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Points de vue - Page 44

  • Immigration : le gouvernement italien tarde à faire ses preuves...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de S. Quintinius, cueilli sur Polémia et consacré aux maigres résultats obtenus en Italie par le gouvernement de Giorgia Meloni en matière de lutte contre l'immigration.

     

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    Immigration : le gouvernement italien tarde à faire ses preuves

    Le 25 septembre dernier, la coalition de droite composée de Fratelli d’Italia, La Lega et Forza Italia remportait les élections législatives en Italie. Quatre mois après la formation du nouveau gouvernement dirigé par Giorgia Meloni, le premier bilan que l’on peut tirer de sa politique de lutte contre l’immigration clandestine est en demi-teinte. Les prochains mois seront décisifs pour prouver sa crédibilité en la matière. Les enjeux sont considérables pour l’ensemble des pays d’Europe de l’ouest.

    Des enjeux considérables

     Le constat est malheureusement connu : les migrants clandestins sont de plus en plus nombreux à arriver sur les côtes italiennes. Ils étaient 104 000 en 2022, soit trois fois plus qu’en 2020 (1). Ils proviennent pour l’essentiel de Libye. Mais les départs sont également croissants de Tunisie et atteignaient 16 200 à fin octobre 2022 (2).

    Le potentiel de migration est considérable : selon le dernier recensement réalisé par l’Office International pour la Migration, près de 667 000 migrants sont actuellement présents en Libye (3). Ils proviennent pour l’essentiel du Niger, d’Egypte, du Soudan, du Tchad et du Nigéria. La Libye n’est pour la majorité d’entre eux qu’une étape avant de gagner le continent européen. Ce sont essentiellement des migrants économiques : en août 2020, un envoyé des Nations Unies avait évalué à 70% la proportion des migrants arrivant en Italie qui ne peuvent prétendre à la protection au titre de l’asile (4).

    La capacité du gouvernement italien à stopper une immigration clandestine de plus en plus importante est donc un enjeu majeur tant pour l’Italie que pour l’ensemble des pays européens : elle conditionne en partie le nombre des migrants clandestins qui arrivent en Europe sans y avoir été autorisé.

     La politique du gouvernement italien en matière de lutte contre l’immigration clandestine

    Giorgia Meloni avait lors de la campagne électorale pendant l’été 2022 clairement affiché sa volonté de lutter pied à pied contre l’immigration clandestine qui arrive en Italie par la mer méditerranée. Cet engagement a sans nul doute été déterminant dans la victoire de la coalition de droite composée de Fratelli d’Italia, La Lega et Forza Italia, lors des élections législatives le 25 septembre dernier.

    Le nouveau gouvernement au pouvoir en Italie s’appuie principalement sur deux piliers dans sa lutte contre l’immigration clandestine : la régulation de l’activité des O.N.G. et l’interception des départs d’Afrique du nord.

    Le conseil des ministres italien a adopté le 28 décembre 2022 un décret imposant de nouvelles règles lors des opérations de sauvetage en mer (5). Les O.N.G. doivent désormais immédiatement après une opération de secours demander un port de débarquement vers lequel leurs bateaux doivent se diriger sans délai. Les migrants doivent en outre être informés de leur possibilité de demander l’asile dans d’autres pays de l’Union européenne que l’Italie.

    La présidente du conseil avait avant son élection annoncé son intention si elle était élue de « bloquer les départs » des côtes africaines (6). Un accord entre la Libye et l’Italie conclu en 2017 se traduit déjà chaque année par l’interception en mer de dizaines de milliers de bateaux de migrants et leur renvoi en Libye. Les garde-côtes libyens revendiquent ainsi avoir intercepté près de 23 000 migrants en 2022 (7). Les garde-côtes tunisiens auraient pour leur part intercepté 25 000 personnes en mer l’année dernière (8).

    Une nouvelle étape a été franchie le 28 janvier 2023 avec la signature de deux accords de coopération entre les autorités italiennes et libyennes. Le premier prévoit la livraison de 5 bateaux patrouilleurs, financés par l’U.E., destinés aux garde-côtes libyens, le second prévoit la création d’une force opérationnelle conjointe chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, le terrorisme et le trafic de drogue (9).

