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peuple - Page 5

  • Tribun du peuple...

    Les éditions Müller viennent de publier le deuxième tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen sous le titre Tribun du peuple. Après l'itinéraire de l'homme Le Pen, tracé dans Fils du peuple (Müller, 2018), arrive l'ascension, dans le bruit et la fureur, du chef de parti. La lecture de ces pages fait ressurgir dans nos mémoires ces trente années de vie politique de notre pays, dont il a été, sans doute, l'acteur le plus marquant...

     

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    " « Dans le premier tome de mes mémoires, les Français ont découvert un jeune Breton fier de sa famille, de sa petite patrie la Trinité, de sa grande patrie, la France. Un fils de la nation désolé de voir celle-ci blessée, rapetissée par la seconde guerre mondiale et la fin de l’Empire, qui n’aura pu, malgré son engagement, empêcher des responsables politiques en poste de l’enfoncer dans la décadence.
    Le deuxième tome raconte la construction d’un mouvement indépendant qui tente de relever la France, l’aventure exaltante du Front national, si généralement et si bassement calomnié. Quarante ans d’histoire de France, de lutte implacable. Une vie personnelle et familiale parfois difficile. Et puis la suite. La transmission qui ne coule pas de source. Les attaques de plus en plus vives contre la nation. Le mondialisme totalitaire, l’ouragan de l’invasion, l’écologisme maître de la pensée unique.
    Et la nation trahie. La droite et la gauche piétinant leurs valeurs respectives. Le peuple français abandonné par les collaborateurs du déclin, Giscard, Mitterrand, Chirac, puis par leurs minuscules épigones d’aujourd’hui.
    J’ai échoué à prendre le pouvoir, mais j’aurai fait ce qu’il fallait faire, vu ce qu’il fallait voir, dit ce qu’il fallait dire. À temps. J’aurai été le tribun d’un peuple martyrisé.
    Advienne maintenant que pourra. L’heure vient où il faut regarder plus haut que la terre, en espérant pourtant que notre civilisation, notre lignée, trouveront le moyen de survivre. Vive la France quand même ! » Jean-Marie Le Pen "

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  • Michel Maffesoli : "Nos politiques sont élus par 10% de la population!"...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Michel Maffesoli à Boulevard Voltaire à l'occasion de la sortie de son essai, écrit avec Hélène Strohl, La faillite des élites (Lexio, 2019). Penseur de la post-modernité, Michel Maffesoli a publié récemment  Les nouveaux bien-pensants (Editions du Moment, 2014) , Être postmoderne (Cerf, 2018) et dernièrement La force de l'imaginaire - Contre les bien-pensants (Liber, 2019).

     

                                     

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  • “Les populismes actuels ne sont pas sortis de nulle part”...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Olivier Dard, publié par L'Inactuelle et consacré à la question du populisme. Professeur d'histoire contemporaine à l'université Paul Verlaine de Metz, Olivier Dard est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées politiques. Il a également coordonné, avec Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin, le Dictionnaire du conservatisme (Cerf, 2017) et le Dictionnaire des populismes (Cerf, 2019).

     

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    Olivier Dard “Les populismes actuels ne sont pas sortis de nulle part”

    Thibault Isabel : On parle souvent du populisme au singulier, alors que vous avez choisi d’intituler cet ouvrage « Dictionnaire des populismes », au pluriel. Vous attestez ainsi de la diversité du phénomène populiste, qui peut être de gauche ou de droite, libéral ou antilibéral, souverainiste ou fédéraliste, etc. Ce vocable de « populisme », malgré la pluralité de ses acceptions, a-t-il malgré tout une cohérence intrinsèque ? Quelle serait pour vous, si elle existe, l’essence du populisme ?

    Olivier Dard : Vous avez à raison évoqué la diversité du phénomène populiste, diversité qui renvoie à des catégories politiques et idéologiques. J’ajouterais cependant que comprendre le phénomène populiste signifie mesurer à quel point il doit être inscrit dans l’histoire. Vous connaissez la formule d’Angelo Tasca reprise à son compte par Renzo de Felice à propos du fascisme, disant que définir le fascisme c’est en écrire l’histoire.

