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europe - Page 129

  • Réélection d'Obama : les colonies de l'Amérique se réjouissent...

    Nous reproduisons ci-dessous ce point de vue de Jean-Paul Baquiast, cueilli sur Europe solidaire, l'un des sites qu'il anime, et consacré à la couverture des élections américaine en Europe et à ce qu'elle révèle...

     

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    Réélection d'Obama : les colonies de l'Amérique se réjouissent

    Lorsqu'une campagne électorale se déroule dans le pays colonisateur, les élites des pays colonisés se passionnent pour l'évènement. Pourtant, le résultat des élections dans la métropole ne change rien à leur sort.
    On pense à cette situation fictive lorsque l'on constate le battage médiatique invraisemblable qui a mobilisé les Européens au cours de la campagne électorale américaine. Il trouve son paroxysme aujourd'hui, alors que tous les gouvernements européens, comme les dirigeants de l'Union européenne, se précipitent pour être les premiers à féliciter l'heureux vainqueur. Les propos de celui-ci ne devraient pas cependant laisser beaucoup d'illusions aux colonies. Selon Obama, grâce à cette réélection, avec l'aide de Dieu, l'Amérique va confirmer son leadership, notamment au Pacifique, et continuer à offrir son modèle au reste du monde. 

    Les colonisés que nous sommes devraient-ils s'en réjouir?  L'expérience des dernières mois sous la présidence d'Obama ne plaide pas en ce sens. Comme le dit ce matin John Mac Arthur, auteur de « L'illusion Obama » (Les Arènes), il n'y aura pas de grandes différences, dans aucun domaine, entre un président démocrate et un président républicain. Dans les deux cas continuera la domination des intérêts financiers américains sur le monde dit développé.

    La seule liberté qui restera aux peuples européens colonisés sera de se réjouir de la domination américaine parce que celle-ci pensent-ils les protégera d'une menace manipulée depuis le 11 septembre par les Etats-Unis, celle de la "Terreur", reprise aujourd'hui sous la forme du grand khalifat musulman intégriste qui bientôt réunirait tous les peuples du Moyen-Orient, de l'Afrique et de l'Europe. S'y ajouterait aujourd'hui, toujours selon la softwar américaine, celle de la Chine et pourquoi pas d'une Russie qui se réarmerait. 

    Mais que les Européens ne se réjouissent pas trop. Lorsqu'ils ne seront plus en état de maintenir leur influence, si ces menaces, imaginaires ou réelles, se précisaient,  les Etats-Unis n'auront qu'une priorité, se replier sur leurs terres d'origine, La petite Europe, démissionnaire sur tous les plans, ne sera plus alors pour eux qu'une grenouille fascinée attendant d'être avalée.

    Jean Paul Baquiast (Europe solidaire, 7 novembre 2012)

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  • Vers un « système des dépouilles » à la française ?...

    Sur Realpolitik.tv,  Hervé Juvin dénonce la mise en place en France du « spoil system », une pratique américaine contraire aux traditions des états-nations européens.

     


    Hervé Juvin : vers un "spoil system" à la... par realpolitiktv

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  • Un pouvoir invisible ?...

    Les éditions Gallimard viennent de publier Un pouvoir invisible - Les mafias et la société démocratique XIXe - XXIe siècle, un essai de Jacques de Saint-Victor. Professeur de droit, historien des idées et journaliste, Jacques de Saint-Victor est l'auteur de plusieurs essais comme Les racines de la liberté (Perrin, 2007), Mafias : l'industrie de la peur (Rocher, 2008) ou Il faut sauver le petit bourgeois (PUF, 2009).

