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Entretiens - Page 94

  • Les contes de fée du néoféminisme...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque quelques contrevérités diffusées par les néoféministes. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « Inégalités salariales entre hommes et femmes, le conte de fées des néoféministes… »

    On ne cesse de nous le répéter en boucle : en France, les femmes seraient moins bien payées que les autres. En novembre dernier, Marlène Schiappa assurait qu’à compétences égales, elles sont, en moyenne, payées « de 9 à 27 % de moins » que leurs collègues masculins. Est-ce crédible ?

    Pas un instant, et c’est facile à démontrer. Mais parler d’« inégalités de salaires » témoigne d’une façon de voir qui est déjà biaisée. Si l’on compare les salaires d’un homme et d’une femme occupant la même fonction, de même niveau, dans la même entreprise, et au même endroit, on constate que la différence est insignifiante, sinon inexistante. Un chef d’entreprise qui, par « sexisme », voudrait compresser systématiquement les salaires féminins n’aurait, d’ailleurs, aucune possibilité de le faire car la loi l’interdit. C’est aussi le cas aux États-Unis depuis l’adoption, en 1963, de la loi sur l’égalité de rémunération (Equal Pay Act).

    Ce que l’on constate, en revanche, quand on s’en tient à une approche globale, ce sont des écarts de salaires, ce qui n’est pas du tout la même chose. On les calcule, en général, en prenant le total des sommes gagnées par les hommes au cours d’une année donnée et en le divisant par le nombre de travailleurs masculins. On fait ensuite la même chose pour les femmes. On obtient, ainsi, un salaire masculin moyen et un salaire féminin moyen. L’écart est, aujourd’hui, d’environ 20 %. Ce sont ces chiffres qu’utilisent les néoféministes pour accréditer la thèse des inégalités, ce qui est parfaitement absurde, car les individus ne sont pas interchangeables, même quand ils sont de même sexe, et les emplois ne le sont pas non plus. En d’autres termes, on compare des agrégats qui ne sont pas commensurables.

    Mais alors, comment s’expliquent ces écarts de salaires si le « sexisme patronal » n’en est pas la cause ?

    Ils s’expliquent parfaitement dès que l’on prend en compte un certain nombre de facteurs, à commencer par le nombre d’heures travaillées et rémunérées, qui est nettement supérieur chez les hommes (on parle, ici, des heures rémunérées et non des heures de travail non rémunérées, qui sont au contraire beaucoup plus nombreuses chez les femmes). Les raisons sont bien connues : les femmes ont fréquemment plus de tâches domestiques que les hommes à accomplir, ce qui leur laisse moins d’heures dans la journée pour un travail rémunéré. C’est aussi la raison pour laquelle, surtout chez les couples à faible revenu, elles occupent un travail à temps partiel beaucoup plus souvent que les hommes : un travail à temps partiel ne peut évidemment pas être payé au même niveau qu’un travail à plein temps ; mélanger les deux catégories fausse complètement les statistiques. Toujours pour la même raison, les femmes sont moins portées à accepter de faire des heures supplémentaires, qui sont généralement mieux payées. Les hommes font, au contraire, plus d’heures supplémentaires et acceptent plus souvent des modes de travail contraint ouvrant droit à des primes. La parentalité et les stratégies familiales sont particulièrement importantes. Les femmes qui ont des enfants ont besoin de plus de temps libre que les hommes, célibataires ou mariés, ou que les femmes sans enfant. Ce facteur pèse souvent sur leur carrière, car les promotions et les augmentations de salaires dépendent non seulement des compétences, des performances et de l’ancienneté, mais aussi de la disponibilité (c’est la raison pour laquelle, malheureusement, l’âge de la mère au premier enfant ne cesse de reculer).

    Il faut, enfin, tenir compte de la répartition des sexes selon les catégories professionnelles et les types d’emplois. Près de 95 % des personnes qui travaillent dans des secteurs comme la garde d’enfants, les soins à la personne, etc., sont des femmes. Or, il s’agit là d’un secteur qui est assez mal payé. On pourrait en dire autant de bien d’autres professions. Quand on tient compte de l’ensemble de ces facteurs quantifiables, qui expliquent près de 90 % des écarts de salaires, on comprend tout de suite que ceux-ci ne reflètent que très rarement des « inégalités ».

