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Points de vue - Page 41

  • Action terroriste du Hamas contre Israël : quelles leçons en tirer ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Yves Le Gallou cueilli sur Polémia et consacré aux lecons à tirer de l'attaque des islamistes du Hamas contre Israël...

    Ancien haut-fonctionnaire, président de la Fondation Polémia, Jean-Yves Le Gallou a, notamment, publié La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013),  Immigration : la catastrophe - Que faire ? (Via Romana, 2016), Européen d'abord - Essai sur la préférence de civilisation (Via Romana, 2018) et Manuel de lutte contre la diabolisation (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

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    Action terroriste du Hamas contre Israël : quelles leçons en tirer ?

    1– L’action terroriste du Hamas visant des civils israéliens a beau avoir utilisé des moyens modernes (drones, parapentes) elle relève d’un mode opératoire classique dans le monde arabo-musulman, le rezzou, le pillage et l’enlèvement de femmes et enfants. Depuis les batailles du prophète musulman jusqu’aux raids des Touaregs en passant par ceux des pirates barbaresques, rien n’a changé dans l’horrible traitement des mécréants.

    2– Les déclarations complaisantes de La France Insoumise se refusant à condamner clairement une action terroriste de grande ampleur ont choqué, on le comprend, et surpris, on le comprend moins. LFI suit sa base électorale qui se trouve dans les banlieues de l’immigration qui sont globalement solidaires du Hamas comme l’est « la rue arabe » partout dans le monde. Ceux qui ont encouragé ou toléré (le CRIF, le PS, LR, etc.) la venue d’immigrés toujours plus nombreux sont mal placés pour chouiner aujourd’hui : ce sont eux qui ont apporté à l’extrême gauche une base électorale puissante. Et tout cela était théorisé depuis plus de 20 ans.

    3– La vraie question aujourd’hui est de savoir comment éviter d’avoir avec la Seine-Saint-Denis (236 km2) un Gaza (360 km2) aux portes de Paris. Juste pour mémoire, 73 % des nouveau-nés en Île-de-France ne sont vraisemblablement pas d’origine européenne puisqu’ils sont dépistés à la drépanocytose.

    4– Le principe de précaution doit donc conduire à interrompre toute immigration nouvelle et à entreprendre une politique d’éradication des bandes délinquantes. Ce qui suppose de reprendre le pouvoir sur les juges (ce que tente d’ailleurs de faire le gouvernement israélien).

    5– Lors des attentats du Bataclan et de Nice, l’opinion française a été formatée par la propagande autour d’une double réponse : « Pas d’amalgames », « Vous n’aurez pas ma haine ! ». Ceux qui refusaient de rentrer dans ce jeu ont été poursuivis et censurés. Les Israéliens n’ont pas ces pudeurs et ils ont raison. Mais on ne voit pas pourquoi on ne lèverait pas certains interdits idéologiques en France avant qu’il ne soit trop tard.

    6– La réponse israélienne porte un nom : le recours à la force. C’est normal, c’est l’ultima ratio des nations.
    Sans attendre d’être dans une situation critique, les nations européennes devraient utiliser sans tarder un recours proportionné à la force pour stopper l’invasion migratoire. Mieux vaut éliminer des filières de passeurs, arraisonner des bateaux, et expulser des indésirables aujourd’hui qu’avoir à bombarder des immeubles demain.

    7– Ces considérations ne doivent pas interdire de s’interroger sur ce qu’il est convenu d’appeler l’Occident, un ensemble géopolitique dans lequel l’Europe est embarquée sur le porte-bagages des États-Unis, de la Grande Bretagne et d’Israël.
    Un ensemble fragilisé par :

    • une démographie en berne ;
    • des guerres à répétition (Irak, Serbie, Afghanistan, Syrie) ne débouchant pas sur le nation building mais sur l’essaimage de groupes terroristes ;
    • un hédonisme incompatible avec la montée des périls, alors même que les lieux de fêtes sont visés (Bataclan, Rave party du désert du Néguev).

    Les Européens ne s’en sortiront qu’en reprenant conscience de leur identité et en retrouvant les vertus romaines qui ont fait leur force. Une force qui ne doit pas exclure le recours à la force.

    Jean-Yves Le Gallou (Polémia, 10 octobre 2023)

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  • Nagorny-Karabakh : l’union européenne fait le service minimum...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Claude Rolinat, cueilli sur Eurolibertés et consacré à l'assaut de l'Azerbaïdjan contre la République d’Artsakh. Journaliste, Jean-Claude Rolinat a rédigé les biographies du général Peron (Argentine), du maréchal Mannerheim" (Finlande) et de Ian Smith (Rhodésie), et publié plusieurs ouvrages consacrés à l’histoire contemporaine dont, dernièrement, le Dictionnaire des États éphémères ou disparus de 1900 à nos jours (Dualpha, 2020).

     

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    Nagorny-Karabakh : l’union européenne fait le service minimum

    « Pour l’Azerbaïdjan, le Karabakh est un problème d’amour-propre, pour les Arméniens, c’est une question de vie ou de mort » (Andrei Sakharov, en 1989). 

    Depuis la chute de l’URSS en décembre 1991, et les mauvais partages territoriaux issus de la défunte Union soviétique, toutes les Républiques au début de la période post-communiste, ont connu des tentatives sécessionnistes plus ou moins réussies. En Fédération de Russie même, c’est le Tatarstan et surtout la Tchétchénie qui « ont bougé les oreilles ». Si la première est rentrée dans le rang pacifiquement, il aura fallu deux guerres pour « normaliser » la seconde. Et encore, Poutine a-t-il dû concéder une très grande autonomie au « roitelet » local, Ramzan Kadyrov, que l’on dit au plus mal.

