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Points de vue - Page 175

  • Parti médiatique : un gros mot ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Philippe Bilger, cueilli sur son blog Justice au singulier et consacré à la mise en cause des médias comme parti ou système diffusant une pensée unique... Ancien magistrat, Philippe Bilger est notamment l'auteur de récits ou d'essais comme 20 minutes pour la mort (Rocher, 2011) ou Contre la justice laxiste (L'Archipel, 2014).

     

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    Parti médiatique : un gros mot ? 

    Jean-Luc Mélenchon se doutait de ce qu'il allait déclencher en dénonçant "le parti médiatique" auquel il fallait s'opposer à tout prix. La coupe n'étant pas assez pleine, il a défendu sur son blog la liberté de parole de Laurent Wauquiez et fustigé des médias ennemis de la liberté d'expression.

    L'intéressant est que cette polémique et cette dénonciation, pour une fois, ont contraint les médias, tous genres confondus, à se défendre et à considérer que ces attaques, en gros, portaient atteinte à la démocratie dont ils auraient été les intercesseurs privilégiés.

    Cette joute dépassait de loin le seul cas de LFI puisqu'on mettait dans le même sac, pour la pourfendre, la coagulation critique à l'encontre du rôle des médias qui réunissait donc non seulement JLM et sa verve caustique mais Laurent Wauquiez chargeant, à la suite de son épisode lyonnais, l'indécence médiatique, Marine Le Pen et sa permanente mise en cause de la partialité médiatique et, enfin, le président de la République avec sa méfiance théorisée et maintenue à l'égard de médias trop corporatistes et peu doués pour appréhender la pensée complexe. J'ai conscience de l'hétérogénéité de cet inventaire mais il résulte d'un éditorial du Monde : Haro sur les médias !, tout à fait éclairant sur la conception orgueilleuse et clairement irréprochable que ce quotidien, qui les représente, donne d'eux-mêmes.

    Au fond il n'y aurait pas de parti médiatique mais au contraire le service "d'une mission permanente à laquelle les médias s'emploient : informer scrupuleusement, enquêter solidement, raconter honnêtement, décrypter aussi intelligemment que possible la réalité au service de leurs lecteurs ou auditeurs. Bref transmettre la culture, nourrir la lucidité des citoyens".

    Quel magnifique programme mais qui malheureusement relève plus de l'autopersuasion que d'une vérité dont la pratique démontrerait la validité, aussi bien pour la presse écrite que pour l'audiovisuel, tant en matière politique que dans le domaine culturel où le clientélisme fait la loi !

    Certes Le Monde, confronté à ces assauts à la fois disparates mais impressionnants contre le "parti médiatique", laisse échapper, du bout de l'esprit, que "non que les médias soient au-dessus de tout reproche. Qui peut y prétendre ?". C'est tout et un peu court. Se réfugier derrière la noblesse d'une ambition sans approfondir plus avant les dysfonctionnements qui ne cessent de l'altérer manque pour le moins de lucidité.

    Je pourrais me contenter de justifier le concept de parti médiatique par la propension des médias, précisément, à fonctionner en vase clos, à se satisfaire trop souvent d'un processus où des journalistes parlent à des journalistes et se complaisent, malgré de corporatistes et feints antagonismes, à développer une homogénéité de points de vue et une approche peu ou prou similaire. Le parti médiatique domine les particularités idéologiques et appose une chape uniforme sur l'infinie diversité de la société et des courants qui l'irriguent ou l'affaiblissent.

    Cette appellation de parti médiatique et l'unité qu'elle suppose, que les médias soient de droite ou de gauche, les constitue d'abord comme un monde refusant toute critique sur ce qu'il est, toute interrogation sur son impartialité, son objectivité et la pauvreté de son pluralisme mais s'enivrant des hommages formels que de plus en plus il est le seul à s'adresser.

    La distinction fondamentale entre information et opinion a volé en éclats de même que la séparation, pourtant la base d'un journalisme de qualité, entre le réel correctement transmis et son commentaire. On peut dorénavant parler plutôt d'une infopinion ou d'une opininfo, un mélange qui fait perdre à l'information ce qu'elle doit avoir d'irréfutable et à l'opinion ce qu'elle a le droit d'afficher comme une subjectivité assumée.

    Surtout cet opprobre jeté sur "le parti médiatique" déchire le voile pudiquement jeté sur un univers qui a longtemps réussi à faire croire qu'il ne se trouvait pas impliqué dans la mêlée et le débat politiques ni gangrené par les solidarités professionnelles et culturelles mais, en quelque sorte, en surplomb, détaché, extérieur à la furie partisane, analyste froid et équitable. Pus du tout juge, totalement partie.

    On sait bien, et plus que jamais, que si cette période a peut-être existé dans sa pureté - on peut d'ailleurs en douter -, c'en est bien fini de ce simulacre, de cette fausse distance au bénéfice d'empoignades, de disputes et de contradictions où le journaliste est devenu un citoyen comme les autres.

    Ce qui a modifié radicalement la donne est le fait que la neutralité du questionnement n'est plus présumée mais se voit suspectée, soupçonnée par ceux qui répondent et qui hier demeuraient passifs.

    Qu'il y ait un "parti médiatique" dépassant et transcendant les frontières apparemment clivantes est une évidence. Ceci ne signifie pas que la mission d'informer vraiment et d'analyser honnêtement soit facile à accomplir. Les remous ayant accompagné le lancement et le développement du "Le Média" de LFI ont constitué une parfaite illustration de ce que la dénonciation des médias classiques est aisée mais que l'invention d'une communication exemplaire est épouvantablement difficile.

