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Points de vue - Page 210

  • La peur des mots...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque le révisionnisme linguistique...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    La peur des mots

    La peur des mots hante l’Occident, depuis les socialistes français qui se font un devoir de ne jamais nommer l’islam dans la guerre opposant aux vrais Européens les mahométans et leurs alliés post-chrétiens, jusqu’aux musées qui sont en train de réécrire, selon un processus stalinien, les cartels accompagnant les tableaux qu’ils exposent et dont les titres risqueraient de « choquer ». Ainsi a-t-on, j’en ai récemment parlé, substitué « grandes migrations » à « invasions barbares ». Ainsi le Rijksmuseum d’Amsterdam rebaptise-t-il le tableau de Simon Maris : Jeune femme nègre, en Jeune femme à l’éventail : la « négritude » de la femme a disparu, car innommable par un Blanc, lequel, parce que blanc, est évidemment « raciste », le politiquement correct consistant à effacer, dans le discours, les couleurs, les sexes et les tares, mais non le minoritarisme victimaire sur quoi ils se fondent, et qui est devenu instrument de coercition anti-blanc.

                C’est bien sûr prendre le public pour plus bête ou plus inculte qu’il n’est, même après cinquante années d’expiatoire propagande tiers-mondiste qui ont abouti au fait paradoxal qu’on abomine les Croisades (qui avaient pourtant leur raison d’être et leur grandeur) et la colonisation, mais qu’on délire d’enthousiasme sur la « civilisation arabo-andalouse », laquelle fut bel et bien une colonisation, et des plus dures, et dont l’État islamique entretient l’ardente nostalgie.

            Comment ne pas voir que le tableau de Maris appartient à une époque où on disait « nègre » sans intention péjorative ? Dans le patois limousin, l’adjectif « noir » se dit « nigrâ », et les nombreux hameaux appelés la Nègrerie n’ont rien d’antichambres de l’esclavagisme. Maintenir le titre de Maris eût été l’occasion d’un peu de pédagogie, laquelle a été, il est vrai, remplacée par le pédagogisme propagandiste. Le Musée de l’Homme, seul, a maintenu, par souci d’historicité, les cartels comportant le mot « nègre ».

                Le Rijksmuseum a également fait savoir que les mots « mahométan », « maure », « nain », « sauvage », doivent être bannis. Gageons qu’un tableau représentant la cécité d’Homère serait ré-intitulé le « handicap d’Homère » ou portrait d’un poète « non voyant », ou les petits mendiants de Murillo : « Jeunes dans un quartier défavorisé ». Quant au Nain avec un chien de Velasquez, il faudra l’intituler désormais : « Portrait d’un homme verticalement déficient ». Quant au Bain maure de Gérome, il ne sera plus que le « hammam », et le Bain turc d’Ingres est-il susceptible de heurter les commissaires islamiques du sultan Erdogan ?

              Les cartels des musées de Berlin sont rédigés en allemand, en anglais et… en turc, comme si les Turcs capables de s’intéresser à l’art et aux antiquités n’étaient pas capables de lire l’anglais. Gageons qu’on finira par trouver, au Louvre, des cartels où figurera l’arabe. La multiplication des langues va de pair avec celle de la prostitution et  la soumission à l’expansion islamique.

                Mais il ne s’agit pas seulement de ne pas choquer ; il faut réinterpréter le passé, voire l’éradiquer ; d’où l’évacuation de la littérature de l’enseignement public – évacuation qui, le raccourci est à peine excessif, entraîne la mort de l’esprit français. Le corpus littéraire devient suspect dans son ensemble : il y a quelques années, lors d’un Téléthon, un édile avait refusé qu’on chantât La Marseille à cause de ce « sang impur » qui eût offensé les malades – pardon : les « personnes en souffrance ». On avait également recommandé de ne plus faire étudier le poème de Ronsard : « Quand vous serez bien vieille », car il risque de donner une « image négative » de la femme du troisième âge… Le temps est proche où on interdira La Négresse blonde de Georges Fourest, Le Nègre du Narcisse de Conrad, et même Les Nègres de Genet. Le poème de Baudelaire consacré aux Femmes damnées sera lui aussi écarté du corpus consensuel, comme le sont déjà La Chanson de Roland, Le Cid, La Mort du loup… La guerre civile a aussi lieu dans ces discrètes capitulations.

                Un tel révisionnisme n’est-il pourtant pas inutile en un temps où la plupart des élèves sont analphabètes et incultes ? La réponse est sans doute à chercher dans la haine du catholicisme, qui reste le fondement de la culture occidentale et qui n’a pas encore été suffisamment épuré. Le directeur de Libération, Joffrin, qui s’est laissé poussé une barbe pré-islamiste, vient de déclarer qu’il existe désormais, en France, « un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islamisme politique ». Nous voilà prévenus : ce domestique du pouvoir politico-médiatique dénonce chez autrui ce qu’il est lui-même : un intégriste de l’islamolâtrie survitaminée, donc un traître de la plus vile espèce, stipendié par des cartels islamo-capitalistes à dominante arabe, protestante et maçonnique. Ce pisse-haine avait, il y a quelques années – par quel accès de vice ou d’aveuglement ? – préfacé le livre de Léon Bloy sur Napoléon. La seule politique dont nous nous réclamons, nous autres catholiques, c’est justement celle de Bloy, qui pensait le monde sur deux plans, et ensemble : le social et le surnaturel, et qui vomissait les Joffrin, les Pigasse, les Bergé de son temps, comme il vomirait la clique de faisans castrés par la peur des mots qu’on appelle des écrivains et qui travaillent surtout à entériner l’idée que le progrès de l’humanité se trouve dans la libération des perversions sexuelles et dans les manipulations génétiques qui hausseront le transhumanisme au rang d’art post-contemporain.

