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Points de vue - Page 222

  • Vers une voie impériale européenne ?

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'évolution souhaitable de l'Union européenne... Professeur de philosophie et journaliste, Michel Lhomme est un collaborateur régulier de la revue Krisis.

     

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    L’Europe à construire : vers la voie impériale ?

    Des question se posent. Avons-nous réellement mesuré les conséquences du Brexit et de la crise des réfugiés, celles d’une rupture entre les citoyens et leurs institutions, entre le peuple et les élites technocratiques de l’intégration européenne.

    Que s’était-il passé pendant tant d’années ? Les élites politiques nationales avaient trouvé tout simplement en l’Union européenne un moyen de s’affranchir, dans leur prise de décisions, des contraintes de la délibération parlementaire. La recherche de consensus entre États-membres, principe de fonctionnement interne de l’Union, favorisait en effet la prise de décision « behind closed dors », dans les couloirs, entre lobbys. Ainsi, seuls 3 % des textes législatifs communautaires ont fait l’objet d’un débat parlementaire en assemblée plénière entre 2009 et 2013.

    Dans le même temps, les élites nationales – au premier rang desquelles les membres des gouvernements, des cabinets ministériels et de la haute administration – ont acquis par leur participation aux négociations communautaires une légitimité qui leur a permis de concurrencer la légitimité démocratique. Cette légitimité nouvelle et surprenante ne provenait pas d’un vote du parlement mais de la recherche ardue de consensus entre les gouvernants européens. La démocratie de la délibération populaire se fondait dans celle du consensus bureaucratique

    Or au départ, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) ainsi que la Communauté économiques européenne (CEE) ont été pensées comme un moyen de renforcer et non de supplanter l’État-nation. Par la suite, les processus d’approfondissement et d’élargissement sont apparus comme relevant des stratégies des gouvernants nationaux pour faire face à certaines de leurs difficultés – économiques notamment, mais aussi politiques. Les gouvernants des États-membres ont alors fait le choix de se soumettre, dans le domaine économique au néo-libéralisme le plus cru proposant et initiant alors un ensemble de règles communautaires qui démantelaient en fait l’agriculture et les industries nationales au profit d’une financiarisation dirigée en grande partie et paradoxalement par la City de Londres.

    Un néo-constitutionnalisme des Juges

    Nos gouvernants ont été obligés de faire primer les règles du droit sur la délibération et la décision politiques. Ils ont alors instauré un néo-constitutionnalisme des Juges. De même, l’adoubement démocratique par l’Europe des anciens pays de l’Est a clos le débat politique des années 60 et 70 : la transition vers une économie de marché ne pouvait être discutée puisqu’elle était nécessaire à l’adhésion.

    La confiance envers les élites politiques nationales s’est perdue. Dès les années 1950-1960, certains se sont opposés au projet européen, l’intégration européenne étant notamment perçue surtout par les partis communistes français et italiens comme renforçant l’influence américaine sur l’Europe de l’Ouest. À la fin des années 1980, les critiques les plus virulentes de l’UE sont venues de l’extrême-droite, le communisme européen se perdant dans le no-border d’un socialisme mondialiste et non-identitaire.  A cela s’est ajouté la faible influence de l’UE sur la scène internationale incapable de défendre et de définir ses frontières (l’illimitation de l’élargissement), de proposer la dissolution de l’Otan et de créer une vraie défense européenne. Il y avait bien un hymne européen, un drapeau européen mais personne ne demanda aux écoliers le lundi matin de le saluer ou de le chanter. De plus dans une telle Europe abstraite où la Nation était dissolue et reniée, le devoir de se battre et de risquer sa vie pour son pays ne constitue plus le socle du contrat social. Le service militaire national a été abrogé. Il n’y a pas d’armée européenne. Dès lors, comment penser développer collectivement une politique étrangère fondée sur la puissance ?

