Sur Realpolitik.tv, Hervé Juvin revient sur les conséquences géopolitiques de la politique américaine de recherche de l'indépendance énergétique dont il avait été l'un des premiers en juin dernier à déceler les signes ...
etats-unis - Page 80
-
Etats-Unis : vers un retour à l'indépendance énergétique ?...
-
Défense nationale, le prix de la liberté ?...
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue Charles Saint-Prot, cueilli sur l'excellent site Theatrum Belli et consacré au sacrifice de la politique de défense par le gouvernement socialiste. Spécialiste du monde arabe et de l'Islam, Charles Saint-Prot a récemment publié Mohammed V ou la monarchie populaire (Editions du Rocher, 2012), ouvrage consacré au grand-père de l'actuel souverain du Maroc.
Défense nationale, le prix de la liberté
Des griots de l'idéologie ultralibérale vantaient naguère les bienfaits d'une "mondialisation heureuse" qui devait apporter la paix, la prospérité et, même, le bonheur à l'humanité.
Aujourd'hui, nous voyons bien que la globalisation des marchés et des technologies de l'information et de la communication n'a pas conduit à ce village planétaire où tout le monde devait être bon et gentil. Assurément, le monde n'est pas plus serein que jadis. Rien n'a changé, la politique internationale reste ce qu'elle a toujours été : un rapport de force entre des puissances. Ce qui change c'est simplement les acteurs principaux, certains sont menacés d'effacement, d'autres montent en puissance. Voici donc les pays dits émergents qui revendiquent leur place à la table des grands. À cet égard, la lutte pour le contrôle des matières premières, en particuliers les réserves énergétiques, est très significative. La Chine, l'Inde, d'autres, sont prêts à tout pour nourrir leur développement tandis que les anciennes puissances – États-Unis en tête – tentent de préserver les positions acquises. Entre les deux, la Russie résiste contre les manœuvres états-uniennes visant à son endiguement, notamment au Caucase où l'enjeu pétrolier et gazier est considérable. Depuis Poutine, Moscou rend coup pour coup, nous en avons un exemple avec le soutien apporté aux régimes syrien et iranien.
Le tableau est d'autant plus sombre que des menaces nouvelles se précisent avec l'instrumentalisation de bandes terroristes et de maffias diverses et puissantes. On ne dira jamais assez combien les terroristes et les trafiquants de toute sorte ont été les principaux bénéficiaires de la mondialisation. L'idéologie du laisser-faire, laisser-passer aurait mérité d'être conçue par l'un des leurs !
Dans ce contexte, on comprend que les puissances actives, les anciennes (États-Unis, Russie) et les nouvelles (Chine, Inde), redoublent d'effort pour renforcer leurs outils de défense. Durant les dix dernières années de la prétendue "mondialisation heureuse", les dépenses militaires mondiales ont augmenté de plus de 50%, dont 200% pour la Chine et plus de 80% pour les États-Unis. Les pays émergents ont un budget de la défense qui augmente à la même vitesse que leur PIB, soit de 5% à 10% par an. Il n'y a guère que les pays membre de la fantomatique union européenne pour continuer à penser que la mondialisation c'est la paix. En proie à une crise économique et sociale systémique, ces pays réduisent d'autant plus leurs budgets militaires ; la dernière priorité de certains États étant d'alimenter les caisses sans fond de prélèvements sociaux excessifs destinés à acheter une fragile paix sociale.
Pour ce qui concerne la France où la défense ne représente plus que 1,9% du PIB – avec, de surcroît une réduction de plus de 7.000 postes et une saignée de 6 milliards d'euros sur les crédits d'équipement en 2012, la question devient préoccupante quand bien même l'admirable compétence et l'efficacité reconnue des personnels militaires permettent de maintenir une certaine crédibilité. Lors de son discours à la conférence des ambassadeurs, le 27 août, le Président de la République déclarait que la France "est une puissance mondiale, nous sommes un des rares pays qui dispose encore d'un très large éventail d'actions, doté d'une capacité nucléaire, un pays constamment impliqué dans la vie internationale par sa responsabilité de membre permanent du Conseil de sécurité". Encore faut-il se donner les moyens d'assurer ce rang. La réduction des moyens matériels et des effectifs, les lacunes dans plusieurs secteurs (transport aérien, drones, cyberguerre, etc.) conduisent à une dégradation de l'effort de défense d'autant plus inquiétant que les menaces se précisent au sud de la Méditerranée, notamment au Sahel. Par ailleurs, si l'on veut bien considérer que face à une Allemagne qui manifeste de nouveau sa volonté de puissance grâce à son dynamisme économique, la France ne peut maintenir le nécessaire équilibre européen qu'au prix d'une diplomatie internationale active et du maintien de son rang dans les principales puissances militaires du monde, l'une n'allant pas sans l'autre. Ce n'est pas l'illusion d'une incertaine "défense européenne" qui constitue une solution, car cette idée n'est que le pendant de l'affreuse illusion que tout peut être obtenu sans effort national, défendu sans sacrifice et qu'on peut s'en remettre aux autres pour préserver sa survie. À cet égard, le projet de fusionner EADS et BAE SYSTEMS est particulièrement regrettable dans la mesure où ce projet renforcera la mainmise de la finance anglo-saxonne sur une industrie vitale et réduira la part de la France, qui a considérablement développé l'aéronautique sur le continent, mais a déjà cédé la plus grande partie de son industrie dans le consortium EADS.