    Des résultats peu probants

    Il est trop tôt pour estimer le nombre d’interceptions supplémentaires qu’effectueront les garde-côtes libyens avec leurs moyens accrus. Les nouvelles obligations imposées par les autorités italiennes aux O.N.G. sont par contre entrées en vigueur en début d’année 2023. Les villes portuaires qui sont désignées par les autorités italiennes aux équipages des bateaux des O.N.G. pour le débarquement des migrants sont souvent loin du point le plus proche d’arrivée en Italie. Elles sont en outre souvent dirigées par la gauche… (10). Le gouvernement invoque pour cette orientation la saturation des centres d’accueil des demandeurs d’asile dans le sud du pays. Mais les résultats de cette politique sont loin d’être convaincants : comme le portail du H.C.R. des Nations unies le fait ressortir, chiffres à l’appui, le nombre de clandestins débarqués sur les côtes en Italie était en forte hausse en début d’année 2023 par rapport aux années précédentes : 5 000 arrivées en janvier 2023 contre 3 000 en janvier 2022 (11). En l’espèce, cette forte affluence serait à attribuer à…la météo clémente !

    Tir de barrage des O.N.G.

    L’interception des bateaux à leur départ d’Afrique du nord et la régulation de l’activité des bateaux des O.N.G. en méditerranée sont des mesures fortement contestées par plusieurs collectifs no border. Ceux-ci font un intense lobbying pour mettre fin à ces entraves jugées insupportables. Dans le prolongement de ces initiatives, la commissaire européenne aux droits de l’homme a demandé – sans succès – au gouvernement italien de retirer son décret de régulation de l’activité des O.N.G. (12), tout comme le Conseil de l’Europe (13). Après les démarches « amiables », c’est sur le terrain judiciaire qu’il faut s’attendre à voir porter le litige qui oppose les O.N.G. et les associations de défense des droits de l’homme au gouvernement italien. Tant les juridictions italiennes qu’internationales (CEDH, CJUE) pourraient avoir à se prononcer sur le respect par le gouvernement italien des différentes sources de droit qui s’imposent à lui.

    Satisfecit de l’oligarchie

    Le nouveau gouvernement italien a été au début de son mandat présenté comme infréquentable, du fait des racines historiques alléguées du parti politique auquel appartient Giorgia Meloni. Mais il ne cesse depuis de montrer qu’il ne souhaite en aucun cas s’écarter des fondamentaux de la commission européenne : rigueur budgétaire, atlantisme forcené, participation à l’effort de guerre en Ukraine, etc. (14). Sur le plan migratoire, ses premières mesures ont surtout contribué à augmenter le bilan carbone des bateaux des O.N.G.. et à diminuer le nombre de leurs rotations. Le temps du quasi blocus mis en place par Matteo Salvini en 2018 et 2019 semble loin. C’est maintenant la crédibilité de Fratelli d’Italia, jusqu’à maintenant intacte, et plus largement la possibilité de contrôler les flux migratoires croissants à destination de l’Europe, qui est en jeu.

    S. Quintinius (Polémia, 12 février 2023)

     

    Notes :

    (1) https://data.unhcr.org/en/situations/mediterranean/location/5179
    (2) https://ftdes.net/statistiques-migration-2022/
    (3) https://dtm.iom.int/reports/libya-migrant-report-42-may-june-2022
    (4) https://www.telegraph.co.uk/news/2020/08/18/majority-migrants-crossing-major-sea-route-eu-not-need-protection/
    (5) https://twitter.com/rgowans/status/1610399912297889793
    (6) https://www.nextquotidiano.it/no-il-blocco-navale-lanciato-di-nuovo-da-giorgia-meloni-non-si-puo-fare/
    (7) https://libyaobserver.ly/inbrief/libyan-coast-guard-intercepted-23000-migrants-mediterranean-2022
    (8) https://euromedrights.org/fr/migration-page/
    (9) https://www.rainews.it/maratona/2023/01/giorga-meloni-a-tripoli-sul-tavolo-la-questione-energia-e-il-nodo-migranti-e01c92dd-7d53-4ac0-b1d0-6c09299576bf.html
    (10) https://www.breitbart.com/europe/2023/01/10/italian-desantis-anger-pm-meloni-sends-migrants-cities-run-leftist-mayors/
    (11) https://data.unhcr.org/en/situations/mediterranean/location/5205
    (12) https://twitter.com/CommissionerHR/status/1621057226256392193
    (13) https://www.euractiv.fr/section/migrations/news/le-conseil-de-leurope-condamne-litalie-pour-son-decret-sur-limmigration/
    (14) https://www.lefigaro.fr/international/en-italie-100-jours-de-pouvoir-de-georgia-meloni-marques-par-le-pragmatisme-20230129

