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Points de vue - Page 42

  • Réforme des retraites : pourquoi le populisme n’a pas dit son dernier mot ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Rodolphe Cart, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la grogne que suscite le projet de réforme des retraites.

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    Réforme des retraites : pourquoi le populisme n’a pas dit son dernier mot ?

    La grève des retraites est une revendication profondément anti-système dans la lignée de la grève contre le plan Juppé, du 21 avril 2002, du « non » au référendum, en 2005, et du mouvement des Gilets jaunes. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 72 % des Français sont opposés à la réforme des retraites – ce qui correspond au chiffre de soutien des premiers mois des Gilets jaunes. Depuis les années 1980, tous ces événements forment un seule et même dynamique : celle de la résistance des indépendants, des ouvriers, des employés et des ruraux, contre la mondialisation économique et l’élite des métropoles.

    La fin d’une ère et la naissance d’une autre

    Depuis la réélection de Macron, l’affaiblissement du clivage gauche/droite est acté. Désormais fondée sur l’affrontement vertical entre deux blocs (les blocs élitaire et populaire), cette nouvelle configuration de l’espace politique provoque un renouvellement inédit des potentialités électorales – le second tour des dernières élections législatives en a donné un aperçu.

    Pour autant, la crise de confiance politique n’a pas cessé. Si un nouveau paradigme détermine la vie politique, le pacte qui liait les Français au régime de la Ve République est toujours rompu. Outre la soumission du gouvernement et du Parlement au président de la République, l’ascendant pris par l’UE (juges communautaires, Banque centrale européenne, droit européen) n’a pas aidé l’opinion à renouveler sa foi en la République.

    Selon un sondage Cluster17 pour Le Point, il n’y a que les électeurs d’Emmanuel Macron (7/10) qui soutiennent majoritairement ce projet de réforme, les sympathisants LR (5,8) ainsi qu’une partie des électeurs de Zemmour (4) et de Jadot (3,2). Ensuite, on tombe à 2,5/10 pour les électeurs du RN, à 1,5 pour ceux de Roussel, et à peine à 0,9 pour les mélenchonistes.

    Ce sondage confirme que le clivage droite/gauche n’aura servi qu’à masquer cette opposition latente entre deux blocs sociaux. Pendant que les comédiens de l’« alternance unique » (Jean-Claude Michéa) simulaient de se battre sur des sujets sociétaux comme l’islam, la PMA ou le mariage des homosexuels, le parti de l’extrême centre (de EELV aux LR) en profitait pour mener son agenda des destructions du tissu industriel et de la classe moyenne.

    Le sacrifice de la France productive

    Réalisée au profit des sociétés financières, l’amputation du capital productif fut une catastrophe pour le tissu social et économique de la France. Après la guerre, c’est plus de 6 millions d’emplois agricoles qui ont disparu ; sans compter, depuis 1984, les 3,5 millions d’emplois industriels – souvent sous prétexte de création d’entreprises à taille européenne ou mondiale. L’entrée dans l’euro n’aura fait que renforcer ces phénomènes de désindustrialisation et de repli agricole.

    Tout cela se fit en même temps que l’augmentation du chômage (0,5 millions en 1975 et 6,5 millions en 2018), de la fin de l’immigration de travail au profit du regroupement familial, et de la perte de souveraineté nationale au nom de l’intégration européenne. Point commun de ces transformations : jamais le peuple français ne fut consulté pour donner son avis – enfin si, en 2005, avec le Traité constitutionnel européen pour le résultat que l’on sait : la trahison sarkozyste de 2008, avec une écrasante majorité parlementaire.

    Faute d’industrie, la France ne fonctionne qu’avec secteurs : la grande distribution, le BTP, le tourisme et l’aide sociale. Avec une population qui vieillit et des jeunes « natifs » inféconds et déclassés économiquement, seules l’immigration et la croissance de la population peuvent soutenir un tel système. Pendant que le BTP répond à la pénurie de logement et d’équipement en faisant venir de la main-d’œuvre pas chère, on installe la France périphérique dans le marché de la consommation passive, de la marchandisation en tout. Sous parapluie européen, les élites françaises continuent la destruction de la France : vente à la découpe des fleurons publics, avènement du tout-tertiaire, libéralisation des échanges et immigration de masse.

