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europe - Page 127

  • Il faut dissoudre l'OTAN !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue intéressant du Contre-Amiral François Jourdier, cueilli sur  le site de la Revue Défense nationale et consacré à la nécessité pour l'Europe de quitter l'OTAN si elle veut acquérir une véritable indépendance.

     

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    Il faut dissoudre l'OTAN

    L’Alliance Atlantique et son bras armé l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, l’Otan, datent de la fin de la deuxième guerre mondiale. Elles avaient été créées pour assurer la sécurité de l’Occident devant la menace que constituait l’Union Soviétique. Depuis l’Union Soviétique a disparu, la Russie ne constitue pas une menace et devrait intégrer à terme l’Europe, même si elle ne fait pas partie de l’Union Européenne et pourtant l’Otan existe toujours. 
’Europe et la France ont elles intérêt à son maintien ? N’empêche-t-il pas la constitution d’une défense européenne digne de ce nom, et n’entraine-t-il pas l’Europe et la France dans des interventions extérieures où elles n’ont pas d’intérêt ?

    L’Alliance Atlantique

    Alliance défensive, l’Alliance Atlantique a été fondée par le traité de l’Atlantique Nord à Washington, le 4 avril 1949. Créée pour développer la capacité de résister à toute attaque armée, elle s’est également fixée une mission complémentaire de prévention et de gestion des crises qui peuvent porter atteinte à la sécurité européenne. Elle a théoriquement pour objectif de sauvegarder la liberté, l’héritage commun et une civilisation qui déclare se fonder sur les principes de la démocratie, de la liberté individuelle et de l’état de droit comme le stipule son préambule repris de la Charte des Nations-unies.

    L’article 5 du traité sur la solidarité entre ses membres en cas d’agression, en est le point primordial. Le traité va finalement être l’élément qui soudera réellement le bloc occidental derrière les États-Unis, installant peu à peu une hégémonie américaine et une vassalisation de l’Europe. L’Alliance Atlantique rassemble vingt-huit nations raccordant l’Europe de l’Ouest à l’Europe de l’Est. Elle dispose d’une organisation militaire intégrée sous commandement américain.

    Le Sommet du Cinquantenaire de l’Organisation qui s’est tenu à Washington du 23 au 25 avril 1999 a débattu, entre autres, de la transformation de l’Otan dans le nouveau contexte géopolitique de l’après guerre froide, un débat centré en Europe sur la nature des relations entre l’Union et l’Alliance atlantique. La guerre du Kosovo menée alors, au même moment, a symbolisé le triomphe de la conception anglo-américaine : d’alliance défensive, l’Organisation tend à devenir l’instrument d’interventions offensives et l’Union européenne s’est placée sous sa tutelle.

    L’organisation militaire intégrée

    L’alliance ayant pour but de protéger l’Europe d’une attaque du bloc soviétique, les européens furent heureux de bénéficier du parapluie américain. Ils l’ont instamment réclamé à l’origine. L’organisation militaire fut donc dominée par l’Amérique qui en exerça les principaux commandements.

    Voulant secouer la tutelle américaine et garder l’indépendance de décision, le général de Gaulle décida de constituer une force nucléaire autonome et de quitter le commandement militaire intégré de l’Otan. Le siège de l’Otan quitta Paris pour Bruxelles en 1966 et toutes les infrastructures étrangères quittèrent la France. Celle-ci ne quitta pas pour autant l’Alliance Atlantique et des accords prévoyaient la réintégration des forces armées françaises en cas de conflit ouvert entre les deux blocs. Elle maintint des forces en République fédérale d’Allemagne (RFA). Déjà en 1962, au moment de la crise de Cuba, la France avait montré sa solidarité avec l’Alliance. De fait les forces françaises continuèrent à s’entrainer avec les forces de l’Otan et à s’aligner sur leurs normes, c’est à dire les normes américaines.

    Après la chute du mur et la disparition de la menace soviétique, la France participa pour la première fois à une opération de l’Otan dans les Balkans. C’était le début d’une réorientation de l’Otan qui avait perdu son ennemi naturel. Les attentats du 11 septembre lui ont offert un nouveau rôle, la lutte contre le terrorisme. L’islamisme remplace ainsi le communisme comme principale menace du monde libre. En 2009, la France réintègre l’Otan.

    Interventions de l’Otan

    La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, est la date symbolique de la fin de la guerre froide et marque la victoire sans combat de l’Alliance Atlantique sur l’Union Soviétique. La menace ayant disparu on aurait pu penser que l’Alliance, défensive, ou au moins son organisation militaire, allait disparaître. Il n’en a rien été, l’Europe n’ayant pas voulu ou pas pu constituer une défense crédible préféra rester sous le parapluie américain. Certains pays de l’Europe de l’Est, la Hongrie, la Pologne et la République Tchèque choisirent même de la rejoindre, voulant se protéger d’un éventuel retour de la menace russe.

