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etats-unis - Page 86

  • Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent point de vue de Pierre Conesa et Thierry Coville, cueilli sur le site du quotidien Le Monde et consacré aux menaces de l'Occident contre l'Iran. Chercheur associé à l'IRIS, Pierre Conesa a récemment publié un essai intitulé La Fabrique de l'ennemi (La Découverte, 2011).

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    Où mène la logique guerrière contre l'Iran ?

    L'Iran est seul pays du monde contre lequel 5 livres en vente en librairie appelle à faire la guerre rapidement, certains d'ailleurs écrits par ceux là même qui avaient justifié l'attaque américaine en Irak pour y trouver les armes de destruction massives.

    L'embargo sur le pétrole que discutent les Européens constitue sans nul doute un casus belli pour Téhéran qui tire des hydrocarbures 60 % de ses recettes budgétaires (et financent aussi le logement, l'éducation, etc.). La république islamique y a donc répondu de la même façon, par des menaces de blocage du Détroit d'Ormuz. Le décor est donc planté pour un conflit. Au regard des insuccès obtenus par les Occidentaux en Afghanistan et en Irak, on peut se demander qu'est ce qui pousse nos décideurs à repasser les plats ? Que cherche-ton en Iran ? Le Washington Post du 10 janvier citant un responsable du renseignement américain dit que c'est le changement de régime (regime change) par une révolte contre les autorités. Espérer qu'une population durement marquée par un embargo stupide par son étendue et sa généralité (sur les pièces détachés d'avion, sur les médicaments…) va se révolter contre son gouvernement est méconnaitre l'histoire. Comme on l'a vu en Irak et en Afghanistan, le mécano qu'utilisent les responsables occidentaux pour changer un régime ne marche pas.

    Cela est d'autant plus immoral que les Iraniens ont marqué leur volonté de changement pacifique en 2009. En outre, la politique de sanctions ne contribue qu'à affaiblir la société civile iranienne et à renforcer le poids des filières proches du régime qui contrôlent les filières d'importations de contrebande. Faut-il encore une fois penser que quelque conseiller secret garantit le résultat positif de l'opération comme en d'autres temps Monsieur Ahmed Chalabi pour l'Irak ou de monsieur Karzai pour l'Afghanistan auprès de l'administration Bush ? C'est peu probable. Arrêter le programme nucléaire ? L'objectif est louable mais est ce le droit de pays qui ont soutenu l'agression de l'Irak de Saddam Hussein en mettant sous embargo l'Iran agressé, avant de se retourner contre leur protégé et ont tout fait pour que l'ONU ne condamne pas Bagdad, de définir la sécurité de la région ? Apparemment oui puisque monsieur Kouchner avait vertement rappelé à l'ordre le Brésil de Lula et la Turquie de Erdogan qui avaient trouvé un accord avec Téhéran sur l'enrichissement. Le résultat de l'accord avait moins d'importance que les signataires apparemment.

    Annoncer que la bombe iranienne serait déstabilisante doit faire se retourner le Général de Gaulle dans sa tombe, lui qui avait justifié le programme français par la volonté de notre pays de ne plus jamais se soumettre à une puissance étrangère. Lutter contre le terrorisme ? Mais la république islamique a fourni moins de terroristes et de prédicateurs salafistes que les universités saoudiennes ou les madrasas pakistanaises. Et la République islamique a été souvent la cible privilégiée des terroristes sunnites radicaux. Défendre les droits de l'homme régulièrement violés en Iran ? Objectif louable qui devrait être étendu à l'Arabie saoudite qui dispute avec succès le titre à Téhéran ainsi qu'à la Chine, à la Russie (la liste est malheureusement longue).

    Quant à dénoncer l'usage de le peine de mort, on s'en étonne venant du gouvernement américain. Protéger Israël ? De quelle menace ? Si l'Iran avait la bombe qui peut penser qu'il l'utiliserait contre qui que ce soit sans menace vitale sur le pays, alors que les rétorsions militaires occidentales vitrifierait le pays dans sa totalité. Si une bombe devait préoccuper nos stratèges, ce devrait être celle du Pakistan, pays instable et fournisseur de terroristes. Donc il faut en conclure que nous allons à la confrontation directe. La guerre a d'ailleurs commencé puisque 6 ingénieurs et responsables du programme nucléaire iranien ont été assassinés, le dernier Monsieur Ahmadi Roshan en date le 10 janvier 2012.