    L’historien que je suis peine un peu avec la question de l’essence du populisme, mais se sent parfaitement à l’aise pour vous dire que les populismes actuels ne sont pas sortis de nulle part et que la connaissance générale de l’histoire des populismes a beaucoup à nous apprendre sur les mouvements populistes d’aujourd’hui. Nous ne referons pas ici une généalogie qui commence avec le populisme russe du XIXe siècle que vous connaissez bien et qui s’ancre, comme le populisme américain d’alors, dans le monde rural et paysan. Ce rappel est pourtant important, tant on associe désormais le populisme au monde citadin, en négligeant cette ruralité essentielle qui n’a pas été oubliée aux Etats-Unis, notamment par Christopher Lasch. A l’inverse, ce qu’on appelle le populisme post-soviétique a bien peu à voir avec son devancier du XIXe siècle.

    Evoquer les populismes contemporains impose aussi d’insister sur le cas latino-américain, qui pourrait être considéré comme le berceau de bien des populismes actuels : songeons au Mexique de Lázaro Cárdenas, à l’Argentine du ou plutôt des couples Perón ou encore au Brésil de Getulio Vargas. Ces différentes figures et expériences politiques, car en Amérique latine le populisme s’incarna dans des régimes politiques, mettent en jeu des processus très contemporains : une opposition marquée entre l’élite (en langage péroniste l’« oligarchie ») et les masses, ou l’affirmation du rôle d’un dirigeant charismatique qui n’est pas nécessairement un homme, puisque le péronisme, avec Eva ou Isabel, nous a montré que le populisme se conjuguait au féminin. Mais aussi un recours appuyé aux moyens de communication les plus modernes qui sont à l’époque la radio et le cinéma : sans le son et l’image, le péronisme incarné notamment par la voix d’Evita et l’usage qu’elle fait de son propre corps (coiffure, habillement, position face au micro, etc.) aurait pris un tour sans doute bien différent et moins marquant.

    Ajoutons encore que c’est en référence à ce populisme historique qu’il est difficile d’amalgamer des expériences considérées aujourd’hui comme populistes à certaines de leurs devancières. Quel sens y a-t-il par exemple à qualifier Bolsonaro de populiste quand on songe que le populisme s’est incarné au Brésil dans le gétulisme ? Les différences entre les deux personnages et les projets conduits sont très nombreuses, à commencer par une relation bien distincte au modèle économique et social libéral, combattu par Vargas quand Bolsonaro défend au contraire le néo-libéralisme actuel.

    Je conçois bien que l’énumération de ces différents exemples contrarie toute démarche d’homogénéisation du populisme (d’où le pluriel retenu pour le titre, qui n’est nullement une commodité de style), mais elle a le mérite de montrer à quel point le phénomène populiste doit être historicisé. Cependant, cette remise en perspective historique ne signifie pas pour autant que toute démarche comparative est inutile. Car, à y regarder de près, ces populismes présentent un certain nombre de traits communs. Le premier est assurément celui d’un style d’expression et de gouvernement qui tranche avec celui des élites en place. Le second, même s’il se décline différemment selon les contextes, est bien celui d’une fracture quand ce n’est une rupture entre élite/s et peuple.

    Thibault Isabel : Le populisme, comme son nom l’indique, s’appuie structurellement sur l’antagonisme entre le peuple et les élites. On pourrait y voir une réactivation de la lutte des classes. Ce serait oublier pourtant que le mot « peuple » se laisse définir de bien des façons, et qu’on peut s’en faire une idée sociale aussi bien qu’identitaire ou strictement politique. Le peuple de Bernie Sanders ou de Jean-Luc Mélenchon n’est sans doute pas le même que celui de Donald Trump ou de Marine Le Pen. Qu’est-ce qui, à votre sens, explique malgré tout que la révolte du peuple contre les élites prenne aujourd’hui une importance aussi transversale ? Pourquoi le peuple redevient-il en somme au XXIe siècle un mot d’ordre politique dans des camps par ailleurs très opposés ?

