Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

etats-unis - Page 88

  • La démondalisation, vite !...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Marc Rousset, cueilli sur Scriptoblog et consacré à l'urgence de la démondialisation. Marc Rousset est l'auteur d'un essai intitulé La nouvelle Europe Paris - Berlin - Moscou (Godefroy de Bouillon, 2009).

    B20 Cannes.jpg

    La nécessaire démondialisation

    « Plutôt que la démondialisation, la mondialisation par le haut ! » Tel est le titre d’une chronique irréaliste du Professeur Emmanuel Combe à l’Université de Paris-I dans le Figaro du mardi 1er Novembre qui revient en fait à défendre le libre échange mondialiste ! Que Madame Laurence Parisot du MEDEF et Monsieur Maurice Levy dans son rapport du B20 à Cannes défendent cette contre-vérité, cela est compréhensible car ils ne font que défendre les stock options de l’oligarchie managériale ainsi que les profits des multinationales dans les pays émergents, mais qu’un Professeur défende ces thèses par manque de bon sens et favorise donc le chômage en France ainsi que la désertification industrielle, c’est triste !

    Les défenseurs du libre échange mondialiste et de la mondialisation par le haut ne font que reprendre en fait la vieille antienne que l’on nous rabâche depuis 30 ans comme quoi, à nous les Européens, l’innovation , les produits sophistiqués propres à haute valeur ajoutée et aux pays émergents les produits polluants de faible intérêt technologique . Tandis que la France attend en vain le messie salvateur de l’innovation depuis 30 ans ,Saint Thomas ,lui, constate qu’elle déjà perdu en réalité pendant cette période 3 millions d’emplois industriels  ! Faudra t-il, après déjà avoir laissé partir tant de technologie et de savoir faire d’une façon irréversible que l’on attende encore quelques années pour reconnaitre trop tard ces mensonges et ces inepties ? Faudra t-il le désert industriel bien réel et presqu’absolu de l’Hexagone pour reconnaître la stupidité et la vanité de ces thèses ?

    Aujourd’hui 78% des embauches en France se font en CDD ! Le taux de chômage n’a jamais été aussi élevé en Europe avec son plus haut historique de 10,2% ! Quant à l’Allemagne, il ne faut pas oublier que 60% de ses exportations sont réalisées en Europe et que l’excédent de ses exportations vient de son « Mittelstand » industriel avec des niches spécialisées, des machines outils, et surtout avec ses voitures haut de gamme ; ces dernières , fabriquées aujourd’hui en Allemagne , sont exportées en Chine  et dans les pays émergents, mais elles sont appelées demain à être fabriquées dans ces pays. A moyen terme, le numéro un mondial de la voiture haut de gamme, l’allemand BMW, veut produire autant de véhicules en dehors de son pays d’origine , notamment en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil qu’à l’intérieur , a déclaré Frank-Peter Arndt, son directeur de la production à la revue Automotive News Europe.BMW produit actuellement 58% de ses voitures en Allemagne contre 70% en 2002. L’Allemagne ne sera que le dernier des pays européens à demander la fin du libre échange mondialiste , mais son tour viendra inexorablement car les Chinois un jour fabriqueront les machines outils, les voitures haut de gamme et les exporteront aussi en Allemagne !

    De même arrêtons de croire comme des benêts et de prendre pour argent comptant les dernières déclarations du Président Sud- coréen Lee Myung-bak ,en vue du G20 à Cannes , comme quoi le « protectionnisme conduit à la récession » !Cela est peut être vrai pour la Corée et la Chine , mais certainement pas pour l’Europe ! Les Chinois devront de toute façon dans un avenir immédiat acheter de Airbus ou des Boeing et tant pis si demain l’ industrie du luxe des parfums, des foulards et des sacs en cuir qui repose uniquement sur le bluff imaginaire du Marketing ,suite à des dépenses colossales publicitaires et non pas dans la valeur industrielle ajoutée des fabrications (moins de 10% ou de 5% de la valeur du produit pour les parfums , comme l’a très bien montré Capital dans son numéro d’octobre 20II) ne vend plus en Chine ou au Japon. Mais la France recommencera à fabriquer, ce qui est beaucoup plus important des espadrilles dans le pays basque, des chaussures à Romans, des produits textiles dans le Nord et dans les Vosges , et des biens de consommation durables.

