impériale.

    Ce monde en trompe-l’œil est dirigé par des criminels. Un mélange de faux monnayeurs et d’assassins. Les faux monnayeurs – le terme n’est pas de moi, il est du prix Nobel français d’économie Maurice Allais – sont les banques qui ont volé aux établissements nationaux le pouvoir de création de la monnaie, qui ont remplacé les gouvernements à la tête des grands pays industrialisés et qui étranglent les Etats par les intérêts des dettes souveraines qu’ils les ont obligés à contracter.

    Leurs hommes, à l’image de ceux de Goldman Sachs par exemple, ont carrément pris le contrôle de pays entiers comme la Grèce, l’Italie et l’Espagne.

    Les assassins sont les matamores de Washington, Londres ou Paris, et leurs complices, qui déclenchent des guerres et tuent leurs opposants. Cinq guerres en deux décennies – Yougoslavie, Irak, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Libye ; des dizaines de milliers de victimes civiles ; des Etats rayés de la carte ; des économies détruites ; des régions ravagées. Des meurtres d’individus ciblés, par des drones téléguidés ou des commandos spéciaux, comme les savants iraniens ou Oussama ben Laden. Des chefs d’Etats éliminés, ou en voie de l’être. Milosevic, qu’on a laissé mourir. Castro et Chavez, objets de multiples tentatives d’assassinat. Ceaucescu et Kadhafi, lynchés. Saddam Hussein, exécuté après une parodie de procès. Gbagbo renversé et emprisonné.

    Il n’est pas question de porter un jugement sur ces hommes, encore moins de prendre aveuglément leur défense. Il s’agit simplement de souligner la méthode sanglante désormais utilisée ouvertement, qui remplace un monde de justice par un monde d‘assassins se servant de l’OTAN et de tueurs à gages pour supprimer par la violence toute velléité d’opposition.

    Des criminels qui ont recours au mensonge pour maintenir leur domination. Le pouvoir des banques et le retour politique à la barbarie s’appuient sur une impressionnante machinerie de propagande dont on a peine à imaginer la portée et l’efficacité. Cela va d’un déluge de dénigrement des soi-disant “dictateurs“ dont on veut se débarrasser aux campagnes de justification des guerres impériales, en passant par l’entretien de la terreur d’un effondrement économique nécessitant le sauvetage des banques, tout cela bien entendu fabriqué de toutes pièces à coups de calomnies,  d’affirmations trompeuses et de manipulations des médias.

    Le résultat est qu’un gouffre se creuse tous les jours davantage entre les peuples et leurs gouvernants. C’est sans doute un des phénomènes les plus spectaculaires de notre actualité. J’ai évoqué longuement ce gouffre dans mes deux livres “Le crépuscule des élites“ et “Le bal des aveugles“. La perte de confiance dans les dirigeants de la société se manifeste par un sentiment d’impuissance (le désintérêt pour la politique et les abstentions aux consultations électorales) ou la montée de la colère (les printemps arabes, les révoltes de la faim dans le Tiers monde, les manifestations publiques et la rage des indignés dans de nombreux pays européens, etc.) Des signes avant-coureurs d’un soulèvement encore balbutiant et inorganisé, mais qui s’oriente peu à peu vers une fracassante explosion.

    La voix des peuples commence à se faire entendre. Elle est multiforme : spontanée, provoquée et entretenue par les gens qui ont intérêt à la subversion, infiltrée par les maîtres qui cherchent à la contrôler, mais elle s’exprime de plus en plus. A nous de l’aider à se rendre consciente, c’est-à-dire à formuler ses objectifs. Ces objectifs me paraissent clairs, bien qu’aucun politicien ne les précise avec rigueur : refuser de payer les intérêts des dettes souveraines : annuler ces dettes ou tout au moins les renégocier ; abolir le pouvoir des banques en séparant celles de dépôt de celles de spéculation (comme l’avait fait jadis la loi Glass-Seagall) ; rendre la main aux Etats en leur permettant d’emprunter à leurs banques nationales ; rejeter les mesures d’austérité qui étranglent les peuples et ne font que creuser de nouveaux trous à boucher ; prendre l’argent où ils se trouve (et où il y en  beaucoup) en imposant fortement les grandes fortunes ; sortir de l’entreprise de destruction massive qu’est l’OTAN ; récupérer les sommes colossales dilapidées dans les opérations militaires ; rejeter l’emprise des marchés et du système économique néo-libéral ; se libérer des contraintes de l’hégémonie impérialiste américaine en retrouvant la souveraineté de la nation. Ce ne sont que quelques idées parmi d’autres. Mais elles ont le mérite de se distinguer franchement des rustines appliquées par la droite et la gauche au pneu crevé du capitalisme occidental.

    Nous vivons dans un Occident économiquement pourri, dirigé par des gangsters, avec des peuples dupés par leurs maîtres. Il est grand temps de réagir. On nous demande “comment faire entendre la voix des peuples“ ? Ce n’est pas compliqué. Il faut soutenir ceux qui, comme nous, comme notre journal, comme nos livres, comme nos amis, font écho à cette voix. Avec un message limpide :  il faut cesser de faire payer par les pauvres les méfaits des riches. Le système actuel ne peut pas durer. La croûte des dominants danse sur un volcan. Nous devons leur faire craindre d’être balayés par son éruption.

    Louis DALMAS (Enquête&Débat, 29 novembre 2011)

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  • Jünger et ses dieux...

    Les éditions Orizons ont publié en début d'année un essai de Michel Arouimi intitulé Jünger et ses dieux. Michel Arouimi est maître de conférence en littérature comparée à l'Université du Littoral de la région Nord-Pas-de-Calais.

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    "Le sens du sacré, chez Ernst Jünger, s'est d'abord nourri de l'expérience de la guerre, ressentie comme une manifestation de la violence que le sacré, dans ses formes connues, semble conjurer. D'où le désir, toujours plus affirmé chez Jünger, d'une nouvelle transcendance. Mieux que dans ses pensées philosophiques, ces problèmes se poétisent dans ses grands romans, où revivent les mythes dits premiers. Or, ces romans sont encore le prétexte d'un questionnement des pouvoirs de l'art, pas seulement littéraire. Dans la maîtrise des formes qui lui est consubstantiel, l'art apparaît comme une réponse aux mêmes problèmes que s'efforce de résoudre le sacré. La réflexion de Jünger sur l'ambiguïté du sens de ces formes semble guidée par certains de ses modèles littéraires. Rimbaud a d'ailleurs laissé moins de traces dans son oeuvre que Joseph Conrad et surtout Herman Melville, dont le BillyBudd serait une source méconnue du Lance-pierres de Jünger. La fréquentation de ses " dieux littéraires ", parmi lesquels on peut compter Edgar Poe et Marcel Proust. a encore permis à Jünger d'affiner son intuition de l'ordre mystérieux qui s'illustre aussi bien dans la genèse de l'oeuvre écrite que dans un destin humain."

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