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europe - Page 132

  • Le temps des colons...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à l'emprise des multinationales sur l'agriculture européenne.

     

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    Le temps des colons

    La nouvelle passera inaperçue de tous ceux qui n’entretiennent pas un lien direct avec l’agriculture. La Chambre des Députés examine le 28 novembre un projet de loi qui oblige les agriculteurs à payer des droits à l’industrie des semences, sur les semences issues de leurs propres récoltes de fruits et de légumes – obtenues gratuitement. De nombreuses organisations appellent à manifester ce même jour, à Paris, devant ce qu’elles dénoncent comme un hold-up des industries du vivant. De quoi s’agit-il ?

    Qu’elle soit entièrement naturelle ou gérée par l’homme, la reproduction végétale a lieu à partir de graines, de semences, qui produisent de nouvelles plantes. La terreur des famines vient beaucoup de ce dilemme qui a longtemps hanté la conscience occidentale; soit manger toutes les graines disponibles, de blé par exemple, et condamner la récolte future ; soit conserver une part des graines pour les planter, et mourir de faim… L’intervention humaine a su jouer de la sélection naturelle, puis des hybridations, pour produire de nouvelles variétés, choisir les variétés les plus résistantes, les plus productives ou les mieux adaptées. Tout a changé quand l’industrie des semences a pu déterminer scientifiquement les caractères des plantes, fruits et légumes – substituer le produit de l’industrie au fait de la nature. D’immenses travaux, des investissements, ont permis d’augmenter les rendements, de raccourcir les exigences et le temps du cycle végétal, etc. Pour une part au moins, l’industrie a contribué à la fameuse « révolution verte », et à la fin de la famine.

    De marginale, l’industrie des semences est aujourd’hui devenue dominante ; pour de nombreuses cultures, l’utilisation de semences achetées sur le marché est obligatoire, pour d’autres, elle est très majoritaire. Dans un exemplaire processus de captation réglementaire, les semenciers ont réussi un hold-up sur le vivant ; eux qui ont fondé leurs travaux, leurs produits et leur chiffre d’affaire sur la nature, entreprennent d’en finir avec le processus naturel scandaleusement gratuit. Qu’est-ce qu’un paysan qui travaille avec la nature et ne rémunère pas le capital concurrent de la nature ? De sorte que tout se renverse, et les industriels considèrent à présent l’usage de semences issues de la récolte précédent comme une concurrence déloyale. Des affrontements internationaux sévères ont assuré aux Etats-Unis un quasi-monopole sur la plupart des filières, même si quelques entreprises françaises, souvent coopératives, ont efficacement résisté. Mais à quel prix ! Celui du ralliement à un modèle d’appropriation du vivant qui ne va pas sans problèmes. De même que Monsanto poursuit impitoyablement les paysans qui auraient réutilisé des semences et contourné son monopole du vivant ( et se trouve probablement à l’origine de plusieurs milliers de suicides de paysans indiens chaque année), l’ensemble des semenciers entend mettre fin, non au mécanisme de la nature, mais à leur libre disposition par l’homme. Les exploitants qui utilisent des semences naturelles pour les 21 espèces autorisées par l’Union européenne ( blé, pommes de terre, entre autres ) devront payer un droit pour financer la recherche des semenciers… sous prétexte de protéger la propriété intellectuelle ! L’information peut sembler anodine, elle ne l’est pas. Vous ne rêvez pas ; pour toutes les autres variétés ( légumes, céréales ), il est interdit aux agriculteurs d’utiliser leurs propres semences ! Vous ne rêvez pas ; la biodiversité n’est plus gérée que par l’industrie des semences, qui a dramatiquement réduit la diversité des variétés locales ou régionales de maints légumes et plantes. Et vous ne rêvez pas ; même quand les agriculteurs utiliseront leurs semences, ils devront payer des droits à l’industrie !  Elle marque un pas supplémentaire dans la suppression de la gratuité décrétée et poursuivie sans relâche par les nouveaux esclavagistes, ceux qui entendent que pas un hectare, pas une graine, n’échappent à la loi du rendement maximal et au service du capital investi.

