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guerre - Page 23

  • Chine : la nouvelle guerre a commencé...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Yves Montenay, cueilli sur MetaInfo et consacré à la confrontation entre la Chine et l'Occident.

    Centralien, diplômé de Sciences-po et docteur en démographie, Yves Montenay a eu une carrière internationale de cadre, conseil et chef d'entreprise dans 12 pays.

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    Chine : la nouvelle guerre a commencé

    Donald Trump avait entamé une guerre commerciale avec la Chine. Joe Biden y a ajouté une guerre des valeurs face à la multiplication des brutalités chinoises : répressions, atteintes à la liberté d’information, politique étrangère brutale.

    Les espoirs des derniers idéalistes occidentaux ont disparu : le développement capitaliste de la Chine n’a pas mené à la démocratie comme en Corée du Sud ou à Taïwan.

    La guerre politique s’est ajoutée à la guerre commerciale

    Le clash entre la Chine et les États-Unis a empiré avec l’arrivée de Joe Biden, comme on a pu le constater lors de la réunion d’Anchorage. On y a vu l’Amérique affirmer vigoureusement ses valeurs démocratiques et donc attaquer la Chine pour les persécutions des Ouïghours du Xinjiang et l’asservissement de Hong Kong.

    D’où une longue et violente riposte des officiels chinois : « Nous faisons ce que nous voulons chez nous et vous, Américains, ne respectez pas les droits de l’homme chez vous ». Ce « chez nous » des Chinois comprend évidemment Hong Kong malgré le traité passé avec la Grande-Bretagne, et Taïwan. Quant au Tibet, tout le monde semble l’avoir oublié.

    Bref la nouvelle guerre froide a commencé…

    Et « guerre froide » n’est peut-être pas le nom le plus approprié si on se souvient que la précédente était en vérité très chaude…

    La « guerre froide » URSS/Occident a été sanglante

    Ce terme de « guerre froide » entre l’URSS et le monde occidental, guerre froide qui a duré de 1947 à 1990, vient de ce qu’il n’y a pas eu de guerre proprement dite en Europe entre ces deux blocs.

    Mais c’est oublier que ce conflit « froid » fut néanmoins sanglant.

    En Europe il y eut les répressions par l’armée rouge de la révolte est-allemande de 1953 et surtout de la révolte hongroise de 1956. Cette révolte a pu être médiatisée et présentée aux Occidentaux, notamment en France par Paris-Match dont le reporter a été tué.

    En Asie, il y a eu la guerre civile gagnée par Mao contre Tchang Kaï-chek, allié des Américains, avec pour conséquence des millions de morts en Chine avant et après la victoire communiste, dont l’exécution de 5 millions de propriétaires terriens, sans compter plus tard les dizaines de millions de morts du « grand bond en avant » et de la révolution culturelle.

    Toujours dans la rubrique des violences de la guerre froide, on peut évoquer l’épisode Khmer rouge au Cambodge (1975 – 1979) avec ses 2 ou 3 millions de morts, les rebellions communistes aux Philippines et en Inde (variante maoïste) qui ne sont toujours pas terminées, sans parler de la répression par l’URSS des populations afghanes à partir de 1979, des guerres civiles de Cuba et d’Amérique centrale auxquelles on peut aujourd’hui rajouter le Venezuela.

    Il y a eu enfin la guerre du Vietnam avec l’appui de l’URSS puis de la Chine contre la France (1945–1954) puis contre les États-Unis (1954–1976) avec les massacres des populations civiles trop tièdes vis-à-vis du communisme, notamment à Hué en 1968.

    Importance de la guerre médiatique

    Cet épisode mérite quelques mots pour expliquer l’importance de la guerre médiatique qui fait rage aujourd’hui entre la Chine et l’Occident : cette année-là, le Viêtcong (l’armée communiste du Nord-Vietnam) a tenté de soulever la population de la ville de Hué contre le gouvernement du Sud-Vietnam, et devant son manque d’enthousiasme, a massacré quelques dizaines de milliers de personnes.

