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Points de vue - Page 213

  • Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean-Michel Quatrepoint, cueilli sur Figaro Vox et consacré à ce que recouvre la négociation, toujours en cours, du Traité transatlantique entre l'Union européenne et les Etats-Unis...

     

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    Traités de libre-échange : bienvenue dans le monde d'Orwell

    Nous sommes en guerre! On pense, bien sûr, à Daech et au terrorisme islamiste. Mais il y a aussi une autre guerre, plus sournoise, plus vicieuse, puisqu'elle nous oppose à des amis, des alliés. Je veux parler de la guerre avec les États-Unis, de la guerre entre l'Europe et les États-Unis, de la guerre aussi entre le modèle culturel anglo-saxon, un modèle communautarisme, et notre modèle républicain, laïc. Cette guerre a un champ de bataille: le marché, l'économie. Avec un objectif pour les États-Unis, ou plutôt pour les multinationales, en très grande majorité anglo-saxonnes: assurer un nouvel ordre mondial, où le rôle des États est réduit à la portion congrue, où les citoyens sont cantonnés à un rôle de consommateurs, où la politique s'efface devant les impératifs du marché et d'un libre-échange total, absolu.

    Cette bataille, elle se joue aussi sur les traités commerciaux, à travers le TAFTA, le TPP pour le Pacifique, le TISA pour les données. Sans oublier le traité entre l'Europe et le Canada qui a servi en quelque sorte de matrice aux négociations transatlantiques sur le TAFTA. Cette offensive américaine se déroule comme à la parade. Dans un premier temps, les autorités judiciaires d'outre-Atlantique ont mis en place un arsenal juridique pour imposer peu à peu l'extraterritorialité du droit américain. C'est ainsi qu'on a vu se multiplier, depuis des années, les amendes colossales contre les groupes européens. Amendes pour avoir obtenu des contrats dans divers pays du Tiers Monde avec des commissions. On pense, bien sûr à Alstom. Amendes pour avoir financé des opérations commerciales avec des pays frappés d'embargo par les États-Unis. On pense, bien sûr, à BNP Paribas. Amendes pour avoir bidouillé, comme Volkswagen, les moteurs Diesel vendus sur le marché américain, etc. À chaque fois ce sont des montants considérables. Des milliards, voire des dizaines de milliards de dollars.

    Pis, ces menaces pèsent sur le système bancaire européen qui n'ose plus financer les investissements des entreprises, françaises et autres, dans des pays sensibles. Ainsi, les banques françaises sont très frileuses sur l'Iran, sur la Russie. Nos entreprises ratent des contrats. Pour le plus grand profit… des Américains. Bref, tout se passe comme si cette menace subliminale que fait peser la justice américaine et Washington sur les banques et entreprises européennes était destinée à les paralyser, à les tétaniser. Parallèlement, le capitalisme américain a déployé sur une très grande échelle une forme moderne de corruption: l'influence, le trafic d'influence. Plus besoin de verser des bakchichs, il suffit d'offrir aux dirigeants politiques, aux élites européennes de belles et rémunératrices fins de carrière, ou de faciliter l'accès de leurs progénitures aux cercles restreints du pouvoir des multinationales.

    Aujourd'hui, les masques tombent. C'est un ancien président de la Commission européenne dont on savait qu'il était très proche des Américains qui pantoufle chez Goldmann Sachs. On découvre qu'une ancienne commissaire à la concurrence avait pris systématiquement des décisions nuisibles aux intérêts industriels européens tout en étant administrateur d'un fonds off shore aux Bahamas. Cerise sur le gâteau: elle a intégré Bank of America et, au printemps dernier, le groupe américain… Uber. Un autre commissaire, négociateur et thuriféraire de l'accord TAFTA, a, lui, rejoint les conseils d'administration de CVC Partners, un fonds américain et Merit Capital. Bref, les Américains savent remercier ceux qui ont œuvré pour eux. Mais ceux qui rechignent à intégrer ce nouvel ordre mondial sont frappés. Volkswagen, mais aussi Deutsche Bank et maintenant Airbus que l'on menace de dizaines de milliards d'amende, parce que le groupe aurait bénéficié de subventions européennes. Mais comment Boeing s'est-il développé sinon avec l'argent du département de la Défense? Comment la Silicon Valley est-elle devenue ce qu'elle est sinon avec les subsides sous diverses formes de l'État américain? Comment les GAFAM et autres NATU (Netflix, Airbnb, Tesla et Uber) prospèrent-ils sinon en optimisant fiscalement aux États-Unis (les multinationales américaines ont exporté plus de 2 000 milliards de dollars dans les paradis fiscaux) et en ne payant pratiquement pas d'impôt en Europe? Et lorsque une commissaire européenne ose s'élever contre les avantages exorbitants accordés par l'Irlande à Apple, c'est le président Obama et 250 patrons américains qui volent au secours de la firme et somment l'Europe d'abandonner ses poursuites.

    Trop, c'est trop! Ou les Européens se couchent et nous allons collectivement basculer dans un monde où quelques monopoles régneront sur notre vie de tous les jours, géreront nos données… un monde digne de Big Brother. Ou l'Europe se réveille, refuse ces diktats, renvoie les accords TAFTA aux calendes grecques. On ne négocie pas dans une position de vassal. Voilà pourquoi la bataille du TAFTA est symbolique. Voilà pourquoi si nous voulons défendre nos valeurs, une certaine idée de la géopolitique, il faut dire non au TAFTA, relancer l'idée de la préférence communautaire, défendre nos banques et nos grandes entreprises. À condition, bien sûr, qu'elles veuillent être défendues et qu'elles n'aient pas déjà pactisé avec l'Oncle Sam… pour un plat de lentilles.

    Jean-Michel Quatrepoint (Figaro Vox, 23 septembre 2016)

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  • Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Gérard Dussouy, cueilli sur Metamag et consacré aux hégémonies qui menacent l'Europe. Professeur émérite à l'Université de Bordeaux, Gérard Dussouy est l'auteur d'un essai intitulé Contre l'Europe de Bruxelles - Fonder un Etat européen (Tatamis, 2013).

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    Les trois hégémonies et l’impuissance dramatique des Européens

    Le monde postmoderne, celui d’après la modernité occidentale finissante, entérine l’achèvement du cycle de l’État-nation européen (forme politique canonique de la dite modernité) commencé avec les traités de Westphalie (1648). En effet, avec la globalisation, à l’œuvre depuis la fin des années 1980, il apparaît de plus en plus clairement que la planète est entrée dans un nouveau cycle politique, identifié par Robert Gilpin comme étant celui État-continent efficacement structuré, met en présence, aujourd’hui, trois types d’hégémonies (en fonction des facteurs dominants respectifs) : l’hégémonie occidentale/américaine, l’hégémonie chinoise et l’hégémonisme musulman.

    Les deux grandes hégémonies concurrentes

    Dans la définition de l’hégémonie que retient Gilpin, la puissance étatique qui en est à l’origine est un agrégat cumulatif dans lequel le facteur économique voit sa contribution augmenter irrésistiblement (notamment au travers de ses groupes transnationaux). A partir de lui, elle étend son influence dans le monde entier et elle s’ingénie à créer des institutions internationales grâce auxquelles la force du plus fort, c’est-à-dire la sienne, se transforme en droit (Cf. le FMI, l’OMC, et une kyrielle d’institutions régionales relais).

    C’est ainsi que depuis 1945, et plus encore depuis l’effacement de l’Union soviétique, l’État-continent US, sûr de sa suprématie militaire, a imposé ses normes tant en ce qui concerne l’organisation et les règles de l’agir économique, qu’en ce qu’il en va de la vie sociale et des changements sociétaux. Mais depuis quelques décennies, cette hégémonie occidentale, qui recouvre toute l’Europe, jusqu’aux portes de la Russie, doit compter avec la prétention à l’hégémonie d’un autre État-continent, la Chine. De fait, celle-ci inonde le monde de toutes ses productions, jusqu’à saturer tous les marchés, se répand dans tous les continents (et ce n’est pas qu’une image quand on considère la géographie des diasporas chinoises), de l’Asie à l’Europe, et de l’Amérique à l’Afrique (où elle met la main sur tout ce qu’elle peut), joue un rôle de plus en plus important dans les institutions internationales, accumule les devises et entend accueillir bientôt le nouveau marché de l’or ! Dans la mesure où on ne sait pas encore de quel côté la balance va pencher, on est bien dans une phase de « transition hégémonique » qui se joue, de part et d’autre du Pacifique, nouveau centre de l’arène mondiale, entre les États-Unis et la Chine. Les Européens, eux, sont au balcon ! Mais ils sont également les jouets de la compétition en cours. Ils subissent, sans réagir, les offensives commerciales et patrimoniales chinoises, et les étouffantes et très intéressées attentions d’une puissance américaine sur la défensive.