    Les jeunes en première ligne

    Dans les territoires de la France postindustrielle, l’ampleur de cette dévastation économique accéléra un phénomène de déclassement pour le haut des classes populaires et le bas de la classe moyenne. Ancien lauréat du prix Goncourt (Leurs enfants après eux), Nicolas Mathieu avait parfaitement décrit les conséquences de cette politique : effacement des héritages culturels ; fracturation des familles ; arrivée de la drogue ; recomposition d’une culture par « fragments de mondialisation » ; mortalité grimpante chez les hommes. Et cela pendant que le milieu élitaire vantait l’adaptation à la mondialisation et de la destruction créatrice – tout en regrettant que cette jeunesse « native » et périphérique vote en masse pour le RN.

    Dans un précédent article, il avait été expliqué que « la marginalisation politique, économique et sociale des jeunes adultes (- de 40 ans) » avait des conséquences désastreuses sur la société – notamment sur le vieillissement de la population et la natalité. Dans un livre décrivant ce phénomène (The Lost Boys. The White Working Class Is Being Left Behind, The Spectator, 2020), Christopher Snowon a démontré – en Grande-Bretagne – que les jeunes hommes blancs des classes populaires, à cause de leur éloignement culturel et géographique, subissaient une « perte de confiance, d’estime, de motivation, pour tout dire de pulsion vitale ».

    Non content de leur conférer une piètre image d’eux-mêmes, ce système aura incité les plus dynamiques à partir (1 million de jeunes Français sont partis en dix ans), quand d’autres s’enfoncent dans des situations désastreuses. De plus en plus parmi ces jeunes doivent alors jongler entre allocations et emplois précaires, tout en étant obligés de vivre en colocation ou chez leurs parents. Il est certain que ces situations ne les aident aucunement à s’émanciper, à partir de chez eux et à construire un foyer. Dans une société tertiarisée, quel avenir attend ces jeunes Européens alors que leurs ancêtres avaient été des ouvriers, des paysans, des soldats et des pères de famille nombreuse ?

    Un ennemi : le bloc élitaire

    Dénoncer la fortune d’Arnaud ou de la famille Mulliez est vain. Georges Sorel remarquait, déjà à son époque, qu’il ne sert à rien d’attaquer la « partie émergée de l’iceberg », mais qu’il faut s’en prendre à la partie immergée – qu’il appelait « la troupe ardente de bas officiers ». Le géographe Christophe Guilluy insiste aujourd’hui sur le même point : il ne sert à de montrer du doigt les « 1 % » les plus riches puisque cette ultra-élite s’appuie sur une base beaucoup plus large. La haute bourgeoisie, pour se maintenir, a besoin de ce « rempart » qu’est de la petite bourgeoisie ; celle qui tient grâce à une reconnaissance, à un accès à la part du gâteau et à un sentiment de supériorité vis-à-vis du « petit peuple ».

    Dans un livre (L’ère des organisateurs, 1947) qui annonçait la mutation du capitalisme et l’impossibilité d’une révolte socialiste, James Burnham avait prophétisé l’émergence de cette nouvelle classe dirigeante qui devait prendre le contrôle de l’économie à venir. L’auteur américain appelait cette transition la « révolution managériale ». Et effectivement, dans les années soixante, cette classe se composa d’ingénieurs, d’innovateurs en technologie et de capitaines d’industrie, mais bientôt ces derniers furent remplacés par la haute fonction publique, les banquiers et les consultants, qui finiront de fusionner les sphères politiques (public) et économiques (privé). Cette classe « garde-chiourme » est celle qui habite les douze grandes métropoles françaises et qui profite de la mondialisation.

