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  • Les chroniques de la vieille Europe !...

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    Nous vous invitons à découvrir Les chroniques de la vieille Europe, excellente émission mensuelle animée par Patrick Péhèle, Philippe Christèle et Lucien Valdes  et diffusée sur Radio Courtoisie qui est disponible à l'écoute sur le site de l'émission : http://vieilleeurope.free.fr/.

    Dans chaque émission les chroniqueurs commentent l’actualité géopolitique, européenne et culturelle.

    Un invité est reçu autour d’un thème consacré à l’actualité européenne (géopolitique, diplomatie, économie, littérature, cinéma…).

    La dernière émission, diffusée le 22 septembre et que nous vous proposons ci-dessous, était consacrée à la guerre, thème des deux derniers numéros de la revue Krisis.

      
    podcast

    Au sommaire:

     Entretien avec Jean-François Gautier, auteur du texte “Polemos ou de la nature des choses” extrait du numéros de la revue Krisis sur “la guerre ?“. A partir du célèbre fragment d’Héraclite “Polemos pantin pater est“. Pour saisir la portée de la pensée héraclitéenne de la guerre, Jean-François Gautier nous explique qu’il est nécessaire d’inclure dans l’intellection de polemos son exact opposé, eïréné, la paix.

    Jean-François Gautier. Docteur en philosophie. Essayiste, musicologue et historien des sciences. Directeur de l’édition française de l’encyclopédie L’Astronomie (Atlas). A notamment publié L’aventure des sciences (Édition May, 1988), L’univers existe-t-il ? (Actes Sud, Arles 1994), Claude Debussy, la musique et le mouvant (Actes Sud, Arles 1997), Logique et pensée médicale (Avenir des sciences, Paris 2002).

    Actualité Culturelle

    durée 20mn

    Entretien avec Guillaume Martins, directeur de la nouvelle publication du magazine “La Voie Stratégique” – Entretien avec Pierre Bagnuls directeur d’une nouvelle collection au édition Heligoland, “Au Nord du monde” avec la parution du livre de Rasmus Bjorn Anderson, Mythologie Scandinave, la légende des Eddas. Création de la revue Figures de proues.

    Actualité Européenne

    durée 40mn

    Élection en Suède – La visite du Pape en Grande-Bretagne – Analyse de la situation en Turquie, le 12 septembre, 58% des électeurs ont voté « oui » aux 26 questions qui composaient le référendum organisé sur la révision de la Constitution. Sur ce sujet notre émission de septembre 2007 avec Tancrède Josseran  “Turquie, vers la fin du Kémalisme ?” – Allemagne : l’affaire Sarrazin – Intervention de Louis Gallois, Président d’EADS, lors du colloque “Stratégie des grands groupes et politique industrielle française “ tenu le 12 avril 2010.

     

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  • Le combat des Trente !

    Philosophe de formation, romancier et traducteur, Serge Filippini est l’auteur d’une dizaine d’œuvres de fiction dont Le Roi de Sicile,L’Homme incendié, Comœdia ou Haut Mal. Avec Le combat des Trente, publié aux éditions l'Archipel, il livre un roman inspiré dans une ambiance archéo-futuriste. A découvrir...

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    "Paris, dans un siècle environ, n’existe plus en tant que ville. Les responsables : les guerres, le réchauffement climatique et la montée des eaux, qui recouvrent une partie de la Normandie et s’approchent de l’ancienne capitale. Laissée à l’abandon, livrée à la ruine, c’est désormais une jungle peuplée de vestiges archéologiques : l’arc de Triomphe, le Louvre, le Panthéon, des tronçons de métro aérien, la tour Eiffel décapitée par un missile…
    Seuls deux gratte-ciel ont survécu dans l’ex-quartier chinois du XIIIe arrondissement, dressées face-à-face comme sur un échiquier. Chacune des tours est commandée par un chef de guerre : Rob et Angst, sont plus ou moins frères ou cousins. Tous deux veulent faire renaître Paris. « Assassins » et « commandés » s’affronteront trente contre trente sur la dalle… Mais avant le combat, moult péripéties, mettant aux prises des enfants purs et des enfants tueurs, un manteau miraculeux brodé de deux couleuvres entrelacées, une vierge rêvant d’être l’Épouse mystique qui enfantera la renaissance de l’Europe…
    Une atmosphère médiévale et futuriste baigne le Combat des Trente, roman gothique inspiré d’un épisode réel de la guerre de Cent ans."

