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Points de vue - Page 173

  • Le piège Blanquer ?...

    Au-delà des apparences et des effets d'annonces, que veut et que fait réellement Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'éducation nationale ? Veut-il véritablement éradiquer le pédagogisme au sein de l'Education nationale comme l'a dit Eric Zemmour dans une de ses chroniques sur RTL ? Claude Meunier-Berthelot, enseignante et essayiste spécialiste des questions éducatives, a donné un point de vue intéressant sur Polémia, que nous reproduisons ci-dessous...

     

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    Zemmour pris au piège de Blanquer ?

    Dans son éditorial sur RTL du 13 février 2018, Eric Zemmour a présenté la politique de Blanquer comme une « souffrance [pour les] pédagogistes ». Ces pédagogistes qui ont littéralement saccagé l’Education Nationale depuis des décennies… Souffrent-ils au vu des décisions que Blanquer serait censé prendre ? « Chaque jour est un jour de souffrance, chaque jour est une torture, chaque jour sa catastrophe, chaque jour son offense, son humiliation… » dit-il, faisant un inventaire à la Prévert : « Un jour c’est la méthode syllabique, le bon vieux B.A.BA qui revient en majesté, un jour c’est la dictée, et maintenant les quatre opérations, même la division dès le cours préparatoire, demain peut-être, la fin du bac dans une pochette surprise et pourquoi pas la sélection à l’université…non ! C’est trop de douleur ! Entendre un membre de la commission Villani dire “l’objectif de la mission est de rompre avec l’engrenage dans lequel l’enseignement est plongé depuis 40 ans”, c’est plus qu’ils n’en peuvent supporter… »

    Mais derrière le discours de Blanquer quelle est la réalité ? Une mise en œuvre sélective des bonnes orientations. Toutes les décisions prises par Blanquer et qui s’apparentent à un projet « authentiquement réactionnaire » (sic) – c’est-à-dire en réalité à des conceptions qui ont fait la gloire passée de notre Ecole -, sont bien mises en œuvre, mais uniquement dans les « réseaux d’éducation prioritaire », c’est-à-dire uniquement en faveur des élèves issus de l’immigration. Et le plus redoutable axe de communication de Jean-Michel Blanquer consiste à présenter avec le cynisme le plus éhonté, tous les dispositifs salutaires pour le système éducatif mais qui s’appliquent uniquement dans les REP (réseaux d’éducation prioritaire) comme s’ils étaient applicables et appliqués à tous, c’est-à-dire également à nos enfants.

    Et quand il visite des écoles où il met en évidence, la lecture acquise dès le CP dans des classes dédoublées et avec des méthodes éprouvées, les dictées, les fables de La Fontaine, les leçons de morale, les chorales, les cours de latin-grec… il se situe toujours dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire.

    Deux systèmes éducatifs aux objectifs et moyens diamétralement opposés

    A cet égard, rappelons qu’en vertu de la loi de refondation de l’école du 7 juillet 2013, loi résultant de l’aboutissement d’un lent processus de bi-partition qui a pris naissance depuis plusieurs décennies, il existe deux système éducatifs qui fonctionnent en parallèle avec des objectifs et des moyens éducatifs totalement opposés.

    – Un pour nos enfants, basé sur des méthodes anti-pédagogiques destructrices de l’intelligence et de la formation intellectuelle et notamment sur les méthodes de lecture de nature globale qui perdurent avec Blanquer – dont la dernière supercherie en date est de qualifier « syllabiques » les méthodes « semi-globales » – et sur le constructivisme, autrement dit, système où la transmission des savoirs et la formation intellectuelle disparaissent et où les élèves sont censés construire leur savoir à travers des activités diverses et variées, suivant un parcours qui leur est personnel, sans obligation de résultat.

    « Et çà ne marche pas … » , comme l’a déclaré Jean-Pierre Chevènement le 4 septembre 2017 sur LCI au micro d’Audrey Mara mais méthodes que Jean-Michel Blanquer ne remet absolument pas en cause contrairement à ce que prétend Jean-Pierre Chevènement, puisque le ministre a dit qu’il conservait l’interdisciplinarité – marque du constructivisme – « qui va dans le bon sens » (sic).

