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Points de vue - Page 207

  • François Fillon, la droite munichoise...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur le site de Politic Région et consacré à François Fillon, le candidat de la droite conservatrice et libérale aux élections présidentielles de 2017... Gabriel Robin est secrétaire général du Collectif Culture, Libertés et Création.

     

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    François Fillon, la droite munichoise

    « Ca n’est pas difficile de passer pour fort, va ; le tout est de ne pas se faire pincer en flagrant délit d’ignorance » Guy de Maupassant – Bel Ami
     
    « Il y a une bourgeoisie de gauche et une bourgeoisie de droite. Il n’y a pas de peuple de gauche ou de peuple de droite, il n’y a qu’un peuple ». Georges Bernanos – Les grands cimetières sous la lune
     
    François Fillon sera donc le candidat de la droite aux élections présidentielles de 2017. Opposé en duel à Alain Juppé, il a confirmé la dynamique du premier tour en balayant son adversaire. Le maire de Bordeaux était une baudruche médiatique. Il aura néanmoins réussi à prouver une chose essentielle : l’électorat de droite n’aura plus jamais de complaisance pour les complices de l’islamisme ou les tièdes. Si nous verrons plus tard que François Fillon n’a rien du dur que les médias se plaisent à décrire, il est certain que sa victoire s’est construite en rejet du multiculturalisme qu’Alain Juppé portait en étendard. En effet, une majorité des électeurs de François Fillon ne l’ont pas plébiscité pour son programme mais parce qu’il était un antidote à un homme que beaucoup craignait n’être qu’un Hollande bis, en pire. Sans rien accomplir de particulièrement notable, le Sarthois a accumulé un capital sympathie inversement proportionnel à la défiance suscitée par la personnalité du candidat Juppé ; lequel déclarait en campagne que 200.000 immigrés légaux par an n’étaient pas de trop ! Bien sûr, François Fillon ne pipait mot, trop heureux de profiter de l’amnésie proverbiale de la France de droite. Il ne sait que trop bien qu’il fut, pendant cinq ans, sans jamais montrer un signe d’agacement, premier ministre du président Nicolas Sarkozy. Cinq années durant lesquelles l’immigration massive ne s’est pas seulement poursuivie, mais aggravée dans des proportions dramatiques. Alain Juppé a été détruit pas sa Némésis, Ali. Il ne put jamais se défaire de cette seconde peau aux odeurs méphitiques.  Clou du spectacle, quelques personnalités se sont chargées de donner une aura sulfureuse à ce brave Fillon qui n’en demandait pas tant. Alain Juppé a tenté, dans une manœuvre de panique, de diaboliser son adversaire, rapidement rejoint en ce sens par toute la gauchosphère. Et c’est ainsi que le très lisse et très consensuel Fillon est passé, en l’espace d’à peine quelque jours, du statut d’ancien collaborateur soumis de Nicolas Sarkozy à celui d’homme du renouveau de la droite française, incarnation vivante du pays réel. Divine surprise pour tous les concernés, à l’exception d’Alain Juppé qui, par orgueil, refusait d’accepter sa défaite.
     
    Les élections primaires de la droite ont obtenu l’effet escompté par leurs concepteurs : constituer un véritable premier tour de l’élection présidentielle, au mépris de nos institutions. En un sens, les héritiers autoproclamés du général de Gaulle ont accompli l’un de ses prophéties, choisissant « le plus inodore, le plus incolore, le plus insipide ». Du moins, jusqu'au soir du premier tour, avant qu’il ne soit transformé en monstre pour le plus grand plaisir des éditorialistes qui trouvaient un nouveau marronnier. Tous y sont allés de leurs doctes analyses, oubliant de préciser qu’aucun d’entre eux n’avait vu venir la surprise Fillon. J’ai même entendu une célèbre journaliste ressortir des placards la thèse des trois droites de René Rémond, expliquant avec le plus grand sérieux que François Fillon en réalisait la synthèse, y adjoignant une petite nouvelle appelée « droite hors les murs » … Si la proposition est fondamentalement inexacte, la thèse des trois droites étant inopérante en 2016, il est néanmoins à peu près certain que la victoire de François Fillon pourrait s’avérer être une offrande pour les professionnels de la politique qui vivent sur la bête. Avec François Fillon, les vieux débats entre caciques de « droite » et « gauche » seront de retour. Préparez-vous donc à revoir à la télévision ces pièces de théâtre bruyantes qui opposent stérilement des élus menant des politiques identiques depuis quarante ans. En effet, le programme économique et social de François Fillon est une véritable aubaine pour la gauche, jusque-là moribonde, de reconstituer un clivage que la réalité a grandement complexifié. Qui en tirera profit ? Manuel Valls ? Arnaud Montebourg ? François Hollande revenu de l’enfer ? Réponse en janvier. Pour l’instant, attachons-nous à dévoiler la vérité sur François Fillon. Qui se cache derrière cette lourde carapace de velours côtelé ? D’abord, un homme du passé. Par un étrange effet de circonstance, le Sarthois paraît n’avoir jamais été aux affaires alors qu’il hante la vie politique depuis la fin des années 1970. Au commencement était un mentor, Joël Le Theule. Il fut son assistant parlementaire avant d’atterrir, à ses côtés, au ministère de la Défense. Victime d’un malaise cardiaque en 1980, Joël Le Theule mourut en laissant à son fils spirituel une circonscription qui allait bientôt le porter à l’Assemblée nationale. Vous connaissez la suite… François Fillon, professionnel de la politique à vie, a toujours pu compter sur un mandat électif ou un ministère. Un temps proche de Philippe Séguin, il sut rapidement s’en détacher pour embrasser une vision qualifiée de plus libérale sur le plan économique, soutenant notamment Edouard Balladur aux élections présidentielles de 1995.
     