    D’une alliance défensive contre un ennemi défini, elle devint une alliance politique dont les objectifs furent peu à peu définis par les Etats-Unis qui assuraient, il est vrai, la plus grande part de la charge. Néanmoins, quand on récapitule les interventions militaires auxquelles l’Otan et ses alliés participèrent on peut se demander si elles servaient vraiment les intérêts de l’Europe et singulièrement de la France.

    En 1990, si l’intervention était bien cautionnée par l’ONU, ce sont les Etats-Unis qui entrainèrent une coalition de 34 états dans la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein pour la défense du Koweit. Le principal mobile de cette guerre était la défense des intérêts pétroliers et économiques des Etats-Unis. En 2003 la France refusera de suivre les Etats-Unis dans la guerre qui éliminera Saddam Hussein. Cette guerre durera jusqu’en décembre 2011 jusqu’au retrait du dernier soldat américain, laissant l’Irak dans le désordre et la violence.

    Dans les Balkans cela commencera avec l’éclatement de la Yougoslavie. D’abord en Bosnie où en 1995, l’Otan intervient contre les milices Serbes au profit des Bosniaques et des Croates. En 1999, avec l’accord implicite des Nations unies, l’Otan attaque la Serbie pour la contraindre à évacuer la Kosovo où la majorité albanaise est en rébellion, les bombardements durent 70 jours et obligent les forces Serbes à quitter le Kosovo. Le Kosovo est maintenant indépendant, mais la situation n’est toujours pas stabilisée et l’Otan y maintient encore des troupes (KFOR).

    La guerre d’Afghanistan débute en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre, dans le but de capturer Oussama Ben Laden, elle est menée par une coalition réunie par l’Otan et à laquelle le France prend part, sous commandement américain. Peu à peu les buts de la guerre changent : on veut établir un gouvernement démocratique et chasser les taliban. La mort de Ben Laden en mai 2011 n’arrête donc pas les combats. Les Américains transfèrent peu à peu la responsabilité du conflit à l’armée afghane en annonçant leur retrait pour 2014. Il est peu probable que l’Afghanistan y gagne le calme et la démocratie.

    L’intervention en Libye en 2011, se fit apparemment à l’initiative de la France et de la Grande Bretagne mais fut en fait une intervention de l’Otan : les Etats-Unis assurèrent le succès de l’opération par des frappes initiales détruisant la défense anti aérienne de la Libye et fournissant un soutien en renseignements, en transports aériens, en ravitaillement en vol. Sans les Etats-Unis, quoiqu’on pense par ailleurs du bien-fondé de cette intervention, elle n’aurait pas abouti dans les mêmes conditions. 
    La question que l’on peut d’abord se poser, c’est de savoir si ces interventions voulues par les Américains et motivées par la défense de leurs intérêts surtout en Irak et en Afghanistan, ont été d’un quelconque bénéfice pour la France et même pour l’Europe. Elles ont en général abouti à la déstabilisation des zones de conflit et à la propagation d’un l’Islam radical.

    L’intérêt des Etats-Unis se porte de plus en plus vers l’océan Indien et le Pacifique, faut-il les suivre ? En réalité la défense de l’Europe ne passe pas par-là, nous n’allons pas nous battre pour les Spratleys et les Paracels.

    Remarquons de plus que là où il s’agit de défendre les intérêts de la France, actuellement au Mali, l’Otan ne nous est d’aucune aide. Dans l’océan Indien pour lutter contre la piraterie, l’Europe s’est organisée et a mis sur pied l’opération Atalante à laquelle participe neuf nations européennes, ce qui prouve que, quand on veut on peut.

    L’OTAN nous impose les choix d’équipements

    L’Otan fonctionne aux normes américaines, ce qui revient à dire qu’elle s’aligne sur les méthodes de combat américaines ce qui est toujours couteux et pas forcément efficace.

    On est étonné quand on a connu les méthodes de combat du temps de Bigeard de voir crapahuter des hommes chargés de quarante kilos d’équipement, ce qui oblige à les véhiculer sur des itinéraires obligés et accroit leur vulnérabilité. Mais surtout la conception et les performances de nos matériels sont peu ou prou alignées sur les matériels américains.