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  • La presse française, une espèce en voie de disparition ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au traitement réservé par la presse française aux informations internationales sensibles (c'est-à-dire mettant en cause le camp du Bien)...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    La presse française, une espèce en voie de disparition ?

    Le journaliste américain Seymour Hersch, célèbre pour des enquêtes qui lui ont valu le prestigieux prix Pultizer, a révélé dans le détail l’opération spéciale qui a permis à l’armée américaine, aidée des forces norvégiennes, de saboter le gazoduc Nordstream 2 dans la mer Baltique. L’ancien ministre allemand, Oskar Lafontaine, leader socialiste respecté et maître à penser de la politique d’équilibre chère à Willy Brandt, a justement qualifié cette opération d’acte de guerre, appelé au retrait des territoires d’Europe les troupes américaines qui les occupent encore, et notamment à la fermeture de la base aérienne de Manstein.

    Le journaliste américain, également renommé pour des enquêtes sans concession, Matt Taïbbi, a consacré plusieurs mois à éclaircir l’affaire dite « des Twitter Files ». Sur son site (substack « Racket News »), il a analysé les documents et les auditions de l’enquête conduite par la justice américaine, et il a publié ces conclusions détonantes ; une conspiration du FBI et des agences de renseignement, pilotée par le parti démocrate, a bel et bien falsifié l’élection présidentielle de 2020 en contraignant Twitter, entreprise privée, et son équipe de censeurs, à manipuler l’accès à Twitter, les référencements, la visibilité des Tweets des Républicains et des partisans de Donald Trump, au profit des Démocrates (lire le résumé de son travail en français sur le substack de Renaud Beauchard, « Chroniques égrégoriennes »).

    La justice américaine a communiqué des informations qui établissent la réalité des faits issus du microordinateur du fils de Joe Biden, Hunter Biden, oublié chez un réparateur, des faits qui vont de la prise de drogue à des documents établissant pour le moins du trafic d’influence lié au pouvoir ukrainien. Pendant près de deux ans, le mot d’ordre — l’affaire est montée de toutes pièces, il n’y a rien à voir ! — a protégé le clan Biden des effets ravageurs des révélations contenues dans ce microordinateur, dont l’authenticité est désormais prouvée, et le contenu exposé au grand jour.

    Le procureur chargé d’enquêter sur la prétendue implication de la Russie dans l’élection de Donald Trump en 2016 a conclu sans ambiguïté ses travaux ; il n’y a pas eu d’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine. Et son enquête a révélé que le parti démocrate et des complices au sein de différentes agences de renseignement, forces de sécurité et direction de médias, avaient comploté pour donner un semblant de vraisemblance à des opérations de soutien russes à Donald Trump, jeter le discrédit sur sa présidence et envenimer les relations avec Moscou.

    Tout ceci suggère d’abord que la démocratie américaine est en bien mauvais état, et que le parti démocrate a donné naissance à une pratique du pouvoir qui s’apparente plus à une dérive mafieuse qu’au combat politique — mais aussi que la liberté d’expression, le journalisme d’investigation et la passion de la vérité sont bien vivants et puissants outre-Atlantique. Si la capacité à se critiquer, à regarder ses erreurs et à accepter la réalité est un facteur décisif de la puissance durable, les États-Unis ne sont pas en panne de puissance. Le sujet est majeur, il faudra y revenir.

    Tout ceci appelle aussi l’attention sur le traitement de l’information par la presse française et européenne, ou ce qui s’appelle ainsi.  