    François Fillon incarne une certaine vision de l’Etat, légèrement poussiéreuse et probablement anachronique. En 2005, il soutenait le projet de Traité constitutionnel européen, trahissant ses premières convictions au motif que le traité venait « combler les lacunes du Traité de Maastricht ». Depuis, il semble tout acquis à la cause d’une folle construction européenne, machine à broyer les identités nationales et les peuples. Homme du passé au lourd passif, il n’a jamais rien réalisé de notable hors ses années à Matignon, couronnées d’échecs divers et variés. Il convient d’ajouter à ce petit curriculum vitae, un caractère ambiguë qui a pu le conduire à trahir Nicolas Sarkozy, allant jusqu’à appeler François Hollande pour qu’il accélère les procédures judiciaires contre son ancien allié. Dans son parcours, rien ne laissait supposer que François Fillon incarnerait un jour une droite enracinée. Tout l’y oppose. En 2010, alors premier ministre, il marquait l’histoire de son empreinte en inaugurant la mosquée d’Argenteuil, fief de la Non France, aux côtés d’une fillette impubère coiffée d’un voile islamique. Nicolas Sarkozy lui-même s’en était moqué, comme le rapporte Patrick Buisson dans La Cause du Peuple… On a vu mieux comme champion du pays réel. D’ailleurs, disons-le tout net : comment un homme qui n’a rien fait pendant 40 ans, cautionnant toutes les politiques qui ont entrainé notre déclin, pourrait-il aujourd’hui défendre la France historique ? François Fillon fut toujours un Munichois. Les hommes ne changent jamais vraiment. Il ne croit pas en ce qu’il dit dans ses discours. Il lit et répète mécaniquement les arguments que lui fournissent ses chargés de communication. D’où les innombrables contradictions entre le François Fillon des élections primaires et ses précédentes incarnations. Avant de se convertir opportunément à Maurice Barrés, il était acquis au multiculturalisme le plus sournois, déclarant : « Quant aux minarets, qui sont d’ailleurs assez peu nombreux en France, je dis qu’ils doivent s’inscrire de façon harmonieuse et durable dans notre environnement urbain et social ». Sera-t-il, après Bernard Cazeneuve, le nouveau bâtisseur de mosquées-cathédrales que la France n’attend pas ? Au-delà de l’image de façade, que s’est patiemment construit François Fillon durant sa traversée du désert, reste un représentant classique d’une droite beaucoup plus apatride qu’attachée à notre identité profonde. Un côté de sa personnalité qui peut d’ailleurs revenir sans crier gare. Interrogé sur l’accueil des « migrants » clandestins, le candidat à l’élection présidentielle répondait qu’il les accueillerait avec plaisir dans sa ville de Sablé-sur-Sarthe s’il en était le maire. Peut-être pas dans son manoir de prestige mais c’est là une autre question…                                                        
     
    Ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino a déclaré au micro d’Europe 1, juste après le triomphe de François Fillon : « Ce programme, je le combattrai avec toute mon énergie, jusqu'au bout. Avec un programme pareil, les classes populaires et les classes moyennes ne vont pas aller pour cette droite-là. Le programme de François Fillon, c'est une purge comme on n'en a jamais proposé depuis la Seconde Guerre mondiale. » Les mots sont durs, très durs. Mais pas infondés. Oui, le programme de François Fillon est une purge qui menace la cohésion sociale du pays. Une purge à contretemps. Une purge qui, de façon amusante, contredit son bilan de premier ministre qui a vu la France s’endetter de 600 milliards d’euros supplémentaires. En outre, si ce remède de cheval aurait pu être adapté à la France de 2005, d’avant les crises, il ne l’est plus. Le monde marche vers d’autres horizons, comme en témoignent les réformes entreprises par les conservateurs britanniques et le succès de Donald Trump. Coincé dans le siècle passé, François Fillon méprise les pistes d'avenir. Economie numérique ? Ré-industrialisation ? Fiscalité étouffante ? Rien du tout ! Un des rares constantes politiques de cet homme est son caractère farouchement antisocial, en dépit du vernis que lui procure encore sa proximité passée avec Philippe Séguin. Il a pratiqué de terribles coupes budgétaires dont ont été victimes les familles et les couples mariés. Depuis le premier mai 2008, les majorations de la caisse des allocations familiales à 11 et 16 ans ont été supprimées, provoquant une perte sèche de 600 euros par famille. Pareillement, il a orchestré la disparition de l’avantage fiscal pour les jeunes mariés. Personne ne s’étonnera donc du fait que le programme de François Fillon soit une véritable attaque en règle contre les classes moyennes. Sa réforme de la sécurité sociale a été pensée pour être supportée par les Français les plus productifs, ne remettant pourtant pas en question l’aide médicale d’Etat qui bénéficie aux étrangers. Plutôt que de s'attaquer à la gabegie qui menace les finances publiques, la droite préfère affaiblir l'Etat. Il en va probablement de la préservation de la paix sociale, le possédant ayant toujours eu besoin du lumpen-prolétariat pour maintenir son rang ... Quand John Redwood, membre conservateur du Parlement britannique, explique dans une tribune magistrale pour le Guardian que le temps de l’austérité est fini, ou que Stephen Moore, économiste de la Heritage Foundation et ancien plus proche conseiller de Ronald Reagan, explique que le Parti Républicain est devenu un parti populiste de la classe ouvrière, la droite apatride la plus bête du monde veut mettre en place une politique sortie des années 80 ! Les économies voulues par François Fillon seront réalisées sur le dos de la France des oubliés, silencieuse et laborieuse. Demain, toujours moins de policiers, d’enseignants, de médecins et de postes dans les zones rurales. François Fillon prétend défendre la ruralité ; mais laquelle ? Celle des chasses en Sologne ou celle des petits paysans ? La réponse est dans la question. Ses solutions s'adressent uniquement aux propriétaires, certainement pas aux entrepreneurs dont le monde lui est totalement étranger. Il n'est donc pas libéral, simplement capitaliste.
     
    François Fillon est un libre-échangiste acquis au globalisme le plus pur, sur le plan économique comme humain. Son programme n’en fait pas mystère. On peut notamment  y lire à la page 58 : « Disons-le clairement : c’est un leurre et une démagogie sans nom que de prétendre rétablir les frontières nationales ». Les frontières sont pourtant les limites qui nous protègent des prédations mondiales, tant financières que démographiques. Le candidat Fillon ne compte pas s’attaquer à l’immigration de peuplement autrement qu’en paroles. Il n’aura jamais la force de le faire et n’en éprouve pas le besoin, protégé de ses effets les plus désastreux. La préférence nationale, pourtant consubstantielle au principe républicain, est totalement absente de son programme. Logique pour quelqu'un qui n'en a jamais éprouvé le besoin, la nation étant le bien des humbles.
     
    J’espère que mes compatriotes ne seront pas dupes des manœuvres mensongères de cet homme. L’heure tourne. François Fillon ne sera pas la solution à nos maux. Au mieux, il fera office d’anesthésiant avant le grand chaos ou de récréation pour les éternels cocus. Version 2.0 de Nicolas Sarkozy, il ne se distingue de l'ancien président que dans la présentation. Plus conforme aux canons de la France traditionnelle, plus bourgeois bon teint. Ah, je vois déjà venir les frileux qui imaginent qu’il faut avoir occupé dix ministères pour administrer correctement les affaires de la nation… En temps de paix, peut-être. Mais nous sommes confrontés à des défis dont l’ampleur est inédite. Signer les accords de Munich ne nous protègera pas. 
     