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    "La mafia naît sur les décombres du « régime féodal » mais c’est avec l’avènement de la démocratie et du capitalisme qu’elle connaîtra son essor. Elle s’enracine très tôt à Naples, en Sicile, en Calabre et doit sa prospérité à des « pactes scélérats » passés avec une fraction de l’élite politique et sociale – tel un pouvoir invisible qui va insidieusement corroder l’ordre social.
    Ce livre reconstitue dans la durée l’histoire de ces sociétés secrètes et de leur expansion à travers le continent européen. Il visite leur berceau et en retrouve les premiers acteurs, aristocrates véreux, notables sans scrupules, fermiers parvenus, tueurs à la botte… Il interroge les accointances invisibles de ces « sectes criminelles » avec la démocratie naissante et les suit dans leur conquête de l’Amérique. Il révèle aussi l’échec du fascisme à éradiquer une plaie mafieuse qui a su se jouer de son pouvoir totalitaire. Avec la Guerre froide, on découvre la mutation affairiste des réseaux mafieux et la complexité de leurs méthodes pour parasiter l’économie libérale. C’est l’époque de l’explosion du trafic de drogue, de l’essor des paradis fiscaux, des compromissions de la banque vaticane et des scandales immobiliers, où se côtoient boss criminels, hommes politiques, industriels et financiers. Avec la chute du Mur, de nouvelles nébuleuses criminelles vont se faire jour en Europe, qui utiliseront ce « modèle » pour conquérir de nouveaux territoires. Le phénomène mafieux n’est pas consubstantiel à la démocratie, écrit Jacques de Saint-Victor, et pas davantage au capitalisme ; mais il est le mieux à même de tirer profit des insuffisances de l’une et de l’autre."

     

     

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  • Suisse : la citadelle en « Camp des saints »...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Jean Bonnevey, cueilli sur Metamag et consacré aux inquiétudes de la Suisse face aux tensions qui s'accumulent en Europe...

     

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    Suisse : la citadelle en « Camp des saints »
     
    Quand on étudiait encore l’histoire en France, on parlait de « grandes invasions ». Cette période de grande mutation avec la chute de l’empire romain d’occident est qualifiée en Allemagne de « grandes migrations » En fait, il s’agit de déplacements massifs de peuples, poussés par des invasions certes (notamment celles des Huns), celle des peuples qui  venaient dans l’empire romain,  plus pour se réfugier et s’assimiler que pour le conquérir et le dénaturer. Autres temps, autres mœurs.
     
    L’histoire ne se répète pas, elle bégaye certes, mais les mêmes causes provoquent des conséquences similaires ou comparables. C’est en tout cas, l’avis de nos amis helvètes qui semblent vouloir appliquer le fameux principe de précaution à leurs frontières.

    En septembre dernier, l'armée suisse s'est entraînée sur des scénarios de violences civiles liées à l'instabilité économique de l'Europe. Berne s'inquiète ouvertement d'une désorganisation des armées voisines liée à la crise de l'Euro et des mesures d'austérité imposées par Bruxelles qui force les Etats à réduire les budgets destinés à la sécurité (police, gendarmerie, armée.)
     
    Il n’y a pas le feu au lac, mais ça pourrait venir.

    Le ministre de la Défense suisse souligne : "Je n'écarte pas la possibilité que nous aurons besoin de l'armée dans les années à venir". "Si un terroriste similaire au norvégien Anders Brievik cible des musulmans, les choses pourraient devenir incroyablement dangereuses très rapidement, ce qui pourrait déclencher des soulèvements généralisés de musulmans à travers toute l'Europe.". 
     
    Pour les suisses, le résultat d'une politique financière qui consiste à soutenir en priorité un système bancaire en faillite plutôt que son dispositif de sécurité, représente une mise en danger pour les populations... et les helvètes sont convaincus que les forces de l'ordre des pays voisins n'auront plus les moyens nécessaires de contenir les révoltes si les vagues de protestations sociales se poursuivent en Europe.
     
    Les Suisses qu’on ne prend jamais au dépourvu, s’organisent tranquillement.
     