    Olivier Dard : Je note avec intérêt les mots que vous employez : « peuple », « élites », « lutte des classes ». J’en ajouterai un quatrième, fondamental à mon sens, qui est celui de « masses ». Il n’est guère beaucoup employé aujourd’hui, ce qui est un marqueur instructif de notre temps et de notre appréhension du phénomène populiste. Il apparaît clairement en effet qu’au XXe siècle, le populisme, au moins dans ses déclinaisons latino-américaines, se pense et se vit comme un moyen d’intégration des masses en faisant le procès d’un libéralisme et d’une « oligarchie » qui auraient été incapables de mener cette intégration à bien. Pour le dire autrement, le populisme se pense comme un projet collectif.

    Est-ce autant le cas avec les populismes contemporains ? Cela n’est pas aussi évident, même si nombre de populistes d’aujourd’hui, de Marine Le Pen à Matteo Salvini, mettent en avant la nation. La nation, mais aussi le peuple, dont vous rappelez à raison qu’il se définit bien différemment selon les protagonistes. Pour se limiter à la France, le « peuple central » de Marine Le Pen n’est pas celui des Insoumis, qui ont d’ailleurs beaucoup emprunté aux références latino-américaines actuelles en mobilisant la figure d’Ernesto Laclau. Le « peuple » de Trump n’est évidemment pas non plus celui de Sanders. Tous ces dirigeants politiques présentent quant à leur définition du peuple des divergences certaines qui peuvent faire parler pour les uns d’un populisme de « droite » en ce sens qu’ils privilégient dans le peuple l’ethnos, référence qu’un populisme de « gauche » rejette au profit d’un peuple envisagé à la fois comme une plebs, mais aussi comme un objet à construire.

    Ces divergences repérables n’empêchent pas de noter leur rejet commun des élites en place. Cette dénonciation comme cette délégitimation des élites, leitmotiv des discours populistes qui peut prendre la forme d’un « dégagisme » assumé (« Qu’ils s’en aillent tous » proclamait Jean-Luc Mélenchon), est un élément partagé des dirigeants comme des mouvements populistes et de leurs électeurs.

    La fracture entre peuple et élites est profonde et, pour ce qui est de la France, la sociologie comme la géographie électorale du macronisme en sont une illustration bien parlante. On doit y voir un indicateur fondamental de l’état de délitement de nos sociétés, sur lequel les élites au pouvoir gagneraient à s’interroger au lieu de se contenter de hurler au loup, d’anathémiser et de pathologiser leurs adversaires, en usant parfois même d’un vocabulaire épidémiologique (Emmanuel Macron proclamait à Quimper le 21 juin 2018 qu’on les voyait « monter comme une lèpre, un peu partout en Europe »).

    Thibault Isabel : Quoique le « populisme » jouisse désormais d’une fortune médiatique considérable, il puise ses racines dans des mouvements plus anciens, qui remontent au XIXe siècle. En Russie, par exemple, le populisme incarnait une résistance socialiste plus ou moins anarchisante à l’essor du capitalisme, même si l’on voyait déjà naître ailleurs des mouvements populistes d’inspiration plus autoritaire et nationaliste, comme le boulangisme, en France. En tant qu’historien des idées, avez-vous le sentiment qu’il existe une filiation historique réelle entre les premiers populismes et ceux d’aujourd’hui – comme il existe malgré tout une filiation entre le socialisme ancien et le socialisme moderne, par-delà les évolutions de ce courant de pensée –, ou s’agit-il plutôt de la simple réactivation d’un « appel au peuple » qui négligerait totalement l’apport idéologique ou politique de ses prédécesseurs ?