    Prenons un exemple évident, le Rafale, un avion dit polyvalent supposé bon pour toutes missions. Il s’agit en fait d’un intercepteur bi-sonique adapté à l’assaut et à l’appui au sol. C’est un excellent avion mais fort cher. Pour quelles missions avons-nous besoin d’un intercepteur bi-sonique ? Sommes-nous menacés par des avions de son niveau ? Il ne semble pas et pour faire la police de l’espace aérien français ou même européen, le Mirage 2000 n’était-il pas bien suffisant. D’ailleurs les Suisses sont sur le point de lui préférer le Gripen suédois, mono-réacteur moins performant mais moins cher.

    Le Rafale est adapté à l’assaut et à l’appui au sol mais pour ces missions, il n’est nul besoin, bien au contraire, d’un avion bi-sonique si cher qu’on n’ose pas le risquer à basse altitude. Il aurait fallu développer un avion rustique, d’une grande autonomie et capable de grande capacité d’emport en armes, en quelque sorte un successeur de l’A-10 Thunderboldt II américain. Le Rafale de Dassault se trouve de plus confronté à l’Eurofighter Typhoon construit par un consortium européen. Les deux avions européens sont en concurrence, à ce jour Dassault n’a vendu aucun appareil hors de France, le Typhoon étant retenu par l’Autriche et l’Arabie Saoudite.

    On constate de plus que la tendance mondiale, y compris en Europe, est d’acheter, pour des raisons souvent politiques, le matériel américain, en l’occurrence le F-35 encore en développement et dont le prix ne cesse d’augmenter. Parmi les acheteurs du F-35 on trouve même des pays européens développant le Typhoon.

    Il est donc inutile de vouloir concurrencer un matériel américain fabriqué à des milliers d’exemplaires et qui devient la norme. Mieux vaudrait concevoir à l’échelle de l’Europe des matériels correspondant à nos besoins réels sans chercher à s’aligner sur les Etats Unis. Ajoutons que le Rafale, excellent avion qu’on n’arrive pas à vendre, est une lourde charge dans le budget des armées.

    Organiser la défense européenne

    Tant qu’il n’y aura pas d’union politique, totale ou partielle, l’organisation d’une défense européenne intégrée n’est pas envisageable. Si l’Otan est dissous il faudra cependant organiser au moindre coût la défense des différentes nations et faire ensemble ce qui peut l’être, en ne comptant plus sur le soutien américain.

    Certaines tâches communes peuvent être assumées dès maintenant par l ‘ensemble de l’Union si elles ne dépendent pas de choix politiques, pensons en particulier à la police de l’espace aérien européen qui devrait être organisée globalement sans tenir compte des frontières en regroupant les moyens actuellement dispersés. Cette défense serait centralisée aussi bien pour la surveillance et la police du ciel européen que la gestion des moyens qui lui sont affectés, installations de détection, avions. Déjà la police du ciel des Etats Baltes est assurée par les autres pays.

    Il pourrait en être de même pour la surveillance des frontières maritimes où les marines de l’Union seraient compétentes dans l’ensemble des eaux territoriales. Cela nécessiterait évidemment une unification des procédures et une compatibilité des moyens de détection et de transmissions. L’opération Atalante qui regroupe un certain nombre de bateaux de l’Union pour la lutte contre la piraterie montre que, nécessité faisant loi, les moyens de plusieurs pays européens peuvent être mis en commun efficacement.

    L’Europe constitue un marché important pour l’industrie de l’armement. Des exemples comme la concurrence actuelle sur le marché de l’avion multi-rôle qui finalement profite à l’industrie américaine ne devraient pas être. Cela nécessiterait la constitution d’une véritable Agence Européenne de l’Armement capable de définir les spécifications des matériels adaptés aux besoins des armées européennes, de faire des appels d’offre et de passer des marchés. Bien entendu il faudrait qu’elle se dégage de l’influence américaine et choisisse les matériels les mieux adaptés à nos besoins dans une perspective d’efficacité mais aussi d’économie. L’échec de la fusion EADS-BAE, ne va pas dans ce sens.

    La mise en commun pourrait s’étendre à de nombreux domaines : le transport aérien avec des appareils standardisés, gérés et entretenus en commun même si chacun reste la propriété d’un seul Etat, avec les procédures de location ou de compensations nécessaires, le ravitaillement en vol, les avions de patrouille maritime ou de guet aérien, la guerre des mines.

    Les satellites de transmission et de surveillance seraient bien entendu mutualisés, chacun ayant accès à leurs moyens selon des procédures à définir. Mais la mise en commun pourrait être étendue à d’autres domaines : achat de munitions et de combustibles et gestion des stocks, formation, entrainement, y compris pour l’utilisation des camps d’entrainement, des simulateurs, des champs de tir et des centres d’essais.

