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etats-unis - Page 86

  • L'économie, c'est la guerre !...

    Les éditions du Seuil viennent de publier L'économie, c'est la guerre ! , une enquête du journaliste Frédéric Charpier consacrée au champ de bataille que constitue l'économie dans le monde globalisé d'aujourd'hui. Frédéric Charpier est l'auteur de plusieurs livres intéressants, notamment Histoire de l'extrême gauche trotskiste (Editions 1, 2002) et La CIA en France : 60 ans d'ingérence dans les affaires françaises (Seuil, 2008). 

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    "Les Etats se livrent une guerre économique aussi discrète qu'implacable. En temps de crise mondiale, il y va de leur survie. La guerre s'étend dans le dédale des couloirs de l'Union européenne, de l'OMC, ou des institutions financières internationales. Elle s'invite dans les programmes secrets des laboratoires universitaires et des agences gouvernementales engagés dans des recherches stratégiques liées aux nanotechnologies, à la biométrie ou à la robotique. Les soldats eux-mêmes sont le plus souvent indécelables. Agents secrets ou personnels de puissants et opaques réseaux d'influence, ils opèrent sous le couvert de grands groupes industriels, de cabinets d'enquête et de sociétés militaires privés. Ils se camouflent dans des centres de recherche et des fondations, infiltrent des ONG, n'hésitent pas à instrumentaliser ces modernes chevaux de Troie que sont les fonds d'investissement. A leur disposition, ils ont tous les moyens de l'intelligence économique: recherche, technologie, argent... Frédéric Charpier a exploré les zones d'ombre, interrogé les acteurs et fouillé des milliers de documents. Des Etats-Unis à la Chine en passant par l'Irak, la Mauritanie ou Israël, il raconte les batailles, dévoile les coups tordus et les stratégies, s'interrogeant, enfin, sur la position de la France sur ce théâtre d'opération."

     

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  • Tour d'horizon... (31)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Nations Presse.Info, Jean Géronimo analyse avec lucidité les enjeux de la crise syrienne...

    La Syrie au coeur de la guerre tiède ? D'une désinformation médiatique à une intervention programmée

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    - sur Atlantico, Christian Combaz revient sur François Hollande, le président normal...

    C'est d'exception qu'a besoin la France, pas de normalité

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  • L'Amérique des frères Coen...

    Les éditions du CNRS publient L'Amérique des frères Coen, un essai de Julie Assouly, qui est maître de conférence en civilisation américaine à l'université d'Artois. Un ouvrage indispensable pour ceux qui ont aimé Fargo, No Country for Old Men ou Burn After Reading...

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    "Les frères Coen, « réalisateur à deux têtes », tandem farouchement inclassable, paire prodigieuse révélée au grand public par Arizona junior (1987), dressent un tableau désopilant de l’Amérique profonde. Comédies, westerns, films noirs : les frères Coen ont subverti les conventions du film de genre pour créer un néo-cinéma ambitieux, nourri de clins d’oeil rétro aux séries B, aux grandes productions hollywoodiennes, au polar, et à la peinture réaliste américaine…

    Julie Assouly nous invite à un voyage passionnant au coeur de cet univers, cernant au plus près la vision coenienne d’une Amérique conçue comme un territoire où se confondent toujours l’histoire, le folklore et la fable. Losers magnifiques, voyous déjantés, hystériques au grand coeur, tueurs psychopathes, profs dépressifs : dans cette comédie humaine où la satire sociale le dispute à l’absurde et au tragique, les deux cinéastes racontent, film après film, les laissés pour compte du rêve américain et la perte d’innocence de la société contemporaine."

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  • Influences américaines à l'Elysée et au gouvernement ?....

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Daoud Ertegun cueilli sur le site de Fils de France et consacré à la stratégie d'influence payante menée par la French-american Foundation en direction des élites politico-médiatiques françaises...

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    Influences américaines à l'Elysée et au gouvernement ? Pour en savoir plus sur la FAF...