    Il est permis d’ironiser sur l’urgence européenne de réglementation des semences, quand la maison euro coule. Les fonctionnaires fonctionnent, c’est même tout ce qui leur est demandé. Il est plutôt permis d’analyser un hold up sur le vivant, de même nature que celui réalisé par les autorités américaines quand elles ont étendu le droit des brevets, non plus aux inventions mais aux découvertes, entendues dans le sens très extensif de description d’un mécanisme naturel quand elle est faite pour la première fois. Au nom de la recherche et du droit, il s’agit d’assurer la mainmise sur le vivant des industriels, de manière à mettre fin à la scandaleuse gratuité de la nature ; comment, des productions qui ne rapportent pas, qui ne rémunèrent pas le capital et qui ne paient pas l’impôt ? L’expulsion des hommes de leur monde par la privatisation et par l’entreprise se poursuit, elle se précise, elle gagne des domaines inouïs, comme celui de la reproduction animale, où il sera bientôt interdit que des particuliers laissent leurs animaux de compagnie ou d’élevage se reproduire sans payer un droit à l’industrie de la reproduction animale – sous couvert d’amélioration de la race, sans doute ? Et c’est un autre épisode de la colonisation de nos sociétés par l’entreprise privée et par l’économie financière qui se joue, comme il s’est joué à propos du gaz de schiste, comme il se joue à propos du coup d’Etat perpétré en Europe par les banques et les marchés, comme il joue à propos du démantèlement des frontières et de l’importation du sous-développement, de l’esclavage et de la misère sur notre sol. La séparation entre l’homme, la nature, sa terre et les siens se poursuit. Tous nomades, tous nomades – c’est-à-dire dépossédés de la sûreté d’être qu’assure le rapport direct avec la nature. Le banquier et le marchand veillent à cette dépossession, qui fait d’eux les colons du monde à venir. La production du monde de l’artifice, qui est aussi celui de la rente, ou du racket, s’accélère même à la mesure que la crise enlève toute pudeur ou toute retenue à l’exigence de rentabilité du capital investi. Et la question est posée ; n’est-ce pas un nouveau et vaste mouvement des enclosures, analogue à celui qui a expulsé les petits fermiers britanniques ou écossais de leurs terres, et grossi l’esclavage des forges, des aciéries et des filatures, au début de la première révolution industrielle qui se déroule avec l’expulsion du paysan européen de la nature, gratuite, inappropriable, et jamais asservie ?

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 28 novembre 2011)

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  • L'Union européenne contre l'Europe !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Andrea Massari cueilli sur Polémia et consacré à la trahison de l'europe par l'Union européenne... 

     

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    L'Union européenne contre L'Europe

    La confusion entre l’Union européenne (institution politico-bureaucratique politiquement correcte) et l’Europe (héritage culturel et mythologique) est un mensonge qui fait beaucoup de mal. Car ce qui va de travers est attribué à l’Europe alors que ce qui est en cause, c’est l’Union européenne et son idéologie néfaste.

    Destruction des frontières et conflits de frontières

    En fait, la destruction des frontières et la volonté générale de normalisation et de centralisation dressent les Européens les uns contre les autres :

    - ce sont l’Irlande et la Pologne qui s’opposent à propos des immigrés polonais en Irlande ; ou la Roumanie qui entre en conflit avec les autres pays à propos des Roms ;
    - ce sont l’Italie et la France qui se chamaillent à propos des migrants clandestins de Lampedusa ;
    - c’est le Danemark qui se fait gourmander quand il rétablit des contrôles à ses frontières ;
    - ce sont les pays du nord qui ne veulent pas payer pour les pays du sud, appelés avec mépris les pays de « Club Méd » ;
    - ce sont les pays du sud qui se sentent humiliés par les pays du nord qui veulent racheter leurs îles et leurs côtes ;
    - ce sont les petits pays qui regimbent devant les diktats des plus grands.

    « L’Europe c’est la paix » est un slogan qui parle encore aux générations qui ont connu la guerre. Mais dans la réalité d’aujourd’hui, c’est de la novlangue, car l’Union européenne – qui n’est pas l’Europe – est un multiplicateur de conflits entre Européens.

    L’euro et le retour de la germanophobie

    L’euro a imposé une monnaie unique à des pays qui ne constituaient pas une zone monétaire optimale. L’euro a imposé le même carcan monétaire à des pays de culture économique et monétaire différente. La monnaie commune était une idée heureuse, la monnaie unique une idée dangereuse.