    Demain, la France pourrait bien ne plus être la France. En votre âme et conscience, pensez-vous que François Fillon pourra donner l’électrochoc suffisant ? Il ne faut plus se déterminer selon des réflexes de classe, lesquels nous portent, selon nos éducations, vers la droite ou vers la gauche, mais selon des réflexes de survie. Il s’agit de notre souveraineté, de notre identité, de notre peuple et de sa prospérité future. Désormais, un seul clivage existe : la France éternelle et la France d’après. François Fillon a lutté pour la France d’après pendant quarante ans. Il continuera demain.
     
    Gabriel Robin (Politic région, 28 novembre 2016)
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  • Une nouvelle lutte des classes en Occident ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Ivan Blot, cueilli sur le site Katehon et consacré à lutte qui sévit en Occident entre les "élites" dominantes et le petit peuple... Ancien député européen, président de l'association "Démocratie directe", Ivan Blot a notamment publié L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011), La démocratie directe (Economica, 2012),  Les faux prophètes (Apopsix, 2013), Nous les descendant d'Athéna (Apopsix, 2014) ou encore L'Homme défiguré (Apopsix, 2014).

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    Une nouvelle lutte des classes en Occident

    Pendant des années, la vie politique en Occident fut assez simple et se résumait principalement à un affrontement entre la droite et la gauche. Sociologiquement, la bourgeoisie et les personnes pourvues de fortune ou de revenus élevés étaient majoritairement de droite. Les personnes moins riches et notamment les ouvriers votaient à gauche.

    Certes, la droite et la gauche n’étaient pas homogènes. En France, on avait essentiellement deux droites et deux gauches. A droite, il y avait la bourgeoisie libérale et atlantiste, d’une part, et les classes moyennes patriotes mais aussi attachées aux libertés, les gaullistes. A gauche, il y avait les socialistes et les radicaux, mélangeant des éléments de libéralisme et de socialisme étatique. Il y avait aussi l’extrême gauche dont la force majeure était le parti communiste français.

    Ce paysage a été complètement bouleversé par trois phénomènes sociologiques majeurs, la globalisation de l’économie avec ses bénéficiaires et ses perdants, l’arrivée d’une immigration de masse de culture extra européenne, le développement d’une importante criminalité diversifiée lié à un déclin des valeurs et des institutions traditionnelles : la famille, l’église, les syndicats et partis politiques, le village du monde rural. Les institutions n’ont guère su s’adapter à la nouvelle situation et n’ont pas montré de force de résistance. Le tissu social s’est donc défait et déchiré. Il s’est défait parce que l’individualisme matérialiste et hédoniste est devenu une philosophie dominante. Il s’est déchiré car peu à peu les élites se sont coupées totalement du peuple, le dialogue devenant extrêmement difficile entre les deux nouvelles catégories montantes.

    Cette opposition a conduit à l’affrontement entre deux conceptions du monde, celle des jouisseurs privilégiés ( les élites dominantes) et celle des souffrants déracinés. (le petit peuple). L’axe gauche droite s’est inversé et les élites défendent désormais des idées « de gauche » issues de mai 68.

    1/ l’idéologie des jouisseurs privilégiés (les élites dominantes).

    Reprenant le schéma des quatre causes aristotéliciennes amendé par Heidegger, nous allons tenter de définir l’essence de l’idéologie des jouisseurs privilégiés par quatre pôles complémentaires : la cause matérielle de cette nouvelle classe sociale est indiscutablement le nomadisme. On est dans le cadre d’une idéologie cosmopolite : les hommes doivent être interchangeables pour le profit du système économique et l’attachement à un territoire est considéré comme un obstacle du passé à éradiquer. Les nouvelles élites vont donc diffamer toute attitude patriotique au nom de l’égalitarisme, de la non-discrimination (sauf par l’argent), de l’antiracisme, de la liberté illimitée d’aller et de venir par-delà les frontières.

    La cause formelle qui va déterminer l’orientation morale de la société est l’argent. L’argent est nomade, c’est le seul critère légitime de discrimination entre les hommes. L’argent va se retourner contre la famille. On est « childfree » (libre par rapport à la fonction parentale) car les enfants ne rapportent pas d’argent mais en coûtent. Le goût de l’argent va inciter à une criminalité croissante. Le sens de l’honneur et du sacrifice personnel est dévalorisé. Les vocations sacrificielles sont méprisées : le clergé et l’armée sont marginalisés car l’acquisition d’argent n’est pas au centre de leurs préoccupations. Le droit prend de l’importance car il convient de l’utiliser à des fins profitables. Le grand romancier russe Boulgakov choisit comme premier assistant du diable le juriste pervers qui transforme le mal en bien et vice versa. Le relativisme devient roi. Ce qui était autrefois considéré comme mal, la débauche illimitée, la désertion face à l’étranger, le mensonge utilisé par les commerçants comme par les politiques, deviennent des qualités : il faut « libérer » ses instincts de base gouvernés par le cerveau reptilien, il faut ne pas défendre sa patrie au nom du pacifisme et de l’amour de l’étranger, il faut masquer la vérité car elle n’est pas « politiquement correcte » et se méfier du peuple insuffisamment éclairé.

    Du côté de la cause finale, qui donne du sens à l’existence, on va se contenter de l’utilitarisme, faisant de l’autre un objet à exploiter, on va promouvoir la consommation de masse. Comme l’homme vulgaire du marchand de Venise de Shakespeare, on veut « ce que beaucoup d’hommes désirent » et l’or passe avant tout. On va combattre toute forme de spiritualité organisée socialement, qui risquerait de dériver en institutions contraignantes. On fait cela au nom de belles idées comme « la laïcité » : Lénine avait vu là une idée géniale pour dissoudre la société « bourgeoise ». Mais c’est la bourgeoisie qui la première s’est écartée des valeurs de la religion au profit du nouveau Dieu : Mammon, l’argent !

    Du côté de la cause efficiente, c’est-à-dire des hommes, l’idéologie des élites dominantes fait l’éloge de l’oligarchie, masquée sous le nom de la démocratie. Les oligarques considèrent que leurs privilèges de fortune ou de pouvoir sont justifiés par leurs mérites, comme le niais de Shakespeare dans le marchand de Venise. Le niais est suffisant et prétend à la fille du riche vénitien à cause de ses mérites. Il n’est pas question d’amour. Il n’est pas non plus question de se sacrifier à son pays. La première promotion de l’Ecole Nationale d’Administration s’appelait « France combattante ». Cela faisait allusion a combat de la libération face à l’Allemagne nazie. Aujourd’hui, cet idéal n’est plus à la mode. Il faudrait plutôt parler de « carrière méritante ». Le mérite est révéré ce qui est l’aspect positif mais ce mérite a pour seul objectif la satisfaction de l’égo. Dostoïevski dans les frères Karamazov met en scène un personnage à la fois niais, intelligent et suffisant qui déclare :

    "Les crétins ont été mis sur terre pour être pillés et utilisés par les gens intelligents."