    – Un système éducatif pour les réseaux d’éducation prioritaire (REP et REP+ – 1100 sur le territoire national scolarisant 1 200 000 élèves), autrement dit pour les élèves issus de l’immigration y compris les enfants de clandestins scolarisés dans les REP+, c’est-à-dire les REP renforcés. Dans ce système, est dispensé un enseignement de qualité accompagné d’un soutien personnalisé, avec un personnel spécifiquement formé, des méthodes pédagogiques efficaces (sic), l’acquisition d’une « culture solide » (sic), l’objectif d’excellence de résultats rigoureusement contrôlés (avec remise de prix, d’excellence notamment). C’est le point le plus important. A lire sur le sujet :  Ecole, la haute trahison (Editions Apopsix 2017).

    Autres erreurs

    Mais d’autres erreurs se sont glissées dans le discours d’Eric Zemmour.

    Quand il encense Claude Allègre – en réalité, pédagogiste parmi les pédagogistes dont personne « n’a eu la peau » (sic) mais qui a « eu la peau » de l’Ecole, contrairement à une idée largement répandue – et attaque à Najat Vallaud-Belkacem – qu’il est de bon ton de critiquer si l’on veut faire apparaître Blanquer comme un redresseur de torts – il est tout autant dans l’erreur.
    Enfin, quand il dit que Blanquer oblige les pédagogistes à démissionner de tous leurs lieux de pouvoir, il est encore dans l’erreur : Michel Lussault, directeur du CSP (Conseil Supérieur des Programmes) a été poussé à la démission tout simplement parce que sa mission de refonte des programmes des collèges était terminée mais pas une seule décision prise par Jean-Michel Blanquer ne s’est démarquée fondamentalement de la politique de son prédécesseur. Contrairement aux annonces faites dans la presse, de simples assouplissements ont été apportés et encore ! Le prétendu rétablissement des classes bi-langues qui n’avaient jamais été supprimées, le prétendu retour du latin sans aucune disposition de fond correspondante, etc…

    Conclusion

    Alors quand Eric Zemmour prétend que Jean-Michel Blanquer « reconstruit l’Ecole pierre après pierre, l’Ecole d’avant qu’ils [les pédagogistes] ont tant haïe » , il faut bien s’imprégner de cette réalité catastrophique pour l’avenir de nos enfants et de la société française : cette politique éducative de « l’Ecole d’avant » n’est pas pour nos enfants et Jean-Michel Blanquer ne fait que poursuivre et renforcer une politique déjà très aboutie en la seule faveur des élèves issus de l’immigration dans les réseaux d’éducation prioritaire.

    Claude Meunier-Berthelot (Polémia, 17 février 2018)

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  • Vers l'éradication du pédagogisme à l'école ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique d'Éric Zemmour sur RTL, datée du 13 février 2018 et consacrée à l'action méthodique et résolue, mais bien tardive, du Ministre de l’Éducation nationale contre le pédagogisme et ses sectateurs....

     

                                       

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  • La France des autruches incapables d’anticipation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur Atlantico et consacré à la nécessité de l'anticipation, au travers de la question des stupéfiants...

     Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et a également coordonné l'ouvrage collectif intitulé La première cyber-guerre mondiale ? (Eska, 2015).

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    Cannabis et usage de stupéfiants : la France des autruches incapables d’anticipation

    Dix ans bientôt : le "Livre blanc de défense et sécurité nationale" paraît en juin 2008. Ces livres blancs sont d'usage sobres et lisses, mais avec véhémence, celui de 2008 appelle à l'an-ti-ci-pa-tion, saint-Graal de la défense à venir. "Anticipation... base de notre stratégie... très haute priorité... première ligne de défense... fondement d'une nouvelle doctrine" : hors de là, point de salut.

    Depuis, dans la vraie vie, notre appareil de défense-sécurité a-t-il appris à anticiper ?

    Mohamed Merah et autres fanatiques, tueries de Charlie-Hebdo, du Bataclan, etc. ? Raté. Les blitzkriege de Poutine, Crimée puis violente reconquête de la Syrie ? Raté encore. La mutation du gang salafiste d'abu Musab al-Zarqawi en un terrible "Etat islamique" ayant, vers 2014, plus de blindés que l'armée française ? L'explosion ravageuse du cyber-crime ? Rien vu ni prévu. 

