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Il était une fois la Suède...

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Richard Dessens , cueilli sur EuroLibertés et consacré à la percée électorale du Parti démocrate suédois, opposé à l'immigration. Docteur en droit et professeur en classes préparatoires, Richard Dessens a notamment publié La démocratie travestie par les mots (L'Æncre, 2010), Henri Rochefort ou la véritable liberté de la presse (Dualpha, 2017) et La démocratie interdite (Dualpha, 2018).

 

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Il était une fois la Suède

Élections législatives en Suède dimanche 9 septembre. Depuis plusieurs jours la Grande Presse Officielle française et européenne fait régner un climat d’angoisse : le SD (Parti Démocrate suédois), « d’origine néo-nazi » (car cette fois-ci la grande presse démocratique se lâche sans complexe) peut devenir le premier parti de Suède avec 25 % des voix (ce qui lui ferait doubler ses voix. Du jamais vu !). Il faut bien créer du buzz ! Le « spectre de l’extrême droite » comme l’écrivent certains médias sans vergogne et en toute objectivité, agite les peurs.

Encore une fois, mais la manœuvre médiatique est maintenant éculée. À chaque élection en Europe, les médias annoncent un « raz de marée populiste » (voire maintenant néo-nazi : on passe à la vitesse supérieure) en surestimant les intentions de votes dans le seul but de pousser un grand ouf de soulagement lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes alarmistes des médias. Et de minimiser alors le score obtenu en se félicitant du « sursaut démocratique » et de la sagesse des peuples européens qui n’ont pas voté à 80 % pour les Populistes/néo-nazis !!!

Encore une fois, après les angoisses alarmistes et l’agitation du chiffon rouge, ce sont maintenant les commentateurs et politologues toujours objectifs qui se succèdent pour « analyser » le vote suédois… avec la plus grande sidération. La Suède est le berceau de la social-démocratie, un exemple révéré en Europe, le chômage est au plus bas, la croissance à 3 %. Comment peut-on alors voter pour des populistes dans ces conditions, le vote populiste étant réservé aux malheureux semi-analphabètes, chômeurs, aigris et apeurés des pays à problèmes économiques et d’emploi. La réponse de la spécialiste du jour fuse alors : « C’est un vote irrationnel ». Irrationnel car quand on vit dans un pays qui va bien économiquement on ne vote pas pour des populistes ! Il faut être un grand spécialiste diplômé Bac + 8 pour faire de telles analyses. Les mêmes d’ailleurs à chaque élection avec la variante pour les pays en difficulté : « C’est normal de voter populiste quand on est pauvre et peu éduqué. »

D’autant que pas plus en Suède que dans le reste de l’Europe, il n’existe des problèmes d’insécurité et d’immigration massive. C’est un fantasme dirait M. Macron (souvenons-nous du splendide « il n’y a pas de crise migratoire en Europe »). Alors on brandit les chiffres officiels de l’immigration… en baisse et d’ampleur minime, en laissant de côté les masses d’immigration sauvage qui déferlent à jet continu sur l’Europe. Mais que l’on tait même si les moyens de dénombrer ces migrants existent et sont connus. Alors les « envoyés spéciaux » ironisent à grand renfort d’images soigneusement sélectionnées sur la prétendue « insécurité » invoquée par le SD et expliquant que la délinquance est en baisse en Suède et que les migrants ne posent aucun problème (cf BFM TV). Voilà, le tour est joué et l’information, objective et non tendancieuse. Comme d’habitude.

Ceci étant on pourrait « objectivement » saluer la performance du SD (Sverigedemokraterna dirigé par Jimmie Akesson) qui malgré la réprobation de l’Europe bien-pensante passe de 12,9 à 17,6 % c’est-à-dire la plus grande progression en Suède avec près de 5 % de voix gagnées en quatre ans et 62 députés au Parlement suédois. Le Parti social-démocrate au pouvoir réalise son score le plus bas depuis un siècle (28,4 %). La presse suédoise constate, atterrée, que : « Le fait est que la Suède compte désormais un parti qui a ses racines dans le nazisme […] Aujourd’hui, environ un cinquième de la population de l’un des pays les plus prospères du monde a choisi de voter pour ce parti. C’est aussi incompréhensible qu’indiscutable ». Le gouvernement a quinze jours pour se former dans des conditions plus incertaines qui pourraient laisser présager peut-être à terme une participation du SD.

Mais ce qui inquiète le plus notre grande presse officielle, c’est que la Suède, championne et exemple ressassé du bonheur social-démocrate – même si la Suède détient curieusement le record de suicides par habitant – est depuis un siècle une référence pour les démocraties européennes. Tant que les populistes triomphaient dans des pays de l’ex-Europe de l’Est (Pologne, Hongrie, République tchèque) on pouvait expliquer ce vote de détresse. Avec l’Italie, ce n’était plus la même chose et la surprise difficile à admettre. Mais l’Italie frivole et championne des combinaisons improbables s’est contentée de quelques remarques condescendantes.

Avec la Suède on touche au cœur du réacteur et le risque de contagion à des pays « sérieux » devient de plus en plus vif. D’autant que les manifestations anti-immigration se multiplient en Allemagne même si les médias tentent de minimiser leur portée. L’AfD (populistes allemands) vient de remporter elle aussi un succès spectaculaire en Allemagne.

Décidément, la France s’en tire bien grâce à Emmanuel Macron, dernier rempart de l’intelligence européenne capable de procéder à la destruction du Parti « populiste » français rien qu’en le mettant en faillite financière. C’est vrai que M. Macron s’y connaît en finance. Quel talent. Tant pis, ou tant mieux, pour les Français.

Richard Dessens (EuroLibertés, 11 septembre 2018)

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