    Il faut donc arrêter de rêver et pour parodier De Gaulle « cesser de sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’innovation, l’innovation ! ». Il faut arrêter de croire que le seul mot innovation va suffire à nous guérir de tous nos malheurs. La Chine vient de réussir son premier rendez-vous spatial ! China Aviation Industry Corp, après avoir lancé l’avion régional ARJ-21 de 80 places, compte fabriquer un avion de 150 places pour rivaliser avec l’A320 et le Boeing 737.Un ordinateur sur deux vendus dans le monde porte le label chinois qui ne concerne plus seulement les tee-shirts. Un des derniers slogans chinois « Chuangxin !» : « Innovation ! » du Parti communiste chinois avait pour but de transformer le pays « d’une Chine qui fabrique en une Chine qui innove », ce qui devrait finir par ouvrir les yeux des naïfs. La part du « high tech » dans les exportations chinoises est de 30% et, depuis 2004, la Chine est le premier exportateur mondial de nouvelles technologies devant les Etats-Unis ! La Chine non seulement copie, mais innove avec des dépenses de recherche et développement en augmentation de 20% par an qui ont dépassé celles du Japon et se situent au deuxième rang mondial derrière les Etats-Unis. 7,1 millions d’étudiants en science, médecine et ingénierie en 2004, 750 centres multinationaux de recherche et 1731 universités en 2007, 45 milliards de dollars en 2010 et 113 milliards de dollars en 2020 pour la recherche ! Le discours sur la salutaire spécialisation dans l’économie de l’immatériel pour les pays de la « vieille Europe » n’a donc aucun sens.

    Un très grand nombre d’Européens, crétinisés par les médias, établissent très souvent la comparaison entre le protectionnisme et la ligne Maginot, croyant ainsi mettre très rapidement un terme aux discussions avec leur interlocuteur, essayant de lui faire comprendre que la messe est dite ! Or, à la réflexion , la ligne Maginot en mai 1940 n’a pas été prise et a parfaitement joué son rôle ! La seule véritable erreur a été de commettre sur le plan militaire le même pêché de naïveté qu’aujourd’hui sur le plan économique, à savoir de respecter la neutralité de la Belgique et de ne pas écouter De Gaulle avec ses divisions blindées mécanisées, tout comme l’on respecte encore les bobards libre-échangistes ! La véritable erreur a été ne pas achever la construction de la ligne Maginot jusqu’à Dunkerque pour éviter la trouée de Sedan, dont l’équivalent économique actuel serait le rétablissement de la préférence communautaire avec des droits de douane ! L’Allemagne de la « Blitzkrieg » avait aussi en 1939 sa ligne Maginot défensive , la ligne Siegfried, qui a parfaitement joué son rôle fin 1944-début 1945 ! S’il faut être offensif, innovateur et essayer de prendre des marchés à l’exportation, il faut donc aussi savoir se défendre économiquement ! 

    Bref, il y a ceux qui attendent le désert industriel le plus complet pour reconnaître, mais trop tard qu’ils se sont trompés, tout comme ceux qui attendent le début des violences et une guerre civile inexorable d’ici une vingtaine d’années pour reconnaître que l’immigration extra-européenne est une grave erreur ! Un peu de bon sens, de courage, d’honnêteté, de réalisme et d’intelligence pragmatique pour ne pas laisser « crever » les classes moyennes et le peuple de France, voila ce dont ont besoin d’une façon urgente l’UMPS ainsi que les lâches et stupides élites françaises !

    Marc Rousset (Scriptoblog - Le retour aux sources, 3 novembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Retour à l'âge de pierre...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site Regards sur le renversement du monde...

    fallujah.jpg

     

    Retour à l'âge de pierre

    L’Irak ? Un pays laïque, proclamant des valeurs socialistes, assurant d’une main de fer une coexistence pacifique entre communautés ayant renoncé à toute prétention au pouvoir. Et une dictature.

    La Syrie ? Un pays laïque, sans trace de Charia dans sa loi, proclamant des valeurs socialistes, assurant une relative égalité entre hommes et femmes,  et garantissant d’une main de fer la coexistence de religions, de tribus et de clans opposés. Et une dictature.

    La Yougoslavie ? Un pays fait de l’association plus ou moins consentie entre les pièces d’un puzzle qui jadis participait à l’Empire austro-hongrois, un pays laïque et socialiste où la paix civile était maintenue au prix d’une main de fer.

    Faudra-t-il dire bientôt la Tunisie ? Rongé par l’affairisme et la corruption, sans doute, un pays où l’égalité des droits des femmes et des hommes était une réalité, un pays dont la charia ne réglait pas les mœurs, un pays dont la dernière campagne électorale a vu des femmes « en cheveux » voter, et même figurer sur des affiches – est-ce la dernière fois ?

    Rien de commun avec le Malawi sans doute. Le Malawi, pays laïque, d’inspiration socialiste, a travaillé à acquérir son autonomie alimentaire et à organiser son agriculture pour récuser toute dépendance à l’égard du colonisateur britannique. En rupture avec les préceptes de la Banque mondiale, des institutions internationales, du consensus de Washington, en refusant la culture d’OGM et l’ouverture aux multinationales de l’exploitation de la terre – à fins d’exportation, bien sûr.