    Que dirait-on si des ingénieurs français, israéliens ou américains étaient assassinés dans leur propre pays ? Avant le début des hostilités, un blocage du détroit d'Ormuz additionné à la crise nigériane, générerait une hausse brutale du prix du pétrole, exactement le genre de conjoncture qui nous aidera à sortir de la crise économique. Excluons enfin une indigne intention électoraliste américaine ou française dans cette brutale montée de fièvre. L'embargo unilatéral décidé par l'Europe ne sera jamais appliqué par l'Asie, Chine en tête.

    Il faut probablement chercher l'explication des décisions récentes de nos dirigeants dans la vieille croyance que la terre est toujours plate et que nous en sommes le centre. En attendant, la politique iranienne des Occidentaux ne fait qu'affaiblir leur légitimité chez les nouvelles puissances émergentes qui ne supportent plus cette politique de double standard.

    Pierre Conesa et Thierry Coville (Le Monde, 16 janvier 2012)

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  • De l'intelligence de la politique des "Droits de l'Homme"...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue percutant d'Aymeric Chauprade, cueilli sur son blog Carnet de bord, sur les impasses mortelles dans lesquelles nous entrainent les tenants de la politique des "Droits de l'Homme"...

     

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    De l’intelligence de ces « Droits de l’Homme » qui installent l’islamisme dans le monde arabe et nous brouillent avec la Turquie

    J’interromps un long silence, volontaire je dois dire. La raison ? Une série de voyages, en Amérique Latine et dans le monde arabe, mais aussi la volonté de prendre du recul sur les nombreux événements qui ont fait l’actualité géopolitique récente. J’espère ne pas avoir trop déçu les lecteurs qui pouvaient légitimement attendre mes commentaires durant ces dernières semaines. Qu’ils se disent que dans notre société d’immédiateté et de bruit de fond, l’abstinence est parfois aussi un bienfait.

    Le vote par l’Assemblée nationale française d’une loi visant à pénaliser la contestation du génocide arménien, me paraît être, pour quelqu’un qui se réclame de la realpolitik, un bon moment pour revenir au débat.

    Chacun sait que je ne suis pas favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et cela pour une raison simple : non seulement les Turcs ne sont pas Européens, mais l’idée même d’Europe s’est en partie forgée dans l’opposition aux Turcs ottomans. Le monde turcophone est une aire culturelle qui dispose de ses propres critères de civilisation, et qui ne se limite pas à la différence religieuse avec les Européens. Et si j’étais méchant je dirais que comme je ne leur veux pas de mal, je n’ai aucune raison de leur souhaiter de monter à bord d’un bateau qui coule.

    Pour autant, ni l’affection particulière que l’on peut avoir pour le peuple arménien, ni l’opposition à la candidature turque à l’Union européenne, ni l’hostilité de certains à l’AKP (le parti islamiste turc qui gouverne), ne doivent affaiblir notre sens du discernement.

    J’ai noté, ces derniers temps, que chercher des querelles avec « l’ennemi musulman » était une pente à laquelle cédait facilement nombre de défenseurs des identité française et européenne. Quand on entre dans ce genre de logique, il convient d’observer une règle de bon sens qui consiste à se demander pour « qui roule-t-on vraiment ?». Il est évident que tout ce qui conduit à l’aggravation des relations entre les peuples européens d’un côté, les Iraniens, les Turcs et les Arabes de l’autre, sert les Américains et les Israéliens mais certainement pas les Européens. Que les choses soient dites clairement à ceux qui pensent qu’Huntington a la solution : nous ne règlerons pas le problème de l’immigration extra-européenne par la guerre avec le monde musulman.

