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islamisme - Page 17

  • Reconquête...

    Les éditions du Lore viennent de publier un roman d'Alcide Gaston intitulé Reconquête. L'auteur, ancien soldat du 2e Régiment étranger de génie ("Rien n'empêche"), reconverti dans l'informatique, connaît, à la fois, bien le terrain et les récentes avancées technologiques...

     

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    " Dans un futur proche qui pourrait être le notre, la France est en proie à toujours plus d’attentats meurtriers, encouragés par des politiques corrompues jusqu’à la moelle.

    C’est alors le déclic pour le narrateur qui, du fond de sa Bretagne charnelle, décide de réagir pour sauver ce qu’il reste de notre civilisation européenne.

    De la création de cellules indépendantes d’action, en passant par l’arrestation de dirigeants de la mouvance nationaliste identitaire, sans oublier d’improbables rencontres, ce roman cru d’anticipation n’est pas sans rappeler les fameux Carnets de Turner et ravira les inconditionnels du genre. "

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  • La mauvaise chute de Tariq al-Capone...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Slobdan Despot consacré à Tariq Ramadan et cueilli dans les n°103 et 104 d'Antipresse, sa lettre d'information, dont la nouvelle formule sera disponible en début d'année 2018. Éditeur et écrivain, Slobodan Despot vient de publier, après Le miel (Gallimard, 2014), un deuxième roman intitulé Le rayon bleu (Gallimard, 2017).

     

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    La mauvaise chute de Tariq al-Capone

    J’ai toujours considéré inélégant de tirer sur l’ambulance. Mais que faire lorsqu’on est en guerre et qu’on se rend compte que l’adversaire utilise les ambulances pour exfiltrer ou relocaliser ses troupes? On l’aura deviné, je parle du panier à salade qui a évacué M. Tariq Ramadan de l’arène des idées pour le transférer sur le terrain du procès de mœurs. Malgré la gravité des accusations qui pèsent sur lui, certains en éprouvent comme une frustration. Comme si Frère Tariq, tel Fantômas, s’était encore une fois tiré d’affaire avec son habileté d’anguille.

    Voici quelques jours, mon ami Christophe Calame publiait sur les réseaux sociaux quelques phrases de journal consacrées à l’affaire. «La formule était cinglante — «Tariq Ramadan est tombé, comme sont tombées Mossoul et Raqqa» — mais hélas incomplète. Tariq Ramadan est tombé comme Mossoul et Raqqa seraient tombées non en tant que bastions de l’État islamique, mais, par exemple, en tant que lupanars (ce qu’elles étaient sans doute aussi, mais collatéralement).

    Loin de moi l’idée de considérer le viol comme une faute collatérale. Je laisse ce mépris aux copains et défenseurs parisiens de M. Strauss-Kahn. Mais Tariq Ramadan est «tombé», tel Al Capone piégé par le fisc, à cause d’un sous-produit de son industrie, et non à cause du «cœur du business» qu’il serait urgent de démonter.

    La focalisation sur le comportement privé du petit-fils de Hassan al-Banna (et petit-neveu du «réformiste libéral» et dissident Gamal al-Banna dont il ne se réclame guère) risque d’escamoter son action publique et la subversion rétrograde qu’il a efficacement contribué à répandre. Bref, ce magistère idéologique (n’allons pas l’appeler spirituel, car on peine à déceler une quelconque spiritualité dans sa rhétorique) qui continue d’intimider une part significative de l’opinion et d’en électriser une autre. Et qui a sans doute efficacement prolongé son impunité sur un chemin parsemé d’abus inaperçus par des yeux qui regardaient ailleurs et de dénonciations non entendues par des oreilles soudain fermées à la détresse féminine. Quand il ne s’agissait de pure et simple indolence, comme celle de Mme Brunschwig-Graf qui, alors ministre de l’instruction publique du canton de Genève, s’était refusée à agir «sur la base de rumeurs» — mais qui ne s’est nullement empressée non plus de faire vérifier lesdites rumeurs. (Fort heureusement, elle allait par la suite devenir présidente de la Commission fédérale contre le racisme, et donc en mesure de sévir contre ceux qui auraient eu l’idée de creuser ces rumeurs et d’en tirer d’abusives conclusions.)

    Des vertus de la présomption d’innocence

    Des mois, voire des années durant, les responsabilités pénales hypothétiques du professeur genevois vont donc occulter ses responsabilités morales établies. Car, en attendant son verdict, M. Ramadan bénéficie de toutes les protections que lui confère l’État de droit, à commencer par la présomption d’innocence que défendront jusqu’à la dernière miette de vraisemblance certains des avocats les plus prestigieux et les plus coûteux du barreau genevois.

    Que Frère Tariq soit condamné ou non au terme du processus n’est même pas si important que ça. On savoure d’ores et déjà l’ironie de l’histoire qui a fait de cet islamiste sophistiqué le héros d’une nouvelle affaire Dreyfus. Les camps sont formés et ne démordront pas de leurs positions. En cas de condamnation, ceux qui ont d’emblée crié au «complot sioniste» n’y verront bien entendu que la confirmation de leur thèse. En France, la polémique entre la tribu Médiapart (pro-TR) et la tribu Charlie Hebdo (anti-TR) a rapidement enflé jusqu’à l’accusation d’appel au meurtre!

    En attendant, plus personne ne songera à s’occuper du message central du gourou.

    Mais quel est-il, au fait? Dans le brouhaha de ces derniers jours, on l’a complètement perdu de vue. Pour peu qu’on ait jamais eu envie de le voir, de le décomposer et de le résumer. Ce travail-là eût été une affaire d’intellectuels et d’universitaires — en particulier lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un intellectuel particulièrement bien verni. Mais les intellectuels du domaine francophone semblent fort réticents à croiser le fer avec Frère Tariq. Ils préfèrent laisser cette périlleuse besogne à des politiques bien moins outillés pour cela. Quand ils ne pétitionnent pas en sa faveur.