    Olivier Dard : La réponse est délicate tant les contextes sont différents. On pourrait ainsi mettre en regard le boulangisme et le Front national devenu Rassemblement national. Assurément, le nationalisme né de la crise boulangiste a irrigué l’histoire des droites nationalistes françaises, marqué leur dimension protestataire et ligueuse dont on retrouve des échos dans l’itinéraire de Jean-Marie Le Pen plus encore que dans celui de sa fille, qui n’est pas le produit de cette histoire, alors que Jean-Marie Le Pen est sans doute le dernier héritier des ligueurs nationalistes. Mais on prendra garde à ne pas comparer trop facilement les deux phénomènes, en commençant par constater que le boulangisme a été un feu de paille électoral en 1888-1889, tandis que le FN/RN a pour la première fois pérennisé la présence des droites nationalistes au cœur du jeu électoral.

    Rapportée à une perspective plus surplombante, votre question met cependant fort utilement en miroir, à travers les exemples que vous mentionnez, le dernier quart du XIXe siècle et notre époque, ce qui change du parallèle rebattu, et souvent bien inopérant, avec les années 1930.

    J’ajouterai que la question de l’intégration des masses peut fonder une réflexion instructive. A la fin du XIXe siècle, en Europe occidentale comme aux Etats-Unis, elle est une question alors fondamentale et passe, pour les dirigeants en place, par une extension progressive du droit de suffrage masculin. Il est ainsi frappant de constater (la Russie elle-même n’y échappe pas après la Révolution de 1905) que l’extension du droit de suffrage est considérée comme une réponse à ce problème et qu’elle contribue, à des degrés variables selon les cas, à une intégration effective.

    La Première Guerre mondiale a rebattu les cartes, mais on rappellera que, partout, la mobilisation de l’été 1914 s’est déroulée sans heurts : la nationalisation des masses était une réalité. Aujourd’hui, le droit de suffrage existe, s’est même élargi depuis longtemps aux femmes mais aussi aux plus jeunes (avec le vote à 18 ans), mais il n’est pas forcément utilisé, si on songe à l’importance de l’abstention. Ajoutons aussi que la forme de démocratie qui a cours dans les pays occidentaux, la démocratie représentative, est elle-même mise à mal par les populistes qui, partisans d’une démocratie directe, se targuent d’être au fond plus démocrates que les dirigeants en place. Si on revient sur l’épisode boulangiste, on retrouvera l’opposition des plébiscitaires aux tenants de la République parlementaire.

    Comme vous le voyez, ce débat sur les fondements de la démocratie n’a rien de nouveau, ce qui peut à l’évidence rattacher les revendications populistes à un héritage bien ancien. Toute la difficulté est d’en prendre la mesure. Est-il véritablement connu des acteurs ? Le danger pour l’historien des idées serait de projeter ses propres connaissances et catégories d’analyses sur le très contemporain et de vouloir à toute force mettre en avant des convergences qui ne seraient qu’artificielles. Nous y avons veillé dans ce Dictionnaire tout en ayant le souci de faire saisir à nos lecteurs qu’il faudrait tout autant se défier de raccourcis ou d’amalgames historiques rapides que de vouloir considérer que le phénomène populiste contemporain serait fondamentalement nouveau. C’est à bien des égards le contraire, tant il invite à revisiter des questions aussi essentielles qu’anciennes en philosophie politique que sont effectivement le rapport peuple-élite/s ou le « bon gouvernement ».

    Thibault Isabel : Les journalistes et les politiciens, depuis quelques années, opposent volontiers un camp mondialiste à un camp souverainiste, assimilé au populisme. Estimez-vous que nous soyons en train de voir émerger un nouveau clivage, qui viendrait en quelque sorte se substituer au vieux clivage gauche-droite ? A contrario de cette hypothèse, on pourrait aussi constater que l’opposition gauche-droite n’a pas entièrement disparu, et qu’elle contribue même beaucoup aux dissensions internes entre « populistes » – alors que le camp mondialiste semble marcher en bon ordre de bataille et se retrouve apparemment autour de bases idéologiques plus claires.