    Or, même au sein de cette classe l’on voit apparaître une fracture. Si la génération des baby-boomers a bénéficié de la mutation des cadres passant de 5 à 20 % des actifs, aujourd’hui, un enfant sur trois échappe à la condition de ses parents, car les places ne se libèrent pas. Parfois sommée de quitter la métropole (faute d’emploi et de logement) pour retourner dans leurs régions d’origine, cette masse déclassée devient un vivier pour le vote populiste. Pour l’instant, la partition entre milieux aisés et classes moyennes appauvries n’est que sociale et spatiale. Qui sait si cette partition ne deviendra-t-elle pas un jour violente ? Le peuple ne peut plus, comme à l’époque antique, se retirer sur l’Aventin. Un fait majeur et historique s’est produit : les classes dominantes se passent des classes dominées. Ménage, restauration, garderie et services aux personnes âgées sont désormais largement assurés par la main-d’œuvre immigrée pas chère et interchangeable. Si on ajoute à cela la privatisation des services publics, c’est tout le système socio-économique qui tend toujours plus à faire advenir cette scission. Le programme politique du populisme est déjà écrit : combattre la tentative de sécession de l’oligarchie métropolitaine et contester son hégémonie économique, sociale et politique.

    Rodolphe Cart (Site de la revue Éléments, 30 janvier 2023)

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  • Comment la France est devenue la colonie de ses colonies...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de François Bousquet dans l'émission Ligne Droite sur Radio Courtoisie, datée du 1er février 2023, dans laquelle il évoque le pseudo-indigénisme d'Houria Bouteldja...

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

     

                                                

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  • Les mystères d’une faillite absolument générale de la puissance publique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Maxime Tandonnet, cueilli sur son blog personnel et consacré à l'absolue déliquescence de la puissance publique française.

    Ancien haut-fonctionnaire, spécialiste des questions d'immigration, et désormais enseignant, Maxime Tandonnet a été conseiller à l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il a donné un témoignage lucide et éclairant de cette expérience dans Au cœur du volcan (Flammarion, 2014). Il a également publié des biographies d'André Tardieu (Perrin, 2019) et de Georges Bidault (Perrin, 2022).

     

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    Les mystères d’une faillite absolument générale de la puissance publique

    Les statistiques de la délinquance sont désastreuses pour 2022: +15% des coups et blessures, +11% des violences sexuelles, + 8% des cambriolages, etc. Celles de l’immigration sont encore plus dramatiques. +320 000 premiers titres de séjour et + 150 000 demandeurs d’asile, un record historique absolu.

    Mais dernièrement la guerre en Ukraine a mis en lumière l’état délétère de l’armée française, tout juste capable d’aligner 200 chars lourds, dont certains hors d’usage (contre des milliers pour l’Allemagne…).

    Le niveau scolaire s’effondre: la France est avant dernière de l’OCDE du classement Timss en mathématiques et 23e en lecture et écriture selon PISA, submergée par les problèmes d’indiscipline et de violences à l’école.

    La crise sanitaire a révélé la faillite de son système médical et hospitalier, incapable de fournir des masques quand il en fallait et d’accueillir plus de 5000 places en réanimation au plus fort de l’épidémie.

    Son industrie est en plein effondrement à en juger par les records européens des déficits de son commerce extérieur (120 milliards annuellement).

    Sa politique sociale est un échec avéré au regard de près de 10 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté selon l’INSEE, 5 millions de personnes privées d’emploi et 2 millions d’allocataires du RSA.

    Même sur le plan énergétique, notre pays qui s’est longtemps targué de son leadership nucléaire est frappé de plein fouet par les pénuries et hausse de prix astronomiques.

    Pis: son Etat de droit et ses libertés ont montré d’inquiétants signes d’effondrement pendant la crise sanitaire, dévastés par l’Absurdistan bureaucratique et liberticide. Et même la démocratie française connaît une crise sans précédent quand on songe que le taux de participation aux législatives ne dépasse pas les 46% et les 30% aux dernières législatives partielles.

    Ce qui est absolument sidérant, c’est le caractère général d’une faillite qui touche tous les secteurs de la vie collective.