    Quelques jours après les troupes sud-vietnamiennes et américaines chassaient les nord-vietnamiens de la ville. Néanmoins l’offensive médiatique du Viêtcong, relayée par quelques artistes américains, a fait que l’image de cet épisode vu des États-Unis était celle d’une victoire viêtcong et surtout a déclenché chez les Américains des réflexions du genre « mais que faisons-nous là-bas ? ». Ce sentiment s’est traduit quelques années plus tard par le départ des Américains du Vietnam et la répression de la population du Sud-Vietnam par les envahisseurs du Nord.

    Bref une vigoureuse campagne de communication a transformé une défaite cinglante des communistes vietnamiens en victoire stratégique.

    Par contre la différence entre cette guerre froide et celle qui commence actuellement est le contraste entre la fermeture économique quasi-totale de l’URSS de l’époque, et l’ouverture  de la Chine post-maoïste à la mondialisation.

    Mais cette ouverture est remise en question aujourd’hui.

    Une Chine qui investit moins à l’étranger

    Cette fermeture récente de la Chine se manifeste notamment par la chute des investissements chinois à l’étranger.

    Mesurés en nombre de contrats signés, ils sont passés par un maximum en 2016 et sont retombés en 2020 au niveau de 2005, époque à laquelle la Chine avait beaucoup moins de moyens aujourd’hui.

    Il faut dire que ces dernières années les grands capitalistes chinois avaient été pris d’une frénésie d’acquisition à l’étranger, dont certaines se sont révélées malheureuses. Certains investisseurs semblent y avoir vu des « bateaux de secours » au cas où ils deviendraient mal vus en Chine.

    Sage précaution… mais Pékin tente ensuite de rattraper ces investisseurs fuyant la Chine en les faisant extrader pour détournement de fonds… détournements pas toujours imaginaires puisque les justices occidentales donnent parfois raison au gouvernement chinois.

    Et se méfie de ses propres champions

    Toujours est-il que l’État chinois a imposé une « remise en ordre » à de nombreuses entreprises privées internationales.

    Pékin attire l’attention des récalcitrants sur les ennuis de Jack Ma ou l’exécution en janvier 2021 de Lai Xiaoming. Leurs entreprises auraient financé des investissements refusés par les banques publiques… une insupportable atteinte au pouvoir de du parti–État !

    En janvier également le groupe HNA a été déclaré en faillite (donc politiquement condamné) pour avoir investi tous azimuts, notamment dans les hôtels Hilton et la Deutsche Bank. Un des patrons du groupe HNA est mort mystérieusement en France.

    La presse officielle a rappelé la formule de Mao disant que les capitalistes voulaient non seulement contrôler la vie matérielle des Chinois mais aussi leur vie culturelle. Un site populaire vidéo a même lancé un « A bas Jack Ma ».

    On a noté aussi un appel des salariés chinois du privé se révoltant contre le « 996 » (travailler de neuf heures du matin à neuf heures du soir six jours par semaine). Or cette revendication populaire n’a pu être diffusée qu’avec l’accord du parti, et est donc un signal supplémentaire au privé.

    Bref Pékin rappelle à ses capitalistes « qui est le patron »

    Simple remise en ordre ou anticapitalisme de l’état Chinois ?

    Vraisemblablement pragmatisme politique : le parti d’abord, sauf bonne occasion. Car la Chine n’est pas toujours contre les grands financiers, quand cela l’arrange : elle ne semble pas regretter l’acquisition de l’entreprise chimique Suisse Syngenta et d’autres entreprises de haute technologie, en robotique par exemple.

    On abandonne Wall Street pour Hong Kong

    Hong Kong est maintenant devenu « patriotiquement chinois ». En effet la toute nouvelle réorganisation des règles électorales par la Chine y annule presque complètement les élections directes, et les candidats aux quelques postes élus restants doivent être agréés par la police

    Il est donc « politiquement correct » de s’y faire coter. De nombreuses sociétés chinoises abandonnent donc Wall Street et les actionnaires américains, pour l’argent chinois collecté à Hong Kong. Kuaishou, la start-up de vidéos courtes la plus populaire en Chine derrière TikTok, compte y lever jusqu’à 6 milliards de dollars.

    Bref l’économie chinoise devient moins internationale, conformément d’ailleurs au plan de 5 ans qui vient d’être établi et qui s’appuie sur la consommation intérieure.

