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Points de vue - Page 219

  • Le Brexit ou la grande révolte des classes moyennes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur le Figaro Vox et consacré aux leçons qui peuvent être tirées du vote en faveur du Brexit...

    Journaliste, Jean-Michel Quatrepoint a notamment publié Mourir pour le yuan (François Bourin, 2011), Le choc des empires (Gallimard, 2014) ou Alstom, scandale d'Etat (Fayard, 2015).

     

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    Le Brexit ou la grande révolte des classes moyennes

    Ils ont osé! Une fois de plus, les Britanniques nous donnent une leçon de démocratie. Et l'oligarchie montre son vrai visage. Voilà des années que les avertissements se sont multipliés. Aux quatre coins de l'Europe, comme aux Etats-Unis, les peuples sont mécontents de la manière dont ils sont gouvernés. Ils constatent la paupérisation des classes moyennes sous le double impact d'un capitalisme financier devenu fou et d'une révolution numérique sans garde-fous. Oui, les classes moyennes, piliers de nos démocraties occidentales aspirent à plus de sécurité, à plus de régulation. Elles ne se satisfont pas d'un retour aux lois de la jungle.

    C'est cela qu'elles expriment à travers leurs votes. Les «non» à répétition aux referendums, en France, aux Pays-Bas, au Danemark, dont on n'a pas tenu compte. La percée du Front national, du FPO en Autriche, les victoires des jeunes élus du mouvement de Beppe Grillo à Rome et à Turin. Les scores de Bernie Sanders face à une Hillary Clinton, symbole d'une oligarchie liée aux multinationales et à la finance. Le succès de Donald Trump chez les Républicains. Tout est lié. Et il ne sert à rien de pousser des cris d'orfraie contre les populistes, les souverainistes, les démagogues. La seule question qui compte est: pourquoi ont-ils le vente en poupe? Parce que les autres ont failli.

    Ils ont d'abord failli dans leur communication. À force de crier au loup, les électeurs ont dit «Chiche». À force de leur dire «il n'y a pas d'autre alternative», ils disent: «on va bien voir». Nul doute que les innombrables injonctions des organismes internationaux, des banquiers et de Barack Obama pour inviter les Britanniques à bien voter aura eu un effet contraire. Jusqu'à Emmanuel Macron qui s'est cru autorisé de menacer les Britanniques au cas où ils voteraient pour le Brexit. Ils ont failli parce que les peuples sentent bien que le pouvoir a peu a peu échappé aux politiques pour se concentrer dans les mains de multinationales n'ayant aucune légitimité démocratique.

    Et maintenant? Le calme va revenir peu à peu. Les marchés financiers, qui avaient spéculé sur un remain, ont été pris à contrepied. Croyant les bookmakers, ils avaient même racheté leurs positions vendeur. Dans ces marchés devenus de véritables casinos, il est donc logique que les mouvements soient amplifiés. On ne pleurera pas sur ceux qui ont spéculé. Les banques centrales vont faire la seule chose qu'elles savent désormais faire: injecter de la liquidité, rajouter de la dette à la dette pour éviter un embrasement généralisé.

    Les gens raisonnables vont prendre acte de la situation et organiser une sortie par étapes d'une Angleterre qui aura, n'en doutons pas, un statut particulier à l'avenir. Une sorte de membre associé, à l'image de la Suisse. La City va y laisser des plumes, mais ce n'est que justice. Le comble de cette construction européenne et de la création de l'euro ayant été d'en faire la capitale financière de la zone euro. La livre va dévaluer de fait. Ce qui reste de l'industrie britannique regagnera en compétitivité. Y compris vis-à-vis de l'Europe, car on ne voit pas les Européens appliquer des droits de douane exorbitants du jour au lendemain sur les produits britanniques.

    La seule question désormais qui vaille est celle de l'avenir de l'Union européenne. On entend de ci de là, les partisans du fédéralisme réclamer plus d'Europe. Ils se trompent. Le problème n'est pas de faire plus d'Europe, mais mieux d'Europe. L'heure n'est pas à bâtir une Europe fédérale, mais bel et bien de reconstruire une véritable confédération d'États nations. Avec de nouvelles institutions, notamment un Parlement où seraient mêlés députés européens élus et représentants des États. Avec une commission aux pouvoirs réduits au profit du conseil des chefs d'État et des conseils des ministres ad hoc. Reste que la seule question pour une future Europe est celle de ses rapports face à ces grands empires (Chine, Etats-Unis), à la Russie au monde arabo-musulman et à l'Afrique. Si l'on veut que l'Europe existe, qu'elle ait une ambition, elle doit redéfinir ses relations avec les États-Unis et ne plus se contenter d'en être une filiale plus ou moins obéissante. Il n'y aura pas d'Europe si Paris, Berlin et quelques autres capitales, ne comprennent pas que l'indépendance, est consubstantielle à un nouveau projet européen.