    Autre étrangeté: cet écroulement général va de pair avec une gabegie d’argent public. les services publics (école, sécurité, hôpital, armée…) s’effondrent alors que la planche à billet fonctionne à plein régime. La France bat tous les records européens de prélèvements obligatoires, impôt et cotisations sociales (46%). Mais en outre, sa dette publique explose, pulvérise elle aussi tous les records: +560 milliards en deux ans selon la Cour des Comptes dont 140 milliards liés à la crise sanitaire soit une dette publique de 3000 milliards € c’est-à-dire 113% du PIB.

    Alors que devient l’argent ainsi créé dans des proportions astronomiques et qui ne sert pas le bien commun? Où est-il passé et qui peut le dire?

    Face à cette débâcle historique, les dirigeants politiques n’ont d’autre souci que de fabriquer des leurres:

    -Grand-Guignol narcissique facilité par le système élyséen;

    -quête du bouc émissaire (sans dents, Gaulois réfractaires, gilet jaune ou « non vacciné »);

    -déchirer la société, cultiver les crises et les conflits sociaux à l’image de l’actuelle réforme des retraites (le chiffon rouge des 64 ans est largement inutile dès lors que le nombre d’annuités nécessaire pour toucher une retraite à taux plein est de 43 ans pour un âge moyen du premier emploi à 22 ans et 5 mois – sauf pour frapper les personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans ce qui revient à l’alinéa précédent);

    -gesticulations chauvines autour de gloires sportives aussi vaines que grotesques.

    Le pouvoir actuel depuis 2017 n’est évidemment pas seul en cause dès lors que nous vivons les conséquences d’une faillite qui remonte sans doute à plusieurs décennies (1981?) Cependant, sa caractéristique et son authentique talent est de porter à la perfection l’art de l’enfumage.

    Alors, l’imposture des impostures serait de prétendre que du jour au lendemain, il est possible de remédier à cet état de fait. La démagogie absolue est de préconiser des remèdes qui consistent à amplifier toujours davantage les méthodes qui ont conduit au désastre, par exemple la gabegie d’argent public par la distribution de chèques sans provision.

    Mais avant de prétendre engager une œuvre de redressement, sur des décennies, il faudra commencer par changer d’état d’esprit : substituer le choix de la vérité à celui de l’esbroufe et faire la clarté sur ce qui reste un mystère: où est passé l’argent du bien commun qui a servi à tout autre chose? Et ouvrir sans tabou une réflexion sur les raisons profondes de cette effarante débâcle de plusieurs décennies – sans laquelle aucun renouveau n’est envisageable.

    Maxime Tandonnet (Blog de Maxime Tandonnet, 1er février 2023)

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  • Halte au Feu ! (et mort aux c.. !)

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur Geopragma et consacré au durcissement du conflit russo-ukrainien.

    Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019). Elle a créé en 2017, avec Hervé Juvin, entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

     

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    Halte au Feu ! (et mort aux c.. !)

    Il ne s’agit plus d’une « Opération militaire spéciale » mais d’une véritable guerre. Les objectifs en sont étendus et les moyens aussi. Considérablement. Moscou a pris le mors aux dents devant l’ampleur du soutien occidental au malheureux proxy ukrainien dont le Kremlin a aussi sous-estimé l’héroïsme des troupes et le nationalisme de la population au printemps dernier.

    La leçon a été vite apprise, et l’armée russe a connu en quelques mois une véritable remontée en puissance et efficacité dans tous les domaines. Désormais, Vladimir Poutine, pragmatique fataliste exaspéré par les mensonges de « l’Occident collectif » n’a d’autre choix pour sauver la face que d’aller au bout de l’aventure. D’autant qu’il gagne sur le terrain. Les Américains le savent mais préfèrent sacrifier sans vergogne les Ukrainiens jusqu’au moment où ils pourront leur dire qu’ils ont tout essayé mais qu’il leur faut en rabattre et négocier. Plus on attend plus cette négociation sera douloureuse et l’amputation territoriale importante. On peut continuer à le nier, à s’en indigner, à trouver cela inadmissible, à préférer la fuite en avant mais c’est ainsi. Peut-être aurait-on dû, le 17 décembre 2021, lorsque Vladimir Poutine adressa à Washington, l’Otan et l’UE, des projets de traité sur la refondation de la sécurité en Europe, prendre la peine de les lire au lieu de les lui jeter à la figure.