    Qu’il soit bien entendu ensuite que le réalisme (la realpolitik) ne signifie pas l’absence de valeurs ou le piétinement de celle-ci. J’établis une distinction entre les « Droits de l’Homme », fabrication révolutionnaire, et la liberté, valeur antique. La liberté, depuis la Grèce, Rome et la chevalerie européenne, est au cœur de ce qu’est l’identité de l’Europe. Les « Droits de l’Homme », droits abstraits d’un homme abstrait, n’ont, quant à eux, rien à voir avec la liberté, et bien au contraire ! C’est au nom des « Droits de l’Homme » que depuis deux siècles, une seule et même politique de Terreur est menée : celle qui terrorise les peuples et les prend pour cible davantage que leurs armées, autant dans la France de 1793, que dans le vieux Sud américain, l’Irak baasiste, la Serbie, la Libye, sans oublier Dresde et Cologne, Hiroshima et Nagasaki.  Demain peut-être en Syrie et en Iran.

    La realpolitik c’est d’abord le rejet de cette politique des « Droits de l’Homme » qui au prétexte de libérer les peuples d’eux-mêmes, n’a cessé de les assassiner et de les livrer à des forces étrangères. La realpolitik c’est ensuite la première protection de l’idée de liberté, valeur essentielle de la civilisation européenne, qui, associée à l’exercice de la raison, est sans conteste le premier facteur du succès historique de l’Occident.

    Les « Droits de l’Homme » sont en train de détruire ce que la liberté et la raison ont construit durant des siècles en Occident. Ils détruisent la puissance des Européens, annihilent leur capacité à établir le diagnostic lucide de leur véritable situation (soumission au mondialisme américain et invasion migratoire), et attisent le ressentiment des vieux peuples qui reviennent dans l’Histoire (Russes, Chinois, Indiens, Iraniens, Turcs…).

    Je ne suis pas en train de contester la loi votée sur le génocide arménien au motif d’intérêts purement économiques qui seraient menacés et en m’asseyant sur mes principes. Je conteste cette mauvaise idée, parce qu’elle est, une fois de plus, le produit de l’aveuglement provoqué par la fiction des « Droits de l’Homme ».

    Et plus cette fiction s’impose dans notre pays, au détriment de la realpolitik, plus la liberté recule.

    Cela fait des années que la liberté d’investigation dans le champ de l’Histoire est fragilisée en France, qu’une politique de Terreur mémorielle règne sur notre pays, et que le débat est écarté au profit de la loi, surtout quand les vérités dominantes commencent à être menacées par des arguments « trop convaincants ».

    Il n’est plus permis d’affirmer librement les conclusions de travaux scientifiques portant sur certaines périodes de l’Histoire (Deuxième Guerre mondiale et époque coloniale surtout) ; il n’est plus possible d’énoncer des faits et des chiffres qui établiraient un lien entre immigration et criminalité. Et, à la différence du monde-anglo-saxon, il n’est plus possible de travailler sur les différences génétiques et biologiques entre groupes ethniques et raciaux.

    Ce n’est plus la science (sciences humaines et sciences exactes), ou du moins la résultante de ses libres débats, qui, chez nous, tend à énoncer la vérité, ce sont des dogmes idéologiques.  Et quand ces dogmes faiblissent face à l’exercice de la raison, des lois viennent immédiatement à leur renfort pour empêcher la raison de progresser. Il existe un exemple consternant de cet effacement de la vérité scientifique, au profit de l’idéologie, un exemple qui normalement devrait réveiller les Français, ceci tout simplement parce qu’il  frappe directement leurs enfants : la théorie du genre (la gender theory) qui postule que la différenciation sexuelle est le produit d’une détermination sociologique et non d’une détermination biologique, et qui est imposée à nos écoliers contre la vérité scientifique, et pas seulement contre les morales juive, chrétienne et musulmane, ou les sagesses asiatiques. Certes, les manuels d’histoire souffrent depuis bien longtemps d’une vision déformée de l’Histoire. Des médiévistes comme Régine Pernoud ou Jacques Heers se sont battus, à juste titre, contre l’image noire que l’enseignement républicain a donnée du Moyen-âge, un Moyen-âge version « Nom de la Rose », ramené aux dents pourries et à la peste, caricaturé à l’extrême pour mieux souligner la césure de la Renaissance, et surtout un Moyen-âge privé de sa dimension fondamentale : « l’enchantement » et la spiritualité. Ce qu’il y a d’essentiel dans le Moyen-âge – la puissance de la foi et l’enchantement du réel- est complètement passé à côté de nos écoliers. Comme la philosophie médiévale d’ailleurs, puisque notre enseignement de la philosophie saute allègrement de Platon à Helvétius.