    Qui dit indépendance implique d'abord d'avoir une vraie politique de défense et d'y mettre les moyens qu'il faut. Comment peut-on espérer défendre nos intérêts, notamment économiques et culturels, si nous dépendons de Washington pour notre défense? L'Otan a vécu. Et il faut prendre, si jamais Trump est élu, le futur président au mot. Voilà ce qu'il faut mettre dans la balance avec Angela Merkel: elle doit choisir son camp.

    Qui dit indépendance, dit la fin des négociations sur les traités de libre-échange transatlantique. Cette négociation n'a plus de sens. D'abord, parce que les Britanniques ne sauraient y participer. Ensuite parce que la commission est décrédibilisée et qu'elle n'est plus légitime pour mener une négociation secrète et opaque.

    Qui dit indépendance, dit mise en place d'un minimum de règles fiscales et sociales communes, autour d'un petit noyau dur de pays. Plus question que les multinationales anglo-saxonnes et autres imposent leurs règles en matière d'optimisation fiscale ou de captation des données.

    Qui dit indépendance dit refus d'appliquer purement et simplement les normes juridiques anglo-saxonnes et d'accepter, sans aucune contrepartie, l'extraterritorialité du droit américain. Le chantier est immense. Encore faut-il mettre clairement les enjeux sur la table! Et si jamais nos partenaires, notamment nos amis allemands, ne partagent pas cette vision d'une Europe réellement indépendante, mieux vaudra alors pour notre pays, un bon divorce, plutôt qu'un mariage qui part à vau-l'eau.

    Jean-Michel Quatrepoint (Figaro Vox, 24 juin 2016)

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  • Pour garder le pouvoir, la super-classe mondiale est prête à toutes les violences !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur le site de Polémia, qui rappelle, exemples à l'appui, que l'oligarchie au pouvoir est n'est pas disposée à reculer. quand sa mainmise sur le système menace d'être remise en cause...

     

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    Pour garder le pouvoir, la super-classe mondiale est prête à toutes les violences

    Pour garder le pouvoir, la super-classe mondiale est prête à tout car en post-démocratie les électeurs ont encore le droit de changer de gouvernement mais plus celui de changer de politique. A bon entendeur, salut !

    Petit rappel de l’actualité

    En 1990, la France découvre avec horreur la profanation du cimetière de Carpentras, profanation immédiatement imputée, directement ou indirectement, au Front national alors en pleine progression électorale. Cette imputation politico-médiatique – qui ne sera pourtant jamais confirmée par l’enquête judiciaire – sert à accoler au Front national l’étiquette antisémite. Ce qui contribuera à un isolement politique dont il n’est jamais sorti.

    En 2003, la ministre sociale-démocrate suédoise des Affaires étrangères, Anna Lindh, est assassinée par un « déséquilibré » quatre jours avant le référendum pour ou contre l’adhésion à l’euro. Anna Lindh était partisante du oui et son meurtre suscite une émotion dûment médiatisée. Mais finalement le non l’emportera au référendum à près de 56% des voix.

    En Grèce, le parti nationaliste, identitaire et anti-immigration – considéré donc comme néo-nazi par les médias – Aube Dorée devient aux élections européennes de 2014 le troisième parti grec, devançant le Parti socialiste. Il obtient 16% des voix aux élections municipales d’Athènes. Peu de temps après, tous ses responsables perdent leur immunité parlementaire et font l’objet de poursuites judiciaires pour différents motifs et notamment du chef de « participation à une organisation criminelle ». Ce dont se félicitent les responsables de l’Union européenne.

    En septembre 2015, la photo du petit Aylan Kurdi mort sur une plage, mondialement médiatisée, vient à propos ébranler les dernières résistances européennes à « l’accueil des migrants », notamment à la mise en place de quotas de « réfugiés » que souhaite la chancelière allemande.