    Et cette moindre mondialisation de l’économie chinoise est renforcée par la crainte de l’Occident devant la multiplication des achats de leurs entreprises par les Chinois.

    Une Chine qui se cache

    Les Chinois répètent que la chute du communisme en URSS est la conséquence de la relative libéralisation de l’information décidée par Gorbatchev. Et ils en déduisent de ne pas recommencer cette erreur. La transparence peut être mortelle !

    D’où une action sur deux axes : la propagande et l’occultation de ce qui se passe en Chine.

    La propagande

    Pour la Chine, comme jadis pour URSS, il faut susciter des articles laudatifs. Soit directement par la propagande gouvernementale dont nous avons un peu perdu l’habitude en Occident, soit en faisant publier des articles admiratifs par des « idiots utiles », comme Sartre et bien d’autres l’ont été un certain temps avant d’en prendre conscience et de changer de camp.

    L’occultation de ce qui se passe en Chine

    Les exemples sont multiples. Avec l’Australie qui a critiqué la politique chinoise et qui a vu ses exportations interdites ou surtaxées vers ce pays, c’est l’arrestation en février d’une journaliste australienne. Deux autres journalistes australiens ont dû quitter rapidement du pays.

    C’est aussi l’expulsion d’au moins 18 journalistes étrangers de Chine en 2020, selon l’enquête annuelle menée par le Foreign Correspondents Club of China (FCCC)  dont ceux du Washington Post, du New York Times et du Wall Street Journal. Parallèlement la durée des visas des journalistes n’est plus maintenant que de un à six mois.

    La pression s’accroît aussi sur les collaborateurs chinois des médias occidentaux. Haze Fan de chez Bloomberg, a été interpellée en décembre 2020 et a disparu.

    Chacun cherche des alliés.

    La Chine a conclu en 2020 le « partenariat régional économique global » (RCEP) avec ses voisins, et le 30 décembre avec l’Union Européenne « l’accord global sur les investissements » qui devra être ratifié par le parlement européen.

    Ce 27 mars, la Chine et l’Iran ont signé un accord de 25 ans (!). L’ennemi commun visé par cet accord c’est bien sûr les États-Unis. La Chine a besoin du pétrole iranien, surtout si l’Arabie et autres alliés des Américains, font des difficultés pour l’approvisionner. L’Iran a besoin de marchandises puisque le reste du monde et notamment les Européens n’osent pas commercer avec ce pays de crainte des sanctions américaines. On se souvient de la condamnation de la BNP à une amende de 10 milliards de dollars par la justice américaine.

    La Chine courtise de nombreux autres pays.

    Elle est déjà bien installée en Algérie et dans d’autres pays africains. En Europe c’est en Serbie, et dans l’Union Européenne sa tête de pont est le port du Pirée en Grèce. Et même l’Allemagne est sensible à l’intérêt du marché intérieur chinois pour ses entreprises.

    Un point clé est de voir si la Chine réussira à attirer la Russie dans son camp, évolution bien commencée. Joe Biden a traité Poutine de « tueur ». L’intéressé a fait semblant de s’en offusquer, mais l’insulte américaine s’ajoute aux sanctions européennes contre la Russie, notamment à propos de sa guerre contre l’Ukraine.

    Tout cela pousse la Russie du côté chinois. Il est amusant de constater que lors de la 1re guerre froide c’étaient les communistes chinois qui avaient cherché la protection de l’URSS, jusqu’à leur brouille autour des années 1960.

    Les Américains aussi

    De leur côté les Américains se rapprochent de l’Inde qui est menacée par la Chine sur sa frontière nord. Mais aussi à l’ouest, car la Chine est en bons termes avec le Pakistan, autres adversaires de la Chine. A l’est de l’Inde il y a la Birmanie qui compte sur l’appui chinois, tandis que la Chine y cherche une base sur l’océan Indien.

    Voilà l’Inde quasi encerclée, et heureuse de voir arriver l’Amérique.

    Joe Biden essaie également de réchauffer ses liens avec l’Europe qui ont été distendus par Trump.