      

    Une présentation du roman par l'auteur :

     

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  • La tyrannie de la faiblesse

    Journaliste au Figaro, Paul-François Paoli vient de publier chez Bourin Editeur La tyrannie de la faiblesse - La féminisation du monde ou l'éclipse du guerrier. Dans ce livre, il prolonge sous l'angle plus spécifiquement politique les analyses et les intituitions d'un Alain Soral (Vers la féminisation) ou d'un Eric Zemmour (Le Premier sexe) concernant la féminisation, voire l'émasculation, de la société.

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    Culte des victimes, obsession de la sécurité, négation de la dimension conflictuelle de la politique, méfiance pour toute expression d'autorité et de force, primat de l'émotionnel sur l'intellectuel etc. : ces phénomènes qu'ont pu mettre en évidence moult sociologues ces dernières années, témoignent, aux yeux de Paul François paoli, d'une certaine forme de « féminisation du monde ». elle concerne aussi bien le discours politique, que celui d'une institution comme l'eglise catholique, ou que celui des médias et repose en grande partie sur l'adhésion massive des femmes à la modernité libérale qui les a délivrées du carcan judéo-chrétien. Dans un monde aseptisé où les figures millénaires de l'homme, celle du père et du soldat, se sont effacées, la dynamique parfois agressive d'une religion aussi « masculiniste » que l'islam, représente un défi. L'Europe et, parmi elle, la France, saura-t-elle le relever ?

     

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  • Quand l'européisme sentait le souffre...

    Julien Prévoteaux, chercheur en histoire contemporaine à l'Université de Sao Paulo, au Brésil, vient de publier aux éditions François-Xavier de Guibert, sous le titre Un européisme nazi, une étude intéressante sur la pensée européiste développée pendant  la période de l'occupation allemande par le groupe Collaboration, présidé par Alphonse de Châteaubriant et dont l'activité était centrée sur l'organisation de conférences et de manifestations culturelles à travers la France. Un livre qui remet en cause certaines idées convenues...

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    "Respectabilité morale et politique obligent, l'histoire de l'Union semble, d'un premier abord, aisée à retracer et sans ambiguïtés. Entre l'essor de l'idée d'Europe unie, les tentatives manquées de l'entre-deux-guerres, et sa concrétisation après 1945, l'expérience de la guerre sert de prise de conscience générale, prélude à l'unification. Les historiens traitant de l'européisme s'accordent sur ce schéma de la continuité de l'idée européenne, troublée un ultime moment par les dérives du nationalisme. Ainsi, la Seconde Guerre mondiale n'a pas sa place dans l'idée d'Europe au XXe siècle. L'Europe nouvelle chère aux nazis est réduite à un instrument de la propagande allemande alors que la Résistance aurait préparé soigneusement ses projets unionistes et fédéralistes en attendant la défaite des pays de l'Axe. Cette image d'Epinal ne résiste pas à une analyse objective des faits et des idées. Il apparaît ainsi clairement que, dans la Résistance, le sentiment national prime généralement sur le sentiment européen : le projet générique d'" Europe des nations libres " en est le symbole. Son intérêt pour l'union du continent a été exagéré après guerre pour légitimer la cause européenne, les ennemis du nazisme semblent, à juste titre, profondément désorientés et méfiants devant cette idée d'Europe qui est l'axiome favori des partisans du Reich. En effet, à l'inverse, sur le continent unifié par les armes, officiels nazi et intellectuels engagés dans la voie de la collaboration sont, la source d'une réflexion intarissable sur l'Europe visant à définir ses contours et son identité, commentant sa future organisation politique, économique, juridique ou sociale. Le Groupe Collaboration se place dès sa création en septembre 1940 dans cette perspective. Il se veut un pôle attractif, principalement parisien, de réflexions et de promotion culturelle pour tous les intellectuels désireux d'ébaucher plans et projets d'une union européenne imminente, d'encourager le rapprochement franco-allemand et la solidarité continentale. Même si les plus ardents européistes d'aujourd'hui ne sauraient être assimilés à des groupes de pensée dévoyés, cette étude très documentée permet d'analyser l'idéologie européenne dans une perspective historique plus réaliste et, comme telle, nouvelle. Cette grille de lecture donne, de manière surprenante, des clefs pour mieux comprendre les enjeux qui se dessinent devant nous pour demain.
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  • L'Europe en dormition...