    Les attentes de la puissance

    Depuis le Brexit, on entend dire partout qu’il faut plus d’Europe sociale. Ce n’est pas si sûr.  Souhaite-t-on soviétiser l’Europe et la transformer en machines à taxes ? L’attente des Européens n’est en fait pas là. Les attentes citoyennes à l’égard de la politique européenne sont les attentes de la puissance. Plutôt que d’insister sur l’incapacité de l’UE à gérer l’économie (laissons cela à l’initiative privée), posons d’une seule voix et avec force la nécessité d’une indépendance européenne sur la scène internationale. Il est plus utile de considérer la politique étrangère de l’Union comme la contribution essentielle au développement d’une identité européenne que de vouloir la socialiser encore plus.

    Contrairement à ce qu’on entend un peu partout, l’UE n’est pas la cause de la rupture entre les citoyens et leurs élites mais elle constitue en fait le paravent derrière lequel les gouvernants nationaux se cachent pour éluder le fait qu’ils en sont responsables et qu’ils sont irresponsables. Il ne s’agit surtout pas de « démanteler » l’UE qui pourtant risque fortement de l’être. Démanteler l’UE ne suffira pas à revigorer la vie démocratique nationale.

    Les problèmes de la démocratie en Europe ne proviennent pas de l’UE mais d’une classe politique qui s’est défaussée certes par paresse et arrivisme matériel mais qui aussi parce que totalement américanisée, elle sert délibérément et sciemment d’autres intérêts. Il ne faudrait donc surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne s’agit surtout pas d’abandonner l’idée d’Europe, ni même l’UE comme institution. Il s’agit de refondre l’Europe en un nouveau projet.

    En quoi donc le démantèlement de l’UE pourra-t-il permettre de redynamiser la vie démocratique des États qui la composent  ? Le débat est peu développé en France alors qu’il a opposé ces dernières années Jürgen Habermas, pour qui l’intégration de l’Europe doit être poussée plus avant afin que s’établisse une véritable démocratie supranationale avec des dirigeants élus au niveau européen, à Wolfgang Streeck, qui prône la fin de la zone Euro pour revigorer le lien démocratique au niveau national et établir une primauté du politique sur l’économie. Habermas propose une fuite en avant mondialiste sur fond d’éthique communicationnelle, une dépolitisation en réalité du citoyen par l’idéologie de la communication et l’archéo cosmopolitisme du gouvernement mondial. Streeck propose de renationaliser ce qui a été dissous et digéré. Engageons-nous plutôt dans la dynamique en gestation de l’Intermarium (axe Baltique-Mer noire-Mer Adriatique) et avançons dans une recomposition de l’Europe.

    Voyons plus loin, continuons l’Union européenne et proposons la voie impériale, une voie impériale du XXIème siècle qui ne sera ni napoléonienne, ni celle des Habsbourg.

    Michel Lhomme (Metamag, 26 octobre 2016)

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  • Le CETA, pour aller au bout de la mondialisation...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 25 octobre 2016 et consacrée au blocage par la Wallonie du CETA, l'accord économique et commercial global (AECG) entre l'Union européenne et le Canada, petit frère du TAFTA.

     

                                      

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  • Délit de sale Gaule...

     

     
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  • Après la polémique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Mathieu Bock-Côté, cueilli sur Figaro Vox et consacré au livre de Patrick buisson, La cause du peuple (Perrin, 2016). Québécois, l'auteur est sociologue et chroniqueur à Radio-Canada et est déjà l'auteur de plusieurs essais. Il vient de publier en France Le multiculturalisme comme religion politique aux éditions du Cerf.