    Petite parenthèse: de l’impunité des «grands intellectuels»

    La levée de boucliers en faveur de Frère Tariq est à l’opposé diamétral du lynchage public de Harvey Weinstein, alors que les deux étaient accusés, à peu près, des mêmes forfaits. C’est que l’un est un «grand intellectuel» dénoncé par des femmes sans éclat tandis que l’autre n’est qu’un jouisseur et un faiseur de fric accusé par des stars. Et peu importe si l’intellectuel ne laisse qu’un sillage de brumes et de louvoiements alors que le jouisseur, tout poisseux qu’il est, a produit certains des meilleurs films de ces dernières décennies.

    C’est étrange, chez les intellos, ce besoin de se décerner des alibis, aurait observé Michel Audiard. On songe à la vague de compassion dont a bénéficié parmi ses pairs cet autre enfumeur de haut vol, le philosophe marxiste Louis Althusser, lorsqu’il étrangla sa femme. Ce crime sordide, qui n’aurait valu à un homme ordinaire que honte et répudiation publique, a fait d’Althusser un mythe, surtout parmi ceux qui ne l’avaient jamais lu. Le médiocre rimailleur Cantat, en orchestrant son come-back, s’est sans doute cru lui aussi membre de la caste des druides lévitant au-dessus de la loi commune. Mais il s’est pris les pieds dans le tapis: il n’avait pas pondu suffisamment de théories obscures pour que le meurtre sauvage de Marie Trintignant lui soit tout à fait pardonné.

    Coincer l’escobar

    Mais revenons au message central de Frère Tariq, à son rôle dans le dispositif. Il n’est jamais aisé de cerner la tactique d’un jésuite: nos amis catholiques en savent quelque chose avec leur dernier pape (et le premier issu de la Compagnie de Jésus). Or Frère Tariq est, par son habileté rhétorique et ses procédés, l’autre grand jésuite qu’il nous reste. Il mérite même, stricto sensu, l’appellation d’escobar, ce substantif que nous a légué Blaise Pascal en exposant dans ses Provinciales l’hypocrisie du pompeux jésuite espagnol Antonio Escobar y Mendoza (1589-1669).

    «ESCOBAR, subst. masc. — Personnage hypocrite, sachant utiliser d'adroits subterfuges pour arriver à ses fins ou les justifier.»

    Nous n’avons plus hélas de logiciens suffisamment lucides et déterminés pour disperser comme un Pascal la jésuiterie orchestrée par Tariq Ramadan et son entourage de frères musulmans. Nous n’avons même plus, du reste (et c’est plus grave), suffisamment de foi en la logique. Il nous faut nous débrouiller tout seuls avec nos modestes moyens intellectuels et notre aversion pour l’esbroufe, cet instinct précieux que toute notre éducation supérieure s’emploie à endormir.

    En pareil cas, le mieux est de ramener le cas à ses éléments fondamentaux. Quelles sont les fins de Tariq Ramadan? Rendre l’ordre social et politique de l’islam légitime en Europe — et bien entendu légal dans un deuxième temps. Et ses adroits subterfuges? Essentiellement, le double langage, «la duplicité des polémistes jésuites, qui usent de deux poids et deux mesures selon qu’ils ont affaire à leurs amis ou à leurs ennemis».

    Il n’est qu’à comparer la dissonance entre les propos tenus par Frère Tariq à l’attention de sa clientèle européenne et ceux qu’il réserve au «B2B», à sa communication intraislamique. D’autres l’ont relevée, il suffit de prendre la peine de lire.

    Pour amadouer son public infidèle et le convaincre de la compatibilité de l’ordre politique islamique avec l’état de droit européen, Ramadan convoque une vaste et superficielle bibliographie de philosophes occidentaux, mais en évitant soigneusement de mettre en question ses propres dogmes fondamentaux. Il insinue, sous-entend, calomnie (au sens pascalien). Détail hautement significatif: le retour perpétuel de la phrase «vous me faites dire ce que je n’ai pas dit» — due sans doute à la malveillance de ses détracteurs, mais également à la cautèle dont il entoure ses propres positions.

    Pour lever cette brume, pourtant, il y a un procédé simple: mettre le maçon au pied du mur. Lui demander, par exemple, de préciser si le meurtre pour Dieu demeure toujours plus halal que le meurtre par emportement, comme il l’illustre dans un livre de 1995, faisant passer avec art la violence djihadiste pour une non-violence «théologique».

    Plus concrètement encore, insister pour obtenir du rhéteur une condamnation sans équivoque (par oui ou par non) de la lapidation des femmes, en tant que symbole des pratiques les plus incompatibles qu’on puisse imaginer avec un ordre social moderne. C’est cette condamnation fondamentale qu’aucun adversaire de Ramadan n’a jamais pu obtenir. Tout juste a-t-il concédé l’idée d’un «moratoire» sur les châtiments corporels — et l’a traduite par un appel monocorde conçu pour ne pas être entendu là où il aurait dû l’être.

    Imagine-t-on un responsable politique européen, un intellectuel, un prof par surcroît, proposer un «moratoire» (et non un rejet net et absolu) sur les pratiques pédophiles?

    Il est étrange que tous ses interlocuteurs aient passé outre cette hypocrisie fondamentale sans jamais lui opposer la politique de la chaise vide. Une femme lapidable, pourtant (avant ou après le fameux «moratoire»), est par excellence aussi une femme violable. L’argument a étrangement échappé aux féministes indignées, qui ont préféré dénoncer la «culture du viol» qui serait la marque de «l’homme» en général, plutôt que la signature du prédicateur moraliste en particulier, quelle que soit sa religion.

    Dans le monde dit musulman, heureusement, tout le monde n’a pas cette myopie de dindes et d’autruches. Certain.e.s ont très clairement établi le rapport entre un comportement et l’idéologie qui le sous-tend. A commencer par les victimes elles-mêmes.

    Comme on pouvait s’y attendre, la déchéance de l’islamiste le plus présentable dans les salons et les auditoires a encore donné lieu à des exercices comiques de contorsion bien-pensante. D’accord, il a agressé des femmes (à moins que ce soit un «complot sioniste», qui sait?), mais enfin, quel homme ne l’a pas fait — ou pas eu envie de le faire? Toutes les sociétés sont phallocratiques, clament les puritain.e.s islamogauchistes, toutes reposent sur une «culture du viol», réel ou symbolique, et T. R. n’est que le dernier arrivé dans un club d’abuseurs qui accueille déjà du beau linge: éminents producteurs et réalisateurs de cinéma, journalistes, etc.