    Au-delà du seul Moyen-âge, et pour renforcer sa légitimité, la République n’a cessé d’inculquer à ses petits écoliers une vision manichéenne de l’Ancien Régime. Cette vision grossière et contraire à la vérité s’est étendue ensuite à l’époque coloniale, durant les trois dernières décennies, avant d’englober toute l’histoire de la civilisation européenne. Dans les derniers manuels d’histoire, ce qui a été grand est dominateur (Louis XIV, Napoléon) y est volontairement effacé au profit d’empires africains incertains. Mais ce qui est nouveau, c’est que les manuels de Sciences et vie sont maintenant également rattrapés par les dogmes de l’idéologie dominante. Le fait d’être un homme ou une femme est désormais aussi une construction sociologique, et par voie conséquence il devient légitime de pouvoir changer de sexe et de sexualité. Pour donner une légitimité au résultat de la démonstration, on a tordu les prémisses. Le contraire même de la démarche scientifique. Le sexe n’est plus un fait naturel qui s’impose à nous dès notre naissance. Il y a eu d’abord la négation des races, puis celle des nations ; il y a maintenant la négation des sexes. Et la loi est désormais chargée de nous faire entrer dans le crâne cette nouvelle religion mondialiste et ses dogmes si le conformisme n’y parvient naturellement.

    La nouvelle religion a sa nouvelle histoire, laquelle est ponctuée de catastrophes incontournables, l’Holocauste des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale, dans une moindre mesure celui des Arméniens, puis le « petit Holocauste » du 11 septembre. Certains holocaustes, mais pas tous quand même ! On n’imagine guère en effet nos députés votant une loi pénalisant la négation du génocide des Indiens d’Amérique lequel est au fondement pourtant de la création des… Etats-Unis d’Amérique, ou une loi visant à pénaliser la négation de la dispersion palestinienne en 1948 et 67.  Il faut dire qu’il y a peu d’Indiens qui voteront à la prochaine élection présidentielle française. Peu de Palestiniens non plus, même s’il y a pourtant beaucoup d’Arabes. Le jour où la proportion de Français rendue à l’évidence deviendra trop importante, on peut s’attendre aussi à une loi pénalisant la contestation de la version officielle du 11 septembre.

    Aujourd’hui en France, un universitaire est emprisonné (après avoir été détruit socialement) non parce qu’il a attaqué une banque, mais parce qu’il a osé contester des vérités historiques établies. A l’inverse, ceux qui martyrisent de façon quotidienne les Français (Français de souche ou nouveaux Français qui ont fait l’effort de le devenir), ceux qui les volent, les insultent, bousculent leurs Anciens, giflent leurs ados maigrichons et terrorisent leurs filles, ceux-là n’intéressent pas la représentation nationale. Non, pour nos députés, ce qui est essentiel, c’est de protéger la mémoire arménienne, comme ils ont cru protéger hier la mémoire juive. Manifestement, ils pensent avoir été élus pour ployer le genoux devant les minorités, plutôt que de s’occuper d’une masse de braves Français qui, inexplicablement, renouvelle leur mandat depuis plus trois décennies.

    Je reviens à cette mauvaise idée de loi sur le génocide arménien.

    1/ Ce débat doit rester celui des historiens. Les Parlementaires, dont l’immense majorité est ignare et n’a jamais lu un seul livre sur le sujet, n’ont pas à s’en mêler. Ils n’ont pas plus à légiférer sur la question arménienne, qu’ils n’avaient hier à légiférer sur les drames concentrationnaires de la Deuxième Guerre mondiale.

    2/ Cette question appartient aux Arméniens et aux Turcs. Elle regarde la Turquie et non la France. Il ne faut pas venir se plaindre si les Turcs rétorquent en se penchant sur notre passé colonial. C’était tellement prévisible. Parler de l’Algérie pour les Turcs c’est à la fois semer la discorde chez nous, mais c’est aussi rehausser un peu plus le prestige de la Turquie dans le Maghreb.