    Á ces deux acteurs hégémoniques, tout compte fait classiques parce qu’ils mobilisent en priorité les moyens économiques et les ressources militaires, bien qu’ils soient les premiers dans l’histoire, et la Chine autrement plus que les Etats-Unis, à s’appuyer sur un potentiel démographique considérable, s’agrège maintenant l’aspiration à l’hégémonie de l’Islam.

    L’hégémonisme musulman

    L’hégémonisme musulman repose sur l’expansionnisme démographique et le prosélytisme religieux avant tout, et sur la puissance financière de manière auxiliaire. Néanmoins, il n’a pas de puissance chef de file, de centre directeur et émetteur de la dimension des deux autres. Il est polycentrique et démotique. La croissance démographique élevée de la plupart des pays musulmans conforte la religion du Livre dans un rôle international inattendu par son ampleur pour un phénomène culturel. Elle alimente des flux migratoires qui ne cessent de renforcer les diasporas installées, assez récemment, à la périphérie des espaces d’origine de l’Islam, comme en Europe où son influence augmente. Tant et si bien que la conjonction de la dynamique démographique et de l’irréductibilité religieuse des nouveaux habitants (démontrée tous les jours dans les actes civils) disloque et transforme les sociétés européennes investies. Et cela avec d’autant plus de résultats que les systèmes juridiques européens en place, et les valeurs qui les sous-tendent, sont dépassés et contre-productifs (puisqu’ils permettent à l’Islam d’imposer ses croyances) dans un contexte nouveau qui est celui d’une quasi guerre culturelle. Cette transformation est de type démotique, parce qu’elle agit par imprégnation à l’occasion d’une substitution progressive des populations immigrées à des populations autochtones qui vieillissent et qui sont frappées par la crise de la dénatalité. Elle est la conséquence du nombre qui stimule la résistance aux valeurs et aux traditions des pays d’accueil.

    Enfin, ce processus spontané d’islamisation, au moins partielle, de l’Europe, présente une dimension stratégique parce qu’il est aussi encouragé par plusieurs États musulmans, au potentiel politico-militaire généralement limité, sauf la Turquie, mais qui disposent de ressources financières impressionnantes qui autorisent des acquisitions patrimoniales considérables et des soutiens généreux aux acteurs musulmans en mission.

    La voie de salut de l’État européen

    Toujours sous l’emprise d’une vision occidentalo-universaliste du monde qui se retourne contre eux, et sous la tutelle politique et stratégique des États-Unis, mais en même temps déstabilisés, au plan économique et donc social, par les offensives multiples et répétées de la Chine, les Européens sont confrontés aux vagues migratoires venues du sud et porteuses d’une croyance religieuse le plus souvent intolérante et parfois totalitaire.

    Incapables de répondre à ce triple défi hégémonique tant qu’ils ne seront pas politiquement unis, parce que leurs États respectifs sont devenus trop faibles, ils sont directement affectés dans leurs conditions de vie, dans leurs coutumes et leurs rapports au monde, dans leurs identités. Le drame est que sans être parvenus à se débarrasser de l’hégémonie américaine, les Européens subissent déjà les deux autres, et que leur situation va empirer.
    Leur seule réponse appropriée à un tel contexte est celle de l’Etat européen parce qu’il est l’unique outil politique de combat adapté aux immenses épreuves que, tous azimuts, les Européens commencent, tout juste, à entrevoir. En effet, l’Etat supranational est le seul en mesure de réunir les ressources humaines, matérielles et immatérielles, de disposer de budgets conséquents, et de fixer des stratégies à long terme, choses indispensables pour éviter le pire.

    Dans ce but, les Européens actifs, et conscients de ce qui vient, doivent s’emparer de l’Union européenne et la transformer dans l’optique qui précède. La dispersion et le repli national seraient mortels. Les Anglais regrettent déjà, sans l’avouer, leur référendum (qui, il faut le souligner, parce que cela est d’importance pour la suite, ne comporte aucune obligation constitutionnelle). On peut parier qu’ils feront tout pour que le Brexit ne soit pas effectif, même s’il devait être officialisé. Les solutions de raccroc ne manquent pas.

    En tout état de cause, il est clair qu’il ne faut pas fuir l’Europe, parce qu’elle est la voie de salut. Il faut comprendre que si un État est fondé sur des éléments physiques (territoire, population et organisation bureaucratique), il est aussi, et c’est essentiel, l’idée que l’on s’en fait. C’est donc aux Européens eux-mêmes de faire de l’Union (qui, telle qu’elle est, sert de prétexte à tous ceux qui rejettent l’Europe sous quelque forme que ce soit) l’État qui leur convient, qui les défend, qui porte leurs aspirations.

    Les raisons d’y croire

    Pour y parvenir, deux types d’acteurs existent et qui sont compatibles parce qu’ils peuvent converger dans leurs actions : les États existant et les mouvements citoyens. En effet, parmi les États, certains peuvent, ou pourraient compter bientôt, des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui ont décidé de changer le cours des choses.

    Ces États, bien qu’ils puissent être de dimension moyenne, pourraient alors se constituer en bloc, au sein de l’Union, pour arrêter les politiques actuelles et en exiger d’autres conformes aux intérêts des Européens (les États du groupe dit de Višegrad se concertent, ces derniers temps, pour essayer de poser les bases d’une armée européenne), aussi bien qu’ils pourraient obtenir des réformes profondes en faveur de la représentation des peuples et de leur participation au processus de décision communautaire. Agissant ainsi, ces États seraient en mesure d’en entraîner d’autres, et des plus puissants, par le biais des opinions publiques.

    Cela n’est pas là qu’une hypothèse d’école, quand on pense à ce qui pourrait se passer en Europe centrale et de l’est si des États comme la Hongrie, l’Autriche et quelques autres, conscients de l’impasse que représente le repli national, s’entendaient pour changer, de l’intérieur, l’Union européenne. Il n’est peut-être pas anodin qu’à la suite de son premier échec, le candidat nationaliste à l’élection présidentielle autrichienne, Norbert Hofer, ait déclaré qu’il entendait améliorer et changer l’Union européenne, et surtout ne pas la quitter (« Ich möchte eine bessere EU und keine Austrittswelle »), sauf en cas d’une adhésion imposée de la Turquie. La prise de conscience qu’il existe un intérêt européen susceptible de transcender les égoïsmes nationaux et de trouver des règlements aux vieux différents, territoriaux ou autres, semble se dessiner, et elle devrait se confirmer compte tenu de la montée certaine du stress extérieur (invasions continues à travers les Balkans et l’Italie) et de l’imminence de la crise financière.

    L’action de ces États rédempteurs, ceux à l’origine du renouveau européen, s’avèrera d’autant plus efficace qu’elle entrera en phase avec les mouvements citoyens qui commencent à émerger, ici et là, en Europe, et à constituer des fronts communs sur des résistances et des revendications variées. A partir de ceux-ci, pourra se former une opinion publique européenne, avec en son sein, la conviction selon laquelle, plus que jamais, l’Europe est le destin commun de tous ses peuples originaires, et l’État européen l’instrument de leur survie et de leur liberté. Au plan pratique, cela pourrait conduire des forces politiques à s’organiser à l’échelon supranational avec l’objectif, parmi d’autres, de faire en sorte qu’un jour le Parlement européen porte, enfin, et si l’on peut rêver dès 2019, la voix de la souveraineté populaire.

    Á ce compte là, tout n’est pas perdu !