    Mais il est certain que les médias ne se sortiront pas de la nasse critique d'aujourd'hui en se contentant de traiter avec mépris et condescendance ce "haro sur eux". Il convient qu'ils s'interrogent et qu'ils en tirent des leçons. Le temps de la révérence par principe et de l'impunité par crainte est révolu.

    S'ils ne constituent pas un parti médiatique, qu'ils démontrent alors qu'ils sont authentiquement une chance - concrète, quotidienne, irréfutable et donc respectée - pour la démocratie.

    Philippe Bilger (Justice au singulier, 4 mars 2018)

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  • La France est-elle encore un pays de haute civilisation ?...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il commente une information qui illustre l'état de notre pays...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet a publié cet automne aux éditions Léo Scheer un roman intitulé La nouvelle Dolorès et, tout dernièrement, son Journal de l'année 1971 à l'année 1994.

     

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    France, pays de haute civilisation

    Cinq mois après la mise en service de ses vélos, la société chinoise Gobee.bike a décidé de se retirer de France : 1000 vélos volés, 3200 dégradés, non seulement à Paris mais aussi en province (et à Bruxelles, où on imite Paris, dans la délinquance comme dans le jihad). La société Gobee.bike déplore sa décision en un langage typique de notre époque, où il s’agit de dire sans désigner ni « stigmatiser » personne. Elle n’en révèle par moins que ses vélos avaient fini par faire l’objet d’un saccage systématique de la part d’individus dont c’était devenu le passe-temps : les mêmes que ceux qui, pour marquer leur attachement indéfectible à la France, brûlent des voitures par centaines, à la Saint-Sylvestre et au 14 juillet, quand ils ne le font pas pour maquiller leurs méfaits, comme on le voit dans l’affaire du bon Théo, lequel n’a donc pas été violé par la police, la preuve de son mensonge ne mobilisant cependant pas ses « défenseurs » ni la presse qui s’était empressée de dénoncer les « brutalités policières »…

    Le « concept » de Gobee.bike était pourtant séduisant : alors que les Vélibs ont besoin de bornes et d’un port d’attache, les vélos de Gobee.bike, eux, nécessitaient simplement, pour débloquer l’antivol, un téléphone et un code à barre ; et le vélo pouvait être laissé là où l’utilisateur avait cessé d’en avoir l’utilité. Un progrès ? Certes ; mais cette liberté d’utilisation s’est heurtée à l’abjection française – à l’archaïsme d’une société ravagée par la délinquance et le désastre migratoire. À l’heure où les femmes balancent leurs porcs, il est impossible de rien réformer en France : ni la SNCF ni l’éducation nationale, encore moins les mœurs qui, elles, se partagent entre le « progrès » du « mariage pour tous », de la GPA, de la PMA, du clonage, du trans-humanisme, et l’accroissement de l’ignorance et de la violence « gratuite » – celle-ci ne se mesurant pas seulement aux agressions physiques mais aussi aux « incivilités », hypocrite euphémisme désignant une délinquance sans limite, car devenue une manière d’être d’une grande partie de la population. On peut le comprendre à partir de l’idée de « gratuité » elle-même, qui a partie liée à l’irresponsabilité, donc à l’impunité : cela va des crachats et déjections canines sur les trottoirs au fait de laisser sur place le relief de ce qu’on a consommé : journaux « gratuits », gobelets de café, canettes de bière, bouteilles d’eau, mégots, chewing gum, emballages de kebab... Après tout, se dit le petit individu post-civilisationnel, il existe des services de ramassage d’ordures comme il existe un Samu social pour les « SDF » et des associations pour défendre les Roms. Le zombi post-moderne, petite monade inculte et sans éducation, mais sûre de ses droits, surtout si elle appartient à une « minorité » étrangère, réalise le programme de Mai 68 : jouir de tout, et tout de suite – sans se préoccuper d’autrui, instaurant donc une forme minimale de guerre de tous contre tous, qui se radicalise avec l’islam et la privatisation de l’espace public. Ainsi le dernier wagon des trains du RER est-il de plus en plus souvent privatisé par des fumeurs de tabac ou de cannabis. Ainsi se croit-on libre d’écouter sa musique non plus avec des écouteurs mais en en faisant profiter tout le monde. Que la plupart de ces propagateurs d’incivilités soient le fait de gens d’origine immigrée doit être bien sûr passé sous silence : il n’y a rien à voir, donc rien à dire.

    Les vélos de la société Gobee.bike n’avaient aucune chance de prospérer dans un pays tel que la France, notamment à Paris, ville poubelle où l’individu post-moderne tue le temps comme il peut, en attendant le revenu universel, la libéralisation du cannabis, son clonage narcissique, tout ça sur les ruines d’une langue qui importune plus qu’elle ne sert, puisque ce n’est pas de l’ « américain ».

    Certes, l’État compte sur la « compréhension » et la bienveillance de « citoyens » chargés de promouvoir le « vivre ensemble » républicain, c’est-à-dire d’entretenir l’illusion que la France est un pays de civilisation. Il n’est plus, en vérité, qu’une parodie de civilisation, comme tout ce que le « village global » propose au nom même de la « civilisation ».

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 27 février 2018)

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  • L’utopie totalitaire de la Silicon Valley...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Bertrand Renouvin, cueilli sur son blog et consacré à l’utopie technolibertarienne des gourous de la Silicon Valley.

     

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    L’utopie totalitaire de la Silicon Valley

    Au rêve californien des hippies a succédé l’utopie technolibertarienne diffusée par les gourous de la Silicon Valley. Incontestablement séduisante, la promesse d’une humanité formée d’individus connectés aux choses et aux êtres repose en fait sur l’exploitation de nouvelles classes ouvrières et nous entraîne vers un totalitarisme doux, qui privera l’homme de sa liberté essentielle. Ce mouvement paraît irrésistible. Est-il possible de s’y opposer ?