    En 2016, en Autriche, la victoire annoncée du candidat patriote (parti autrichien de la liberté) à l’élection présidentielle, Norbert Hofer, se solde finalement par une défaite électorale à quelques milliers de voix près – un résultat qui laisse suspecter des fraudes électorales et qui a conduit Norbert Hofer à saisir la justice.

    La Grande-Bretagne se prépare, en juin 2016, à voter par référendum son maintien ou non dans l’Union européenne. Le non semble l’emporter dans les sondages d’opinion. Mais la députée travailliste Jo Cox, partisante du maintien, est assassinée une semaine avant par un individu « d’extrême droite », ce qui « suscite l’émotion » et permet d’incriminer les partisans du « Brexit » pour le « climat de haine » qu’ils auraient suscité.

    Aux Etats-Unis, un Anglais vient d’être intercepté, le 20 juin, alors qu’il envisageait un attentat contre le candidat Républicain Donald Trump, un candidat dont les meetings sont systématiquement perturbés par l’extrême gauche américaine.

    Pas d’amalgame ni de complotisme !

    Tous ces faits n’ont, bien sûr, strictement aucun rapport les uns avec les autres et il ne faut faire ni « amalgame » ni « complotisme », comme le disent si bien nos médias de propagande.

    Néanmoins, force est de constater que lorsque les urnes sont susceptibles de donner un résultat contraire à ce qu’attend la super-classe occidentale, il se produit curieusement des événements propres à susciter l’émotion des électeurs et à changer le résultat.

    Et si, malgré cela, les électeurs persistent, alors on a recours à d’autres stratagèmes : les faire revoter ou bien faire entériner par le Parlement ce que les électeurs ont rejeté par référendum (comme on l’a vu avec le Traité de Lisbonne). Ou bien les menacer des pires catastrophes économiques et sociales, comme on le voit en ce moment avec la campagne politico-médiatique menée contre le « Brexit » y compris… en France ! Comme on menaçait hier les Irlandais de délocalisations massives s’ils persistaient à mal voter.

    En post-démocratie, en effet, les électeurs ont le droit de changer de gouvernement mais pas de politique.

    Silence le peuple !

    La super-classe mondiale ne tolère le peuple qu’à la condition que celui-ci lui donne périodiquement l’onction démocratique. Ensuite il n’a que le droit de se soumettre en se montrant une ressource humaine bien « flexible ».

    Sinon il devient un ramassis populiste, raciste et fascisant contre lequel les oligarques peuvent tout s’autoriser puisqu’ils prétendent incarner le camp du Bien et qu’il serait dans l’essence du Bien de détruire le Mal. Ce qui légitime l’usage de la violence – directe ou indirecte – contre ceux qui contestent leur pouvoir. Pas de liberté contre les ennemis de la liberté ! On connaît la chanson.

    Les candidats populistes mais surtout leurs électeurs doivent donc comprendre que désormais ils ne jouent pas le jeu politique avec les mêmes cartes que les oligarques au pouvoir – et que ceux-ci sont prêts à tout pour le conserver : coups tordus, provocations, chantage, manipulations de la loi électorale, poursuites judiciaires, fraudes, attentats ou même guerres.

    Rien ne les arrêtera.

    A bon entendeur, salut !

    Michel Geoffroy (Polémia, 21 juin 2016)

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  • Pourquoi il faut sortir de la Cour européenne des droits de l'homme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du Groupe Plessis, un groupe de hauts fonctionnaires en activité, cueilli sur le site du Figaro Vox et consacré au rôle néfaste de la Cour européenne des droits de l'homme.

     

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    Cour européenne des droits de l'homme : pourquoi en sortir est un impératif démocratique

    Le référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne est imminent. Nous saurons bientôt si les Britanniques feront le choix de se libérer de cette envahissante, et surtout inefficace, technostructure ou si les pressions et les menaces auront raison de l'esprit d'indépendance de ce grand peuple européen. On ne peut, nous Français qui avons vu notre «Non» au référendum de 2005 sur la constitution européenne bafoué en 2008 par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, qu'être envieux de la liberté ainsi donnée aux Britanniques de choisir démocratiquement leur avenir. Un «leave» suffirait-il néanmoins à faire réagir nos dirigeants pour remettre l'Union en état de marche et faire en sorte qu'elle respecte les Etats ou, au contraire, encouragera-t-il les fanatiques de Bruxelles et du détricotage des nations à une fuite en avant fédéraliste?