    La condition d’entrée au Rape club est simple: il suffit d’être adulte et de sexe masculin. Tout homme, tôt ou tard, finira par frapper à la porte…

    Par cette vaste généralisation, on détourne les regards de ce qui est le véritable éléphant dans la pièce. Et si l’on focalisait un peu? Si, en dehors de l’appartenance sexuelle, on se penchait aussi sur l’idéologie ouvertement professée par cet abuseur à répétition présumé?

    Une fable édifiante

    Revenons pour commencer sur une leçon parcourue un peu trop vite. Je mentionnais la semaine dernière un ouvrage que Frère Tariq avait publié au Liban en 1995. On y lisait un exemple édifiant tiré de la vie d’Ali. Au moment d’achever un ennemi vaincu qui lui avait craché au visage, le guerrier avait rengainé son épée et laissé vivre l’homme terrassé. Devant les récriminations outrées de ses très humanistes compagnons d’armes, Ali leur explique: «Il m’a craché au visage et j’ai craint de le tuer par colère vis-à-vis de ma propre personne et non pour Dieu.»

    Cet épisode, selon Frère Tariq, «permet de mesurer combien les premiers compagnons du Prophète (bsl) étaient proches de Dieu et l’aimaient de tout leur être». Car il permet de répondre à une question capitale: «Est-ce parce qu’on nous insulte personnellement qu’on réagit ou est-ce l’exigence de justice et de dignité devant Dieu qui est notre moteur?»

    Ainsi donc, en se bornant à rappeler un exemple canonique, notre escobar en arrive sans se mouiller personnellement (l’esquive étant sa grande spécialité) à justifier la violence djihadiste. Car ce conte moral est évidemment destiné à être lu à rebours. Ce qu’il n’est pas permis de faire à cause de nos sentiments propres, il est permis de le faire au nom de la «dignité» de Dieu. Tuer l’ennemi à terre n’était pas un problème pour Ali: c’était de le tuer pour soi-même et non en tant qu’offrande à Allah. Or de la permission à l’injonction, il n’est qu’un pas.

    Les récits abondent sur la placidité des djihadistes qui, lors des attentats, poignardent ou fusillent des femmes et des enfants sans haine particulière, juste parce que leur sang serait censé satisfaire la justice d’Allah. C’est pas pour eux, c’est pour Dieu. Ça change tout! Et l’on ne manque pas non plus de témoignages de proches sur le calme, la douceur, voire la gentillesse de tant de jeunes gens qui viennent d’accomplir d’épouvantables carnages avant de se détruire à leur tour. «On ne comprend pas! Un garçon si sympa, si ordinaire…»

    Bien sûr qu’on ne comprend pas. Puisqu’on ne lit pas ce qui est écrit en toutes lettres…

    «Le moment est crucial», note Frère Tariq. Serait-il suffisamment crucial, chez les partisans de cette lecture-là de l’islam, pour qu’on puisse étendre cette éthique de la violence admise à d’autres domaines que la razzia et la guerre? Par exemple, aux rapports avec les femmes?

    La vie, c’est le Mal

    Il ne me semble ni abusif ni original de relever que l’islam traditionnel a un problème avec les femmes. Le christianisme aussi, du reste, à ce détail près que le modèle de société qu’il a fondé a passé son temps, ces deux ou trois derniers siècles, à repousser les ténèbres du puritanisme. Sans oublier cet autre détail que le puritanisme est combattu en tout premier lieu par le Christ lui-même, ami des prostituées et ennemi juré des scribes, des pharisiens et des formalistes de tout poil, qu’il traite joliment de «sépulcres blanchis».

    Vassili Rozanov, l’un des plus audacieux penseurs chrétiens, a consacré des pages troublantes à cette étrange dérive d’une parole de vie et de lumière vers une idéologie de la stérilité et de la noirceur à mesure que le christianisme s’officialisait. Les hommes de la clarté lunaire sont-ils encore évangéliques, se demande-t-il. Ou ne seraient-ils pas retombés — enchaînons-nous — dans les dérives manichéennes que le christianisme des origines a justement combattues? De la Perse ancienne jusqu’aux gnostiques, des gnostiques aux délires écolo-gauchistes et véganes, la haine des cathares (des purs, en grec) pour le joyeux bordel, la bransloire perenne (selon Montaigne) qu’est ce monde peuplé d’humains mal torchés est une objection constante à l’insouciance coupable où nous nous vautrons depuis la nuit des temps. Quel baume au cœur des rabat-joie et des frustrés de tout genre que de pouvoir déclarer le monde entier bon à brûler parce qu’ils n’y ont pas trouvé leur juste place! Quel alibi pour les révolutionnaires, les inquisiteurs et les tartuffes que de pouvoir régler leurs comptes avec de moins ratés qu’eux au nom d’une raison supérieure liée à la malignité de la vie elle-même. Or qu’est-ce qui perpétue cette vie mal embouchée sur terre, sinon la fertilité de la femme?

    Un certain islam, ainsi, a décidé de mettre des barrières entre les hommes innocents et leurs éternelles tentatrices. Il faut être ouest-européen et n’avoir eu avec l’islam que des rapports expéditifs de colon à colonisé pour accorder foi aux fables selon lesquelles les voiles plus ou moins intégraux «protégeraient» les femmes et témoigneraient du «respect» qu’on leur porte. Cela serait-il vrai, du reste, qu’il faudrait s’interroger sur l’incapacité de ladite idéologie à juguler les pulsions bestiales du mâle autrement qu’en supprimant l’objet de leur concupiscence.

    Dans les sociétés qui ont une pratique plus longue et plus quotidienne de cette idéologie, comme l’Inde, la Russie, la Grèce ou la Chine, on se berce d’un peu moins d’illusions. C’est pourquoi, dans lesdites sociétés, tout «dialogue» avec les repose avant tout sur un rapport de forces. Sans rapport de forces, point de dialogue car la soumission, dans son concept même, l’exclut.

