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peuple - Page 7

  • Les loups et l'agneau-citoyen...

    Les éditions Astrée viennent de publier un essai de Bernard Wicht intitulé Les loups et l'agneau-citoyen - Gangs militarisés, État policier et citoyens désarmésUniversitaire, historien des idées et spécialiste en stratégie, Bernard Wicht a récemment publié Une nouvelle Guerre de Trente Ans (Le Polémarque 2011), Europe Mad Max demain ? (Favre, 2013), L'avenir du citoyen-soldat (Le Polémarque, 2015) et Citoyen-soldat 2.0 (Astrée, 2017).

     

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    " La vraie menace, le vrai danger ne provient pas tant du terrorisme (qui n’est qu’un symptôme) que de l’affaiblissement, voire de l ’effondrement de la démocratie. Le citoyen risque alors de se retrouver « coincé » entre, d’un côté, un appareil étatique de plus en plus autoritaire et répressif et, de l’autre, une dissidence mafieuse de plus en plus violente. Il est ainsi pris en tenaille entre un État qui l’écrase d’impôts et le désarme et des marges violentes qui veulent l’asservir. Pour lui, pour sa liberté et pour la démocratie, la seule issue lui permettent d’échapper aux mâchoires de ce piège, consiste à pouvoir en contester les composants. Sinon, la survie d’un citoyen désarmé et sans pouvoir devient très aléatoire. Et, dans ces conditions, il ne trouverait sans doute son salut qu’en s’alliant avec les marges dissidentes, avec les gangs, puisque l’État ne le veut que « payeur-désarmé ». "

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  • Le coeur et la rage...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Michel Maffesoli, cueilli sur le site de L'Inactuel et consacré aux raisons profondes de la crise des Gilets jaunes. Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018) et dernièrement La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019).

     

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    Michel Maffesoli: “Le coeur et la rage”

    Dans notre progressisme natif, nous avons du mal à accepter que les époques se suivent et ne se ressemblent pas. Des esprits aigus ont pu noter, à juste titre, la fin de l’ère des révolutions (E. Hobsbawm). Si nous savons voir, avec quelque lucidité, l’architecture des sociétés contemporaines, nous pouvons dire que nous assistons à l’ère des soulèvements populaires.

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  • Le retour du peuple, communauté de lutte...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jure Georges Vujic, cueilli sur Polémia et consacré au retour du peuple au travers de la révolte des Gilets jaunes... Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

     

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    Le retour du peuple, communauté de lutte

    Il n’y a pas si longtemps, Pierre Rosanvallon, dans Le peuple introuvable, posait la question de la  représentation effective du peuple dans nos vieilles démocraties parlementaires. Les apôtres  du libéralisme ayant proclamé le règne de l’individu-roi, la souveraineté du peuple – qui reste pourtant le fondement de la démocratie – se voyait sacrifiée au nom de la société de marché, la plus conforme au capitalisme tardif, de la séduction et du désir. Et pourtant, le peule insaisissable, le peuple essentialisé et sanctifié par les idéologies de la modernité, revint au-devant de la scène politique, dans la rue avec les gilets jaunes, parfois de façon brutale, mais en tant que force de contestation incontournable.

    Cette présence du peuple au réel, au quotidien, n’est plus une abstraction, mais l’évidence même du principe politique de la démocratie, une réalité agonale qui unifie le principe naturel Fichteien du « droit du sang »  et la communauté de volonté Renanienne qui en appelle à « un plébiscite de tous les jours ».
    C’est cette réalité, ce come back du peuple enraciné en tant que moteur de l’histoire, que l’hyperclasse globaliste s’efforce de nier et de réprimer. Alors que la démocratie parlementaire constituait, depuis deux siècles, l’horizon intouchable du bien politique, aujourd’hui elle semble trahie et toucher à son terme. Aujourd’hui, le divorce entre peuple et oligarchie globale gouvernante se gargarisant de ses discours, est bel et bien consommé, et les lignes de front seront à la fois sociales et communautaires.