    Quel que soit le résultat, il ne faut pas oublier qu'une instance plus discrète, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) est certainement l'autre pierre d'achoppement pour ceux qui espèrent que notre propre pays puisse un jour recouvrer sa souveraineté, c'est-à-dire la maîtrise de ses lois et de son destin. Et c'est d'ailleurs David Cameron lui-même qui envisageait en 2014 de sortir de la CEDH pour «rétablir la souveraineté à Westminster»!

    La CEDH, difficilement identifiable pour les non-initiés dans la jungle des institutions européennes fait partie de cette nébuleuse qu'est le Conseil de l'Europe (47 pays membres), la confusion devant être évitée avec la Cour de justice de l'Union européenne qui relève de l'Union à 28. La CEDH, dont le siège est à Strasbourg, est chargée de contrôler le respect de la convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (convention EDH), adoptée en 1950, ratifiée tardivement par la France en 1974 et dont la jurisprudence a pris un essor considérable avec la généralisation, en 1998, du recours individuel.

    La CEDH exerce une influence considérable sur notre droit. C'est ainsi, pour prendre quelques exemples récents,

    que la CEDH a imposé à la France de revenir sur l'interdiction des syndicats dans les armées. Elle a également imposé la présence d'un avocat dès le début de la garde à vue, compliquant singulièrement le travail de la police et confirmant ainsi qu'elle estimait la procédure plus importante que l'efficacité policière. L'article 8 de la convention EDH (respect de la vie privée et familiale) est utilisé comme une arme massive, et très efficace, contre la politique d'expulsion des étrangers en situation irrégulière et pour faciliter le regroupement familial. Dans le domaine ô combien sensible de la famille et de la filiation, la CEDH ne se prive pas non plus d'intervenir, prenant de court le législateur en imposant à l'Etat de reconnaître la filiation des enfants nés de mères porteuses à l'étranger, ouvrant la voie à tous les trafics. Dans la lutte contre le terrorisme, la Cour s'est illustrée par des décisions aberrantes, empêchant l'expulsion ou l'extradition de terroristes patentés au motif qu'il pourrait subir dans leur pays de destination «des traitements inhumains ou dégradants»!

    Un juge azerbaidjanais, albanais, moldave, géorgien ou turc, pour citer des ressortissants de pays réputés pour leur respect des droits de l'homme…, a ainsi une influence sur le droit français que pourraient leur envier bon nombre de nos parlementaires! Mais il est vrai aussi, et c'est peu connu, que le véritable élément moteur est l‘administration elle-même de la CEDH, le «greffe», qui prépare les décisions. Peuplé de militants, on reconnaît leur marque dans une jurisprudence qui privilégie une vision «progressiste» de la société: refus des frontières, défiance vis-à-vis des Etats, culte de la non-discrimination, primat de l'intérêt du délinquant sur celui de la victime, de la revendication individuelle sur l'intérêt collectif, de la procédure sur la décision et l'action, libertarisme moral…

    On note d'ailleurs que la CEDH paraît étrangement bien plus efficace quand il s'agit de s'acharner juridiquement sur les pays occidentaux, qui jouent le jeu, que lorsqu'il s'agit d'exercer sa vocation initiale envers d‘autres pays membres du Conseil de l'Europe où persistent, pour le coup, de véritables atteintes au noyau dur des droits de l'homme (tortures, assassinats politiques, élections truquées…).

    L'influence de la CEDH ne cesse de croître, avec l'interprétation de plus en plus libre (ce qu'elle appelle une «interprétation évolutive») d'un texte fondateur conçu à l'origine comme un rempart contre les dérives totalitaires, pour aboutir à des décisions qui n'ont plus qu'un lien très ténu avec ce texte et même avec un quelconque droit de l'homme. Parée des vertus faciles de protectrice des droits fondamentaux, la CEDH est ainsi devenu un objet étrange, à la fois législateur et cour suprême, ce qui n'est pas sans évoquer une sorte de Parlement d'Ancien Régime à l'échelle européenne, fonctionnant par des «arrêts de règlement» qui s'apparentent à de véritables diktats politiques.