                Que ceux qui en seraient effrayés se rassurent : l’insignifiant Jeff Koons vient d’offrir à la ville de Paris, en hommage aux victimes des attentats (islamistes), une sculpture de 33 tonnes et de 12 mètres de haut, qui sera sans doute installée dans l’espace compris entre le Musée d’Art moderne et le Palais de Tokyo. L’œuvre s’intitule « Bouquet of tulips », et se veut également un hommage à Boucher, Fragonard et Monet. Sa réalisation, aux frais de la ville de Paris, aura lieu en Allemagne, et coûtera 3,5 millions d’euros – lesquels n’iront donc pas aux « migrants ». Avec Koons, c’est non seulement la haine du sacré qui est à l’œuvre ; c’est surtout l’introduction du ludique dans le lacrymosa, et la prostitution permanente de l’art aux marchés financiers qui fabriquent des exilés en dénaturant les esprits des nations et la cohérence des peuples.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 20 novembre 2016)

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  • Europe de la défense, ou défense sans Europe ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du général Desportes, cueilli sur le site de Bruxelles 2 et consacré à l'échec de la construction d'une défense européenne... Le général Desportes est l'auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sur la guerre et la stratégie, tels que Comprendre la stratégie (Economica, 2001), Décider dans l'incertitude (Economica, 2004), La guerre probable (Economica, 2008), Le piège américain (Economica, 2011) ou dernièrement La dernière bataille de France - Lettre aux Français qui croient encore être défendus (Gallimard, 2015).

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    Europe de la défense, ou défense sans Europe

    Déciller les yeux

    Même aux plus aveugles, la réalité doit déciller les yeux : le monde a pris feu autour de nous et la guerre y est revenue en force. Au nord-est, avec l’Ukraine, à l’est avec l’incendie qui ravage le Moyen-Orient, au sud, en Libye, au Nigeria puis au Sahel jusqu’au Mali.

    Une seule évidence : contrairement à nos schémas parfois « simplistes » d’occidentaux chrétiens, le monde ne progresse pas de manière linaire du mal vers le bien. Le monde post-moderne est une utopie de nantis et notre perception du monde, née des rêves de San Francisco en octobre 1945, était une illusion du monde.

    Le retour de la guerre et de la force brute

    Il y a, et il y aura toujours des retours en arrière brutaux et nos manières de guerre devront pouvoir retrouver leurs caractéristiques les plus brutales lorsqu’aucun compromis n’est possible. Monsieur Poutine nous a rappelé que la force brute est un atout autant stratégique que tactique pour celui qui la possède et ne craint pas de s’en servir. Il nous a montré, en creux, que notre force, sans volonté, sans vision, n’avait rien à voir avec la puissance.

    A cela, s’ajoutent deux coups de semonce récents : le Brexit et l’élection de Donald Trump. Prenons-les pour ce qu’ils sont : de véritables opportunités à saisir mais, également, de nouvelles exigences, à court terme.

    Le fait est que : le monde a pris feu autour de l’Europe. L’Europe, et la France d’ailleurs, n’en tirent que des conclusions trop lentes et trop modestes quant au nécessaire renforcement de leur défense.

    L’Europe doit reconstruire l’esprit de défense

    Le problème de l’Europe est qu’elle a tué l’esprit de défense en même temps qu’elle a tué la guerre. Elle a retiré de l’esprit des jeunes générations d’Européens toute légitimité à la guerre comme outil de consolidation ou de défense d’un projet politique ; donc aussi, une grande part de légitimité aux dépenses de défense.

    Une Europe trop lente, trop modeste…

    Le grand problème de la défense européenne c’est qu’elle s’est fondée sur l’idée que la guerre était illégitime. Les processus européens freinent les progrès et empêchent, dans les faits, les interventions. L’Europe intervient moins vite que l’ONU ! Belle performance.

    Personne n’est venu aider la France dans sa phase offensive lorsqu’elle s’est engagée au Mali défendre la sécurité des Européens. La mission européenne de formation de l’armée malienne a été difficile à mettre sur pied. La constitution de l’EUFOR RCA (en Centrafrique) a relevé du feuilleton. Et la force n’a été constituée qu’avec un apport massif de la France d’une part et d’États non membres d’autre part.

    … et peu visible

    Dans la lutte contre l’État islamique — qui concerne pourtant tous les Européens —, l’Europe, en tant que telle, est absente et les Européens presque autant … de la même manière qu’en Afghanistan, l’Europe a conduit sa plus longue et sa plus massive opération sans jamais y exister. Plus que beaucoup d’autres, les Français ont été Européens, en matière militaire en particulier.

    Urgence à re-investir dans la défense

    La succession des désillusions nous contraint au réalisme. La première conclusion relève du principe de précaution. Allons vers l’Europe ! Mais arrêtons de nous départir des moyens nécessaires à l’exercice de nos responsabilités et à la protection de nos intérêts. L’Europe elle-même en a besoin pour que soient remplies les missions dont seules les armées françaises sont capables. Les réinvestissements rapides et massifs de l’État français et des États européens dans leur défense sont aujourd’hui d’une cruciale urgence.

    Construire une vision et des intérêts communs 

    Cependant, la défense ne peut être que la défense d’une vision partagée et d’intérêts stratégiques communs. Force est de constater que l’un et l’autre font défaut. Tant qu’il n’y aura pas de vision stratégique commune, d’intérêt stratégique commun, il n’y aura pas de défense commune car, dans chaque État membre, le sentiment de solidarité européen n’est pas assez fort pour imposer le risque politique national. Plus même, tant qu’il n’y aura pas de vision opérationnelle partagée, il n’y aura pas de forces mutualisées.