    Gérard Dussouy (Metamag, 12 septembre 2016)

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  • Trump : clown ou révolutionnaire ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Guillaume Faye, cueilli sur son blog J'ai tout compris et consacré à Donald Trump et à sa candidature à l'éléction présidentielle américaine...

     

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    Donald Trump : un clown ou un révolutionnaire ?

    Anti-immigration, pro-Poutine, très hostile à l’islamisation, durement critique envers l’Otan, protectionniste, partisan des valeurs traditionnelles, contre l’establishment, Trump a tout pour plaire en France à une frange grandissante de l’opinion populaire, qualifiée d’ ”extrême droite” par l’idéologie officielle mais qui gagne tous les jours du terrain. Il a tout pour déplaire, évidemment, à l’oligarchie bien pensante et politiquement correcte qui le traite de ”populiste”, ce terme qui diabolise ceux qui se réclament de l’avis de leur peuple, c’est-à-dire de la vraie démocratie. Et puis, son look et sa faconde populaire déplaisent fortement aux intelligentsias et aux classes politiques d’Amérique du Nord et d’Europe.

    Un homme neuf, un mystère américain

    Il brouille les pistes, par sa rupture complète avec la bienséance idéologique. Et pourtant il a 70 ans. C’est autre chose que le jeune Macron en France, qui n’est qu’un simulacre de rupture et de nouveauté. Homme neuf en politique, non professionnel, producteur et animateur d’émissions télévisées, promoteur immobilier milliardaire et donc indépendant d’un establishment de plus en plus détesté par la white middle class, Donald Trump est shocking pour le puritanisme politique bien pensant américain…et européen. Trump rejoint la tradition américaine de l’isolationnisme, qui a été abandonné au XXe siècle au profit de l’impérialisme – ce terme n’ayant aucun caractère péjoratif – sur le modèle français et britannique du XIXe siècle.

    Quelques gaffes et saillies au cours de ses discours de campagne du mois d’août 2016, exagérées et démultipliées par les médias américains et européens, l’ont sévèrement fait baisser dans les sondages. Alors qu’en août 2016, l’avance de Hillary Clinton se creusait à cause de déclarations très polémiques de Trump, amplifiées par les médias américains et européens partiaux, les présentant comme des signes de maladie mentale, cette avance a fondu début septembre et ils sont de nouveau au coude à coude. C’est sans doute à cause du discours de Phoenix, très dur sur l’immigration, qui a plu aux classes moyennes blanches.

    Les Blancs soutiennent Trump à 55% et Clinton à 34%, les minorités (Chicanos et Noirs) votent pour Clinton à 71% et pour Trump à 18%. Malheureusement, les jeunes préfèrent Clinton à Trump : 54% contre 29%. (Sondage de CNN, pas forcément crédible). Trump a eu raison de dire que les médias et les journalistes sont partiaux à son égard. Comme en France, la majorité des grands médias sont hostiles à tout ce qui est ”populiste”. Mais les ”indépendants”, plus nombreux que les partisans des deux grands partis, basculent en faveur de Trump (49% contre 29%). Ennuyeux, les Blancs diplômés d’université se rallient à Hillary Clinton : 49% contre 36% à Trump. On a donc la même configuration qu’en Europe : la bourgeoisie des grandes agglomérations vote plutôt à gauche et le vote de droite est principalement le fait des classes moyennes blanches modestes, rurales ou des petites villes périphériques. Bourgeoisie de gauche, prolétariat de droite.

    En août 2016, Trump, à la grande joie de l’oligarchie française bien-pensante, s’effondre dans les sondages d’intentions de vote avec 6% de moins que Hillary Clinton. On pronostique la défaite de Trump avec la même assurance qu’on pronostiquait la défaite du Brexit. Antoine Colonna écrit  (Valeurs actuelles, 1–7/09/2016) : « Pourquoi la surprise a–t–elle été si grande le matin du 24 juin à Londres ? Tout simplement parce que c’est l’électeur britannique profond, le petit Blanc déclassé, qui a voté, sur une analyse plus instinctive que rationnelle. Si ce scénario se reproduit du fait d’un phénomène aussi profond aux États–Unis, avec la démesure de ce pays, alors le matin des résultats de la présidentielle pourrait être dur pour ceux qui avaient des pronostics raisonnables… » Et puis, en septembre, Trump remonte dans les sondages…

    La diabolisation de Trump

    Jamais une campagne électorale américaine n’aura été si riche en insultes entre les candidats, ce qui prouve, outre-Atlantique comme en Europe, un durcissement des tensions et des enjeux idéologiques, signe avant–coureur de crises et d’affrontements majeurs. La candidate démocrate a traité son rival de « raciste, sexiste et islamophobe ». (1) Même en France, aucun socialiste n’oserait prononcer de tel propos contre des candidats FN.

    Les malaises de Hillary Clinton et les soupçons sur sa mauvaise santé peuvent compromettre son élection. De même ces insultes qu’elle a proférée à l’égard de son rival et, plus grave, envers son électorat (les électeurs de Trump sont des « gens déplorables, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes, et j’en passe », propos proféré au cours d’un gala de charité à New–York le 9 septembre) la disqualifient dans une partie de l’opinion.

    Reagan, en 1980,  était traité par les esprits forts parisiens et washingtoniens de « cow-boy incompétent ». Il aura pourtant été un des présidents américains les plus performants. Les dirigeants européens, ainsi que Hillary Clinton, insistent sur l’inculture de Trump en politique étrangère et s’interrogent sur sa santé mentale, voulant le faire passer pour un demi fou. Sa sympathie envers Vladimir Poutine –  dix fois plus diabolisé que ne l’étaient les anciens dirigeants de l’URSS – scandalise et inquiète. Les dirigeants européens, en particulier britanniques, allemands et polonais – ces derniers ouvertement russophobes–, enfreignent la réserve diplomatique pour s’en prendre à Trump et s’immiscer dans la campagne présidentielle américaine.

    Il apparaît souvent et est décrit par une partie des médias américains comme un gaffeur frustre, vulgaire et ridicule, misogyne, voire raciste. Une fraction des cadres du Parti républicain a même essayé de le remplacer par un autre, bien qu’il ait été désigné par la convention !

    Le côté délirant du personnage n’est qu’une apparence. Car ce promoteur immobilier milliardaire n’a rien d’un « timbré », selon le terme employé par Robert De Niro. Les critiques polémiques contre Trump par l’establishment (notamment le New–York Times et le Washington Post) et l’équipe Clinton portent sur son incapacité à gouverner, son incompétence, son immaturité. CQFD

    Le problème mexicain

    Avec sa visite stupéfiante au président mexicain Enrique Pena Nieto, début septembre 2016, invité au palais présidentiel de Los Pinos, Donald Trump a donné l’impression de céder, de se renier, afin de promouvoir l’image d’un modéré, responsable et diplomate. Après avoir traité les Mexicains d’envahisseurs, de voleurs, de violeurs, après avoir promis d’en expulser la majorité et de construire un mur frontalier de 3.200 km, « un grand mur, haut, puissant, impénétrable, magnifique », équipé de senseurs souterrains anti-tunnels et de miradors, facturé de force au Mexique, il a paru s’excuser et oublier ses propos.

    Schizophrène à deux visages ? Pendant sa visite au Mexique, il ne fit aucune allusion à son programme d’expulsions massives parmi les 25 millions de Mexicains résidant aux États–Unis. Pour les démocrates de l’équipe Clinton, c’est un dégonflé, qui, devant le président Nieto, a opéré une reculade en exprimant officiellement son  « énorme affection pour les Mexicains –Américains ».

    Mais quelques heures après avoir quitté Mexico, il change son fusil d’épaule et prononce à Phénix dans l’Arizona un discours anti-immigration plus remonté que jamais où il dévoile son arsenal répressif contre les clandestins. Serait-ce un personnage versatile, peut-être aussi un faux dur peu courageux, une ”grande gueule” faible en actes ? Ce qui laisserait supposer, tout comme Sarkozy en France, s’il est élu, qu’il édulcorera son programme ou ne le réalisera pas. On n’est sûr de rien avec Donald Trump.