    Aujourd’hui les craquements de l’euro – sorte de Mark continental – développent l’acrimonie entre Européens. Les Allemands se plaignent de l’irresponsabilité et de la nonchalance de leurs voisins. La France et les pays du sud répondent que le modèle allemand n’est pas généralisable : pour une raison simple, l’Allemagne réalise ses excédents commerciaux non sur le reste du monde (elle a eu, en 2009, 19 milliards de déficit commercial sur la Chine) mais sur les autres pays européens. Si les voisins de l’Allemagne s’alignaient sur le modèle allemand, l’Allemagne plongerait dans la déflation.

    Cette analyse objective s’accompagne souvent de commentaires germanophobes : sur le site Atlantico, l’essayiste Jean-Luc Schaffauser, qui se présente comme « Alsacien, Germain et Français », écrit : « Il revient à la France, avec l’appui de l’Espagne et l’Italie, et d’autres pays de l’Europe du Sud, de contenir le démon allemand. A défaut, l’Europe n’aura aucune chance de survie. Nous sommes, en effet, en train d’aller vers une Europe allemande, c’est-à-dire vers plus d’Europe du tout ! L’Allemagne, après avoir détruit deux fois l’Europe, risque fort de la détruire une troisième fois par la guerre des temps modernes, la guerre économique. L’Allemagne a besoin d’une correction ; sa correction, c’est la vérité sur sa politique ! ». « Europe allemande », « démon », « correction » : derrière une analyse économique rationnelle, c’est le retour d’un vocabulaire stigmatisant, culpabilisant et diabolisant, peu propice à l’amitié entre les peuples.

    Dans le même esprit un auteur des Echos avait sérieusement envisagé que l’Allemagne prenne en charge la dette grecque au titre de « réparations » dues pour la Seconde Guerre mondiale pourtant officiellement terminée il y a… deux tiers de siècle.

    La faute de l’Union européenne : ne pas s’être (op)posée face au reste du monde

    L’Union européenne a un marché unique et une monnaie unique mais elle n’a pas de politique commerciale face au reste du monde. L’Union européenne est la zone économique la plus ouverte du monde ; son déficit commercial n’est pas dû à ses faiblesses économiques mais à ses faiblesses politiques. Son tort est d’accepter le dumping social et environnemental des pays émergents ; son tort est d’accepter les pratiques commerciales déloyales de ses principaux concurrents ; son tort est d’accepter sans réagir la politique mercantiliste de la Chine qui impose un yuan sous-évalué tout en exigeant des exportateurs européens qu’ils transfèrent leur technologie et abandonnent, de facto, leurs droits de propriété intellectuelle.

    L’Union européenne a une monnaie unique mais elle n’a pas de politique financière commune. Elle se trouve donc exposée aux pratiques prédatrices de la finance anglo-saxonne. Les déficits budgétaires américains et britanniques sont supérieurs à ceux de l’Italie et de la France ; leur endettement public et privé est aussi supérieur : pourtant la spéculation (« les marchés ») s’attaque à l’Italie et à la France, non, pour le moment du moins, aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne. La raison en est simple : les banques centrales anglo-saxonnes rachètent la dette des Etats anglo-saxons ; la Banque centrale européenne ne rachète pas (elle n’en a d’ailleurs pas le droit) les dettes des Etats européens. Résultat : la masse monétaire créée par les Anglo-Saxons est disponible pour spéculer sur les dettes européennes. Inspiré par l’Allemagne, le modèle monétaire de la BCE est sans doute vertueux mais il n’est pas tenable dans un monde complètement ouvert. L’Union européenne devra choisir : réglementer et protéger son marché financier ou faire, comme les autres, fonctionner la planche à billets.

    L’Union européenne cherche à construire un gouvernement économique commun mais les personnalités mises en avant appartiennent toutes à la superclasse mondiale : le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, est un homme du Bilderberg et de la Trilatérale ; comme l’est Mario Monti, le nouveau premier ministre italien, par ailleurs ancien de Goldman Sachs ; tout comme Mario Draghi, le nouveau président de la BCE. Ce qu’on appelle la « gouvernance européenne » est de fait au service de la finance mondialisée.

    L’Europe, une figure singulière face aux trois impérialismes : américain, musulman, chinois

    Les peuples et les nations européennes sont en train de reprendre leurs chicaneries.
    Pour deux raisons :

    - l’Union européenne veut leur imposer des règles communes qui ne leur conviennent pas ;
    - et dans le même temps l’Union européenne les livre pieds et poings liés à trois impérialismes :

    • l’impérialisme financier des Etats-Unis et de la superclasse mondiale ;
    • l’impérialisme commercial des Chinois ;
    • l’impérialisme migratoire et civilisationnel des musulmans.