    Prenons l’exemple des équipements blindés. Quand l’Allemagne parle de blindés légers, elle pense à la classe 30 tonnes alors que la France rêve à des véhicules inférieurs à 10 tonnes

    Les interventions au sol : une prérogative qui reste nationale

    Pour longtemps encore, ne pourront être partagées que les capacités, aériennes et navales, dont l’engagement ne constitue justement pas un risque politique. Le « pooling and sharing » ne fonctionne que quand il n’y a pas de risque politique.

    [Pour les forces terrestres, c’est une autre question] L’intervention de troupes au sol est trop dangereuse pour dépasser les égoïsmes nationaux. Si nous voulons maîtriser notre action extérieure, nous devons augmenter les nôtres.

    On peut mutualiser des capacités mais pas des forces. Le temps n’est plus aux chimères dangereuses, au rêve longtemps caressé mais visiblement vain. Le temps est d’abord celui du retour à la dure réalité du monde et donc à celui de la restauration de nos capacités nationales de défense.

    Être réaliste : tout recommencer depuis le bas

    Aujourd’hui, il faut juste être réaliste. La démarche « bottom up » ne fonctionne pas : en soixante ans, l’accumulation de petits morceaux de défense européenne n’a jamais permis de créer la vision espérée. Il faut donc reprendre totalement la démarche, en repartant du bas, en exigeant la communauté de vues. Il faut cesser d’ériger l’argument de l’Europe de la défense comme excuse recevable pour la stagnation des budgets de défense.

    Le temps est ensuite au sacrifice de nos vaches sacrées, à la prise de conscience du paradoxe de la Reine Rouge de Lewis Carol. Cela fait soixante ans que le processus de construction de la défense européenne ne fonctionne pas, que dans un monde qui va très vite la politique des petits pas nous fait reculer. Cela fait soixante ans que nous touillons l’Europe de la défense, et il ne se passe rien.

    Ma grand-mère me disait : si au bout d’une demi-heure ta mayonnaise n’a pas pris, jette l’ensemble, reprend un nouvel œuf et de la moutarde nouvelle et mets toi sérieusement au travail. Cela relève désormais de l’urgence vitale

    Général de division Vincent Desportes, propos recueillis par Leonor Hubaut (Bruxelles 2, 28 novembre 2016)

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  • François Fillon, la droite munichoise...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de Politic Région et consacré à François Fillon, le candidat de la droite conservatrice et libérale aux élections présidentielles de 2017... Gabriel Robin est secrétaire général du Collectif Culture, Libertés et Création.

     

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    François Fillon, la droite munichoise

    « Ca n’est pas difficile de passer pour fort, va ; le tout est de ne pas se faire pincer en flagrant délit d’ignorance » Guy de Maupassant – Bel Ami
     
    « Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n’y a pas de peuple de gauche ou de peuple de droite, il n’y a qu’un peuple ». Georges Bernanos – Les grands cimetières sous la lune
     
    François Fillon sera donc le candidat de la droite aux élections présidentielles de 2017. Opposé en duel à Alain Juppé, il a confirmé la dynamique du premier tour en balayant son adversaire. Le maire de Bordeaux était une baudruche médiatique. Il aura néanmoins réussi à prouver une chose essentielle : l’électorat de droite n’aura plus jamais de complaisance pour les complices de l’islamisme ou les tièdes. Si nous verrons plus tard que François Fillon n’a rien du dur que les médias se plaisent à décrire, il est certain que sa victoire s’est construite en rejet du multiculturalisme qu’Alain Juppé portait en étendard. En effet, une majorité des électeurs de François Fillon ne l’ont pas plébiscité pour son programme mais parce qu’il était un antidote à un homme que beaucoup craignait n’être qu’un Hollande bis, en pire. Sans rien accomplir de particulièrement notable, le Sarthois a accumulé un capital sympathie inversement proportionnel à la défiance suscitée par la personnalité du candidat Juppé ; lequel déclarait en campagne que 200.000 immigrés légaux par an n’étaient pas de trop ! Bien sûr, François Fillon ne pipait mot, trop heureux de profiter de l’amnésie proverbiale de la France de droite. Il ne sait que trop bien qu’il fut, pendant cinq ans, sans jamais montrer un signe d’agacement, premier ministre du président Nicolas Sarkozy. Cinq années durant lesquelles l’immigration massive ne s’est pas seulement poursuivie, mais aggravée dans des proportions dramatiques. Alain Juppé a été détruit pas sa Némésis, Ali. Il ne put jamais se défaire de cette seconde peau aux odeurs méphitiques.  Clou du spectacle, quelques personnalités se sont chargées de donner une aura sulfureuse à ce brave Fillon qui n’en demandait pas tant. Alain Juppé a tenté, dans une manœuvre de panique, de diaboliser son adversaire, rapidement rejoint en ce sens par toute la gauchosphère. Et c’est ainsi que le très lisse et très consensuel Fillon est passé, en l’espace d’à peine quelque jours, du statut d’ancien collaborateur soumis de Nicolas Sarkozy à celui d’homme du renouveau de la droite française, incarnation vivante du pays réel. Divine surprise pour tous les concernés, à l’exception d’Alain Juppé qui, par orgueil, refusait d’accepter sa défaite.
     