    Nous assistons de plus à l’émergence d’une conflictualité intra-étatique et non plus inter-étatique. Une conflictualité au sein de laquelle le peuple en tant que communauté de destin se définira à l’avenir, comme le souligne Charles Chaumont, par « l’histoire de ses luttes », une histoire qui reste à écrire…

    En effet, Pour Charles Chaumont, contrairement au droit international classique, fondé sur la volonté des seuls gouvernants, le droit international contemporain se caractérise par l’irruption du peuple comme réalité historique dans la scène internationale. Une irruption qui introduit une véritable rupture critique dans la manière de penser l’ordre juridique international.
    Deux siècles plus tard, on assiste à la convergence entre la « communauté de destin » de l’austro-marxiste Otto Bauer, qui permet d’opérer une articulation entre le peuple-en-soi et le peuple-nation, ce nouveau « bloc historique » Gramscien, porteur de transformation sociale. En effet, c’est la grande leçon de Gramsci qui avait bien vu les limites d’une telle conception anti-nationale et pour lequel l’expression de peuple-nation (« popolo-nazione ») s’insérait dans le cadre du bloc historique et d’hégémonie, tout en étant l’expression du sentiment national mise en perspective selon une stratégie sociale révolutionnaire stratégique inclusive et émancipatrice.

    C’est bien cette rencontre entre la dimension « populaire-nationale » et la lutte sociale, qui échappe aux carcans des partis de la droite bourgeoise, ainsi qu’au monopole idéologique de l’antifascisme sansfrontiériste et internationaliste, qui fait la singularité d’un peule en lutte qui devient « fait social total ». En effet, la gauche antifasciste reste profondément réactionnaire, bourgeoise et anti-populaire, car prisonnière d’une approche anti-identitaire et a-nationale, elle n’a jamais su ancrer sa vision de « société des producteurs » dans une vaste communauté organique enracinée, dans le cadre d’une identité historique propre.
    La même aporie est vérifiable chez le marxisme messianique historique qui transfère cette téléologie historique (« le sens de l’histoire ») de la nation vers le prolétariat international (ou plus exactement transnational) en oubliant que toute révolution sociale s’inscrit dans une culture nationale spécifique. C’est aussi la raison pour laquelle le capitalisme libéral contemporain, qui glorifie le marché transnational et le cosmopolitisme culturel a trouvé un allié privilégié dans le discours sans-frontiériste libéral-libertaire de gauche.

    Depuis l’ordre international Wilsonnien qui, à la fin de première guerre mondiale, instrumentalisa le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes afin de décoloniser le monde et d’assurer le démantèlement des empires multiethniques, la notion de peuple comme « force créatrice » dans la dynamique du droit international fut peu à peu évacuée au profit de la volonté des seuls gouvernants, et du discours sociétal sur les droits de l’homme et sur le droit des minorités.
    L’actuelle progression des mouvements populistes, le réveil des couches populaires et moyennes socialement marginalisées et déclassées de part l’Europe, démontrent que le peuple reste une force de contestation à la fois sociale et identitaire incontournable. Le principe des luttes de libération nationale de l’époque coloniale cède le pas au droit des peuples à témoigner d’eux-mêmes, le droit à l’auto-détermination se transformant en droit à l’auto-conservation et du droit à rester eux-mêmes à l’époque post-nationale et face à la logique marchande et uniformisante des Etats oligarchiques, satellisés par les instances supranationales et globalistes. Nul ne sait si ce phénomène général de clivage entre peuple et élites engendrera à long terme une possible inversion des jeux de puissance et des retournements qui peuvent, à terme, changer l’état de la société internationale.

    Jure Georges Vujic (Polémia, 25 février 2019)

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  • Alerte dans les médias : France fracturée et colère des « petits Blancs » !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Gauthier cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à l'alarme des médias face à une France qui leur échappe...

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    Alerte dans les médias : France fracturée et colère des « petits Blancs » !