    Rien de commun ? Rien, sinon que plane sur chacun de ces pays, et sur combien d’autres, l’ordre du colonel américain de Apocalypse now voyant ses hélicoptères sérieusement accrochés par les résistants vietnamiens : « Ramenez moi ça à l’âge de pierre ! ». Arrivent les bombardiers bourrés de bombes au napalm, qui effectivement ramènent le village et les collines alentour à l’âge de pierre. Nul ne sait ce que sera la situation des pays cités, et de quelques autres, dans une génération. Mais à court terme, le bilan est autre que celui qui est annoncé ; des puissances, des Nations, ont été brisées, et ramenée au sous-développement. L’Irak, comme le Liban, sort d’une occupation étrangère dégradé, appauvri, fractionné en communautés irréconciliables, mobilisé sur des conflits internes et des partitions internes qui l’éliminent en tant que puissance autonome, et ce pays laïque est retombé dans un obscurantisme religieux qui se traduit par le départ des derniers Chrétiens de Bagdad ; qui est sûr que les Chrétiens coptes, demain, pourront survivre dans une Egypte dont le printemps salué pourrait bien précéder un hiver précoce ? Chacun voit bien quelles puissances, et quel nouvel ordre mondial, souhaitent que bien vite la Syrie et l’Iran, avant le Pakistan et la Chine, suivent la voie de l’Irak et d’un Afghanistan détruits ; il ne faut aucun obstacle à la domination de ceux qui se veulent seuls maîtres du monde. Ils sont moins nombreux à se souvenir des crimes commis par l’Otan contre la Serbie, des bombardements à l’uranium enrichi perpétrés contre un peuple européen en Europe, par ceux il est vrai qui ont perpétré contre Dresde l’un des actes terroristes les plus remarquables de l’histoire ( Dresde n’étant ni un pôle industriel, ni un centre de l’armée allemande, ni une cible militaire, mais le centre de regroupement des familles fuyant l’avance soviétique ), moins nombreux encore à en tirer les conséquences. Car le sous-développement est tout le contraire d’une fatalité, il faut y voir une stratégie décidée, raisonnée et en œuvre de destruction des puissances émergentes, des pôles de résistance à l’Empire, ou simplement d’ouverture de marchés fermés, ou de bases géographiques utiles. L’ex-Yougoslavie durablement réduite à l’anarchie et les haines ou les rivalités ethniques, religieuses et nationales habilement ravivées, les Etats-Unis ont tranquillement pu établir l’une de leurs plus importantes bases militaires et sécuriser – ou contrôler – une zone stratégique pour l’approvisionnement en pétrole de l’Europe et la surveillance de l’est de la Méditerranée. A la faveur d’une décision judiciaire contestable, suscitant la mise en question du respect des Droits de l’homme, et à partir de la mise en cause des subventions publiques à l’agriculture ( qui a compté les subventions aux agriculteurs américains ? ),  la suspension de toute aide internationale au Malawi, ajoutée à la hausse des prix des matières premières, place de nouveau ce pays indépendant sous le contrôle de ses anciens colonisateurs, qui sauront faire fructifier ses terres, mais à leur profit, et depuis la City – comment peut-on vivre au Malawi ?

    La question intéressante porte sur l’Union européenne. Ce n’est pas par hasard si fleurissent ici et là des analyses qui dénoncent un prétendu «  IVème Reich » en cours de constitution. Ce n’est pas par hasard si la très réelle crise des déficits publics européens passe pour une condamnation sans appel de la spécificité européenne, des systèmes sociaux et plus encore, de l’ambition européenne. La quête d’une autonomie stratégique européenne, engagée avec panache lors de l’agression américaine contre l’Irak, n’a pas eu de suite, elle parait aujourd’hui enterrée. Quel homme d’Etat européen s’est levé pour dénoncer la manipulation des « armes de destruction massive » que ne détenait pas Saddam Hussein, engager la quête et l’élimination au moins politique de ses auteurs ? Le processus continu qui faisait de l’euro la seconde monnaie de réserve mondiale, en passe de faire concurrence au dollar, est lui aussi interrompu ; le privilège de faire payer ses dettes par les autres ne doit pas être contesté ! Et d’ailleurs, quelques-uns des pays qui refusaient d’utiliser le dollar sont la cible désignée des prétendues « révolutions démocratiques » en cours ; c’en est fait, et pour longtemps, du projet de place régionale de la finance islamique. Qu’en sera-t-il du projet de place asiatique ?

    L’anesthésie stratégique dans laquelle sont plongés les Européens depuis un demi-siècle les empêche sans doute encore de reconnaître leurs vrais ennemis, et de compter leurs forces. La confusion du monde, qui n’oppose plus des Nations les uns aux autres, mais des systèmes de pouvoir, des réseaux ou des mafias, aux peuples en quête de leur autonomie, aux Nations en recherche de leur souveraineté, participe de cette apesanteur stratégique étendue. Sans doute pas par hasard. Et comment ne pas entendre la disparition du mot qui résume tout ce qui s’est appelé ici et pour nous liberté, souveraineté, capacité à choisir son destin, et à se donner ses lois, et qui se dit République ?