    La Géorgie a récupéré l’Adjarie, qui partait du côté de la Turquie. Mais elle peut faire son deuil, pour l’instant, de l’Ossétie du Sud qui regarde du côté de ses frères séparés du nord, et de l’Abkhazie, deux entités administratives qui se sont proclamées « Etats indépendants ». En fait, ces deux derniers territoires dépendent beaucoup de la Russie pour leur survie, comme la Transnistrie russophone, qui s’est séparée de la Moldavie, alors que cette dernière fut, un temps, tentée de rejoindre la « Mère patrie » roumaine dont elle a été séparée, suite à la deuxième Guerre mondiale. La Moldavie a réglé pacifiquement les revendications irrédentistes de sa minorité Gagaouze – des Turcs christianisés – en lui accordant une large autonomie.

    Un héritage frontalier qui ne passe pas

    L’Ukraine nous offre, avec cette stupide guerre entre deux peuples frères slaves, le triste spectacle d’une profonde querelle de frontières. S‘il est indubitable que la Crimée est majoritairement peuplée de Russes qui ont exprimé leur volonté d’être rattachés à Moscou, la ligne est moins claire dans le Donbass. Justement, les accords de Minsk – non respectés par les Ukrainiens soutenus par les Occidentaux – devaient régler pacifiquement le sort de ces provinces riches en minerais et aux populations mêlées. On attend toujours le référendum d’autodétermination initialement prévu, et on connait la suite qui a été donnée. Angela Merkel s’est même vantée d’avoir parrainé avec Macron, les accords de Minsk pour permettre à la clique de Zelinsky de gagner du temps !…

    L’Azerbaïdjan et l’Arménie, n’ont pas échappé au conflit territorial

    Théoriquement, les États issus de l’URSS devaient garder les frontières identiques à celles qu’ils avaient en son sein. C’est le dogme de « l’intangibilité des frontières » que le droit international prescrivait, comme si ces dernières étaient des « vaches sacrées » ! C’était faire table rase des velléités de peuples à se défaire du carcan stalinien. Ce dernier tyran, pour maintenir un semblant de cohésion dans son vaste Etat multinational, avait appliqué à la lettre la maxime de « diviser pour régner ».

    C’est ainsi que des Arméniens – ceux, justement du Nagorny-Karabakh enclavés en Azerbaïdjan – s’étaient retrouvés « prisonniers » d’un pays musulman, alors que les Azéris de même confession mahométane au sein du Nakitchévan, étaient séparés de leur capitale, Bakou, encastrés eux aussi, dans un territoire étranger, en l’occurrence arménien, jouxtant l’Iran.

    « Pour arranger les choses » si je puis dire, il n’est pas inutile de rappeler que les Arméniens constituent un vieux peuple de religion chrétienne dont l’identité remonte à l’aube des temps, que les Azéris sont sunnites – comme une majorité de Turcs qui les soutiennent –alors que l’Iran est chiite ! Ce démarquage religieux explique en partie, mais pas seulement, le fond du conflit et les jeux d’alliances.

    L’Artsakh proclame son indépendance

    Le 2 septembre 1991, quelques mois avant l’éclatement de l’URSS, le Nagorny-Karabakh proclamait sa souveraineté sous le nom de « République d’Artsakh » (RHK), un nom remontant au Moyen Âge. Le 10 décembre suivant, 99,89% des électeurs se prononçaient en faveur de l’indépendance totale. Aussitôt, la guerre éclatait entre les Azéris et les Arméniens. On assistait, comme en Inde en 1947, à des pogroms et à un vaste transfert de populations. Une petite nation forte de 150 000 âmes s’étalant sur environ 7000 km², arborait son nouveau drapeau aux couleurs arméniennes, rouge, bleu et orange. Pas plus le gouvernement d’Erevan que celui d’aucun autre État, ne reconnaissaient cette RHK, un « État de facto. »

    Si, dans un premier temps, l’armée azérie était bousculée par les troupes régulières de l’Arménie et celles de l’Artsakh, le président Aliev allait prendre sa revanche à l’automne 2020, massivement aidé par la Turquie – usant et abusant de drones et de mercenaires syriens – et, étrangement, par Israël.

    (Sans doute trop content d’avoir un pays musulman reconnaissant son État, et supportant mal, peut-être, la concurrence mémorielle du peuple arménien, victime, lui, aussi, d’un génocide).

    La superficie du Haut Karabakh se réduisait comme peau de chagrin, la population fuyant les territoires conquis par l’ennemi. De 160 000 habitants, les effectifs étaient réduits à 120/140 000 Arméniens. Le pire allait arriver en ce mois de septembre 2023.

    La Russie, empêtrée dans le conflit ukrainien, oublie ses devoirs

    La Russie était l’arbitre. Un contingent de 2000 à 2500 de ses soldats devait jouer le rôle des « casques bleus » aux limites des zones de combat. Un étroit corridor, celui de Latchin, reliait l’Arménie proprement dîte, à l’enclave. Ce modeste et bien fragile cordon ombilical a été coupé lors de la dernière, brève et violente offensive azérie. La Fédération de Russie, préoccupée par son offensive en Ukraine, a « oublié » son alliée arménienne. Pire, le premier ministre arménien Nikol Pachinian, n’a pas envoyé d’aide à ses frères séparés d’Artsakh, contrairement aux deux guerres précédentes. Il s’est dit, toutefois, prêt à accueillir 40 000 réfugiés.

    Pour ces derniers, comme les Pieds Noirs et les Harkis en Algérie, c’est « La valise ou le cercueil » ! Ilham Aliev, le dictateur azéri, a beau dire que son objectif est une « réintégration pacifique des Arméniens », et « une normalisation des relations avec Erevan », le bilan catastrophique de ces derniers jours de combats – 200 tués et 400 blessés selon les autorités de Stépanakert, la petite capitale  de l’Artshak – n’est pas de bonne augure. Que peuvent espérer ces milliers d’Arméniens affamés, sans médicaments ou presque, dont certains lieux de culte ont déjà été saccagés, alors que les négociateurs de l’Azerbaïdjan, rencontrant les leurs à Yevlakh, à l’ouest de Bakou, exigent purement et simplement une restitution des armes et une reddition sans conditions ?