    Récemment, nous nous félicitions de l’infléchissement annoncé de la politique étrangère française. Du retour des “élèves” d’Hubert Védrine au Quai d’Orsay et dans les plus hautes sphères de l’État. Et surtout des déclarations de François Hollande annonçant qu’il allait rééquilibrer nos relations avec les USA et Israël. Comme souvent, comme toujours, ce n’est pas si simple…

    Connaissez-vous la FAF ? Il est probable que non. La FAF donc, acronyme de French American Foundation, Fondation franco-américaine en nos contrées, a été fondée en 1976 par les présidents Gerald Ford et Valéry Giscard d’Estaing. Son objectif ? « Renforcer la relation franco-américaine considérée comme un élément essentiel du partenariat transatlantique. » Le tout avait été théorisé trois ans auparavant, au sein du Council Of Foreign Relations – organisme transnational basé à New York et rassemblant le gratin de la finance, des médias et de la politique –, afin de tourner la page des velléités d’indépendance gaullienne. Ses méthodes ? Repérer de jeunes talents, des Young Leaders, issus de la société civile ou promis à un brillant avenir politique dans les sphères politiques et médiatiques. Bref, pour aller court : recruter de futurs agents d’influence.

    La sélection est sévère, beaucoup d’appelés et un seul élu, ou élue, chaque année. En revanche, que le lauréat soit de gauche ou de droite importe peu ; inutile de mettre tous ses œufs dans le même panier. En revanche, le palmarès est impressionnant.

    Pour les médias :

    • Emmanuel Chain, ancien présentateur de l’émission Capital sur M6 ;

    • Jérôme Clément, ancien patron de la chaine Arte ;

    • Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde et fondateur du site Slate ;

    • Bernard Guetta, chargé de la géopolitique sur France Inter ;

    • Erik Izraelewicz, actuel directeur du Monde ;

    • Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération et actuel directeur du Nouvel observateur ;

    • Alain Minc, essayiste, donneur de conseils et ancien mentor du Monde ;

    • Christine Ockrent, ancienne présentatrice du journal télévisé de France 2 et ancienne directrice de la chaîne France 24, la voix de la France dans le monde ;

    • Denis Olivennes, qui a dirigé Le Journal du dimanche, Paris Match et Europe 1 ;

    • Matthieu Pigasse, directeur des Inrockuptibles.

    Ça fait déjà beaucoup.

    À droite et en politique, on trouve encore :

    • Alain Juppé, ancien Premier ministre, ancien président de l’UMP et actuel maire de Bordeaux ;

    • François Léotard, ancien ministre de la Défense ;

    • Valérie Pécresse, ancien ministre de Nicolas Sarkozy ;

    • Éric Raoult, ex-futur espoir de la Chiraquie ;

    • Jacques Toubon, ancien prétendant à la mairie de Paris.

    À gauche, parmi les anciens :

    • Anne Lauvergeon, ancienne présidente d’AREVA, soit le nucléaire français ;

    • Alain Richard, ancien ministre de la Défense.

    Mais c’est dans l’actuel gouvernement que la FAF a décidément été à la pêche au gros : quatre ministres !

    • Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif ;

    • Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances ;

    • Marisol Touraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales ;

    • Najat Vallaud-Kacem, ministre du Droit des femmes.

    N’oublions pas non plus Aquilino Morelle, conseiller politique à l’Élysée et le défunt Olivier Ferrand, fondateur du club Terra Nova, naguère au service de Dominique Strauss-Kahn, premier à avoir officialisé le divorce de la gauche et de la classe ouvrière.

    Et le meilleur pour la fin : François Hollande en personne, issu de la promotion 1996.

    Ça commence à faire beaucoup, disions-nous… Car serait-ce trop demander que les Français, au-delà de leurs origines et de leurs confessions respectives, conservent l’espoir que leur destin commun soit dicté à l’Élysée plutôt qu’à la Maison blanche ? C’était ce que voulait le général de Gaulle après les errements atlantistes de la Quatrième république. C’est cet héritage que François Mitterrand conserva et que Jacques Chirac perpétua à son tour. Après la parenthèse sarkozyste, François Hollande sera-t-il à la hauteur du legs en question ? Nous le lui souhaitons. Nous nous le souhaitons surtout, nous, fils et filles de France.