    Tout arrive : des hebdomadaires tels que Le Point et L’Express se rendent enfin compte que des humains persistent à vivre au-delà du périphérique parisien et des abords des grandes métropoles. C’est tout bonnement épatant.

    Dans Le Point, Jérôme Fourquet, interrogé pour son dernier ouvrage, L’Archipel français, dresse un portrait de notre pays venant compléter les travaux du démographe Christophe Guilluy, connu pour avoir mis en lumière cette fameuse France périphérique. Son diagnostic ? En ces temps d’universalisme républicain, la France n’a jamais été aussi divisée.

    D’un côté, ces Français issus de l’immigration, relégués dans leurs cités pour mieux venir travailler dans les mégapoles. De l’autre, des Français « de souche », économiquement encore plus déshérités, assignés à résidence dans les campagnes reculées ou réfugiés dans les zones pavillonnaires. Fracture géographique, mais aussi religieuse et culturelle : en 2016, 18 % des nourrissons portaient un prénom arabo-musulman, alors que celui de Marie n’était donné qu’à 0,3 % de la population. Dans le même temps, c’est l’explosion des Kevin et des Dylan, prénoms si populaires dans une France de Johnny votant majoritairement Marine Le Pen. D’ailleurs, la tête de liste de cette dernière aux prochaines élections européennes ne se prénomme-t-elle pas Jordan ?

    À ces deux France en proie au mal-être, on peut encore ajouter celle de la bourgeoisie conservatrice. En face et au-dessus ? Cette France hors-sol vivant à l’heure de la mondialisation, as de la finance et intellectuels précaires ; soit ces libéraux et ces libertaires ayant tous deux voté pour Emmanuel Macron, fêtant ainsi un troisième mandat, après ceux de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.

    Ces trois France entrées en dissidence sont souvent étanches les unes par rapport aux autres, chacune cultivant ses revendications spécifiques. La France des cités, ce sont les émeutes urbaines, sans véritable revendication politique, si ce n’est celle consistant à manifester pour les Journées de retrait de l’école, alors qu’on l’a assez peu vue lors de la Manif pour tous, apanage de la France traditionnelle. Logique : pour le monde des cités, le mariage homosexuel est un vice de centre-ville ne le concernant pas. Mais dès lors que cette même propagande homosexuelle touche l’école publique, la banlieue a déjà plus tendance à descendre dans la rue, sachant qu’au contraire de la bourgeoisie, elle n’a pas toujours les moyens financiers de mettre ses enfants dans des écoles privées. Les voix conservatrices peuvent donc, au-delà de la religion de chacun, aller dans le même sens, sans forcément se rencontrer. Quant à la révolte de la France des pavillons, elle s’incarne évidemment dans celle des gilets jaunes.

    Pour se maintenir au pouvoir, il suffit à la France d’en haut de stigmatiser tour à tour les trois autres. LMPT, c’est l’ordre moral de Vichy. Les cités, c’est Daech. Les pavillons, ce sont les beaufs racistes. Et chaque fois que l’une de ces trois France déshéritées, chacune à leur manière, tente de se rapprocher des deux autres, l’ordre politico-médiatique hurle à la collusion des extrêmes.

    Ce sont ces leaders religieux musulmans – voire même l’État islamique – accusés d’accointances avec la Manif pour tous ; laquelle est à nouveau clouée au pilori pour se mêler parfois à la foule des gilets jaunes où, semble-t-il, des islamistes présumés tenteraient aussi de faire leur pelote. Le tout sous l’égide de ce terroir arriéré persistant à fumer des clopes et à rouler au diesel. Ou de l’art de mieux diviser pour mal régner.

    On notera que ce sont les mêmes qui, pointant du doigt ceux qu’ils accusent de dresser les uns contre les autres, n’en finissent plus de dresser les autres contre les uns. En attendant un possible retour de bâton ? Ce dont L’Express s’inquiète, qui vient de titrer sur la colère qui gronde, celle des « petits Blancs ». À force d’insister, ces gens arriveront peut-être par enfin dégager ce consensus tant souhaité par Emmanuel Macron.