    3/ Puisqu’ils se déchaînent maintenant sur notre Histoire, j’avoue que les Turcs m’amuseraient davantage s’ils s’occupaient de légiférer sur la contestation du génocide des Vendéens. S’ils ne les connaissent pas encore, qu’ils se précipitent sur les ouvrages de l’historien français Reynald Secher, spécialiste des guerres de Vendée. Ils y trouveront les textes de la Convention qui donnèrent l’ordre explicite d’éradiquer une population toute entière, hommes, femmes et enfants, parce qu’elle était, « ethniquement contre-révolutionnaire ». Ils y découvriront des massacres de grande ampleur qui ne furent pas le résultat de débordements de la part des exécutants, mais bien d’une politique criminelle planifiée au plus haut niveau, utilisant des méthodes préindustrielles (noyades de Carrier à Nantes) et la Terreur (tannage des peaux humaines, cannibalisme, nourrissons cuits dans des fours à pain) comme stratégie militaire.

    J’imagine même combien il serait intéressant pour une élite turco-musulmane anti-kémaliste de découvrir combien leurs adversaires « jacobins » kémalistes doivent à cette Révolution française, qui fut aussi la matrice des grands totalitarismes du XXe siècle (bolchévisme et nazisme) et des grandes idéologies modernistes du monde musulman auxquels s’opposent islamistes turcs et Frères musulmans arabes !

    Si nos gouvernants ont décidé de nous faire détester par des pays émergents qui comptent de plus en plus, comme le Mexique (avec l’affaire Cassez) ou la Turquie, qu’ils nous le disent clairement. De ce point de vue, les résultats engrangés durant l’année 2011 sont exceptionnels !

    Le Maroc a interdit ce 24 décembre un numéro de L’Express figurant Mahomet. Début de scandale dans notre presse bienpensante. Et alors ? Nouvelle leçon de Droits de l’Homme à attendre ? Il ne suffit pas de la Tunisie, du Mexique, de la Turquie, il nous faut maintenant nous fâcher avec le Maroc ? Nous ne sommes pas en train de parler d’un titre de presse français sur le territoire français mais d’un titre français sur le territoire marocain. Les Marocains n’ont-ils pas le droit de faire ce qu’ils veulent chez eux ? Ils seraient donc obligés de distribuer L’Express ? Ils n’auraient pas le droit d’estimer que ce numéro peut constituer un trouble à l’ordre public ? Le PJD (parti islamiste) n’est-il pas encore assez fort (il gouverne) à nos yeux qu’il faudrait lui donner encore un coup de main ? Il y a un très bon historien du Maroc (je ne peux que recommander son excellente et tout récente Histoire du Maroc), Bernard Lugan qui ne doit pas en revenir en ce moment ! Il y a quelques jours, l’émission qu’il enregistrait pour I-Télévision avec Robert Ménard, afin de présenter un décapant essai « Décolonisez l’Afrique ! » (paru aux éditions Ellipses début décembre) a été purement et simplement censurée, c’est-à-dire enregistrée mais jamais diffusée. Nos amis marocains devraient poser la question à la France : si vous interdisez de parole votre plus grand historien de l’Afrique, pourquoi alors ne pourrions-nous pas (de temps en temps mais c’est tellement rare !) bloquer la distribution de l’un de vos titres de presse sur notre territoire ?

    A la vitesse à laquelle la France multiplie les querelles, il faut maintenant se poser une question. La bêtise suffit-elle à tout expliquer ? Ou bien y-a-t-il une force plus profonde qui pousse dans cette direction ?

    Aymeric Chauprade (Carnet de bord d'Aymeric Chauprade, 24 décembre 2011)

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  • La fin des certitudes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue cueilli sur le site de l'agence de presse russe RIA Novosti et signé par Hugo Natowicz, journaliste français installé à Moscou, qui tient le blog intitulé Impressions de Russie.

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    La fin des certitudes

    Un de mes premiers souvenirs liés à l'actualité est la chute du mur de Berlin, événement qui a, à juste titre, marqué les jeunes nés dans les années 1980. Par-delà les énormes bouleversements géopolitiques qu'il a induits, le démantèlement de l'Union soviétique a eu une conséquence psychologique majeure: ma génération, frappée à jamais par ces images, a grandi avec la certitude d'être née du bon côté de l'histoire.

    Ce sentiment était exacerbé par des décennies de confrontation entre deux blocs, l'URSS et les Etats-Unis. Un tête-à-tête anxiogène qui avait au moins un mérite: celui de tracer une géopolitique commode et compréhensible, sur le mode binaire. Le monde était prévisible, nettement organisé autour de la confrontation de deux camps hostiles.