    Nous publions ici le texte de l'éditorial de Dominique Venner publié dans le numéro 49 de la Nouvelle revue d'histoire, actuellement en kiosque et consacré au piège afghan.

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    L'Europe en dormition
    Depuis la fin des deux guerres mondiales et leur débauche de violences, l’Europe est « entrée en dormition » (1). Les Européens ne le savent pas. Tout est fait pour leur masquer cette réalité. Pourtant cet état de « dormition » n’a pas cessé de peser. Jour après jour, se manifeste l’impuissance européenne. La démonstration en a été assénée une nouvelle fois durant la crise de la zone Euro au printemps 2010, prouvant des divergences profondes et l’incapacité d’une volonté politique unanime. La preuve de notre « dormition » est tout aussi visible en Afghanistan, dans le rôle humiliant de forces supplétives assigné aux troupes européennes à la disposition des États-Unis (OTAN).
    L’état de « dormition » fut la conséquence des catastrophiques excès de fureur meurtrière et fratricide perpétrés entre 1914 et 1945. Il fut aussi le cadeau fait aux Européens par les États-Unis et l’URSS, les deux puissances hégémoniques issues de la Seconde Guerre mondiale. Ces puissances avaient imposé leurs modèles qui étaient étrangers à notre tradition intellectuelle, sociale et politique. Bien que l’une des deux ait disparu entre-temps, les effets vénéneux se font toujours sentir, nous plongeant de surcroît dans une culpabilité sans équivalent. Suivant le mot éloquent d’Elie Barnavi, « La Shoah s’est hissée au rang de religion civile en Occident » (2).
    Mais l’histoire n’est jamais immobile. Ceux qui ont atteint le sommet de la puissance sont condamnés à redescendre.
    La puissance, d’ailleurs, il faut le redire, n’est pas tout. Elle est nécessaire pour exister dans le monde, être libre de son destin, échapper à la soumission des impérialismes politiques, économiques, mafieux ou idéologiques. Mais elle n’échappe pas aux maladies de l’âme qui ont le pouvoir de détruire les nations et les empires.
    Avant d’être menacés par divers dangers très réels et par des oppositions d’intérêts et d’intentions qui ne font que s’accentuer, les Européens de notre temps sont d’abord victimes de ces maladies de l’âme. À la différence d’autres peuples et d’autres civilisations, ils sont dépourvus de toute conscience de soi. C’est bien la cause décisive de leur faiblesse. À en croire leurs dirigeants, ils seraient sans passé, sans racines, sans destin. Ils ne sont rien. Et pourtant, ce qu’ils ont en commun est unique. Ils ont en privilège le souvenir et les modèles d’une grande civilisation attestée depuis Homère et ses poèmes fondateurs.
    Les épreuves lourdes et multiples que l’on voit poindre, l’affaiblissement des puissances qui nous ont si longtemps dominés, les bouleversements d’un monde désormais instable, annoncent que l’état de « dormition » des Européens ne saurait être éternel. 
    Dominique Venner
    Notes:
    1. J’ai développé cette interprétation historique dans mon essai Le Siècle de 1914
    (Pygmalion, 2006).
    2. Réponse d’Elie Barnavi à Régis Debray, À un ami israélien, Flammarion, 2010.

     

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  • Pour une vision géopolitique européenne !

    Un texte intéressant de Jean-Claude Empereur, cueilli sur le site Europe solidaire.

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    Pour une vision géopolitique européenne

    L'approche géopolitique, c'est-à-dire l'analyse des rivalités de pouvoir ou d'influence sur des territoires, pour reprendre la définition d'Yves Lacoste, à qui l'on doit la renaissance de la pensée géopolitique en France, a longtemps été tabou en Europe, pour des raisons historiques et socio psychologiques. Il es temps que les Européens se débarrassent de cet handicap. Voici quelques propositions en ce sens.