    Faute à qui ? D'abord, aux architectes du Livre blanc - ignorant que le besoin d'un dispositif ou produit nouveau, un vaccin contre le Sida par exemple, n'induit pas sa faisabilité rapide. Vouloir anticiper n'est pas savoir le faire - tant d'obstacles existent sur cette route-là. 

    Le premier pour mémoire, car souvent dénoncé par l'auteur : les cyber-arnaques du big data-police-justice prédictive, etc. Pas plus qu'à l'ère d'Aristote, l'incertitude n'est aujourd'hui modélisable. Un jour peut-être, grâce à la physique quantique, mais demain matin, non.

    Reste l'obstacle majeur à l'anticipation, au décèlement précoce des dangers et menaces : l'aveuglement médiatique. Définissons-le à partir d'un exemple précis, les stupéfiants, la toxicomanie. 

    Sous la présidence Hollande, le gros de notre presse d'information fut bradée à deux milliardaires, menant désormais d'une main de fer des empires médiatiques Uberisés. Ce, non pour informer les lecteurs, mais pour leur vendre le capitalisme libertaire à la Soros, ici défini comme DGSI (Davos-Goldman-Sachs-Idéologie).

    Pour pulvériser la société à leur profit, Soros, filou-financier souvent condamné et ses complices milliardaires-libertaires glauques, prônent la libéralisation des drogues. Leur plan : créer la panique médiatique autour du cannabis. Vite, libéralisons ! Demain sera trop tard. D'où, le matraquage du Monde et de Libération sur la toxicomanie galopante en France et en Europe, que seule la libéralisation du cannabis saurait contrôler et encadrer.

    Or c'est faux : en Europe, l'usage de toutes les drogues, héroïne, cocaïne, amphétamines, cannabis, etc., baisse désormais - surtout là où ses ravages étaient les pires. En septembre 2012, le Daily Mail titre - inutile de traduire "Drugs are going out of fashion - dramatic fall in usage since 1996". En 2012 aussi, le World Drug Report signale qu'en Europe, l'usage de l'héroïne et de la cocaïne est en "baisse sensible", le cannabis étant, lui, "stable ou déclinant". Même constat dans le rapport Europe-2013 de l'Office français des drogues et de la toxicomanie (OFDT). En France ? Dès 2013, l'OFDT signale que, chez les jeunes de 17 ans, le cannabis recule. L'usage régulier (10 fois par mois) a même diminué de moitié de 2002 à 2011, de 12% à 6 % des 17 ans - signal fort : là sont les usagers de demain.

    Conséquence du recul des drogues en Europe, marché mondial N°1, 24 milliards d'euros par an dit l'Office européen des drogues et de la toxicomanie (OEDT): pour les cartels et mafias, une baisse de 15% de ce marché signifie perdre 3,5 milliards d'euros par an. Or dans le féroce milieu criminel, le chef n'enrichissant plus sa meute est éliminé. Ainsi et dès 2012, les criminologues alertent : les "parrains" inventifs se ruent sur des trafics palliatifs, êtres humains, contrefaçons, cyber-crime, etc.

    De fait, ces activités criminelles ravageant  la société, la santé publique, etc., explosent depuis lors. 

    Si, au lieu de gober les bobards-DGSI, notre appareil de sécurité avait ciblé à temps ces nouveaux périls criminels, il aurait attaqué le mal à sa racine - c'est cela, anticiper - au lieu d'attendre passivement, comme c'est le cas, que le mal soit fait.

    Aujourd'hui, ce recul de la toxicomanie éclate au grand jour. La 9e enquête OFDT-Escapad établit que, dans la cruciale catégorie des 17 ans, l'usage du cannabis est au plus bas depuis 2000 ; de 2014 à 2017, le nombre de ces jeunes fumant du hasch baisse de 9%. Les amphétamines et la cocaïne ? 8,8% en usent en 2014 chez les 17 ans, 6,8% début 2018. 

    Du bout des lèvres mais bien tard, les médias-DGSI l'avouent désormais. Or pourquoi libéraliser des drogues dont l'usage baisse de lui-même ? Voilà la vraie question. Et la tâche des officiels est désormais claire : affronter les menaces criminelles émergentes, au lieu d'écouter des sornettes médiatiques.