Le plus grand danger est de s'imaginer que son pays "n'a pas les moyens" car c'est la porte ouverte aux pires renoncements et aux compromissions les plus abjectes. C'est pourquoi, il est indispensable de cesser de faire de la défense la variable d'ajustement du budget et tout mettre en œuvre pour maintenir et consolider un effort militaire qui, du reste, a toujours été à la pointe de la recherche et un formidable créateur d'emplois directs et indirects.
Plus que jamais, la défense nationale reste le prix de la liberté.
Charles SAINT-PROT (Theatrum Belli, 28 septembre 2012)
-
L'économie, c'est la guerre !...
Les éditions du Seuil viennent de publier L'économie, c'est la guerre ! , une enquête du journaliste Frédéric Charpier consacrée au champ de bataille que constitue l'économie dans le monde globalisé d'aujourd'hui. Frédéric Charpier est l'auteur de plusieurs livres intéressants, notamment Histoire de l'extrême gauche trotskiste (Editions 1, 2002) et La CIA en France : 60 ans d'ingérence dans les affaires françaises (Seuil, 2008).
"Les Etats se livrent une guerre économique aussi discrète qu'implacable. En temps de crise mondiale, il y va de leur survie. La guerre s'étend dans le dédale des couloirs de l'Union européenne, de l'OMC, ou des institutions financières internationales. Elle s'invite dans les programmes secrets des laboratoires universitaires et des agences gouvernementales engagés dans des recherches stratégiques liées aux nanotechnologies, à la biométrie ou à la robotique. Les soldats eux-mêmes sont le plus souvent indécelables. Agents secrets ou personnels de puissants et opaques réseaux d'influence, ils opèrent sous le couvert de grands groupes industriels, de cabinets d'enquête et de sociétés militaires privés. Ils se camouflent dans des centres de recherche et des fondations, infiltrent des ONG, n'hésitent pas à instrumentaliser ces modernes chevaux de Troie que sont les fonds d'investissement. A leur disposition, ils ont tous les moyens de l'intelligence économique: recherche, technologie, argent... Frédéric Charpier a exploré les zones d'ombre, interrogé les acteurs et fouillé des milliers de documents. Des Etats-Unis à la Chine en passant par l'Irak, la Mauritanie ou Israël, il raconte les batailles, dévoile les coups tordus et les stratégies, s'interrogeant, enfin, sur la position de la France sur ce théâtre d'opération."
-
Tour d'horizon... (31)
Au sommaire cette semaine :
- sur Nations Presse.Info, Jean Géronimo analyse avec lucidité les enjeux de la crise syrienne...
La Syrie au coeur de la guerre tiède ? D'une désinformation médiatique à une intervention programmée
- sur Atlantico, Christian Combaz revient sur François Hollande, le président normal...
-
L'Amérique des frères Coen...
Les éditions du CNRS publient L'Amérique des frères Coen, un essai de Julie Assouly, qui est maître de conférence en civilisation américaine à l'université d'Artois. Un ouvrage indispensable pour ceux qui ont aimé Fargo, No Country for Old Men ou Burn After Reading...
"Les frères Coen, « réalisateur à deux têtes », tandem farouchement inclassable, paire prodigieuse révélée au grand public par Arizona junior (1987), dressent un tableau désopilant de l’Amérique profonde. Comédies, westerns, films noirs : les frères Coen ont subverti les conventions du film de genre pour créer un néo-cinéma ambitieux, nourri de clins d’oeil rétro aux séries B, aux grandes productions hollywoodiennes, au polar, et à la peinture réaliste américaine…
Julie Assouly nous invite à un voyage passionnant au coeur de cet univers, cernant au plus près la vision coenienne d’une Amérique conçue comme un territoire où se confondent toujours l’histoire, le folklore et la fable. Losers magnifiques, voyous déjantés, hystériques au grand coeur, tueurs psychopathes, profs dépressifs : dans cette comédie humaine où la satire sociale le dispute à l’absurde et au tragique, les deux cinéastes racontent, film après film, les laissés pour compte du rêve américain et la perte d’innocence de la société contemporaine."