    Le discours classique européen est encore loin d'avoir intégré cette dimension de la géopolitique. Il appartient donc aux mouvements d'avant–garde d'utiliser ce type d'analyse et d'en tirer parti pour décrypter les forces qui sont à l'œuvre dans le processus de mondialisation/globalisation auquel nous sommes confrontés et de créer les outils ou institutions capables de mener à bien cette refondation du discours européen traditionnel encore beaucoup trop imprégné d'économisme et de fonctionnalisme.

    Ceci est d'autant plus nécessaire qu'à la faveur de la crise, loin de profiter de l'occasion qui s'offrent à eux d'élaborer une doctrine qui leur soit propre, les Européens ne sont pas en mesure de forger une vision géopolitique commune du monde qui les entoure.

    Bien plus, on à le sentiment que depuis quelques mois  la crise grecque, sous couleur de divergences techniques sur la manière de gérer les problèmes de la dette des membres de l'Union, devient peu à peu le révélateur de divergences géopolitiques internes à l'Union, l'Allemagne tentant, à cette occasion, sous couvert de vertu financière et budgétaire, de retrouver ou à tout le moins de  s'assurer un nouveau leadership sur l'Europe. De telles tendances, si elles devaient se confirmer, conduiraient inévitablement à la dislocation de l'Union. Une fois de plus la responsabilité de la construction européenne revient à ce qu'il faut bien appeler le partenariat géopolitique Franco-Allemand.

    C'est la raison pour laquelle il n'est pas inutile d'observer de manière plus globale qu'on ne le fait aujourd'hui en se focalisant sur les problèmes de l'Euro ou de la « gouvernance » européenne ce concept flou qui nourrit les agendas des réunions de Bruxelles.

    1. Analyse


    La réunification de l'Europe est sur le point de s'achever, le monde multipolaire se construit, une crise économique d'une ampleur inégalée se développe et prend une dimension géopolitique.

    Dans une époque où la planète semble retrouver l'ordre naturel des choses, c'est-à-dire un monde multipolaire, théâtre  d'une compétition acharnée sur tous les plans, l'opinion européenne manifeste un certain désenchantement et s'interroge sur le sens à donner à son projet .Cette crise dont les aspects géopolitiques sont de plus en plus évidents, par le double phénomène de transition et de migration de puissance planétaire qu'elle engendre accroît encore ce sentiment de désarroi.

    Le moment est venu pour les Européens de saisir les incertitudes de la situation, d'en tirer partie pour, en affirmant solidarité puissance, indépendance et souveraineté, afficher leur volonté d'être parmi les acteurs majeurs du monde qui vient, non pas dans une perspective d'hégémonie ou d'affrontement mais au contraire d'ouverture, de partage et de solidarité face aux défis du nouveau siècle.

    Par rapport aux ambitions de ses fondateurs, le grand dessein  européen, même s'il reste encore d'une extraordinaire audace institutionnelle et politique, comme une grande exception historique, s'est affadi en s'inspirant, au fil des ans, de l'idéologie inconsciente  du « mercantilisme apolitique ». voire « impolitique » pour reprendre la terminologie chère à Julien Freund.

    Le discours politique européen s'est réfugié dans l'évitement sémantique, forme particulière d'un principe de précaution envahissant qui tend à annihiler toute vision novatrice dans un domaine où, pourtant, celle ci devrait s'imposer. C'est ainsi qu'au vocabulaire traditionnel des grands Etats, fondé sur les concepts naturels d'intérêts vitaux de puissance, d'indépendance et de souveraineté, s'est substitué le  langage désincarné  d'une technocratie compétente mais, par nature, politiquement irresponsable. Faute d'orientation  politique mobilisatrice et en vertu d'une conception trop étroitement économique et institutionnelle de la construction européenne,  des principes abstraits tels que ceux d'acquis communautaire, de subsidiarité, de codécision, de concurrence libre et non faussée, de bonne gouvernance etc.... se sont installés dans un  discours trop souvent incantatoire. Ces principes ne parlent ni à l'opinion ni aux peuples, ils ne peuvent que susciter la résignation voire l'hostilité et, la plupart du temps, l'incompréhension.