    Les agressions chinoises

    En face les représentants de la Chine, priés de se transformer «loups guerriers », multiplient les provocations. Mais plus la diplomatie chinoise sera belliqueuse, plus elle renverra certains pays vers les États-Unis.

    Cette agressivité de la Chine pourrait même porter préjudice à ses intérêts économiques, en compromettant les accords commerciaux qu’elle recherche activement par ailleurs et en incitant les investisseurs occidentaux à regarder avec plus de circonspection les « fabuleuses opportunités » du marché chinois.

    Sur le plan territorial, Pékin a annexé en avril 2020 toute la mer de Chine méridionale, en en faisant un district administratif alors que le droit de la mer la découpait au bénéfice de tous les pays riverains. Elle s’est mis sur le dos les opinions publiques de ces pays.

    Cette annexion a alimenté le mouvement des « thé au lait » (#milkteaalliance).

    Le mouvement des #milkteaalliance

    De Taiwan à la Thaïlande la jeunesse des pays voisins de la Chine fulmine sur les réseaux sociaux et défend les valeurs « occidentales » que la Chine rejette comme non-universelles et décadentes. Les deux camps, les « libéraux asiatiques » d’un côté, les Chinois de l’autre, se souviennent de Tiananmen, les premiers pour reprendre les idéaux des étudiants chinois, et le second pour tuer dans l’œuf ce genre de mouvement.

    Début mars, la Chine s’est abstenue au Conseil de sécurité de l’ONU de condamner le coup d’état militaire en Birmanie. Les manifestants birmans ont alors incendié des dizaines d’usines chinoises dans le pays.

    Les cyber-attaques chinoises

    Bref, si le canon ne parle pas ou pas encore, les incidents graves de cette nouvelle guerre froide se multiplient. Quelques exemples :

    Microsoft s’est fait attaquer par Hafnium, groupe de pirates soutenus par le gouvernement chinois. Il estime que plus de 60 000 de ses clients ont été victimes d’intrusion en passant par ses logiciels, dont des PME, des banques et des fournisseurs d’électricité. C’est un mouvement mondial qui frappe les entreprises de tous les pays, France comprise  et « il n’y a aucune raison pour que les cyberattaques se calment », selon un expert du Cesin, interrogé par Les Echos du 20 février 2021(édition abonnés).

    La riposte américaine

    Joe Biden prolonge et accentue les actions commencées par Donald Trump.

    Le 22 mars, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne ont pris des sanctions individuelles contre des responsables chinois de la répression des Ouïgours.

    En sens inverse, le 23 décembre 2020 les États-Unis interdisent 103 sociétés chinoises ou russes lié à l’armée, dont AVIC avionneur chinois militaire et civil (concurrent d’Airbus et Boeing). Elles s’ajoutent aux 275 entreprises chinoises déjà ciblées, dont SMIC le principal fabricant chinois de puces électroniques.

    Le cas Huawei et l’avènement de la 5G

    Le cas de l’entreprise Huaweil est le plus connu : Le 1er décembre 2018 est arrêtée au Canada Meng Wanzhou, de nationalité chinoise, directrice financière de cette entreprise et fille de son fondateur. Elle est accusée de commerce avec l’Iran, en infraction aux sanctions américaines contre ce pays. Meng Wanzhou est toujours en résidence surveillée aujourd’hui. Cela au moment où l’on prend conscience de l’importance de la 5G, dont Huawei est le champion mondial.

    En effet, la 5G, contrairement à ce que l’on pense en France, n’est que très accessoirement un accélérateur de chargement des téléphones portables.

    C’est d’abord un outil permettant de piloter les usines, les salles d’opération, les aéroports et les véhicules de tout genre.

    Huawei est un des grands succès du capitalisme chinois lancé par Deng Xiaoping. Ses équipements permettent un espionnage mondial. Or tout Chinois, entreprises compris, s’oblige d’après la constitution à fournir les renseignements demandés par le gouvernement. Donc un devoir d’espionnage.

    Une Europe surprise par la violence chinoise

    L’Amérique ayant multiplié les interdictions aux activités de Huawei et même à son approvisionnement, reste l’Europe comme champ de bataille… Voir notamment sur ce sujet « La guerre mondiale des ondes» de Sébastien Dumoulin.