    En face de cela, l’Europe ne peut survivre qu’en retrouvant le sens de son identité, de ses frontières et de ses intérêts. L’Europe a des concurrents, des adversaires, des prédateurs et même des ennemis. Son problème c’est que l’Union européenne ne veut pas en tenir compte.

    Andrea Massari (Polémia, 24 novembre 2011)

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  • Le fantôme des présidentielles...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son blog Regards sur le renversement du monde et consacré à la souveraineté des peuples d'Europe.

     

     

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    Le fantôme des présidentielles

    Un fantôme hante l’élection présidentielle, la vie politique, et, bien au-delà, une partie de l’Europe. Non, ce n’est pas celui de Marine Le Pen, de Jean-Pierre Chevènement ou de Jean-Luc Mélanchon en France, non plus que celui de Fini en Italie ou du populisme un peu partout. C’est celui de l’autonomie. L’histoire politique de l’Europe depuis trois siècles pourrait être résumée comme une conquête de l’autonomie des peuples d’Europe, contre l’empire et les tentations impériales successives, contre l’autorité religieuse, contre Rome et toute forme de pouvoir venu d’en haut, contre les idéologies qui dépassent les Etats-Nations, et aussi contre toutes les minorités qui voudraient faire prévaloir leur intérêt particulier contre l’intérêt commun. Et l’autonomie signifie que les peuples d’Europe, constitués en Nation, ont décidé de ce qui les concernait.

    Ce n’est plus le cas. Manipulation habile ou naufrage provoqué, le projet de referendum grec suit une longue liste de referendums, de débats ou de choix où la volonté populaire a été bafouée, ou interdite d’expression. Il est grave que l’Union européenne ait été le prétexte, ou le moyen, de nier l’autonomie des  Nations. Soit qu’elle se soit exprimée dans les règles, et qu’il n’en ait pas été tenu compte, et le contournement du « non » français au referendum sur la Constitution européenne de 2005 est une forfaiture qui se paiera au prix fort ; soit qu’elle voit son expression interdite, au moyen d’un arsenal où la pensée unique, l’intimidation médiatique et les lois de censure s’allient efficacement ; soit encore, et surtout, que le principe même d’un débat et d’un choix démocratique, confié à la majorité, soit refusé. Les naïfs qui vont déplorant la tiédeur de la France à se réformer devraient sortir dans la rue ; la plus grande transformation de la France en une génération est là, dans les effets d’une immigration de travail d’abord, de peuplement ensuite, d’occupation enfin ; ceux qui y sont n’y étaient pas. Les Français ont-ils jamais pu en débattre, en être informés, et en décider, alors que cette transformation, pour le meilleur ou pour le pire, va déterminer leur avenir, et celui de leurs enfants, dans des proportions que nul ne veut imaginer ? Les mêmes en appellent à la réforme ; au plus vite, obéir à la banque, à la finance et au marché, au plus vite défaire l’héritage de deux siècles de débats, de mouvements et de combats de société pour établir des mutualisations, des protections, et pour faire de la France la France de tous les Français. Fin des retraites par répartition, fin du droit de grève, fin du droit de tous les Français à être soignés, éduqués, et représentés. On voit bien l’intérêt de ceux qui plaident pour le libre échange, l’ouverture des frontières et les droits universels ; la réduction de la société à une somme d’individus atomisés, sans identité, sans histoire et sans repère, assure le triomphe sans limite du marchand et du banquier, et prépare celui de l’usurier et du colon. Et la démutualisation, effet obligé de l’ouverture sans limite des frontières au mouvement des capitaux, des biens et des services, assure le triomphe des contrats privés sur les solidarités collectives – et l’importation du sous-développement dans nos territoires. D’autres en appellent à plus d’Europe, pour sortir d’une crise qui vient sans doute et en premier lieu d’avoir fait de l’Europe une forme indéfinie, invertébrée, sans frontière et sans identité, incapable d’agir. L’Union européenne est la zone la plus ouverte du monde ; nous en voyons les effets. L’Union européenne est la zone qui s’interdit toute préférence pour soi, et ses intérêts vitaux ; chaque conférence internationale est l’occasion de constater le désarmement de l’Union face à des Etats-Unis et une Chine qui savent où sont leurs intérêts vitaux, qui n’ont aucune pudeur à afficher leur préférence nationale en vertu du principe simple ; ce que nous ne faisons pas pour nous, personne d’autre ne le fera. L’état d’apesanteur stratégique de l’Europe, produit de la conscience malheureuse infligée aux Européens, de la repentance et de la haine de soi inculquées depuis trop d’années, vaut à l‘Europe de se poser comme cible ; non seulement l’Europe ne nous protège de rien, mais elle nous expose désarmés, notamment en raison des intolérables atteintes aux souverainetés nationales que multiplient des administrations bruxelloises et des Cours de justice pléthoriques et surtout, indépendante de la souveraineté et de la volonté populaire.