     Cinquante ans après la grande vague contestataire qui s’épanouit aux Etats-Unis à la fin des années soixante et qui explose en mai 1968 dans notre pays, on voit que les ruses de l’histoire furent cruelles pour ceux qui avaient cru aux « grands récits ». Beaucoup attendaient la révolution, mais ce fut en France comme ailleurs « l’été de la Saint-Martin » du marxisme selon la formule de Maurice Clavel. Puis on assista à la jonction de l’esprit libertaire et de l’idéologie libérale dans un capitalisme renouvelé, toujours plus radical et dominateur. Certains s’en étonnent encore mais nous n’avons plus le loisir d’y revenir car nous sommes maintenant confrontés à une rencontre fusionnelle entre les nouvelles technologies et l’utopie libertaire. Il en résulte un processus qui est en train de bouleverser les rapports entre les hommes, et les rapports entre les hommes et le monde.

    Ecrivain et philosophe, Eric Sadin fait magistralement l’histoire de ces mutations dans un livre (1) qui prolonge sa remarquable « critique de la raison numérique » (2). Cette histoire commence et se poursuit en Californie, ce qui ne saurait guère étonner les lecteurs de Lucien Sfez qui nous avait expliqué que les Etats-Unis sont le pays de l’utopie technicienne (3). La Californie des Sixties avait conquis l’Amérique. C’est maintenant la Silicon Valley qui est en train de conquérir le monde en réalisant le vieux rêve soixante-huitard : changer la vie. Ce changement est rendu possible par le développement prodigieux de nouvelles technologies : accumulation massive de données, générales puis personnelles grâce aux traces laissées sur Internet ; avènement des réseaux sociaux en ligne dans l’esprit communautaire de la contre-culture des années soixante ; puis développement de « l’administration robotisée des choses » et, à partir de 2007 avec la diffusion des téléphones intelligents, progression fulgurante des services à la personnes sous forme d’applications inventées par des startups.

    Sous l’égide de Google, Microsoft, Amazon et autres géants étatsuniens, nous avons l’impression que la vie sera de plus en plus facile et passionnante : nous participons désormais à toutes sortes d’échanges planétaires grâce à des techniques ludiques conçues par les bons génies de la Silicon Valley. Cette impression, largement partagée dans les sociétés modernes, favorise la croissance de l’écosystème numérique mais elle ne procède pas d’observations spontanées. Nous ne faisons que reprendre les formules d’un nouveau Grand Récit fort bien décortiqué par Eric Sadin. A l’origine, en 1938, il y a la création par William H. Hewlett et David Packard d’un audio-oscillateur dans un garage de Palo Alto. Tel est le geste de la rébellion originelle. Quant au garage, il devient le mythe fondateur de la création d’un prototype par des aventuriers du capitalisme. Ces individus géniaux développent leur propre vision, qui est en rupture avec le cadre industriel existant – mais en harmonie avec le rêve américain de la réalisation de soi-même par l’effort.

    Dans les années soixante-dix, la Silicon Valley fut le théâtre de débats entre deux philosophies de la technique : l’une rationaliste, centralisée et fonctionnaliste, l’autre souple et émancipatrice dans la ligne de la sociologie contestataire. En 1972, Steward Brands, fondateur de l’une des plus anciennes communautés virtuelles, décrit l’ordinateur comme un nouveau LSD et explique que cette machine est fabriquée par des révolutionnaires qui veulent « désinstitutionnaliser la société et donner le pouvoir aux individus ». On voit alors apparaître la figure de l’entrepreneur libertaire qui se présente comme un génie visionnaire dont la puissance inventive va libérer l’humanité. Avec Steve Jobs et Apple, c’est cependant le thème de la créativité individuelle qui domina dans les années quatre-vingt mais, au tournant du siècle, la perspective de l’interconnexion générale se fit sous la double impulsion libertaire et libérale : grâce aux réseaux, on allait enfin connaître la fin de l’histoire et l’harmonie universelle ! Dix ans plus tard, l’utopie culturelle de l’émancipation par les réseaux fait place à place à une nouvelle utopie, économique et financière : « la duplication numérique du monde, écrit Eric Sadin, a fait émerger un horizon de profits intarissables qui, sous le couvert des bonnes intentions déclarées visant à améliorer le sort de l’humanité, excite toutes sortes de convoitises et de désirs ».

    Le modèle de la Silicon Valley est devenu mondial. Tous les pays cherchent à imiter le système industriel et financier californien – de l’Amérique latine à la Chine en passant par l’Europe. Emmanuel Macron est manifestement happé par cette silicolonisation à base de startups inventives et de magiciens de l’intelligence artificielle. Ce nouveau monde n’est pas soumis à des processus techniques irrésistibles. Toute technique est une techno-logie : un discours qui porte une vision générale de l’homme et du monde, idéologique ou utopique (4). L’esprit de la Silicon Valley, tel que l’analyse Eric Sadin, mêle l’idée américaine de la perfectibilité infinie de l’homme, l’apologie de la rationalité scientifique qui serait capable de résoudre toutes les anomalies sociales et toutes les erreurs de jugement individuelles et le culte libertarien de l’individu qui s’auto-réalise hors de toute hiérarchie. Paradoxalement, l’intelligence artificielle vise à éliminer l’humain qui pèche par inattention, qui fait des erreurs de calcul, qui a des croyances inadéquates. Avec l’ordinateur, les fautes d’orthographe sont réparées, avec la voiture Google sans chauffeur il n’y a plus d’accidents… mais ces éléments positifs portent en eux la négation de l’être humain. L’homme est dépossédé de sa faculté de juger par une machine qui sait mieux que lui comment interpréter le monde et comment s’y conformer pour en tirer le maximum de plaisirs.