    Du côté de l’Union européenne, on est habitué à distribuer les sanctions, à l’égard de la Russie, de la Biélorussie ou des militaires birmans, et maintenant de la Chine. Mais la Chine riposte violemment : lorsque l’UE a déclaré persona non grata quatre responsables chinois du Xinjiang, Pékin sanctionne dix Européens et quatre institutions.

    Quand un chercheur français critique le régime chinois sur Twitter, la Chine le traite de « petite frappe » et de « hyène folle ». Et quand l’ambassadeur de Chine est convoqué pour s’en expliquer, il ne vient pas, tandis que l’ambassadeur de l’UE à Pékin est convoqué, lui, en pleine nuit.

    « L’Europe n’est pas un paillasson », proclame-t-on alors.

    Mais pourquoi avoir signé avec la Chine accord global sur les investissements le 30 décembre 2020, alors que Trump était encore au pouvoir et l’Allemagne présidente de l’Union jusqu’à minuit ?

    Il s’agissait d’ouvrir davantage le marché chinois aux entreprises européennes, principalement allemandes.

    Mais il est probable que le parlement européen ne ratifiera pas ce traité dans l’ambiance actuelle

    Conclusion

    La Chine et les États-Unis se sont donc déclarés la guerre. Il serait étonnant qu’elle reste froide. Comme la précédente, si mal nommée, qui ne l’était pas davantage.

    Les fronts sont nombreux : l’environnement, les droits de l’homme, l’économique, le militaire le cyberespace et le spatial

    Ce qui est nouveau dans ce conflit, c’est la pression des entreprises internationales qui rappellent que cet affrontement nuit à leurs intérêts.

    Nos gouvernements occidentaux vont-ils se révéler « vendus aux capitalistes » ou « à la finance internationale » ?

    C’est en tout cas ce que pensent les Chinois (« les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons »), mais aussi une grande partie du grand public occidental. Nous verrons…

    Après l’URSS, les Chinois finiront-ils par comprendre que leur système ne peut pas durer longtemps sans ses fameux capitalistes et les échanges commerciaux ou intellectuels avec l’extérieur ?

    Le Parti saura-t-il éviter de sacrifier la croissance à son autorité de plus en plus totalitaire ?

    Yves Montenay (MetaInfo, 6 mai 2021)

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  • Cahiers noirs, suite...

    Les éditions Gallimard viennent de publier un nouveau volume des  Cahiers noirs (1939-1941) de Martin Heidegger. Si la méditation philosophique constitue le cœur de ces cahiers, le lecteur y trouvera aussi de nombreuses réflexions prenant l'actualité politique ou intellectuelle pour point de départ. On notera que Jünger et son œuvre sont cités à plusieurs reprises et font l'objet de critiques acerbes, qui tranchent avec le ton policé des échanges épistolaires d'après-guerre entre les deux hommes (cf. Ernst Jünger / Martin Heidegger - Correspondance 1949-1975 (Christian Bourgois, 2010))...

     

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    " Ce troisième volume des Réflexions regroupe les Cahiers XII à XV dont la rédaction court de 1939 à 1941. Comme les précédents, il témoigne de l'approfondissement décisif que connaît la pensée de Heidegger dans les années 1930 : non à la manière d'un "journal philosophique" écrit en contrepoint de l’œuvre, mais plutôt d'un espace de travail et d'écriture où s'exerce ce qu'il nomme quelques années plus tard "un regard au cœur de ce qui est" . S'y répondent les différents chemins explorés par cette pensée, toujours à nouveau repris d'un pas qui change librement de rythme et d'allure : la préparation d'un autre commencement dont l'enjeu est une métamorphose de l'être humain dans son rapport essentiel à l'être ; la remémoration du premier commencement grec où s'est initialement exposé ce rapport ; enfin, la méditation de l'histoire de ce premier commencement, histoire dont l'achèvement dessine le visage de notre époque, celui d'un monde soumis au déchaînement uniforme de la puissance. Au moment où les événements prennent en Europe un tour terriblement dramatique - le déclenchement de la guerre, le pacte germano-soviétique, l'attaque allemande en Russie -, les Réflexions consignées dans ces quatre Cahiers font face à cet inquiétant visage du monde, avec angoisse mais sans aucune déploration stérile, attentives avant tout à entendre, en retrait du vacarme public, "le bruit et la germination du temps" dont parlait Ossip Mandelstam. "

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  • La vérité sur la guerre au Mali...