    La leçon oubliée de Cologne

    Ainsi en va-t-il aussi, du reste, dans les sociétés arabo-musulmanes elles-mêmes lorsqu’elles essaient de prendre part à la modernité (et que nos donneurs de leçons ne les renvoient pas à coups de bombes ou de révolutions montées à leurs coutumes régressives). C’est qu’on y est un peu informé du problème. C’est pourquoi la pratique et la prédication de l’islam sont sévèrement encadrées par l’Etat dans tous les pays musulmans, alors qu’en Suisse ou en Grande-Bretagne les prédicateurs fondamentalistes et leurs sponsors du Golfe persique ont pratiquement carte blanche. Ce n’est que dans un tel cadre qu’un tartuffe fondamentaliste peut sévir dans la plus parfaite impunité des années durant.

    On aurait pu croire que la vague migratoire de ces dernières années finirait par mettre au parfum nos oies blanches. Nous en sommes encore loin, alors même que les agressions de Cologne nous ont donné un aperçu grandeur nature des défis qui attendent les femmes en Europe, et qui sont d’une tout autre nature que l’«outrage sexiste verbalisable» que M. Macron a soudain décidé de réprimer avec la dernière énergie.

    Au lendemain de ce gang-bang en place publique, j’ai raconté (Antipresse n° 7, 17.1.2016) comment mon salon de coiffure «hommes» (mais tenu par des dames) à Belgrade avait soudain été envahi par de petits groupes, certes très candides, de jeunes réfugiés syriens:

     «La coiffeuse n’en revenait pas:

     — Pourquoi nous ? Il y a tant de salons tenus par des hommes, en ville…

     Pour ma part, c’était justement la raison. Les jeunes réfugiés venaient là moins pour se faire couper les cheveux que pour se faire frôler par des femmes. Combien d’entre eux avaient été touchés au corps par une femme autre que leur mère ? Ils arrivaient rarement de Damas, plus souvent de campagnes reculées. La visite dans ce salon de coiffure était pour eux une expérience érotique avouable.»

    A la suite des mêmes événements, l’écrivain algérien Kamel Daoud livrait, dans une tribune du Monde, une analyse beaucoup plus incisive du conflit entre l’islam et la femme:

     «Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux: la vie.

     C’est une conviction partagée qui devient très visible chez l’islamiste par exemple. L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme.»

    La pilule de désinhibition

    Kamel Daoud est sans doute un libre penseur, un hérétique. Mais ce qu’il dit entre si bien en résonance avec l’exemple du prophète Ali, loué par le bon Tariq. Tuer ou violer pour ses passions (donc pour la vie), c’est haram. Tuer ou violer pour Dieu, c’est halal. Pour se mettre en règle avec Dieu, il suffit de donner à ses pulsions une justification théologale. Une pilule de désinhibition dont les mécréants, les athées et les libertins ne disposent pas — et doivent du coup la remplacer par la drogue ou l’alcool.

    Henda Ayari, la première femme qui a porté plainte contre Tariq Ramadan pour viol, résume l’attitude de son agresseur présumé par une maxime qui claque comme un fouet: «soit vous êtes voilée, soit vous êtes violée». Si une femme est violée parce qu’elle était dévoilée, le viol n’avait pas pour «moteur» la satisfaction des basses pulsions de l’homme (qui est tout de même du châtiment l’arme nécessaire), mais «l’exigence de justice et de dignité devant Dieu».

    Encore une fois, le cas n’est pas jugé, et nous n’irons pas plus loin dans la spéculation. Après tout, la possibilité que Frère Tariq soit victime de dénonciations calomnieuses voire d’un «complot sioniste» n’est pas à exclure tout à fait.

    Sans enfreindre sa présomption d’innocence, on pourrait tout de même lui poser cette simple question à la fois théologique et pratique: sur les 72 vierges qui constituent la récompense des bienheureux dans l’au-delà, combien sont consentantes? Un bon théologien devrait pouvoir répondre sans peine.

    Slobodan Despot (Antipresse n°103 et 104, 19 et 26 novembre 2017)

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  • Liberté et sécurité face au défi migratoire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur Polémia et consacré au grave problème de sécurité que constitue la présence massive d'immigrés sur le sol de notre pays... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a récemment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014), L'Homme défiguré (Apopsix, 2014) et L'homme héroïque (Apopsix, 2017).

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    Liberté et sécurité face au défi migratoire : le contrôle de la population

    En France, c’est un tabou de vouloir faire un lien entre l’immigration et le terrorisme. Pourtant, il est évident jusqu’à présent qu’il n’y a pas d’attentats terroristes dans les pays sans immigration musulmane comme la Pologne ou la Tchéquie. Il n’y a pas eu jusqu’à présent d’attentats islamistes à Prague ou à Varsovie !

    Mao-Tsé-Toung, l’ancien révolutionnaire et chef de la Chine communiste, l’a dit : le bon révolutionnaire ne peut être efficace que s’il vit dans le prolétariat comme le poisson dans l’eau. Il en est exactement de même des terroristes qui se réclament de l’islamisme révolutionnaire. Que ferait un terroriste islamiste à Varsovie entouré de Polonais catholiques ? Les terroristes ne sont pas, sauf exceptions rarissimes, des « loups solitaires ». Ils vivent en réseaux et c’est bien plus facile depuis l’avènement de l’informatique. Ils trouvent sur Internet des sources d’inspiration et des conseils pour mener des actions meurtrières.