    Dans cette affaire, un an plus tard, ce n’est pas l’ours russe qui est blessé mais l’aigle américain et les moineaux européens. L’Ukraine a perdu depuis des mois déjà ce conflit et, à moins d’engager l’OTAN (avec tous les aléas politiques et militaires que cela comporte) dans un affrontement ouvert avec la Russie, Kiev ne pourra, pour de multiples raisons et d’abord pour des questions d’effectifs et d’armements, renverser le rapport de force.

    Il faut donc sortir du mensonge irresponsable dans lequel nous entretenons, notamment en France, les peuples européens sur « la victoire ukrainienne » et « la débâcle russe » et commencer à traiter le drame à hauteur du réel et du possible. Les Mediaş Main Stream mais aussi des figures militaires il est vrai de second ordre, portent à cet égard dans notre pays une très lourde responsabilité. Ce n’est pas seulement de l’indigence informationnelle, c’est de la propagande pure et dure. Tout cela pour complaire, dans ce qu’ils s’imaginent être une unité nationale contre la barbarie russe, à des pouvoirs politiques eux-mêmes en plein déni de réalité et bien peu familiers de ce que signifie la guerre. Volontairement sourds et aveugles aussi, devant ce que la Russie et une bonne partie du monde pensent de l’impérialisme occidental à l’heure des nouveaux équilibres de puissance et d’influence : obsolète, illégitime et stupidement belliqueux face à la multipolarité du monde.

    Au lieu de crier à « l’esprit de Munich », aux « réseaux du Kremlin en Europe », à « la Cinquième colonne complotiste », et même carrément d’appeler à une chasse aux sorcières de l’Etat digne du pire maccarthysme, quand des voix de tous bords politiques s’élèvent pour appeler à enrayer au plus vite cette escalade mortifère et inutile (et à imaginer des pourparlers sérieux sans préconditions à partir de l’état des forces sur le terrain avant qu’il ne s’aggrave davantage pour Kiev), j’ose leur donner un conseil : qu’ils prennent donc des cours accélérés d’anglais et se donnent la peine de s’informer ailleurs qu’auprès de l’état-major ukrainien. Qu’ils aillent écouter non seulement les informations officielles de Kiev, mais celle de Moscou, qu’ils s’intéressent aussi au contexte global de ce conflit en Europe, à ce qui se dit et se décide à Pékin, New Dehli, Téhéran, Ryad, Ankara, Bakou, le Caire, et même à Berlin ou Rome ! Qu’ils fassent des liens et changent le petit bout de leur lorgnette pour un grand angle. Surtout, qu’ils prennent enfin le temps de suivre sur… Utube, la bonne demi-douzaine d’anciens militaires presque tous américains ou britanniques, tous anciens du renseignement, qui chaque jour expliquent par le menu ce qui se passe véritablement sur le terrain mais aussi au plan diplomatique mondial.

    La Russie a préféré la réprobation occidentale au risque de voir son existence même mise en danger par l’installation de base OTAN à sa frontière directe. Cela fait plus de 15 ans qu’elle a exprimé à d’innombrables reprises et dans toutes les enceintes, ses préoccupations sécuritaires. Les stratèges américains le savent parfaitement et s’en sont servi pour la poursuite de leurs objectifs propres que j’ai déjà à maintes reprises expliqués, bien moins bien qu’un H. Kissinger ou même qu’un G. Friedman.

    L’escalade en cours rend chaque jour moins improbable un ultime avertissement russe touchant directement un pays de l’OTAN et donnant le signal d’une curée généralisée à l’issue aléatoire ou apocalyptique, considérant la supériorité technologique russe en matière d’armes hypersoniques. Qu’attend -t-on pour se réveiller et dire stop ?