    Qui parle aujourd’hui aux Français de leur capacité à agir, à choisir, et de la liberté souveraine d’une Nation à choisir son destin ? Qui leur dit que l’avenir n’est jamais écrit, qu’il y a toujours une alternative, et que « la seule voie possible » est la négation même de la politique ? Qui, dans les partis dits « de gouvernement », se sent plus lié au peuple français qu’aux contrats et aux directives ?

    Le fantôme de l’autonomie prend en otage le débat présidentiel, comme tous les débats à venir. Pour mesurer le délabrement de la classe politique et des partis dits de gouvernement, de l’UMP au Parti socialiste, il suffit de mesurer la médiocrité des réponses à une crise dont chacun sait bien qu’elle n’est économique qu’en surface, et que derrière l’euro, c’est l’Europe qui est en jeu, dans son identité, dans sa frontière, et dans sa liberté. Il suffit aussi d’observer comment les accusations faciles contre les banquiers, les assureurs, les financiers, sont portées par ceux-là même qui se vantaient d’une croissance financée à crédit, et d’un confort social payé par la dette, c’est-à-dire par la dépendance. Et il suffit de voir. que le combat pour la souveraineté et la liberté des Français du général de Gaulle, celui de l’appel du 18 juin, celui aussi du choix de l’indépendance algérienne « pour que Colombey les Deux Eglises ne devienne pas Colombey les Deux Mosquées », n’est plus représenté par personne au sein des deux partis qui prétendent monopoliser la légitimité du pouvoir et de la représentation nationale, alors qu’il est le combat de la France, d’abord, et de la France dans et pour l’Europe ensuite – parce que si l’Europe n’est pas le moyen de l’autonomie des peuples européens dans un monde en voie de chaos, il faut la défaire. Depuis l’abandon par les socialistes de la volonté de faire société, au prix du ralliement à un internationalisme du consommateur qui fait si bien les affaires des multinationales, depuis que les socialistes ont choisi  le luxe de la bien pensance contre la réalité du combat social, depuis que la droite de la complicité avec les Etats-Unis et ses alliés liquide ce qui restait de l’exigence et de la dignité gaullistes – l’affaire libyenne, iranienne demain, ruinant l’autorité morale que le refus français de s’associer à l’agression américaine contre l’Irak lui avait valu – la quête de l’autonomie, contre l’anomie collective et l’amnésie historique, contre l’uniformisation marchande et le sans frontièrisme des trusts, ne se retrouve que dans ce qui se nomme, faute de mieux, les extrêmes, qui veut s’appeler droite populaire, qui aurait pu s’appeler gaullisme, et qui continue de vouloir, envers et contre tout, la liberté et la démocratie. Il faut mesurer la situation, pour ce qu’elle a d’exceptionnel et d’interpellant ; il est grave que seuls les extrêmes parlent du peuple, parlent de la France aux Français, et disent que rien n’est perdu tant que la bataille n’est pas livrée. Au moment où le mot de « résistance » s’entend de nouveau dans une opinion atterrée de la complicité avec la colonisation qui s’affiche au parti socialiste et chez les prétendus « Verts », au moment où les Français s’interrogent sur la soumission de leurs élus à des intérêts qui ne sont pas ceux de la France, il est bon de s’en souvenir ; celles ou ceux qui incarneront, aujourd’hui et demain, l’autonomie des Français et des Européens, seuls ont des chances, dans six mois, dans cinq ou dans dix ans, d’entrer dans l’histoire, et de gouverner la France. Et ceux-là seuls peuvent prétendre incarner l’Etat, qui n’est rien s’il n’est le moyen de l’autonomie des Français, de leur projet et de leur destin communs.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 21 novembre 2012)

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  • La vieille Europe et le jeune Machiavel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr, qui appelle les peuples européens à renouer avec la pensée de Machiavel pour sortir de leur sidération et de leur impuissance... 