    L’utopie technolibertarienne nie la liberté humaine et récuse le politique en tant que tel. Elle est tout à fait compatible avec les délires du transhumanisme mais contredit très concrètement l’exigence de justice sociale. La diffusion du modèle californien a brisé le rêve d’une démocratie accomplie, étrangère à toute hiérarchie. La Silicon Valley mondialisée, c’est une société de castes ainsi décrites par Eric Sadin :

    Tout en haut l’élite des mathématiciens – king coders – qui conçoivent les algorithmes complexes. Souvent venus de pays pauvres, ils sont devenus riches et vivent hors de tout lien territorial.

    Au milieu, les programmeurs qui tapent du code et surveillent les machines, les spécialistes de la finance, des relations publiques, de la mercatique… Les membres de cette caste vivent confortablement et sont fiers de contribuer au bien-être de l’humanité – sans comprendre que leurs capacités sont exploitées avec un parfait cynisme mais dans une excellente ambiance.

    Tout en bas, les innombrables ouvriers, souvent asiatiques, des usines d’assemblage des ordinateurs et des téléphones qui travaillent comme des robots en inhalant des produits toxiques.

    Ailleurs, éparpillés et eux aussi surexploités, les entrepreneurs individuels qui conduisent les taxis ou louent leur appartement : ils sont soumis aux algorithmes qui gèrent la plateforme – Uber, Rbnb – en assumant tous les coûts et risques de leur activité.

    On dit que les travailleurs des deux dernières catégories ont au moins la chance d’avoir un travail mais ils seront un jour ou l’autre remplacés par des robots. Eric Sadin évoque la « sauvagerie entrepreneuriale » et la « criminalité en sweat-shirt » qui règne dans les grandes compagnies dont nous utilisons chaque jour les produits et qui sont dirigées par des gourous qui apparaissent comme de géniaux et sympathiques bienfaiteurs. En fait, ils cachent sous leurs allures décontractées la volonté pathologique de dominer totalement le cours des choses et la vie d’êtres humains devenus parfaitement transparents. Se dessine un totalitarisme doux, dans lequel le guide suprême sera remplacé par des opérations mathématiques dictant les choix individuels et contre lesquelles il serait absurde de se révolter.

    La mise à mort de l’homme par la technologie libérale-libertarienne : telle est la perspective qu’il faut refuser. Eric Sadin appelle à l’insurrection contre un système qui détruit toute civilisation. Il milite pour le refus radical des objets connectés, des assistants numériques, de la généralisation des tablettes numériques à l’école… par la mobilisation de tous les moyens qu’offre le droit. Il faut aussi que l’Etat cesse d’encourager le nihilisme technologique et la marchandisation de l’ensemble de la vie et engage le combat contre les grandes compagnies qui favorisent la domination du capitalisme californien. Contre un modèle radicalement antipolitique, le recours au politique s’impose. Mais qui en voit, aujourd’hui, la nécessité ?

    Bertrand Renouvin (Le blog de Bertrand Renouvin, 18 février 2018)

    Notes :

    (1)  Eric Sadin, La silicolonisation du monde, L’irrésistible expansion du libéralisme numérique, Editions L’Echappée, 2016.

    (2)  Eric Sadin, La vie algorithmique, Critique de la raison numérique, L’Echappée, 2015. Voir ma présentation dans le numéro 1098 de « Royaliste ».

    (3)  Cf. Lucien Sfez, La santé parfaite, critique d’une nouvelle utopie, Le Seuil, 1995. Présentation dans le numéro 782 de « Royaliste » (2001).

    (4)  Pour Lucien Sfez, l’utopie repose sur le principe de non-contradiction et travaille dans l’imaginaire, alors que l’idéologie opère dans le symbolique et déploie une dialectique.

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  • Qui a inventé la lutte contre les « fake news »?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Fernand le Pic, publié par Antipresse et repris par l'Observatoire du Journalisme, dans lequel il explique qui sont les promoteurs de cette lutte contre les fake news qui s'est soudainement imposée dans l'agenda des états européens...

     

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    Qui a inventé la lutte contre les « fake news »?

    Comme un seul homme, les dirigeants des pays occidentaux tombent tous à bras raccourcis sur les «fake news». Comment et pourquoi en est-on arrivé à une aussi belle unanimité? Et où se trouve le chef d’orchestre ?

    On s’inquiète en France de l’annonce d’Emmanuel Macron relative à son projet de loi anti-fake news. Comme les Français n’ont jamais été très bons en anglais, ils ont tendance à traduire fake news par fausses nouvelles. Le mot « fake » ne connote pourtant pas la même notion que celle du faux (tromper, faillir). Son étymologie le relie plutôt au nettoyage (cf. fegen en allemand), voire à l’embellissement par des moyens artificiels comme le maquillage, le lustrage, etc. On ne cherche pas à tromper sur la nature des choses mais à les rendre plus présentables.

    Qu’à cela ne tienne, les Français aiment discuter, alors ils glosent juridiquement, politiquement ou encore philosophiquement sur le sujet. Curieusement, ils n’abordent jamais le volet militaire. On sait pourtant que l’arrangement de la réalité est consubstantiel à l’art de la guerre.

    Là se trouve pourtant l’origine de cette dissémination simultanée d’un vocable anglophone dans le discours gouvernemental de presque tous les pays d’Europe, Suisse comprise, et bien sûr des États-Unis.