    L’Europe, aux abonnés absents ?

    L’institution bruxelloise, par l’intermédiaire de Charles Michel, son président – à quoi sert-il ? – et Ursula Von der Layen, présidente de la Commission, se sont bien « fendus » d’un communiqué, comme le Quai d’Orsay d’ailleurs, mais à quoi cela sert-il, si c’est pour acheter gaz et pétrole au sieur Aliev, qui finance avec ces énergies sa guerre d’extermination des Arméniens, sous l’œil bienveillant d’Ergogan ? Il est vrai que, contrairement à l’Azerbaïdjan, l’Arménie n’a pas un sous-sol très riche et que, par conséquent, elle n’offre pas les mêmes conditions satisfaisantes pour investir.

    Un pervers jeu d’alliances

    Le sort de l’Arménie se joue en ce moment. La diaspora est, certes, mobilisée. Mais cela suffira-t-il ? Ces gens-là peuvent être très courageux, il n’empêche que sous le nombre et la modernité des armements qui leur font face, ils peuvent succomber. C’est ce qui vient d’arriver à l’enclave. Sera-ce le sort de l’Arménie toute entière demain ? Pachinian a fait un pas de deux en acceptant des manœuvres militaires conjointes avec les États-Unis, ce qui, en pleine guerre d’Ukraine, n’arrange pas ses affaires avec Moscou ! Erreur diplomatique ou tentative de réalignement ? Pour cette capitale, le front arménien était un front secondaire.

    Demain, la Turquie exigera peut-être une continuité territoriale avec l’Azerbaïdjan, via l’enclave azérie du Nakhitchevan, et une bande à la frontière irano/arménienne. Continuité du monde turcophone, de l’espace ottoman ? La Géorgie, bien que chrétienne, n’est pas très favorable à l’Arménie, pays particulièrement enclavé et, compte-tenu qu’elle considère Moscou comme un envahisseur, en occupant l’Ossétie du sud et l’Abkhazie, elle frappe à la porte de l’OTAN, tout comme l’Ukraine. Seul l’Iran des Ayatollahs, adversaire du monde sunnite et… du monde occidental – dont Israël ! -, pourrait, paradoxalement, offrir un poumon à Erevan, capitale de l’un des plus vieux royaumes chrétiens !

    Des milliards pour l’Ukraine, et rien pour l’Arménie ?

    Pour des raisons historiques, pour des raisons morales, nous devons être aux côtés de l’Arménie…

    Si nos contrées réputées riches déversent des milliards pour permettre au gouvernement de Zelinsky d’ajouter « de la guerre à la guerre », n’y en aurait-il pas quelques-uns, à offrir à l’Arménie pour la sortir du pétrin ?

    Jean-Claude Rolinat (Eurolibertés, 7 octobre 2023)

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  • La liberté académique à l'agonie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Emmanuelle Hénin, professeur de littérature comparée à la Sorbonne, cueilli sur Figaro Vox et consacré aux pressions idéologiques faites sur les universités pour leur interdire de transmettre et développer librement le savoir.

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    «La liberté académique, victime collatérale de l'idéologie à l’université»

    En cette rentrée universitaire, plusieurs conférences se penchent sur la liberté académique. À l'université Versailles Saint-Quentin, une conférence-débat était intitulée «Savoir et censure, où en sont nos libertés académiques ?». À Bordeaux se sont tenues deux journées de tables rondes sur la question : «Engagement et distanciation. Quelle place pour la liberté académique en sciences sociales ?». Cette liberté exigeante, soumise aux critères de la rationalité, est en effet de plus en plus dévoyée et contestée, comme l'ont mis en évidence les récents travaux d'Olivier Beaud et de Nathalie Heinich. Certains chercheurs sont empêchés de l'exercer tandis que d'autres la pervertissent en substituant l'activisme politique à la quête du vrai. Dès 1997, l'Unesco se disait «préoccupée par la vulnérabilité de la communauté universitaire à l'égard des pressions politiques indésirables qui pourraient porter atteinte aux libertés académiques», et jugeait utile de rappeler : «les universités sont des communautés d'érudits qui ont pour mission de préserver et de diffuser le savoir traditionnel et la culture, d'exprimer librement leur opinion à ce sujet et de poursuivre leur quête de la connaissance sans être entravés par des impératifs doctrinaires».

    Ces «pressions indésirables» se multiplient pourtant dans le monde académique. Apparues en Amérique du Nord, elles y ont pris une ampleur sidérante. L'Association américaine d'anthropologie (AAA), reconnue comme la plus grande société savante américaine dans ce domaine, travaillant en partenariat étroit avec plusieurs départements universitaires, vient d'annuler au dernier moment une conférence intitulée : «Let's talk about sex baby» et sous-titrée : «Pourquoi le sexe biologique reste une catégorie d'analyse indispensable en anthropologie». Dans la foulée, l'Association a promis de «s'assurer que de tels débats à propos de la réalité et de l'importance du sexe ne pourront plus être approuvés à l'avenir». En effet, explique le site, l'existence du sexe heurte le premier principe éthique de l'Association : ne pas blesser (do no harm). Quand la vérité blesse, le mensonge est donc le premier devoir du savant, peu importe que l'on offense, que l'on meurtrisse même l'objectivité scientifique puisqu'elle n'a pas de larmes pour pleurer.

    Cet aveuglement se développe aujourd'hui en France, pays qui fut longtemps, pour le monde, celui de la liberté de l'esprit. Là aussi, souvent, la subjectivité prend le pas sur la rationalité, l'affirmation brutale des droits piétine la liberté d'expression et violente la réalité. Depuis un an, tous les colloques et conférences visant à porter un regard scientifique sur le phénomène transgenre ont été annulés ou perturbés, telle la journée d'études du 22 juin dernier où plusieurs juristes de Paris I et Paris II ont essuyé des jets de peinture et de clous. Les activistes se sentent d'autant plus dans leur droit qu'ils obéissent à l'idéologie imposée au sein des départements de sciences humaines par le zèle intolérant des «académo-militants».