    Auto-proclamée gardienne de l'ordre public européen, la CEDH paraît donc saisie de démesure, comme toutes les institutions non contrôlées (on sait depuis Montesquieu qu'un pouvoir doit être limité par un autre pouvoir). Dans une démocratie, c'est en effet au législateur, et non au juge, a fortiori à un juge étranger, qu'il appartient de définir l'intérêt collectif. La CEDH, qui fait désormais intrusion au cœur même de la légitimité politique, pose donc un véritable problème démocratique

    Cela ne s'est pas fait sans la complicité des tribunaux français, administratifs et judiciaires, qui ont trouvé dans l'application directe de la convention EDH et de la jurisprudence de la CEDH, le moyen de contourner la loi et d'accroître leurs marges de manœuvre, faisant de cette convention une sorte de constitution bis. Cette autonomisation du juge français par rapport au législateur était manifeste dans un arrêt récent (31 mai 2016) du Conseil d'Etat qui, en écartant d'un revers de main la loi française pourtant explicite, a souverainement autorisé l'exportation vers l'Espagne de gamètes congelées du mari défunt d'une requérante, au nom du respect de sa vie privée et familiale.

    Le droit national, pouvoir législatif et pouvoir réglementaire confondus, est ainsi cerné: par la jurisprudence de la CEDH, par les tribunaux français mettant en œuvre à la fois cette jurisprudence et leur propre interprétation de la convention, sans parler naturellement, dans d'autres domaines, des textes émanant de l'Union européenne, dont la Cour de justice adopte d'ailleurs dans sa jurisprudence beaucoup des positions de la CEDH, Union européenne qui a aussi vocation, selon le traité de Lisbonne, à adhérer à la convention EDH, ce qui complétera la manœuvre d'encerclement et achèvera de soumettre le droit français à la fatale étreinte du boa constrictor.

    Se dégager de cette étreinte est désormais une priorité si, d'un point de vue opérationnel, l'on veut retrouver des marges de manœuvres s'agissant notamment de la lutte contre l'immigration ou le terrorisme, mais surtout, si, d'un point de vue symbolique et politique, on veut redonner à la France son autonomie juridique. Certes, la CEDH a pu permettre, c'est indéniable, certaines avancées en matière de protection des droits. Mais notre pays dispose des instruments nécessaires au respect des droits de l'homme, dont les principes figurent dans notre «bloc de constitutionnalité», et particulièrement dans la déclaration de 1789, leur respect étant notamment assuré aujourd'hui par le mécanisme de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

    Force doit être maintenant de reconnaître que le droit issu de la convention européenne n'est plus celui auquel la France avait adhéré en 1974. Face à l'emballement de cette machine, peu de solutions s'offrent à nous: abdiquer et subir, renégocier le fonctionnement de la Cour dans le cadre du Conseil de l'Europe mais cela paraît très improbable, sortir de la convention EDH, ce qui n'exclut pas d'ailleurs une négociation ultérieure, plus simple, pouvant par exemple tendre à faire de la CEDH une instance consultative. Contrairement à certaines idées reçues, quitter la CEDH est juridiquement tout à fait possible: l'article 58 permet de dénoncer la convention EDH «moyennant un préavis de six mois, donné par une notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe». Mais la question n'est pas tant juridique que politique. Le vrai sujet, c'est de trouver la volonté politique de se libérer de ce carcan, c'est la place que l'on veut redonner à la souveraineté nationale qui, selon l'article 3 de notre constitution, «appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum.»

    Groupe Plessis (Figaro Vox, 21 juin 2016)

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  • Juvin en liberté !... (7)

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la compilation de l'émission Juvin en liberté, sur TV libertés, pour la semaine du 13 au 17 juin 2016. 

    Économiste de formation, Hervé Juvin a publié des essais essentiels tels que Le renversement du monde (Gallimard, 2010) ou La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013).

    Au sommaire, cette semaine :

    1 – La France est en état d'urgence, cela ne devrait-il pas empêcher la multiplication des manifestations ?

    2 – Les réfugiés ne font plus la une des magazines. Cela veut-il dire que le problème est réglé ?

    3 – Le Pape François prône une écologie humaine dans son encyclique "Laudato Si". Mais, dans le même temps, il propose l'accueil des migrants en Europe. N'y a-t-il pas une contradiction ?

    4 – Que penser de la déclaration passée inaperçue d'Erdogan affirmant que le contrôle des naissances est étranger à l'islam ?

    5 – La mobilisation contre la droite nationale autrichienne a abouti à l'élection, pour la première fois en Europe, d'un président de la république écologiste. Est-ce un fait anodin ?

     

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  • Euro 2016...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une nouvelle chronique de Richard Millet, l'auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), cueillie sur son site personnel et consacrée à l'Euro 2016...