    La presse française continue d’aboyer à l’unisson sur une prétendue « propagande russe ». En France, des chaînes de télévision créées à l’initiative de la Russie, comme Russia Today (RT) ou Sputnik, se sont vues interdire d’émettre. Ce que certains peuvent considérer comme une censure contraire à la liberté d’expression, d’opinion et de débat n’a suscité aucune réaction dans la presse écrite ou télévisuelle, il est vrai dépendante des subventions publiques ou de publicités payées par des sociétés dont la majorité est liée aux États-Unis. Il est plus étonnant que la propagande américaine pro OTAN et pro-guerre se déverse en continu, sans honte, sans contradiction, et sans modération, y compris à travers des médias du service public que l’on imaginerait défendre l’intérêt national. Rarement un pays aura travaillé à sa propre sujétion.          .

    Le sort réservé à l’enquête de Seymour Hersch et à l’acte de guerre commis par les États-Unis contre l’Allemagne et contre l’Europe dans la Baltique est simple ; le silence des agneaux. L’agression américaine contre une infrastructure critique en Europe n’a suscité aucun commentaire, et aucune de ces vertueuses indignations qui auraient salué la moindre initiative russe ou chinoise en Europe de l’Ouest — imaginez Russes ou Chinois s’attaquant à une infrastructure critique en Europe ! Devant ce deux poids, deux mesures, une question se pose. Quelle instance vérifie les liens financiers, de toute nature, que des médias dits « français » ou des journalistes « français » entretiennent avec des ONG, des Fondations ou d’autres organisations financées depuis les États-Unis ? Combien de « voyages de presse » payés par les organisations de M. Soros, au nom de la liberté de la presse ? Qui recense les anciens « young leaders » ou autres membres d’organisations de jeunesse américaine parmi les élus, les dirigeants, les journalistes ?

    La question se pose tout aussi bien au sujet des révélations concernant les fausses accusations portées à l’encontre de Donald Trump, la censure qui a entouré les frasques d’Hunter Biden, et plus encore, la gigantesque opération de désinformation imposée par le FBI et la CIA à Twitter, comme sans doute aux autres grands passeurs de messages et d’images sur Internet. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cet écran noir devant des informations qui pour le moins, interrogent nos relations avec les États-Unis ? Chaque session du Parlement européen voit une nuée de parlementaires répéter comme des perroquets que la propagande russe menace l’Europe.

    Il relève de la dignité de l’Union européenne que quelques voix, même marginales, même étouffées, comme celles des courageux Irlandais Clare Daly et Mick Wallace, s’élèvent pour dénoncer l’écrasante mainmise américaine sur l’information et la fabrique de l’opinion en Europe. Que les affaires qui ébranlent la démocratie américaine intéressent peu les Français, peut-être. Mais n’est-il pas intéressant de savoir que, dès l’origine les accords de Minsk que le Président Zelensky était supposé respecter, n’étaient qu’une comédie destinée à gagner du temps et tromper la Russie ? Les aveux de Mme Merkel, confirmés par M. Hollande, éclairés par la mise en lumière d’une complicité de longue date entre le Président Macron et le même Zelensky (voir le JDD du dimanche 12 février), suggèrent une toute autre lecture des évènements qui se déroulent en Ukraine ; ils tendent à donner raison aux Russes quand ils dénoncent la préparation d’une agression par l’Ukraine, la militarisation forcenée de l’espace ukrainien et l’entrée de fait de l’OTAN dans l’Ukraine pour y conduire une guerre contre la Russie que les États-Unis et l’OTAN préparaient de longue date.

    Les révélations de l’ancien Premier ministre israélien, Naftali Bennett, sur un accord de paix prêt d’aboutir entre Russes et Ukrainiens, dès mai 2022, à l’initiative d’Israël et de la Turquie, accord saboté par les Britanniques et les Américains, vont dans le même sens ; la guerre qui oppose l’OTAN et les États-Unis à la Russie a bien été décidée, voulue, entretenue par les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui ont du même coup réduit l’Union européenne à la soumission. L’enjeu est d’en finir avec toute volonté d’autonomie stratégique européenne, une autonomie qui ne peut être appuyée que sur une coopération avec la Russie — le capital financier et entrepreneurial européen lié aux ressources et à la profondeur stratégique russe, voilà un cauchemar qui s’éloigne pour la tribu anglo-américaine. La vérité sur les fauteurs de guerre semble n’intéresser aucun media français — faut-il parler d’officines de l’occupation américaine de l’Europe ? Ou faut-il plutôt constater que la quête de la vérité, la volonté de savoir et la passion d’informer ont disparu de la presse française, infini bavardage autour de la pensée correcte et de l’ultra-centre ?