    Les élections primaires de la droite ont obtenu l’effet escompté par leurs concepteurs : constituer un véritable premier tour de l’élection présidentielle, au mépris de nos institutions. En un sens, les héritiers autoproclamés du général de Gaulle ont accompli l’un de ses prophéties, choisissant « le plus inodore, le plus incolore, le plus insipide ». Du moins, jusqu'au soir du premier tour, avant qu’il ne soit transformé en monstre pour le plus grand plaisir des éditorialistes qui trouvaient un nouveau marronnier. Tous y sont allés de leurs doctes analyses, oubliant de préciser qu’aucun d’entre eux n’avait vu venir la surprise Fillon. J’ai même entendu une célèbre journaliste ressortir des placards la thèse des trois droites de René Rémond, expliquant avec le plus grand sérieux que François Fillon en réalisait la synthèse, y adjoignant une petite nouvelle appelée « droite hors les murs » … Si la proposition est fondamentalement inexacte, la thèse des trois droites étant inopérante en 2016, il est néanmoins à peu près certain que la victoire de François Fillon pourrait s’avérer être une offrande pour les professionnels de la politique qui vivent sur la bête. Avec François Fillon, les vieux débats entre caciques de « droite » et « gauche » seront de retour. Préparez-vous donc à revoir à la télévision ces pièces de théâtre bruyantes qui opposent stérilement des élus menant des politiques identiques depuis quarante ans. En effet, le programme économique et social de François Fillon est une véritable aubaine pour la gauche, jusque-là moribonde, de reconstituer un clivage que la réalité a grandement complexifié. Qui en tirera profit ? Manuel Valls ? Arnaud Montebourg ? François Hollande revenu de l’enfer ? Réponse en janvier. Pour l’instant, attachons-nous à dévoiler la vérité sur François Fillon. Qui se cache derrière cette lourde carapace de velours côtelé ? D’abord, un homme du passé. Par un étrange effet de circonstance, le Sarthois paraît n’avoir jamais été aux affaires alors qu’il hante la vie politique depuis la fin des années 1970. Au commencement était un mentor, Joël Le Theule. Il fut son assistant parlementaire avant d’atterrir, à ses côtés, au ministère de la Défense. Victime d’un malaise cardiaque en 1980, Joël Le Theule mourut en laissant à son fils spirituel une circonscription qui allait bientôt le porter à l’Assemblée nationale. Vous connaissez la suite… François Fillon, professionnel de la politique à vie, a toujours pu compter sur un mandat électif ou un ministère. Un temps proche de Philippe Séguin, il sut rapidement s’en détacher pour embrasser une vision qualifiée de plus libérale sur le plan économique, soutenant notamment Edouard Balladur aux élections présidentielles de 1995.
     
    François Fillon incarne une certaine vision de l’Etat, légèrement poussiéreuse et probablement anachronique. En 2005, il soutenait le projet de Traité constitutionnel européen, trahissant ses premières convictions au motif que le traité venait « combler les lacunes du Traité de Maastricht ». Depuis, il semble tout acquis à la cause d’une folle construction européenne, machine à broyer les identités nationales et les peuples. Homme du passé au lourd passif, il n’a jamais rien réalisé de notable hors ses années à Matignon, couronnées d’échecs divers et variés. Il convient d’ajouter à ce petit curriculum vitae, un caractère ambiguë qui a pu le conduire à trahir Nicolas Sarkozy, allant jusqu’à appeler François Hollande pour qu’il accélère les procédures judiciaires contre son ancien allié. Dans son parcours, rien ne laissait supposer que François Fillon incarnerait un jour une droite enracinée. Tout l’y oppose. En 2010, alors premier ministre, il marquait l’histoire de son empreinte en inaugurant la mosquée d’Argenteuil, fief de la Non France, aux côtés d’une fillette impubère coiffée d’un voile islamique. Nicolas Sarkozy lui-même s’en était moqué, comme le rapporte Patrick Buisson dans La Cause du Peuple… On a vu mieux comme champion du pays réel. D’ailleurs, disons-le tout net : comment un homme qui n’a rien fait pendant 40 ans, cautionnant toutes les politiques qui ont entrainé notre déclin, pourrait-il aujourd’hui défendre la France historique ? François Fillon fut toujours un Munichois. Les hommes ne changent jamais vraiment. Il ne croit pas en ce qu’il dit dans ses discours. Il lit et répète mécaniquement les arguments que lui fournissent ses chargés de communication. D’où les innombrables contradictions entre le François Fillon des élections primaires et ses précédentes incarnations. Avant de se convertir opportunément à Maurice Barrés, il était acquis au multiculturalisme le plus sournois, déclarant : « Quant aux minarets, qui sont d’ailleurs assez peu nombreux en France, je dis qu’ils doivent s’inscrire de façon harmonieuse et durable dans notre environnement urbain et social ». Sera-t-il, après Bernard Cazeneuve, le nouveau bâtisseur de mosquées-cathédrales que la France n’attend pas ? Au-delà de l’image de façade, que s’est patiemment construit François Fillon durant sa traversée du désert, reste un représentant classique d’une droite beaucoup plus apatride qu’attachée à notre identité profonde. Un côté de sa personnalité qui peut d’ailleurs revenir sans crier gare. Interrogé sur l’accueil des « migrants » clandestins, le candidat à l’élection présidentielle répondait qu’il les accueillerait avec plaisir dans sa ville de Sablé-sur-Sarthe s’il en était le maire. Peut-être pas dans son manoir de prestige mais c’est là une autre question…                                                        
     
    Ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino a déclaré au micro d’Europe 1, juste après le triomphe de François Fillon : « Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu'au bout. Avec un programme pareil, les classes populaires et les classes moyennes ne vont pas aller pour cette droite-là. Le programme de François Fillon, c'est une purge comme on n'en a jamais proposé depuis la Seconde Guerre mondiale. » Les mots sont durs, très durs. Mais pas infondés. Oui, le programme de François Fillon est une purge qui menace la cohésion sociale du pays. Une purge à contretemps. Une purge qui, de façon amusante, contredit son bilan de premier ministre qui a vu la France s’endetter de 600 milliards d’euros supplémentaires. En outre, si ce remède de cheval aurait pu être adapté à la France de 2005, d’avant les crises, il ne l’est plus. Le monde marche vers d’autres horizons, comme en témoignent les réformes entreprises par les conservateurs britanniques et le succès de Donald Trump. Coincé dans le siècle passé, François Fillon méprise les pistes d'avenir. Economie numérique ? Ré-industrialisation ? Fiscalité étouffante ? Rien du tout ! Un des rares constantes politiques de cet homme est son caractère farouchement antisocial, en dépit du vernis que lui procure encore sa proximité passée avec Philippe Séguin. Il a pratiqué de terribles coupes budgétaires dont ont été victimes les familles et les couples mariés. Depuis le premier mai 2008, les majorations de la caisse des allocations familiales à 11 et 16 ans ont été supprimées, provoquant une perte sèche de 600 euros par famille. Pareillement, il a orchestré la disparition de l’avantage fiscal pour les jeunes mariés. Personne ne s’étonnera donc du fait que le programme de François Fillon soit une véritable attaque en règle contre les classes moyennes. Sa réforme de la sécurité sociale a été pensée pour être supportée par les Français les plus productifs, ne remettant pourtant pas en question l’aide médicale d’Etat qui bénéficie aux étrangers. Plutôt que de s'attaquer à la gabegie qui menace les finances publiques, la droite préfère affaiblir l'Etat. Il en va probablement de la préservation de la paix sociale, le possédant ayant toujours eu besoin du lumpen-prolétariat pour maintenir son rang ... Quand John Redwood, membre conservateur du Parlement britannique, explique dans une tribune magistrale pour le Guardian que le temps de l’austérité est fini, ou que Stephen Moore, économiste de la Heritage Foundation et ancien plus proche conseiller de Ronald Reagan, explique que le Parti Républicain est devenu un parti populiste de la classe ouvrière, la droite apatride la plus bête du monde veut mettre en place une politique sortie des années 80 ! Les économies voulues par François Fillon seront réalisées sur le dos de la France des oubliés, silencieuse et laborieuse. Demain, toujours moins de policiers, d’enseignants, de médecins et de postes dans les zones rurales. François Fillon prétend défendre la ruralité ; mais laquelle ? Celle des chasses en Sologne ou celle des petits paysans ? La réponse est dans la question. Ses solutions s'adressent uniquement aux propriétaires, certainement pas aux entrepreneurs dont le monde lui est totalement étranger. Il n'est donc pas libéral, simplement capitaliste.
     
    François Fillon est un libre-échangiste acquis au globalisme le plus pur, sur le plan économique comme humain. Son programme n’en fait pas mystère. On peut notamment  y lire à la page 58 : « Disons-le clairement : c’est un leurre et une démagogie sans nom que de prétendre rétablir les frontières nationales ». Les frontières sont pourtant les limites qui nous protègent des prédations mondiales, tant financières que démographiques. Le candidat Fillon ne compte pas s’attaquer à l’immigration de peuplement autrement qu’en paroles. Il n’aura jamais la force de le faire et n’en éprouve pas le besoin, protégé de ses effets les plus désastreux. La préférence nationale, pourtant consubstantielle au principe républicain, est totalement absente de son programme. Logique pour quelqu'un qui n'en a jamais éprouvé le besoin, la nation étant le bien des humbles.
     
    J’espère que mes compatriotes ne seront pas dupes des manœuvres mensongères de cet homme. L’heure tourne. François Fillon ne sera pas la solution à nos maux. Au mieux, il fera office d’anesthésiant avant le grand chaos ou de récréation pour les éternels cocus. Version 2.0 de Nicolas Sarkozy, il ne se distingue de l'ancien président que dans la présentation. Plus conforme aux canons de la France traditionnelle, plus bourgeois bon teint. Ah, je vois déjà venir les frileux qui imaginent qu’il faut avoir occupé dix ministères pour administrer correctement les affaires de la nation… En temps de paix, peut-être. Mais nous sommes confrontés à des défis dont l’ampleur est inédite. Signer les accords de Munich ne nous protègera pas. 
     
    Demain, la France pourrait bien ne plus être la France. En votre âme et conscience, pensez-vous que François Fillon pourra donner l’électrochoc suffisant ? Il ne faut plus se déterminer selon des réflexes de classe, lesquels nous portent, selon nos éducations, vers la droite ou vers la gauche, mais selon des réflexes de survie. Il s’agit de notre souveraineté, de notre identité, de notre peuple et de sa prospérité future. Désormais, un seul clivage existe : la France éternelle et la France d’après. François Fillon a lutté pour la France d’après pendant quarante ans. Il continuera demain.
     
    Gabriel Robin (Politic région, 28 novembre 2016)
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  • Une nouvelle lutte des classes en Occident ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site Katehon et consacré à lutte qui sévit en Occident entre les "élites" dominantes et le petit peuple... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a notamment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) ou encore L'Homme défiguré (Apopsix, 2014).

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    Une nouvelle lutte des classes en Occident

    Pendant des années, la vie politique en Occident fut assez simple et se résumait principalement à un affrontement entre la droite et la gauche. Sociologiquement, la bourgeoisie et les personnes pourvues de fortune ou de revenus élevés étaient majoritairement de droite. Les personnes moins riches et notamment les ouvriers votaient à gauche.

    Certes, la droite et la gauche n’étaient pas homogènes. En France, on avait essentiellement deux droites et deux gauches. A droite, il y avait la bourgeoisie libérale et atlantiste, d’une part, et les classes moyennes patriotes mais aussi attachées aux libertés, les gaullistes. A gauche, il y avait les socialistes et les radicaux, mélangeant des éléments de libéralisme et de socialisme étatique. Il y avait aussi l’extrême gauche dont la force majeure était le parti communiste français.