    Parti comme c’est, ça pourrait bien être contre eux.

    Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 2 février 2019)

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  • Macron choisit la stratégie de la tension...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la stratégie d'affrontement avec les gilets jaunes décidée par le président de la république. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a récemment publié La Superclasse mondiale contre les peuples (Via Romana, 2018).

     

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    Gilets Jaunes : Macron choisit la stratégie de la tension

    Le « tournant social » du quinquennat, vanté par les médias de propagande, n’aura finalement duré qu’un court instant : environ un quart d’heure le 10 décembre 2018, lors de l’allocution d’Emmanuel Macron destinée à tenter d’éteindre la mobilisation des Gilets Jaunes. Le temps d’un nouvel enfumage politico-médiatique puisque les mesures annoncées finiront bien par être financées par… la classe moyenne.
    Aujourd’hui l’heure est à la stratégie de la tension, c’est à dire à l’affrontement avec les Gilets Jaunes et ceux qui les soutiennent.

    Changement de style, durcissement politique

    Avec ses vœux de nouvel an, le président de la république a changé de posture, au sens propre comme au figuré.

    Le 10 décembre, il appuyait ses mains sur une table – comme on s’accroche à une bouée de sauvetage – le visage crispé et les yeux fixés sur le prompteur. On sentait qu’il faisait des efforts pour paraître social.

    Mais le 31 décembre, il se tenait au contraire debout, agitant ses mains, volubile : c’était le vrai Macron qui parlait cette fois.

    Un changement de style significatif : Emmanuel Macron a finalement fait le choix de l’affrontement avec ceux qui contestent son action. Cela s’appelle la stratégie de la tension.

    Fuck le peuple !

    Les sondages d’opinion montrent que le président de la république n’a toujours pas regagné la confiance des Français [1] ?
    Mais qu’est ce que cela change pour lui, finalement ?

    Son mandat présidentiel dure jusqu’en 2022 et il peut s’appuyer sur les solides institutions de la Vème république. Il bénéficie en outre d’une « majorité » de godillots à l’assemblée nationale qui vote tout ce qu’il veut. Mais il peut aussi s’appuyer sur les médias, sur le pouvoir judiciaire, sur l’appareil d’Etat, sur les lobbies qui n’existent pas et sur l’abstention des syndicats.

    Alors fuck le peuple !

    Et d’ailleurs, c’est qui le peuple français ? Emmanuel Macron s’est interrogé à son propos lors de ses vœux : Parler au nom du peuple ? Mais « lequel ? d’où ? comment ? ». Une façon de dire que le peuple concret n’existe pas pour lui.

    Emmanuel Macron préfère en effet invoquer des concepts abstraits : la république, l’ordre, les valeurs, la démocratie. Et surtout il préfère le peuple élu par l’oligarchie : celui des banlieues de l’immigration.

    Accélérons la cadence !

    Les Français espéraient que son impopularité conduirait le président à mettre ses « réformes disruptives » en sourdine ?

    Las, le porte-parole du gouvernement a tenu à nous déniaiser : « Le Président est revenu sur trois reproches qu’il nous faut entendre: le fait que les choses n’aient pas réellement changé pour beaucoup de nos concitoyens […], le fait qu’il est indispensable de redonner du sens dans un monde où il faut lutter pour ne pas céder à l’immédiateté du moment, et le fait que nous devons aller encore plus loin dans le changement, et être plus radicaux dans notre manière de faire » [2].

    Traduisons : le président estime avoir répondu le 10 décembre aux revendications des Gilets Jaunes. Donc il est temps de revenir à l’essentiel : amplifier les « réformes ».
    Emmanuel Macron n’abandonnera donc pas le mandat immigrationniste, européiste et libre-échangiste que lui a donné la Davocratie, le seul qui compte vraiment à ses yeux.