    L’omerta médiatique en France est totale. Seule BFM Business en parle : « Forte de son armée de 200 000 hommes, elle a organisé du 6 au 21 septembre, un exercice militaire du nom de « Stabilo Due » destiné à vérifier « sa disponibilité opérationnelle » pour faire face au chaos social européen. »

    La chaîne américaine CNBC News écrit sur son site Internet, «avec des protestations anti-austérité en Europe, découlant de l'instabilité civile dans les rues d’Athènes et de Madrid, le pays européen, connu pour sa neutralité, prend des mesures de précaution inhabituelles.» 
    Selon le conseiller aux Etats, Jean-René Fournier (PDC/VS), «sur le fond, il est certes du devoir des responsables de la sécurité de planifier l'engagement de l'armée dans toutes les situations prévisibles, et l'instabilité en Europe en est une. Mais nous n'en sommes pas là, et nos voisins pourraient se sentir blessés.» Le conseiller national UDC, Yvan Perrin, pense au contraire que «si on veut être préparé au pire, il faut bien s'exercer». Et pour le démocrate du centre, nos voisins n'ont aucune raison de s'en offusquer.
     
    Au contraire, du côté de la gauche, on pense que cet exercice est «une grande maladresse vis-à-vis de nos voisins» et que la Suisse «doit se trouver des ennemis», comme le relève le conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez (PS). Interviewé par CNBC, le vice-président des Verts, Joseph Lang, pense que l'armée utilise «les contestations sociales et l'instabilité en Europe» pour se donner «plus de crédibilité». Et peut-être aussi pour justifier l'augmentation de son budget. Comme le rappelle Sonntag, André Blattman prévoit de soumettre en décembre à Ueli Maurer, la création de quatre bataillons de policiers militaires soit un total de 1600 hommes. 
    Et revoilà le réduit alpin- dont rêvaient les nazis, Hitler ayant par prudence renoncé à envahir un  pays neutre surarmé et sans enjeu  stratégique. La suisse deviendra-t-elle le «  camp des saints » de Jean Raspail ?
     
    Ce qui est sur, c’est que cette inquiétude ne devrait pas être un objet d’ ironie facile mais nous interpeller et même nous inquiéter.
     
    Jean Bonnevey (Metamag, 22 octobre 2012)
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  • Tout va très bien, Madame la Marquise !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jacques Sapir, cueilli sur son blog RussEurope et consacré au dernier sommet européen que les médias, comme à leur habitude, nous ont vendu comme une réussite...

     

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    Tout va très bien, madame la marquise...

    « On ne déplore qu’un tout petit rien… »

    Le sommet européen des 18 et 19 octobre a abouti à un échec, que l’on cache plus ou moins sous des communiqués ronflants[1], et des articles où la flagornerie perce sous l’apparente objectivité[2]. À croire que la chanson de feu Charles Trenet, « Tout va très bien madame la marquise », est devenu le nouvel hymne des dirigeants français sur la question européenne. Il est ainsi frappant de voir que, même dans la presse européenne et française, les doutes commencent à se faire insistants[3]. Si le principe d’un accord de supervision bancaire a bien été accepté pour l’ensemble des banques de la zone Euro, les conditions de sa mise en œuvre n’ont pas été précisées. Elles font l’objet de discussions importantes, que ce soit par la Grande-Bretagne (qui entend bien garder le contrôle de ses banques) que de l’Allemagne. De fait, des obstacles juridiques importants existent et ils ont été rappelés par la Chancelière allemande elle-même[4]. Celle-ci a même déclaré : « Rien qu’à regarder le processus pratique, il est absolument clair que ceci ne se mettra pas en place en un mois et demi »[5], sonnant par là même le glas des espérances françaises et espagnoles de voir l’Union bancaire aboutir d’ici la fin de l’année.

    Ces obstacles devraient retarder l’application de l’accord au 1er janvier 2014 et surtout aboutir à ce qu’ils ne portent que sur les passifs accumulés à partir de cette date[6]. En d’autres termes, le projet d’une Union bancaire comme instrument de résolution de la crise des banques espagnoles, grecques et portugaises a lamentablement échoué, car les mauvaises dettes sont déjà présentes dans les passifs. D’ici à 2014 on estime que seront révélés 270 milliards de pertes pour les seules banques espagnoles[7].