    Immigration : un remède de cheval

    Le candidat républicain prône la « déportation » (2) des 11 millions de clandestins estimés, en majorité Mexicains, le durcissement sans précédent des procédures d’octroi de visas, un renforcement considérable des moyens et prérogatives des garde– frontières, le refus de tout visa pour les ressortissants de tout pays jugé à risques, avec des « certifications idéologiques sévères » pour l’obtention de visas (il vise l’islam radical), une sélection des migrants « qui correspondent à nos intérêts nationaux », en fonction de leurs mérites, talents et aptitudes et surtout leur « capacité à subvenir à leurs besoins ». Ce qui implique : pas de réfugiés ni de demandeurs d’asile, pas d’allocations ni d’aides de l’État pour les nouveaux résidents.

    Dans ce programme également : aucune prestation sociale, aide au logement, ni tickets alimentaires pour les étrangers en situation irrégulière ; renforcement considérable de l’arsenal policier et législatif pour débarrasser le pays des délinquants étrangers, présentés par Trump comme la cause principale de la criminalité, du fait de « la politique de frontières ouvertes d’Obama et de Clinton ». Et Trump a de nouveau insisté dans son discours–programme de Phoenix sur la construction du mur frontalier contre les clandestins venant du Mexique ou d’Amérique latine : « le Mexique va payer à 100%. Ils ne le savent pas encore, mais ils vont le payer». Ce discours très dur de Phoenix sur l’immigration a autant choqué les ”minorités raciales” et la bourgeoisie urbaine de gauche que ravi les ”petits Blancs”. Trump fait là un choix électoral et politique racial, peut-être pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, en prenant un risque énorme.

    En effet il a choisi de perdre définitivement le vote des minorités ethniques qui représentent tout de même un tiers de l’électorat. Il lui faut donc impérativement mobiliser massivement chez les Américains blancs. Ce qui n’est pas évident. 

    Le candidat des Blancs

    Jared Taylor, directeur de la société de pensée (think tank) American Renaissance et du magazine en ligne éponyme en forte progression outre–Atlantique, a expliqué au Figaro (14/09/ 2016) : « Beaucoup de Blancs n’osent rien dire alors qu’ils voient leur pays leur glisser entre les mains. Donald Trump pourrait être notre dernière chance d’arrêter l’immigration illégale, qui transforme les États–Unis en un pays du tiers–monde ». Steve Bannon, le directeur de campagne de Trump, anime un site grand public Breitbart News (31 millions de visiteurs uniques) qui défend un « nationalisme blanc », selon lequel l’immigration et le multiculturalisme menacent l’identité américaine. Le rédacteur en chef, Alex Marlow, explique : « nous sommes ouvertement populistes, nationalistes et anti-politiquement corrects ». Trump a aussi le soutien de Richard Spencer, qui préside le National Policy Institute qui se consacre à promouvoir « l’héritage, l’identité et l’avenir des Américains d’origine européenne ». Jared Taylor estime néanmoins (dans Le Figaro cité) que « Trump n’a pas sérieusement réfléchi à la question raciale ».

    On a calculé que 90% des électeurs de Trump seront blancs, mais dans la population américaine le poids électoral des Blancs est passé de 89% en 1976 à 70% aujourd’hui. Rappelons que les Blancs qui représentaient 90% de la population en 1950 ne sont plus que 62,6%. À ce rythme, si rien ne change, ils seront minoritaires (moins de 50%) en 2045. Le problème pour Trump est donc de mobiliser au maximum cette majorité électorale blanche déclinante numériquement.

    Pour Trump, l’Europe est l’exemple à ne pas suivre.

    André Bercoff, qui a rencontré Donald Trump, explique qu’ « il ne reconnaît plus la France » (il veut parler de l’immigration invasive incontrôlée). Il se demande d’ailleurs comment cela a été possible. Au fond, il n’aime pas les perdants et ceux qui se laissent tirer dessus sans même se défendre ». (Valeurs actuelles, 8–14/09/2016). Trump a affirmé que la France se laissait envahir, notamment par son ancienne colonie, l’Algérie.

    Il a aussi déclaré : « la France n’est plus la France », par allusion à l’immigration et à l’islamisation. Constat avec lequel de plus en plus d’électeurs français sont d’accord au grand effroi des classes politique, journalistique, cultureuse et intellocrate, qui ne voient pas en quoi l’invasion et l’islamisation posent problème.

    « Certains quartiers de Londres et de Paris sont à ce point radicalisés (islamisme et criminalité agressive des immigrés) que les policiers, craignant pour leur vie, n’osent plus y pénétrer » a lancé Trump dans une interview. Cette assertion a suscité l’indignation d’Anne Hidalgo, maire de Paris, et de Boris Johnson, ancien maire de Londres (remplacé par un musulman pakistanais naturalisé) et chef du Foreign Office, qui a cru humoristique de répliquer que la seule raison pour laquelle il fuyait certains quartiers de New-York était « le risque réel de rencontrer Donald Trump ». Blague stupide. Car non seulement Trump a raison mais il est en dessous de la réalité. Des pans entiers du territoire français, banlieues et villes, sont dans cette situation où la police ne pénètre plus que pour les cas gravissimes et en force, où les services publics ne sont plus assurés, où l’islamisation (salafiste) est totale et intolérante, où la criminalité et le trafic de drogues prospèrent, où les derniers Français de souche sont victimes d’agressions et de persécutions racistes… Et ce, dans l’impunité la plus totale.

    « On peut être vraiment effrayé de ce que le monde pourrait devenir si Trump devenait vraiment président » a déclaré Frank–Walter Steinmeier, le chef de la diplomatie allemande. Ah bon ? Ça pourrait être pire que la catastrophe qu’a déclenchée l’irresponsable chancelière Merkel en ouvrant ses frontières à plus d’un million de migrants envahisseurs ? « Les propos mal informés de Donald Trump sont d’une absurdité totale » a dit Boris Johnson, ministre britannique des Affaires étrangères, ancien maire de Londres. Mais Nigel Farage, ancien président de l’Ukip (Parti indépendantiste du Royaume –Uni), nationaliste et l’un des artisans du Brexit, est venu soutenir Trump, ”The Donald”. Steinmeier et Johnson, ministres des Affaires étrangères d’Allemagne et de Grande Bretagne auront l’air malins, si Trump est élu président des Etats-Unis, après l’avoir ainsi injurié. Mais s’il ont agi ainsi c’est qu’ils devaient être persuadés que le candidat répulicain ne franchirait jamais le seuil de la Maison Blanche.

    Politique étrangère de Trump : la grande rupture

    Si Trump était élu et s’il mettait en œuvre son programme, ce serait un séisme international, car les Etats-Unis renoueraient avec l’isolationnisme des origines, abandonné au cours de la Première mondiale, qui a vu la défaite de l’Allemagne en partie grâce à l’intervention américaine en Europe.   

    En effet, dans le programme de Trump, il y a deux points absolument énormes, qui sont en telle rupture complète avec toute la politique étrangère américaine qu’on se demande s’il pourrait les mettre en œuvre face au Congrès, à la CIA, au Pentagone ou s’il ne finirait pas assassiné !

    Car enfin, les deux axes qu’il propose, le lâchage de l’Otan (qualifié d’ « obsolète ») et une alliance avec la Russie de Poutine, signeraient un abandon radical de tous les fondamentaux de la politique internationale américaine.

    En réalité le programme de Trump, qui est le symbole et le produit d’un bouleversement, d’un durcissement de l’opinion des classes moyennes blanches, renoue avec l’isolationnisme des mouvements nationalistes des années 30 – qui a été balayé par Roosevelt. Un de ses slogans, « L’Amérique d’abord ! » ressemble singulièrement au nom du mouvement America First de l’aviateur Charles Lindberg, soutenu par Joseph Kennedy (ambassadeur à Londres et père de JFK), Henry Ford et Walt Disney. Ce lobby isolationniste ne voulait pas que les États–Unis participent à un éventuel conflit en Europe contre l’Allemagne. Roosevelt en a décidé autrement après l’attaque du Japon, allié de l’Allemagne, à Pearl Harbor, mais aussi, auparavant en aidant la Grande Bretagne par des fournitures, brisant la neutralité américaine.