    C’est Rakitine, qui aujourd’hui aurait sans doute fait carrière de politicien dans les partis oligarchiques de droite ou de gauche.

    On obtient ainsi un « monde » de significations qui a sa cohérence propre et est fermé à toute autre vision.

    Le monde de l’idéologie des jouisseurs dominants :

    L’argent

    Utilitarisme de l’égo ← Idéologie des élites → oligarques

    Nomadisme

    Cette idéologie que l’on appelle souvent « le politiquement correct » permet aux dominants du moment de justifier leur domination et de dévaloriser les visions concurrentes. C’est la forme moderne du pharisaïsme auquel en son temps s’est heurté Jésus Christ.

    2/ L’idéologie des souffrants déracinés

    Les souffrants deviennent des dissidents face à l’idéologie des élites dominantes car leur souffrance leur fait voir l’évolution sociale d’une façon différente. Ils souffrent du déracinement provoqué par l’immigration, de l’insécurité face au crime mais aussi face au chômage. Ils souffrent de l’effondrement des valeurs traditionnelles qui donnaient du sens à leur existence. Dans le pire des cas, certains vont essayer de retrouver ce sens, dans une autre forme de crime : le terrorisme à prétexte religieux. Certains, de plus en plus nombreux, veulent résister au cancer social qui menace de submerger leur pays et leur civilisation : ce sont les résistants, qui souvent se regroupent dans les partis dit populistes et les associations identitaires.

    La cause matérielle qui fait apparaitre l’idéologie des souffrants est le déracinement. Les gens ont quitté leurs villages pour beaucoup pour des raisons économiques et s’entassent dans des banlieues sans âme. Le village avait sa cohérence civilisatrice avec son église, son école, sa mairie, son château, ses petits commerces et exploitations agricoles, son monument aux morts et son cimetière. Ce monde humain a peu à peu disparu. Dans les banlieues sans âme ni religion se sont entassés des millions d’étrangers, à la culture étrangère aux traditions européennes. Ces populations déracinées sont tombées pour une part dans la délinquance ou la criminalité. Les Français d’origine ont entretemps perdu une partie de leur identité : on ne leur a pas enseigné l’histoire du pays ni appris à l’aimer.

    La cause efficiente, les hommes est donc composée de victimes : victimes de la mondialisation et du chômage, victimes de l’insécurité, de la perte de l’environnement français habituel, victimes de l’immigration sur laquelle ils n’ont jamais été consultés. Ils s’aperçoivent que la démocratie a été confisquée : ils ne maitrisent plus rien et les puissants ne cessent de vouloir les culpabiliser. La culpabilisation est sociale (des pauvres types), morales (des racistes sans repentances), politiques (leurs choix sont diabolisés) culturelle (ils adhèrent à des valeurs du passé : la famille, leur condition d’homme ou de femme, leur nationalité, leur attachement à la morale des parents), économiques (ils ne sont pas « rentables » ou pas assez).

    La cause finale est sentie confusément : les souffrants voudraient conserver leur être, leur identité et le monde nouveau leur oppose les seules valeurs de l’avoir, et veut leur imposer des principes dictatoriaux soit disant au nom des droits de l‘homme. Comme l’a bien vu le philosophe Schiller a propos de la révolution française, les principes servent à détruire les sentiments humains. Le marxisme est mort mais son moule d’origine, le jacobinisme révolutionnaire est toujours vivant avec tout son sectarisme. C’est au nom des principes de la révolution française que l’on impose au peuple le carcan du politiquement correct. La liberté a été dévoyée par la vanité. L’égalité par la férocité (la guillotine physique ou morale) et la fraternité par la vénalité (fraternité entre « frères » de partis sur le dos du peuple).

    La cause formelle est alors l’esprit de résistance. Des clubs identitaires se forment, des partis populistes progressent de plus en plus. Certes, ils sont diabolisés, critiqués, calomniés. Ils ont aussi leurs défauts. Mais ils incarnent l’espoir d’un monde nouveau que les élites sont incapables de voir et de comprendre. Elles font appel à des experts pour tenter d’exorciser le mal. Mais ces experts, inconscients de leur rôle social de défense des jouisseurs privilégiés, ne sont que des charlatans.

    On a alors le schéma suivant :

    Esprit de résistance

    Conservation de l’être ← Idéologie des souffrants → victimes du système

    déracinement

     

    3/ Un fossé se construit et le dialogue semble impossible

    L’Occident est malade politiquement car ses bases sociologiques d’autrefois se sont effondrées. Il a produit lui-même cet effondrement, par sa pensée réductionniste ne voyant que le calcul économique et le droit, les deux alliés pour subordonner les souffrants et empêcher leur révolte. Mais les hommes ne sont pas que des « ressources humaines » (mot ignoble devenu courant dans les entreprises, évacuant le mot de « personnel » dans lequel il y avait encore des « personnes »). Les hommes ont une vie biologique, importante bien sûr, mais ils ont à la différence de l’animal une « existence » porteuse de sens. Or, l’existence de l’homme est tragique car il ne peut échapper à la mort. Mais il peut donner  à sa vie le sens d’une mission pour sa famille, sa patrie et son Dieu. Cela, l’idéologie des jouisseurs dominants ne permet pas de le comprendre. Les dirigeants sont desséchés et regardent les souffrants de haut. Leur intelligence se consacre à la technique, au calcul et au droit, non sans succès d’ailleurs. Mais le cœur leur manque. Marx l’avait prédit : la religion est le cœur d’un monde sans cœur. Le monde sans cœur est toujours là mais on lui a retiré son remède spirituel. Pas de cœur donc peu de courage, ce qui est dramatique dans un monde qui reste celui de la lutte, comme le nouveau terrorisme le montre.

    La société est divisée et le dialogue semble impossible. Dans les milieux bourgeois, on ne doit même pas parler de Trump ou du Front National. La haine sociale l’interdit : on est bien en présence d’une nouvelle lutte des classes. Pour sortir de cette situation, il faudrait une politique et des idées qui rassemblent : historiquement, cela a existé, cela s’appelle le patriotisme. La Russie de Poutine s’est engagée sur ce chemin, après de cruelles épreuves. Hâtons-nous de faire de même car le temps presse !

    Ivan Blot (Katehon, 26 novembre 2016)

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  • Quoi de neuf ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il évoque l'actualité du moment...

    Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Quoi de neuf ?

    On croyait la bobosphère aplatie par l’élection de Trump comme un quartier d’Alep aux mains des islamo-rebelles ; mais non : elle reste aux mains des narcisso-rebelles de Saint-Germain-des-Prés, et s’agite beaucoup, en ce moment ; et non seulement pour singer les bobos américains qui ne se résignent pas à l’élection de Trump (dont on n’a pas assez dit que son succès repose en grande partie sur le fait qu’il s’est attaqué à la presse, dont le pouvoir est répugnant : j’en sais quelque chose), mais aussi pour « faire bouger » la vie politique française en mobilisant cette chimère à l’allure de zombie qu’est le « peuple de gauche ».