    Xavier Raufer (Atlantico, 12 février 2017)



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  • Corse : pour un fédéralisme à la française...

    Nous reproduisons ci-dessous une tribune de Jérôme Besnard, cueilli sur Figaro Vox et consacrée à la question corse. Jérôme Besnard est élu municipal et membre du conseil national des républicains.

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    Corse : pour un fédéralisme à la française

    Avouons d'entrée une peine certaine devant la gestion de la question corse par le Président de la République. Voir le président d'une région française soumis à une fouille avant de pouvoir assister au discours du chef de l'État est choquant. Gilles Simeoni s'inscrit dans une tradition politique revendicative mais nullement terroriste. Un demi-siècle de militantisme familial est là pour le prouver. Qui connaît Gilles Simeoni sait qu'il est de la trempe de ces militants régionalistes pour lesquels la violence symbolique, lorsqu'elle doit s'exercer, doit toujours demeurer au service de la raison. On pense bien entendu ici au FLB de Jean Bothorel ou au Mouvement Normand de Didier Patte. Pas à l'ETA ou aux dérives, savamment entretenues par certaines officines, du FLNC. Gilles Simeoni a la confiance et l'estime d'Hervé Morin, président de l'Association des régions de France qui est en train de réussir la fusion des deux régions normandes. C'est un avocat de profession, un humaniste au plus beau sens du terme. J'étais l'un des trois élus continentaux présents au rassemblement fondateur de Femu A Corsica le 29 juillet dernier à Corte. Je n'y ai rien constaté de séditieux ou de choquant pour notre commune décence politique française.

    L'absence de drapeau corse lors du discours d'Emmanuel est tout aussi stupide. On pense à l'étonnement du général de Gaulle face au drapeau malouin flottant au sommet de l'Hôtel de Ville de la cité corsaire: le rappel qui lui fut fait de l'indépendance de Saint-Malo au XVIe siècle lui fit convenir qu'il ne s'agissait pas là d'une offense à la République. Pensons aussi au discours du même général de Gaulle en langue bretonne à Quimper le 2 février 1969. Une intervention du chef de l'État en langue corse aurait eu un certain panache.

    La solution à la question corse n'est pas «girondine» pour la bonne raison que le girondisme n'est qu'un jacobinisme modéré. Les Girondins furent aux Jacobins ce que les Mencheviks furent aux Bolcheviks. La solution est à rechercher dans le trésor du fédéralisme français, si conforme au principe de subsidiarité. Le débat est ancien si l'on se réfère aux premiers écrits de l'Association normande d'Arcisse de Caumont (1831) ou à l'Association bretonne fondée en 1843. Même s'il a forcé le trait, on relira avec profit L'Ancien régime et la Révolution d'Alexis de Tocqueville. On se souviendra surtout que notre fête nationale du 14 juillet ne doit pas grand-chose à la prise de la Bastille mais tout à cette fête de la Fédération de 1790 que l'historien Marc Bloch plaçait au même niveau que le sacre de Reims dans la symbolique française.

    «La Corse est au cœur de la République» est venu dire Emmanuel Macron dans une de ces phrases creuses dont il a le secret. Non, la Corse n'est pas au cœur de la République, elle est un territoire insulaire, montagneux et en grande partie rural, situé non seulement en périphérie de la France métropolitaine mais au cœur de cette France périphérique si bien décrite par le géographe Christophe Guilluy, cette France qui doute de son avenir et qui ne se retrouve pas dans le discours de mondialisation heureuse qui a été celui du Président de la République depuis son émergence sur la scène politique nationale.

    Plutôt que d'invoquer des principes républicains aux contours souvent flous, on serait mieux inspiré d'en appeler à notre histoire commune depuis 1768 et l'achat de l'île à la République de Gênes par le roi Louis XV. Que l'on se souvienne des jours heureux et des peines communes, des batailles de Borgo et de Ponte-Novo, de la rivalité entre Bonaparte et Pozzo di Borgo, de la place centrale des Corses dans l'administration française, des sacrifices du 173e Régiment d'infanterie pendant la Première guerre mondiale. Allons écouter le vent dans les châtaigniers qui entourent la maison natale de Pascal Paoli à Morosaglia. Inclinons nous devant le sacrifice des goumiers marocains au col de Teghime. Saluons les deux églises, latine et grecque, de Cargèse. Pensons au dernier vol de Saint-Exupéry au départ de Poretta. Songeons au mariage de Romain Gary et Jean Seberg à Sarrola-Carcopino. Souvenons-nous de la Légion étrangère quittant Calvi pour aller libérer les Belges et les Français dans l'enfer de Kolwezi.