    Trump entend aussi, en cessant de financer la protection des membres européens de l’Otan qui ne veulent pas faire d’efforts de défense, restaurer la puissance de l’armée des États–Unis qui, selon lui, n’a jamais été aussi faible et de format aussi réduit. D’autre part, il entend écraser l’État islamique Dae’ch par une intervention brutale, en coopération avec les Russes : ce qu’a demandé Poutine et ce qu’a toujours refusé Washington.

    Il ne cesse de faire des allusions à la politique de main tendue qu’il mettra en œuvre envers la Russie et à sa sympathie pour Poutine (« Poutine regarde Hillary et il se marre »), ce qui va à l’encontre de tous les codes de l’establishement, qui est russophobe et diabolise le président russe, alors que les milieux patriotes et isolationnistes sont plutôt russophiles et admirent Poutine.

    Des options stratégiques ”gaullistes” qui bouleversent les dogmes

    « Si on a des armes nucléaires, pourquoi ne pourrait-on pas s’en servir ? » Tout le monde a été choqué par ces propos supposés ”irresponsables” de Trump, surtout en France. S’il est élu, il risque, dit-on, de déclencher une guerre nucléaire en s’amusant à frapper n’importe quel pays jugé menaçant. En réalité la remarque de Trump est très sensée et réfléchie. Il bouleverse la théorie de la dissuasion et du non-emploi de l’arme atomique héritée de la guerre froide et d’un monde bipolaire Occident–URSS. Aujourd’hui dans un monde multipolaire aux menaces plurielles, une riposte nucléaire au cours d’une guerre classique ou bien une frappe préventive sont parfaitement envisageables. C’est la doctrine des généraux israéliens et celle de Poutine qui avait clairement menacé de frappes nucléaires tactiques quiconque empêcherait la Russie de récupérer la Crimée.

    Du fait de ses opinions critiques envers l’Otan et positives envers la Russie, Trump est accusé de fragiliser les grands principes qui régissent la sécurité européenne depuis la fin du communisme. Il est accusé par l’establishment américain de trahison, en fait. Mais il a raison : ces grands principes reposent sur l’irresponsabilité de l’Europe qui néglige ses budgets de défense et s’en remet à l’Otan, c’est-à-dire aux USA. Dans une interview au New York Times, le candidat républicain a créé le scandale : une intervention américaine pour aider un pays membre de l’Otan, en l’occurrence les pays Baltes, s’il était attaqué par la Russie, n’irait pas de soi… Position typiquement isolationniste et remise en cause explosive de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. C’est la première fois depuis 1949 qu’un prétendant à la Maison Blanche s’en prend aux fondements de l’Otan. (3)

    Trump signifie aux Européens : débrouillez-vous, faites un effort de défense, cessez de nous la faire payer. Mais ce choix isolationniste est aussi un renoncement à dominer l’Europe par le concours de l’Otan, une sortie de l’impérialisme. Ce qui horrifie Hillary Clinton. En fait, Donald Trump campe sur une position gaullienne, voire gaulliste ! Il incite les Européens à se créer une défense commune indépendante de l’Amérique ! La menace de ne pas utiliser l’article 5 du traité, obligeant à une riposte collective en cas d’agression d’un membre de l’Otan, ferait que, si Trump était élu, les Européens seraient amenés à créer une défense européenne commune, probablement autour de la France qui possède les forces armées les plus puissantes – plus exactement les moins faibles – d’Europe.

    Angela Merkel, atlantiste convaincue, offusquée, perd pied ; les Britanniques, viscéralement attachés à l’Otan, sont furieux : Trump élu, ils seraient orphelins d’un pays qui joue le rôle d’un père après avoir été leur fils. Les Pays de l’Est qui craignent une attaque de la Russie, sont extrêmement inquiets (crainte invraisemblable créée de toutes pièces par la propagande, alors que la seule menace est celle de l’invasion musulmane non militaire). Un grand quotidien polonais a titré : « Trump met en danger l’Otan ». Ce n’est pas qu’il la met en danger, c’est que, de manière révolutionnaire, il veut s’en débarrasser parce qu’elle ne correspond plus, selon lui, aux intérêts des États-Unis. Après avoir affirmé que l’Europe de l’Est n’était qu’un vaste « désordre » (« a mess ») il a, contredisant la doctrine occidentale sur le conflit ukrainien, affirmé que la Crimée ”annexée” était bel et bien russe, sous entendant que Poutine avait raison…

    Certains considèrent que ces propos ”révisionnistes” encouragent Poutine et amèneront de nouvelles tensions entre la Russie et l’Ukraine. En tous cas, si Donald Trump était élu et tenait parole, en s’alliant avec la Russie sur la question ukrainienne et d’Europe de l’Est et sur la question de la guerre au Moyen–Orient, cela constituerait un bouleversement géostratégique mondial.

    On parle de la légèreté géopolitique de Trump, alors que c’est l’inverse : sa stratégie ne provient nullement de l’improvisation d’un incompétent solitaire mais d’un courant de pensée néo-isolationniste et patriote américain, dynamique, qui est l’ennemi absolu des néo–conservateurs, soutiens et conseils d’Hillary Clinton comme jadis du catastrophique et belliciste G.W.Bush.

    Trump : la grande peur des bien–pensants

    En Europe, la grande peur du système et de l’oligarchie, droite et gauche confondues : que l’élection du ”populiste” Donald Trump n’entraîne une ”droitisation” très forte des opinions et des suffrages ; surtout avec la ”crise des migrants”, euphémisme pour invasion migratoire musulmane. Nos élites médiatiques et surtout politiques sont plus préoccupées et effrayées des succès des ”populistes” que de l’invasion migratoire elle-même. C’est normal, elles l’organisent et la provoquent, comme on l’a vu avec la chancelière Merkel – qui agit sur ordre. Une victoire de Trump à la tête de la première puissance mondiale serait une calamité, car un encouragement fort à ces partis ”populistes”.

    Si Trump était élu, et, respectant ses engagements, construisait son Mur le long de la frontière mexicaine, procédait à des expulsions massives de clandestins, limitait la présence d’un islam hostile en refusant les visas aux musulmans, il donnerait des idées aux ”populistes ”européens, en Hongrie et ailleurs : il renforcerait encore le Front national en France et AfD en Allemagne.   

    Voilà pourquoi les oligarchies européennes ont une grande peur de Trump. Les gouvernements européens, surtout allemands et polonais, ainsi que l’opaque administration de l’UE dirigée par le non moins opaque M. Junker, s’emploient à aider secrètement Hillary Clinton par tous les moyens, financiers et médiatiques, pour qu’elle soit élue.

    Un programme économique de rupture

    Les options économiques de Trump sont, elles aussi, en rupture sévère avec la politique américaine actuelle. Dans un de ses discours, il déclare : « Quand vous pensez que l’Amérique en est à 15 trillions de dollars de dettes et que personne ne fait rien sauf la léguer aux Chinois, il y a de quoi enrager. Le gouvernement n’a pas à taxer la classe moyenne pour exempter les copains du président. Les enseignants, les infirmières, les policiers, les pompiers n’ont pas à effacer avec leurs salaires et leurs économies les traders de Wall Street et les grosses entreprises qui délocalisent et fuient dans les paradis fiscaux ». Le candidat républicain s’attaque donc au mercantilisme américain comme au libre-échangisme international – sans tomber pour autant dans un modèle économique socialo-étatiste étouffant comme dans la France socialiste actuelle. Ce bouleversement est tout à fait étonnant dans le contexte américain.

    Hillary Clinton, le vrai danger

    Hillary Clinton serait une catastrophe, G.W. Bush en pire. Paradoxalement, elle représente l’impérialisme américain dans ce qu’il a de plus obtus et destructeur, mais aussi un danger pour l’Amérique historique puisqu’elle ne fera rien contre l’immigration clandestine et accentuera les discriminations positives (affirmative actions) ethniques. 