    Il est une autre supercherie sur laquelle je souhaite revenir, car elle est gravissime du point de vue européen. Elle se situe au plan des valeurs de liberté de tolérance, de démocratie et d’égalité qui forment le socle de l’Europe d’après-guerre et de son surplomb « moral » revendiqué. Le chœur des bellicistes enragés qui vocifèrent leur haine de la Russie le font au nom de ces mêmes « valeurs » que l’on a peine à associer au pouvoir ukrainien actuel, qui a interdit partis politiques et Mediaş d’opposition sans parler de la langue russe. Pire, il a intégré depuis des années dans ses forces des milices ultranationalistes dont les discours, rituels et emblèmes témoignent de l’empreinte omniprésente d’une idéologie de sinistre mémoire aux filiations indicibles. Au nom des droits de l’homme et de la liberté, l’Europe qui se veut pacifiste et éclairée, arme et finance un pouvoir miné par un anti-slavisme forcené aux relents suprémacistes. Cette inversion des valeurs devient indéfendable mais est noyée par l’invasion du territoire ukrainien par les forces russes, aussi inexcusable qu’inévitable. De l’aveu même de plusieurs gouvernants occidentaux et ukrainiens, cette guerre a pourtant été voulue et préparée. Une guerre de l’Otan contre la Russie, de l’Occident contre une grande partie du reste du monde dont l’Ukraine n’est que le proxy volontaire et son peuple la victime sacrificielle.

    C’est une guerre existentielle, mais pas seulement pour la Russie. C’est l’avenir du monde et des lignes de forces planétaires qui se jouent sur le sol de ce pays charnière pour la sécurité en Europe. Une sécurité que chaque palier de l’escalade ruine un peu plus. Il s‘agissait de couper la Russie de l’Europe une fois pour toutes. C’est fait. Il s’agissait de placer l’Europe sous dépendance gazière américaine. C’est fait. Aucun dirigeant européen n’a trouvé à redire au sabotage des gazoducs NS 1 et 2. Le socle de la puissance industrielle allemande n’est plus mais Berlin se tait. Cette attitude suicidaire de l’Europe est proprement délirante. Notre dogmatisme et notre servilité n’ont plus de limites. Nous sommes désormais en première ligne d’un affrontement que Moscou ne peut plus éviter et on y va, la fleur au fusil, tout en expliquant que nous ne sommes pas cobelligérants. Voyage en Absurdie.

    Désormais, le pot aux roses vacille. Face à une réalité militaire trop longtemps tronquée défigurée par les nécessités de la propagande, les comploteurs qui dénoncent depuis un an avec aplomb le complotisme des trolls du Kremlin paniquent devant l’imminence du dévoilement de la vérité. Il faut faire retomber la pression. Retrouver un semblant de dialogue. Mais la confiance est totalement partie du côté russe et nous faisons tout pour que Moscou ne le souhaite pas, d’autant que la Russie est actuellement en position favorable et donc va poursuivre au moins jusqu’à la sécurisation de ses gains officiels (les 4 oblasts) et l’assurance que Kiev ne pourra soutenir dans le temps sa guerre d’attrition.

    L’Amérique ne peut l’emporter et a déjà perdu mais veut maintenir à tout prix l’illusion d’une victoire morale et politique possible. L’Europe suit en ordre dispersé et va tout perdre. La France n’a rien compris et encore moins rien voulu comprendre. Nous avons méprisé nos atouts relatifs, renoncé à faire un pas de côté. Comme d’habitude, c’est en suivant une route qui n’est pas la nôtre que nous avons perdu notre chemin.