    Faut-il que les États-Unis fassent la leçon à l’Europe sur la liberté d’expression, quand la Commission entend imposer sa censure aux opinions non conformes ? Faudra-t-il que ce soit le New York Times qui obtienne la publication des SMS échangés entre Mme Van der Leyen et M. Bourla, PDG de Pfizer ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 19 février 2023)

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  • Affaire Palmade ou le tourisme sexuel à domicile...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 22 février 2023, dans laquelle il évoque un des angles morts de la très glauque affaire Palmade...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                               

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  • Le mythe surhumaniste...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle vidéo d'Ego Non dans laquelle il évoque le mythe surhumaniste au travers de l'essai de Giorgio LocchiWagner, Nietzsche et le mythe surhumaniste (La Nouvelle Librairie, 2022).

    Philosophe, journaliste et essayiste, Giorgio Locchi (1923 – 1992) fut l’une des figures majeures de la Nouvelle Droite. Ayant rédigé de nombreux articles dans les colonnes de Nouvelle École, d'Éléments, d'Il Tempo, d'Intervento et du Secolo d’Italia, Giorgio Locchi est aussi l’auteur d’ouvrages importants comme DéfinitionsLes textes qui ont révolutionné la culture non conforme, Le mal américain ou L’essence du fascisme. « Sans Giorgio Locchi et son œuvre, écrira Guillaume Faye, la véritable chaîne de défense de l’identité européenne serait probablement rompue.»

     

                                            

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  • La fin de la globalisation joyeuse...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Philippe Duranthon, cueilli sur Geopragma et consacré aux tensions géopolitique du monde fragmenté. Jean-Philippe Duranthon est haut-fonctionnaire et membre fondateur de Geopragma.

     

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    Ce que l’IRA nous dit

    Les Etats-Unis ont adopté un plan massif de soutien à l’économie poétiquement dénommé « Inflation Reduction Act » (IRA) qui promet aux entreprises et aux particuliers américains des aides s’élevant à 500 Md$ sur dix ans. Abrité derrière la lutte contre l’inflation et le réchauffement climatique, ce plan prévoit notamment de nombreux crédits d’impôts et subventions en faveur de l’investissement et de la production de technologies nouvelles. Depuis quelques semaines Paris et Berlin, soutenus mollement par Bruxelles, s’élèvent contre ce dispositif qui, parce qu’il réserve les soutiens aux activités réalisées sur le sol américain, incite les entreprises européennes à se délocaliser aux Etats-Unis.

    Au-delà des enjeux de ce dossier, les débats qu’il occasionne sont révélateurs d’évolutions et de tensions géopolitiques plus vastes.

    1/ La première chose que l’IRA nous dit est que nous vivons désormais dans un monde fragmenté. Le constat n’est pas nouveau, mais l’intensification des tensions entre les Etats-Unis et la Chine et surtout la Russie entraîne une diminution importante des relations diplomatiques, économiques mais aussi culturelles[1] entre les blocs antagonistes. En outre, on observe parallèlement des tentatives plus ou moins abouties de constitution d’entités régionales restreintes qui ont pour origine la volonté de faire face à la politique expansionniste de la Chine dans le Pacifique, d’échapper aux contraintes résultant de l’utilisation du dollar dans les transactions internationales ou de ne pas choisir entre les camps qui s’opposent à propos de l’Ukraine. L’IRA, quant à lui, montre que cette fragmentation est plus forte que les alliances régionales et que les intérêts nationaux priment sur les solidarités militaires que l’on se plait pourtant à invoquer : les pays occidentaux proclament chaque jour l’unité indéfectible de leur alliance face à la Russie mais le plus puissant d’entre eux ne se gêne pas pour favoriser les intérêts de ses entreprises.