    Ce paysage a été complètement bouleversé par trois phénomènes sociologiques majeurs, la globalisation de l’économie avec ses bénéficiaires et ses perdants, l’arrivée d’une immigration de masse de culture extra européenne, le développement d’une importante criminalité diversifiée lié à un déclin des valeurs et des institutions traditionnelles : la famille, l’église, les syndicats et partis politiques, le village du monde rural. Les institutions n’ont guère su s’adapter à la nouvelle situation et n’ont pas montré de force de résistance. Le tissu social s’est donc défait et déchiré. Il s’est défait parce que l’individualisme matérialiste et hédoniste est devenu une philosophie dominante. Il s’est déchiré car peu à peu les élites se sont coupées totalement du peuple, le dialogue devenant extrêmement difficile entre les deux nouvelles catégories montantes.

    Cette opposition a conduit à l’affrontement entre deux conceptions du monde, celle des jouisseurs privilégiés ( les élites dominantes) et celle des souffrants déracinés. (le petit peuple). L’axe gauche droite s’est inversé et les élites défendent désormais des idées « de gauche » issues de mai 68.

    1/ l’idéologie des jouisseurs privilégiés (les élites dominantes).

    Reprenant le schéma des quatre causes aristotéliciennes amendé par Heidegger, nous allons tenter de définir l’essence de l’idéologie des jouisseurs privilégiés par quatre pôles complémentaires : la cause matérielle de cette nouvelle classe sociale est indiscutablement le nomadisme. On est dans le cadre d’une idéologie cosmopolite : les hommes doivent être interchangeables pour le profit du système économique et l’attachement à un territoire est considéré comme un obstacle du passé à éradiquer. Les nouvelles élites vont donc diffamer toute attitude patriotique au nom de l’égalitarisme, de la non-discrimination (sauf par l’argent), de l’antiracisme, de la liberté illimitée d’aller et de venir par-delà les frontières.

    La cause formelle qui va déterminer l’orientation morale de la société est l’argent. L’argent est nomade, c’est le seul critère légitime de discrimination entre les hommes. L’argent va se retourner contre la famille. On est « childfree » (libre par rapport à la fonction parentale) car les enfants ne rapportent pas d’argent mais en coûtent. Le goût de l’argent va inciter à une criminalité croissante. Le sens de l’honneur et du sacrifice personnel est dévalorisé. Les vocations sacrificielles sont méprisées : le clergé et l’armée sont marginalisés car l’acquisition d’argent n’est pas au centre de leurs préoccupations. Le droit prend de l’importance car il convient de l’utiliser à des fins profitables. Le grand romancier russe Boulgakov choisit comme premier assistant du diable le juriste pervers qui transforme le mal en bien et vice versa. Le relativisme devient roi. Ce qui était autrefois considéré comme mal, la débauche illimitée, la désertion face à l’étranger, le mensonge utilisé par les commerçants comme par les politiques, deviennent des qualités : il faut « libérer » ses instincts de base gouvernés par le cerveau reptilien, il faut ne pas défendre sa patrie au nom du pacifisme et de l’amour de l’étranger, il faut masquer la vérité car elle n’est pas « politiquement correcte » et se méfier du peuple insuffisamment éclairé.

    Du côté de la cause finale, qui donne du sens à l’existence, on va se contenter de l’utilitarisme, faisant de l’autre un objet à exploiter, on va promouvoir la consommation de masse. Comme l’homme vulgaire du marchand de Venise de Shakespeare, on veut « ce que beaucoup d’hommes désirent » et l’or passe avant tout. On va combattre toute forme de spiritualité organisée socialement, qui risquerait de dériver en institutions contraignantes. On fait cela au nom de belles idées comme « la laïcité » : Lénine avait vu là une idée géniale pour dissoudre la société « bourgeoise ». Mais c’est la bourgeoisie qui la première s’est écartée des valeurs de la religion au profit du nouveau Dieu : Mammon, l’argent !

    Du côté de la cause efficiente, c’est-à-dire des hommes, l’idéologie des élites dominantes fait l’éloge de l’oligarchie, masquée sous le nom de la démocratie. Les oligarques considèrent que leurs privilèges de fortune ou de pouvoir sont justifiés par leurs mérites, comme le niais de Shakespeare dans le marchand de Venise. Le niais est suffisant et prétend à la fille du riche vénitien à cause de ses mérites. Il n’est pas question d’amour. Il n’est pas non plus question de se sacrifier à son pays. La première promotion de l’Ecole Nationale d’Administration s’appelait « France combattante ». Cela faisait allusion a combat de la libération face à l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, cet idéal n’est plus à la mode. Il faudrait plutôt parler de « carrière méritante ». Le mérite est révéré ce qui est l’aspect positif mais ce mérite a pour seul objectif la satisfaction de l’égo. Dostoïevski dans les frères Karamazov met en scène un personnage à la fois niais, intelligent et suffisant qui déclare :

    "Les crétins ont été mis sur terre pour être pillés et utilisés par les gens intelligents."

    C’est Rakitine, qui aujourd’hui aurait sans doute fait carrière de politicien dans les partis oligarchiques de droite ou de gauche.

    On obtient ainsi un « monde » de significations qui a sa cohérence propre et est fermé à toute autre vision.

    Le monde de l’idéologie des jouisseurs dominants :

    L’argent

    Utilitarisme de l’égo ← Idéologie des élites → oligarques

    Nomadisme

    Cette idéologie que l’on appelle souvent « le politiquement correct » permet aux dominants du moment de justifier leur domination et de dévaloriser les visions concurrentes. C’est la forme moderne du pharisaïsme auquel en son temps s’est heurté Jésus Christ.