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 27 octobre 2011)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Un choix existentiel...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Claude Bourrinet, cueilli sur Voxnr et consacré à la crise de l'Europe.

    choix décisif.jpg

     

     

    Le choix économique est un choix existentiel

    Entre effet de manche et coup de menton, une remarque en apparence anodine, destinée à justifier certaines palinodies, comme l’ « aide » massive accordée aux Etats endettés, ou l’accroissement substantiel du Fonds de Soutien financier, voire l’idée de plus en plus concrète de gouvernement économique de l’Union, jette une lumière crue sur la capacité réelle de ceux qui ont entrepris de diriger le destin de l’Europe. Le traité de Maastricht, nous dit-on, ne prévoyait pas que dût se produire une crise. Aucune autre absurdité, parmi d’autres, ne saurait mieux singulariser cette entreprise aussi utopique et sournoise que fut l’instauration d’un grand marché montrant maintenant sa faillite. Car elle dénote un trait psychologique saillant chez la technocratie politique libérale. Elle ne doute jamais. Ou, plutôt, adoptant les présupposés anthropologique de Fukuyama, elle considère que la libre concurrence, le flux illimité et sans frein des hommes et des marchandises, doit à terme aplanir les obstacles immémoriaux entre les peuples, faciliter l’entente universelle et procurer à tous le confort de vie qui rend impensable le ressentiment, la haine et le conflit. Qui se souvient qu’en 1992 on nous promettait des emplois à gogo, et que, un peu plus tard, la création de la monnaie unique allait les démultiplier.

    Or, paradoxalement, les crises s’enchaînèrent, tirant à hu et à dia les gouvernements qui, en pompiers dépassés par les foyers d’incendies multiples, s’empressaient, en tenant toujours les mêmes discours lénifiants, d’éteindre ici et là ce feu qu’on avait allumé.

    Les peuples, du moins ce qu’il en reste, n’y comprenaient goutte. Des voix s’élevaient, de-ci, de-là, chez tel intellectuel, tel prix Nobel, mais très minoritaires, et de toute façon inaudibles parce qu’on les occultait, ou qu’elles étaient noyées dans le tsunami des commentaires avisés de spécialistes rémunérés au mensonge. Qui pouvait comprendre, s’il n’était spécialiste ? Le langage de la technique, aussi crédible soit-il à l’intérieur de chaque domaine spécifique, n’est jamais si utile que quand il brouille les pistes. Dans le périmètre des sciences économiques, l’usage de termes anglo-saxons, d’abréviations et de schémas mathématiques, ne sont pas en mesure de clarifier une situation qui se précipite en cahotant, comme un véhicule qui a perdu son chemin. On invoque alors les dérives, laissant entendre qu’il existerait un ordre normal à une organisation qui ne l’est pas, on désigne un Kerviel, un voyou, pour suggérer que le système, dont on affiche pourtant l’amoralisme avec quelque jubilation, puisse devenir moral.

    Si bien que l’on est plus près d’une certaine vérité quand on réagit de façon épidermique quand, dans le même temps où la bourse joue du yoyo en engraissant les spéculateurs, on assiste, impuissant, à la destruction des emplois, à la désindustrialisation du pays, et à l’arrogance sans retenue des bénéficiaires d’une mondialisation dont on peut considérer qu’elle est une agression sans mesure des riches contre les pauvres, et du désert culturel contre l’ethnodiversité du monde.
    Si l’on se fiait aux déclarations officielles, chaque action entreprise serait un triomphe historique, et la solution enfin trouvée. Si la misère, tant sociale que culturelle, se répand comme un désert humain, pendant que dans le même temps l’immobilier s’envole, et le parc portuaire des bateaux de loisir prolifère, c’est que quelque chose est en route, un phénomène relativement simple, même si la sarabande des chiffres et la valse des réunions au sommet embrouillent la surface d’une eau pourtant aussi limpide que la vérité. Au fond, si l’on suivait son instinct, il y aurait longtemps qu’on aurait imité Jésus, qui, un fouet à la main, renversait les étals des marchands du temple.

    Mais le temps des révolutions semble révolu. L’insurrection populaire est un soubresaut historique qui, sous couvert de changer de société, accélère un processus de « modernisation ». Il est bien évident que les peuples ont toujours été floués. Finalement, seule la révolution de Cromwell réussit à lier, dans un commun projet de pillage marchand, entreprise poursuivie par les Etats unis d’Amérique, toutes les classes nationales, les mêlant dans une sorte de fraternité de brigandage. Orwell, certes, a souligné combien cette mise en place de cette société de l’argent roi s’est faite avec quelque difficulté, mais enfin, elle parvint à ses fins, et ce n’est pas sans surprise que nous, vieille civilisation où la notion de Res publica a toujours été vivante, voyons que, par-delà le Channel, la chose publique n’ait été perçue que comme un problème de gestion économique, et les convictions comme autant de choix de la vie privée.