     

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    La vieille Europe et le jeune Machiavel
     
    Machiavel n'a jamais eu si mauvaise presse que parce qu'il effrayait ceux qui étaient incapables de grandeur, encore moins capables de la concevoir, et aussi ceux qui gouvernaient selon ses principes sans que cela se sût. Aussi fut-il perçu comme le théoricien des tyrans, quand il fut plutôt l'éducateur le plus lucide des Républicains.
    Or, dans Le Discours sur la première décade de Tite-Live, il loue la lutte de classe. Pour lui, c'est l'une des sources de la puissance antique de Rome.

    Le malheur de Florence, selon lui, ne résida pas dans la présence en son sein de conflits entre le popolo minuto et le popolo grasso, qui auraient eu le malheur de la déchirer, mais, paradoxalement, dans son renoncement à ceux-ci, et dans l'abdication du peuple, face à la menace étrangère, à des condottieri. Les dominés auraient dû mener leur lutte jusqu'au bout, jusqu'à faire prévaloir leur vue.

    Du reste, une République est un Etat qui se maintient et se renforce face à l'adversité interne, et grâce à elle. La puissance de régulation de la société par un organisme voué à la stabilité doit se réactiver par une vertu sans cesse renouvelée grâce à des luttes qui le mettent en danger. L'équilibre ne peut alors être que le fruit d'un déséquilibre pérenne.

    Qu'importe les motivations des uns et des autres, l'ambition et l'amoralisme des hommes d'Etat, et la naïveté ou l'erreur des révoltés. L'essentiel est que se développe et se maintienne une situation de heurts afin que les rouages du corps politique ne rouillent pas, qu'au contraire ils se renforcent par l'habitude du danger, de la violence et des grands desseins. Car la Fortune suscite, lorsque la lutte s'amplifie, les hommes capables de la conduire, et parfois, ce sont de grands hommes.

    Il n'est rien de pire pour un Etat que la paix civile, l'affadissement du combat politique, et la domination sans partage d'une coterie qui endort et s'endort, tombe dans la récréantise en amollissant et avilissant le peuple. Pour Machiavel, la décadence de l’empire romain n'a pas d'autre facteur.

    C'est ainsi que la vieille Europe, au sortir de plusieurs guerres continentales, et d'une tuerie sans précédent, a préféré l'esclavage à la liberté. On appela cela une paix, quand ce n'était que le prix de l'asservissement.

    Le danger d'une guerre mondiale sur ses terres l'avait, en la scindant, donné entièrement aux deux belligérants qui se partageaient le monde et menaçaient de déclencher une guerre nucléaire. Depuis 1989, elle n'a pas eu la force de reconquérir son indépendance, qui aurait supposé une prise de risque historique, et a préféré se leurrer en considérant qu’il était encore possible de vivoter dans l’abondance, moyennant la servitude. C’est ainsi que tous les Etats de l’Union européenne ont aliéné leur puissance politique et militaire et choisi de se soumettre aux Etats Unis d’Amérique.

    Outre qu’une telle option ne s’accompagne pas nécessairement des dividendes attendus, si l’on en juge par la crise actuelle, qui est une véritable captation des richesses européennes par les compagnies financières internationale – car les esclaves sont rarement récompensés – on assiste à une destruction intérieure des corps et des âmes, un effondrement des capacités à voir clair et à réagir. Non seulement la propagande règne sans partage, plongeant les peuples européens dans une sorte de paralysie, de sidération, qui leur fait avaler tous les mensonges du système, mais il arrive aussi qu’ils se conduisent exactement comme ils ont été conditionnés à le faire, à coups de spécialistes et d’endoctrinements médiatiques, qui persuadent qu’il n’est d’autre réaction à penser.

    C’est ainsi que la fable du 11 septembre, mise en doute dans le monde entier, et aux USA même, est considérée ici comme un dogme ; que les guerres en Serbie, en Libye récemment, n’ont suscité aucune contestation, bien qu’elles soient le signe d’une vassalisation ; que personne ne conteste la politique périlleusement assassine d’Israël ; que tout le monde gobe les mensonges sur l’Iran et la Russie, préparant le terrain à un conflit d’ampleur ; que la politique libérale mondialiste, enfin, est rarement remise en cause, et apparaît donc comme la non-pensée unique (la véritable pensée impliquant la contradiction, opposition donnée difficilement par quelques mouvement, dont le Front national en France).