    Il n’y a pas « les méchants terroristes » qui sont des tueurs et « les gentils musulmans » qui seraient pacifistes. Il y a toute une gradation entre le terroriste actif et le musulman indifférent. Il y a cinq cercles concentriques :

    – Au milieu, les terroristes prêts à tuer, quelques milliers de personnes en France qu’il faut surveiller de près ;

    – Puis il y a un deuxième cercle, celui de gens qui ne tueront jamais mais qui adhèrent aux idées révolutionnaires islamistes et qui sont prêts à fournir une aide logistique : prêter une voiture, un appartement, par exemple ;

    – Puis il y a le troisième cercle, celui de ceux qui approuvent l’idéologie des islamistes révolutionnaires mais qui ne mèneront aucune action en leur faveur. Cela peut faire des millions de personnes. C’est toutefois dans ce cercle infecté idéologiquement que peuvent apparaître de jeunes djihadistes nouveaux ;

    – Il y a ensuite le cercle des vrais indifférents, encore quelques millions sur les 7 millions de musulmans résidant en France ;

    – Enfin, il y a ceux qui sont ouvertement hostiles aux islamistes et aux attentats. Ils ne sont pas si nombreux que cela car beaucoup ont peur.

    On voit que le problème n’est pas seulement celui des terroristes actifs. Il faut surveiller des populations beaucoup plus nombreuses, peut-être des millions de personnes et c’est très difficile.

    L’Académie des sciences de Russie, avec son Institut d‘Orient, appelle notre attention sur ce qu’elle nomme des « califats localisés ». Il s’agit de quartiers de grandes villes où se concentrent des musulmans dont beaucoup sont des immigrés clandestins. Ils ne sont nullement recensés de façon exhaustive et ne tolèrent guère d’autres populations de religion ou d’ethnie différente. En France, des enquêtes ont été faites sur la persécution sournoise des juifs dans ces quartiers, si bien que certains veulent émigrer, vers des quartiers moins « toxiques » voire hors de France (voy. par exemple l’enquête de Stéphane Kovacs intitulée « Ces juifs apeurés qui déménagent pour fuir l’antisémitisme » dans le journal Le Figaro du 25 octobre 2017, page 8).

    Dans ces banlieues déstructurées mono-ethniques des imams peuvent prêcher la haine et former la jeunesse à détester l’Occident. Il faut empêcher les musulmans de s’intégrer à la société mécréante et les inciter à rejoindre les guerriers du djihad. Il y a bien longtemps que la police n’est plus présente dans ces « zones de non-droit » dont l’Etat français nie l’existence.

    Ces quartiers abandonnés par l’Etat ne le sont pas pour tout le monde. Apparemment, la mise en place d’un petit « califat délocalisé » se caractérise par une baisse de la criminalité et de la délinquance. Les autorités islamistes de fait décident si le trafic de drogue doit ou non s’arrêter. Ils sont plus efficaces que les assistantes sociales. Un jeune sans repères qui devient islamiste peut en effet adopter un comportement correct et renoncer à la délinquance. Mais ce calme sur le front de la criminalité est trompeur. Il n’empêche pas les accumulations secrètes d’armes et d’explosifs. On prépare les attentats du futur. Le paradoxe est que dans les démocraties occidentales (sauf la Suisse ou les États-Unis), la population est totalement désarmée sauf pour les islamistes ! La législation sur le port d’armes est ridiculisée. Le coordinateur antiterroriste près du président de la République, le préfet Bousquet de Florian, a cité le cas d’un terroriste arrêté aux Champs-Élysées à Paris qui avait obtenu six autorisations de port d’armes de différentes préfectures, et pourtant il était fiché « S » sur le fichier des suspects dans les services antiterroristes.

    Il y a des exceptions à cette situation notamment en Suisse et en Norvège où toute personne doit être enregistrée avec son adresse dans les fichiers de la police. Un de mes amis français est allé un jour à Genève en Suisse chez des amis helvétiques. Les amis partirent faire des courses et il resta seul dans l’appartement. On sonne à la porte. Il ouvre et se trouve face à deux gendarmes suisses qui lui disent : « Qu’est-ce que vous faites là ? » Il répond qu’il est venu passer le week-end chez des amis suisses qui ont cet appartement. On lui répond : Ils ont commis une faute ; ils devaient venir vous enregistrer dans nos bureaux. Le Français était étonné. « Mais alors comment savez-vous que je suis là ? » dit-il. Réponse des gendarmes : les voisins ! En Suisse, qui est indiscutablement une démocratie, il est normal de dénoncer une personne inconnue dans l’immeuble ! Dans une telle société, il est difficile de constituer des quartiers entiers avec des personnes inconnues. Le contrôle des populations pour assurer la liberté et la sécurité est assuré.

    Les Russes s’inquiètent de notre sécurité pour les années à venir. L’Arabie saoudite et le Qatar financent des mosquées et des tribunaux de la charia. Ces derniers concurrencent la justice de l’État. L’éducation des jeunes, les cours de Coran, l’arbitrage des conflits se font au sein d’enclaves géographiques où l’autorité de fait est détenue par l’imam. L’autorité musulmane locale organise les barrières mentales entre « sa » population et le reste du pays. Tout cela s’opère dans le cadre des lois et libertés garanties par les constitutions démocratiques interprétées selon l’idéologie des « droits de l’homme ».

    C’est pourquoi, déclarer verbalement la guerre aux terroristes comme le font les gouvernements occidentaux n’a guère d’effets dès lors que des territoires entiers, les califats délocalisés, prospèrent sous leurs institutions et que la police ne peut plus pénétrer sur les territoires concernés. Ces califats sont des noyaux d’enracinement pour les terroristes à venir et doivent être combattus comme tels et non tolérés par des pouvoirs publics inconscients.

    Cela passe par la répression des activités délictuelles (propagation de la haine, accumulation d’armes, etc…) mais aussi par la lutte contre l’immigration clandestine et l’organisation du retour des immigrés clandestins.

    Ivan Blot (Polémia, 20 novembre 2017)

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  • Les snipers de la semaine... (152)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur les Orwelliens, Guillaume Bigot et Bérénice Levet allument les féministes hystériques qui veulent américaniser les rapports hommes-femmes...

    La France de Rostand n’est pas celle de Weinstein

    https://comiteorwell.net/2017/10/20/la-france-de-rostand-nest-pas-celle-de-weinstein/

    - sur Hashtable, H16 dézingue l'impuissance publique face aux prières de rue...

    Prières de rue, code de la route. Courage, fuyons.

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  • Feu sur la désinformation... (162)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un nouveau numéro de l'émission I-Média sur TV libertés, consacrée au décryptage des médias et dirigée par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia, avec le concours d'Hervé Grandchamp.