    L’absence de réactions sérieuses face à la destruction de plusieurs siècles de culture sociale et politique, sur le vieux continent, dont l’exemple de « primaires », données comme « expérience «démocratique » ou comme « modernisation de la vie publique », n’est qu’une déclinaison, parce qu’elle avalise l’existence de deux niveaux d’engagement, montre bien la profondeur de l’anglosaxonnisation des mœurs. Il n’existe plus, en fait, de frontière étanche entre l’appréhension du politique, et, par exemple, la variété des choix de consommation, ou bien la superficialité du monde du spectacle.

    Lorsqu’on parcourt l’ouvrage qu’Alain Peyrefitte consacra à De Gaulle (« C’était De Gaulle »), on est frappé non seulement par la capacité qu’avait le général de se projeter dans l’avenir, mais aussi par une culture historique profonde, autant dire une distance, que n’ont plus nos hommes politiques. Car, contrairement à ce qu’on laisse entendre, il n’était pas contre l’Europe. Si celle-ci, à ses yeux, devait devenir une confédération, une « Europe des Nations », il soulignait, en critiquant le Traité de Rome, combien c’était s’enfermer que de commencer par l’économie. Non qu’il eût fallu le faire par la culture, comme l’aurait regretté, dans une phrase apocryphe, Jean Monnet, ce qui ne signifie pas grand-chose, mais, comme les structures mentales de sa génération, nourrie de Maurras, de Nietzsche et de Napoléon, l’y poussaient, par le politique. La grande politique, devrions-nous ajouter. C’est pourquoi De Gaulle sacrifia l’Algérie française pour risquer l’aventure nucléaire et asseoir la réputation mondiale de la France, c’est ainsi qu’en 1966 il expulsa l’Otan, c’est enfin pour cette raison qu’il se méfia tout le temps d’une Europe qu’il croyait à bon escient infestée de libéraux et de complices des Anglais et des Américains.

    Il est donc juste de répéter, encore et toujours, que l’économie, le paramètre économique, pour expliquer le monde et le sauver, est un leurre, un piège, une fausse équation : la résolution d’une de ses composantes ne peut aboutir au bonheur, à l’épanouissement, à la réalisation des individus et des peuple. Car le choix de l’ardente obligation économique est une option existentielle. On aboutit par là toujours à un problème moral, voire à une problématique de moraliste. Pourquoi d’ailleurs exempter de la faute des peuples qui ont cru toucher des dividendes à l’abandon de leur honneur et de leurs traditions ? Il est bien évident que l’absence de combattivité, jusqu’à la catastrophe personnelle, qui touche son foyer, son emploi, son quartier, n’est jamais si visible que par l’avidité souvent frustrée de profiter des miettes du système. C’est l’hybris qui est cause du dysfonctionnement, ou, pour mieux dire, du fonctionnement naturel d’une logique qui s’est éloignée radicalement de la nature, du bien commun, de la décence. C’est en voulant accumuler, en désirant s’enrichir, en croyant que la jouissance matérielle n’a pas de fin, et que, pire, elle peut remplacer la joie humaine, le sens de la vie, que nous avons été conduits au désastre.

    On nous dit que la gouvernance économique, dont l’Allemagne va prendre la tête, se met en place. On nous fait miroiter une Fédération européenne. Tout cela est vain, trompeur. On ne cherche qu’à améliorer l’intégration d’un espace à un autre, mortifère, empoisonné. Rien ne change radicalement rien, et d’autres crises adviendront, de plus en plus sévères. Il s’agit donc d’inverser la vision, les priorités. Ce n’est pas les pieds qu’il faut privilégier dans la marche, mais l’intelligence, l’esprit, le sens moral. Ce n’est pas l’addiction matérialiste qu’il faut encourager, mais la fierté d’être libre, indépendant, pourvu d’une direction qui travaille vraiment pour la civilisation européenne, qui soit vraiment patriotique. Ce n’est pas le « comment ?» qu’il faut poser, mais le « Pourquoi ? »

    Claude Bourrinet (Voxnr, 28 octobre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Souvenirs d'un monde qui chavirait...

    Les Cahiers de la Revue Défense nationale publient sous le titre Souvenirs d'un monde qui chavirait (2001-2011), un recueil des articles publiés par Jean-Philippe Immarigeon dans la revue au cours des dix dernières années. Jean-Philippe Immarigeon est l'auteur de plusieurs essais d'une grande lucidité comme American parano (Bourin, 2006), Sarko l'Américain, (Bourin, 2007) ou L'imposture américaine (Bourin, 2009).

     

    Immarigeon.jpg

    "Collant au plus près de l’actualité, l’auteur affine son analyse d’une crise aiguë du modèle de la puissance qui restera la marque de cette décennie qui s’achève : la guerre totale contre un terrorisme érigé à tort en déterminant de l’histoire, l’affichage sans retenue de la puissance militaire et son mauvais usage, le piège irakien, l’imposture d’une forme de guerre en Afghanistan, la fuite en avant face aux ambitions déçues, soit dix ans d’échecs répétés sur fond de divergence structurelle franco-américaine et de déliaison d’une civilisation atlantique qui a fait son temps.