                Ainsi a-t-on entendu une « créatrice » parisienne (i.e. une couturière) déclarer qu’elle ne créerait pas de robes pour Melania Trump, comme elle le faisait pour Michelle Obama : cet accès de pruderie politico-opportuniste, typique de la clique « culturelle », relève bien sûr de la déclaration d’intention, non de l’action, puisque Mme Trump n’a sans doute rien demandé à cette couturière.

                Je me rappelle ces ex-maoïstes demeurés purs et durs, après leur voyage en Chine, et reconvertis dans le soutien à Mitterrand, au début des années 1980, déclarer qu’ils boycotteraient tous les acteurs qui soutenaient la droite… Les bobos d’aujourd’hui, eux, signent une pétition appelant à faire cesser le « Hollande bashing », tenant que l’action de Hollande, depuis quatre ans, a été remarquable, quoique discrète, et que se livrer au dénigrement de ce pauvre homme est dangereux pour la « démocratie » – ces bobos oubliant qu’ils se sont livrés pendant cinq années à un « Sarkozy bashing » autrement féroce, et que Hollande est indéfendable parce qu’il déshonore la France non seulement par sa nullité politique, mais parce qu’il est inculte et laid, donc indigne de représenter ce pays, en tout cas de se présenter de nouveau à la présidentielle – encore qu’il y puisse y avoir quelque chose de littérairement touchant dans ce suicide public.

                C’est dire la profondeur du « débat politique », et les enjeux que les candidats de droite pourraient bouleverser, si Hollande ratait son suicide. C’est dire ce qu’est devenue une démocratie que nous sommes nombreux à combattre, tant il est difficile, par exemple, de voir le gauchisme culturel, au nom de la « démocratie » menacée,  embrigader Deneuve et Binoche, qui ont su représenter excellemment la France mais qui déchoient, à nos yeux, en signant une pétition aux côtés de domestiques du pouvoir culturel : Laure Adler, Mazarine Pingeot, Benjamin Biolay, Denis Podalydès, Jean-Michel Ribes…

                Hollande n’a été en fin de compte élu que pour faire voter la loi sur le mariage homosexuel et son cortège d’abominations para-conjugales. Il est vrai que Mme Belkacem l’a beaucoup aidé aussi dans le pilonnage de l’enseignement public, qui est devenu un Alep pédagogique, côté « rebelles », bien sûr. Mme Belkacem, qui va bientôt publier ses souvenirs d’enfance, chouchou, vient de clamer la colère que lui inspire la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle. Celui-ci se présente contre le système bi-partiste qui bloque la vie politique française (laquelle, selon nous, est bloquée pour bien d’autres raisons, au premier rang desquelles la nature délétère de la démocratie même) ; ses ennemis, à gauche et à droite, le disent sans expérience, alors qu’il en a plus que Hollande lorsque ce dernier était arrivé à l’Élysée ; outre son expérience de la banque et du ministère de l’économie, il a été secrétaire général de l’Élysée : poste qui lui a permis de voir de tout près ce que c’est que le pouvoir : rouages, intrigues, vanités… Il a donc plus de légitimité que la crypto-socialiste Nathalie K. M. qui déclarait ne pas se soucier de la déchéance de la nationalité, du burkini, etc., c’est-à-dire de l’essentiel (« c’est pas mon truc ! », disait-elle en un élégant français sans doute venu d’un atelier de  « création » post-littéraire agréé par les publishers de la rive gauche).

                S’étonnera-t-on que les mêmes bobos, qui soutenaient « Tarnac » et Nuit debout, se soient rassis au point de pleurnicher sur le destin de Hollande ? Ce serait oublier qu’ils sont stipendiés par le régime, avec lequel leurs liens sont devenus inextricables, et leur pouvoir toujours plus efficace, puisqu’ils savent passer des larmes à l’invective, et de l’insulte au bannissement. Trotski, Beria et Mao ont été de bons maîtres ; et leur progéniture peut jeter au visage de ma fille cadette que je suis un écrivain d’« extrême droite » ; l’extrême gauche a encore de beaux jours devant elle, aux pays des « droits de l’homme ».

     

                « – Quoi de neuf en littérature ? » me demandait, hier soir, un ami peintre que je n’avais pas revu depuis un an.

                « Rien : il ne se passe plus rien, sauf dans la Revue littéraire où, entre autres choses, nous démontrons que le Système ne produit presque plus rien d’authentique… Et c’est cet effort critique qui me vaut d’être traité de facho par la clique médiatico-littéraire », ai-je répondu.

                On comprend mieux que les bobos pleureurs continuent à s’acharner sur ceux qui résistent au chant d’amour et de mort socialo-libéral.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 20 novembre 2016)

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  • Deux candidats à contretemps...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous la chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 24 novembre 2016 et consacrée aux deux candidats du deuxième tour de la primaire de la droite... Une analyse lucide qui ne cède pas à l'emballement médiatique !...

     

                                       

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  • Vers un monde nouveau ?...

    Nous reproduisons ci-dessous le dernier éditorial de Slobodan Despot dans la Lettre Antipresse. Ecrivain et éditeur, Slobodan Despot est notamment l'auteur de recueils de chroniques mordantes comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015) ainsi que d'un superbe petit roman intitulé Le miel.

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    Vers un monde nouveau

    Nous ne mesurons pas encore les répercussions de l’élection américaine. Il nous faudra pour cela des années. L’événement politique est l’arbre qui masque une forêt où plus un seul buisson n’est ce qu’il paraissait jusqu’à ce jour.

    Pour ce qui nous concerne en général…

    Ce qui, pour nous en Europe et dans le reste du monde, compte en premier lieu, c’est l’abandon par Trump de la désastreuse mission de « croisade du Bien » globale assignée voici 99 ans aux États-Unis par Woodrow Wilson, qui a fini non seulement par mettre le monde à feu et à sang, mais encore par amener les Américains eux-mêmes au bord de la misère. C’est donc, dans l’immédiat, l’éloignement probable d’une escalade militaire qui nous menait tout droit à la guerre nucléaire (et la nomination du général dissident Mike Flynn, ancien responsable du renseignement militaire, comme conseiller à la Défense, nous conforte dans ce soulagement).

    La deuxième conséquence est le discrédit sans reste de tout notre système d’information officiel qui ne s’est pas contenté de ne pas voir venir l’actuel président, mais qui, de plus, a tout fait pour nous persuader qu’un tel hurluberlu n’avait même pas une chance de se trouver un coiffeur.