    Commémorons ces pages de l'histoire française qui ont fait de la Corse une île de notre pays. Donnons-nous les moyens institutionnels de la conserver dans le giron français en respectant sa culture et son peuple. Cela passe par l'ouverture d'un vrai dialogue avec Gilles Simeoni et ses amis que leurs succès électoraux accumulés depuis quatre ans revêtent d'une légitimité incontestable. Des outils juridiques et constitutionnels existent pour que la Corse résolve avec l'aide de la France ses problèmes culturels et économiques, qu'elle préserve ses paysages et qu'elle offre un avenir à sa jeunesse.

    Jérôme Besnard (Figaro Vox, 9 février 2018)

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  • Alep, Pyongyang, Davos… Vers la chute de l’Empire américain ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et consacré au déclin de la superpuissance américaine. Haut-fonctionnaire, animateur de la Fondation Polémia, Michel Geoffroy doit prochainement publier un essai chez Via Romana, La super-classe mondiale contre les peuples.

     

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    Alep, Pyongyang, Davos… Vers la chute de l’Empire américain ?

    L’année 2017 restera comme un grand tournant géopolitique que les médias de propagande se gardent bien de nous révéler : celui de la fin, en direct en quelque sorte, de la domination des États-Unis sur la scène mondiale.
    Les médias mainstream nous cachent ce tournant car c’est une mauvaise nouvelle pour la Super Classe Mondiale qui comptait sur la surpuissance américaine pour faire avancer son projet mondialiste !
    Analyse d’une chute en direct.

    Corée du Nord : le roi est nu

    Première étape, la Corée du Nord : un tout petit Etat de 25 millions d’habitants qui s’est doté non seulement de l’arme nucléaire mais de missiles intercontinentaux. Une nouvelle illustration de l’incapacité des Occidentaux à conserver leur monopole nucléaire, mais pas seulement.

    En effet, Donald Trump peut toujours prétendre avoir « un plus gros bouton » que Kim Jong Un. Mais tout le monde voit que les gesticulations américaines n’ont pas permis de mettre au pas la minuscule Corée du Nord. A la différence de 1962, lors de la crise des fusées de Cuba, où les États-Unis ont fait plier l’URSS, qui était un adversaire d’une toute autre dimension que le pays du matin calme, même en version soviétoïde. L’Amérique de Donald Trump en est même réduite à demander l’aide diplomatique de la Chine et de la Russie pour tenter de résoudre la crise !

    L’affaire coréenne ébranle surtout la crédibilité de la puissance américaine dans cette partie du monde au point d’inquiéter sérieusement l’allié japonais, qui songe à renforcer ses forces d’auto-défense et donc à revenir sur son pacifisme constitutionnel.
    L’onde de choc coréenne n’a donc pas fini de se propager en Asie, car tout le monde comprend que le roi est nu….

    Syrie : échec au roi

    Seconde étape, la fin de Daesch en Syrie du fait de l’intervention militaire russe, symbolisée par la reprise d’Alep.
    Alors que les Occidentaux en ont été bien incapables, d’autant qu’ils voulaient avant tout le renversement de Bachar El Assad et qu’ils n’hésitaient pas pour ce faire à s’appuyer sur des groupes islamistes comme Al Nosra, présentés comme des forces démocratiques d’opposition. Gribouille n’aurait pas fait mieux !
    La Syrie marque une nouvelle défaite stratégique des États-Unis dans leur prétention à imposer leur « nation-building », c’est-à-dire en réalité le chaos au Proche Orient. Une nouvelle défaite aussi pour tous ceux qui se sont embarqués dans la folle stratégie américaine et singulièrement la France, qui a perdu le peu d’influence qu’elle avait encore dans ce pays. Une belle performance française donc, dans un pays autrefois placé sous son mandat !