    Les temps de la « globalisation joyeuse » sont donc bien finis, aussi bien dans le domaine militaire que pour les relations commerciales et financières. Même le forum de Davos, le club des mondialistes convaincus, a cette année placé sa réunion sous le thème “Cooperation in a Fragmented World”.

    2/ L’adoption de l’IRA illustre également l’impuissance, voire la disparition de toute régulation internationale. Le constat est évident dans le domaine militaire puisque l’ONU est totalement absente des débats sur l’Ukraine, alors que, face à des Etats ne se préoccupant que des opérations militaires en cours ou prochaines, il aurait pu rechercher les conditions d’une paix durable fondée sur un équilibre des intérêts des parties en cause. Mais le constat vaut aussi dans le domaine commercial puisque personne ne cherche à soumettre l’IRA à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), dont la mission est pourtant d’éviter ou de sanctionner les atteintes à la liberté des échanges internationaux ainsi que l’adoption de dispositifs nationaux de soutien illicites. On voit là les résultats de la décision prise par D. Trump, et maintenue par J. Biden, de ne pas nommer de juge à l’organe de règlement des différends de l’OMC, privant cette dernière de toute possibilité d’action contraignante.

    3/ En troisième lieu, les Etats-Unis ajoutent avec l’IRA un nouvel élément à leur panoplie déjà considérable d’instruments de prééminence ou de domination. Depuis longtemps la suprématie du dollar leur permet de faire financer leur déficit par les pays étrangers et, grâce à l’extraterritorialité du droit américain, de soumettre aux tribunaux américains les entreprises étrangères, y compris celles de leurs alliés[2] ; l’OTAN leur permet d’agréger leurs alliés à leur stratégie « géopolitico-militaire » et de leur vendre leurs matériels militaires ; plus récemment, les décisions prises en matière d’approvisionnement énergétique pour affaiblir la Russie leur ont permis de devenir le principal fournisseur de l’Europe en gaz naturel, celui-ci étant de surcroît vendu aux Européens à un prix nettement supérieur à celui auquel les entreprises américaines ont accès, accroissant ainsi le handicap compétitif européen résultant de la façon dont l’Europe a conçu son marché de l’électricité. A ces instruments l’IRA ajoute désormais un appel d’air destiné à attirer les entreprises étrangères, notamment européennes, les plus dynamiques et performantes[3].

    4/ L’IRA met également en lumière le fonctionnement bureaucratique de l’Union européenne. Il est révélateur que celle-ci ait mis autant de temps à réagir : la loi américaine est en gestation quasiment depuis l’élection de J. Biden à la présidence et, même s’il a fallu de nombreux mois pour parvenir à un accord au Congrès, cet accord a été concrétisé par un vote de la Chambre des Représentants le 7 août 2022 entraînant la promulgation de la loi le 16 août. On peut s’étonner que les chancelleries européennes n’aient rien vu venir et que l’Europe ne soit pas intervenue avec vigueur avant même l’adoption de la loi et n’ait pas réfléchi à la façon dont elle réagirait en cas de mauvaise surprise : manque de vigilance ou excès de naïveté ? Le président du Conseil européen a beau déclarer qu’« il est crucial que nous répondions à l’initiative américaine de manière lucide et rapide[4] », rien ne sera décidé au mieux avant un sommet de l’Union programmé les 9 et 10 février prochains, soit environ six mois après l’entrée en vigueur de la loi. A supposer même que des décisions de principe soient prises alors, ce qui n’a rien d’évident compte tenu des divergences actuelles entre Etats membres, d’autres délais seront nécessaires pour mettre en œuvre les mesures une fois que les grands principes auront été adoptés.

    Ces délais seront d’autant plus importants que la réponse européenne prendra vraisemblablement la forme d’un assouplissement de l’encadrement des règles d’Etat, d’un redéploiement de dotations déjà votées et d’un nouveau « fonds européen de souveraineté »[5], lequel semble avoir davantage pour objectif de répartir une manne financière entre les Etats que de renforcer rapidement les entreprises de l’Union. Alors qu’aux Etats-Unis les crédits d’impôts pourront être appliqués sans délai, tout laisse penser que les aides européennes ne seront mobilisables qu’à l’issue de procédures bureaucratiques longues et à l’issue incertaine.