    Tel le commandant du Titanic, il décide d’augmenter la vitesse malgré les icebergs…
    En navigation c’est de l’imprudence. En politique c’est de la radicalisation.

    Le diable s’habille en gilet jaune

    Le 27 novembre, Emmanuel Macron affirmait entendre la colère des gilets jaunes. Le 10 décembre il nous prenait même à témoin de la misère sociale qu’il avait découverte en France.

    Mais, le 31 décembre, il ne voyait plus que « les porte-voix d’une foule haineuse [qui] s’en prennent aux élus, aux forces de l’ordre, aux journalistes, aux juifs, aux étrangers, aux homosexuels ».

    Et à l’issue du conseil des ministres du 4 janvier dernier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Grivaux, reflet de la pensée jupitérienne, estimait d’ailleurs que « le mouvement dit des Gilets jaunes est devenu pour ceux qui restent mobilisés un mouvement d’agitateurs qui veulent l’insurrection et renverser le gouvernement ».

    Après la peste brune que le ministre Darmanin ou BHL affirmaient avoir vu défiler (en jaune donc…) sur les Champs Elysées, après les factieux ou l’ultra-droite que dénonçait le ministre de l’Intérieur, après les beaufs poujadistes et factieux de Jean Quatremer, voici le temps des insurgés qui veulent renverser le gouvernement !

    C’est clair : pour le pouvoir, désormais, le diable s’habille en gilet jaune.

    La stratégie de la tension à l’ordre du jour

    Cette sémantique belliqueuse n’est pas neutre : elle traduit la mise en œuvre consciente d’une stratégie de la tension, orchestrée par le pouvoir et ses soutiens depuis le mois de décembre et qui s’amplifie d’une façon inquiétante.

    Globalement, la mobilisation des Gilets Jaunes est restée bon enfant à l’échelle du pays.

    Mais les médias de propagande nous ont pourtant servi en boucle des images de violences sporadiques pour diaboliser le mouvement, en l’associant systématiquement aux casseurs, comme lors du saccage de l’arc de triomphe le 1er décembre par exemple.

    L’amalgame est devenu la règle. Car, à la différence des violences qui embrasent périodiquement nos charmantes banlieues défavorisées, ou des nuits de la St Sylvestre, le pouvoir et les médias ne diffusaient cette fois aucun des habituels discours d’excuse bisounours.

    Le pouvoir a eu en effet une attitude trouble vis-à-vis de ces violences. Officiellement, il les condamnait, mais, officieusement, il s’en réjouissait. Quand il ne les provoquait pas indirectement par l’attitude agressive de certaines forces de l’ordre, comme si elles voulaient pousser des manifestants à la faute.

    La même stratégie est aujourd’hui appliquée quand les médias donnent la parole au moindre excité invoquant la perspective d’un soulèvement populaire : on nous refait, comme sous François Hollande, le coup de la guerre civile !

    Le but est non seulement de jeter le discrédit sur un mouvement qui reçoit, aujourd’hui encore, un large soutien populaire, mais aussi de détourner l’attention sur les revendications portées par les gilets jaunes. Et de diffuser au surplus la peur dans le pays.

    Salauds de pauvres !

    Les Gilets Jaunes peuvent bien multiplier les manifestations de sympathie naïve à l’égard des forces de l’ordre.

    Cela ne les préserve pas de la répression politique qui s’abat désormais sur eux au nom de l’état de droit. Emmanuel Macron les a d’ailleurs avertis clairement lors de ses vœux : « L’ordre républicain sera assuré sans complaisance ».

    On apprend ainsi que 219 personnes auraient été incarcérées entre le 17 novembre et le 17 décembre 2018, selon les chiffres du ministère de la Justice. Et que sur 4.500 personnes au total placées en garde à vue, seuls 825 dossiers ont été classés sans suite.

    Comme le remarque benoîtement RTL « un chiffre record, inédit dans le cadre d’un mouvement social » [3].