     

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    Euro 2016

    J’ai fait comme tout le monde : j’ai regardé le match d’ouverture de l’Euro 2016, non point par panurgisme mais parce que le football est un excellent révélateur de ce qui porte encore le nom de peuple, alors que ce dernier n’en est plus tout à fait un. Passons sur le grotesque ballet précédant l’ouverture. Il me faut surtout parler de cette équipe de France, et d’un point de vue non pas technique (car on n’imagine pas les joueurs dépourvus de qualités) mais ethnique : si c’est là l’équipe nationale, je ne me reconnais nullement dans ce rassemblement de mercenaires fraîchement naturalisés ou nés dans une immigration non assimilée, ainsi qu’en témoignent les noms et les prénoms de nombreux joueurs – dont on a même vu l’un priant Allah sur la pelouse… On me dira que je ne fais qu’enfoncer là des portes dévergondées ; sans doute. Il m’importe néanmoins de répéter que je ne saurais être le concitoyen d’un Bacary Sagna, d’un Mamadou Sissoko, d’un Kingsley Coman ou d’un Adil Rami – desquels, encore une fois, je ne nie pas le talent. Mais enfin les tensions considérables engendrées par la composition ethnique de cette équipe où les Français de souche sont minoritaires ont démontré, si besoin était, que ce qui se passe avec l’équipe de France est la synecdoque de la France tout entière –c’est-à-dire d’une France malade de l’inassimilation d’une immigration extra-européenne qui a peu à peu détruit, avec le consentement des élites, les structures républicaines.

    La puissance footballistique tente de ravauder la toile et de faire accepter cette nouvelle idée de la France, de la même façon que la clique médiatico-politique avait tenté de faire accroire, en 1998, que la victoire de l’équipe nationale était due à sa nature « black-blanc-beur » : dénomination qui à elle seule dit tout à la fois la décomposition ethnique de la France et celle de sa langue. Non seulement le football règne sur les esprits, comme le mauvais roman et les séries télévisées, mais encore un footballeur, Ibrahimovic, peut dire qu’il fait plus pour la France que François Hollande. Il n’a pas tout à fait tort, mais il joue sur du velours, tellement la nullité  du chef de l’Etat est patente… Il y a longtemps que ce dernier a rabaissé la dignité de sa fonction, en même temps, d’ailleurs, que l’ensemble de la classe politique : il suffisait de le voir, hier soir, interviewé par France 2, le cou ceint d’une écharpe aux couleurs de l’équipe de France, interpellé par une vulgaire journaliste qui lui donnait du « président », et non, comme il se doit, du « Monsieur le président », comme si elle s’adressait au président d’un club de football. Il est d’ailleurs possible que Hollande ne soit plus que ça : le chef d’une équipe de « foot » et de quelques centaines de supporteurs…

    Cette décadence de la fonction présidentielle semble propre à tout l’Occident : on  a pu le voir à l’occasion des funérailles du boxeur musulman Mohammed Ali, où Bill Clinton côtoyait des acteurs de Hollywood et le sultan islamiste Erdogan, lequel a rappelé ce qui n’est évident que pour lui : « L’islam est une religion de paix. » On le voit en effet tous les jours, à Nice où une jeune Tunisienne, serveuse de son état, a été giflée par des barbus parce qu’elle servait de l’alcool à ses clients ; au Pakistan, où une jeune femme a été brûlée vive par sa famille pour avoir épousé un homme de son choix. Et on ne parlera pas de ce qui se passe dans les entreprises publiques françaises, de quoi le stalinien Martinez devrait s’inquiéter bien plus que de l’insignifiante loi « Travail. »

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 11 juin 2016)

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  • Extension du domaine de la russophobie...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son site J'ai tout compris et consacré à la russophobie entretenue par les médias européens. Essayiste et polémiste, Guillaume Faye a récemment publié Comprendre l'islam (Tatamis, 2015).

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    Extension du domaine de la russophobie

    La propagande anti-russe s’intensifie dans les médias. Le russian bashing se répand et suggère que la Russie dirigée par Vladimir Poutine vit sous un régime tyrannique. Présenter à l’opinion occidentale le régime de Moscou comme violant l’État de droit et la démocratie, persécutant ses opposants et s’orientant vers une dictature est devenue une habitude. D’où vient cette propagande russophobe qu’on ne réserve pas à d’autres nombreux pays, pourtant, eux, réellement dictatoriaux ?