    On ne juge que les perdants. Le filet du cerveaulavage était si étendu, si dense, qu’on l’a décrit sans trop d’exagération comme la Matrix du film éponyme. Il impliquait toute la panoplie des services, allant du renseignement à l’humanitaire (voir à ce propos l’article d’Éric Werner sur Snowden dans ce même numéro). Plus il s’éloignait de la réalité vécue, plus il lui fallait resserrer les mailles, colmater les interstices, éliminer les dissonances. Tout ceci ne pouvait passer qu’à un prix : le succès. Aujourd’hui, la mécanique est mise à nu comme le dispositif d’un illusionniste foireux.

    La troisième conséquence, qui dérive de la précédente, est qu’il sera infiniment plus difficile désormais pour le pouvoir de façonner les opinions publiques et d’orienter les votes dans le « bon » sens. A la suite du peuple américain, les Européens se sentiront libres de s’asseoir sur les consignes de vote de leurs laveurs de cerveaux. Nul ne sait désormais quand ni où le prochain diable jaillira de la boîte. Ce qu’on peut prédire, c’est que gouverner l’Europe par l’intimidation morale qui était de rigueur jusqu’ici va devenir très compliqué.

    Par là même, l’alliance de l’ultralibéralisme le plus cynique avec le moralisme le plus mièvre a cessé de fonctionner. Le truc ne marche plus. Il faudra trouver autre chose. Mais comment, quand on ne vous croit plus ? Le viol est l’avenir des séducteurs éventés.

    …et en particulier…

    Quant à nous, ce coup de théâtre constitue une confirmation éclatante du diagnostic qui a présidé au lancement de l’Antipresse. Voici ce que nous écrivions dans notre manifeste, il y a exactement une année :

    L’Antipresse est née de notre sentiment d’étouffement et de désarroi face à l’appauvrissement constant de l’information des médias de grand public, au relâchement de leur langue et de leur style, à leur incohérence intellectuelle, à leur parti pris devenu structurel, à leur éloignement préoccupant de la réalité vécue par la plupart des gens.

    Au cours de l’année écoulée, et sur le sujet le plus important de l’actualité mondiale, les médias de grand chemin ont essayé de créer une illusion hypnotique en escamotant des faits déterminants et en en grossissant d’autres.

    Parmi les escamotages, pêle-mêle, le fait que le président Obama a créé plus de dettes que tous ses prédécesseurs réunis (21 billards), que la classe laborieuse américaine était plongée dans la paupérisation, qu’une moitié des jeunes de 25 ans y vivaient encore chez leurs parents, chiffre pratiquement soviétique. Ces chiffres pouvaient expliquer le vote Trump de manière statistiquement bien plus probante que les accusations de machisme ou de suprématisme blanc. Mais la diversion sur les questions ethniques et sexistes fait partie des procédés d’enfumage ordinaires des médias de grand chemin.

    Plus que jamais, le désenfumage s’avère une mission vitale. Notre attitude élitaire et antiélitiste, populaire et antipopuliste demeure, j’en suis convaincu, la seule stratégie possible contre l’empire de la bêtise.

    …mais surtout…

    Mais surtout, ce coup d’arrêt à l’expansion impériale nous fait redécouvrir un continent inconnu : le peuple américain. Par réflexe de pensée, les intérêts de l’Empire étaient identifiés à ceux des Américains eux-mêmes. La désolation dont témoigne le vote Trump nous révèle une Amérique qui souffre autant et plus des délocalisations et de la course globale à l’esclavage qu’implique le mondialisme ultralibéral. Avec le diable Trump, c’est tout le peuple américain qui resurgit de la boîte, celui du labeur biblique, de l’abnégation et de l’héroïsme quotidien. Il nous est de nouveau permis d’aimer l’Amérique sans servir la soupe à ses fossoyeurs qui sont aussi les nôtres. Le plébiscite du soi-disant repli américain a en réalité ouvert ce pays au monde. D’un seul coup, les tenants du progrès sont devenus les ringards de l’histoire.

    Personnellement, le soulagement est de même nature qu’il y a vingt-cinq ans, lorsque la Russie, exsangue et défigurée, a surgi des décombres de l’URSS. Ce peuple, qui jusqu’à la veille portait le masque repoussant de l’homo sovieticus, avait retrouvé son visage humain. Ni beau ni laid : simplement humain et non mécanique.

    Le jour même où la Russie s’est réveillée de sa longue hypnose marxiste, des armées de commissaires politiques et de professeurs de matérialisme dialectique ont perdu leurs postes de mandarins et ont dû retourner à la vie réelle. Le même sort attend nos oulémas du politiquement correct, nos policiers de la terreur minoritaire et nos théoriciens du syndrome de Stockholm à l’égard de l’islam. Imaginer leur retour à la vie réelle est un plaisir de fin gourmet.

    Slobodan Despot (Lettre Antipresse N° 51, 20 novembre 2016)

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  • La gauchosphère : fantasme ou réalité ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gabriel Robin, cueilli sur Politic Région et consacré à la "gauchosphère"... Gabriel Robin est secrétaire général du Collectif Culture, Libertés et Création.

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    La gauchosphère : fantasme ou réalité ?

    « Si vous ne voulez pas qu’un homme se rende malheureux avec la politique, n’allez pas lui casser la tête en lui proposant deux points de vue ; proposez-lui-en un seul. Mieux encore : ne lui en proposez aucun » Ray Bradbury – Fahrenheit 451
     
    Dans un ouvrage dont la promotion fut largement médiatisée, David Doucet et Dominique Albertini tentent de donner une cohérence à une nébuleuse aussi hétéroclite que désargentée : la « fachosphère ». Si le langage est la « maison de l’être », ce qui ne se nomme pas ne peut pas exister. En baptisant du même nom des médias et des personnalités, qui n’avaient pourtant rien en commun, les auteurs de « La fachosphère » ont créé un mouvement qui n’avait pas lieu d’être, réuni uniquement par les moyens utilisés, c’est-à-dire principalement les nouvelles technologies de communication offertes par l’avènement de l’internet. En outre, l’appellation est volontairement choisie pour en disqualifier tous les acteurs, les amalgamer entre eux et entretenir une confusion sur leurs orientations politiques. Nous aurions pourtant tort de nous en offusquer. Ce sont les règles du combat politique et du jeu médiatique. Pour surestimée que soit l’influence d’une « fachosphère » trompeusement vue comme organisée, il est exact de dire qu’internet a changé la donne. Aujourd’hui, de nombreux Français ne s’informent plus que par la toile, piochant les informations qui les intéressent dans le flux continu. Fini le temps où papa et maman, après avoir diné, s’installaient sur le sofa du salon pour regarder religieusement le « journal ». Hors les catégories les plus âgées de la population - et encore -, plus personne ne pense que les médias institutionnels sont les uniques dispensateurs de la vérité. De plus en plus pointés du doigt pour leur militantisme, on les accuse de filtrer les informations ou de les présenter au travers d’un prisme idéologique déformant. Aux yeux du Léviathan, et de ses sbires, la dénommée « fachosphère », parfois aussi désignée sous les sobriquets de « réacosphère » ou de « droitosphère », est une arme « d’intoxication massive ». Quand, bien évidemment, les médias subventionnés seraient au pire objectifs, au mieux, rions un peu, des armes de désintoxication massive. Alors, appliquons des procédés équivalents à cet ensemble protéiforme regroupant médias nationaux et locaux, élus politiques, associations subventionnées, pipoles et artistocrates, voire entreprises cotées en bourse, en amalgamant, avec la plus parfaite mauvaise foi, tous ces gens et les intérêts qu'ils représentent. Vous verrez qu'au fond, ils sont de proches parents réunis par quelques détestations communes : les nations, l'Histoire, l'autochtone vu comme un plouc, la norme, les frontières et les limites, et, tout simplement, le bon sens.
     