    Inédit en effet, dans un pays où les délinquants multirécidivistes, les fichés S, les racailles de banlieue ou les casseurs d’extrême-gauche bénéficient depuis des années de la clémence, pour ne pas dire plus, des pouvoirs publics.

    Pas de complaisance pour ces salauds de Français pauvres !

    Pas de pitié pour la France périphérique !

    Vis-à-vis de la France périphérique, la ligne est désormais tracée : pas de complaisance, répression !

    Et comme il ne s’agit que de Français natifs, on n’a pas à se gêner. Fiorina n’aura pas le soutien des pleureuses médiatiques dont a bénéficié Théo !

    Aux interpellations préventives et aux gardes à vue de gilets jaunes, aux gaz lacrymogènes, aux tirs directs, aux canons à eau pour disperser des manifestants pacifiques, aux blindés dans les rues et aux fractionnements policiers des cortèges en usage depuis les manifestations de décembre, s’ajoutent désormais les directives données aux préfets d’évacuer les lieux occupés par les manifestants et la multiplication des poursuites et des condamnations : là contre des journalistes de La Charente Libre, là contre un manifestant qui aurait crié  guillotine à l’encontre d’un député LREM parce qu’on « est face à une remise en cause des fondements de la démocratie » selon un procureur de la république [4], là contre Eric Drouet.

    Si on était en Russie ou en Iran, on crierait à la dictature et à la violation des droits humains. Mais en France, on appelle cela du maintien de l’ordre républicain. Nuance.

    Le pouvoir s’entraîne à la répression

    Avec les Gilets Jaunes, La République en Marche et ses idiots utiles sont devenus le parti de l’ordre. Mais de l’ordre progressiste bien sûr, puisque que le camp du bien est au pouvoir. Les méchants ce sont donc les autres et il faut les punir d’être méchants.

    Mais il ne faut pas s’y tromper.

    Alors que se profilent les élections européennes, les Gilets Jaunes expérimentent à leurs dépens ce que le pouvoir peut mettre en œuvre demain contre toute autre dissidence politique. Un pouvoir qui s’habitue dangereusement à la répression.

    Diabolisation, amalgame, censure, intimidation, judiciarisation : le pouvoir gouverne mal mais, en 2019, il saura se défendre !

    Michel Geoffroy (Polémia, 7 janvier 2018)

     

    Notes :

    [1] Pour63% des personnes interrogéesEmmanuel Macron devra retrouver en priorité «la confiance et de la crédibilité auprès des Français» et «prouver qu’il est parvenu à baisser les impôts et à améliorer le pouvoir d’achat» (55%) . Seuls 25% se disent «satisfaits» de l’action du gouvernement depuis l’élection d’Emmanuel Macron, soit 15 points de moins qu’en avril 2018. (enquêteOdoxa-Dentsu Consulting Le Figaro/France Info des 2 et 3 janvier 2019)

    [2] A l’issue du conseil des ministres du 4 janvier 2018

    [3] RTL du 3 janvier 2019

    [4] RT le 3 janvier 2019

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  • Entre révolte sociale et rébellion identitaire, esquisse d’une révolution politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Didier Beauregard, cueilli sur Polémia et consacré à la révolte des Gilets jaunes, une révolte à la fois sociale, identitaire et politique...

     

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    Gilets Jaunes. Entre révolte sociale et rébellion identitaire, esquisse d’une révolution politique

    L’ensemble des commentateurs médiatiques l’a ressenti d’emblée, le mouvement des gilets jaunes, centré sur la problématique des taxes et du pouvoir d’achat, dépasse largement le cadre traditionnel d’une lutte sociale classique. Il s’est imposé comme une contestation de portée systémique. La remise en cause des castes dirigeantes en constitue le fil conducteur.