    De même, si le communiqué final insiste sur la nécessité de briser le cercle vicieux qui entre les banques et les dettes souveraines des États, l’aide directe du MES, qui était sérieusement envisagée pour l’Espagne, se trouve de fait reportée après la mise en œuvre de l’Union bancaire, soit après le 1er janvier 2014. Il y a donc contradiction entre le discours et les actes, ce qui n’est pas pour étonner les observateurs. Le renvoi de la décision à une réunion de l’Eurogroupe n’a fait qu’acter l’existence du blocage[8].

    Sur l’intégration économique et politique, que des hommes politiques français de premier plan avaient annoncée à grand son de trompe, le blocage est encore plus total. En s’en remettant aux autorités nationales pour trouver un accord sue ce que l’on appelle le « six-pack » et le « two-pack », le Conseil a reconnu l’ampleur des divergences. De même, l’idée d’un budget européen renforcé n’a pas été retenue, et Mme Merkel a opposé une fin de non-recevoir à l’émission de « dettes communes » soit à l’émission des Eurobonds. À l’inverse, le projet allemand d’une supervision directe  des budgets nationaux par la Commission n’est même pas cité. C’est donc bien à un constat de blocage complet qu’il faut alors conclure.

    Enfin, sur la Grèce, si le Conseil donne acte au Premier ministre Samaras des efforts consentis par le peuple grec, il n’a été nullement question des deux ans supplémentaires réclamés à cors et à cris. Ici encore le Conseil a été incapable d’aboutir à un accord. Si la Grèce recevra très probablement les 31 milliards d’euros dont elle a besoin d’ici décembre sous peine de faire défaut, le problème de son financement se posera à nouveau dès la fin du mois de janvier 2013. Il semble donc bien que le Conseil européen des 18 et 19 octobre dernier n’ait fait que repousser de quelques semaines les échéances.

     

    Rien de ceci n’est glorieux, et il n’est aucune raison de pavoiser. La zone Euro s’achemine vers un terrible retour de crise, qui surviendra entre le début de 2013 et le printemps. Il sera alors bien tard pour prendre les mesures qui s’imposeront alors par la force du désastre. L’affirmation du Président François Hollande selon laquelle la fin de la crise de la zone Euro est en vue apparaît ainsi malencontreuse et quelque peu aventurée. Le 16 avril 1940, Paul Reynaud, nouveau Président du Conseil, déclarait devant le sénat que « la route du fer est coupée ». Moins d’un mois plus tard c’était l’offensive allemande sur l’ouest de l’Europe. Des hommes politiques responsables devraient se souvenir que l’avenir se plie fort rarement à leurs rêves.

    Jacques Sapir (RussEurope, 20 octobre 2012)

     

    otes :

    [1] Fredet J-G., « Bruxelles : accord a minima ou compromis en trompe-l’oeil ? », Le Nouvel Observateur, 19 octobre 2012, URL : http://tempsreel.nouvelobs.com/la-crise-de-l-euro/20121019.OBS64…-de-bruxelles-accord-a-minima-ou-compromis-en-trompe-l-oeil.html

    [2] Revault D’Allonnes D. et Philippe Ricard, « A Bruxelles, M. Hollande et Mme Merkel s’accordent sur un compromis minimum » Le Monde, 19 octobre 2012, URL : http://www.lemonde.fr/europe/article/2012/10/19/a-bruxelles-m-hollande-et-mme-merkel-s-accordent-sur-un-compromis-a-minima_1778028_3214.html

    [3] « Sommet européen : les avancées… et les blocages », La Tribune, 19 octobre 2012, URL : http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/2012…9trib000725970/sommet-europeen-les-avancees-et-les-blocages.html

    [4] RTT News, RTT Staff Writer, « Merkel Casts Doubt On Setting Banking Union By Year-End », 20 octobre 2012, URL : http://www.rttnews.com/1987133/merkel-casts-doubt-on-setting-banking-union-by-year-end.aspx?type=eueco

    [5] Mrs. Angel Merkel, “Just looking at the practical process, it is absolutely clear that this is not going to take place in a month and a half », cité par Die Welt, « Creation of EU banking union ‘will take years’ » le 19 octobre 2012, édition électronique, URL : http://www.dw.de/creation-of-eu-banking-union-will-take-years/a-16319868