    Cela nécessiterait bien entendu la mise en place de structures qu’il faudrait définir les plus légères possibles et l’existence d’un état-major opérationnel commun permanent capable de gérer des interventions impliquant plusieurs pays. La dissolution de l’Otan et de ses structures surabondantes permettrait de récupérer, et au-delà, le personnel nécessaire. Ainsi, petit à petit, les militaires des différents pays de l’Union apprendraient à travailler ensemble sans la tutelle américaine.

    Les Etats-Unis se désengagent de l’Europe

    Comme le dit le général Jean Cot dans le numéro de mai de la RDN "Il est scandaleux que les gouvernements des vingt-sept pays européens et les plus grands dont le nôtre, puissent s’en remettre pour leur défense, au travers de l’Otan, à une puissance extérieure", d’autant que les Etats-Unis sont en train de réorienter leur défense vers l’Asie et le Pacifique, l’Europe n’étant absolument plus prioritaire.

    L’Otan nous a déjà entrainés dans des interventions où nous n’avions rien à gagner comme la Serbie, l’Irak et encore l’Afghanistan. Quand nous avons jugé bon d’intervenir en Libye nous n’avons pu le faire qu’avec l’aide des Etats Unis. Pour la Syrie même avec l’Otan, nous serions bien incapables d’y agir. Quant au Mali, où nous avons des intérêts à défendre contre la conquête du Nord-Mali par des islamistes radicaux, nous en sommes à rechercher le soutien de pays européens, d’ailleurs pas intéressés, les Américains et l’Otan ne nous suivront pas.

    Nous avons donc perdu toute indépendance de décision

    Pourquoi donc rester dans l’Otan, nous risquons d’être entrainés dans des conflits, où nous et les Européens n’avons rien à gagner notamment en Iran et peut être plus tard en Asie. Irons-nous nous battre pour les archipels de la mer de Chine sous lesquels il y a peut-être du pétrole alors que nous sommes incapables d’assurer la garde de nos Zones économiques exclusives ? Veut-on vraiment financer le bouclier antimissile américain, alors que nous finançons déjà notre dissuasion ?

    La dissolution de l’Otan mettrait l’Europe devant ses responsabilités, la nécessité de constituer une défense crédible, avec un niveau plus ou moins grand d’intégration.

    Il faut commencer par mettre en commun tout ce que l’on peut sans perdre son autonomie de décision puis, peut-être, aller vers des regroupements industriels ou nationaux. Mais tant que l’Otan existera, rien ne se passera et l’Europe restera une vassale des Etats Unis.

    Dernier argument géopolitique, la Russie considère l’Otan comme une menace, sa dissolution permettrait un rapprochement avec ce pays dont la place est maintenant dans le concert européen tant nous avons d’intérêts, économiques et politiques communs.

    Contre-amiral François Jourdier (Revue Défense nationale, 2 novembre 2012)

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  • Le glas de l'Europe de la défense ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Martin Winter, journaliste allemand du Süddeutsche Zeitung, cueilli sur Presseurop et consacré à la faillite de l'Europe dans l'affaire malienne...

     

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    Guerre au Mali : c'est aussi l'Europe de la défense qui est en jeu

    S’il n’était question au Mali que du Mali, les militaires français n’auraient sans doute pas été engagés dans la guerre contre les milices islamistes. Et les intérêts de l’ancienne puissance coloniale sur le continent africain ne permettent pas d’expliquer une intervention aussi risquée.

    Si la France intervient, c’est parce que l’Etat sahélien menace de devenir un danger pour l’Europe. Et si elle s’est engagée seule, c’est parce que les autres pays européens se sont défilés. Cela en dit long sur l’état de la politique de sécurité et de défense commune. Et cela ne dit rien de bon.

    Le fait que Paris ne reçoive pour toute aide de ses partenaires européens que des félicitations cordiales et une poignée d’avions de transport montre que quelque chose ne tourne pas rond dans l’Union européenne. Barrer la route aux islamistes et aux terroristes dans leur conquête du Mali est véritablement dans l’intérêt de l’Union européenne. L’UE connaît l’existence de cette menace depuis plus d’un an. Entre les mains d’Al-Qaïda et de ses sympathisants, le Mali se transformerait en un Afghanistan bis aux portes de l’Europe, servant à la fois de point de départ, de zone d’entraînement et de base arrière au terrorisme international.

    L'UE dépassée par la situation

    Si elle a pleinement reconnu ce danger, l’UE n’est jamais parvenue à y apporter une réponse commune. Tout ce sur quoi elle a été capable de s’entendre est l’envoi d’une petite mission de formation pour aider l’armée malienne. La volonté commune européenne trouvait là sa limite et l’UE n’a pas été capable d’élaborer un plan d’action préventif en vue de réagir à une urgence militaire comme celle à laquelle réagit aujourd’hui la France.