    La Sorbonne, censée mettre en valeur et déployer le génie de notre langue, s'attaque à elle. Oubliant qu'elle est au principe de l'esprit et de la liberté, elle ne veut y voir qu’un vecteur d'oppression et concourt ainsi à la dévaluer autant qu'à l'enlaidir. Elle se targue en effet, sur son site, d'adopter «l'écriture égalitaire», ce bégaiement inclusif («les étudiantes et étudiants présentes et présents») fondé sur une pseudo-linguistique qui attribue au langage le pouvoir magique de penser à notre place et de déterminer les faits sociaux. Le même déni de réalité la conduit à promouvoir l'idéologie du genre ; le site insiste sur la nécessité de «lutter contre les stéréotypes de genre», c'est-à-dire contre l'étrange lubie consistant à attribuer aux hommes et aux femmes «des caractéristiques supposées “naturelles”».

    De même, la Mission égalité – qui combat à juste titre toute forme de harcèlement – organise des formations et des spectacles interactifs dont les participants sont invités à se demander «Comment interroger les assignations de genre», ce concept militant soutenant que le sexe est attribué arbitrairement à la naissance, ou à «identifier la confiscation de la prise de parole des femmes» – en Iran ? En Afghanistan ? Non, non : en France, bien sûr. De même, un petit film, chef-d’œuvre de démagogie, a été réalisé pour alerter sur les biais sexistes dans le recrutement des universitaires. Les présidents de tous les comités de sélection sont vivement incités à le projeter avant chaque élection ; peu importe que dans les départements de sciences humaines, la proportion de femmes varie de la moitié aux trois quarts, voire davantage.

    Certaines universités tendent ainsi à renier leur mission pour s'enrôler dans une guerre idéologique, visant à imposer l'idée que les rapports sociaux se résument à la domination des ci-devant «hommes» sur les ci-devant «femmes» et à détruire tous les repères anthropologiques en portant aux nues les hommes enceints et les femmes à pénis après avoir banni les mots «père» et «mère». Comme dans le lexique du Planning familial, les termes «Monsieur» et «Madame» peuvent être considérés comme des injures : pour les avoir prononcés en saluant son jury, un brillant candidat a été saqué au concours d'une grande école, et les cas se multiplient de discrimination pour pensée non conforme. Le simple fait d'organiser un colloque hétérodoxe et de publier dans Le Figaro peut vous valoir un rappel à l'ordre pour infraction à la déontologie, faux nez de l'idéologie.

    La conception du monde qui anime toutes les dérives précitées, le wokisme, est une idéologie en ce qu'elle est essentiellement incohérente : elle croit voir, elle s'aveugle, elle croit émanciper, elle aliène, elle croit libérer, elle censure, elle croit inclure, elle divise. Au lieu de voir le mur auquel aboutit l'impasse post-moderne, elle fonce dedans tête baissée. Les universités ont été créées pour transmettre et faire avancer le savoir, pas pour promouvoir la servitude volontaire. Il est temps que la liberté académique reprenne tous ses droits.

     

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  • Mainmise mondialiste, magouilles, incendies… Sale temps pour la Grèce !

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Françoise Monestier, cueilli sur Polémia et consacré à la situation de la Grèce...

     

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    Mainmise mondialiste, magouilles, incendies… Sale temps pour la Grèce !

    Après les incendies catastrophiques qui ont transformé la Grèce et ses îles en un gigantesque brasier et les inondations qui ont détruit la Thessalie, terre nourricière du pays, Athènes se remet mal d’un été particulièrement cruel qui s’est soldé par une cinquantaine de morts, qu’il s’agisse de victimes des inondations ou des incendies. La gestion de ces deux phénomènes par le gouvernement Mitsotakis a certes été désastreuse, mais il paie surtout l’impéritie socialiste qui l’a précédé. La gauche grecque, qui se remet mal de son échec aux dernières législatives de juin dernier —17 % seulement pour Syriza, le parti de l’ancien Premier ministre Alexis Tsipras qui a choisi de poser le sac comme un certain Jospin en 2002 — tente bien que mal de renaître de ses cendres et attend la Nouvelle Démocratie au coin du bois.

    Un futur Macron grec ?

    À l’issue des élections organisées pour assurer la succession du démissionnaire, un ancien banquier de Goldman Sachs devenu armateur est sorti du chapeau mondialiste. Son nom ? Stephanos Kasselakis, jeune bipède de 35 ans qui a passé plus de vingt ans aux Etats-Unis, s’est engagé en 2008 comme volontaire de la campagne d’un certain sénateur Joe Biden et revendique son attachement à la gauche en ces termes : « Si je n’avais pas travaillé pour le capital, je n’aurais pas compris son arrogance. » Entré chez Goldman Sachs — établissement soupçonné d’avoir aidé la Grèce à camoufler ses montagnes de dettes au moment de son adhésion à la zone euro en 2001 — en 2009 comme analyste financier, Kasselakis devient armateur en 2014. Marié à un infirmier américain, il revendique haut et fort son homosexualité. Figurent dans le programme de celui qui n’a aucune expérience électorale (comme un certain Macron en 2017) la suppression du service militaire, la séparation de l’Église et de l’État et la défense des droits LGBT. Bien que contesté par de vieux militants socialistes, il plait à ceux qui rêvent d’une société grecque à l’heure du wokisme.

    Semblable à un certain Saakachvili, pur produit lui aussi de l’American way of life et éphémère président de Géorgie , l’ex-banquier connaît toutes les ficelles du monde financier et du cosmopolitisme marchand. Mitsotakis a du souci à se faire….