    Olivier Dard : Vaste question, fort actuelle si on en croit certains épisodes récents à commencer par la convention de la droite. Je ne m’étendrai pas sur le débat, déjà ancien, de l’obsolescence supposée du clivage droite/gauche et me contenterai de rappeler que droite et gauche ne sont pas des essences et ont pu voir leurs contours évoluer avec le temps. Evolutions et mutations qui ne signifient nullement que ce clivage est historiquement inopérant, bien au contraire.

    Je dirais plutôt que ce qui caractérise la scène française et même européenne, si on observe par exemple le fonctionnement du parlement européen et la majorité qui le structure, c’est que les partis de gouvernement partagent, pour l’essentiel, une vision commune des choses. Ces forces politiques s’entendent sur la défense et la pérennisation d’un système en place qui leur paraît la seule voie possible. En France, c’est ce qui a fondé le programme macroniste et l’arc gouvernemental d’En marche, qui a littéralement siphonné le parti socialiste et pour une bonne part les Républicains. La force de ce bloc central est d’être sans opposition véritable pour lui contester sa capacité à gouverner.

    Ainsi, la faiblesse des forces populistes repose en France sur une double carence. La première est leur impossibilité à s’entendre pour contourner le centre gouvernemental par la périphérie, comme l’a fait un temps en Italie la coalition Lega/Cinq étoiles. Assurément, si la Lega n’est pas sans faire penser au RN, Cinque Stelle a peu à voir avec LFI. Mais c’est sans doute aussi parce qu’en France le clivage droite/gauche a laissé des traces, et parce que la définition même du peuple entre le RN et LFI est chargée d’une forte teneur idéologique qui agit comme une pesanteur interdisant tout rapprochement – une donnée qui contredirait ainsi l’idée de la mort du clivage droite/gauche comme celle que le populisme serait vide de contenu idéologique.

    Il faut y ajouter un autre élément renvoyant à la difficulté des populistes à dépasser le stade de la dénonciation pour passer à celui de la proposition crédible. Proclamer sa volonté de gouverner est une chose. Mettre au point un programme de gouvernement en est une autre. Il faudrait d’ailleurs que des forces populistes, souvent associées dans les médias pour leurs convergences, parlent d’une même voix. Or, les différentes formations populistes européennes, notamment marquées à « droite », si elles peuvent partager des positions communes sur la question des migrants ou celle de la menace islamiste, n’ont pas les mêmes visions, en particulier en matière économique ou géopolitique. Une divergence majeure avec leurs adversaires au pouvoir.

    Olivier Dard, propos recueillis par Thibault Isabel (L'Inactuelle, 9 octobre 2019)

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  • Vers un populisme innovant ?...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Gabriel Robin et Benjamin Demeslay, réalisé par Edouard Chanot pour son émission Parade - Riposte, et diffusé le 19 septembre 2019 sur Sputnik, dans lequel ils évoquent, à l'occasion de la sortie de leur essai Le non du peuple (Cerf, 2019), la nécessité d'un populisme innovant.

     

                                    

     

     

     

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  • Le mouvement des Gilets jaunes est-il terminé ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet, cueilli sur Figaro Vox et consacré au mouvement des Gilets jaunes. Journaliste, François Bousquet est rédacteur en chef de la revue Éléments et auteur de Putain de Saint Foucault - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015) La droite buissonnière (Rocher, 2016).

     

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    Le mouvement des ‘’Gilets jaunes’’ est-il terminé?

    Son Panthéon, c’est la fosse commune. Ses Champs-Élysées, un rond-point. Sa garden-party, un barbecue. Voici, résumée à gros traits, la France périphérique, entrée par effraction dans l’actualité à l’automne 2018. Avant qu’elle ne se revête de jaune, quasiment personne ne voulait en entendre parler. Trente ans déjà que cette France-là a été rejetée dans les ténèbres extérieures. Un trou noir. Des millions de vies en jachère, enterrées vivantes sous les décombres des politiques de la ville, entre deux friches industrielles, entre deux commerces fermés, entre deux fermes à l’abandon, entre deux vagues d’immigration. Un pays englué dans ce que Louis Chauvel, l’un des très rares chercheurs, avec Christophe Guilluy, à avoir vu venir le mouvement des «gilets jaunes», a appelé la «spirale du déclassement», le grand fait social des trente dernières années. Or, ce déclassement est passé quasi inaperçu du pays central puisque la scène du crime a été rejetée dans les marges hexagonales: le peuple disparu, occulté des écrans-radars médiatiques. Il a refait surface, à l’automne, en bloquant les péages et en occupant les ronds-points, point nodal de cette périphérie, symbole de sa circularité: on tourne en rond dans un périmètre de 30 à 50 km, où tout a fermé, les usines, les épiceries, les cafés.