    Le fait que l’on veuille aujourd’hui accélérer le calendrier de la mission de formation confine au ridicule. D’abord, parce que cette mission ne change rien au fait que les autres pays européens restent les bras croisés à regarder les Français se mouiller pour défendre les intérêts européens. Ensuite, parce que les soldats maliens n’auront sans doute guère de temps à consacrer à leurs formateurs européens tant qu’ils seront empêtrés dans les combats contre les milices dans le centre et le nord du pays. La situation a fini par dépasser l’Union européenne.

    A l’heure qu’il est, l’UE doit plutôt se demander si elle compte sérieusement se doter d’une politique de sécurité commune. Laquelle impliquerait de ne pas laisser la France se débrouiller seule militairement au Mali. L’ancien ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine a récemment prononcé un jugement lapidaire sur la politique de sécurité et de défense commune, à laquelle œuvre laborieusement l’UE depuis vingt ans.

    La guerre est une option

    Si les responsables politiques des pays membres de l’UE ne sont pas capables de trouver rapidement un terrain d’entente sur les fondements de leur coopération, l’aspiration européenne à devenir une puissance mondiale n’aura aucune chance d’aboutir. Hubert Védrine n’avait sans doute pas imaginé que l’Europe serait mise à l’épreuve aussi rapidement et que le test décisif se jouerait dans la région du Sahel.

    Tout porte à croire que l’Europe va mordre la poussière dans cette affaire. Car, en matière de politique étrangère et de sécurité, les intérêts des pays membres de l’UE sont encore trop éloignés les uns des autres. Le Mali en est la preuve : les Européens sont d’accord pour reconnaître la menace, mais ne sont pas d’accord sur les moyens de la combattre. Ni sur le fait que, dans ce cas de figure, il faut se préparer à tout, y compris à la guerre. La politique sécuritaire de l’UE souffre d’un manque d’unité, d’aptitude et de volonté. Des carences qui ne disparaîtront pas de sitôt.

    Pourtant, il faut que les autres Européens épaulent aujourd’hui militairement la France. C’est une question de solidarité, mais aussi de bon sens à long terme : si l’on veut laisser la porte ouverte à une politique de sécurité européenne digne de ce nom, il faut éviter que Paris se retrouve contraint de faire appel à l’OTAN en cas de blocage de la situation militaire. Ce serait en effet la preuve ultime que les Européens ne sont tout simplement pas à la hauteur.

    Martin Winter (Presseurop, 16 janvier 2013)

    traduction Jean-Baptiste Bor

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  • Quand l'Europe renonce à se défendre...

    Nous reproduisons ci-dessous un éditorial du quotidien Le Monde consacré à l'effondrement des budgets de défense en Europe et à ses conséquences... 

     

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    Danger : l'Europe renonce à se défendre

    Supprimons carrément une arme : l'infanterie, la marine ou l'armée de l'air ! C'est le choix volontairement provocateur qu'a proposé il y a six mois le chef d'état-major suédois, le général Sverker Göranson, pour alerter sur le prix à payer de la réduction de moitié des dépenses militaires, opérée par la Suède depuis quinze ans.

    Faute d'être entendu, le bouillant militaire récidive. Il vient de lancer un cri dans la presse : ses moyens actuels, écrit-il, ne lui permettraient pas de défendre le pays plus d'une semaine si d'aventure la Suède devait être attaquée.Le général Göranson pourrait faire école, car cet autre " modèle suédois " - celui de budgets militaires peau de chagrin - s'est tellement répandu en Europe que les secrétaires américains à la défense, de Robert Gates à Leon Panetta, ne cessent de déplorer ce qu'ils considèrent comme une automutilation de la part d'un continent sur le point de se priver des moyens stratégiques nécessaires pour préserver la petite part d'influence qui lui reste.

     L'Europe de la défense n'existe pas, faut-il se résigner au fait que la défense en Europe n'existe plus ? De Londres à Rome et à Madrid en passant par Berlin et Paris (les autres pays ne comptent guère en termes de capacités militaires à part la Pologne), le rabot de la rigueur fait son œuvre. 

    En ces temps d'incertitude stratégique, l'Europe désarme.L'ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright avait fixé, dans un rapport publié en 2010, à 2 % du produit intérieur brut le seuil au-dessous duquel les pays membres de l'OTAN seraient avisés de ne pas aller, sous peine de compromettre un niveau de sécurité commune crédible.C'est peu dire qu'elle n'a pas été entendue. En 2012, face aux États-Unis, qui concentrent 46% des dépenses militaires mondiales, et alors que la Chine et la Russie investissaient massivement, l'Italie était à 0,84 %, l'Espagne à 0,65 % et la France à 1,7 %. Seul le Royaume-Uni remplissait sa part du contrat.