    Survenue il y a exactement vingt ans, la chute de l'Union soviétique signifiait la disparition du dernier obstacle à une dynamique qui, pensions-nous inconsciemment, devait naturellement finir par englober le reste de la planète telle une vague vertueuse. La géopolitique simpliste du temps de la guerre froide débouchait sur une autre certitude, une nouvelle commodité pour la pensée. Les rôles du gagnant et du perdant étaient nettement distribués: l'Occident sortait vainqueur de son conflit avec l'URSS.

    Baigné depuis l'enfance dans les valeurs occidentales, j'ai longtemps cru, comme de nombreux citoyens européens, que le système économique, politique et moral qui m'avait vu naître était la seule et unique voie possible. J'ai eu la chance de grandir dans un monde qui, s'il n'était pas dénué d'injustices, était mû par une dynamique simple, confortablement soutenue par ce "sentiment de victoire" sur l'Union soviétique.  

    Ce "monde occidental" dans lequel je suis né, comment le définir? A quel moment se produit la jonction géopolitique entre les deux rives de l'Atlantique? A cet égard, le débarquement des soldats américains à Omaha Beach a marqué un tournant majeur. Arrivé en libérateur, Washington bénéficiait du droit légitime d’implanter son système politique et économique. Une entreprise fondée sur le plan Marshall, un prêt censé aider l’Europe à se reconstruire et à se consolider face à l’ennemi communiste. Sous couvert d'aide, les USA s'assuraient un marché pour écouler leurs marchandises, et subordonnaient l'économie européenne. Dernier rempart de la souveraineté française, De Gaulle eut beau fustiger la suprématie du dollar, appeler au retour à l'étalon or, et accuser les Etats-Unis d'exporter leur inflation; il finit par quitter le pouvoir après avoir été chahuté par la révolte étudiante de mai 1968.

    Au niveau politique, la logique d'après-guerre s'est caractérisée en Europe par le fédéralisme politique, les efforts visant à enraciner le libre-échange et la soumission du politique à l'économique. Une dynamique menée au mépris de la volonté des peuples, qui s'y sont opposés lors de référendums à chaque fois bafoués. Militairement, la toute-puissance occidentale est adossée à l'Otan, qui continue de perpétuer la logique d'expansion propre à la guerre froide malgré la disparition de l'URSS.

     

    Demain la chute?

    Il est désormais bien loin, le temps des certitudes. L'économie, jadis moteur de la construction du "bloc" occidental, en est devenue le talon d'Achille. Alors que de nouveaux acteurs attendent de s'affirmer sur la scène internationale, le repère planétaire qu'est l'Occident s'enfonce dans une crise dont les répercussions sont encore imprévisibles. Une chose est sure: elles seront incommensurables. Derrière l'agonie de l'euro, dont l'aggravation continue augure un final dramatique, se dessine une autre crise, plus profonde. Vingt ans après celle de l'URSS, une nouvelle chute se dessine: celle du monde occidental tel qu'on l'a connu jusqu'à présent. 

    L'obsession des médias sur les turpitudes de la monnaie européenne forcerait presque à oublier les convulsions que connaît le véritable pilier de l'économie mondiale: les Etats-Unis. Les problèmes de ce pays sont plus qu'inquiétants: de grands Etats, comme le Minnesota, ont déjà fait faillite, et les finances de nombreuses villes sont à sec. L'Etat recule inexorablement, une tendance qui a également commencé à se manifester en Europe.

    Derrière ces phénomènes de surface, c'est le système consistant à créer de la croissance par la dette qui est à bout de souffle. Renflouement après renflouement, l'Europe se débat en "comblant" des déficits abyssaux par des emprunts colossaux, tandis que les Etats-Unis impriment du dollar à la chaîne. Conscients du cercle vicieux, nombreux sont les économistes qui assurent que le déclenchement d'un krach mondial n'est plus désormais qu'une question de temps. La crise débouchera-t-elle sur la victoire du fédéralisme européen et une soumission totale de l'Europe à la logique atlantiste ? Suscitera-t-elle au contraire un réveil des peuples et un découplage entre l'Europe et l'Amérique? Il est encore trop tôt pour le dire.