    Réatlantiser l’Europe…

    En 2010, un rapport du CEPA (Center for European Policy Analysis), un de ces énièmes laboratoires d’influence basés à Washington, pond un rapport intitulé « Keeping new allies ». Il s’alarme d’un risque de perte de contrôle des anciens pays du pacte de Varsovie, que l’arrivée d’Obama n’aurait fait qu’aggraver. Ce dernier avait en effet annoncé sa volonté de se rapprocher de la Russie sous présidence Medvedev et pour faire bonne figure, il avait osé enterrer le déploiement du très dispendieux bouclier antimissiles, décidé par le Deep state sous la présidence de Bush Jr.

    Face au désintérêt que suscitent les États-Unis dans ces pays, le CEPA recommande de procéder à une « opération de réassurance », qui, seulement quatre ans plus tard, deviendra la « European Reassurance Initiative » que l’on sait. On s’en doute un peu, le CEPA est évidemment une courroie de transmission du Deep state américain. Il est officiellement financé entre autres par la National Endowment for Democracy, la Mission US auprès de l’OTAN, la division Diplomatie publique de l’OTAN, l’École navale des États-Unis, le Pentagone, le Département d’État américain, les groupes habituels comme Raython, Lockheed Martin, Chevron, Bell Helicopter, Textron Systems, etc. Et puis, tout de même, l’Agence de défense européenne.

    Aurions-nous oublié Soros ? Rassurez-vous, il n’est jamais bien loin. Ici, c’est dans le recrutement des cadres qu’on en trouve une ventouse, avec notamment le Bulgare Ivan Krastev, à la fois membre du conseil consultatif du CEPA et du Global Advisory Board d’Open society, lequel Krastev est par ailleurs expert encarté de la National Endowment for Democracy.

    Que dit fondamentalement ce rapport du CEPA ? Eh bien, que la relation avec la ceinture orientale de l’Europe se relâche, se détériore très vite même, et qu’il faut d’urgence reprendre les choses en mains, car on discerne déjà «des signes que la région devient plus européenne qu’atlantiste». Diantre! Que nous dites-vous là ?! Le remède prescrit ? La création de nouvelles structures bilatérales et de think tanks atlantistes pour ranimer la flamme américaine, l’établissement de nouveaux «Centres d’excellence» de l’OTAN, sur le modèle du Centre de cyberdéfense de Tallinn (Estonie), de belles visites de haut rang plus fréquentes et en fanfare, l’augmentation du nombre d’étudiants boursiers dans les universités américaines, un investissement massif dans les médias, et des accords de livraison d’armes, notamment de missiles antibalistiques SM-3, produits par Raytheon à 15 millions de dollars pièce, c’est-à-dire le retour sine die au bouclier antimissile, contre la volonté du locataire de la Maison blanche. Sans oublier de bons vieux exercices militaires de la Baltique à la Mer Noire, sur fond de scénarios d’attaques majeures imminentes. Oui mais venant de qui ?

    …en recréant un ennemi

    Tant pis pour le reset d’Obama avec Moscou, ce sera un remake de la guerre froide avec la Russie, que l’on accusera de « révisionnisme ». Un terme pourtant plus naturel au lexique soviétique qu’américain. Mais après tout, pourquoi chercher plus loin ? Alors on ira provoquer la Russie. Un peu de temps pour préparer l’opération et réunir les fonds nécessaires et ce sera le coup d’État de Maïdan, avec la perspective assurée de voir l’armée américaine s’installer bientôt à demeure en Ukraine et plus particulièrement en Crimée. On connaît la suite.

    Le Kremlin n’a pas le choix, ce sera le retour du drapeau russe sur l’intégralité de la péninsule et de ses infrastructures militaires : bases stratégiques pour l’accès de la Russie aux mers chaudes. Tout cela, comme on s’en souvient, sans un seul coup de feu tiré. Un vent de panique souffle tout de même dans les États-majors occidentaux, qui résumeront l’opération en deux mots : guerre hybride.

    Le concept était encore flou. Il signalait entre autres l’association de ressources civiles et militaires, de forces conventionnelles et spéciales, d’expositions médiatiques brutes et d’opérations d’influence secrètes, avec en particulier un usage très maîtrisé des réseaux sociaux.

    Le Deep state américain a eu ce qu’il voulait : un beau discours de peur sur « l’invasion » russe de l’Ukraine, « l’annexion illégale » de la Crimée, ou encore l’hégémonie renaissante de la Russie qu’il faut contenir militairement. On va pouvoir exiger des européens qu’ils passent à la caisse de contributions et augmentent de quelques pourcents leurs budgets militaires au bénéfice des équipements « interopérables », comprenons américains. Et puis on va enfin pouvoir détruire définitivement toute velléités de la Maison blanche de persévérer dans son reset pro-russe.

    Ce sera la carte de la propagande internet et des manipulations de l’information par les Russes, sous l’appellation de marque de «fake news». L’équation est on ne peut plus simple: « c’est russe, donc c’est fake». Sauf que les Américains, via l’OTAN, exigent de l’Europe qu’elle criminalise l’information d’origine russe.

    Quand les barbouzes jouent au théâtre d’ombres

    Officiellement, c’est depuis 2015 que les Européens ont reçu leur sommation militaire. Le général Philip Breedlove, à l’époque commandant suprême de l’OTAN, déclarait le 22 mars 2015, que l’Occident devait s’engager dans une guerre de l’information avec la Russie afin de contrecarrer ses « faux récits », notamment sur les réseaux sociaux. Curieusement, on avait déjà créé le Centre d’excellence de communication stratégique de l’OTAN (StratCom COE) à Riga, dès 2013. Peut-être voulait-on en faire un usage offensif, camouflé aujourd’hui en « réponse » à l’hégémonie russe?