    Mais la Commission européenne est-t-elle vraiment, dans le contexte lié à la guerre en Ukraine, prête à affronter les autorités américaines ? Déclarer, comme Paolo Gentiloni, le commissaire européen à l’Economie, que « la relation transatlantique est [actuellement] au plus haut depuis des décennies »[6] ou se réjouir, comme Valdis Dombrovskis, le commissaire européen au Commerce, de ce que les Américains adoptent, dans les discussions, « un ton constructif »[7], est-il le meilleur moyen d’affirmer sa détermination à défendre ses intérêts[8] ?

    5/ L’IRA montre enfin les limites de la solidarité européenne. La France et l’Allemagne ont été les seuls pays à protester contre la loi américaine et la Commission ne les a suivis que tardivement et parce que les deux pays exerçaient sur elle une pression politique forte.

    L’entente entre la France et l’Allemagne n’est d’ailleurs pas totale puisque la première soutient la création du fonds européen de souveraineté alors que la seconde y est très réticente et souhaite surtout que les automobiles allemandes échappent à l’application de l’IRA. Les manifestations et déclarations d’amitié[9] auxquelles a donné lieu, le 22 janvier, le 60ème anniversaire du traité de réconciliation entre les deux pays n’ont pas un contenu bien concret[10] et la dizaine de pages de la déclaration conjointe rendue publique à l’issue du conseil des ministres franco-allemand est étonnamment muette sur l’IRA et se contente d’un paragraphe général sur la nécessité d’un commerce ouvert, équitable, loyal, etc.

    Il est frappant de constater que le clivage entre les pays de l’Union qui veulent réagir contre l’IRA et ceux qui ne se mobilisent guère à son propos est voisin de celui qui a été observé à propos de la livraison de chars à l’Ukraine, réclamée avec véhémence par la Pologne et les Pays Baltes mais regardée avec réticence par l’Allemagne et la France. On peut d’ailleurs se demander si la Commission n’a pas repris à son compte les revendications françaises et allemandes concernant l’IRA dans le seul but de faciliter en contrepartie l’acceptation par ces deux pays des demandes relatives à la livraison des chars, dont on peut d’ailleurs douter que les protagonistes aient tous une pleine conscience des conséquences potentielles.

    Jean-Philippe Duranthon (Geopragma, 5 février 2023)

     

    Notes :

    [1] Les pressions exercées par les autorités ukrainiennes pour empêcher la représentation à la Scala de Milan de Boris Godounov de Modeste Moussorgski, mort en 1881, en sont un dernier et stupéfiant exemple.

    [2] Et, à l’issue d’un litige, de les contraindre à accepter la présence en leur sein d’un représentant de l’administration américaine.

    [3] Le déséquilibre économique entre les Etats-Unis et la France et, plus largement, l’Europe ne peut pas, toutefois, être interprété à l’aune des seuls soutiens publics. Ainsi la productivité du travail a, depuis 1998, augmenté de 62 % aux Etats-Unis mais de seulement 14 % dans la zone euro, le taux d’investissement net est aujourd’hui de 4 % aux Etats-Unis et de 2 % dans la zone euro et la R&D représente 3,5 % du PIB des premiers contre 2,4 % de la seconde. Voir Patrick Artus, « Croissance, pourquoi les Etats-Unis battent toujours la zone euro », Les Echos, 26 janvier 2023.

    [4] Interview de Charles Michel, président du Conseil européen, Les Echos, 23 janvier 2023.

    [5] Voir le projet de « Pacte vert » proposé par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne le 1er février 2023.

    [6] Les Echos, 10 janvier 2023.

    [7] Les Echos, 19 janvier 2023.

    [8] On peut aussi s’étonner que le président de Business Europe, le patronat européen, parte quasiment battu en affirmant qu’« il est extrêmement important de parvenir, au moins, à atténuer les mesures discriminatoires pour éviter les délocalisations de nos entreprises » (Interview de Fredrik Persson, Les Echos, 30 janvier 2023). Atténuer, pas supprimer…

    [9] Dans son discours à la Sorbonne, Emmanuel Macron a fait référence à l’image de « deux âmes battant à l’unisson dans la même poitrine ».