    La haine domine l’intelligence (de situation mais pas seulement) par l’intolérance et le mensonge. C’est l’Ukraine qui est en morceaux qui sera probablement de fait divisée. C’est son peuple qui souffre de la folie d’un gouvernement qui lui avait promis la paix avec la Russie et n’a fait que fomenter la guerre. C’est la jeunesse Ukrainienne qui, quand elle n’a pu s’enfuir à temps, est sacrifiée et envoyée au front sans expérience dans des assauts désespérés qui veulent masquer au monde le rapport de force sans appel défavorable et pomper les milliards américains et européens pour remplir les poches d’une clique ultra corrompue aux relents d’idéologie fasciste. Ne comprenons-nous pas que c’est indéfendable, que l’anti-slavisme éructant et ultraviolent des milices versées dans les forces ukrainiennes entretenues depuis des décennies par les services occidentaux au cours de la guerre froide, puis réveillées, payées, formées armées depuis 2015 par l’OTAN elle-même, ne sont pas là pour sauver l’Ukraine mais pour la sacrifier à la volonté américaine d’affaiblir la Russie, de la couper à jamais de l’Europe et, dans les plus fous fantasmes, de parvenir enfin à la mettre en coupe réglée et à la piller comme cela avait été si magistralement commencé dans les années 90 ? C’est un éléphant dans la pièce que nous faisons mine d’ignorer. Il peut nous écraser.

    Caroline Galactéros (Geopragma, 30 janvier 2023)

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  • La Terreur, une ZAD historique pour la gauche ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Thierry Lentz cueilli sur Figaro Vox et consacré à la polémique montée par les médias de gauche autour du film Vaincre ou mourir, de Vincent Mottez et Paul Mignot, qui met à l'honneur le chef vendéen Charette.

    Historien, directeur de la Fondation Napoléon, Thierry Lentz est l'auteur de nombreux ouvrage sur l'Empereur et le 1er Empire, dont dernièrement Pour Napoléon (Perrin, 2021). Mais, on lui doit également une enquête passionnante sur l'assassinat du président des Etats-Unis John Kennedy ainsi qu'une étude intitulée Le diable sur la montagne - Hitler au Berghof 1922-1944 (Perrin, 2017).

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    Pour une certaine gauche, la Terreur reste une ZAD historique intouchable

    Les déconstructeurs de l'histoire de France, pour qui il n'y a en l'espèce qu'un « roman », qu'une intoxication séculaire voire un outil d'extrême-droitisation des esprits, ne dorment jamais, nous le savons. La chasse à tout ce que le général de Gaulle aurait trouvé « grand, beau et généreux » dans notre passé ne doit jamais s'arrêter. Et lorsque le cinéma produit un long métrage qui permet de cracher encore un peu plus dans la soupe nationale, la presse de gauche (qui se croit la seule à avoir de la hauteur et à parler vrai) se régale et se gargarise du « courage » du réalisateur ou de l'acteur. Foin des qualités et défauts cinématographiques ou esthétiques, pas question de tenter de trier le bon grain de l'ivraie historique : le film est forcément une œuvre qui échappe à l'examen critique et provoque l'extase obligatoire. Œuvre de l'esprit, œuvre de l'artiste car œuvre militante… du bon côté.

    Pourtant, dans ce jeu de massacre de notre histoire, il reste encore quelques ZAD auxquelles il est défendu de toucher. En histoire contemporaine, avec la révolution bolchévique et le Front populaire, la Terreur et ses œuvres sont au cœur de ce camp retranché. Ici, de vaillants et grincheux défenseurs résistent encore et toujours à la critique ou aux recherches récentes, lorsqu'ils ne nient pas des faits établis depuis des lustres. Ils sont peu nombreux et rarement à jour, mais dès qu'une proie se présente, ils sortent du bois en meute et, à la guerre comme à la guerre, ne reculent devant rien pour préserver la zone.

    On en a eu la preuve cette semaine avec la campagne menée par les médias privés et publics de gauche contre le film Vaincre ou mourir, consacré aux guerres de Vendée et à l'un de leurs « géants » (Napoléon dixit), Charette.