     

    Pour une fois, ce n’était pas la rue qui manifestait, mais la route. Pour une fois, ce n’était pas la ville qui se soulevait, mais la campagne. Une sorte de démocratie participative 2.0 à ciel ouvert. Des réseaux sociaux aux réseaux routiers. Du jamais vu. Partout, un même slogan, peu ou prou: «Baissez les prix et le mépris!» Aucun mouvement dans l’histoire récente n’avait suscité un tel engouement. Il est parvenu à coaguler une colère jusque-là disséminée, à l’image de la France périphérique dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Comment donner corps à ce mécontentement beaucoup plus homogène que l’inventaire à la Prévert à quoi on l’a trop souvent réduit, mais socialement atomisé et géographiquement dispersé? Un symbole - le gilet jaune - y est parvenu.

    Au plus fort du mouvement, un vent de panique a soufflé sur l’Élysée. Impossible de ne pas songer à la prise des Tuileries ou à la fuite à Varennes, imprimées dans l’imaginaire collectif, au vu des images saisissantes du couple présidentiel poursuivi dans les rues du Puy-en-Velay, début décembre, après l’incendie de la préfecture. Alors pour beaucoup la jacquerie menaçait de se transformer en grand brasier collectif, la révolte en révolution. Mais le mouvement s’est progressivement délité en raison même de sa nature éruptive et fiévreuse, autant populaire que populiste.

    Il faut dire que la réponse de l’exécutif a été à la hauteur de la vague jaune. Quelque 80 000 forces de l’ordre mobilisées chaque week-end, filtrant les gares et les péages aux portes des grandes villes noyées dans d’épais nuages de lacrymogène, l’emploi de LBD controversés, une surabondance de gardes à vue, des expulsions chahutées de ronds-points, des cahutes démontées, et même des lésions de guerre au dire de certains médecins.

    Résultat: entre le dernier trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, le mouvement a muté. D’une année à l’autre, ce n’étaient plus les mêmes lieux de manifestation, ni les mêmes manifestants, ni les mêmes options politiques. L’extrême gauche - qui regardait jusque-là les gilets jaunes comme l’expression d’un poujadisme honni et attardé - s’est invitée au cœur des défilés. Le cahier de doléances a été capté et détourné. À la demande de reconnaissance de la France périphérique s’est substituée une demande d’assistance qui n’était pas initialement à l’ordre du jour. Jusqu’au RIC, certes central, mais qui a viré à l’assemblée citoyenne avec les habituelles rêveries autogestionnaires du gauchisme. Les «gilets jaunes» demandaient un référendum sur les questions régaliennes, dont les enjeux liés à l’insécurité culturelle, pas sur la piscine municipale. Ils plébiscitaient même, à la différence des jacqueries d’Ancien Régime, le retour de l’État, mais un État qui aurait rempli le contrat hobbesien qui nous lie à lui. Or, il apparaît de plus en plus à beaucoup qu’il ne le remplit plus tant il a cessé d’être protecteur. Les sacrifices fiscaux et les contraintes légales qu’il exige n’ont plus la contrepartie attendue. C’est donc la nature même du pacte politique que les «gilets jaunes» ont remis en cause. D’où la crise, générale, massive, de la représentation, tant politique et syndicale que médiatique. Cette crise de la représentation est si forte qu’elle a eu ironiquement raison des «gilets jaunes»: qui les représente? Question restée en suspens jusqu’à ce jour.