    Justement, dès 2010, le général Petraeus, qui connut tout de même la case menottes aux poignets, avait passé commandé de logiciels permettant de créer des faux profils multiples à usage d’internet, avec une panoplie de fausses informations à la clé (faux CV crédibles, etc.) donnant l’illusion de la réalité à ces personnages virtuels (des _sock puppets dans le jargon). Autrement dit, le Pentagone utilise exactement ce qu’il reproche à la Russie d’employer! Nom de code:Operation Earnest Voice (OEV). C’est la société Ntrepid, propriétaire d’Anonymizer, qui a développé cette solution. Au passage, on apprendra que cette société a été fondée par Richard « Hollis » Helms, un ancien officier de la CIA. Également fondateur d’Abraxas. On sait que Hollis n’y a embauché que des anciens de la CIA, à 100% des effectifs. Un spin off en quelque sorte.

    Le déploiement simultané de la censure

    L’Union Européenne aussi, en tant que telle, a créé une ressource similaire avec East StratCom, qui travaille à contrer la campagne d’information russe. Un acronyme qui sonne décidément proche de US Stratcom, l’unité américaine regroupant la compétence notamment pour traiter une guerre nucléaire et les opérations psychologiques.

    En plus des sanctions économiques contre la Russie, on s’apprête donc à mettre en place des sanctions informationnelles. Limitées au tempo des élections, nous dit-on. A voir! Dans le temps, on appelait cela de la censure. Aussi l’on ne peut que sourire lorsque M. Macron déclare qu’il veut, de sa propre initiative, censurer les médias russes! En l’occurrence, Macron ne fait qu’appliquer les ordres militaires de l’Etat major américain et du deep state, via l’OTAN. Idem pour Angela Merkel qui a déjà fait passer une loi, en douce, entre Noël et le nouvel an, obligeant les GAFA à censurer toute pensée déviante sous peine de lourdes amendes. Idem aussi pour le Royaume Uni, qui a carrément créé une brigade militaire dédiée de près de 1500 hommes (et femmes), la 70ème brigade, afin de mener cette guerre contre la Russie.

    Le général Marshall Webb (ça ne s’invente pas), confirmait quant à lui ce recours à des scénarios hybrides par ses troupes, lorsqu’il était encore patron des forces spéciales de l’OTAN. C’est ce même général qu’on voit sur la célèbre et curieuse photo de l’état-major suivant en direct la mise à mort de Ben Laden dans la salle de crise de la Maison blanche.

    Et notre chère Suisse n’est pas à l’abri. Lors de sa première visite officielle à l’étranger, en Autriche, notre nouveau président de la Confédération Alain Berset a fait un petit crochet pour embrasser Harlem Désir, parachuté «représentant pour la liberté des médias» au sein de l’OSCE. Et de quoi ont-ils parlé? De la manière de juguler les fake news! Il n’y a décidément plus de sujet plus pressant!

    Mais c’est le Vietnam qui devrait nous intéresser le plus. Ce pays a voulu faire comme les Européens. Il vient de créer son unité militaire de contrôle de l’orthodoxie médiatique : la Force 47. Composée de pas moins de 10.000 hommes, son rôle est de tout surveiller sur le Net et de supprimer tout contenu jugé déviant et offensant par le pouvoir en place. Certes, les Vietnamiens vivent toujours sous un régime communiste avec parti unique. Ce qui est très différent de chez nous.

    Fernand Le Pic (Antipresse n°112, 21 janvier 2017)

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  • Le grand remplacement, des écrans de cinéma jusque dans les têtes !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Geoffroy, cueilli sur Polémia et dans lequel il analyse avec brio une opération de guerre cognitive que nous voyons se dérouler sous nos yeux...

     

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    Le grand remplacement, des écrans de cinéma jusque dans les têtes!

    Les méchants sont blancs

    Depuis longtemps les films hollywoodiens nous montrent que les méchants sont des albo-européens, même si leur nationalité peut varier selon le scénario. Des méchants mafieux siciliens, des méchants albanais [1] qui organisent des réseaux de prostitution et surtout des méchants russes… Tous fachos et suppôts de Poutine !
    Comme lorsqu’à la télévision, on nous présente des policiers procédant à une interpellation : le prévenu est toujours de la bonne couleur ! Car les codes hollywoodiens se sont imposés partout en Occident.
    Les asiatiques ont certes eu leur heure de gloire dans le registre du mal cinématographique : du Docteur No [2] au méchant Thao qui veut voler la belle voiture de Clint Eastwood [3] puisqu’il est bien connu que les gangs hmongs sont très puissants outre-atlantique….
    Il y a encore périodiquement aussi des méchants terroristes islamistes au cinéma, mais ils sont heureusement souvent mis hors d’état de nuire par de gentils policiers musulmans [4] ou noirs [5].
    Mais aujourd’hui, sur nos écrans, chacun peut constater que les méchants sont pour l’essentiel des « personnes perçues comme blanches ».

    Les gentils sont afro-américains

    Les afro-américains, par contre, entrent rarement dans la catégorie des méchants. Ils jouent en général des rôles de policiers, de militaires, de savants [6], de prêtres (non pédophiles) ou d’informaticiens dans les productions hollywoodiennes.
    S’ils commettent des hold-up c’est en général pour se venger des méchants blancs [7], car ce sont toujours de gentils bandits. Ils sont aussi Président des Etats-Unis ce qui, vous en conviendrez, est un gage de gentillesse [8].
    Ce stéréotype apparaît désormais comme la marque de fabrique des productions hollywoodiennes et déteint partout.