    Magouilles en tous genres

    Ancienne vice-présidente du Parlement européen, la socialiste grecque Eva Kaili déchue à la suite du scandale du Qatargate tente le tout pour le tout : faire annuler la procédure. Fin 2022, alors qu’elle est soupçonnée d’avoir intercédé en faveur du Qatar, une perquisition menée dans son appartement permet la découverte de 150 000 euros en billets de banque et des sommes encore plus importantes chez ses parents et son compagnon, attaché parlementaire du groupe socialiste. Ce système d’échanges en espèces aurait impliqué le Qatar et le Maroc afin d’influencer l’élaboration de la politique européenne. Elle faisait régulièrement les éloges du Qatar, affirmant par exemple que cet émirat « est un chef de file en matière de droit du travail » et que la Coupe du monde de football a provoqué une « transformation historique du pays ». Après plusieurs mois de prison, une assignation à domicile et une exclusion du parti socialiste grec, Eva Kaili retrouve son siège et toute sa superbe. Ses avocats invoquent une immunité parlementaire qui n’a pas été levée en bonne et due forme. Quant aux diplomates qatariotes désignés par la police belge, aucun d’entre eux n’est poursuivi car ils bénéficient tous de l’immunité diplomatique.

    Pendant ce temps, le Parlement européen vient d’adopter une réforme interne visant à durcir les règles éthiques, nouveau cautère sur une jambe de bois, destiné à faire croire que Bruxelles veille au grain.

    Turquie et incendies

    Nombreux sont les Grecs qui accusent à demi-mot Ankara d’avoir souvent joué un rôle dans le déclenchement des incendies en Grèce, en particulier au cours des années 90 qui ont vu de nombreux feux ravager le pays.  Des soupçons confirmés en 2011 par le journaliste turc Enver Aysever qui rapportait dans les colonnes du journal Burgun les confidences d’un ancien ministre de l’Intérieur confirmant que les services secrets turcs auraient été à l’origine d’importants feux de forêts survenus en particulier en Crète et à Rhodes et jamais élucidés. Ces actions auraient été menées dans le but de déstabiliser le gouvernement grec de l’époque, Ankara n’admettant pas qu’Athènes ait donné asile à des membres de la rébellion kurde et n’ait jamais critiqué les terroristes communistes du PKK. Stupeur dans la capitale grecque : le ministre des affaires étrangères de l’époque demande des explications et se fait gentiment renvoyer dans ses buts. Pourtant, les journalistes du quotidien Millyet et du journal Vatan confirment ces rumeurs et affirment qu’un rapport de douze pages sur les incendies a été pondu par les services turcs. Plus de trente ans après les faits, ce rappel a de quoi faire frémir.

    Impéritie du gouvernement

    Le cyclone Daniel a littéralement « noyé » la Grèce centrale. Les conséquences des catastrophes climatiques sur la production agricole du pays sont incalculables puisque que la majeure partie de la plaine de Thessalie (plus de 15% des terres arables du pays) mais également les cultures des villages montagnards de Magnésie ont subi des dégâts importants ou ont été complétement détruites. Autre catastrophe, la majeure partie du cheptel est morte, ce qui aura des conséquences sur la production de viande et des produits et fromagers. Des pénuries alimentaires qui affecteront les producteurs et les consommateurs avec une nouvelle vague d’inflation se profilent à l’horizon, ce qui ne manque pas de rappeler l’époque où la Grèce a connu un début de famine, en 1941/1942 notamment.

    Quant aux incendies, ils ont conduit à la destruction de tout un écosystème plus particulièrement en Thrace dans la région de l’Evros frontalière de la Turquie et nombreux sont les Grecs qui évoquent la responsabilité des migrants dans leur déclenchement. Mais également près d’Athènes et bien sûr à Rhodes. Absence de politique forestière, désarmement de la protection civile, déplacement des services publics, tout a concouru à ce drame qui rappelle d’ailleurs, dans sa gestion par le gouvernement Erdogan, le tremblement de terre survenu en Turquie au printemps dernier.

    Mitsotakis, comme d’ailleurs le président turc avant lui, s’est bien gardé de mettre les pieds dans les zones sinistrées, laissant les autorités locales gérer une situation dramatique. Il a promis le renforcement du rôle de l’armée dans les secours, annoncé que la réserve spéciale consacrée aux incendies serait doublée et évoqué l’instauration d’une taxe sur les hôtels de luxe. Enfin, au grand dam de ses compatriotes, il a déclaré que son gouvernement allait offrir, en 2024, une semaine de vacances gratuites aux touristes qui ont dû écourter leur séjour. Le surinvestissement touristique, en particulier dans l’île d’Aphrodite, explique la gestion désastreuse des feux qui ont détruit plus de 15 % de sa superficie. Président des hôteliers de l’île, le maire de Rhodes a tout misé sur le tourisme et, sur ordre de Bruxelles, a procédé à un regroupement de communes, contraintes de renoncer à une gestion municipale de l’eau confiée à une entreprise privée qui a privilégié son usage au profit des piscines des hôtels et au détriment des villages alentour.

    Ajoutez à cela que, depuis vingt-cinq ans, la gestions des incendies de forêts est aux mains des seuls sapeurs-pompiers au détriment des service forestiers chargés auparavant de l’indispensable prévention et de la maîtrise de ces catastrophes.

    Douze ans d’austérité économique n’ont pas permis au pays de renouveler la flotte des bombardiers d’eau et des hélicoptères de la protection civile. Au moment où l’État grec est touché financièrement de plein fouet par l’eau et le feu, l’agence Morning Star accorde à la dette de l’Hellas la note BBB, lui faisant réintégrer la catégorie des emprunteurs les plus solides. De quoi réjouir l’ancien conseiller de Goldman Sachs qui se verrait bien jouant un rôle majeur dans un proche avenir.

    Françoise Monestier (Polémia, 1er octobre 2023)

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  • Armée nationale, esprit guerrier et stabilité politique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun cueilli sur Geopragma et consacré à la disparition progressive dans les pays européens d'une force armée véritablement nationale. Membre fondateur de Geopragma, Pierre de Lauzun a fait carrière dans la banque et la finance.