    Daoud ERTEGUN (Fils de France, 12 juillet 2012)

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  • La guerre à venir...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la guerre qui vient...

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    La guerre à venir et la civilisation
     
    Les périodes qui précèdent les grands conflits, ceux auxquels le XXe siècle nous a habitués, qui ne laissent espérer presque aucun refuge, sont des moments étranges, où la vie semble continuer comme toujours, et, où, tout en sachant, l’on ne prend pas conscience de l’arrivée imminente de l’orage, comme s’il était relégué dans quelque création romanesque, à l’état de fiction, entre un Jules Vernes et un Pierre Benoît. A cette singulière cécité lucide s’allie, dans une improbable promiscuité, une aussi délirante confiance en soi, qui s’incarne dans le mirage de la guerre fraîche et joyeuse, la sensation de se trouver dans une vacance de l’Histoire. Comme le faisait remarquer Céline, la malédiction de l’homme, c’est qu’il n’a pas assez d’imagination pour penser son propre cadavre. Ou peut-être en a-t-il trop, pour ne pas saisir la pesanteur rude du réel, qui ne laisse aucune concession.

    Si, en 14, les chapeaux melons et les ombrelles ont pu faire bon ménage avec le gaz moutarde et la grande tranchée sanglante du désastre, si, en 39, les congés payés et le music hall ont croisé la ruée des panzers et les stukas, en attendant mieux, de nos jours, ce sont les embouteillages estivaux, l’odeur huileuse des plages, la rumeur olympique et des tripatouillages de tweeter qui entortillent, agrémenté des inévitables publicités tapageuses, cet objet visible et invisible à la fois, aussi cousu de gros fil qu’une série américaine, mais qui, comme un refoulé, ne doit pas, ne veut pas être vu, pensé, accepté. La parade festive et rieuse sur un volcan donne encore l’illusion que même la catastrophe appartient au scénario haletant du parc d’attraction planétaire.
    Or, le grand conflit mondial, le troisième, peut-être le dernier, a débuté dès les années 90. Les guerres du Golfe, le dépeçage de la Yougoslavie, les diverses « révolutions colorées », les attaques destructrices de l’Afghanistan, de la Libye, l’instrumentalisation du terrorisme, la mise au pas des « alliés » par l’hyperpuissance américaine (laquelle, jusqu’à maintenant, n’a jamais reçu en retour les désastres qu’elle avait prodigués aux autres), l’aide décisive des grandes monarchies pétrolières et de la Turquie, les menaces apocalyptiques d’Israël, l’agression présente contre la Syrie, les bruits de bottes qui se font de plus en plus audibles au Proche et au Moyen Orient, les tentatives de résistance des pays qui sont sur la liste noire, et en particulier de la Russie, qui joue son destin, sa survie, ne laissent guère de doute sur la trame historique qui est en train de se jouer actuellement, et qui est aussi fatale qu’une tragédie grecque. La guerre est inévitable, elle vient, elle est déjà là.
    Depuis la fin du service militaire, la mort sur le champ de bataille paraît une hypothèse surréaliste, comme un archaïsme qu’on ne voit plus qu’au cinéma. La guerre n’est plus, dans les pays développés, qu’un service technique assuré par des professionnels, comme la plomberie ou la gestion de centrales nucléaires. Le citoyen, ou plutôt le consommateur, est en droit, puisqu’il paye des impôts, d’être protégé. D’ailleurs, il bénéficie aussi du sérieux des services spéciaux, de même que des caméras de surveillance et des brigades d’investigation cybernétiques. Les dégâts humains et matériels, Dieu merci, ne sont à déplorer que sur un terrain qui est assez lointain, à quelques heures de charter, pour ne devenir qu’un spectacle inoffensif, assez sublime, si la clarté des explosions et l’esthétisme de la mort habitent de façon assez convaincante les écrans, pour meubler des existences qui, au fond, se noient dans un ennui infini. Les catastrophes n’arrivent qu’aux autres, et tant mieux si ce sont des pauvres, des Arabes ou des « terroristes ».