    L’intervention russe en Syrie fut non seulement décisive et « souveraine » car elle mit un coup d’arrêt à la déstabilisation occidentale de la Syrie. Elle apporte aussi la preuve que la Russie est de nouveau un acteur international à part entière avec lequel il faut désormais compter. D’autant que l’intervention militaire russe a démontré, au grand dam de l’OTAN, les très grandes capacités militaires de ce pays y compris dans les hautes technologies. Pendant que les frappes américaines continuaient de tomber à côté des cibles visées et de multiplier les « bavures »….

    Car, malgré l’enfumage médiatique permanent*, la puissance militaire américaine n’est plus ce qu’elle était. On finit par oublier par exemple que cela fait désormais 16 ans que les Etats-Unis pataugent en Afghanistan pour « lutter contre le terrorisme » : mais pour quel résultat exactement, sinon l’explosion du trafic de drogue ?

    Davos : le roi est mort vive le roi !

    Troisième étape : Davos en janvier 2018.
    Car contrairement à ce que nous serinent nos médias de propagande, la révélation de l’édition 2018 du Forum Economique Mondial de Davos n’était pas Emmanuel Macron, récitant avec application et en anglais son cours libéral de « réformes » et de « flexibilité », en bon élève de l’oligarchie.
    Non c’était la Chine qui donnait le ton y compris en matière de défense de l’environnement, d’autant que les États-Unis apparaissaient marginalisés avec leur retrait du Protocole de Paris !
    Le représentant chinois n’a-t-il pas affirmé en outre que « la Chine aspire à construire un monde ouvert, inclusif, propre et beau qui jouisse d’une paix durable, de la sécurité universelle et d’une prospérité partagée. Ayant cela à l’esprit, le gouvernement chinois assume aujourd’hui davantage de responsabilités à l’égard de la paix et du développement du monde » ? Se payant donc le luxe de reprendre à son compte, mais au second degré, le discours habituel des Occidentaux.
    Une Chine qui, avec les autres Brics , déconstruit en outre patiemment la domination du dollar et des États-Unis dans les institutions financières internationales.

    A Davos on parle toujours anglais, mais désormais avec un fort accent chinois ou indien.

    Bienvenue dans le nouveau monde !

    Le XIXe siècle fut européen et anglais. Le XXe siècle fut américain. Mais, à l’évidence, le XXIe siècle sera différent : peut-être chinois mais surtout, comme on dit, « multipolaire », ce qui signifie que les Occidentaux n’auront plus les moyens d’imposer aux autres civilisations leurs intérêts et leurs lubies idéologiques. Et que les Etats-Unis vont perdre leur statut de surpuissance.

    Cela permet d’ailleurs de comprendre la signification réelle des critiques médiatiques récurrentes portées des deux côtés de l’Atlantique contre la personne de Donald Trump : elles servent à essayer de cacher la nouvelle donne stratégique du monde aux Occidentaux, en faisant de Donald Trump un bouc émissaire.
    Car ce n’est pas à cause de la prétendue « folie », « imprévisibilité » ou « maladresse » de son actuel Président, que les États-Unis perdent leur leadership. C’est tout simplement parce que nous changeons d’époque et parce que les rapports de force mondiaux ne sont plus les mêmes. Mais chut ! il ne faut pas réveiller les autruches occidentales.
    Lors de son discours sur l’État de l’Union, le 30 janvier dernier, le Président Trump a ainsi affirmé « nous pouvons tout faire », dans une sorte de remake du « Yes we can » de son prédécesseur Barak Obama. Mais avec le nouveau monde qui vient, cette méthode Coué a peu de chances de fonctionner.
    Et il serait temps que les Européens en prennent conscience, au lieu de continuer de se placer à la remorque d’un Oncle Sam de plus en plus vieillissant.

    Michel Geoffroy (Polémia, 4 février 2018)

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  • Haro sur la liberté d’expression en France ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une analyse de l'Observatoire du journalisme à propos du dispositif de censure qui se renforce en France depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir.

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    Haro sur la liberté d’expression en France ?