     

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    Après la polémique, ce qui restera du livre de Patrick Buisson

    «Un brulot». Un «livre à charge». Un «règlement de comptes», ajoutèrent certains. C'est ainsi qu'on a accueilli La cause du peuple (Perrin, 2016), le dernier livre de Patrick Buisson, en prenant bien la peine de rappeler, comme à l'habitude, tout son parcours idéologique, comme s'il fallait mettre en garde le commun des lecteurs contre lui. Ces mises en garde faites, on a tout fait pour réduire cet ouvrage à une compilation de confidences et d'indiscrétions, comme s'il se livrait à la manière d'un petit tas de secret sur la Sarkozie. En gros, ce serait un livre de ragots. Comment ne pas voir là une autre preuve que la plupart du temps, les journalistes ne lisent pas vraiment les livres dont ils parlent? Ou s'ils les ont lu, qu'ils se fichent bien de l'essentiel. Ou alors, peut-être ont-ils décidé d'enterrer celui qu'on veut à tout prix faire passer pour un mauvais génie? Chose certaine, ils ne se sont pas intéressés à l'analyse de notre situation historique que Buisson a pris la peine d'élaborer sur plus de 400 pages, avec un bonheur d'écriture indéniable: on se contentera d'y coller une sale petite étiquette radioactive pour en faire un infréquentable personnage. Le vrai pouvoir de la gauche médiatique, c'est de décerner des certificats de respectabilité auxquels on prête encore de la valeur.

    Et c'est dommage. Très dommage. Car La cause du peuple est probablement un des livres les plus importants paru ces dernières années - j'ajouterais, un des plus passionnants. Si Buisson joue à sa manière le rôle du chroniqueur des années Sarkozy, qu'il a accompagné de 2005 à 2012 en voulant en faire le héraut de la France telle qu'il se l'imagine, il nous propose surtout, dans cet ouvrage, une puissante analyse de notre temps. Il croise la psychologie politique, la philosophie politique et l'anthropologie politique et son regard va très en profondeur. Il s'agit de faire un portrait de l'époque à travers la présidence d'un homme qu'il aurait souhaité frappé par la «grâce d'État» mais qui n'est jamais vraiment parvenu à faire quelque chose de son incroyable énergie, comme s'il était paralysé par son désir de reconnaissance par les branchés et les élégants, représentés à ses côtés par son épouse. Sarkozy, pour Buisson, est d'abord l'histoire d'un talent gâché, d'une immense déception. C'est l'histoire d'un homme qui aurait préféré l'agitation à l'action, en confondant l'hyperactivité médiatique et le travail de fond. Il n'aura pas su saisir la part sacrée du politique, la symbolique sacrificielle du pouvoir. Le pouvoir devait le conduire dans la jet-set mondiale où il jouirait, enfin riche, de son ascension sociale parfaitement réussie.

    On le sait, Patrick Buisson a été grand stratège du sarkozysme électoral en 2007, c'est-à-dire d'une campagne misant sur la transgression du politiquement correct en mettant de l'avant la notion d'identité nationale, longtemps concédée par la droite «républicaine» à la droite populiste. Buisson en était convaincu: il fallait mener la guerre culturelle à une gauche depuis trop longtemps hégémonique dans le monde des idées. Mais cette notion n'avait rien d'un hochet rhétorique chez lui. Au contraire, à travers elle, il était possible de renouer avec la part conservatrice de la droite et plus fondamentalement, de sortir d'une vision strictement économique de l'homme, qui passe souvent pour la seule rationnelle, surtout à droite, où on croit répondre aux besoins de l'âme humaine avec une approche strictement comptable. L'identité nationale ouvrait, pour Buisson, sur la part symbolique et anthropologique de la communauté politique: cette part, qui se dérobe à l'artificialisme sociologique, est probablement la plus importante. L'identité nationale permettait de faire une brèche dans une mythologie progressiste glosant sans cesse sur les valeurs républicaines pour mieux occulter l'identité historique de la France.