    Une question lancinante hante pourtant toute intelligence, si tant est qu’une telle chose soit possible dans un temps de vacarme frivole et de silence pétrifiant (car toute propagande est médusante) : qu’auraient fait les populations si elles avaient connu les désastres et les souffrances incroyables qui allaient survenir à la suite de leur coup de folie ? Et pas seulement les pertes humaines et matérielles, les dizaines de millions de morts et de blessés , les vies brisées, les familles endeuillées, les villes rasées, les œuvres d’art détruites, les territoires dévastés, mais aussi des habitudes de vie, des relations humaines fondées sur une certaine confiance, une courtoisie et une civilité humblement et tenacement construites pendant des siècles, et soudainement volatilisées comme des obus et des bombes. Que signifièrent alors l’existence humaine, une fois que les hommes furent devenus des instruments de la mort universelle, et que la seule appréhension rendue possible fut la défiance et la violence ?

    Qu’on ne s’y trompe pas : la guerre contemporaine mondiale ne peut être que totale. La mobilisation est sa règle, et ce ne sont pas l’ivresse des soldes et les stupidités télévisuelles qui empêcheront que ne nous reviennent, d’une façon ou d’une autre, les germes de mort que nous auront semés. Car si les missiles ne parviennent pas jusqu’ici, dans cette France qui semble dorénavant oubliée par l’Histoire, hypothèse qui semble pourtant exclue si, comme on le pressent, la dynamique de destruction atteint un point de non retour, il est certain que la civilisation va encore une fois se réduire comme peau de chagrin. Tout phénomène économique, social et politique, voire guerrier, depuis l’avènement universel de la modernité, se traduit autant par une emprise extérieure, sur les corps et les objets, que sur une maîtrise complète des esprits et des cœurs. Mais ce qui est encore pire, c’est, en raison de la logique rationaliste, technoscientifique, et marchande de ce que l’on pourrait appelé l’américanisme – lequel ne se réduit pas à l’Amérique-, tout ce qui, au fond de notre être, rendait le monde intéressant, ouvert, sensible et porté vers le beau, c’est-à-dire vivable, se recroquevillera, de contractera encore une fois, en ce semblant de nature humaine, grotesque, caricatural, qui est une sorte d’hybridation entre le chien de Pavlov et ces robots japonais que les journalistes nous vantent avec gourmandise.

    Le problème n'est donc plus de savoir si nous serons ravalés à quelque chose comme l'esclavage, ou l'état de vassal : nous le sommes déjà, même si les habitudes de consommation et l'abject amour du plaisir vulgaire et des vacances (de la vacance intellectuelle) nous voilent la vérité. Le problème est de savoir, désormais, s'il est encore possible de sauver une parcelle de civilisation, à savoir la possibilité, pour l'individu, de savourer gratuitement le monde, de se délecter de sa beauté, et de se vouer à la vie inimitable et singulière d'un amant du bonheur, qui, comme un véritable amant, ne peut déléguer un bonheur par définition unique. Non seulement parce que le monde risque d'être fort laid après la déflagration mondiale, et que la ruine de la deuxième guerre mondiale risque de paraître bénigne par rapport à celle qui s'annonce, mais aussi parce que les cerveaux et les cœurs, par la vertu et la magie de la barbarie contemporaine, ne sont plus réduits qu'à se porter vers tout ce qui est bas et grossier, directement consommable par des estomacs endurcis par le martèlement stupide et bestial de la publicité et de la propagande. Le meilleur des mondes se profile, c'est-à-dire un univers où nous seront enfin débarrassés, libérés, de la tâche ô combien compliquée d’être vraiment vivants.
     
    Claude Bourrinet (Voxnr, 16 juillet 2012)
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  • L'intrus...

    Publié chez Gallimard, dans la Série noire, L'intrus est un polar américain de Paul Harper qui nous est conseillé dans Causeur par Jérôme Leroy. A découvrir, donc !...