     

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    Armée nationale, esprit guerrier et stabilité politique

    La théorie qui définit l’Etat comme ayant le monopole de la force ne nous dit pas ce qu’est cette force. Dans toute entité politique, un enjeu essentiel est donc de savoir qui détient la force effectivement, et donc qui la constitue.

    Concrètement, dans une société humaine la force pour être force suppose la réunion de deux éléments : des moyens matériels évidemment, et donc entre autres financiers ; mais aussi voire surtout un esprit de combat, en un sens un esprit guerrier, qui doit pour cela exister quelque part dans la société et être entretenu puis mobilisé. Normativement, cette force doit alors bien sûr être construite de façon à œuvrer pour la société en question, en étant loyale au pouvoir politique légitime.

    Tout cela paraît trivial, mais dans la réalité cela ne va pas de soi et l’histoire le prouve ; dans nos sociétés, c’est considéré comme automatiquement réalisé, alors que rien ne le garantit sur la durée longue.

    Force guerrière et société civile

    L’histoire montre de très nombreux exemples de sociétés où la force appartient de fait à un corps semi-étranger par rapport à la société.

    Prenons les empires historiques. Selon Gabriel Martinez-Gros s’inspirant de l’analyse magistrale d’Ibn Khaldûn, le schéma général du pouvoir était le suivant : on avait d’un côté une armée professionnelle, principalement constituée de mercenaires et généralement issue d’une population ethniquement allogène ; et d’un autre côté, un peuple plus développé et plus riche, mais désarmé, qui payait les impôts, ce qui finançait cette armée et permettait la domination exercée par le pouvoir politique. Pour Ibn Khaldûn, la démobilisation de la population centrale était le résultat de la civilisation, qui amollit les esprits et les cœurs et décourage de combattre. Ce schéma est notamment représentatif des divers empires musulmans, y compris en Inde. De leur côté, les Ottomans ont longtemps utilisé, avec les janissaires, une solution hybride : des enfants étrangers mais enlevés à leurs familles et élevés très tôt dans des camps.

    Pour les Romains, un tel schéma a été vrai surtout à la fin, car auparavant les soldats étaient des citoyens romains. Quant à la Chine impériale, sa faiblesse était l’intégration insuffisante de la culture militaire dans la culture de gouvernement ; d’où une fragilité par rapport à des envahisseurs guerriers (Mongols puis Mandchous), militairement supérieurs et qui ont donc pu s’emparer de l’empire et, pour ces derniers, le dominer pendant 3 siècles.

    Dans une autre configuration, traditionnelle en Amérique latine et de plus en plus présente en Afrique, l’armée, sans être en général ethniquement à part, fonctionne de fait comme un corps politique séparé. Or comme chacun sait, dans ces pays au moins, il suffit d’une faible troupe pour s’emparer d’un pays. D’où la fréquence ahurissante des coups d’état militaires, un peu ralentie en Amérique latine, mais en plein expansion en Afrique. On retrouve des faits quelque peu analogues en Thaïlande ou a fortiori en Birmanie.

    L’exception de l’Europe traditionnelle

    En revanche, dès le haut Moyen Age, l’Europe a échappé à ce schéma. A l’époque, puis dans tout l’Ancien régime, une classe militaire (la noblesse) prenait en charge la direction du combat et fournissait une part appréciable des troupes ; or non seulement elle n’était pas marginalisée, mais elle jouait un rôle central dans l’organisation du pays, tout en étant autochtone. Cette même base sociologique est encore quelque peu présente aujourd’hui chez bien des officiers. En outre, à partir du XIXe siècle, le patriotisme (voire le nationalisme) a permis et justifié la levée en masse et la notion de peuple combattant, qui est encore plus à l’opposé du schéma impérial décrit ci-dessus. Et donc, sauf exceptions, le pouvoir militaire en Europe n’est traditionnellement pas étranger à la société et ne joue pas de rôle spécifique.

    Mais ce que l’on perçoit ici est la nécessité pour ce modèle d’avoir simultanément en place un esprit guerrier ou du moins combattant dans une fraction suffisante de la population, et la permanence d’un lien d’identification entre la force que cela permet de constituer et le reste de la population.

    L’évolution préoccupante en cours

    Or nous sommes maintenant entrés dans une ère nouvelle. Dans les pays dits occidentaux, la levée en masse a été abandonnée, tant pour des motifs techniques que par lassitude populaire. De fait, le patriotisme, vibrant d’autrefois, n’est plus très perceptible, du moins en Europe ; on ne va pas en déduire trop vite qu’il a disparu, mais de fait sa capacité de mobilisation est faible. Corrélativement, les armées occidentales, presque toutes professionnalisées, signalent une difficulté appréciable à recruter, notamment mais pas seulement à la base où la tendance à la diversification ethnique est croissante, tant chez les Américains que chez les Européens. Au niveau des officiers, le maintien relatif d’une tradition militaire dans une partie minoritaire de la société aide à corriger le processus, même si des signes inquiétants d’affaiblissement apparaissent ; notamment, les armées perdent souvent leurs cadres trop tôt.

    On peut donc discerner, à l’état certes de germe, les voies possibles d’une évolution ultérieure vers une situation analogue aux types décrits ci-dessus. Il suffirait, si on peut dire, que la composition de la force publique la mette de plus en plus à part de la société, par ailleurs de plus en plus hétérogène, et que cela débouche sur une moindre identification avec la population prise dans son ensemble ; parallèlement la tradition militaire nourrissant le corps des officiers s’atrophierait. D’où une armée dont la culture serait éloignée de celle nécessaire à la logique du système européen traditionnel. Il se pourrait en outre que d’autres forces apparaissent petit à petit ici ou là, dans des zones de non droit. Le résultat en serait une autonomisation de la force armée, militaire mais éventuellement policière. Théoriquement en outre, l’Europe serait bien plus vulnérable à une telle évolution que les Etats-Unis.