    Dernièrement, les milieux bancaires ont tenté et réussi des putschs dans certains pays de l’Union. En Grèce et en Italie, la connivence entre la droite et la gauche de l’argent a permis la prise du pouvoir de la finance internationale. Le peuple grec semble réagir, mais sa rage est impuissante. En Italie, la faveur populaire, stupidement, paraît plébisciter Mario Monti. En Espagne encore, les électeurs, par dépit, ont remplacé des maîtres par d’autres plus féroces, comme les grenouilles de la fable, qui demandaient un roi.

    Notons au passage que les deux nations latines, l’Italie et l’Espagne, ont un taux de naissance très bas, de l’ordre de 1,4%, tandis que les contre-maîtres germaniques de la puissance étatsunienne, tout aussi vieillissants, qui pavoisent sur la médiocrité de leurs « alliés », partagent ce triste record.

    L’Europe ressemble à un asile de vieillards, campés sur leurs rentes, et s’affairant pour sauvegarder quelques instants confortables d’existence, tandis qu’au dehors, la « racaille » aiguise les couteaux pour faire place nette.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 22 novembre 2011)
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  • Nucléaire, souveraineté et puissance...

    Alors que la question du nucléaire va sans doute être au coeur de l'élection présidentielle de 2012, nous reproduisons ce point de vue éclairant de Bruno Racouchot, paru cet été dans Valeurs actuelles. Bruno Racouchot, directeur de la société COMES, publie la lettre d'information Communication & Influence

     

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    Les combats du nucléaire

    Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En France, les centrales nucléaires assuraient en 2010 74,1 % de notre production d’électricité, 12,4 % étant fournis par l’hydraulique et 10,8 % par le thermique à combustible fossile, les autres moyens se révélant dérisoires. En Allemagne, la même année, le nucléaire représentait 28,4 % de la production d’électricité et aux États-Unis, 19,6 %. De fait, même si le gouvernement français a récemment lancé un exercice de prospective envisageant divers scénarios de sortie du nucléaire, rien ne peut ni ne doit se faire dans la précipitation.

    D’autant qu’au-delà des aspects strictement techniques du dossier, c’est essentiellement sur les images, les peurs, les fantasmes que va se jouer la bataille de l’opinion. L’onde de choc de Fukushima met à mal le couple franco-allemand, et partant, toute l’Europe. Il faut dire que les intérêts en jeu sont colossaux et qu’ils excitent bien des groupes de pression, désireux de nous voir renoncer à notre indépendance et tomber en sujétion.

    Le public français va donc être soumis dans les mois et les années à venir à de rudes attaques.

    D’autant qu’interrogés lors d’un récent sondage Ifop-le Monde, nos concitoyens font plutôt montre de réalisme. Ils reconnaissent que l’énergie nucléaire joue un rôle important dans notre indépendance énergétique (85 %), que grâce au nucléaire, la production d’électricité est sûre et constante (79 %) et que cette énergie est produite à un coût plus faible que par d’autres modes de production (73 %). Or, il existe au moins deux bonnes raisons d’attaquer ce consensus : la première est d’ordre technologique, la seconde d’ordre géopolitique. L’Allemagne prépare une mutation majeure de son économie sur le plan énergétique. En changeant de levier au profit des énergies alternatives, elle va bénéficier d’une forte avance technologique, qui constituera un atout à l’international. Le tout est de savoir quand.

    C’est là un défi qui s’étend bien au-delà du simple paramètre technique. Il pose la question de l’organisation de la société et surtout de l’adhésion à un projet de vie. Entre également en perspective ici la dimension géopolitique. Si l’Allemagne peut se permettre ce virage, c’est parce qu’elle sait pouvoir s’appuyer sur Gazprom. Qu’elle se détache progressivement de l’Europe de l’Ouest pour s’amarrer à la puissance continentale majeure qu’est la Russie n’est pas anodin. La France se trouve donc coincée de facto entre pétrole et gaz, entre l’enclume américaine et le marteau russe. Notre filière nucléaire va donc devoir combattre sur deux fronts à la fois, et sur des registres bien différents de ceux auxquels elle est accoutumée. Aussi devons-nous faire très vite notre propre mutation si nous voulons traverser cette épreuve.