    Au sommaire :

    • 1 : Clichy : ici c'est l'islam !
      Prières de rues à Clichy, les élus manifestent contre l’occupation illégale de l’espace public. 8 mois que la situation perdure, les médias se réveillent enfin et prennent la défense des musulmans. La prière du vendredi aurait été « perturbée » par les élus.
    • 2 : Le Zapping d’I-Média
      Pour Jade Lindgaard, l’islamisme n’est pas grave. Dans l’émission « C l’hebdo » sur France 5, samedi 11 novembre, le journaliste de Médiapart a déclaré « l’islamisme en tant que tel, n’est pas, en soi, une chose grave. L’islamisme est un phénomène qu’il faut comprendre et expliquer ». Une pensée qui devrait plaire aux journalistes de Charlie Hebdo, actuellement en conflit avec Médiapart. Les familles des 12 victimes de janvier 2015 seront ravis d’entendre que l’islamisme en tant que tel n’est pas grave.

    • 3 : Audience radio : Médiamétrie juge et partie
      Médiamétrie diffuse les audiences des radios pour l’année 2016-2017. C’est la douche froide pour Europe 1 qui perd 10% d’auditeurs en 1 an. Mais qui est Médiamétrie ? Par qui est-il tenu ? Comment fait-il ses sondages ?
    • 4 : Les tweets de la semaine
      La presse tenue par les publicitaires : Bernard Arnault propriétaire de LVMH sanctionne le journal Le Monde après les révélations dans le cadre de l’affaire Paradise Paper. Une perte de 600 000 euros pour le journal.
    • 5 : Pologne : Tout le monde il est « nazi » !
      Marche de l’indépendance à Varsovie, 60 000 polonais ont défilé pour commémorer l’indépendance du pays. Pour les médias, les faits sont simples : 60 000 nazis ont manifesté le 11 novembre. C’est le bobard par amalgame.

     

                                     

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  • Les terroristes sont-ils des fous ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du psychiatre Yann Andrétuan, cueilli sur Figaro Vox et consacré à la question de la psychiatrisation du terrorisme...

     

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    Réflexions sur la psychiatrisation du terrorisme

     

    Depuis la vague d'attentats qui touche l'ensemble de l'Europe, des politiques, des experts s'interrogent sur la santé mentale de leurs auteurs et affirment parfois qu'ils souffrent de désordres mentaux. L'effroi causé par les actes terroristes, la froideur avec lesquels ils sont commis sont tels qu'ils ne pourraient être commis que par des fous.

    La psychiatrie et la psychologie se trouvent encore une fois convoquées, alors qu'elles ne disaient rien à expliquer cette folie et à la guérir. Michel Foucault dans son ouvrage majeur La folie à l'âge classique affirmait que: l'âme des fous n'est pas folle. Y a-t-il dans les actes commis par les djihadistes une trace de folie qui permet de les renvoyer vers un «psy» plutôt qu'un magistrat?

    Je suis psychiatre et je ne crois pas que le terrorisme soit une folie au sens psychopathologique du terme.

    Folie et violence

    La folie ça n'existe pas, en tout cas au singulier. Nous autres psychiatres ou psychologues nous nous permettons parfois d'utiliser ce mot pour signifier le caractère exceptionnel de la clinique de certains de nos patients. Il faudrait parler des folies et encore cela n'est pas très satisfaisant car la folie c'est comme le cancer: les profanes y voient une maladie unique alors que pour les spécialistes il s'agit d'un concept valise qui permet de résumer une réalité bien plus complexe.

    Certains délireront toute leur vie, persuadés des plus extraordinaires théories et sans jamais consulter un psychiatre alors qu'un patient phobique, le plus rationnel qui soit et reconnaissant lui-même le caractère absurde de ses symptômes sera terriblement handicapé. Le domaine de la psychiatrie recouvre des réalités complexes et les patients vivent tous différemment leurs symptômes, certains en souffrent et d'autres pas du tout.

    Les malades mentaux sont-ils plus violents? Des faits divers ont ému l'opinion par la violence du geste commis par certains d'entre eux. Ainsi en 2004, des infirmières d'un centre hospitalier spécialisé furent décapitées. Un homme souffrant d'hallucinations a poussé quelqu'un sous les rails du métro. On pourrait multiplier les exemples et finalement donner l'impression que l'essentiel des crimes est commis par des sujets souffrant de troubles mentaux.

    Une étude menée dans les années 90 a montré que la probabilité d'être agressé par un individu ayant consulté un psychiatre est dix fois moins élevée que de l'être par quelqu'un sans antécédent. Les services de psychiatrie peuvent être bruyants mais rarement violent.

    J'ai exercé pendant 12 ans dans des services de psychiatrie dans divers hôpitaux, certes ouverts, mais je n'ai jamais attaché un patient.

    J'ai été agressé une seule fois par une patiente de 90 ans démente.

    L'unique fois où des personnels de l'équipe ont été agressés physiquement a été par un patient que nous connaissions peut-être trop bien et chez qui nous n'avions pas su reconnaître les signaux de dangerosité, la surprise majorant la violence du geste.

    Il ne faut pas dénier le caractère parfois imprévisible d'éruption de la violence chez certains patients mais cela reste rare.

    Un argument d'apparence plus raisonnable est d'affirmer que les malades mentaux seraient plus vulnérables aux conditionnements idéologiques. Il serait plus facile d'embrigader un fou qu'une personne saine. On surestime sans doute la raison. Des personnes très raisonnables font confiance à leur horoscope et trouveront toutes les raisons pour y croire et d'agir en fonction d'une prédiction.

    Certains individus trouveront une cause qui donnera du sens à leur délire ou à leur psychopathie, c'est un fait mais combien? Il ne faut pas craindre une épidémie de terroristes potentiels dans les services de psychiatrie. La folie est difficile à embrigader.

    Les armées ont toujours écarté les candidats à l'engagement souffrant de troubles mentaux les jugeant incontrôlables. Les Anglais quand ils ont fondé les premiers commandos ont imaginé recruter des sociopathes pour leur absence de résistance à tuer. Ce fut un échec. Ils sont alors allés chercher des hommes, diplômés et souvent issus de la bonne société anglaise, ne présentant pas de troubles psychiatriques mais au profil atypique.