    C'est cette part que Buisson cherchera à mettre de l'avant pendant cinq ans, en invitant Nicolas Sarkozy à se l'approprier. Qu'il s'agisse de la question de l'autorité de l'État, de l'immigration ou des questions sociétales, Buisson revient toujours à la charge en rappelant une chose fondamentale: le peuple français fait une expérience pénible de sa désagrégation: ce constat est vrai pour l'ensemble des peuples occidentaux. Il voit ses symboles s'égrener, ses repères se brouiller, son identité s'émietter. Il se sent de plus en plus devenir étranger chez lui. Ses aspirations profondes sont étouffées, et mêmes déniées. On les présente comme autant d'archaïsmes ou de phobies alors qu'il s'agit d'invariants anthropologiques que la civilisation avait traditionnellement prise en charge et mise en forme. La vocation du politique, nous dit Buisson, est d'abord conservatrice: il s'agit de préserver une communauté humaine, qui est une œuvre historique vivante, et non pas toujours de la réformer pour l'adapter à la mode du jour. Il y a dans le cœur humain un désir de permanence qu'on doit respecter. Lorsqu'on le nie, on pousse l'homme à la solitude extrême, puis à la détresse.

    Buisson souhaite reconstituer le peuple français, et pour cela, il croit nécessaire de renouer politiquement avec lui. Alors que les élites ne savent plus défendre une souveraineté de plus en plus vidée de sa substance, il faut aller directement au peuple pour reconstituer une véritable puissance publique. C'est en puisant directement dans la légitimité populaire que Buisson entend régénérer le pouvoir, le déprendre des nombreuses gangues qui l'enserrent comme le droit européen ou international ou encore, les nombreux corporatismes qui entravent la poursuite de l'intérêt général. Mais, ajoute-t-il, la gauche ne pense pas trop de bien de ce retour au peuple, puisque depuis très longtemps, elle se méfie des préjugés du peuple, qui se montre toujours trop attaché à ses coutumes: elle rêve d'une démocratie sans le peuple pour la souiller de ses mœurs. C'est l'histoire du rapport entre le progressisme et le peuple dans la modernité. Dans le cadre de la campagne de 2012, Buisson cherchera quand même à convaincre Nicolas Sarkozy de miser sur une politique référendaire qui pourrait faire éclater le dispositif annihilant la souveraineté. Il n'y parviendra pas vraiment, même s'il poussera le président-candidat à renouer avec une posture transgressive.

    Mais un peuple n'est pas, quoi qu'en pensent les théoriciens des sciences sociales, une construction artificielle qu'on peut créer et décréer par décret. Et c'est en puisant dans son histoire qu'il peut renaître, en retrouvant ses racines les plus profondes. L'histoire est chose complexe: les formes qu'elle a engendrées peuvent se métamorphoser, renaître, et c'est dans cette optique que Buisson revient sur la question des racines chrétiennes de la France. Formée dans la matrice du christianisme, la France s'est couverte au fil de l'histoire d'églises, avant de les déserter assez brutalement au vingtième siècle - il faut dire qu'on a aussi cherché violemment à lui arracher ses racines chrétiennes avant cela. Dans un monde marqué par l'esprit de conquête d'un certain islam, par une immigration massive et par une déliaison sociale de plus en plus brutale, la France est prête à se réapproprier son héritage chrétien à la manière d'une «ressource politique immédiatement disponible» (p.322). Le catholicisme s'offre non plus nécessairement comme une foi mais comme une culture ayant permis aux Français d'accéder à la transcendance et vers laquelle ils peuvent se retourner à la manière d'une identité civilisationnelle.