    Par delà le style clair et alerte qui sent la plaidoirie, derrière l’autopsie documentée de l’histoire américaine, ce qui ressort de ces textes est qu’une fois de plus il n’y aura eu de surprise stratégique que pour ceux qui auront refusé de voir la nouvelle réalité déjà à l’œuvre au soir des attentats de 2001 : pour ceux qui n’auront pas voulu élaborer les doctrines, les outils et les postures d’une capacité collective capable de garder entre nos mains les clés d’un destin qui fût longtemps confondu avec celui des Etats-Unis, et qui auront perdu dix ans en atermoiements et postures contre-productives."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Si rien n'est fait...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien, cueilli dans Libération, avec Jean-Michel Quatrepoint vient de publier Mourir pour le yuan? (François Bourin Editeur, 2011)

    puissance chinoise.jpg

     

    Journaliste et économiste, Jean-Michel Quatrepoint vient de publier Mourir pour le yuan? (chez François Bourin Editeur), une analyse de la stratégie de puissance de la Chine face au déclin consenti des puissances occidentales. Il explique les profonds déséquilibres, aggravés par la crise, qui se creusent au détriment de celles-ci.

    La question du yuan est au menu des discussions du G20 à Washington. Quel est le problème avec la monnaie chinoise?

    Le yuan est la monnaie de la seconde puissance mondiale, du premier pays en termes de détention de réserves de change. Or cette monnaie n'est pas convertible: la Chine exerce un contrôle des changes pour en contrôler strictement la valeur. Le yuan est considérablement sous-évalué. De plus, depuis trente ans, la stratégie de Pékin est d'indexer le yuan sur le dollar, pour que les évolutions de ces deux monnaies soient synchronisées.

    Quels sont les avantages de cette stratégie monétaire?

    Elle permet d'attirer les multinationales sur le sol chinois. Garder la monnaie sous-évaluée permet de produire moins cher. Les Chinois se souviennent qu'en 1985, Washington avait forcé les Japonais à réévaluer le yen, tordant le cou à l'industrie japonaise. Ils ne laisseront pas la même chose leur arriver.

    Par ailleurs, indexer le yuan sur le dollar, c'est garantir aux multinationales qu'elles ne prennent pas de risques de change. En retour, la Chine demande à celles-ci de produire pour l'exportation, pas pour le marché local. C'est une stratégie géniale, un pacte gagnant-gagnant: les multinationales engrangent les bénéfices, et la Chine les excédents commerciaux. Aux dépens de l'industrie et des balances commerciales de l'Europe et des Etats-Unis, qui perdent des emplois et des capitaux.

    Quel est l'intérêt pour la Chine d'accumuler ces excédents?

    D'abord, le pays ne peut pas basculer brutalement d'un modèle mercantiliste, basé sur l'exportation, à un modèle de consommation intérieure. Ensuite, la Chine vieillit, comme l'Allemagne: dans 20 ou 30 ans, il faudra financer un grand nombre de retraites. D'où le besoin d'engranger des recettes à l'export.

    Enfin, celles-ci permettent de racheter des actifs. Par exemple des bons du Trésor américain, c'est-à-dire la dette publique des Etats-Unis. Pékin se tourne aussi de plus en plus vers des actifs tangibles: telle ou telle entreprise qui dispose d'une technologie convoitée, telle autre, point d'entrée pour un marché particulier. On s'attend aussi à une importance croissante de la Chine dans la finance.

    Quelles sont les conséquences de cette politique pour les économies occidentales?

    Elle entraîne pour l'Europe et les Etats-Unis des déficits commerciaux considérables. Non seulement les emplois, mais aussi les capitaux sont délocalisés en Asie. Les multinationales n'investissent plus en Occident. Qu'est-ce qu'il reste? Des emplois publics, avec lesquels on espère masquer l'hémorragie d'emplois marchands. Tandis que l'on fait des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux super-riches.

    Est-il impossible de faire pression sur la Chine pour qu'elle infléchisse sa politique monétaire?

    L'erreur a été de l'admettre à l'OMC, en 2001, sans lui demander de renoncer au contrôle des changes. Entre 2005 et 2008, la Chine a procédé à une réévaluation par petites touches, 1% de temps de en temps, sous la pression internationale. Avec l'arrivée de la crise, ils se sont complètement réindéxés sur le dollar. Depuis quelques mois, ils ont repris leurs petites réévaluations. Mais pour mettre le yuan à son niveau réel, il faudrait le réévaluer de 30 ou 40%. D'un autre côté, on peut comprendre les Chinois, qui ne veulent pas alimenter l'inflation par une hausse importante.

    Mais, en l'absence d'une forte demande intérieure, la Chine n'a-t-elle pas intérêt à la prospérité de ses principaux partenaires commerciaux?