    Libération va notamment lancer un « observatoire du Front National » dont le manifeste ne laisse pas de place au doute : « Un site mêlant formats journalistiques, travaux universitaires, archives, data, alertes citoyennes et tribunes de grandes voix. Pour montrer, analyser, repérer, révéler ou comparer, mais aussi pour dénoncer, désintoxiquer. (…) Un site mêlant formats journalistiques, travaux universitaires, archives, data, alertes citoyennes et tribunes de grandes voix. Pour montrer, analyser, repérer, révéler ou comparer, mais aussi pour dénoncer, désintoxiquer. » Du militantisme ou du journalisme ? La réponse est dans la question. Pour différents que soient les No Borders, les journalistes des Inrocks et les cadres de la banque Rothschild comme le nouveau candidat à l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, ils appartiennent tous d’une manière ou d’une autre au camp du Bien : la gauchosphère. Décrire de manière exhaustive la gauchosphère nécessiterait de rédiger une Encyclopédie en dix volumes. Vous vous doutez bien que je ne le pourrais pas ici, mais je vais tâcher, en recensant quelques exemples de l’actualité la plus récente, d’en esquisser les contours.
     

    La force du réseau

    Il suffit de prendre connaissance du curriculum vitae d’un seul grand patron de presse pour dérouler le fil de toute la gauchosphère. Citons, par exemple, Matthieu Pigasse. Cet homme de 48 ans est un amateur de punk rock, dixit les multiples entretiens autocentrés qu’il a donnés au cours des dernières années. Si cet élément anecdotique de son existence n’intéressera personne d’autre que lui et sa chaine stéréo, d’autres étapes de son parcours ne devraient pas manquer d’attirer la curiosité des Français. Socialiste - mais proche d’Alain Minc, allez comprendre -, monsieur Pigasse se trouve pourtant à la tête d’un empire médiatique entièrement dévoué à servir un copieux agenda métapolitique. Il est notamment propriétaire des Inrocks depuis 2009, placés en 2015 dans le giron de la société « Les Nouvelles Editions Indépendantes » avec Radio Nova. Via cette holding, il contrôle 14 % des parts du Huffington Post que dirige Anne Sinclair, ancienne épouse de Dominique Strauss-Kahn. Associés au milliardaire Xavier Niel et à l’ancien compagnon d’Yves Saint-Laurent, le richissime Pierre Bergé, Matthieu Pigasse est aussi propriétaire à 100 % de L’Obs et à 80 % du Monde. En 2005, l’entregent de cet ancien haut-fonctionnaire lui a notamment permis d’organiser la vente du journal Libération à Edouard de Rothschild… Incontournable dans les médias français, Matthieu Pigasse l’est donc tout autant en politique. Après avoir été conseiller technique au cabinet du ministre Dominique Strauss-Kahn en 1998 – tiens donc -, il a occupé les fonctions de directeur adjoint du cabinet de Laurent Fabius, avant de rejoindre la banque Lazard grâce à son ami Alain Minc. Membre des Gracques, l’homme est un intime de plusieurs caciques de la gauche de gouvernement : Ségolène Royal, Bertrand Delanoë ou encore Manuel Valls. Preuve de son implication militante dans la gauchosphère, il fut à l’origine avec Pierre Bergé, toujours, de l’organisation d’un grand concert célébrant les trente ans de l’élection de François Mitterrand qui aurait réuni environ 40.000 spectateurs place de la Bastille. N’en jetez plus, la boucle est bouclée. Matthieu Pigasse n’est qu’un exemple. J’aurais aussi pu vous dresser le portrait des grands acteurs du service public, nommés par le pouvoir et proches du pouvoir. N'oublions pas de mentionner Bernard Mourad, qui sera probablement le directeur de campagne d’Emmanuel Macron. En 2015, avant de tourner casaque et de rejoindre son grand ami Emmanuel, il avait été nommé PDG d’Altice Media Groupe (Libération, toujours), le nouveau groupe de médias de Patrick Drahi qui a récemment fusionné avec SFR. Ancien de la finance, il a débuté sa carrière chez Morgan Stanley. À l’identique, j’aurais aussi pu vous indiquer que Bernard-Henri Lévy est toujours Président du conseil de surveillance d’Arte, chaîne premium de la gauchosphère. Et ce depuis le 1er juillet 1993. À croire que certains ne partent jamais à la retraite, comme Jean-Pierre Elkabach et Alain Juppé. Voilà pour le côté face de ce réseau miraculeux.
     