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    L'engin furtif ultime

    L’Intrus de Paul Harper (Série Noire) est un exemple parfait de la manière dont le roman noir sait rendre compte des métamorphoses les plus inattendues de notre temps. Voilà décidément un genre qui témoigne aussi sûrement de son époque que le journalisme. D’ailleurs, Paul Harper est le pseudonyme de David Lindsey, une des plumes du New York Times. Mais la différence entre le journalisme et le roman noir s’appelle précisément la littérature. Toute la documentation du monde peut faire un grand article mais ne remplace pas l’intuition déployée dans le roman pour cerner de manière inédite les nouvelles lignes de fracture de notre monde.

    Ici, il est question de manipulation mentale. Le sujet, apparemment, n’est pas neuf. Les amateurs du grand roman noir américain de l’après-guerre se souviennent sans doute des polars psychotiques d’Helen Mac Cloy avec La Vierge au sac d’or, de William Irish avec J’ai épousé une ombre ou encore du trop méconnu Puits de velours de John Gearon, un des titre phares de la collection Série Blême, éphémère petite sœur de la Série noire dans les années cinquante.

    Mais Paul Harper, lui, écrit après le 11 septembre, après les guerres contre l’Empire du mal, le Patriot Act et la torture institutionnalisée et juridiquement excusée. Il écrit aussi après que la privatisation de la guerre est devenue une réalité. Depuis dix ans, on trouve sur les grands champs de bataille de l’Occident de plus en plus de mercenaires. On ne les appelle plus comme ça, bien entendu, puisque la planète entière s’est mise à parler avec les euphémismes propres aux conseils d’administration. On parle plutôt de « contractors ». Ils sont moins romanesques que les « affreux » de Bob Denard mais ils sont beaucoup mieux équipés, mieux en tout cas que les soldats des armées officielles.

    Dans L’Intrus, qui se déroule à San Francisco, une psychanalyste de la haute société s’aperçoit que deux de ses patientes, sans le savoir, ont le même amant. Elle s’aperçoit aussi que ces deux femmes sont de plus en plus fascinées par cet homme qui semble devancer leurs désirs, leurs peurs, leurs fantasmes sexuels les plus précis. Le problème, c’est qu’à moins de bénéficier d’une formidable prescience, l’amant en question ne peut connaître les secrets de ces femmes sans avoir eu accès aux comptes-rendus des séances d’analyse. La psy, prise entre les nécessités du secret médical et la position sociale de ses clientes qui sont les épouses d’hommes importants, décide de faire appel à une agence privée de renseignement. Le patron de cette agence découvre assez vite qu’effectivement l’amant des deux femmes s’introduit régulièrement chez la psy et utilise les notes pour accroître la dépendance affective des deux femmes. Le tout est de savoir qui est cet homme et quel est exactement son but.

    L’Intrus de Paul Harper est le récit de cette enquête parallèle qui se déroule sur moins d’une semaine et ressemble à un jeu du chat et de la souris avec des chausse-trappes psychiques qui sont bien plus dangereuses que les coups de feu. Oppressant, feutré, morbide, ce roman nous met sur la trace d’un ancien soldat, émargeant désormais dans une des armées privées les plus puissantes du monde, chargée de faire le sale boulot que les gouvernements ne veulent plus endosser officiellement.
    Spécialisé dans les « interrogatoires poussés », il ne joue jamais sur la violence physique mais a un véritable don pour déstabiliser jusqu’au suicide ses proies à partir de la simple lecture de leur dossier : « Quand nous saurons retourner l’esprit d’un homme contre lui-même, utiliser son ombre pour l’amener à s’autodétruire, nous pourrons dire que nous maîtrisons les vrais pouvoirs de la psyché. Son potentiel en fait l’une des armes les plus meurtrières dont nous puissions disposer. L’engin furtif ultime. Avec des applications dont nous n’avons même pas idée. »

    On laissera évidemment le lecteur découvrir le dénouement mais qu’il sache que le principal intérêt du roman de Paul Harper est dans la peinture terriblement convaincante d’un criminel d’un genre totalement nouveau.

    Jérôme Leroy (Causeur, 15 juillet 2012)

    Paul Harper, L’Intrus (Série Noire, Gallimard, 19, 50 euros)

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