    Pour faire face à cette situation, s'imposent à l'Europe trois impératifs fondamentaux et trois priorités existentielles.

    2. Impératifs fondamentaux.


    Ces impératifs constituent le socle de l'Union Européenne. Il revient à celle-ci, par tous les moyens, dont elle dispose de :

    2.1. Provoquer entre les membres de l'Union et les candidats en instance d'intégration un très fort consensus sur :

       *  la capacité de définir un territoire construit et aménagé par des réseaux de transport et de communication et de  grandes infrastructures publiques, aux frontières stabilisées, aux contours  raisonnables, ne  faisant pas courir à l'Union de risques de conflits latents.

        *  la reconnaissance de l'existence d'une population unie dans la diversité, accueillante aux étrangers mais consciente de perspectives démographiques préoccupantes qu'il convient de corriger sans délai.

        *  la volonté impérative de se réapproprier une culture scientifique et technologique qui tend à lui échapper.

    2.2.
    Forger une vision géopolitique commune propre aux cinq cents millions d'Européens, destinée à faire face aux visées qu'ont nécessairement sur eux les autres grands acteurs du monde multipolaire et éventuellement à les contrecarrer si d'aventure celles-ci mettaient en cause les intérêts vitaux européens qu'il est, aujourd'hui, plus que jamais, urgent de définir et d'afficher. Cette vision commune doit, bien entendu, s'appuyer sur la maîtrise de ces voies et moyens traditionnels de la puissance que sont  l'énergie, la défense, la souveraineté technologique et alimentaire, l'industrie, la monnaie, la culture, les normes etc.

    2.3.
    Inventer  le concept nouveau de souveraineté européenne, entendu comme celui d'une souveraineté continentale. Celle-ci, loin d'annihiler la souveraineté des Etats membres, viendrait la compléter, la renforcer et la surplomber  sans l'étouffer, créant ainsi une sorte d' « effet de levier » géopolitique. Ce principe nouveau traduirait simplement le fait que, face aux souverainetés affirmées sans états d'âme par les autres acteurs du monde multipolaire, les Européens souhaitent rester maîtres chez eux tout en participant activement à ce nouveau « Concert Mondial »., concept mieux adapté aux réalités que celui du  « Nouvel Ordre Mondial », que tentent d'imposer les Etats-Unis avec de plus en plus de difficultés.

    3. Priorités existentielles.


    En même temps qu'elle rend plus impérieuse encore le caractère d'urgence des impératifs évoqués précédemment, la crise, par les contraintes économiques et financières qui l'amplifient,  offre à l'Europe une extraordinaire opportunité de fixer ce qu'il ne faut pas hésiter à appeler  des priorités  existentielles,  car elles touchent à l'essence même du projet européen. Sans le respect de ces priorités l'Europe se dissoudra dans un ensemble flou  dont la maîtrise lui échappera peu à peu.

    3.1. La première de ces priorités consiste à redéfinir puis à reconstruire un modèle de société européenne inconsidérément orienté et façonné par l'omnipotence et le dérèglement des marchés financiers, l'effacement de la puissance publique, le refus de la vision à long terme mais surtout sur une conception erronée des échanges internationaux, de la division internationale du travail et du développement. Cette conception repose ,en effet, sur la mise en compétition systématique, sous prétexte  de  mondialisation/globalisation, d'espaces économiques hétérogènes et démographiquement déséquilibrés entraînant les conséquences économiques, sociales et financières à long terme considérables  qui viennent de se dévoiler brutalement.

    3.2.
    La seconde priorité consiste à se libérer  de tous ces réseaux de dépendance de type « gullivériens » dans lesquels chaque jour un peu plus, l'Europe s'emprisonne, sans que l'opinion publique s'en aperçoive. Cela va  du contrôle de l'acheminement du gaz russe  à la gouvernance  d'Internet par un « ordinateur racine » situé aux Etats-Unis, en un lieu tenu secret, dont nous déclenchons, à notre insu, la vigilante  activité au moindre « clic » de souris.