     L'enjeu est pourtant stratégique à un autre titre, qu'a rappelé le rapport remis par l'ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine à François Hollande en novembre 2012. A ce rythme, il est en effet plus que probable que les industriels européens de la défense disparaîtront définitivement des appels d'offres des pays émergents, comme ce fut le cas dans ce qui apparaîtra vite comme une butte témoin du passé pour les avionneurs suédois et français au Brésil.Cette spirale d'attrition ne pourra qu'emporter les industries de la défense du Vieux Continent et placer définitivement les Européens dans l'orbite d'un complexe américain sans doute avide de compenser au-delà de ses frontières les coupes budgétaires qu'il doit également subir chez lui. La baisse des budgets de la défense ignore les retombées civiles du militaire ; elle accélère la désindustrialisation que l'on prétend combattre.

    Perte d'influence, d'emplois et d'autonomie, c'est à ces autres aunes que les coupes budgétaires dans la défense doivent également être examinées. Quitte à passer pour d'éternels râleurs, les généraux ont raison : alors que le Sud émergent réarme à grande vitesse, l'Europe va trop loin dans les coupes dans la défense.

    Elle risque de sortir de l'Histoire.

    Editorial du Monde (5 janvier 2013)

     

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  • Florange sacrifié sur l'autel du mondialisme ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Drac, cueilli sur Boulevard Voltaire et consacré à la capitulation du gouvernement dans l'affaire de l'acierie de Florange. Michel Drac est l'animateur du site Scriptoblog et est l'auteur de plusieurs essais comme Crise ou coup d'état ? (Le Retour aux sources, 2009) ou Crise économique ou crise du sens ? (Le retour aux sources, 2010).

     

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    Florange sacrifié : au profit de qui ?

    Lors du débat récent sur le site sidérurgique de Florange, nous avons assisté à l’opposition médiatique de deux discours simplistes : d’un côté, les partisans du maintien de l’activité ont jugé le site conforme aux normes de rentabilité exigées par le marché ; en face, leurs adversaires ont soutenu la thèse inverse. Opposition frontale, argumentaires fragiles : les médias ne nous ont offert que très peu d’informations approfondies. Quid des processus sur site ? Leurs inducteurs de coûts ? L’analyse de la valeur de leurs outputs ? On n’en saura rien, ou presque.

    Mais sans doute n’était-ce pas vraiment de technique qu’il était question.

    Débat médiatique, rideau de fumée. L’agressivité des échanges révélait un non-dit : la véritable interrogation porte souterrainement sur le cadre conceptuel de l’analyse et non sur ses conclusions. Un véritable débat oppose ceux qui jugent Florange dans le cadre conceptuel défini par le libre-échange inéquitable, les marchés financiers dérégulés et le monétarisme laxiste contemporain, à ceux qui raisonnent hors de ce cadre.

    Allons à l’essentiel : énoncer que le critère de décision principal relatif à la continuation de l’exploitation à Florange est la rentabilité du site, du point de vue des actionnaires et selon les normes des marchés financiers, c’est affirmer que ce site existe en premier lieu pour rémunérer le capital nomade et spéculatif. On pourrait très bien opposer à ce point de vue actionnarial un point de vue productif : dans cette optique, le site de Florange existerait d’abord pour répondre aux besoins en acier de l’économie physique.

    Ici, un tel renversement de perspective est d’ailleurs très plaidable. La sidérurgie n’est pas une activité en déclin. On n’a jamais produit autant d’acier dans le monde : 1,4 milliards de tonnes par an. Et ce n’est pas fini. Nous allons vers de grands bouleversements dans la métallurgie : de nombreux minerais vont être éteints à l’extraction primaire dans les décennies qui viennent. Une des pistes envisageables pour des substituts acceptables réside dans le développement d’alliages à base de fer mimant les propriétés des métaux non ferreux. C’est dire si la sidérurgie de haute technicité est un métier d’avenir. La rentabilité de court terme offerte au capital spéculatif ? Mais il s’agit de la robustesse future des économies européennes !

    Bien sûr, un tel débat est interdit. Montebourg prononce le mot de « nationalisation », et déjà montent au créneau les défenseurs de l’économie globalisée. Où l’on verra un BHL trancher la question, lui qui n’a probablement jamais vu fonctionner un laminoir, mais a, en revanche, très bien compris que dans l’intérêt d’une hyperclasse globalisée parasitaire et prédatrice, il ne doit pas tolérer le pourtant nécessaire débat sur le cadre conceptuel de la décision économique.