    Même adversaire des républicains, nul ne peut contester à François-Athanase Charette de La Contrie d'avoir été un des grands chefs vendéens lors du soulèvement de cette contrée (plus large que le département actuel) dans lequel il fut presqu'entraîné à son corps défendant. Chef courageux et généreux envers ses adversaires, il fut finalement capturé et fusillé par les « Bleus ». C'est cette épopée romantique que raconte Vaincre ou mourir. Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous : de la guerre, de l'amour et un héros, de quoi faire un bon film. Mais il y a plusieurs hics.

    Le premier est que l'épisode des guerres de Vendée a eu lieu pendant la période de la Terreur, zone à défendre puisque c'est celle de Robespierre et de Saint-Just. Ajoutons-y que dans cette affaire, il n'y a pas de quoi glorifier la république jacobine, malgré sa victoire. Car une fois la guerre « chaude » terminée, la Convention et le Comité de Salut public ordonnèrent une impitoyable répression, avec le massacre systématique de 120 à 150 000 hommes, femmes, enfants et vieillards. Des villages furent rasés, les champs dévastés, on fusilla, on guillotina, on noya dans la Loire, on crucifia sur des portes de granges, on immola dans les églises (ce qui nous rappelle les douloureux souvenirs de la Deuxième Guerre mondiale). Ce fut ce que le révolutionnaire Gracchus Baboeuf appela un « populicide ». C'est ce que certains osent appeler un « génocide », provoquant les hauts cris des robespierristes. Traiter d'un sujet aussi sensible – est en soi une intolérable attaque contre le mythe de la Révolution en marche, la seule qui compte, celle des jacobins. Ce qui justifie donc que montent au créneau quelques gardes rouges journalistiques, plein de certitudes et vides des connaissances de base sur l'épisode.

    Ils se sentent d'autant plus en mission – voici notre deuxième hic - que la société de production à l'origine de ce petit film à 4 millions de budget est une filiale du Puy du Fou, l'extraordinaire parc historique et culturel créé par Philippe de Villiers et dirigé par son fils Nicolas. Il n'en faut pas plus pour hurler à la contre-révolution pis : à la zémmouri-lepénisation des esprits. Puisqu'il y a du Puy du Fou dans l'affaire, le film est forcément mensonger, bassement politique et subversif. Et le chœur des vierges rouges-vertes d'entonner un chant qui, dans leur gorge, sonne faux : défendons l'histoire de France, la vraie, la seule, la révolutionnaire ! On pourra ainsi lire dans un récent numéro de Libération, élégamment titré « Le Puy du Fourbe », un amoncellement de billevesées où l'erreur historique et la méchanceté gratuite en disputent aux arguments wokes les plus inattendus sur un tel sujet. Un régal pour les Insoumis et les Verts qui ont fait de Robespierre leur héros absolu (après avoir abandonné Trostky et Mao). Leurs féaux socialistes emboîtent le pas, tandis que la radio publique, qui s'était mise en quatre pour le film Tirailleurs, fait comme si Vaincre ou mourir était un simple documentaire égaré dans les salles obscures et indigne du prix d'une entrée.

    Si le film, par manque de moyens, n'est pas exempt de critiques esthétiques, si le choix de l'ouvrir par des interventions contemporaines rend le tout un peu inhabituel, on ne voit pas pourquoi ses thèses – d'ailleurs acceptables pour un historien - auraient moins droit de cité que celles d'autres productions cinématographiques.

    On devrait même se réjouir qu'enfin, le cinéma français traite un sujet pareil, ne serait-ce que pour continuer la discussion sur ces terribles et peu reluisantes guerres et exactions de Vendée. Mais la ZAD de la Terreur, sachant sa position historiquement faible, ne voudra jamais en entendre parler. C'est la seule chose qui est sûre.

    Thierry Lentz (Figaro Vox, 26 janvier 2023)

     

                        

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  • Wokisme, un danger pour l'Europe...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une intervention de David L’Épée consacrée au wokisme dans une réunion au parlement européen organisée par le groupe Identité et Démocratie, avec l’eurodéputée RN Patricia Chagnon, l’eurodéputée Susanna Ceccardi de la Ligue, l’eurodéputé Nicolaus Fest de l’AfD.

     

                                                

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