    D'autres liens de dépendance, plus subtils encore, se déploient, comme ceux tissés par la diffusion d'une culture managériale de type  anglo-saxon, reposant sur la valorisation du court terme voire de l'instantané, valorisation supposée synonyme d'efficacité et de compétitivité, refusant les contraintes du temps long et les impératifs du débat et de l'examen critique, principes dont la culture européenne est imprégnée. De très nombreux autres exemples de dépendance culturelle pourraient être examinés. Dans l'avenir ces dépendances pourront venir de nouveaux acteurs multipolaires et prendre des formes encore inconnues aujourd'hui. Pensons simplement aux retours de certaines formes de fondamentalismes religieux ou écologiques. Pensons également au formatage de l'opinion mondiale par ce que l'on est convenu d'appeler  la pensée « mainstream » ou le « storytelling ».

    3.3. La troisième enfin de ces priorités, la plus décisive, impose que l'Europe rejette ses complexes, ses doutes, produits d'une culpabilité maladive héritée d'un siècle tragique, dont la plupart des acteurs du monde multipolaire s'ingénient à lui rappeler ses responsabilités dans le déroulement des événements. Elle pourra ainsi  se percevoir non pas seulement comme la puissance traditionnelle qu'elle doit redevenir mais surtout comme la puissance normative, régulatrice et anticipatrice dont un monde déboussolé par de multiples défis : démographie, climat, épuisement des ressources, sous-alimentation, pandémies,  peurs malthusiennes irraisonnées , etc. a plus que jamais besoin et dont elle possède tous les éléments du fait de son expérience historique.

    4. Propositions

    L'Europe que nous voulons ne peut être qu'une Grande Europe politique, puissante, indépendante, souveraine et solidaire. Il ne faut pas perdre de vue que dans la conception de Hobbes, le grand théoricien, avec Jean Bodin,  de la souveraineté, le « souverain » est d'abord et avant tout le « protecteur » de son peuple face à l'état de «  lutte de tous contre tous » qui caractérise une  planète encore loin d'accepter le soit disant gouvernement mondial dont nous parlent à longueur de pages les médias les intellectuels et les commentateurs « mainstream ».

    Dans cette perspective tout doit être considéré par les Européens comme géopolitique.

    On trouvera, ci-dessous, quelques orientations prioritaires qui doivent être considérées comme non exhaustives.

    4.1.
    L' Union Franco Allemande, ouverte à tous ceux qui veulent la rejoindre, tout en s'approfondissant  sans cesse, doit être considérée comme un élément d'entraînement et d'anticipation.

    4.2.
    Les principes d'une économie solidaire, protectrice du bien être des cinq cent millions d'Européens,  seuls remparts contre les dérives d'un capitalisme financier incapable de s'autoréguler, doivent constituer  le socle d'une société européenne attentive aux droits et aux devoirs de la personne dans la perspective de ce qu'il est convenu d'appeler la « bonne société »
     
    4.3.
    Une telle perspective implique à la fois  le réajustement de l'Euro vers une parité convenable, une large diffusion de celui-ci au delà d'une zone monétaire qu'une inutile frilosité technocratique  tend à restreindre, ainsi que  la mise en œuvre d'un vaste programme de ré-industrialisation, largement appuyé par une politique vigoureuse de souveraineté technologique, de défense, de relance spatiale et de sécurité  agro-alimentaire.

    4.4. Cette perspective implique surtout que le budget de l'Union passe progressivement du 1% du PIB européen à 15% de celui-ci au cours des quinze prochaines années, atteignant ainsi le pourcentage acquis par le budget fédéral américain. Seul en effet  un tel niveau peut permettre à un gouvernement économique de mettre en œuvre des politiques significatives dans les domaines essentiels à l'indépendance de l'Europe. Il faut garder, en  outre présent à l'esprit que c'est le vote des budgets qui, dans l'histoire, a donné leur légitimité aux institutions démocratiques. Les institutions européennes ont  besoin de ce supplément de légitimité, seul moyen de combler le déficit de souveraineté dont souffre l'Union face à ses compétiteurs de la nouvelle « mondialité ».  

    4.5. Une politique ambitieuse de structuration d'un espace européen qu'il faut aménager pour lui donner sa cohérence territoriale et sa lisibilité, en particulier par le déploiement d'un réseau ferroviaire européen à grande vitesse, notamment sur l'axe « magistral » Paris ,Strasbourg, Munich, Vienne, Bratislava, Budapest, par le développement d'un système fluviomaritime de canaux transeuropéen, à grand gabarit, mais aussi par la mise en place d' un réseau transcontinental sécurisé et équilibré de transport de gaz et de pétrole.