    Trump n’est donc nullement un clown irresponsable, incompétent et dangereux. Celle qui est dangereuse, c’est Hillary Clinton, qui mêle les positions les plus décadentistes et gauchistes sur le plan sociétal et les plus irresponsables en matière de politique extérieure. Elle s’inscrit en effet dans la droite ligne de l’impérialisme belliciste des néo-conservateurs qui sont à l’origine de l’agression contre la Serbie en 1999 et contre l’Irak en 2003, cause directe du chaos actuel et de Daech. Si elle est élue, elle risque de provoquer dangereusement Moscou. C’est elle, la fanatique, pas Trump. Fausse patriote américaine mais vraie cosmopolite, tout comme M. Hollande est un faux patriote français, Mme Clinton a pour ennemie l’Amérique historique profonde et ses racines. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux socialistes français et à Mme Merkel. Si elle est élue, l’immigration, légale et illégale, explosera.   

    Trump au contraire, bien qu’il veuille renforcer la puissance américaine, n’est pas un impérialiste. Il est un néo-isolationniste qui veut relativiser l’Otan, mettre les Européens en face de leurs responsabilités de défense. Il a entrevu que l’ennemi principal n’était pas la Russie mais l’islam, et qu’il fallait un partenariat avec Moscou, que l’immigration incontrôlée est mortelle à terme pour les États–Unis et l’Europe. Tout son programme est en rupture complète avec la doxa, l’idéologie dominante des deux côtés de l’Atlantique.

    Bref, Donald Trump n’est pas un clown mais un révolutionnaire approximatif. Il rebat les cartes. C’est mieux que rien. Jared Taylor et Richard Spencer, bien qu’un peu distants et sceptiques sur le personnage, ont raison de le soutenir. Il faut souhaiter qu’il soit élu à la Maison Blanche. Si Mme Clinton occupait le bureau ovale après son mari, tous les maux dont nous souffrons s’aggraveraient. Donald Trump est l’espoir d’une renaissance américaine qui pourra entrainer une renaissance européenne.

    Guillaume Faye (J'ai tout compris, 15 septembre 2016)

     

    1- Si elle le traite d’islamophobe, c’est donc qu’elle est islamophile. Les proches des victimes d’attentats islamiques aux États–Unis depuis 2001 apprécieront.

    2- Malhonnêtement, les médias français ont repris le terme américain « deportation », qui signifie ”expulsion” en français en le traduisant par le français ”déportation” qui n’a pas le même sens et a une connotation liée à la Seconde guerre mondiale. Tout cela pour nazifier Trump, on l’a bien compris.

    3- En réalité, l’ ”outil Otan” n’a servi qu’une seule fois, en 1999, pour bombarder la Serbie, au prix d’une double illégalité : pas de mandat de l’Onu et guerre d’agression violant la charte de l’Otan purement défensive. L’armée de l’air française et l’USAF, principaux intervenants, n’ont pas joué un rôle très reluisant.

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  • Déradicalisation : faits et foutaises...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du criminologue  Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la "déradicalisation"...

     

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    Déradicalisation : faits et foutaises

    Ô combien violent, le double choc de Charlie-Hebdo et de l'Hyper-cacher assomme le gouvernement. Dès qu'il émerge, il réalise qu'il doit riposter sur le seul front qui l'obnubile et le hante, celui des médias. Montrer qu'on agit ! Et positivement encore pour le peuple de gauche ! Du préventif ! Enrayer des départs de jeunes pour le Jihad... Bombes humaines à désamorcer. Vite ! Des psychologues et travailleurs sociaux voulant et sachant faire ça - bien sûr, devant les caméras.

    L'opération s'amorce, les fonds affluent - sans réflexion préalable, sous le fouet de l'urgence. Or deux préalables réflexions s'imposaient. D'ordre criminologique, elles eussent fourni à ce versant préventif de l'antiterrorisme le cadre réfléchi et raisonné dans lequel - modestement - du positif pouvait s'espérer.

    Ces réflexions, les voici :

    - Aujourd'hui, nul au monde ne sait changer ce qu'il y a d'enraciné dans l'esprit, dans la conscience humaine. Les pires dictatures, les plus affreux goulags y ont échoué. La "Révolution culturelle" chinoise achevée - trente à cinquante millions de morts, pire génocide de l'histoire humaine - les Chinois reprennent illico leurs millénaires coutumes. Le tsunami maoïste a coulé sur les Han comme l'eau sur les plumes d'un canard. Au plan individuel, se transformer soi-même est déjà ardu - cesser de fumer, faire un régime, dur. Alors, tenter une telle aventure collective dans la France de 2015, avec M. Hollande comme carotte et Mme Taubira dans le rôle du bâton, euh...

    - Ce qu'on appelle "déradicalisation" n'est qu'une variante de la réinsertion des malfaiteurs dans la société, entreprise confiée en France au travail social qui, pour aller vite, n'arrive à rien. Pour un détenu voulant sincèrement apprendre le grec ou devenir plombier-zingueur, 99 sont prêts à tout pour sortir de taule un jour plus tôt - ou bêtement, s'ennuyer moins. Ici, un proverbe résume tout "Passée la fête, adieu le saint". En prison - chacun le sait sauf sans doute nos ministres - on dit oui à tout - et on trie après.

    Ces réflexions préliminaires auraient dû intéresser le gouvernement - mais non. Il faut communiquer, vite. Le Vingt Heures n'attend pas. Quitte à bidonner et gaspiller.

    Les mois passent. A l'été 2016 la vérité émerge. D'abord chez les surveillants de prison, directement concernés. Le porte-parole de leur syndicat majoritaire dénonce "Des programmes qui n'ont ni queue ni tête... Ce mot de déradicalisation qui ne veut rien dire... Des massages, des cours d'escrime". Vous avez bien lu : on pense amadouer de potentiels égorgeurs de prêtres et massacreurs d'enfants ; en faire de doux agneaux, par le chant, les ateliers-photos... Des balades en catamaran ! Aux frais du contribuable, bien sûr.

    Sur le terrain, des caricatures d'arnaques, vite décelables par le plus myope des inspecteurs, le plus énamouré de Mme Taubira : de simples vitrines médiatiques, poussées et financées par l'usuel préfet-minorité-visible, juste là pour la photo... Chiffres bidonnés et activités fictives... Le ministre de l'Intérieur venu manger un couscous (bien sûr...) devant les caméras (on s'en doutait...) ; gestion obscure et employés non payés... Des familles de "radicalisés" promenées sans résultat... Une animatrice (issue-de-la-diversité) aux titres fictifs et qualifications-bidon...

    Combien de jeunes islamistes ont-ils ainsi été "désamorcés" - peut-être aucun car pour commencer, on ne sait rien d'eux - s'agissait-il de fanatiques égorgeurs en puissance, ou du cousin Ernest voulant s'initier au catamaran ou à la poterie ?

    Nulle évaluation bien sûr. Plus de huit millions d'euros sans doute gaspillés sans comptabilité. On sait vaguement que quelque 1 800 individus ont fréquenté de telles structures. Quelle vigilante association, quels "Décryptage" ou "Décodeur" exigera de voir ces 1 800 dossiers, étudiera leurs suivis... Constatera les résultats... Evaluera le coût de l'affaire ? Prenons le pari : aucun. Bienvenue au royaume des ombres, versant médiatique. 

    Xavier Raufer (Atlantico, 13 septembre 2016)

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  • Quand les Européens découvrent que leurs états ne les protègent plus...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré à la trahison des Européens par leurs "élites" politiques...

     

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    En 2016 les Européens ont découvert que les Etats ne les protégeaient plus

    L’année 2016 restera dans les mémoires comme celle de la grande offensive de l’islamisme contre les Européens et les Français en particulier : pas une semaine sans attentat, sans agression contre des femmes, sans violence contre des policiers, du personnel pénitentiaire ou des pompiers ; pas une semaine sans acte criminel commis par des individus souffrant de « troubles du comportement » comme disent les médias de propagande ! Des « déséquilibrés » qui ont en effet la curieuse manie de proclamer qu’Allah est grand ou qu’il faut niquer la France

    Mais face à cette offensive, les peuples européens découvrent surtout qu’ils sont sans défense car leurs gouvernements non seulement leur cachent la vérité mais ne les protègent plus.