    [6] Kanter J., « German Refusal on Bank Aid Mars End of Europe Summit » New York Times, 19 octobre 2012, URL : http://www.nytimes.com/2012/10/20/business/global/germany-spoils-party-with-refusal-on-bank-aid.html?_r=0&pagewanted=print

    [7] Penty C., « Spain Banks Faces More Losses as Worst-Case Scenario Turnes Real », Bloomberg, 17 octobre 2012, URL : http://www.bloomberg.com/news/2012-10-17/spain-banks-face-more-losses-as-worst-case-scenario-turns-real.html

    [8] « Sommet européen : les avancées… et les blocages », La Tribune, 19 octobre 2012 op.cit..

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  • Honneur aux soixante-dix !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue assez virulent de l'économiste hétérodoxe Jacques Sapir, cueilli sur son carnet RussEurop et consacré au vote du traité européen sur la stabilité, la coopération et la gouvernance.

     

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    Honneur aux soixante-dix !

    Soixante-dix députés ont osé voter contre le TSCG.

    Soixante-dix sur cinq cent soixante-huit votants, c’est peu.

    Soixante-dix contre quatre cent soixante-dix-sept qui ont voté pour, c’est peu.

    Mais soixante-dix qui, venant de tous les horizons politiques, ont osé se dresser contre les consignes d’état-major, contre l’intense pression médiatique, contre le conformisme, contre les petits calculs politiciens, contre la lâcheté servile, cela, en vérité, fait beaucoup.

    Ce Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance, contient trois mensonges pour le prix d’un.

    Quelle stabilité, quand on voit dans le rapport récent du FMI, posté sur ce carnet[1], que les mécanismes mis en oeuvre depuis 2010 n’ont fait qu’aggraver la crise? Quelle stabilité encore quand on voit la dépression que connaissent certains des pays en crise? Parler de stabilité est ici un mensonge flagrant.

    Quelle coordination quand on sait qu’il n’y a de coordination qu’entre des agents libres, sinon c’est à une autorité hiérarchique que l’on a affaire, et qu’il n’y a dans ce traité qu’asservissement à des agences dites indépendantes ? Ce Traité organise en fait le dépérissement de la démocratie en Europe avec la fin de l’autorité suprême des Parlements nationaux en matière budgétaire. Or, il faut s’en souvenir, c’est par le consentement à l’impôt que commence la démocratie.

    Quelle gouvernance enfin dans un Traité qui est en fait inapplicable et qui n’a pas d’autres fonctions que d’être violé à peine signé ? Est-ce ainsi que l’on croit créer un « bonne gouvernance » dans les mots dont on se gargarise à Bruxelles et ailleurs ? 

    On dit aussi, et c’est un argument avancé en sa faveur, que ce Traité institue une solidarité en Europe. Mais quelle solidarité, dans un traité qui condamne l’Europe à l’austérité et à la récession ? C’est la solidarité de la matraque et du bâton, de l’oppression et de la répression, comme l’expérimentent les manifestants qui, d’Athènes à Madrid en passant par Lisbonne, se sont levés contre la misère qui leur est imposée. User alors d’un tel argument revient à déconsidérer pleinement l’idée d’une possible solidarité européenne

    Trouvera-t-on ces mots excessifs ? Que l’on regarde alors le rapport du Fond Monétaire International, le World Economic Outlook d’octobre 2012[2] qui explique bien la marche à la misère entamée au nom d’une austérité qui n’a donc pour but que de sauver un fétiche : l’Euro. Que l’on regarde ce rapport, qui reste prudent dans ses projections, mais qui n’en établit pas moins que la majorité des pays ne pourront respecter les clauses de ce traité qui vient d’être ratifié. Que l’on regarde aussi la note commune à trois instituts (l’INSEE, l’IFO et l’ISTAT) sur la récession dans la zone Euro[3]. Que l’on regarde enfin les rapports de l’UNICEF qui établissent la montée de la dénutrition et du manque de soin chez les enfants grecs[4]. Je pense avoir, par ailleurs, montré dans de nombreux textes et notes, tous les effets pervers de ce traité[5].