    Il faut se méfier de la tendance à vouloir «naturaliser» les comportements c'est-à-dire à leur chercher une vérité biologique ou scientifique. A notre époque affirmer qu'un produit, un comportement est naturel lui donne d'emblée une légitimité. Les débats autour du mariage pour tous en sont une bonne illustration. Les opposants au projet de loi se sont servis d'arguments biologiques pour montrer la primauté de l'hétérosexualité dans la reproduction, quand les pour ont utilisé des exemples du monde animal pour affirmer l'universalité de l'homosexualité. Mais l'être humain n'est ni un bonobo, ni un macaque même en invoquant un lointain cousinage.

    En naturalisant le problème du terrorisme, on évacue sa dimension politique. On ne peut être en guerre contre des fous, le progrès finira bien par absorber ces fauteurs de troubles grâce à la toute-puissance de la Science! Mais c'est penser la Science comme une forme de maîtrise plutôt qu'un mode particulier de connaissance du monde. Dans ce processus de naturalisation la Science (qui n'existe pas au même titre que la folie) doit non seulement expliquer (ce qui est sa fonction première) mais aussi agir (ce qui est la fonction des ingénieurs).

    Un crime dans la tête

    Le lavage de cerveau permettrait de modifier le comportement d'un individu même à son insu. Très populaire dans les années 50 et 60, cette explication permettrait d'expliquer comment des groupes, des organisations peuvent influencer des individus.

    La psychiatrie soviétique est allée plus loin dans cette logique. Pas besoin d'une action de l'adversaire pour expliquer que certains citoyens puissent s'opposer activement au gouvernement. L'Union soviétique est une société parfaite. Si on s'y oppose ce ne peut être que du fait de la folie. Le syllogisme est imparable et conduisit de nombreux dissidents à être hospitalisé .

    Ce qui compte en désignant les terroristes soit comme des victimes soit comme des fous, n'est pas l'explication de leurs actes mais la conséquence de ces conclusions: on peut les guérir de leur égarement. Somme toute, si on peut convaincre une victime de secte d'abandonner celle-ci, alors la même opération est possible avec un terroriste.

    On pourrait donc «déradicaliser» des candidats terroristes par des techniques psychologiques, en inversant en quelque sorte le processus de conditionnement, et ainsi les transformer en bon citoyen. C'est en tout cas ce qu'on promit en 2015 certaines associations…

    Soit.

    Peut-on pour autant comparer la préparation idéologique par la propagande dont l'EI est passé maître à un conditionnement mental? Al Qaïda a toujours combattu l'idée que ces hommes étaient irresponsables ou l'objet d'un complot.

    Mais au-delà de ces questions du conditionnement, c'est faire aussi peu de cas de ce qui semble motiver ces jeunes hommes: la foi. Car à vouloir absolument ne pas stigmatiser une religion, on oublie ce moteur, puissant des fanatiques de tous bords (religieux ou non). Cela ne veut pas dire que tous les croyants sont des fanatiques mais tous les fanatiques ont une foi tel qu'elle leur permet de diviser le monde en deux: ceux qui l'ont et ceux qui ne l'ont pas.

    La foi n'est pas un objet de la psychiatrie. Elle peut intéresser le psychologue ou l'anthropologue mais assez peu le psychiatre. Elle l'intéresse par rapport au délire. Comment faire la différence entre la foi et un délire d'autant plus que certains thèmes délirants ont toutes les apparences du mysticisme.

    Jaspers apporte une réponse, à mon sens pas totalement satisfaisante qui est celle de l'incorrigibilité. Le délire n'est pas corrigible et il ne relèverait pas d'un processus de construction et d'élaboration au contraire de la foi. Il est vrai que le délire, chez certains relève d'une illumination, d'une évidence qui éclaire d'un coup le monde.

    La différence entre la foi et une idée délirante est donc ténue et nous devons faire appel dans certains diagnostics à d'autres critères (symptômes associés, biographie). Georges Devereux a par ailleurs montré de façon magistrale comment considéré ce qui est de l'ordre du psychique et du culturel dans La psychanalyse des Indiens de la plaine. Pour lui, le pathologique apparaît dans le recours à la culture de l'homme blanc c'est-à-dire la psychiatrie.

    Admettons que l'on puisse déconditionner quelqu'un de sa foi, de ces convictions profondes. L'abîme qui s'ouvre est à la fois vertigineux et terrifiant.

    Si nous avons la possibilité de modifier les convictions profondes d'un individu au nom de la sûreté de la société pourquoi ne pas le faire au nom de la norme? Aux USA des programmes de reconditionnement prétendent modifier l'orientation sexuelle en «transformant» des homosexuels en hétérosexuels. On pourrait aussi imaginer modifier l'opinion de ceux opposés au progrès pour la simple raison qu'ils sont rétrogrades.

    Finalement notre société ressemblerait à l'Union soviétique où la norme serait une tyrannie. Nous n'en sommes pas loin quand on songe que certaines universités américaines prévoient des lieux où les minorités se retrouvent entre elle et où tous débats sont évités…

    Terrorisme mémétique

    Ce qu'il y a de nouveaux dans ce que nos sociétés affrontent, est que le terrorisme devient une affaire de profane (sic). Il n'y a plus besoin pour être terroriste d'avoir fait le voyage jusqu'à Moscou ou Damas (époque Guerre Froide) et être allé dans un camp d'entraînement. L'idée suffit.

    Richard Dawkins est un biologiste évolutionniste connu pour avoir développé la théorie du gène égoïste. Cette théorie l'a conduit à élaborer celle des mêmes. Selon le scientifique anglais, les idées sont comme les gènes: elles cherchent à se répliquer.

    Une idée (concept, symbole, croyance…) va donc chercher à se reproduire dans le plus grand nombre d'esprits possible et la conscience humaine représente l'écosystème parfait. Il fonde le néologisme même à partir du mot gène et du latin mens, l'esprit pour désigner ces idées. Pour Dawkins, la religion est l'un des mêmes les plus puissants.