    Ce premier constat, partagé par tous, parce qu’exprimé par les gilets jaunes eux-mêmes, cache cependant une réalité plus profonde qui peine encore à s’affirmer, alors qu’elle représente l’élément le plus subversif de cette contestation : la rencontre entre une révolte sociale et une rébellion identitaire. Cette dimension identitaire est la ligne de front décisive qui donnera sa pleine nature au mouvement des gilets jaunes, c’est-à-dire celle d’une contestation globale du pouvoir en place. Non pas seulement celui du gouvernement Macron, mais aussi de l’idéologie dominante des quatre ou cinq dernières décennies et de l’ordre politique que ce pouvoir a engendré.

    La réalité de cette contestation existe déjà par le seul fait de la composante de la mobilisation populaire. Une mobilisation de la France d’en bas, du peuple blanc des périphéries que la dominance idéologique a effacé de ses représentations collectives, sauf à le portraiturer négativement pour sa dangerosité raciste et son inaptitude à la modernité culturelle et économique, type « gaulois réfractaire ». Enfermé dans cette représentation de « beauf », le Français populaire, soit encore la majorité des habitants de ce pays, avait vocation à disparaître en tant qu’identité vivante après avoir (quasi) disparu des représentations collectives dignes d’intérêt. La sémantique de la dominance ayant même poussé le vice jusqu’à qualifier de « quartier populaire », les grandes périphéries urbaines d’où le peuple avait été chassé, après avoir été dégagé auparavant des centres villes des métropoles.

    La cause était entendue, la France c’est la « Diversité », les minorités (« l’autre » mythifié) sont le moteur du progrès social et le peuple autochtone, le peuple « de souche », n’existe pas, sauf à le définir en mode négatif ou répulsif. Mais voilà, la réalité d’une identité ne se détermine pas par ceux qui la commentent, mais par ceux qui la vivent; l’identité existe d’abord à travers ceux qui la portent et donc la font vivre. Bien des peuples et des communautés, à travers l’histoire, ont continué d’exister à travers la conscience qu’ils avaient d’eux-mêmes, en dépit de l’idée d’eux-mêmes que ceux qui les dominaient voulaient leur imposer.

    Révolte sociale et révolution politique

    Le mouvement des gilets jaunes est blanc et populaire, cette réalité personne ne peut sérieusement la contester. Et, paradoxalement, cette réalité qui ne se revendique pas en tant que telle, est la preuve la plus manifeste de son caractère identitaire ; comme le dit l’adage, qui se ressemble, s’assemble. La chose s’est faite spontanément, sans volontarisme, ni mots d’ordre. Le drapeau tricolore et la Marseillaise ont la force d’une évidence où chacun, naturellement, trouve sa place et ses repères. Cette représentation du peuple, par son seul jaillissement dans l’espace public d’où il était banni, revêt une dimension révolutionnaire puisqu’elle met à bas le système idéologique dominant qui niait son être.

    Cette réalité donc, du seul fait de son existence, annonce un changement de paradigme qui dépasse le cadre classique de la lutte sociale pour s’inscrire dans un mouvement historique de fond; celui du devenir identitaire de l’Europe et du type d’organisation politique que cette question soulève : un système politique recentré sur l’héritage historique des veilles nations européennes, ou porté par une gouvernance transnationale et post nationale dans le cadre d’une vision mondialiste déterminée par les échanges économiques et les migrations ? Nous sommes bien au cœur de l’enjeu politique et civilisationnel du monde contemporain.

    5 thèmes offensifs

    Toutefois, il ne suffit pas non plus d’afficher son identité pour que celle-ci s’impose comme une force opérationnelle destinée à vaincre. Encore faut-il qu’elle porte en elle un sens politique offensif, d’autant que le président Macron vient d’exprimer, lors de ses vœux, sa détermination à assumer une épreuve de force avec la révolte populaire qualifiée de « foule haineuse ». Seule une volonté idéologique qui se pense elle-même avec une juste conscience de sa nature peut remplacer une force idéologique dominante. C’est le défi auquel le mouvement des gilets jaunes est désormais confronté. Il s’articule autour de quelques points clés susceptibles de définir un redéploiement stratégique du mouvement : –la question institutionnelle et le RIC – l’immigration et le pacte de Marrakech – le rôle, la représentativité et l’éthique des médias – l’enjeu écologique et ses réalités- la place et l’étendue de la solidarité sociale, thème capital directement lié aux projets de réforme des retraites et de l’assurance chômage. Chacun des ces cinq thèmes possède une charge subversive suffisante pour ébranler la dominance idéologique en place.