    Le rôle des lobbies communautaires

    Cette situation ne résulte pas du hasard.
    Elle traduit d’abord la volonté de l’industrie médiatique de séduire aux Etats-Unis le public afro-américain et, sur un plan plus général, de s’adapter à un monde où, demain, 40% de la population mondiale, sera, d’après les prévisions de l’ONU [9], issue du continent africain. Et de s’adapter aussi à une Amérique de moins en moins WASP et de plus en plus multiculturelle.
    Un phénomène qui se retrouve d’ailleurs dans la propagande publicitaire, qui met désormais systématiquement en scène des couples mixtes ou des métis voire qui vise des créneaux carrément ethniques, mot novlangue pour désigner un segment de cette clientèle « perçue comme non-blanche ».
    Le stéréotype « méchant blanc/gentil noir » traduit aussi la vigilance des associations de défense communautaires qui veillent au respect de la bonne image cinématographique et télévisuelle des « minorités » et qui n’hésitent pas à engager des procès et des boycotts pour se faire entendre.

    Les remakes, expressions de la nouvelle norme politiquement correcte

    D’où aussi la propension du cinéma à augmenter la proportion de personnages de couleur incarnant un rôle positif dans le scénario, comme on peut le voir lorsqu’on examine des remakes.
    Car les remakes correspondent le plus souvent à une réécriture politiquement correcte de l’œuvre initiale.
    Ainsi par exemple le film américain de fiction apocalyptique Je suis une légende de Françis Lawrence (2007) est un remake du film Le Survivant de Boris Sagal (1971).
    Mais dans ce remake, le héros est noir (incarné par l’acteur Will Smith) alors que, dans le film original, il est blanc (incarné par l’acteur Charlton Heston). Dans le remake le héros rencontre aussi une femme blanche ; dans le film initial il rencontre une métisse. Dans le remake enfin, les méchants mutants ont la peau blanchâtre alors que dans la version originale ils avaient la peau sombre !
    En d’autres termes le starring du film a été systématiquement inversé.

    Salauds de blancs !

    Cette comparaison permet de mesurer la progression du stéréotype consistant désormais à associer aux albo-européens des caractères systématiquement négatifs. Un stéréotype que bien sûr les bonnes âmes se gardent de dénoncer.
    Ainsi, par exemple, dans le film de fiction Prometheus de Ridley Scott (2012), les méchants humanoïdes albinos qui veulent détruire la terre, semblent sortis de la statuaire d’Arno Brecker ! Et dans le même film le capitaine du vaisseau spatial qui se sacrifie courageusement pour sauver la terre est… un afro-américain, comme il se doit.
    Il serait fastidieux de citer les innombrables scénarios, que ce soit sur grand ou petit écran, qui reposent sur ce stéréotype de nature raciste : salauds de blancs, gentils noirs !
    Mais ce racisme ne choque évidemment pas les ligues de vertu puisque, par construction, le racisme anti-blanc n’existe pas. Et qu’il véhicule une haine de soi à destination du seul public albo-européen, sommé de gober sans broncher ces stéréotypes masochistes.
    Les blancs sont méchants et les gentils sont de couleur : une autre façon, finalement, d’affirmer que « l’immigration est une chance pour nous » !

    Le Grand Remplacement, c’est aussi dans nos têtes

    Mais cela ne suffisait pas !
    Car aujourd’hui Hollywood et ses suiveurs sont en passe de franchir une nouvelle étape : remplacer tout simplement les albo-européens par des afro-américains dans les films à prétention historique.
    Par exemple dans le film King Arthur de Guy Ritchi (2016), l’acteur noir Djiman Hoansou incarne un chevalier de la Table Ronde, sir Bevedere. Dans la série télévisée Once Upon a Time, c’est Sinqua Walls, un autre acteur noir, qui joue le rôle de Lancelot. Dans le film Robin Hood Origin d’Otto Bathurst, le personnage de Petit Jean sera joué par un acteur afro-américain Jamie Fox.
    Au théâtre, l’actrice afro-américaine Condola Rashad incarnera Joan Of Arc. Et dans la série de la BBC The Hollow crown, la reine Marguerite d’Anjou est jouée par l’actrice métisse Sophie Okonedo.

    On entend déjà les bonnes âmes s’écrier : pourquoi une personne « perçue comme non blanche » n’aurait-elle pas le droit de jouer Lancelot ou Marguerite de Valois ? D’autant que les races humaines n’existent que dans l’esprit tordu des racistes.
    Mais, curieusement, les mêmes ne supporteraient sans doute pas qu’un acteur albo-européen joue, par exemple, le personnage de Martin Luther King…Comme le footballeur Antoine Griezmann l’a appris à ses dépens, quand il s’est déguisé en basketteur afro-américain !
    Car pour le Système médiatique, il ne peut y avoir de réciprocité : le Remplacement n’est autorisé que dans un seul sens. Sinon c’est du racisme, du colonialisme ou de l’appropriation culturelle.
    Bref, c’est toujours mal quand c’est blanc.

    Un casting ridicule ? Non un projet chaotique

    A l’évidence ces castings placés sous le signe de la « diversité », comme ces scénarios où les méchants sont invariablement des albo-européens, ne sont pas neutres : ils jettent les bases d’une nouvelle guerre cognitive menée contre les Européens.
    Une guerre destinée à leur faire croire qu’ils n’existent pas, sinon pour nuire au reste de l’humanité. Une guerre qui s’attaque aux représentations de leur passé donc à leur identité et à leur être. Une guerre qui s’intègre dans le projet chaotique de la Super Classe Mondiale consistant à transformer les Européens en monades, pour mieux les mettre en servitude.
    Ces castings font certes sourire ceux qui ont encore un peu de culture, car il est douteux qu’on ait désormais le droit d’en rire en Europe de l’Ouest.
    Mais qu’en sera-t-il demain des petits européens qui auront été essorés par la machine à « éducation inclusive », sevrés de théorie du genre et d’antiracisme obligatoires et lobotomisés à la sous-culture du portable ?
    Croiront-ils que le roi Arthur était un migrant Erythréen et que Jeanne d’Arc entendait des Negro Spirituals avant d’aller bouter les Russes hors d’Ukraine ?
    Si c’est le cas, la Super Classe Mondiale qui pilote les écrans aura gagné : ils ne seront plus Européens car ils auront aussi été remplacés dans leur tête.