    Fait positif, une prise de conscience des dérives du système financier se manifeste notamment outre-Atlantique, comme en témoignent les manifestations "anti-Wall Street". Las d'être les instruments d'un système devenu fou, un nombre croissant d'Américains comprennent que rien ne changera tant que perdurera la toute-puissance des grandes banques américaines. Cette compréhension tardive a peu de chances d'atténuer les effets du krach qui se profile; elle constitue néanmoins un espoir indéniable pour l'avenir.

    Car dans l'effondrement qui menace le monde, on pourrait voir émerger des hommes éveillés aux quatre coins du globe. Conscients des incohérences du système dans lequel ils sont nés, ils auront la lourde de tâche de replacer l'humain au centre de l'économie.

    Hugo Natowicz (Ria Novosti, 23 décembre 2011)

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  • A propos du bras de fer entre la Russie et l'OTAN...



    Vous pouvez écoutez ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à la Radio iranienne de langue française à propos du raidissement des relations entre la Russie et l'OTAN à propos de la question du bouclier anti-missiles. un raidissement qui est aussi visible sur la question syrienne...
     

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  • La Russie contre l'ordre hollywoodien !...

    Nous reproduisons ci-dessous le point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr, qui remet en perspective la déferlante médiatique anti-Poutine depuis les élections législatives du 4 décembre 2011.

     

     

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    La Russie contre l'ordre hollywoodien

    Comme un mauvais scenario de série B, le script diplomatique du camp atlantiste enchaîne les poncifs, les déclarations-types, les formules figées et usées à seule fin de déstabiliser l’Etat russe. Nous avons connu exactement la même rhétorique quand l’Iran a organisé des élections en 2009. On met d’abord en doute l’ « équité » de la campagne. Puis on jette la suspicion sur le modus operandi de l’élection, accusé de secréter une fraude massive. Des « observateurs » sont bien sûr invoqués pour valider ce réquisitoire, même s’ils ne sont pas sur place, et qu’ils sont enrégimentés dans les rangs des adversaires du régime. Bien entendu, tous les chiffres sont, soit fictifs, soit largement gonflés. Qu’importe, puisque les médias occidentaux les reprennent tels quels, sans autre forme de procès. En général, on cite, pour ce faire, des sources qui sonnent bien, où les expressions « droits de l’homme », ou des termes comme « liberté », « démocratie », « résistance » octroient une onction bienpensante. Ces « canaux » sont des entités plus ou moins fantomatiques, siégeant à l’extérieur, dans certains pays leur accordant une hospitalité généreuse, ou bien, sont des blogs parfaitement artificiels, manipulant l’opinion par des informations inventées ou déformées. Le cas est avéré aussi bien en Libye qu’en Syrie. D’un point de vue logistique, il est déterminent que des images de violence, de répression, que des victimes frappent les consciences. On manie alors la synecdoque, cette figure de style qui fait prendre la partie pour le tout. On trouvera toujours quelques excités pour se faire trouer la peau, surtout chez certains islamistes fanatisés, mais il est plus simple de gonfler les chiffres, de filmer en plan resserré des manifestations minoritaires pour faire croire à des protestations de masse, si possible en utilisant le téléphone portable, dont l’effet connote le danger, la clandestinité et un certain héroïsme, bref, le frisson. Ajoutez à cette salade les tremolos, le ton indigné, déclamatoire des journalistes, les injonctions et ultimatums des organismes liés à l’ONU, à l’OSCE, dont on a toutes les raisons de douter de l’impartialité, et beaucoup de dollars versés dans les poches de quelques consciences fraternitaires, et vous avez un bel et bon plan de subversion.