     

    Le philosophe Alain de Benoist a pu dire au début du mouvement que les «gilets jaunes» étaient en mesure d’exercer leur pouvoir destituant, en attendant d’exercer leur pouvoir constituant. Ce pouvoir de révocation, focalisé autour de la personne du Président («Macron démission!»), a échoué en raison même de la structure volatile du mouvement: son horizontalité, son spontanéisme, son inaptitude organique à se structurer, ses micro-rivalités intestines. Le «narcissisme des petites différences», pour parler comme Freud, a triomphé de l’unanimisme initial: dès qu’une tête dépassait, elle était dans la foulée coupée.

    On touche ici les limites de la révolte populaire, observables sur la très longue durée. La vérité, c’est que le peuple ne s’organise pas tout seul, il est organisé. Il ne s’institue pas tout seul, il est institué. Il y a toujours une avant-garde, révolutionnaire ou pas ; une élite, conservatrice ou pas. Que nous disent la vague populiste ou le mouvement des «gilets jaunes»? Que le peuple cherche un bon pasteur, le bon pasteur. Certes il veut choisir son maître, mais il cherche un maître, à l’instar des hystériques selon le psychanalyste Lacan, lequel ajoutait qu’elles ne cherchaient un maître que pour pouvoir le dominer. C’est de cela qu’il s’agit ici. Mais manifestement, les «gilets jaunes» ne l’ont pas trouvé dans les assemblées citoyennes.

    Quid aujourd’hui de la révolte? Il y a toujours des chasubles jaunes au-devant des voitures, mais c’est désormais plus un phénomène de persistance rétinienne. Il y a toujours des gens qui battent le pavé chaque samedi pour maintenir une flamme plus que vacillante, mais le cœur n’y est plus. Post politicum animal triste.

    Il n’empêche: il y a un avant et un après. Les raisons de la colère des «gilets jaunes» n’ont pas disparu dans le grand débat macronien. Elles sont objectives, structurelles, stratégiques. Elles augurent l’ouverture d’un nouveau cycle de révoltes, hors des corps intermédiaires, hors des médiations politiques traditionnelles défaillantes. Le harcèlement des élus et des permanences de la LREM, la grogne paysanne contre le Ceta, la réforme des retraites à venir, une économie structurellement en berne incapable de produire des richesses tangibles (la tertiarisation), les nouvelles vagues migratoires attendues, tout laisse à penser que les braises ne se sont pas éteintes, qu’elles ne demandent qu’à enflammer de nouveau la périphérie, pour peu que cette dernière apprenne de ses erreurs, renouvelle ses modes d’intervention et d’organisation, trouve enfin un débouché politique.

    François Bousquet (Figaro Vox, 14 août 2019)

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  • Le non du peuple

    Les éditions du Cerf viennent de publier un essai de Gabriel Robin et de Benjamin Demeslay intitulé Le non du peuple. Journalistes les deux auteurs publient notamment des articles dans L'Incorrect.

     

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    " Pourquoi la France et l'Europe sont-elles en crise ? Quels antagonismes paraissent aujourd'hui insurmontables ? Comment expliquer la partition sociale et culturelle de notre continent ?
    Pour répondre à ces questions, Gabriel Robin et Benjamin Demeslay racontent et analysent l'histoire de la formation des nations en Occident en identifiant les étapes au cours desquelles les fragmentations au sein des peuples se sont produites : du traité de Westphalie en 1648 à l'avènement de l'Union européenne, en passant par l'éclosion des Lumières au XVIIIe siècle ou encore l'effondrement des empires après la Première Guerre mondiale. Étude historique mais aussi politique, ce livre traite des bouleversements contemporains, comme la fin du clivage gauche-droite, la montée des populismes, la lente disparition de la classe moyenne sous les effets conjoints de la mondialisation et de la globalisation.
    Géopolitique, philosophie, littérature, histoire et même pop culture, voici un ouvrage pour saisir les enjeux du présent à la lumière des événements du passé. "

     

     
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