    On me pardonnera de le redire, mais on aurait tort de voir dans cet ouvrage essentiel une bête charge contre un homme désaimé. En fait, quiconque recense La cause du peuple est condamné à ne rendre que partiellement compte de l'exceptionnelle réflexion qui s'y trouve. Buisson, en fait, fait le portrait de la misère d'une époque qui a le culot de se croire presque irréprochable alors qu'elle pousse les hommes à la misère affective et spirituelle et finalement, à une solitude si violente qu'elle représente peut-être la pire misère qui soit. En creux, il formule un programme de redressement qui est moins fait de mesures ciblées que d'un appel à renouer avec une idée de l'homme autrement plus riche que celle qui domine en modernité avancée: il n'y aura pas de réforme politique sans réforme intellectuelle et morale, dirait-on. L'homme politique ne doit plus voir devant lui une société flottant dans un éternel présent où se meuvent des individus bardés de droits mais un peuple historiquement constitué. Et il doit moins se présenter comme un habile gestionnaire du présent que comme un homme incarnant le passé, le présent et l'avenir d'une civilisation.

    Si Nicolas Sarkozy savait parler et faire de bons discours, il ne savait finalement pas incarner sa fonction et encore moins son pays. À lire Patrick Buisson, c'était un comédien de talent qui n'avait pas de vocation sacrificielle. Buisson a échoué a en faire le grand homme qu'il aurait peut-être pu être. Pouvait-il en être autrement? On comprend pourquoi la figure du général de Gaulle hante les pages de La cause du peuple. Mais il ajoute: «de n'avoir pas réussi la mission que je m'étais donnée ne prouve rien. D'autres, je le sais, viendront après moi pour dire et redire que ne font qu'un la cause du peuple et l'amour de la France» (p.442). Un pays dure tant que dure dans le cœur des hommes le désir qu'il persévère dans son être: la flamme de la résistance doit toujours être portée pour un jour le faire renaître mais il arrive qu'ils soient bien peu nombreux à la maintenir. Ce qui habite Patrick Buisson, manifestement, c'est l'espérance d'une renaissance française.

    La cité a quelque chose de sacré: à travers elle, l'homme fait l'expérience d'une part essentielle de lui-même, qui le transcende, qui le grandit, qui l'anoblit. «Aimer la France, dit-il, ce n'est pas aimer une forme morte, mais ce que cette forme recèle et manifeste d'impérissable». Et Buisson ajoute: «Ce n'est pas ce qui mourra ou ce qui est déjà mort qu'il nous faut aimer, mais bien ce qui ne peut mourir et qui a traversé l'épaisseur des temps. Quelque chose qui relève du rêve, désir et vouloir d'immortalité. Quelque chose qui dépasse nos pauvres vies. Et qui transcende notre basse époque. Infiniment» (p.442-443). La cité est gardienne d'une part de l'âme humaine et elle ne saurait bien la garder sans un véritable ancrage anthropologique. Mais elle ne saurait, heureusement, se l'approprier complètement et il appartient aux hommes qui croient à la suite du monde de la cultiver, d'en faire le cœur de leur vie, pour transmettre ce que l'homme ne peut renier sans se renier lui-même, pour honorer ce qu'on ne saurait oublier sans s'avilir intimement.

    Mathieu Bock-Côté (Figaro Vox, 18 octobre 2016)

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  • Quand l'ordre qui règne dans certains quartiers n'est plus celui de la France...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 20 octobre 2016 et consacrée aux manifestations des policiers qui protestent contre l'absence de réaction de l'état face aux violences qu'ils subissent.

    Eric Zemmour vient de publier chez Albin Michel un recueil de ses chroniques des années 2013-2016 intitulé Un quinquennat pour rien et précédé par un longue préface intitulée « La France au défi de l'islam », qui lui vaut, à nouveau, d'être la cible d'une campagne d'intimidation.

     

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  • Les sirènes du chaos...

    Nous reproduisons ci-dessous l'éditorial, daté du 13 octobre 2016, de la nouvelle lettre d'information Centurie News, qui est consacré à l'embrasement que la crise syrienne et les incendiaires qui l'attisent, menacent de provoquer...