    Car contrairement aux apparences, ce n’est pas seulement sur le plan rationnel qu’il va falloir agir. Les antinucléaires sont inquiétants à double titre : ils sont instrumentalisés par des groupes de pression connaissant parfaitement les techniques de manipulation et de désinformation ; et leur combat est avant tout idéologique, pour ne pas dire cryptothéologique. Ceux qui en douteraient devraient lire le dernier essai de Régis Debray, Du bon usage des catastrophes (Gallimard), où il rappelle par exemple que c’est par des images, des révélations, du merveilleux, que le christianisme a fait tomber un Empire romain trop sûr de sa force et de son droit… Nous allons inéluctablement voir se multiplier les attaques de toutes sortes, y compris à l’intérieur de l’appareil européen. Voilà pourquoi nous devons très vite anticiper la nature des affrontements à venir. Loin des équations et des algorithmes qui parlent peu à l’homme de la rue, c’est dans le domaine des idées, sur le plan communicationnel et informationnel que va se jouer la vraie bataille. Il est urgent de penser la communication de nos grands groupes énergétiques autrement. Donc, de changer d’échiquier, de rompre avec les postures défensives, pour occuper – réellement – le terrain de l’influence. L’influence, c’est avant tout donner du sens. C’est soutenir une stratégie qui sait et qui dit où l’on va, ce que l’on veut. C’est affirmer et assumer une identité forte. C’est avoir une perception de son devenir allant bien au-delà de son seul coeur de métier. C’est tisser en permanence des passerelles entre la realpolitik et l’imaginaire pour répondre aux attentes, aux craintes, aux espoirs. En explorant les champs connexes à son activité, en communiquant de manière à donner du sens à l’action engagée et à la stratégie suivie, on donne la preuve que l’on a une perception synoptique des enjeux. Consciemment ou non, les Français veulent que notre pays déploie une stratégie de puissance digne de ce nom, qui lui rende son dynamisme et sa grandeur. Les combats de demain se joueront dans les têtes. La bataille des idées sera déterminante. Il est grand temps, pour nos élites, de faire montre d’un nouvel état d’esprit, lucide, déterminé, pragmatique, et d’intégrer une bonne fois pour toutes les stratégies d’influence dans leur stratégie globale. 

    Bruno Racouchot (Valeurs actuelles, 4 août 2011)

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  • L'Europe face à la crise économique

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    Le communiqué de Romain Lecap pour son Libre journal des lycéens diffusé le samedi 19 novembre 2011, à midi, sur radio Courtoisie :

    "Samedi midi vous êtes pris!
    Nous consacrerons notre Libre Journal à la grave crise économique qui sévit en Europe.
    Nous recevrons Alain de Benoist, dont beaucoup ont pu lire dernièrement les très intéressantes réflexions sur l'argent ou le crédit, Louis Alexandre qui anime la revue Rebellion et Frederik Melville de l'Organisation Socialiste Révolutionnaire Européenne (O.S.R.E) qui nous donneront leur éclairage sur cette crise à la lumière de leur combat résolument anti-capitaliste, et enfin Karl Hubert, spécialiste des questions économiques pour le bulletin de réinformation.
    En fin d'émission, nous retrouverons les chroniques culturelles de Pascal Lassalles, les bons plans de Paris by Right et les chroniques de la vie ordinaire de François, racontées par Xavier Delaunay.


    Si vous souhaitez poser des questions à nos invités, vous pouvez le faire en direct lors de l'émission ou laisser un comentaire sur ce lien : http://librejournalromainlecap.over-blog.com/article-libre-journal-42---l-europe-face-a-la-crise-economique-88724897.html

    Bonne écoute à tous."

    Romain LECAP


    Le Libre Journal des Lycéens
    http://librejournalromainlecap.over-blog.com/
    Radio Courtoisie
    http://www.radiocourtoisie.net/tempo/
    http://radio-courtoisie.over-blog.com/


    Pour écouter Radio Courtoisie :
    Paris 95,6 MHz   Caen 100,6 MHz   Chartres 104,5 MHz
    Cherbourg 87,8 MHz   Le Havre 101,1 MHz   Le Mans 98,8 MHz ;
    Pour toute la France, en clair, sur les bouquets satellite Canalsat (canal 179 ou 496) et TNTSAT
    pour le monde entier sur www.radiocourtoisie.fr.

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