    Michel Drac (Boulevard Voltaire, 26 décembre 2012)

     

     

     

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  • Poutine et la place de la Russie...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à l'importance du rôle que la Russie de Poutine joue comme môle de résistance face à la puissance américaine...

     

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    Poutine et la place de la Russie

    La fin du monde n’a pas eu lieu.

    Quoiqu’il ne faille pas exclure, qu’à terme, ne se produise la fin d’un monde, celui, américano-centré, unilatéral et formidablement dangereux pour la paix, que l’on voudrait, ici, en Occident, voir s’installer durablement.

    Pourquoi pas pour mille ans !

    La récente conférence de presse de Vladimir Poutine, s’adressant durant quatre heures trente à plus de mille journalistes de toutes nations, le jeudi 20 décembre, a rappelé cette vérité qui dérange : la Russie est toujours là. Mieux : elle incarne, par sa volonté de ne pas se plier à l’hégémonie étatsunienne, la perspective d’un monde multipolaire, pluri-civilisationnel, pour l’avènement duquel d’autres nations luttent, celles notamment représentées par le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, République Sud-africaine), mais aussi l’ALBA, en Amérique latine, ce qui démontre, à l’encontre de ce que la presse mainstreams prétend, que les Russes sont loin d’être « isolés ».

    C’est une rengaine qui révèle, chez les journalistes liés à l’Otan, une réelle absence d’imagination. Il est vrai qu’en général, l’activité propagandiste ne demande comme aptitude que celle qui consiste à se répéter pour faire pénétrer dans le cerveau assoupi des masses des « vérités » infaillibles. Encore que l’imagination soit un ingrédient indispensable pour donner du sel aux scénarios susceptibles de remplacer la réalité. Il est vrai que le matraquage manichéen a réussi avec l’Irak, la Serbie, la Libye, et que la légende d’une démocratie militante et internationaliste éradiquant le Mal dictatorial de la planète a plutôt bien marché ; ce qui révèle, pour ceux qui croient encore aux lendemains qui chantent, combien les peuples occidentaux ont vendu leur liberté pour un plat de lentilles, qui s'avèrent, par ces temps de crise, plutôt passablement avariés. Et pour le coup, ils ont abandonné aussi leur droit d’aînesse.

    Une chansonnette qui a les faveurs des salles de rédaction, en ce moment, est que la Russie serait sur le point d’abandonner « le régime de Bachar al Assad » (dixit). On s’appuie, pour étayer ce qui ressemble furieusement à des lubies arrosées d’après dîner (du Siècle ou du crif, comme vous voulez), sur de soi-disant déclarations, d’un sous-ministre ou d’un ambassadeur russes, voire de Poutine lui-même.

    En vérité, la position russe n’a jamais changé : la Russie n’appuie pas un homme, mais un Etat légitime, la nature du régime et la composition du gouvernement syrien doivent résulter du choix du peuple syrien lui-même, une conférence de conciliation doit avoir lieu, et les forces étrangères n’ont pas à intervenir dans le conflit. Rien de nouveau sous le soleil, donc !

    Contre toute évidence, nos braves Tintins de comptoirs (désirant sans doute redonner de l'espoir à des « rebelles » singulièrement étrillés) entonnent le refrain bien appris de l’armée syrienne qui perd du terrain, du régime qui s’effrite, avant de s’effondrer, de l’isolement de ses partisans, de son encerclement etc. Que les « rebelles », dont la majorité sont des membres d’Al-Qaeda, des salafistes takfriristes, des frères musulmans, des Talibans, des Tchétchènes, des Turcs, Irakiens, Libyens, Tunisiens, Marocains, des Yéménites djihadistes, qui n’ont rien à voir avec les Syriens de souche, et qui sont payés par le Qatar, soutenus pas les USA, Israël, l’Angleterre et la France, pays qui prétendent, par ailleurs, combattre le fléau islamiste, soient exterminés par la valeureuse armée républicaine syrienne, cela semble leur échapper. Ils en restent à une explication fort simple, digne d’une cour de récréation de collège : Bachar étant un méchant, les Russes, ayant une propension à la méchanceté, comme chacun sait, sont naturellement portés à lui porter leur aide. Mais, surtout, la Russie s’accrocherait à la base de Tartous, afin de maintenir sa présence en Méditerranée orientale, mais serait bien obligée de tenir compte du rapport de force défavorable. 