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    Syrie : les sirènes du chaos

     

    La crise syrienne a débuté en 2011 dans le prolongement des « printemps arabes » qui soulevèrent des populations stimulées et appuyées par des ONG occidentales contre des régimes arabes laïcs et centralisateurs. Un contexte de troubles voire de guerres civiles est alors né dans la majeure partie des pays concernés (Syrie, Libye, Tunisie, Yémen, Bahreïn, Egypte). Toutefois, la crise syrienne est devenue du fait de sa situation géographique, un point de tension incomparable dans le monde. Au fur et à mesure de l’élargissement du conflit, le cercle des Etats étrangers à cette guerre s’est restreint et l’enchevêtrement de causes et d’effets complexes (géographiques, militaires, économiques, énergétiques, religieux) a rendu la crise mondiale. 

     

    La Syrie fixe en un abcès les intérêts de la plupart des acteurs régionaux mais aussi des puissances mondiales au premier rang duquel l’état profond occidental, confronté à la volonté de la Russie de ne pas céder ce pivot du monde à ses adversaires géopolitiques. Ainsi, les conditions d’une confrontation militaire entre les Etats-Unis et la Russie devient de plus en plus vraisemblable et pourrait déboucher sur un conflit international aux conséquences cataclysmiques

     

    L’intensification ces dernières semaines des tensions avec les déclarations sidérantes des acteurs politiques et militaires occidentaux ne lasse pas d’inquiéter, en effet, le contexte politique intérieur américain n’étant pas favorable à l’apaisement. Si Barack Obama et John Kerry (l’État officiel américain) semblent moins pressés de jouer les va-t-en-guerre à quelques mois de la fin de leur mandat, le complexe médiatico-militaro-financier (l’État profond occidental) accentue la pression pour préparer un climat de tension favorable à la guerre. Un contexte qui pourrait bien favoriser des décisions rapides, une fois l'incertitude de la présidentielle levée et Hillary Clinton élue et en fonction au plus tard le 21 janvier 2017.

     

    Toutefois, ces positions ne recueillent pas, et de loin, l’adhésion des populations et il faudra des opérations médiatiques plus efficaces que le conditionnement de fond de ces dernières années pour faire admettre aux opinions publiques occidentales une escalade guerrière, dont on perçoit qu’elle pourrait nous mener aux portes d’une nouvelle guerre mondiale.

     

    Les Etats et intérêts qui utilisent depuis des années les Médias de Masse (MSM) pour préparer ou retourner les opinions publiques (armes chimiques, couveuses koweitiennes, etc.) en faveur de politiques indéfendables (tant sur le plan stratégique qu’humanitaire, économique ou migratoire) seront donc probablement tentés d’user de méthodes de PsyOps (Opérations Psychologiques) pour faire basculer les mentalités et l’adhésion, même artificielle et même temporaire, à une confrontation militaire directe contre la Russie dans la région. Il en faudra beaucoup pour emporter cet accord des populations, qui perçoivent de plus en plus mal les objectifs d’intérêts collectifs dans les politiques menées par les dirigeants.

     

    La guerre n’est pas certaine mais la convergence des intérêts électoraux et stratégiques de l’Etat profond occidental rend malheureusement probable un dérapage rapide. On imagine par exemple que des organisations comme celles des casques blancs (White Helmets), appuyés par des staffs de communicants (dans le genre de Bell Pottinger, voir Centurie News N°5) pour la superproduction d’un « massacre » de populations civiles sous faux drapeaux pourrait déclencher une campagne d’hystérie collective qui favoriserait une entrée en guerre et une radicalisation anti-russe de l’opinion publique américaine et européenne.

     

    Evidemment, une affaire rapide, touchant encore plus directement des ressortissants américains ou européens serait « idéale »… Un coup de billard à deux bandes qui permettrait de noyer les révélations contre Hillary Clinton (Comme celles de Wikileaks, désormais qualifiées systématiquement de propagande russe par les MSM) et d’affaiblir encore d'avantage Donald Trump (présenté comme le candidat de Poutine : voir le site PutinTrump.org financé par Soros, Centurie News n°3). Mais il est plus probable que les faucons attendront, s'ils peuvent réussir à bloquer, d'ici-là, les avancées diplomatiques et militaires de la Russie et de l'armée gouvernementale syrienne. Entre-temps, il faudra chauffer à blanc les opinions publiques et pour ce faire, le pire est possible. 