    Le 22 mars 2021, Olivier Frèrejacques recevait, sur TV libertés, Bernard Lugan pour évoquer avec lui la guerre du Mali, dans laquelle l'armée française est engagée depuis huit ans.

    Historien et africaniste, Bernard Lugan est l'auteur de nombreux ouvrages, dont  Osons dire la vérité à l'Afrique (Rocher, 2015), Histoire de l'Afrique du Nord (Rocher, 2016), Algérie - L'histoire à l'endroit (L'Afrique réelle, 2017), Heia Safari ! - Général von Lettow-Vorbeck (L'Afrique réelle, 2017), Atlas historique de l'Afrique (Rocher, 2018) et Les guerres du Sahel (L'Afrique réelle, 2019).

    Il vient également de publier un essai de combat  intitulé Pour répondre aux « décoloniaux », aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance (L'Afrique réelle, 2021).

     

                                                

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  • La force de l'épée...

    Les éditions des Presses universitaires de France viennent de publier un essai de Martin Aurell intitulé Excalibur, Durendal, Joyeuse - La force de l'épée.

    Spécialiste de l’aristocratie au Moyen-Âge, professeur à l’Université de Poitiers,  Martin Aurell a écrit de nombreux ouvrages, dont notamment L’Empire des Plantagenêt (Perrin, 2003) et La Légende du roi Arthur (Perrin, 2007) et Aliénor d'Aquitaine (Puf, 2020).

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    " Le halo de mystère qui entoure au Moyen Âge l'épée du chevalier répond à une mythologie ancienne dont se font écho les chansons de geste, les romans arthuriens et les sagas scandinaves, tout comme l'iconographie et l'archéologie. L'épée est certes un outil fonctionnel, une prouesse technique et un objet d'art, mais aussi un artefact animé qui, dégageant une force surnaturelle, rend le chevalier invincible. Le combattant, le forgeron et les fées aimantes transmettant leurs épées sont au cœur de ce livre, qui explore les mentalités d'une époque révolue dont les récits continuent d'inspirer de nos jours l'heroic fantasy. L'épée est aussi le signe de la prépondérance sociale du chevalier et le symbole de la guerre dont il se réserve en exclusif l'exercice. Elle concrétise toutes les abstractions intellectuelles autour de l'usage de la violence légitime en société. "

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  • Guerres invisibles...

    Les éditions Tallandier viennent de publier un essai de Thomas Gomart intitulé Guerres invisibles. Historien et directeur de l'Institut français des relations internationales, Thomas Gomart est membre des comités de rédaction de Politique étrangère, de la Revue des deux mondes et d'Etudes et est déjà l'auteur de L'affolement du monde - 10 enjeux géopolitiques (Tallandier, 2019).

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    " Quels sont les prochains défis géopolitiques du siècle ? La pandémie mondiale a modifié les équilibres entre Asie et Occident et scellé la rupture entre la Chine et les États-Unis, accentuant le basculement du monde vers l’Est. Sur cet échiquier polarisé, deux lignes de fracture convergent : la dégradation environnementale et la propagation technologique où se jouent désormais les principales rivalités stratégiques et économiques.

    Dans cet essai captivant, Thomas Gomart décrit les grands mouvements qui se déroulent sous nos yeux : le retour d’une compétition agressive des puissances, une accentuation des inégalités et des échanges débridés. Il met également en lumière les mécanismes invisibles qui transforment notre planète en profondeur : marchés financiers, paradis fiscaux, mafias, incubateurs technologiques, plateformes numériques, multinationales, services de renseignement…

    Pour nous aider à mieux comprendre le monde qui surgit, il analyse enfin pour chaque sujet les « intentions cachées » des États-Unis, de la Chine et de l’Europe, et réfléchit au rôle que la France pourrait jouer dans ces nouvelles « guerres invisibles » ".