    Le cas européen et le rôle des Américains

    Mais justement ce rapprochement conduit à une autre considération ; le rappel que, de fait et dans l’opinion d’une majorité des pays européens, leur défense dépend en réalité plus des Etats-Unis que de leur armée propre, même si celle-ci y a son rôle. Dans cette perspective, le risque pour l’Europe est donc l’approfondissement d’une forme plus accentuée encore de protectorat américain, cette force armée étrangère jouant de fait un rôle prépondérant dans la défense nationale. En un sens donc, il y a déjà présents des éléments d’empire (au sens de l’analyse précédente), mais ils sont américains.

    Certes, la limite de cette comparaison est le fait que l’armée américaine ne joue pas de rôle direct dans la vie politique interne des pays européens ; et on peut s’interroger sur ce que feraient les Américains en cas de vrai conflit armé interne dans un pays européen. Mais tant qu’on n’en est pas là, la situation actuelle peut se perpétuer voire s’accentuer : dans la grande majorité des pays européens, de fait, le cœur de métier du militaire s’appuie sur une structure extérieure.

    Par contraste bien sûr, on voit ce vers quoi où il faudrait s’engager : il s’agirait notamment de favoriser et faire renaître l’esprit du combat, la capacité à susciter des hommes loyaux qui acceptent le sacrifice ultime pour la communauté, en nombre suffisant. Mais on peut avoir les plus grands doutes que l’Union européenne soit le cadre politique et culturel adapté pour cela.

    Pierre de Lauzun (Geopragma, 2 octobre 2023)

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  • Les médias en guerre contre la démocratie ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Camille Galic, cueilli sur Polémia et consacré à la guerre que les médias mènent contre le peuple français.

     

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    Les médias en guerre contre la démocratie?

    Selon L’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM), la diffusion en 2022/2023 de la presse écrite, quotidienne ou périodique, a encore reculé de 3,8% par rapport à 2021/2022. Ce qui signifie, commente François Solchaga (1), qu’« une presse réellement indépendante de l’État et des grands trusts mondialisés semble donc condamnée à terme » puisque, plus que jamais, « son avenir passe par les aides de l’État et par le bon vouloir de groupes industriels ou financiers incorporant la presse (papier et numérique) dans le panel des outils utilisés pour leur communication, leur publicité. Voilà qui n’est guère rassurant pour l’indépendance desdits médias ».

    Que reste-t-il de la liberté de la presse ?

    Édités par La Documentation française dépendant de la Direction légale et administrative ou DILA elle-même placée sous l’autorité du Secrétaire général du gouvernement (actuellement : l’énarque Claire Landais, née en 1973 et première femme à occuper ce poste stratégique), les Cahiers français, qui ont pour vocation de « comprendre la société, éclairer le débat public », ont justement choisi « Médias et démocratie » (2) comme thème de leur livraison de septembre-octobre 2023 car « une démocratie ne saurait aller sans l’existence d’une information libre ».

    Certes, mais on peut se demander si l’information est réellement libre quand la loi de 1881 sur la liberté de la presse a été bonsaïsée au cours du dernier demi-siècle par les mutilations qu’ont apportées les lois Pleven (la seule mentionnée en « date-clé » dans les Cahiers français), Gayssot, Lellouche et Perben multipliant à l’infini les catégories de victimes potentielles habilitées à se pourvoir en justice car prétendument attaquées sur les plans racial, religieuse, physique, historique et maintenant sexuel. Et la liberté de la presse est mêmement bafouée quand la Commission paritaire dispensatrice d’aides (colossales dans le cas de Libération, de La Croix ou de l’Humanité dont les dettes ont même été épongées par l’Etat) en prive les organes mal-pensants dès lors qu’ils comptent trop de pigistes et pas assez de journalistes professionnels dans leur rédaction, qu’ils ne vendent pas leur journal assez cher (cas du défunt quotidien Présent survivant aujourd’hui comme Le Nouveau Présent sur internet) ou de l’hebdomadaire Rivarol croulant sous les procès intentés en vertu des lois susdites.

    Une défiance justifiée

    Ainsi muselée la presse libre, qui assurait une certaine diversification, les Cahiers feignent de s’étonner de « la défiance des Français vis-à-vis des médias ». « Si la crise de confiance à l’égard des médias est ancienne , elle n’en est pas moins symptomatique d’un état de fait. Les médias en général et les journalistes en particulier ont, si l’on ose dire, mauvaise presse », constate ainsi le sociologue Rémy Rieffel, professeur émérite en sciences de l’information et de la communication, qui explique ce désamour par le fait de la « faible diversité sociale » des milieux journalistiques où « les “minorités visibles” sont insuffisamment représentées », ce qui « ne favorise guère une lecture nuancée et plurielle de la réalité » — l’éminent professeur ne doit pas regarder souvent les diverses chaînes de télévision où les intervenants racisés sont, comme dans les publicités, de plus en plus nombreux.

    Évoquant lui aussi ce « réel problème de défiance […] particulièrement notable en France », Bruno Patino, ancien doyen de l’École de journalisme de Sciences Po promu président de la chaîne Arte, déplore aussi que, « en 2022, seulement 29 % des Français disent faire confiance aux médias, et ce chiffre baisse chaque année ». Au profit des sites indépendants d’information, tel Polémia ou Boulevard Voltaire, et des réseaux sociaux.

    A qui la faute ? Peu avant qu’à la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen n’ait talonné le sortant Jacques Chirac, éliminant au passage le Premier ministre Lionel Jospin que tous les augures donnaient favori, il ressortait d’un sondage IFOP commandé par Marianne que 90% des journalistes professionnels s’apprêtaient à voter à gauche, pas un n’ayant coché le président du Front national dans la liste des candidats proposés. Deux décennies, plus tard, les Français confrontés à une immigration exponentielle et à ses corollaires, la paupérisation et l’insécurité, sont de plus en plus séduits par le FN devenu RN comme en témoignent les sondages — selon l’un des derniers en date, réalisé par l’IFOP pour Livre Noir, 86% des sondés, majorité écrasante, se prononcent ainsi pour le remigration des clandestins — mais aussi les prises de position souvent très réacs sur les forums de discussion.