     

    Ces campagnes de sidération guerrières peuvent encore parfaitement fonctionner, même si elles épuisent progressivement leurs capacités à emporter l’adhésion. En effet, avec le climat lourd de menaces de ces prochaines semaines, une nouvelle campagne d’hystérie collective augmenterait à coup sûr la résilience des populations occidentales au contrôle médiatique dans la mesure où jamais plus qu’aujourd’hui, cette politique de déstabilisation n’est parue moins rationnelle et plus dangereuse. Si ce n’est pas un argument susceptible d’influencer les desseins court-termistes des fauteurs de guerre, un nouveau matraquage guerrier pourrait, un temps plus loin, avoir des effets sur la stabilité sociale des sociétés occidentales.

     

    En effet, le rapprochement dans le temps des campagnes de désinformation en soutien à des politiques internationales qui fabriquent des guerres, des migrations et de l’extrémisme accélère, tel un vaccin, l’immunisation médiatique des populations. La montée d’audience de médias alternatifs, l’augmentation rapide de la viralité des contre-informateurs et la lassitude critique de l’opinion publique à l’égard des MSM n’en sont que d’autres stigmates. De plus, dans la mesure où le dispositif médiatique est le principal outil de contrôle social des sociétés occidentales et que celles-ci sont en proie à des tensions internes de plus en plus importantes, l’épuisement de l’efficacité des MSM dans le travail de contrôle des tensions à l’intérieur des populations, fait courir un risque systémique lourd. La dégradation brutale de la crédibilité des MSM dans l’opinion publique aux Etats-Unis ces derniers mois en fournissent un exemple intéressant (voir Centurie News 3 et 4). En perdant en crédibilité, le système médiatique dit mainstream, perd en capacité d’influence sur la stabilité sociale. Cette perte d’influence pourrait devenir critique à l’occasion d’un conflit social de faible intensité mais qui pourrait s'envenimer. Un scénario de plus en plus envisageable dans des pays occidentaux déstabilisés par le multiculturalisme et la crise économique.

     

    Pour en revenir à la Syrie et aux connexions avec la campagne présidentielle américaine, les révélations désormais presque quotidiennes sur les implications de l’Arabie Saoudite non seulement dans les attentats du 11 septembre mais dans le financement d’ISIS (DAECH) en font (avec le Qatar) le maillon faible de la chaine d’influence des Etats-Unis dans la région. La surexposition du Qatar mais plus encore de l’Arabie Saoudite pourrait bien contraindre ces pays à un désengagement ou à des concessions dans d’autres domaines (la gestion des cours du pétrole par exemple) ou finir par les déstabiliser dans les mois à venir.

     

    Les intérêts complexes des acteurs du monde dans cette région, rendent apparemment insolubles, une solution mono-diplomatique . Il est donc à prévoir que les acteurs qui disposeront de la supériorité militaire sur le terrain et du pragmatisme nécessaire pour nouer des alliances permettant à d’autres parties de se rallier à leurs objectifs, finiront par l’emporter. C’est visiblement la Russie qui semble engagée sur ce terrain. Seul une politique irrationnelle au potentiel destructeur considérable est susceptible de modifier cette anticipation. Pour comprendre si nous courrons ce risque, il faudra, par-delà le contexte évoqué dans cet article, comprendre ce qui pourrait, apparemment contre toute logique, pousser l’État profond occidental à fabriquer de toute pièce une nouvelle guerre mondiale. Qui fera taire les sirènes du chaos ?

     

     Centurie news ( Centurie News n°6, 13 octobre 2016 )

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