    Michel Geoffroy (Polémia, 18 février 2018)

    Notes :

    [1] Voir notamment Taken de Pierre Morel (2008)
    [2] James Bond 007 contre Dr No de Terence Young (1962)
    [3] Gran Torino (2008) de Clint Eastwood
    [4] Voir par exemple l’Union Sacrée d’Alexandre Arcady (1989) où les méchants iraniens sont mis hors d’état de nuire par un policier maghrébin et un policier juif
    [5] Par exemple Couvre Feu d’Edward Zwick (1998)
    [6] Par exemple, dans 2012 de Roland Emmerich, le gentil physicien est incarné par l’acteur noir Chiwetel Ejiofor
    [7] Voir par exemple Ocean Eleven de Steven Soderbergh( 2001)
    [8] Dans 2012 de Roland Emmerich, le Président des Etats-Unis est incarné par l’acteur noir Danny Glover
    [9] En 2100

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  • L'assassinat du cul joyeux...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Xavier Eman, cueillie sur son blog A moy que chault ! et consacrée à la sexualité... Animateur du site d'information Paris Vox et collaborateur de la revue Éléments, Xavier Eman a récemment publié un recueil de ses chroniques mordantes intitulé Une fin du monde sans importance (Krisis, 2016).

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    L'assassinat du cul joyeux

    Le puritanisme comme la pudibonderie excessive sont souvent les révélateurs de névroses personnelles pour ne pas dire le masque de passions plus ou moins honteusement enfouies ou en tout cas mal acceptées. Ce sont, surtout, de simples négatifs de l'obsession sexuelle et de la frénésie pornographique. Deux approches également faussées et déréglées, à des degrés divers, de la sexualité, du rapport charnel.

    La liberté sexuelle est évidemment une bonne chose, à condition qu'elle ne devienne pas une nouvelle norme impérative, un nouveau carcan obligatoire une nouvelle morale imposée, permissive par décret. Ce qui se passe dans les alcôves entre adultes consentants doit y rester, il ne devrait pas y avoir de « police des braguettes » comme le disait un Jean-Marie inspiré et connaisseur... Les libidos des uns et des autres sont plus ou moins importantes, plus ou moins exacerbées; dans ce domaine comme dans les autres, il n'y a pas d'égalité, pas plus que de norme globale, générale, absolue... On peut aimer le sexe à deux, à trois, à quinze, déguisé en pompier ou en marquis de la cour de Versailles, dans des draps de soie ou à l'arrière d'une camionnette... En dehors des protagonistes concernés, cela n'a aucun intérêt, aucune importance, ce n'est pas un sujet, du moins cela ne devrait pas en être un...

    Que l'on ait la force de l'abstinence et de la fidélité, de la soumission à un serment librement consenti, et cela est certainement très beau et hautement respectable, admirable même. Que l'on soit un libertin conséquent, qui ne ment, ne triche ni ne trahit quiconque, et il n'y a pas non plus à rougir face à l'armée des faussaires et des tartuffes. On peut évidemment choisir la hiérarchie de ses appétences et de ses admirations, c'est un autre débat. Mais le sexe n'est pas un objet public, pas un thème politique, il ne se transforme en sujet de débat sociétal que lorsqu'il devient maladif, morbide. Et c'est sans doute un des innombrables crimes de notre époque que d'avoir arraché la sexualité de la gangue protectrice de l'intime pour en faire un objet d'études, d'analyses, de discours et de spectacle. Le lieu orignellement ultime, paroxystique, du don, de l'abandon, du confidentiel, du fusionnel a été progressivement arraisonné par la logique du marché, placé sous la lumière impitoyablement crue du projecteur médiatique. Le freudisme avait commencé le massacre, le psychologisme journalistique a terminé le boulot. Désormais il n'est plus question de plaisir, de jouissance, de légereté, le sexe n'est plus joyeux, gratuit, solaire, il est le « révélateur de rapports de force socio-économiques », le théâtre d'une « guerre des sexes » toujours plus virulente, le moyen d'une  odieuse « oppression symbolique »...

    D'une explosion dionysiaque, d'une fête partagée, on a fait une pathologie parmi d'autres.

    Dernier avatar de cette insupportable tendance, « l'intellectualisation » du sexe, grotesque et prétentieuse logorrhée, bouillie sémantique qui fait du porno un « acte d'activisme féministe », du gang bang un « moyen de réappropriation d'un corps trop nié », de l'exhibitionnisme une « quête identitaire »... Enième stratégie de détournement et d'enfumage du système pour masquer les véritables problématiques, les luttes réelles, sociales et économiques, les césures idéologiques fondamentales... La sexualité n'est ni une identité, ni une idéologie, ni un manifeste... Le pan-sexualisme et l'hypertrophie pornocratique ne sont que les dernières armes forgées pour tenter d'enrégimenter, de codifier, d'homologuer et de marchandiser les ultimes espaces de liberté et de gratuité restant à l'individu.

    Et si on foutait un peu la paix aux corps et à ce que les gens veulent en faire ou pas ? Si on remettait les histoires de galipettes à leur place, non négligeable peut-être mais toutefois très secondaire ? Et si on laissait à la luxure sa part d'irraisonné, sa dimension inexplicable ?

    Merci pour elle.

    Xavier Eman (A moy que chault ! , 19 février 2018)

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