    Le côté pile est moins glamour, mélange bizarre d’émissions de variétés et de gauchistes de MJC. Exemple typique de la gauchosphère du bas : l’émission de divertissement présentée par Cyril Hanouna, « Touche pas à mon poste ». En guise de protestation symbolique à l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’animateur a fait sortir toutes les personnes présentes sur le plateau, au terme d’une séquence grotesque intitulée « Trump pas à mon poste ». Quel rapport entre l’amuseur public Hanouna et les élites politico-médiatiques décrites plus haut ? Tout. Détenteurs de la vérité officielle, ils rééduquent le peuple, tant en feignant de l’informer qu’en l’amusant. La gauchosphère tire son miel des intérêts qu’entretiennent en commun ses membres. Je ne parle pas du petit journaliste mais bien de l’oligarchie qui nous gouverne. Les patrons de presse, proches du pouvoir, sont aussi tenus par les subventions qui font vivre leurs outils. Si nous prenons le cas de Libération, le montant de l’aide versée par le ministère de la Culture et de la Communication s’élève à 6.499.414 euros pour la seule année 2016, soit 23 centimes d’euros par exemplaire vendu. Avec L’Humanité (36 centimes d’euros par exemplaire vendu), Libération est le journal qui a proportionnellement touché les aides les plus importantes. D’ailleurs, sans ces subsides de l’Etat, ces journaux ne survivraient pas. Que pèse la « fachosphère », qui n’est absolument pas unie, face à ces montagnes d’argent public, ces puissants patrons, une bonne partie du corps enseignant, la majorité des associations qui interviennent dans les écoles, ces banques et ces vedettes qui ont leur rond de serviette tous les soirs à la télévision ? La « fachosphère » intervient-elle sur les programmes scolaires comme le fait la gauchosphère ? Je ne suis pas complotiste, il suffit de lire un extrait d’un rapport de correction de Sciences-Po Paris pour se convaincre que quelque chose est pourri en République française : « On aura compris que les bonnes copies sont celles qui ont ignoré les discours politiques et médiatiques qui assimilent la question des frontières à celle des étrangers, des migrants, des terroristes, autant de prétendues menaces, et se sont autorisées une critique de la notion même de crise migratoire ». En conclusion, pour être admis en master de Sciences-Po Paris, il faut être favorable à l’immigration massive. Même chose dans 90 % des établissements tenus par la gauchosphère, surtout médiatiques.
     

    Quand la vérité est redéfinie, il faut désigner des ennemis

    Pour les tenants de la vérité universelle, les gens bien comme il faut de la gauchosphère, nous entrerions dans une « ère de la politique post-vérité ». Ce concept a été inventé par Katharine Viner, rédactrice en chef du Guardian, après le vote du Brexit. Pour cette dernière, le rôle traditionnellement dévolu aux médias, c’est-à-dire de « dire le Vrai », est rendu impossible par l’apparition des réseaux sociaux qui ont progressivement décrédibilisé les opérateurs classiques de l’information. L’inénarrable Samuel Laurent, « Décodeur » en chef du Monde, a même osé déclarer : « Face à cette démocratie post-factuelle, la presse est désarmée : que faire, lorsque son lectorat croira plus facilement une information militante, mais partagée par une personne de confiance, que la vérification détaillée effectuée par un média qu’on soupçonne en permanence de toutes les manipulations ?(…) Comment informer dans ce maelström où tout un chacun est devenu média, puisqu’il peut, lui aussi, partager et diffuser les informations qu’il souhaite ? Comment opposer de la complexité à des visions manichéennes et simplistes du monde ? Et comment faire, par son bulletin de vote, des choix essentiels pour tout un pays lorsque l’on n’est pas informé correctement des conséquences ? »
     
    Oublie-t-il qu’il donne parfois lui-même une information passée au filtre de ses propres convictions, exactement comme ces Français anonymes qu’il vilipende ? Oublie-t-il que son journal, propriété de personnalités de gauche très engagées comme je vous l’expliquais ci-avant, refusera de passer les tribunes des sympathisants, membres et proches idéologiquement du Front National durant les élections présidentielles ? Ici, la question fondamentale est la suivante : devons-nous laisser la gauchosphère déterminer ce que nous avons le droit d'écrire, de lire et de penser ? Car, à l'évidence, certaines informations et certaines opinions sont exclues de la plupart des médias traditionnels... Posons-nous une autre question : sans les réseaux sociaux et ce que l’on appelle parfois la ré-information (je préfèrerais dire l’information pluraliste), aurions-nous pris connaissance de l’affaire des viols de Cologne ou de l’agression sexuelle d’une sexagénaire par un « migrant » délocalisé de Calais à Arzon (Bretagne) ? Ces mêmes médias n’ont-ils pas transformé des clandestins en « migrants », un terme beaucoup plus mélioratif ? En outre, n’est-ce pas la gauchosphère qui conspuait les courageux qui osaient dire que des terroristes se cachaient dans les bateaux desdits « migrants », ce que les attentats du 13 novembre dernier et les dernières déclarations de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, ont tristement confirmé ? Pernicieuse, la gauchosphère dénonce des hommes, des partis politiques ou des institutions pour mieux disqualifier des idées. Toutefois, la technique éprouvée dite de la « diabolisation » fonctionne  novembre moins bien qu’auparavant. Dernier en date à être désigné à la vindicte, le brillant conseiller de Donald Trump, Stephen Bannon. Considéré par )les médias de George Soros (version immensément riche de Matthieu Pigasse aux Etats-Unis, ndlr) comme « l’homme le plus dangereux de la vie politique américaine », le nouveau stratège politique de la Maison-Blanche est surtout haï parce qu’il a réussi à créer une alternative crédible aux médias dominants en fondant BreitBart News, l’un des 200 sites les plus visités aux Etats-Unis. Nouvel ennemi public numéro un de la gauchosphère mondiale, Steve Bannon est un modèle pour tous ceux qui espèrent déstabiliser le camp du bien.
     
    Conclusion
     
    De plus en plus fustigée par le public, la gauchosphère peut toujours compter sur la force de son réseau, notamment politique. Laurent Fabius, Benoît Hamon ou Christiane Taubira ont ainsi accusé Facebook d’être à l’origine de l’élection de Donald Trump. Prise la main dans le pot de confiture, l’ancienne ministre de la Justice a même dit : « Internet pose un vrai problème parce que c’est un espace de liberté ». Avant d’ajouter qu’il fallait donner des règles strictes à cet « espace virtuel ». Lesquelles ? La censure des mal-pensants ? L’interdiction des sites qui ne relaient pas la vulgate de la gauchosphère en langue commune ? Le recensement des sites qui ne se soumettent pas à la doxa en leur apposant un signe distinctif ? Le contrôle du web à la chinoise pour aller plus vite ? Quand Barack Obama triomphait en 2008 grâce à une utilisation hyper-novatrice des nouvelles technologies, tout le monde trouvait cela formidable. Maintenant que Donald Trump a gagné en utilisant les armes offertes par le numérique, tout le monde trouve cela détestable. Il faudrait savoir ! Demain, la Commission européenne décidera de fliquer les dernières espaces garantis sans agents conservateurs, sans police de la pensée. Démonstration d’un système au abois, gagné par la trouille, ces tentatives susciteront l’opposition massive des peuples. Les Français sont par exemple de mieux en mieux informés et suffisamment intelligents pour savoir trier les informations. Arrêtons de les infantiliser. La vérité est questionnée : tant mieux ! La gauchosphère tire ses dernières cartouches en refusant d'admettre qu'elle est militante. Je n'ai pas cette prétentions J'ose vous dire que j'écris des papiers d'opinion. Contrairement aux acteurs de la gauchosphère, je l'assume pleinement. Peut-être parce que je ne bénéficie ni des mannes de l'Etat ni du soutien bienveillant des puissances financières ?
     
    Gabriel Robin (Politic Région, 19 novembre 2016)
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