    La Russie n’a donc pas échappé à ce machiavélisme, à vrai dire un peu réchauffé. Après avoir injurié, dévalorisé, dénoncé, calomnié, traîné dans la boue un Vladimir Poutine, qui n’a eu que le tort de redresser un pays bien mal en point, et de ne pas recommencer l’ « expérience » Eltsine, qui a vu la quasi disparition de l’Etat et la dilapidation des richesses russes, après avoir montré la paille dans l’œil du voisin quand le camp de Guantanamo, un mode de scrutin ubuesque, la loi du fric roi, la torture délocalisée, des procès expéditifs, un patriot act antidémocratique, et une agressivité permanente désignent la poutre du donneur de leçon américain, sans parler de ses larbins européens, on passe à la pratique. Les élections législatives du mois de décembre ont permis aux trafiquants d’opinions et aux petits comploteurs indigènes de briller dans leurs œuvres. Les ONG, comme Golos, se sont dites harcelées par le pouvoir, des sites internet auraient été bloqués. Puis, on a crié à la fraude, au bourrage d’urnes, sans en apporter la preuve. La seule confirmation de ces accusations est une série de déclarations des libéraux et des national bolchéviques, qui sont des ennemis jurés du régime, et qui se sont alliés dans un combat plus que douteux. Il est au demeurant plaisant de constater combien l’antisémite Limonov est maintenant devenu une star dans les milieux bobos parisiens ; mais il est vrai qu’aux dernières nouvelles, il aurait abandonné sa haine du Juif… Paris vaut bien un pourboire… Bref, pour un journaliste occidental, tel communiqué vaut preuve. Ensuite, on a organisé une petite manifestation, dont on a doublé le chiffre, et cette provocation a bien sûr, comme il est normal quand on a affaire à une agitation illégale, occasionné des arrestations. Des martyrs dans la musette, donc. Enfin, last but not least, quelques personnalités internationales ont réclamé une révision de l’élection, ou, mieux, comme Gorbatchev, dont le seul son du nom provoque en Russie un crachat de mépris, en ont ordonné l’annulation.

    Logiquement, on devrait armer quelques terroristes, semer la pagaïe dans la rue, discrédité l’autorité russe. En fait, ce processus destructeur a déjà commencé, puisque plusieurs attentats sanglants ont eu lieu ces dernières années, dont celui de l'aéroport international Domodedovo de Moscou, le 24 janvier 2011, qui a fait plusieurs dizaines de morts.

    La guerre est, de fait, commencée. Celle que livrent les services secrets et de propagande atlantistes sur le sol même de la Russie double l’offensive belliqueuse que mène de façon plus ouverte l’empire oligarchique et marchand, sur d’autres théâtres d’opération, comme la Libye, la Syrie, le Liban, l’Iran, la Géorgie… Que la Russie, redressée et restaurée par Poutine, et avec l’assentiment de la Chine, fasse mine de résister, en déplaçant la flotte russe en Méditerranée, ou en activant des missiles nucléaires à Kaliningrad, cela montre que la partie n’est pas encore gagnée pour les champions du gouvernement mondial.

    Claude Bourrinet (Voxnr, 7 décembre 2011)

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  • Le dieu silencieux...

    Les éditions L'Age d'Homme, qui poursuivent leur route malgré le décès de leur fondateur Vladimir Dimitrijevic, publieront prochainement un essai de Didier Hendricks intitulé H.P. Lovecraft - Le dieu silencieux. Un ouvrage qui trouvera sa place aux côtés de H.P. Lovecraft, contre le monde , contre la vie  de Michel Houellebecq.

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    "Voici trois quarts de siècle, Lovecraft lançait un regard acéré sur la société industrielle et ce monde techno-marchand en pleine éclosion et déjà grand consommateur d’humains. Dans les ports de la Nouvelle-Angleterre et des Etats-Unis en général, il diagnostiquait l’avènement d’une véritable idéologie du flux et de l’anonymat ainsi que le dépérissement des structures théoriquement immuables de l’ancienne civilisation européenne.

    Concédons-lui que sa vision des choses n’était pas dépourvue d’une grande lucidité. La boucherie industrielle de la Seconde Guerre mondiale, affrontement des idéologies productivistes et du temps des masses n’a fait que retarder le processus éclairé par l’auteur. Chacun estimera, à l’aune de sa sensibilité ou de ses convictions, les regrets de Lovecraft, conservateur atypique dans l’âme. Un fait demeure: les États-Unis et l’Europe de ce début de XXIe siècle ont accompli la crainte ou la prédiction du créateur de Cthulhu. »

    Une fine analyse des grands thèmes de Lovecraft, de sa vie, de son œuvre, de ses hantises, de ses influences, mais aussi un hommage chaleureux et fraternel à l’un des plus grands visionnaires américains."

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