    Engagée contre la taxe carbone, la révolte des gilets jaunes s’est vite élargie à la question sociale, c’est-à-dire le pouvoir d’achat et l’injustice des prélèvements obligatoires. Ce sujet a rencontré un large écho auprès de l’ensemble de la population qui a profondément déstabilisé le gouvernement. Il est difficile de délégitimer un mouvement social soutenu par 70 à 80% des citoyens. Il est pourtant clair aujourd’hui que quelque soit la pertinence des revendications exprimées autour du pouvoir d’achat, elles ne peuvent suffire à prolonger durablement la révolte en cours.

    La stratégie du pouvoir : minimiser, diaboliser, diviser, isoler

    Les concessions du gouvernement, même limitées, fournissent un argumentaire crédible au pouvoir en place, sur le thème, nous avons fait un geste, vous devez maintenant cesser de vous agiter et discuter avec nous. Il ne faut pas négliger la portée de cet argument auprès d’une frange non négligeable de la population très perméable aux campagnes sur les violences et le danger des extrêmes. Le soutien de l’opinion public peut s’affaiblir, voire se retourner, assez rapidement, et il est le seul vrai garant de la puissance du mouvement. La façon dont le pouvoir et ses relais médiatiques ont massivement divulgués la thèse de l’essoufflement de la mobilisation et de sa radicalisation concomitante (qui coûte si chère au pays !) ne laisse aucun doute sur ses visées. Nous retrouvons les principes de manipulation de l’opinion face à un mouvement de masse que nous avions déjà analysés dans ces colonnes durant la séquence Manif pour tous (1): Minimiser, diaboliser, diviser et isoler. Le processus est bien engagé et laisse des traces dans les esprits.

    La gauche au secours du système : exclure la question migratoire

    Par ailleurs, la polarisation sur la question sociale et le pouvoir d’achat entretient une ambigüité qui pèse sur le mouvement et brouille ses significations. Si l’on admet comme une réalité déterminante que la révolte des gilets jaunes est beaucoup plus qu’un classique mouvement de revendication sociale, mais une forme nouvelle de contestation politique, susceptible de redéfinir les principes démocratiques des sociétés occidentales, la question unique du pouvoir d’achat l’enferme dans une thématique classique et trop bien balisée. En claire, elle permet à la gauche, c’est-à-dire principalement le parti de Mélenchon, de s’accaparer du drapeau de la révolte. Une manœuvre relayée par les médias qui favorisent largement la prise de parole des gilets jaunes à discours de « gauche ».

    Le thème du référendum d’initiative citoyenne (RIC) est à cet égard un enjeu décisif. Les modalités de son soutien, ou de son refus, sont un test qui doit décanter les positions des protagonistes. Nombre de commentateurs de gauche l’abordent avec distance, voire hostilité, soulignant volontiers les risques de dérives populistes qu’il représente. Chacun comprend qu’en arrière plan se joue la question de l’immigration et de sa charge explosive. Avec la complicité de toute la gauche et des instances « morales » autoproclamées, le gouvernement a déjà exclu l’immigration des thèmes soumis au grand débat national. La gauche a bien joué son rôle de serre file et de garde chiourme des mouvements de contestation sociale. La question migratoire reste l’impensé de la révolte en cours. Son émergence, ou non, déterminera la nature et l’avenir de la révolte des gilets jaunes.

    Didier Beauregard (Polémia, 6 janvier 2018)

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