    Les idées pourraient se reproduire comme des virus et rentrer en compétition pour le contrôle d'un même écosystème: notre esprit. La théorie des mêmes a connu peu de succès en France d'abord parce qu'elle soulève des problèmes épistémologiques importants.

    Néanmoins il faut reconnaître que certains concepts possèdent des pouvoirs d'attraction importants comme une histoire drôle qui se diffuse ou une rumeur ou encore certaines expressions. Penser des idées comme des virus permet, en restant très prudent d'imaginer comment elles se diffusent.

    Les sujets souffrant de pathologie mentale sont-ils plus vulnérables à la propagande d'un groupe terroriste. En d'autres termes sont-ils de bons terrains aux mêmes?

    La question est complexe et plusieurs fois soulevée, dans d'autres contextes certes.

    Par exemple au XVIIème siècle les confesseurs s'inquiétaient de l'influence des romans sur l'esprit des jeunes filles. L'Europe du XIXème a imputé au Jeune Werther de Goethe l'épidémie de suicide qui toucha la jeunesse. Plus près de nous, l'opinion a vu dans les dessins japonais un danger pour les jeunes esprits. On cherche dans la génération des quadras en quoi Goldorak a provoqué une épidémie de violence.

    Néanmoins persiste l'idée que certains concepts peuvent avoir au minimum une influence néfaste sur des esprits malléables ou vulnérables. Le problème est d'identifier la vulnérabilité d'un esprit. Il y a des profils de personnalités qui peuvent adhérer et faire de très bons fanatiques. La paranoïa est une structure qui peut entraîner une adhésion sans réserve à une cause. Pour autant tous les paranoïaques ne deviennent pas terroristes. Il faut qu'ils reconnaissent dans une cause quelque chose qui face résonance. Comme n'importe qui en fait.

    Arrogance et altérité

    Nous sommes persuadés que notre société ou nos idéaux représentent le paroxysme de la civilisation. Les progrès de la science associés aux progrès sociaux doivent nous permettre de résoudre la plupart des enjeux qui se présentent à nous. Nous sommes éduqués, tolérants, ouverts à toutes les cultures, les orientations sexuelles, les choix de vie et pacifiques. Que d'arrogance!

    Il ne s'agit pas d'une posture politique de droite ou de gauche. Les Américains ont cru qu'apporter les bienfaits de la démocratie suffirait à créer un cercle vertueux qui produirait la paix au Moyen Orient. De l'autre bord politique, prévaut l'idée qu'il suffit d'être ouvert, accueillant envers l'autre pour qu'en miroir il devienne à son tour tolérant.

    Les djihadistes ne sont pas des Soviétiques qui n'avaient pas grand-chose à espérer et dont la majorité voyait l'ouest avec beaucoup d'envie et qui se sont convertis à grande vitesse à la société de consommation lorsqu'ils en eurent la possibilité.

    Le problème de l'Occident est l'autre et c'est pourquoi beaucoup voient dans le terrorisme une forme de psychopathologie. L'autre c'est le fou, le perturbateur de l'ordre et de la norme. Étymologiquement, aliéné, aliénation viennent du latin alienus, autre. L'aliéné représente ce qu'il y a de plus autre ce que Freud après les frères Grimm nomme l'inquiétante étrangeté (traduction approximative de l'allemand Unheimliche). Le fou nous ressemble et d'ailleurs ne se distingue pas de la personne saine d'esprit. Mais il est censé être imprévisible et donc dangereux.

    Certes l'accueil de l'autre, l'ouverture et la tolérance sont des valeurs largement promues et constituent parfois un programme politique. Mais objectivement nos sociétés acceptent ces autres à la condition qu'ils soient des victimes. Les associations qui aident les migrants de façon active mettent en avant l'impératif humanitaire. L'autre est foncièrement pacifié et ne peut être pensé en dehors des catégories de la victime et l'homme occidental du bourreau.

    Si vous n'avez pas ma haine, vous aurez quoi?

    On ne hait pas un fou, on le soigne. En tout cas, on le laisse dans des mains supposées compétentes. On peut certes s'émouvoir, avoir de la compassion mais finalement nous y sommes relativement indifférents.

    Un journaliste, Antoine Leiris a écrit un beau texte, poignant à la suite des attentats de novembre 2015 où il a perdu sa femme. Il écrit ne pas vouloir être haineux envers les auteurs de ces actes et qu'en substance seule la culture nous sauvera.

    Que faut-il ressentir alors?

    Devant un tel acte n'est-il pas naturel de ressentir de la colère et de la haine envers ceux qui nous considèrent comme des ennemis pour le simple fait que nous ne partageons pas les mêmes croyances? La majorité des commentaires de ce texte saluent son caractère puissant, émouvant et courageux. Mais aucun ne s'interroge sur l'aporie qu'il propose: finalement quel sentiment avoir envers ces terroristes?

    Ne pas ressentir de la haine et même aucun sentiment c'est être indifférent. Or l'indifférence face à une menace est le comble de l'arrogance. Résister c'est continuer à vivre malgré tout et ne pas se laisser sidérer par la peur que veulent provoquer les terroristes. Mais n'éprouver aucun sentiment envers ces actes est une forme de mépris. Il ne faut jamais mépriser son ennemi.

    Il est évident que le but ne doit pas être l'exercice de la vengeance mais bien la suppression de cette menace et que la réponse ne peut être seulement armée. Il faut aussi penser à la paix et donc aux causes qui nous ont conduits en Occident à cette situation.

    Certes la haine aveugle, empêche de raisonner et de considérer les événements actuels de façon globale.

    Mais ces gens qui tuent sans distinction dans nos rues doivent-ils être traités avec indifférence comme une nuisance, irritante mais qui disparaîtra un jour, comme les moustiques en été (sic).

    Ou ne faut-il pas plutôt que vouloir opérer une recherche des causes premières que ce soit celle de la folie, de l'histoire ou de la société et de ses insuffisances, affirmer que les monstres existent et qu'il est impératif de les combattre.

    Yann Andrétuan (Figaro Vox, 8 novembre 2017)

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