    [10] La seule décision concrète concerne le lancement d’un réseau de transport d’hydrogène mais l’Allemagne refuse toujours que l’hydrogène soit fabriqué à partir d’électricité d’origine nucléaire. Par ailleurs les deux pays restent en désaccord sur la réforme du marché de l’électricité et l’Allemagne n’a pas renoncé à s’équiper de matériels militaires et de systèmes d’armes américains.

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  • Une passion française ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Eman, cueilli sur son blog A moy que chault ! et consacré à la réforme des retraites...

    Animateur du site Paris Vox, rédacteur en chef de la revue Livr'arbitres et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman est l'auteur de deux recueils de chroniques intitulés Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016 et la Nouvelle Librairie, 2019), d'un polar, Terminus pour le Hussard (Auda Isarn, 2019) et, dernièrement, d'Hécatombe - Pensées éparses pour un monde en miettes (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Une passion française

    Le désir farouche des bourgeois français de faire travailler davantage le populo est tout à fait fascinant. Ce n'est pas un banal calcul économique mais bien une véritable passion qui travaille le corps et l'esprit de la bourgeoisie depuis des lustres. Il faut que les ploucs, qui sont par nature des feignasses, travaillent davantage, plus longtemps. C'est ainsi, c'est une injonction, une incantation, c'est un mantra. Et peu importe que cela ne leur rapporte rien personnellement et que cela ne fasse qu'engraisser un peu plus les exilés fiscaux, les fonds d'investissements et les nababs de l'oligarchie libérale-mondialiste qu'ils rêvent secrètement de devenir en pensant n'être pour le moment que de vagues cousins éloignés de ces êtres d'élite et d'exception. Mais cela reste la famille !

    Il ne s'agit pas tant d'argent que de pouvoir, de rapports de force, de « morale », la leur. La réforme des retraites, c'est la poursuite de la lutte des classes par d'autres moyens. Le peuple doit marner, c'est son rôle, sa fonction. Les milliardaires n'ont jamais été aussi nombreux et aussi riches, croulant sous des fortunes qui ont depuis longtemps dépassées la plus abjecte indécence, pendant que les salaires sont au plus bas et que l'inflation ronge chaque jour un peu plus le pouvoir d'achat, mais peu importe, l'ennemi c'est le facteur, le cheminot, l'agent EDF, l'ouvrier, l'infirmier... Au boulot, au boulot, sinon cette belle économie, juste et équilibrée, risque de s'effondrer ! Vous imaginez le drame ?

    Et ce n'est pas l'incohérence complète du projet – entre chômage de masse, inactivité forcée des plus de 50 ans, immigration incontrôlée, milliards distribués à l'Ukraine et à l'Afrique... - qui gêne ces prétendus grands réalistes et « pragmatiques » puisqu'il s'agit avant tout d'un combat idéologique. C'est la revanche des descendants des Maîtres des forges et des propriétaires miniers privés du travail des enfants et de la semaine de 7 jours sans repos. Et ce n'est qu'un début ! A grands coups « d'efforts collectifs », de « lutte contre les avantages indus » et de « valeur travail », le 19e siècle est devant nous ! Ceux qui sont – ou pensent être – du bon côté du manche, du bon côté du système, s'en réjouiront sans doute, mais pour combien de temps ? Peut-être jusqu'au moment où leurs enfants ou petits-enfants, déclassés et paupérisés, viendront leur demander des comptes, réclameront des explications, voudront savoir pourquoi, au nom de mesquines jalousies et de mépris de classe, ils ont sabordé et détruit un système bâti dans le sang et la sueur, arraché à la cupidité et au froid calcul marchand, et qui, sans être parfait, apportait un peu de justice et d'équité à un monde qui ne peut être supportable que si l'on brise l'avidité féroce et sans limite des prédateurs, qui seront toujours plus néfastes et dangereux que les « parasites » au SMIC ou au RSA, exclus de facto de la société, du pouvoir décisionnel et de la vie publique, dont ils se servent comme de faciles boucs-émissaires.

    Xavier Eman (A moy que chault !, 9 février 2023)

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