    4.6.
    Sur le plan culturel et en particulier linguistique, l'Union européenne doit s'attacher, par l'enseignement des langues, la mise en œuvre de programmes d'intercompréhension de type scandinave, le lancement de vastes programmes de préservation de la diversité linguistique et  de traduction automatique utilisant toutes les ressources disponibles des technologies de l'intelligence et des sciences cognitives. L'Union doit valoriser cette extraordinaire richesse que constitue la cohabitation, en son sein, des trois domaine linguistiques Romain, Germanique/Anglo-Saxons et Slave.

    4.7.
    Pour faire face à un risque de vieillissement démographique entraînant, à terme, l'affaissement de sa population active et donc l'affaiblissement de son niveau de vie, risque qui constitue  probablement la menace la plus grave qui pèse sur elle, l'Union doit engager, sans délai, une véritable politique de population comprenant quatre volets indissociables : politique de natalité et de la famille, d'immigration et  de co-développement avec les pays migrants mais aussi de maîtrise des conflits intergénérationnels potentiels dont certains signes inquiétants commencent à apparaître.

    4.8
    .
    Enfin cette Europe puissante et réunifiée reconstruisant enfin, à son avantage, ce rapport de force naturel qui est la loi des relations internationales, en même temps qu'elle saisira l'occasion de rétablir des relations transatlantiques fondées sur une logique de partenariat et non de protectorat, développera principalement, dans un premier temps, de nouveaux partenariats avec la Russie , le Monde Méditerranéen,  l'Asie du sud ouest, et l'Afrique, sans exclure, bien entendu, le développement des relations avec les puissances émergentes telles que les pays d'Amérique latine ou réémergentes telles qu l'Inde ou la Chine.

    Conclusion: Créer un pôle de réflexion géopolitique

    Il est donc temps que l'Union Européenne crée en son sein un véritable pôle de réflexion géopolitique sous une forme à définir. Cet organisme qui pourrait être constitué « en réseau » serait chargé d'éclairer les choix de ceux qui auront la mission de diriger  l' « Europe Politique, Nouvelle Puissance dans un Monde Multipolaire » que, plus ou moins confusément, les Européens ,aujourd'hui quelque peu désorientés, appellent  de leurs  vœux.
            
    Cette approche très volontariste du projet européen ne s'inspire d'aucune arrière- pensé hégémonique ou universaliste. Elle se présente comme destinée à fournir au traité de Lisbonne les orientations d'une application ambitieuse de celui-ci. Il s'agit cependant d'une stratégie appelant néanmoins à la volonté de rompre avec les idéologies ayant pour objet  de réduire le rôle de la puissance publique dans l'activité économique et sociale, de lui  préférer systématiquement le jeu des mécanismes de marché  et de s'interdire les actions d'orientation  à long terme.

    L'Union Européenne, dont la réconciliation franco-allemande reste l'un des symboles fondateurs doit s'affirmer comme une puissance majeure  d'entraînement, d'anticipation et d'exploration du possible à un moment où le monde doit résoudre, en même temps, les contraintes géopolitiques du retour de la multipolarité et les grands défis planétaires.

    Elle se doit de créer dans tout ces domaine les outils qui lui permettent de sortir de la » trappe géopolitique » dans laquelle tous les grands acteurs du monde multipolaire, s'étant eux forgé une vision géopolitique du monde tentent de la maintenir.

    Proposer aux Européens une vision géopolitique,  c'est analyser les forces et les faiblesses, les atouts et les risques,  les enjeux et les défis que la situation singulière de l'Europe par rapport à la géographie de la planète lui confère, à une époque où  se conjuguent la montée des rivalités internationales, de grandes échéances systémiques financières, climatiques, alimentaires,  démographiques, culturelles et sanitaires.

    Sans la création d'une ou plusieurs institutions  d'anticipation du futur,  les Européens se condamnent à déléguer la conduite de leur destin à d'autres qui n'ont aucune raison de leur laisser la possibilité de s'affirmer comme des acteurs majeurs du monde qui vient.

    18/06/2010
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