    Mais la quasi-totalité de la gent journalistique, elle, campe toujours à gauche. Voir tout récemment, la mobilisation — approuvée par l’ensemble de la profession — des rédacteurs du Journal du dimanche se disant menacés dans leur éthique par l’arrivée à leur tête de Geoffroy Lejeune, ancien directeur de Valeurs actuelles, hebdo unanimement catalogué d’extrême droite. Ou encore le choix du service culturel de France Info qui, le 24 septembre, au lendemain de la grand’messe de Marseille où le pape François avait appelé à l’accueil inconditionnel aux migrants et fustigé ceux qui s’y refusaient, choisissait de mettre en exergue deux livres bouleversifiants (dont l’un pour la jeunesse) sur les affres d’Africains risquant leur vie et parfois la perdant pour rejoindre à tout prix l’Eldorado européen. De la même manière, les deux journalistes (Anne-Claire Coudray pour TF1 et Laurent Delahousse pour France 2 qui, le même soir, interviewaient Emmanuel Macron n’avaient qu’une obsession: savoir combien des « migrants de Lampedusa » allait accueillir la France et dans quel délai. Comme si c’était, ici et maintenant et en dépit des Diktats du pape François, la principale préoccupation du peuple souverain !

    La preuve par CNews

    Rien d’étonnant, donc, si, délaissant une presse majoritairement aux mains du grand capital et les chaînes de radio et de télévision alignées et dégoulinantes de moraline, beaucoup de nos compatriotes ont assuré le succès de CNews et ont renoué avec Europe 1, qui offrent un autre son de cloche avec les encouragements de leur repreneur Vincent Bolloré. Il est du reste symptomatique que ce dernier soit mentionné à trois reprises, et négativement, dans les Cahiers français, muets en revanche sur l’omniprésence au capital des médias d’autres milliardaires tels le défunt Pierre Bergé, le banquier Mathieu Pigasse, Xavier Niel, François Pinault, Bernard Arnauld, le richissime Tchèque Daniel Kretinsky (qui a revendu à Niel ses parts du Monde) ou le très cosmopolite Patrick Drahi, actionnaire majeur de L’Express, patron du groupe Altice (BFMTV, RMC et la chaîne israélienne 124 News) et heureux détenteur des nationalités marocaine, française, israélienne, portugaise et christophienne — du nom de Saint-Christophe et Nieves, un paradis fiscal antillais.

    Il est vrai que, sur certains sujets tels le Covid, l’immigration, le climat, le wokisme ou la guerre russo-ukrainienne, CNews et Europe 1 qui s’inspirent, — avec des moyens très supérieurs — des précurseurs TV Libertés et Radio Courtoisie, passent outre aux oukases de l’État profond et font appel à des intervenants personae non gratae ailleurs. Mais n’est-ce pas cela, justement, la démocratie ?

    Ce qui prouve combien le titre « Médias et démocratie » choisi par les Cahiers français et la neutralité apparente de ces derniers sont trompeurs. La démocratie, d’accord, mais selon la doxa actuelle et dans les clous. Autrement dit, revue et corrigée par l’oligarchie du Nouvel Ordre mondial qui a mis « les médias en servitude » (3).

    Au secours des apprentis-sorciers de la « transition de genre »

    On en dira autant, d’ailleurs, de « Jeunesse, de nouvelles identités de genre » (4), autre fascicule publié en juillet dernier par La Documentation française, dû à Arnaud Alessandrini et dont la philosophie est simple : puisque la loi n’interdit pas aux mineures d’avorter, au nom de quoi pourrait-on leur interdire de changer de sexe, fût-ce au prix d’un bombardement d’hormones et de mutilations irréversibles, afin de « faire respecter leur identité de genre » ? Car leur bonheur futur est en jeu. À preuve, « les professionnels de soin estiment la part de regret à 1% des personnes suivies, notamment dans les cohortes de mineurs ».

    On notera que l’auteur ne précise pas quels sont ces « professionnels de soin ». En revanche, les médecins, sociologues, éducateurs et psychiatres telle Caroline Eliacheff, pourtant fille de ‘icône Françoise Giroud, hostiles aux opérations de transition déjà pratiquées en France sur près de trois cents adolescent(e)s, voire enfants, sont étiquetés par lui « militants » ou même « activistes ». En toute objectivité, bien sûr.

    Au fait, à part le site Fdesouche le 15 septembre, quel média a fait écho à la plainte déposée par Luka Hein, une jeune Américaine du Nebraska, contre les apprentis-sorciers qui l’avaient persuadée, alors qu’elle n’avait que seize ans et était mal dans sa peau comme tant d’ados, de subir l’ablation de ses seins et une hormonothérapie massive qui, loin de favoriser son épanouissement dans sa nouvelle « identité de genre », ont fait d’elle une épave ? Physiquement et psychologiquement. Mais la malheureuse n’est sans doute qu’une de ces exceptions (1%…) confirmant la règle qu’entend promouvoir pour notre bien à tous La Documentation française, naguère mieux inspirée. La parole est à Mme le Premier ministre, tutrice de la DILA.

    Camille Galic (Polémia, 28 septembre 2023)

     

    Notes :

    (1) https://nouveaupresent.fr/2023/09/20/nouvelles-des-medias-partiellement-compense-par-le-numerique-un-nouveau-recul-de-la-presse-papier/
    (2) Médias et démocratie, 104 pages, 10 euros

    (3) https://www.polemia.com/pdf_v2/media-servitudes.pdf
    (4) Jeunesse, de nouvelles identités de genre, collection Doc EN poche, Place au débat, 106 pages, 9,90 €.

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