    La Russie accusée d’être un État policier

    Dans Le Figaro, un article de propagande anti-russe très peu professionnel, signé d’Emmanuel Grynszpan (« L’opposition russe désormais réprimée par des nervis » 02/06/2016) essaie de démontrer que des ”défenseurs des droits de l’homme” et des ”opposants” sont attaqués par « des groupuscules pro-Poutine sous le regard complice de la police ». Il cite plusieurs exemples de bagarres et d’agressions où, paraît–il, les agresseurs sont des milices secrètes du Kremlin. Pas la moindre preuve n’est avancée, c’est du roman policier journalistique.

    Le journaliste du Figaro et ses confrères des autres médias occidentaux n’apportent aucune vérification de ce qu’ils relatent, mais se contentent de citer des opposants à Vladimir Poutine qui décrivent une situation dramatique pour les contestataires. Le problème, c’est que ces derniers, vivant en Russie, s’expriment librement dans les colonnes du Figaro et des autres médias. S’ils étaient persécutés en Russie, comme ils le prétendent, ils ne pourraient pas se répandre dans les médias occidentaux !     

    Contradiction complète : Le Figaro publie régulièrement un supplément consacré à la Russie (intitulé en anglais pour faire snob Russia beyond the headlines) avec la traduction d’articles de la presse russe qui reflètent toutes les opinions, y compris celles contraires à M. Poutine. Comment Le Figaro peut-ils écrire que le Kremlin interdit l’opposition à M. Poutine alors qu’il publie lui-même des articles de la presse russe qui critiquent le gouvernement ? C’est complètement absurde.

    Cela dit, il est parfaitement possible, comme dans n’importe quel pays du monde, que des individus ou des groupes privés s’en prennent avec violence pour des raisons politiques à des contestataires de la politique gouvernementale. Mais comment peut-on en déduire qu’ils sont télécommandés par le gouvernement russe et protégés par la police ? Aucune preuve n’est apportée. En novembre dernier, j’ai participé à une conférence au Press Club de Washington sur les questions de l’immigration contre la politique laxiste d’Obama. Nous avons été attaqués physiquement par des groupes gauchistes ultra-violents. Il ne serait venu à personne l’idée de dire que c’était la Maison Blanche et l’administration Obama qui étaient derrière ces agressions.

    L’imposteur Alexeï Navalny

    Cet agitateur, médiatisé par la presse occidentale et très probablement financé par les services de renseignements américains et – hélas– européens, est qualifié par les médias français et occidentaux de « principal opposant au Kremlin ». Mensonge total. L’immense majorité des électeurs de la Fédération de Russie n’a jamais eu l’intention de voter pour ce provocateur. Navalny a participé avec ses partisans à une bagarre à l’aéroport d’Anapa et s’est présenté en victime du Kremlin.

    Il prétend que le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, est un bandit lié au monde des affaires illégales et du crime, qui voudrait se venger de lui, l’opposant à Poutine. Les médias occidentaux relaient, sans vérifications, ces affirmations diffamatoires. Navalny et son entourage comparent Poutine à Hitler et les médias français reproduisent ces imbécillités. Leonid Volkov, un de ses proches collaborateurs, a répété dans les médias occidentaux que la situation actuelle de la Russie , « c’est ce qu’on observe dans toutes les dictatures. C’était pareil en Allemagne dans les années 30 et en Espagne dans les années 60 ». Il est dommage que des intellectuels, par ailleurs intelligents, comme par exemple Nicolas Baverez, portent crédit à ces contre–vérités issues de désinformations. Les vraies dictatures, elles, comme la Chine, les monarchies du Golfe devant lesquelles s’incline la France, ne sont jamais accusées.