    2/ L’idéologie des souffrants déracinés

    Les souffrants deviennent des dissidents face à l’idéologie des élites dominantes car leur souffrance leur fait voir l’évolution sociale d’une façon différente. Ils souffrent du déracinement provoqué par l’immigration, de l’insécurité face au crime mais aussi face au chômage. Ils souffrent de l’effondrement des valeurs traditionnelles qui donnaient du sens à leur existence. Dans le pire des cas, certains vont essayer de retrouver ce sens, dans une autre forme de crime : le terrorisme à prétexte religieux. Certains, de plus en plus nombreux, veulent résister au cancer social qui menace de submerger leur pays et leur civilisation : ce sont les résistants, qui souvent se regroupent dans les partis dit populistes et les associations identitaires.

    La cause matérielle qui fait apparaitre l’idéologie des souffrants est le déracinement. Les gens ont quitté leurs villages pour beaucoup pour des raisons économiques et s’entassent dans des banlieues sans âme. Le village avait sa cohérence civilisatrice avec son église, son école, sa mairie, son château, ses petits commerces et exploitations agricoles, son monument aux morts et son cimetière. Ce monde humain a peu à peu disparu. Dans les banlieues sans âme ni religion se sont entassés des millions d’étrangers, à la culture étrangère aux traditions européennes. Ces populations déracinées sont tombées pour une part dans la délinquance ou la criminalité. Les Français d’origine ont entretemps perdu une partie de leur identité : on ne leur a pas enseigné l’histoire du pays ni appris à l’aimer.

    La cause efficiente, les hommes est donc composée de victimes : victimes de la mondialisation et du chômage, victimes de l’insécurité, de la perte de l’environnement français habituel, victimes de l’immigration sur laquelle ils n’ont jamais été consultés. Ils s’aperçoivent que la démocratie a été confisquée : ils ne maitrisent plus rien et les puissants ne cessent de vouloir les culpabiliser. La culpabilisation est sociale (des pauvres types), morales (des racistes sans repentances), politiques (leurs choix sont diabolisés) culturelle (ils adhèrent à des valeurs du passé : la famille, leur condition d’homme ou de femme, leur nationalité, leur attachement à la morale des parents), économiques (ils ne sont pas « rentables » ou pas assez).

    La cause finale est sentie confusément : les souffrants voudraient conserver leur être, leur identité et le monde nouveau leur oppose les seules valeurs de l’avoir, et veut leur imposer des principes dictatoriaux soit disant au nom des droits de l‘homme. Comme l’a bien vu le philosophe Schiller a propos de la révolution française, les principes servent à détruire les sentiments humains. Le marxisme est mort mais son moule d’origine, le jacobinisme révolutionnaire est toujours vivant avec tout son sectarisme. C’est au nom des principes de la révolution française que l’on impose au peuple le carcan du politiquement correct. La liberté a été dévoyée par la vanité. L’égalité par la férocité (la guillotine physique ou morale) et la fraternité par la vénalité (fraternité entre « frères » de partis sur le dos du peuple).

    La cause formelle est alors l’esprit de résistance. Des clubs identitaires se forment, des partis populistes progressent de plus en plus. Certes, ils sont diabolisés, critiqués, calomniés. Ils ont aussi leurs défauts. Mais ils incarnent l’espoir d’un monde nouveau que les élites sont incapables de voir et de comprendre. Elles font appel à des experts pour tenter d’exorciser le mal. Mais ces experts, inconscients de leur rôle social de défense des jouisseurs privilégiés, ne sont que des charlatans.

    On a alors le schéma suivant :

    Esprit de résistance

    Conservation de l’être ← Idéologie des souffrants → victimes du système

    déracinement

     

    3/ Un fossé se construit et le dialogue semble impossible

    L’Occident est malade politiquement car ses bases sociologiques d’autrefois se sont effondrées. Il a produit lui-même cet effondrement, par sa pensée réductionniste ne voyant que le calcul économique et le droit, les deux alliés pour subordonner les souffrants et empêcher leur révolte. Mais les hommes ne sont pas que des « ressources humaines » (mot ignoble devenu courant dans les entreprises, évacuant le mot de « personnel » dans lequel il y avait encore des « personnes »). Les hommes ont une vie biologique, importante bien sûr, mais ils ont à la différence de l’animal une « existence » porteuse de sens. Or, l’existence de l’homme est tragique car il ne peut échapper à la mort. Mais il peut donner  à sa vie le sens d’une mission pour sa famille, sa patrie et son Dieu. Cela, l’idéologie des jouisseurs dominants ne permet pas de le comprendre. Les dirigeants sont desséchés et regardent les souffrants de haut. Leur intelligence se consacre à la technique, au calcul et au droit, non sans succès d’ailleurs. Mais le cœur leur manque. Marx l’avait prédit : la religion est le cœur d’un monde sans cœur. Le monde sans cœur est toujours là mais on lui a retiré son remède spirituel. Pas de cœur donc peu de courage, ce qui est dramatique dans un monde qui reste celui de la lutte, comme le nouveau terrorisme le montre.

    La société est divisée et le dialogue semble impossible. Dans les milieux bourgeois, on ne doit même pas parler de Trump ou du Front National. La haine sociale l’interdit : on est bien en présence d’une nouvelle lutte des classes. Pour sortir de cette situation, il faudrait une politique et des idées qui rassemblent : historiquement, cela a existé, cela s’appelle le patriotisme. La Russie de Poutine s’est engagée sur ce chemin, après de cruelles épreuves. Hâtons-nous de faire de même car le temps presse !