-
Influences américaines à l'Elysée et au gouvernement ?....
Nous reproduisons ci-dessous un article de Daoud Ertegun cueilli sur le site de Fils de France et consacré à la stratégie d'influence payante menée par la French-american Foundation en direction des élites politico-médiatiques françaises...
Influences américaines à l'Elysée et au gouvernement ? Pour en savoir plus sur la FAF...
Récemment, nous nous félicitions de l’infléchissement annoncé de la politique étrangère française. Du retour des “élèves” d’Hubert Védrine au Quai d’Orsay et dans les plus hautes sphères de l’État. Et surtout des déclarations de François Hollande annonçant qu’il allait rééquilibrer nos relations avec les USA et Israël. Comme souvent, comme toujours, ce n’est pas si simple…
Connaissez-vous la FAF ? Il est probable que non. La FAF donc, acronyme de French American Foundation, Fondation franco-américaine en nos contrées, a été fondée en 1976 par les présidents Gerald Ford et Valéry Giscard d’Estaing. Son objectif ? « Renforcer la relation franco-américaine considérée comme un élément essentiel du partenariat transatlantique. » Le tout avait été théorisé trois ans auparavant, au sein du Council Of Foreign Relations – organisme transnational basé à New York et rassemblant le gratin de la finance, des médias et de la politique –, afin de tourner la page des velléités d’indépendance gaullienne. Ses méthodes ? Repérer de jeunes talents, des Young Leaders, issus de la société civile ou promis à un brillant avenir politique dans les sphères politiques et médiatiques. Bref, pour aller court : recruter de futurs agents d’influence.
La sélection est sévère, beaucoup d’appelés et un seul élu, ou élue, chaque année. En revanche, que le lauréat soit de gauche ou de droite importe peu ; inutile de mettre tous ses œufs dans le même panier. En revanche, le palmarès est impressionnant.
Pour les médias :
• Emmanuel Chain, ancien présentateur de l’émission Capital sur M6 ;
• Jérôme Clément, ancien patron de la chaine Arte ;
• Jean-Marie Colombani, ancien directeur du Monde et fondateur du site Slate ;
• Bernard Guetta, chargé de la géopolitique sur France Inter ;
• Erik Izraelewicz, actuel directeur du Monde ;
• Laurent Joffrin, ancien directeur de Libération et actuel directeur du Nouvel observateur ;
• Alain Minc, essayiste, donneur de conseils et ancien mentor du Monde ;
• Christine Ockrent, ancienne présentatrice du journal télévisé de France 2 et ancienne directrice de la chaîne France 24, la voix de la France dans le monde ;
• Denis Olivennes, qui a dirigé Le Journal du dimanche, Paris Match et Europe 1 ;
• Matthieu Pigasse, directeur des Inrockuptibles.
Ça fait déjà beaucoup.
À droite et en politique, on trouve encore :
• Alain Juppé, ancien Premier ministre, ancien président de l’UMP et actuel maire de Bordeaux ;
• François Léotard, ancien ministre de la Défense ;
• Valérie Pécresse, ancien ministre de Nicolas Sarkozy ;
• Éric Raoult, ex-futur espoir de la Chiraquie ;
• Jacques Toubon, ancien prétendant à la mairie de Paris.
À gauche, parmi les anciens :
• Anne Lauvergeon, ancienne présidente d’AREVA, soit le nucléaire français ;
• Alain Richard, ancien ministre de la Défense.
Mais c’est dans l’actuel gouvernement que la FAF a décidément été à la pêche au gros : quatre ministres !
• Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif ;
• Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances ;
• Marisol Touraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales ;
• Najat Vallaud-Kacem, ministre du Droit des femmes.
N’oublions pas non plus Aquilino Morelle, conseiller politique à l’Élysée et le défunt Olivier Ferrand, fondateur du club Terra Nova, naguère au service de Dominique Strauss-Kahn, premier à avoir officialisé le divorce de la gauche et de la classe ouvrière.
Et le meilleur pour la fin : François Hollande en personne, issu de la promotion 1996.
Ça commence à faire beaucoup, disions-nous… Car serait-ce trop demander que les Français, au-delà de leurs origines et de leurs confessions respectives, conservent l’espoir que leur destin commun soit dicté à l’Élysée plutôt qu’à la Maison blanche ? C’était ce que voulait le général de Gaulle après les errements atlantistes de la Quatrième république. C’est cet héritage que François Mitterrand conserva et que Jacques Chirac perpétua à son tour. Après la parenthèse sarkozyste, François Hollande sera-t-il à la hauteur du legs en question ? Nous le lui souhaitons. Nous nous le souhaitons surtout, nous, fils et filles de France.
Daoud ERTEGUN (Fils de France, 12 juillet 2012)