    Le mercredi 3 janvier 2018, le président Macron annonçait sa volonté de lutter contre les « fake news » par la loi, en particulier en « périodes électorales ». Autrement dit, de contrôler la liberté d’expression dans les moments « démocratiques » stratégiques. Cette annonce suit de peu la mise en œuvre par Twitter de ses nouvelles conditions générales d’utilisation, lesquelles s’apparentent plutôt à de la censure qu’à une réglementation. Une sorte de soft-censure en marche.

    Avant l’annonce du président Macron, les restrictions de la liberté d’expression étaient déjà en cours sur les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en particulier. Restrictions de la liberté d’expression en France ? On dira, halte à la paranoïa… et pourtant ?

    Le président Macron veut-il contrôler la liberté d’expression ?

    Dès la campagne présidentielle, le candidat Macron montrait une surprenante conception de la liberté de la presse et des médias, en n’autorisant par exemple que sa propre équipe de journalistes à le suivre et en donnant ensuite aux médias des images sous contrôle. Ce fut le cas lors de la visite à l’usine Whirlpool d’Amiens. En cette période où il convenait d’aider le candidat Macron à gagner, les médias officiels ne se sont offusqués de rien. Un peu plus quand le président a fait appel à Bruno Roger-Petit à l’Élysée. Dans l’ensemble, la convergence idéologique entre politiques et médias sociaux libéraux autorisait ces petits arrangements entre amis. Personne n’avait tiqué quand par exemple le candidat Macron avait accusé en mode rumeur les médias russes de s’immiscer dans la campagne électorale. En mode rumeur ? C’est-à-dire « fake news ». Qu’est-ce qu’une « fake news » ? Une nouvelle fausse diffusée volontairement. Ainsi, lancer une rumeur, jamais vérifiée depuis, sur l’implication de médias russes dans un processus électoral ou bien nier en direct à la télévision, lors du débat présidentiel, que l’on va baisser les APL une fois élu, cela peut être considéré comme la diffusion volontaire d’une fausse nouvelle. Du coup, la question se pose : qui va définir ce qu’est ou non une « fake news » ? Au fond, la « fake news » devient : simplement tout mode de pensée contestant le mode de pensée idéologique dominant, d’où ce sentiment d’une soft-censure en marche. Une forme de contrôle et de censure, non plus des médias officiels (ils sont déjà amplement contrôlés par le fait des subventions et par une communauté évidente d’idéologie) mais des médias alternatifs. C’est cela, l’objectif du président Macron quand il demande « des règles », un contrôle des « contenus » et qu’il affirme que « toutes les paroles ne se valent pas ». Il est du reste fort étonnant qu’une telle formule, en France, n’ait pas hérissé les cheveux des habituels défenseurs des droits de l’Homme. Il est vrai qu’à voir l’accueil réservé à un média différent tel que RT France, l’observateur comprend mieux l’absence de levée de bouclier contre la volonté présidentielle de contraindre l’opinion à une expression plus contrôlée. Comme Alain Juppé durant la primaire de la droite, Emmanuel Macron trouve que certains médias sont trop peu contrôlés, des médias comme RT France mais aussi les réseaux sociaux.

    Des réseaux sociaux de moins en moins sociaux ?

    La liberté d’expression semble menacée sur les réseaux sociaux. À l’instar des médias alternatifs, ils seraient le lieu de propagation de « fake news ». Ces « fake news » ne sont jamais, dans l’esprit des élites politico-médiatiques, le fait de médias officiels. Aucun média officiel, à les en croire, ne diffuserait jamais volontairement de fausse nouvelle. Qui peut aujourd’hui penser une chose pareille ? La preuve que les médias officiels diffusent de fausses nouvelles, volontairement, et sont très souvent amenés à défendre l’idéologie des élites au pouvoir, réside dans l’existence même des médias alternatifs : ils n’auraient aucune raison d’exister et d’être « alternatifs », si l’expression était libre et équitable au pays des prétendus droits de l’Homme. Alors, des réseaux sociaux mis sous contrôle ? Plus sûrement, des réseaux sociaux qui appartiennent au même courant idéologique, social libéral ou libéral libertaire, que les élites politico-médiatiques au pouvoir et qui, de ce fait, combattent insidieusement contre les modes de pensée autres. Il en va ainsi de Facebook, qui aurait fermé des comptes jugés défavorables au candidat Macron, durant les dernières présidentielles, souvent des profils d’individus reliés d’une manière ou d’une autre à des groupes anti-Macron. Les témoignages sont nombreux, le bulletin non conformiste Monarque 3.0 a ainsi vu sa page être fermée sans préavis, ainsi que les profils de ses animateurs, entre les deux tours. Cas isolé ? Impossible à vérifier, en termes de quantité. Cependant, certains médias alternatifs évoquent le nombre de 70 000 comptes Facebook fermés pour ne pas entraver l’En Marche du futur président. Et l’information selon laquelle la « modération » de Facebook confinerait de plus en plus à une forme de censure ne provient plus seulement des médias alternatifs. Libération s’en est par exemple fait l’écho en novembre 2017.