    La guerre de civilisation a commencé mais les gouvernements européens ne veulent pas la mener.

    Le fiasco européen

    L’Union européenne a déjà démontré en 2015 son incapacité à protéger les frontières de l’Europe de l’arrivée massive d’immigrants.

    Tout ce qu’elle prétend faire c’est répartir autoritairement les immigrants entre les Etats membres mais l’Espace Schengen rend illusoire ce type de mesure.

    En clair l’Union européenne ne sait pas relever ce défi, ce qui explique que les Etats du Groupe de Visegrad font sécession de fait et rétablissent leurs frontières et que les Britanniques se sont prononcés pour le Brexit. L’Union européenne, censée nous apporter la paix, est tournée de toutes parts.

    A Calais la jungle des migrants n’est plus sous contrôle de l’aveu même du maire et les services de police se déclarent débordés. Comme en Grèce ou ailleurs.

    L’Europe sans défense

    L’union européenne n’a plus de frontières. Mais elle n’est pas prête non plus à affronter la guerre de civilisation.

    Le 14 juillet, on fait toujours défiler nos armées pour rassurer le bon peuple sur sa sécurité. Les matériels sont rutilants et les rangs sont comme les mâchoires : bien serrés. Mais il ne s’agit que d’un beau spectacle.

    Notre outil de défense reste en effet adapté à un conflit qui heureusement n’a pas eu lieu : affronter le Pacte de Varsovie en Europe. L’effondrement de l’URSS a pris les stratèges au dépourvu. Notre armée est donc dotée de matériels lourds destinés au choc frontal en Centre Europe contre une autre armée mécanisée. Elle n’est donc pas du tout adaptée au monde chaotique de la guerre de civilisation où le front est partout et où l’ennemi est déjà chez nous.

    Notre dissuasion nucléaire vise à nous protéger des autres puissances nucléaires. Elle garantit surtout le dernier espace de souveraineté politique qui nous reste. Mais elle joue un rôle comparable à celui de la Ligne Maginot dans la stratégie française des années 1930 : car elle garantit notre sécurité tant que l’adversaire a la bonne idée de raisonner comme nous – au cas d’espèce d’éviter une destruction mutuelle ou de trop graves dommages. Mais qu’en serait-il face à un adversaire déraisonnable ou kamikaze qui, lui, n’aurait pas peur de mourir, le tout dans un contexte mondial de dissémination de l’arme nucléaire ?

    Dans les années 1990 les pays européens se sont enfin mis au diapason de la projection, puisque les Occidentaux jouent de plus en plus le rôle de supplétifs des intérêts stratégiques américains, notamment au Moyen-Orient, et que nos politiques se sont empressés de réintégrer la France dans l’organisation intégrée de l’OTAN, au moment même où cette alliance perdait toute justification. On fait donc de plus en plus la guerre à l’étranger à mesure que le chaos s’étend au Moyen-Orient et en Afrique. Mais pas de chance : le front est désormais chez nous aussi et ces opérations extérieures usent nos forces.

    Les militaires qui patrouillent désormais dans presque toutes les villes européennes ne font que de la figuration à la demande des politiques. Car tout le monde sait qu’ils n’empêchent pas la progression des violences terroristes.

    Les Etats dépassés face à l’islamisme

    En réalité les pouvoirs publics sont dépassés face à l’islamisme.

    A cause, d’abord, de leur incapacité à réguler les migrations.

    A cause, ensuite, de leur laxisme systématique vis-à-vis des manifestations croissantes du prosélytisme islamiste, laxisme qui repose sur le clientélisme électoral, surtout à gauche.

    Enfin, à cause d’une grave erreur de jugement consistant à croire que pour lutter contre l’islamisme il faudrait encourager… l’islam : grâce à cette politique digne de Gribouille, les Européens ont désormais à la fois l’islamisation de leur continent et le terrorisme islamiste. Bravo les experts de la « déradicalisation » et du Padamalgam !

    Combien d’individus radicalisés dangereux sont en liberté dans notre pays ? On ne sait pas et de toute façon cela importe peu puisqu’ils sont justement en liberté ! Car les politiciens, soucieux avant tout de respecter l’idéologie de l’état de droit – en clair : le pouvoir des juges inamovibles – attendent… qu’ils commettent un délit ou un crime pour les arrêter.

    Comme vis-à-vis de l’immigration, le fameux « principe de précaution » ne s’applique pas à l’islamisme. Tant pis pour les victimes.

    Les Etats ne font la guerre qu’à leurs propres peuples

    La décision du Conseil d’Etat sur les arrêtés anti-burkini du mois d’août dernier ne surprend personne.

    Comme l’a bien montré Jean Yves Le Gallou dans son dernier ouvrage (1), en effet, le pouvoir judiciaire, qu’il soit national ou européen, n’a cessé de favoriser l’immigration et l’islamisation de l’Europe – au nom de l’idéologie des droits de l’homme et du cosmopolitisme, voire de la « politique de peuplement » chère à Manuel Valls.

    Les Etats européens ne font la guerre qu’à leurs propres peuples. Comme l’avait prévu Jean Raspail dans Le Camp des Saints (2) : son roman – sa prophétie, devrait-on dire – se termine justement sur l’image de l’armée française bombardant non pas les envahisseurs mais… les derniers Français qui veulent résister à l’invasion.

    Nous sommes déjà dans ce processus d’inversion puisque les pouvoirs publics, les systèmes sociaux et les organisations humanitaires n’ont qu’une priorité : « accueillir les immigrants », les « secourir » en mer, les aider à s’installer en Europe puis à faire venir leurs familles, les protéger de la « xénophobie » et du « racisme ». En d’autres termes à ouvrir toutes grandes les portes à la guerre ethnique, communautariste et religieuse qui vient.

    Les autochtones pauvres, les Calaisiens victimes des « migrants », les SDF ne sont plus sur le devant de la scène médiatique comme dans les années 1980. Les autochtones bénéficient aussi de moins en moins de la redistribution sociale qui va en priorité aux immigrants.

    Aujourd’hui il est plus tendance chez les bobos et les filles de bonne famille de s’afficher à côté des migrants que dans les Restos du Cœur !

    Les Etats refusent de reconnaître l’identité européenne

    Enfin, les Etats ne défendent plus les Européens car ils refusent de reconnaître l’existence même d’une identité européenne (3) ou les racines chrétiennes de l’Europe : pourquoi donc les défendraient-ils ? Non seulement ils ne les défendent pas mais ils sont devenus les protagonistes du Grand Remplacement, c’est-à-dire la disparition programmée des Européens.

    En France, depuis la loi Pleven de 1972, préférer la nationalité française est devenu un acte discriminatoire, sanctionné par les tribunaux qui prétendent néanmoins juger « au nom du peuple français » !

    En outre, avec l’approbation des traités européens, les étrangers ont les mêmes droits que les citoyens autochtones ; mieux encore : quand ils sont en situation irrégulière ils ont des droits supérieurs à ceux des citoyens, notamment en matière d’aide médicale.

    L’idéologie des droits de l’homme a tué partout la citoyenneté et donc les protections qu’elle procurait. L’idéologie « antiraciste » a, au surplus, transformé les autochtones en dhimmis juridiques : on ne poursuit pas le racisme antifrançais, antieuropéen ou la christianophobie, ce qui revient à considérer que les vies ou les croyances des Français de souche sont inférieures en dignité à celles des allogènes.

    Les Etats ne veulent plus protéger leur population

    Les Européens savent désormais que les Etats ne veulent plus les protéger.

    Le 12 juillet, soit symboliquement 2 jours avant l’attentat de Nice, le gouvernement français a décidé de frapper une « médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme ». Nous voilà donc prévenus : les victimes de l’impuissance publique recevront une médaille.

    Mais à Nice, lors de la commémoration, les autorités ont été huées par la foule. Comme, à Versailles, un policier a refusé de serrer les mains officielles lors de la commémoration de l’assassinat de deux collègues de Magnanville en juin dernier.

    Ces manifestations, comme les sondages, montrent que l’impuissance ou l’indifférence de l’Etat devient odieuse à un nombre croissant de nos concitoyens. Or un Etat impuissant devient vite un Etat illégitime.