    Ivan Blot (Katehon, 26 novembre 2016)

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  • Quoi de neuf ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque l'actualité du moment...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

    Richard Millet Liban 2.jpg

     

     

    Quoi de neuf ?

    On croyait la bobosphère aplatie par l’élection de Trump comme un quartier d’Alep aux mains des islamo-rebelles ; mais non : elle reste aux mains des narcisso-rebelles de Saint-Germain-des-Prés, et s’agite beaucoup, en ce moment ; et non seulement pour singer les bobos américains qui ne se résignent pas à l’élection de Trump (dont on n’a pas assez dit que son succès repose en grande partie sur le fait qu’il s’est attaqué à la presse, dont le pouvoir est répugnant : j’en sais quelque chose), mais aussi pour « faire bouger » la vie politique française en mobilisant cette chimère à l’allure de zombie qu’est le « peuple de gauche ».

                Ainsi a-t-on entendu une « créatrice » parisienne (i.e. une couturière) déclarer qu’elle ne créerait pas de robes pour Melania Trump, comme elle le faisait pour Michelle Obama : cet accès de pruderie politico-opportuniste, typique de la clique « culturelle », relève bien sûr de la déclaration d’intention, non de l’action, puisque Mme Trump n’a sans doute rien demandé à cette couturière.

                Je me rappelle ces ex-maoïstes demeurés purs et durs, après leur voyage en Chine, et reconvertis dans le soutien à Mitterrand, au début des années 1980, déclarer qu’ils boycotteraient tous les acteurs qui soutenaient la droite… Les bobos d’aujourd’hui, eux, signent une pétition appelant à faire cesser le « Hollande bashing », tenant que l’action de Hollande, depuis quatre ans, a été remarquable, quoique discrète, et que se livrer au dénigrement de ce pauvre homme est dangereux pour la « démocratie » – ces bobos oubliant qu’ils se sont livrés pendant cinq années à un « Sarkozy bashing » autrement féroce, et que Hollande est indéfendable parce qu’il déshonore la France non seulement par sa nullité politique, mais parce qu’il est inculte et laid, donc indigne de représenter ce pays, en tout cas de se présenter de nouveau à la présidentielle – encore qu’il y puisse y avoir quelque chose de littérairement touchant dans ce suicide public.

                C’est dire la profondeur du « débat politique », et les enjeux que les candidats de droite pourraient bouleverser, si Hollande ratait son suicide. C’est dire ce qu’est devenue une démocratie que nous sommes nombreux à combattre, tant il est difficile, par exemple, de voir le gauchisme culturel, au nom de la « démocratie » menacée,  embrigader Deneuve et Binoche, qui ont su représenter excellemment la France mais qui déchoient, à nos yeux, en signant une pétition aux côtés de domestiques du pouvoir culturel : Laure Adler, Mazarine Pingeot, Benjamin Biolay, Denis Podalydès, Jean-Michel Ribes…

                Hollande n’a été en fin de compte élu que pour faire voter la loi sur le mariage homosexuel et son cortège d’abominations para-conjugales. Il est vrai que Mme Belkacem l’a beaucoup aidé aussi dans le pilonnage de l’enseignement public, qui est devenu un Alep pédagogique, côté « rebelles », bien sûr. Mme Belkacem, qui va bientôt publier ses souvenirs d’enfance, chouchou, vient de clamer la colère que lui inspire la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Celui-ci se présente contre le système bi-partiste qui bloque la vie politique française (laquelle, selon nous, est bloquée pour bien d’autres raisons, au premier rang desquelles la nature délétère de la démocratie même) ; ses ennemis, à gauche et à droite, le disent sans expérience, alors qu’il en a plus que Hollande lorsque ce dernier était arrivé à l’Élysée ; outre son expérience de la banque et du ministère de l’économie, il a été secrétaire général de l’Élysée : poste qui lui a permis de voir de tout près ce que c’est que le pouvoir : rouages, intrigues, vanités… Il a donc plus de légitimité que la crypto-socialiste Nathalie K. M. qui déclarait ne pas se soucier de la déchéance de la nationalité, du burkini, etc., c’est-à-dire de l’essentiel (« c’est pas mon truc ! », disait-elle en un élégant français sans doute venu d’un atelier de  « création » post-littéraire agréé par les publishers de la rive gauche).

                S’étonnera-t-on que les mêmes bobos, qui soutenaient « Tarnac » et Nuit debout, se soient rassis au point de pleurnicher sur le destin de Hollande ? Ce serait oublier qu’ils sont stipendiés par le régime, avec lequel leurs liens sont devenus inextricables, et leur pouvoir toujours plus efficace, puisqu’ils savent passer des larmes à l’invective, et de l’insulte au bannissement. Trotski, Beria et Mao ont été de bons maîtres ; et leur progéniture peut jeter au visage de ma fille cadette que je suis un écrivain d’« extrême droite » ; l’extrême gauche a encore de beaux jours devant elle, aux pays des « droits de l’homme ».

     

                « – Quoi de neuf en littérature ? » me demandait, hier soir, un ami peintre que je n’avais pas revu depuis un an.

                « Rien : il ne se passe plus rien, sauf dans la Revue littéraire où, entre autres choses, nous démontrons que le Système ne produit presque plus rien d’authentique… Et c’est cet effort critique qui me vaut d’être traité de facho par la clique médiatico-littéraire », ai-je répondu.

                On comprend mieux que les bobos pleureurs continuent à s’acharner sur ceux qui résistent au chant d’amour et de mort socialo-libéral.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 20 novembre 2016)

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  • Deux candidats à contretemps...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 24 novembre 2016 et consacrée aux deux candidats du deuxième tour de la primaire de la droite... Une analyse lucide qui ne cède pas à l'emballement médiatique !...

     

                                       

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