    Les deux raisons de la propagande antirusse

    Les médias et les dirigeants occidentaux répètent que la Russie a ”annexé ” la Crimée ukrainienne, ce qui justifie les sanctions – par ailleurs illégales. Si c’était vrai, la Crimée qui est russe et non pas ukrainienne et qui a rejoint la Russie par référendum, sans aucune violence russe, se révolterait, il y aurait des troubles. Or la Crimée redevenue russe, est parfaitement tranquille. Bizarre…D’autre part, la propagande nous expliquait que Poutine cherchait à envahir l’Est de l’Ukraine et qu’il ne respecterait pas les accords de cessez–le–feu signés à Minsk. Il les a parfaitement respectés. Les affrontements en Ukraine ont cessé, non ? Alors d’où vient cette désinformation hostile contre la présidence de Poutine ? Explications :

    1) Ce qui dérange les dirigeants européens (politiques et médias confondus), c’est d’abord l’orientation idéologique du pouvoir russe, centrée sur les valeurs d’identité, d’enracinement et de patriotisme, l’inverse même des choix idéologiques occidentaux profonds. La nouvelle Russie représente donc un danger, en terme d’attraction mentale sur les peuples européens de souche, d’exemple à suivre ; elle est un repoussoir pour les oligarchies occidentales déracinées, un objet de haine pathologique. L’hostilité du pouvoir russe aux manifestations de la gay pride ou au mariage homosexuel, par exemple, le fait détester par toute l’intelligentsia proche du pouvoir et par la classe journalistique en France. Bref, le gouvernement russe est ”politiquement incorrect ”.

    2) La deuxième raison de la campagne de propagande et de désinformation antirusse est le retour de la Russie comme grande puissance sur la scène internationale, notamment en Syrie, et par la restauration de son outil militaire. Cela gêne certains projets stratégiques de Washington et il est normal que le relai soit suivi par les médias occidentaux et les gouvernements européens vassaux des USA. Bref, la nouvelle Russie post-communiste fait paradoxalement plus peur aux dirigeants occidentaux et leur semble plus redoutable et haïssable que l’ancienne URSS.

    Construire l’image d’une dictature belliciste

    La thèse officielle sur la Russie de Poutine, rabâchée par 90% des journalistes occidentaux qui suivent les désinformations des services spécialisés –par exemple celles de la Transatlantic Academy, (1) – est la suivante : le Kremlin manœuvrerait pour annexer le Donbass, en y ”gelant” un conflit, puis à faire de l’Ukraine un protectorat russe, et la même chose avec les trois pays baltes. Y compris par la force militaire. On cherche à présenter la Russie comme une dictature isolée ayant très peur de l’exemple d’une Ukraine démocratique, rejoignant l’UE et l’Otan. La Russie est décrite comme une menace pour l’Europe orientale et la paix du monde, afin de justifier la création d’incidents militaires (Est de l’Ukraine, Baltique…). Et de provoquer une confrontation armée, ” gérée”, si possible (mais pas sûr) en dessous du seuil nucléaire ; ce qui est l’objectif – non pas d’Obama, dépassé par les événements – mais de fauteurs de guerre très actifs au Pentagone, à la CIA, dans l’industrie d’armement et dans les médias US.   

    Le renforcement militaire de l’Otan en Europe orientale, sur ordre de Washington, atteste de cette stratégie mal pensée et à haut risque (voir récent article de ce blog sur Kaliningrad). Elle ne peut pas être freinée par une France qui n’a plus de politique étrangère indépendante sérieuse. Néanmoins, cette option belliciste antirusse peut être entravée par deux facteurs : une lassitude européenne envers une russophobie qui nuit à l’économie du fait des représailles russes aux sanctions, (cas de l’Italie, de la Hongrie, proposition de résolution parlementaire en France pour la levée des sanctions…) et la prochaine élection présidentielle américaine.

    Si Hillary Clinton est élue, il n’y a rien à attendre de bon. En revanche, si Donald Trump parvient à la Maison Blanche, il pourrait renverser la table s’il joue la carte de l’isolationnisme et si, comme il l’a dit, il apprécie la Russie. À condition qu’on le laisse faire, car un Président américain doit avoir la force d’affronter les Trois Sœurs – CIA, Pentagone, et Complexe militaro-industriel. Un coup de feu est vite parti. La Russie, qui ne menace en rien la paix et la sécurité mondiale (contrairement à d’autres jamais incriminés) est donc présentée par les appareils de désinformation comme une dictature dangereuse, donc comme l’ennemie principale. Cette russophobie est totalement contraire aux intérêts des Français et des Européens.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 8 juin 2016)

    Notes

    (1) La ”Transatlantic Academy”, est un des exemples des centres de propagande métapolitique américains et européens atlantistes (financés par des fonds publics discrets et des fonds privés) qui ”informent” et en réalité influencent les journalistes du monde entier. Cette remarque n’implique aucun anti-américanisme, puisqu’aux USA d’autres think tanks et associations combattent ces lobbies, comme par exemple American Renaissance et le NPI.

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