    Elle est obligée à un pilotage assez fin. Mais globalement, on est à un moment où la machine économique échappe à ses acteurs. Plus personne ne maîtrise plus rien, et Pékin ne peut pas racheter les dettes de tous les Etats européens. Les Chinois se sont déclarés prêts à aider, mais c'est surtout un effet d'annonce.

    Peut-on espérer un front uni des Occidentaux sur le yuan lors du G20 de Cannes, début novembre?

    Je crains que les Européens ne soient pas unis. Le principal partenaire de la Chine en Europe, c'est l'Allemagne, qui a adopté la même stratégie mercantiliste en réalisant ses excédents sur la zone euro. Le fait que l'euro soit trop fort par rapport au yuan, les Allemands s'en fichent: ils occupent la niche du haut de gamme. Le taux de l'euro, ça joue peu quand on vend des Mercedes. C'est plutôt nous, Français, qui sommes concernés par la question. Quant aux Américains, qui seraient les seuls à pouvoir faire pression sur la Chine, ils ne remettent pas en cause son adhésion à l'OMC, par attachement au libre-échange. Ils n'ont pas compris les problèmes que pose leur déficit commercial, alors que l'Amérique s'appauvrit.

    Il ne faut donc pas trop compter, selon vous, sur les grands changements annoncés?

    Non. Les Chinois veulent que leur monnaie devienne à terme la seconde devise mondiale, voire la première. Ils ont déjà suggéré aux autres puissances émergentes de ne plus utiliser le dollar pour leurs échanges entre elles, mais une monnaie commune, et pourquoi pas le yuan...

    Que peut faire l'Europe face à cette nouvelle super-puissance chinoise?

    L'Europe à 27 est une hérésie. La France doit se mettre à table avec l'Allemagne et discuter d'une nouvelle étape de la construction européenne. Peut-on continuer à vivre ensemble, avec les compromis que cela implique? Il faut alors construire une vraie puissance européenne, avec une vraie géostratégie. Les brésiliens ont créé des taxes à l'importation, obligent Apple à produire sur place, idem pour les voitures. L'Europe doit y venir aussi.

    Pourquoi avoir titré votre livre «Mourir pour le yuan»?

    A la longue, si rien ne se passe, si on continue à accumuler les déséquilibres, comme au début du XXe siècle, l'issue sera la même: la guerre.

    Propos recueilli par Dominique Albertini

    Libération (24 septembre 2011)
    Lien permanent Catégories : Entretiens, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !...

    Nous reproduisons un excellent point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site Regards sur le renversement du monde, dans lequel il appelle les Européens à exercer leur souveraineté à combattre l'intolérable entreprise d'hégémonie des Etats-Unis...

     

    Aigle américain.jpg

     

    Ce n’est pas un complot, c’est la stratégie !

    « L’Europe est devenue un protectorat des Américains » - Hervé Morin, ancien Ministre de la Défense (cité par le général Desportes, dans Le Débat – Gallimard – Septembre 2011)

    De l’affaire DSK au krach bancaire et boursier actuel, la théorie du complot nous est resservie à toutes les sauces et sur tous les tons. Le problème n’est pas qu’il ne puisse y avoir ici et là, action concertée pour obtenir un avantage indu ou créer une situation profitable. Le problème est que la théorie du complot fait manquer l’essentiel.

    Les faits sont là. Les attaques contre la crédibilité des Etats les plus endettés de l’Union européenne ont débuté le mois même où les émissions en euro, dans le monde, dépassaient les émissions en dollars. Depuis un an, de FoxNews au Wall Street Journal et du Financial Times à The Economist, toute information de nature à effrayer les investisseurs et les opérateurs au sujet de l’Europe a été délibérément et démesurément grossie, telles ces photos savamment travaillées pour donner l’impression que les anodines manifestations à Athènes tournaient à la guerre civile, ou encore la décision de Siemens, en juillet, de réduire ses engagements auprès de telle ou telle banque française, publiée dans la semaine du 16 septembre comme un scoop ! Internet a servi à propager efficacement des rumeurs, des bruits de marché, des informations invérifiables, toutes visant successivement telle ou telle banque française, telle ou telle alerte sur les dettes publiques – et dont plusieurs font l’objet d’une instruction en justice. De manière plus discrète, les actions hostiles aux gouvernements qui avaient décidé de ne plus utiliser le dollar dans leurs transactions commerciales se sont multipliées, visant le Venezuela, la Bolivie, l’Iran, le Salvador, etc. dans une incompréhension totale de l’Union européenne, aveuglée par la propagande des Américains et de leurs alliés. De manière tout à fait ouverte au contraire, l’exploitation de la dégradation du rating de deux banques françaises et l’obscur débat sur leur recapitalisation ont permis de créer une situation aberrante, mais proche de l’irréversible, non sur les maillons faibles, mais au cœur même du système bancaire français et européen.