    De cela, les thuriféraires du TSCG, les sectateurs de l’Euro, n’en ont cure. Même l’appel des économistes hétérodoxes, avec lequel j’avais des désaccords suffisamment importants pour ne pouvoir le signer, a été scandaleusement censuré par Le Monde[6]. Il était dit que pour faire passer cette amère pilule, on ne reculerait devant aucune bassesse, devant aucune ignominie.

    Le TSCG nous a donné l’exemple éclatant du cynisme en politique, quand un candidat à l’élection présidentielle se prononce pour sa réécriture et s’empresse, une fois élu, de le faire voter. Ce n’est pas le codicille sur la croissance, malheureux engagement de 140 milliards d’euros étalé sur trois ans, une aumône, qui peut en changer la nature. Même ses amis politiques le reconnaissent aujourd’hui publiquement. Ce Traité ne fut pas renégocié, et  d’ailleurs ce gouvernement n’a jamais cherché à s’en donner les moyens.

    C’est ainsi que l’on détruit la démocratie.Le mensonge électoral nourrit la colère et produit le mépris pour une classe politique qui affiche sa solidarité profonde contre le peuple. Bientôt montera le vieux cri de l’anti-parlementarisme : « tous pourris » ! On dira, c’est le populisme qui monte. Et l’on se trompera, car ce sera alors devenu la stricte vérité.

    Oui, le fétichisme de l’Euro – car c’est bien de cela qu’il s’agit avec cette transformation dans l’imaginaire d’un instrument en une fin en soi – et la volonté de pouvoir de ses grands prêtres nous condamnent à un appauvrissement généralisé, à une montée du chômage sans limites et, à la fin des fins, comme en Grèce et en Espagne, à la destruction de nos sociétés.

    Alors, si dire la vérité vaut que l’on soit taxé d’être excessif, je veux bien être excessif et je l’assume. Car, aujourd’hui, la raison et l’intelligence vomissent les tièdes.

    Honneur donc à ces soixante-dix députés !

    Ils ont eu le bon réflexe et ils ont raisonné de manière juste, en refusant d’accorder leurs suffrages à ce texte inique. Qu’importe leurs raisons circonstancielles ; qu’importe d’où ils viennent et à quel parti ils appartiennent ! Quand il s’agit de résister, on ne mégote pas sur ses alliés.

    Il y a soixante-douze ans de cela, le 10 juillet 1940, quatre-vingts parlementaires, députés et sénateurs (57 députés et 23 sénateurs) refusèrent d’accorder les pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain. Le vote de l’écrasante majorité mit fin à la République, et institua un régime de fait et non de droit. Le vote de ces quatre-vingts minoritaires fut, avec l’appel du 18 juin, le deuxième acte fondateur de la France Libre, préparant la résurrection de la République défunte.

    Ce rappel est aujourd’hui nécessaire.

    Puissent les soixante-dix députés qui ont refusé de voter être rejoints par autant de sénateurs que possible. Puissent-ils voir leur nombre croître quand ce texte viendra en seconde lecture.

    Les canons furent, par le passé, l’ultime raison des rois.

    Les traités sont aujourd’hui l’ultime raison des élites oligarchiques.

    Qu’ils se rappellent que l’ultime raison des peuples reste le pavé.

    Jacques Sapir (RussEurop, 9 octobre 2012)

     

    Notes :

    [2] IMF / FMI, « IMF Sees Heightened Risks Sapping Slower Global Recovery », Economic Outlook, 9 octobre 2012, URL : http://www.imf.org/external/pubs/ft/survey/so/2012/res100812a.htm

    [3] Association des trois Instituts Économiques Européens, La zone Euro en récession, www.ifo.de , www.insee.fr , www.istat.it

    [6] Jacques Sapir, “Sur le TSCG”, RusseEurope. Le Carnet de Jacques Sapir sur la Russie et l’Europe (Hypotheses.org), 23 septembre 2012. [En ligne] http://russeurope.hypotheses.org/133.

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