    Autrement dit, la presse raisonne comme si elle jouait aux dames avec un damier singulièrement étriqué, alors qu'il s’agit d’un jeu d’échecs à l’échelle asiatique, voire mondiale. Quand le sage montre la lune, dit un proverbe chinois, l’idiot regarde le doigt.

    Au lieu de prendre des vessies pour des lanternes, la presse collaboratrice devrait plutôt abandonner ses vains espoirs. D’abord parce que le « régime » syrien tient, tout simplement pour des raisons faciles à comprendre : si les fanatiques islamistes l’emportent, ce sera un génocide, les minorités ethniques et confessionnelles seront exterminées, les femmes retourneront en esclavage, et une chape de plomb s’abattra sur un pays encore indépendant et libre. D’autre part, la Russie possède largement de quoi tenir tête aux puissances militaires locales et internationales, qui se mêlent de semer la zizanie dans cette région. Non, l’ours n’est pas affaibli !

    Surtout, il est évident que si la Russie laisse le terrain à l’Occident, c’en est fini de ses rêves d’indépendance, et même de sa volonté de survie. L'ours joue ici sa peau, et il est prématuré de vouloir d’ores et déjà la vendre !

    Pourquoi ? Il n’est qu’à regarder une carte pour comprendre. Qui contrôle cette région, où aboutissent, aboutiront, des terminaux gaziers et pétroliers, lesquels sont vitaux pour des pays comme l’Iran, partant la Chine, ceux d’Asie centrale, la Russie même, qui aurait voix au chapitre en Europe occidentale, région maritime où baignent des Etats déstabilisés ou stratégiquement essentiels, parfois surarmés, où l’on a trouvé des réserves immenses de gaz, cette énergie du XXIe siècle, qui la contrôle, donc, contrôle l’avenir. La Russie sait aussi que, comme dans un jeu de dominos, perdre la partie ici entraînerait un déplacement du conflit tout près de ses frontières, dans cette Asie centrale où s’agitent déjà des intégristes musulmans. Qui occupe l'Eurasie tient les rênes de la planète.

    C’est pourquoi il est réjouissant de voir revenir, sur le théâtre international des nations, une Russie forte, fière et digne. La conférence de presse du président Poutine nous rappelle, nous, Français, celles du général de Gaulle, qui soutenait que la place de la France devait être au premier rang. La noblesse de notre histoire ne laissait pas d’autre alternative. C’était compter sans la trahison de nos « élites », qu’il pressentait néanmoins, lesquelles ont vendu notre indépendance, celle de l’Europe aussi, à ceux que Mitterrand, qui les avait portant bien installé dans notre culture, considéraient comme nos pires ennemis, les Etats-Unis d’Amérique.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 21 décembre 2012)

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  • Traditions d'Europe...

    Pour redonner du sens à une fête de Noël qui est devenu une fête de la bouffe et de la consommation, nous vous conseillons de vous procurer les deux ouvrages indispensables que sont Les Traditions d'Europe (Labyrinthe, 1996), édité sous la direction d'Alain de Benoist, et Fêtes païennes des quatre saisons, (Editions de la Forêt, 2008), coordonné par Pierre Vial

     

     

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    "Des mythologies aux légendes populaires, des anciens rites religieux aux coutumes rurales encore vivaces aujourd’hui, de la célébration des fêtes traditionnelles à l’origine des prénoms, c’est une véritable encyclopédie de l’Europe païenne qui vous est offerte dans ce livre illustré, prodigieusement documenté et bourré de renseignements pratiques pour ceux qui ne veulent pas perdre la mémoire !"

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    "Le païen, c'est à dire l'homme enraciné, vit en fonction d'une conviction très simple quand on a conscience d'être un élément, parmi tant d'autres, au sein de l'univers, on comprend que l'équilibre et la sérénité, dans sa vie quotidienne, sont le fruit d'un respect des lois naturelles. Autrement dit, chacune et chacun doit s'insérer dans le cycle vital de la nature, rythmé par le déroulement des saisons.

    Ce rythme saisonnier, éternel retour, est marqué par des fêtes ancestrales, traditionnelles, qui sont autant de rappels que, dans la vision païenne du monde, le sacré est sans cesse omniprésent dans la vie de tous les jours et doit donc être pris en compte, respecté et célébré.

    Vous voulez savoir de quel très lointain passé surgissent les fêtes païennes des quatre saisons ? Quelles sont leur signification, leur histoire ? Vous voulez savoir comment, aujourd'hui, perpétuer ces fêtes, en respectant leur sens profond tout en les adaptant à notre temps ? Cet ouvrage, abondamment illustré, est destiné à unir la connaissance historique et les conseils pratiques, pour faire vivre concrètement, dans le cadre familial et communautaire, l'héritage des ancêtres."


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