    Aujourd’hui les citoyens sifflent les représentants du Pouvoir – désormais si mal nommé – que ce soit en France, en Allemagne ou en Italie. Ils rejettent électoralement la classe politique au pouvoir en Europe quand ils le peuvent.

    Demain ils pourraient bien aller plus loin encore dans leur dissidence.

    En Europe des révolutions ont commencé pour moins que cela.

    Michel Geoffroy (Polémia, 8 septembre 2016)

    Notes :

    1. Immigration : la catastrophe. Que faire ?, éd. Via Romana, 2016.
    2. Le Camp des saints, Robert Lafont, 1973.
    3. L’expression « Français de souche » ne recouvre « aucune réalité légale, historique, biologique ou sociologique », selon le Tribunal correctionnel de Paris le 19 mars 2015, jugement confirmé en appel en décembre 2015.
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  • Des féministes islamistes ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue Javier Portella, cueilli sur Eurolibertés, le site de la réinformation européenne, et consacré au soutien apporté par une partie de la mouvance féministe aux femmes souhaitant revêtir le burkini sur les plages françaises...

    Javier Portella est l'auteur d'un essai remarquable intitulé Les esclaves heureux de la liberté (David Reinarch, 2012).

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    Manifestation féministe à Londres le 25 août 2016

     

    Les féministes islamistes

    Voilà donc que toute la grande lutte pour que la femme soit libérée de « l’assujettissement patriarcal », tout le combat pour que sa dignité soit affirmée face à « la mainmise machiste », toute la défense enhardie d’une liberté sexuelle qui passe par exprimer sans bigoterie la splendeur du corps et de sa nudité, voilà donc que tout cela, prôné avec tant d’acharnement par féministes et gauchistes – avec tant de raison aussi, du moins au début –, ce n’était rien, c’était faux, c’était une tromperie. Car ces droits – on le voit maintenant – se trouvent soumis, à leurs yeux, à quelque chose d’autre, à quelque chose de supérieur, même si pour l’instant ils sont encore valables pour les femmes européennes. Mais pour elles seules, non pas pour les musulmanes, dont les symboles vestimentaires de l’oppression sont défendus par féministes et gauchistes, comme on le voit à l’occasion de la polémique développée autour des femmes recouvertes par des burkas de bain.

    Faisons un peu d’histoire. Tournons-nous quelques décennies en arrière et reconnaissons qu’il était plus que juste le combat entrepris chez nous pour l’égalité des droits des femmes (on pourrait d’ailleurs dire la même chose concernant l’homosexualité) ; un combat dont la gauche prit d’ailleurs les commandes face à une droite qui s’y opposa au début et se plaça à sa traîne par la suite.

    Il faut cependant reconnaître que la condition de la femme sur les terres européennes n’a jamais eu rien à voir avec le sort qui est le sien sur les terres de l’Islam, là où le degré de son autonomie est mesuré… au nombre de coups de fouet ou de pierres. Davantage, c’est dans la vision du monde qui, chez nous, est sous-tendue de la sorte, c’est là que se trouve l’une des composantes de la face noble, belle, de notre temps. Car celui-ci – c’est là notre drame – a deux faces on ne peut plus opposées : celle de notre grandeur potentielle et celle de notre misère factuelle, deux faces qui s’entrelacent d’une façon si insidieuse que tout ce qui façonne la première semble condamné à s’y opposer dans la seconde. C’est ainsi que l’égalité des droits entre les deux sexes a abouti à la haine hystérique qui suinte chez les féministes radicales d’aujourd’hui, tout comme cette même égalité a dégénéré – la « théorie du genre » est son nom – dans la dissolution de la différence sexuelle elle-même.

    Et pourtant, il était tout à fait nécessaire, ce combat. Il l’était – mais il ne l’est plus. Ce qu’il faut combattre aujourd’hui c’est justement la confusion de rôles, la dissolution d’identités. Le combat d’hier est terminé – et gagné. Mais seulement parmi nous : non pas dans le monde musulman, là où, à quelques honorables exceptions près, aucun combat n’a jamais été entamé.

    Or, c’est là leur problème – pas le nôtre. Rien ne peut ni ne doit être fait – oublions l’apostolat, même laïc – quand on refuse de mettre sur pied d’égalité les droits des hommes et des femmes, quand on ne supporte pas que la beauté de celles-ci soit montrée au grand jour. Il n’y aurait aucun sens à essayer de les convaincre du contraire. Nous n’avons pas non plus le droit de les contraindre à accepter ce qu’ils ont en horreur : nos mœurs, notre façon d’être, notre vision du monde. C’est regrettable pour ceux d’entre eux qui n’acceptent pas un tel ordre, mais nous n’avons pas le choix. Il faut laisser faire, il faut accepter que leurs compatriotes suivent leurs mœurs, qu’ils vivent selon leurs principes, qu’ils couvrent leurs femmes avec ces symboles – car c’est bien de symboles et non pas de simples vêtements qu’il s’agit – que sont les voiles, les burkas et les burkinis.

    Qu’ils les couvrent autant qu septembre ’ils veulent. Mais chez eux – pas chez nous.

    Ou dans la mesure où ils restent chez nous – dans cette maison commune qui s’appelle encore l’Europe et non pas l’Eurabie –, qu’ils fassent tout ce qui leur plaira, mais chez eux : dans leurs domiciles privés ou dans des espaces collectifs qui leur soient propres, réservés. Non pas dans notre espace public, non pas dans nos rues et sur nos plages, non pas là où la présence de tels symboles constitue un affront à ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes.

    Car nous sommes encore quelque chose, nous ne nous sommes pas encore tout à fait évanouis. Ceux qui, par contre, voudraient bien s’évanouir, n’être rien, ce sont nos gauchistes et nos féministes. D’une part, ils restent totalement muets face au sort des femmes musulmanes ; d’autre part, désirant l’arrivée du plus grand nombre possible de foules islamiques, souhaitant que notre identité se voit ainsi diluée dans le grand magma multiculturel (sainte naïveté ! Comme si ce n’étaient pas les plus endurants et entreprenants qui finiraient par écraser les grands mous que nous sommes devenus !), ils encouragent la présence dans nos rues et sur nos plages des symboles vestimentaires de la Soumission.

    Nos gauchistes et nos féministes… Non seulement eux, certes. Il faut leur joindre aussi, moyennant toutes les nuances que l’on voudra, les oligarques libéraux de nos gouvernements mondialistes et de l’Union improprement dite « européenne ».

    Pourquoi une telle claudication de la part des uns et des autres ?

    Parce que le pilier sur lequel leur monde repose n’est nullement l’intensité vitale, le grand élan de joie, de vie, de puissance, qui bat – qui devrait battre – sous les libertés, politiques et de mœurs, que notre temps a conquises. Des libertés qui ne sont rien – pis, qui dégénèrent en nihilisme – si elles ne reposent pas sur un principe supérieur, substantiel ; si elles ne s’enracinent pas dans la terre grasse d’une identité, d’une communauté de destin : celle de notre patrie européenne.

    Patrie ? Identité ? Communauté de destin ? Principe supérieur, substantiel, « sacré » ? Voilà qui les horrifie au plus haut point ! Voilà ce que nos élites, aussi bien politiques que culturelles, haïssent au plus profond d’elles-mêmes. Voilà ce qu’elles combattent de toutes leurs forces. Rien n’est sacré pour elles. Rien… sauf ce rien, ce néant auquel l’individu transformé en atome se voit réduit dans la société libérale des masses. Rien, sauf cet individu dont la seule essence consiste à faire ce qu’il veut, ce qui lui chante, ce dont il a envie. Seul le bon plaisir importe : celui d’aller à poil sur les plages ou d’y couvrir le corps avec une burka. Tout devient égal – également bon ou également mauvais. Tout se vaut… et quand tout se vaut, quand tout devient indifférent, rien ne vaut rien. Tout se vaut, pour nos élites… sauf une chose : revendiquer une patrie belle, noble, grande, enracinée dans notre passé, projetée vers notre avenir, assise sur des principes – ne se balançant pas sur le vide.

    Javier Portella (Eurolibertés, 9 septembre 2016)

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