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  • Joe Biden : le retour de la guerre ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Métainfos et consacré à la victoire de Joe Biden et à ses conséquences pour l'Europe.

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    Joe Biden : le retour de la guerre ?

    Les journalopes françaises sont en pleine période d’euphorie depuis la victoire de Biden et il est impossible pour un Français qui se limiterait à ce qui reste de la presse hexagonale moribonde de se faire une idée juste de ce qui s’est passé aux Etats-Unis. Il faut chercher avec la plus grande objectivité possible ailleurs et on mesure alors stupéfait la rapidité avec laquelle les commentateurs se sont félicités de la défaite de Trump. Il y a forcément anguille sous roche. 

    Tout d’abord la fraude du côté démocrate est manifeste.

    Les images abondent de bulletins détournés, de sacs postaux remplacés, de comptage rapide. La fraude incombe au vote par correspondance justifié par la pandémie covid et dont certains en France hument déjà l’intérêt pour voler une fois de plus le choix des français en 2022. La fraude américaine fut proprement gigantesque et elle indique déjà le niveau d’honnêteté et la capacité au mensonge dont seront capables les démocrates qui prendront le pouvoir en janvier.

    Dans les westerns hollywoodiens, on attaquait le train postal, aujourd’hui, c’est le vote postal qu’on falsifie dans les wagons.

    Sans doute pour les raisons déjà évoquées, la réaction molle face à la sédition de Chop dont nous avons parlé, Trump a perdu mais de toute évidence avec un écart moindre que celui annoncé, avec un très faible écart de voix qui le rend – et c’est une situation que les Etats-Unis n’ont pas connu depuis longtemps – le leader incontesté et tonitruant d’une opposition intérieure qui a ses nombreux partisans et de plus en plus d’ailleurs, fait surprenant, dans la dite diversité (noir, latino) excédé par l’extrémisme suicidaire des Black Lives Matter.   

    Nous voudrions donc revenir ici sur un point capital que dans leur aveuglement partisan aucun éditorialiste n’a relevé. Donald Trump fut le premier président américain à ne pas avoir déclaré une guerre. Pour la première fois depuis bien longtemps, les Etats-Unis, état voyou et criminel sur bien des aspects, ne sont pas rentrés en guerre sur une quelconque partie du monde. C’est proprement du jamais vu. Le prix Nobel Barack Obama s’était lui illustré comme le président qui avait le plus bombardé et lâché de bombes durant tout son mandat. Trump n’a déclaré la guerre à personne : il a au contraire ramené nombre de boys à la maison. Nous n’osons imaginer ce qu’aurait été une présidence Hillary Clinton mais ce fait indéniable, indiscutable, passe partout aux oubliettes, ne risque-t-il pas cependant de nous revenir comme un boomerang, cette fois teinté d’explosifs avec la Présidence Biden.

    Il reste certes beaucoup à faire, surtout dans le domaine des opérations américaines à l’étranger, où des nations sont perdues et réduites au chaos avec toutes les conséquences sur les destins collectifs des peuples que cela entraîne, mais la situation actuelle, à la fin du mandat de Trump est bien meilleure qu’à la fin du mandat d’Obama. Les attentes sont de nouveau grandes maintenant avec l’arrivée de Joe Biden, mais je ne suis pas sûr que cela suscitera un avenir brillant.

    Déjà, on connaît l’inflexion : « l’Amérique comme guide du monde », titre de son programme de politique étrangère. Les préoccupations de ce programme restent les obsessions démocrates : la Russie, l’Iran et la Chine, vers laquelle Obama avait déjà infléchi toute la stratégie offensive et de défense des intérêts américains.

    Soyons clair : le siège de la Russie, comme celui que l’Entente a exercé contre l’Allemagne au siècle dernier, se résoudra forcément dans une série de guerres de faible intensité ou par une folie toujours possible en une confrontation radicale sur l’espace européen. Or nous savons déjà que matériellement (les coupures dans les budgets de la défense, véritables castrations des armées nationales) et psychologiquement, les Européens, prenons le cas des Français par exemple, seront incapables de faire face à un conflit qui durerait plus d’une semaine et qui leur causerait des sacrifices de sang et de leurs propres biens.

