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Le renouveau russe : espoir ou péril ?...

La revue Perspectives libres, publiée aux éditions Le Retour aux Sources, vient de sortir son deuxième numéro, qui est consacré à la Russie. On y trouvera, en particulier, des articles de fond d'Alexandre Latsa et de Xavier Moreau ainsi qu'un entretien avec l'historien Bernard Bruneteau.

 

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"« La Russie sauvera le monde » écrivait le regretté Jean Dutourd. Plus modestement, la Russie peut-elle aider l’Europe à se sauver elle-même ? C’est la question qui nous a conduit, en plus d’une affection pour une grande nation et grande alliée de la France, à nous interroger sur le renouveau russe.

Qui aurait pu penser à la chute de l’Union soviétique que la Russie reviendrait au premier plan de la puissance. La tragique « modernisation » économique de la Russie entraîna plus d’un million de victimes, exemple comme un autre d’un hiver démographique qui pouvait condamner l’ex-géant soviétique. Le prestige diplomatique de la Russie ne survivait pas sans la béquille de la diplomatie américaine. L’économie et la société russe tombèrent aux mains d’anciens dignitaires soviétiques devenus de véritables seigneurs de guerre à la faveur de la privatisation des monopoles d’Etat.

Mais dès 1997, la Russie reprend la conscience puis la maîtrise d’elle-même. C’est ce phénomène qui amènera l’arrivée au pouvoir, au terme d’une grave crise de régime, de Vladimir Poutine.

Vladimir Poutine et son équipe proche ont réussi en dix ans à refaire une Russie-puissance. Le constat est là, quelles que soient les critiques que l’on puisse faire au régime et  aux hommes qui le servent. Du marché global de l’énergie jusqu’au maintient de la paix dans la zone stratégique d’Asie centrale (cf. entretien avec Alexandre Knyazev), la Russie est aujourd’hui un acteur mondial incontournable.

Des stratégies de diabolisation (cf. article sur la russophobie) et de néo-containment (article d’Alexandre Latsa sur les révolutions colorées) ont été mises en place. Cette stratégie de diabolisation, mise en place à travers des intellectuels stipendiés ou idiots utiles d’une propagande grise (cf entretien avec Daniel Salvatore Schiffer), a permis de détourner les élites européennes avec des résultats variables de l’axe France-Russie ou Europe-Russie (voir l’article de Xavier Moreau).

Toutefois la russophilie populaire, issue d’une très ancienne connivence intellectuelle franco-russe (voir l’article de Jean-Gérard Lapacherie) fit que la russophobie dans toute sa gamme idéologique (de Thierry Wolton à André Glucksmann) ne put passer la barrière de Saint-Germain-des-Prés et des médias dominants.

L’émergence économique et énergétique chinoise, l’affaiblissement de la puissance américaine, la menace allemande sur les économies européennes, conjugués avec l’une des plus grandes crises de l’histoire du capitalisme, nous oblige à regarder notre allié russe dans sa vérité. Le grand historien Martin Malia écrivait que ce que l’on prend pour le fatalisme slave n’est rien de plus que la conscience que la Russie aurait pu ne pas être. Cette fragilité, le champ de ruines satisfaites qu’est l’Europe aujourd’hui devra l’apprendre. Cette Europe qui se laisse vivre sans même s’interroger sur elle-même,  sur son devenir et plus profondément sur sa singularité et son caractère contingent (Voir l’entretien avec Bernard Bruneteau).

Le retour de la Russie est aussi un des facteurs du retour des politiques de puissance, nous commençons une série sur ce thème avec La Turquie et les grands nationalismes asiatiques. La mondialisation heureuse se dissipe, le multilatéralisme est un fait, nous entrons dans un monde plus libre mais plus incertain. La conscience de la fragilité joua pour la Russie, le rôle du déclin en France, une conscience de la nécessité de l’action, la pensée de survie et l’horizon de guerre nécessaire pour persévérer dans son être et demeurer libre."

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