    Les faits sont là, et devraient suffire à invalider la théorie du complot. Ce ne sont pas les gnomes de Wall Street ou les manipulateurs de Goldman Sachs qui sont en jeu, c’est l’intérêt national américain ! L’aveuglement européen, la complaisance des institutions européennes, voire la complicité des eurocrates, ont pour simple et directe explication le déni de l’intérêt national, de la préférence nationale, et des enjeux nationaux dont les partisans de  l’Union se sont fait une doctrine ! Seuls dans le monde, les Français, et les Européens de Bruxelles, n’osent pas affirmer tranquillement qu’ils se battent pour la France et les Français, pour l’Europe et les Européens, que leurs intérêts passent avant ceux de tous les autres, et que la défense des intérêts qu’ils reconnaissent comme vitaux passe avant tout – avant toutes les doctrines, toutes les amitiés et surtout, avant les intérêts de tous les autres ! Chinois, Américains, Russes, comme tant d’autres, ont assez prouvé quelle conception exigeante ils avaient de leur intérêt national, et combien peu ils s’interrogeaient sur les moyens de le faire prévaloir !

    Les circonstances sont claires ; la position hégémonique des Etats-Unis ne repose, pendant combien de temps, que sur deux points ; le dollar et les armes. Le soft power européen, la capacité à édicter des normes universelles, la diversité interne des peuples européens, exercent dans le monde une attraction qui balance le rêve américain. La prospérité de la classe moyenne européenne fait de l’Europe le premier marché du monde. Le savoir-faire industriel de l’Europe, de l’Allemagne en particulier, fait des infrastructures de marché ( clearing and settlement, chambres de compensation, gestion des titres ) les plus performantes au monde. Le savoir mathématique des Européens, des Français notamment, fait d’eux les maîtres des marchés dérivés. Et l’euro menace de faire jeu égal avec le dollar, donc de lui retirer l’exorbitant privilège d’émettre de la monnaie sans aucun coût, puisque le reste du monde continue d’accepter le dollar pour tous ses échanges ! Et certaines banques européennes menaçaient le privilège de la haute banque anglo-américaine, et pouvaient même avoir quelques velléités de ne pas respecter les embargos et les interdictions par lesquels les Américains et leurs alliés entendent ramener à l’âge de pierre, de la famine et des tribus, ceux qui osent défier leurs intérêts ! La percée bancaire et financière de l’Europe menace les Etats-Unis et la City d’un 11 septembre bancaire et financier ! Des banques européennes ont eu le courage de continuer à travailler avec Cuba, avec la Russie, avec Madagascar ou la Syrie ; qu’elles tombent ! Le pouvoir d’achat – non, la capacité à s’endetter – du consommateur américain est en jeu, comme la capacité des Etats-Unis à décider qui sont les bons, qui sont les méchants, selon leurs intérêts, ou l’idée qu’ils s’en font ! Des banques sans capacité à recruter et à investir, des systèmes soumis à l’espionnage permanent des Américains, comme l’exemple de Swift ou du transport aérien l’a montré, voilà l’ordre rétabli et la police américaine rétablie dans sa colonie européenne !

    La situation est claire, et demande distance et modération. Les Etats-Unis, pas plus que la Chine ou la Russie, ne sont l’ennemi de l’Europe. Mais la situation née de la  colonisation américaine de l’Europe de l’Ouest effectuée depuis 1944 n’a pas connu l’issue de la colonisation soviétique de l’Europe de l’Est ; le Mur de l’Est est tombé, le Mur de l’Ouest n’est pas tombé. Il suffit pour apprécier la situation de suivre les ingérences permanentes, multiples, devenues naturelles, des ambassades, des agences et des représentants américains en Europe, depuis les actions en banlieue d’un ambassadeur des Etats-Unis à Paris, M. Charles Rivkin, qui se croit autorisé à promouvoir un multiculturalisme que refusent les Français, sans être convoqué pour rendre des comptes, jusqu’à l’incroyable présence de M. Timothy Geithner au sommet polonais des Ministres des finances de l’Union, venus écouter la leçon du faux monnayeur !

    Nous sommes face à un intérêt stratégique américain contraire à notre intérêt stratégique. Nous ne sommes pas seuls. D’autres partagent nos préoccupations, au nom de leur propre intérêt national ; et pas seulement la Chine. Le meilleur allié de l’Union européenne est l’aversion universelle que suscite la fuite en avant des Etats-Unis et, désormais, la peur qu’elle inspire. Nous ne manquons pas d’outils. Derrière la notion de criminalité organisée, maintes actions des banques ou des intermédiaires américains méritent l’attention, l’enquête, et la sanction, notamment l’interdiction d’exercer sur le territoire européen et la saisie de leurs actifs. Ce sont là certes des « warlike measures ». Révélés par Wikileaks, ce sont les termes mêmes qu’employait l’ambassadeur des Etats-Unis pour qualifier les mesures qu’il préconisait pour ouvrir de force la France aux OGM. Elles ne seront pas de trop. En la matière, la réciprocité est un principe sain de l’amitié durable entre les peuples.

    Hervé Juvin (Regards sur le renversement du monde, 26 Septembre 2011)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!