    Nonobstant, et certaines déclarations de nos plus hauts gradés récemment le confirment, le monde s’approche d’une montée de tension qui risque de ne pas être soutenable avec l’arrivée de Biden à la présidence des États-Unis, s’il revenait aux mêmes politiques agressives d’Obama et d’Hillary Clinton. La Chine s’y est déjà longuement préparé et a remporté cet été un atout décisif avec les alliances nouées dans le sud-est asiatique (nous y reviendrons).

    Les options de tir sont multiples et variés: le Cachemire, le Ladakh, la mer de Chine, le Caucase, la Biélorussie, la Crimée, la Syrie, un incident aéronaval en Baltique ou en Arctique, la Libye, des bouleversements dans une Arabie saoudite impliquée dans des différends successoraux, la mer Égée gréco-turque… Les occasions ne manquent pas, même une future balkanisation de l’Espagne ou du Royaume-Uni ne doivent pas être écartées. La capacité d’une puissance mineure à provoquer un second Sarajevo et à conduire le monde dans un conflit aux conséquences plus graves n’est plus seulement une hypothèse de travail dans certaines officines stratégiques mais Trump ne l’aurait pas permis.

    En Libye, en Syrie, dans les îles de la mer Égée, en Azerbaïdjan, et à l’avenir en Bosnie, en Albanie ou dans les quartiers très turcs de l’Allemagne, les drapeaux de Erdogan, le nouveau «sultan» se déploient, qui convertit la Turquie en un possible empire régional. Or, sans le soutien américain, quel pouvoir réel a-t-il face à une intervention russe ? 

    Qu’annonce en fait Biden ? « Tandis que “le président Trump a diminué, affaibli et abandonné alliés et partenaires, et abdiqué du leadership américain, comme président j’accomplirai immédiatement des actes pour renouveler les alliances des États-Unis, et faire en sorte que l’Amérique, encore une fois, conduise le monde”

    Comme “le monde ne s’organise pas tout seul”, souligne Biden, les États-Unis doivent de nouveau “jouer le rôle de guide dans l’écriture des règles« , comme ils l’ont fait pendant 70 ans sous les présidents aussi bien démocrates que républicains, jusqu’à ce que Trump n’arrive.

    Ce n’est pas un programme qui sent réellement le pacifisme ! Reste alors ce qui doit nous importer le plus : l’avenir de l’Europe.  

    Donald Trump, – décidément un grand président – avait donné indirectement la plus grande impulsion à la Défense européenne depuis la naissance de l’Union avec la Communauté européenne du charbon et de l’acier en 1951. En étant farouchement isolationniste, avec des manifestations constantes de désaffection envers les pays européens, il est vrai pas exempt de quelques débordements –mais il vaut mieux avoir du style qu’être aussi terne que Macron ! – Trump a permis un réveil européen sur les questions de défense, il a servi à mettre la peur dans le corps des dirigeants européens qui, du coup ces dernières années, coïncidant avec sa présidence, ont mené un énorme effort dans la construction d’une nécessaire Défense européenne, avec le Fonds européen de Défense, au sein de la Coopération structurée permanente. Il s’agit là d’une réalisation européenne majeure parmi d’autres également significatives et nous la devons à Trump. Le problème est qu’avec une lecture superficielle de l’ « Amérique comme guide et gendarme du monde », pilier de l’OTAN qui depuis la fin du Pacte de Varsovie aurait  dû être dissout, avec surtout les Atlantistes qui noyautent la classe politique française et européenne, cela peut amener de nombreux partenaires européens à penser qu’avec Biden et la protection américaine de nouveau assurée, il ne vaut plus la peine de poursuivre la construction de la Défense européenne.

    C’est la position de l’esclave et cela nous laisse nu au milieu d’un monde en ébullition, alors qu’aucune des menaces n’a disparu, alors qu’au contraire, les menaces se réactivent en douceur, lentement mais sûrement (voir le retour des euro-missiles nucléaires sur le sol européen).

    Mais au final qu’elle le sache, l’Union européenne se retrouvera seule avec ses démons et sur un terrain de bataille pour lequel, elle n’est pas préparée.

    Michel Lhomme (Métainfos, 3 janvier 2021)

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