    Avec Twitter, il va falloir twitter droit

    Depuis mi-décembre 2018, Twitter est à l’avant-garde de la limitation de la liberté d’expression, appliquant de « nouvelles conditions d’utilisation », autrement dit de nouvelles règles du jeu. C’est ainsi que des dizaines de comptes ont été arbitrairement fermés à l’approche des fêtes de la fin de l’année 2017. À y regarder de plus près, ces comptes ont pour la majeure partie d’entre eux la particularité d’être classés à la droite de la droite, comptes de personnalités ou d’individus patriotes, souverainistes ou de la droite dite « hors les murs ». Autrement dit, c’est l’adversaire droitier de l’idéologie dominante qui est pourchassé. Après la suppression de celui de Génération Identitaire, l’exemple de « Pont d’Arcole » a fait un peu de bruit sur le net, d’autant que son animateur est vite réapparu, ayant prévu un « compte de secours ». La majeure partie des comptes visés par Twitter sont des comptes ayant un nombre d’abonnés à 5 chiffres. La presse s’en est très peu fait l’écho, sauf L’Obs, lequel défend le bien fondé de ces fermetures de comptes dits « d’extrême droite », de son point de vue. L’Obs a cependant bien du mal à justifier la fermeture de « Pont d’Arcole » : pour l’auteur de l’article, c’est un tweet de « Pont d’Arcole » proposant de dissoudre ou non les Femen qui aurait conduit à la suppression de son compte. On ne voit pas bien en quoi cette proposition de sondage aurait porté atteinte à la dignité humaine. Il est surprenant qu’aucun média officiel ne le relève : les comptes Twitter, mais aussi Facebook, fermés le sont sans avertissement, et surtout sans qu’à aucun moment leurs détenteurs aient été, d’une façon ou d’une autre, condamnés par la justice. C’est donc bien de délit d’opinion dont il s’agit : ces comptes sont fermés au mépris de l’État de droit, uniquement car leurs détenteurs défendent des opinions politiques ou sociétales qui ne correspondent pas à la doxa dominante, celle exprimée par le président de la République lors de ses vœux à la presse.

    Comment ne pas voir dans ce faisceau d’actions une sorte de volonté commune de limiter la liberté d’expression de qui ne pense pas « comme il faut » ? La situation est d’autant plus choquante qu’Emmanuel Macron, comme le patron de Twitter France, se targuent de défendre la liberté d’expression et de presse. N’est-ce pas ce patron de Twitter, celui qui ferme les comptes supposément droitiers, dont le propre compte porte en exergue la fameuse proposition de Voltaire…

    Sachant que les fermetures procèdent des délations d’autres détenteurs de compte, de gauche et organisés pour faire fermer les comptes, que dire d’un système de contrôle et de règles qui sont fondés, finalement, sur une délation à laquelle celle des heures pétainistes de la France n’a rien à envier ? Quand les militants de la tolérance pratiquent l’intolérance et la délation… avec le soutien indirect des élus de la Nation, ou celui direct des patrons des réseaux sociaux. Damien Viel a ainsi épinglé ce tweet, sous un large bandeau affirmant que « tweeter n’est pas un crime » : « Depuis le 18/12, pour continuer à mieux garantir un usage sûr et à chacun d’exercer son droit à s’exprimer librement, Twitter a mis en œuvre de nouvelles règles contre les conduites haineuses et les comportements abusifs. Chacun peut contribuer à leur mise en œuvre par des signalements ». Bienvenue en 1984, non ?

    Observatoire du Journalisme (8 janvier 2018)

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