    Toujours dans le même ordre d’esprit, certains s’étonnent que les femmes soient sous-représentées dans certains secteurs professionnels. Pour y remettre bon ordre, faut-il instaurer la parité partout ?

    L’inégalité des salaires est tout autre chose que la parité. Ceux qui veulent « instaurer la parité partout » raisonnent à partir du postulat idéologique selon lequel les hommes et les femmes ont exactement les mêmes capacités dans tous les domaines et sont également attirés par n’importe quel métier. Dans ces conditions, la sous-représentation des femmes dans certains secteurs peut être posée comme la résultante « discriminatoire » d’un système de « domination patriarcale » : il suffit de présenter comme contraint ce qui bien souvent a tout simplement été choisi.

    Ce conte de fées se heurte déjà au constat que, si les femmes sont sous-représentées dans certains secteurs, elles sont au contraire surreprésentées dans certains autres (magistrature, enseignement, soins à la personne, etc.), ce qui ne paraît pas gêner outre mesure les partisans de la « parité partout ». D’innombrables études empiriques ont, par ailleurs, établi que, dès le début de la vie, les individus des deux sexes manifestent des appétences, des aspirations, des vocations différentes qui ne sont pas l’effet du milieu. Le cerveau humain lui-même est sexué. La supériorité féminine en matière de fluidité verbale est, elle aussi, bien établie. Statistiquement, les femmes préfèrent travailler avec des êtres humains, les hommes avec des objets. Les bébés filles suivent plus attentivement des yeux les mouvements des personnes alors que les bébés garçons s’intéressent surtout aux déplacements d’objets. Les unes joueront ensuite plutôt avec des poupées, les autres plutôt avec des trains électriques, au grand désespoir de ceux qui veulent abolir les « jouets genrés » pour mettre fin aux « stéréotypes ». Certes, il y a toujours des exceptions ou des cas limites : ceux qui en usent et en abusent oublient seulement que, sur de tels sujets, seules les moyennes sont significatives.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 9 juin 2020)

     

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  • Le vivre-ensemble ? Quel vivre-ensemble ?...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque les affrontements entre Maghrébins et Tchétchènes à Dijon ainsi que les manifestations communautaristes contre le racisme.

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

                                     

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  • Cinquante ans de reniement de l'hértage gaullien...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque l'héritage gaulliste. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « De Pompidou à Macron, les successeurs du Général ont, à des degrés divers, renié l’héritage gaulliste ! »

    On commémore, cette année, le 80e anniversaire de l’appel du 18 juin, le 130e anniversaire de la naissance du général de Gaulle et le 50e anniversaire de sa mort. Depuis déjà un certain temps, tous les hommes politiques se disent plus ou moins gaullistes. Est-ce parce que le Général a été notre dernier « grand homme » ?

    Je me méfie de la notion de « grand homme », qui n’est pas dépourvue de sens mais qui reste quand même un peu floue. Elle rejoint trop souvent le mythe droitier de « l’homme providentiel » auquel on a régulièrement recours quand on s’imagine qu’en politique, le succès peut tomber du ciel. Il ne faut pas oublier non plus que, si les grands hommes font les grandes époques, ce sont aussi les circonstances exceptionnelles qui font surgir les hommes d’exception. Cela dit, il est bien vrai que la comparaison entre de Gaulle et ceux qui lui ont succédé n’est pas à l’avantage de ces derniers. Pour ne prendre qu’un exemple, quand de Gaulle, en juillet 1959, demande à Michel Debré de créer un ministère des Affaires culturelles pour le confier à André Malraux, on n’est pas dans la même dimension historique que lorsque Macron désigne l’actuel ministre de la Culture, dont j’ai déjà oublié le nom. Inévitablement, quand on parle de De Gaulle, le terme de « grandeur » vient à l’esprit. Nous vivons dans une époque désespérément plate. Le gaullisme, c’était la verticalité. Lui a-t-on assez reproché d’avoir instauré une « monarchie républicaine » !

    De Pompidou à Macron, tous ses successeurs, à la possible exception de Mitterrand, ont à des degrés divers renié l’héritage du Général. Le seul point qui fasse consensus, c’est la force nucléaire dont le fondateur de la Ve République a su doter notre pays malgré l’opposition frénétique des États-Unis. Pour le reste… Dans le champ politique, le dernier vrai gaulliste a probablement été Philippe Séguin. Si, aujourd’hui, tout le monde se prétend gaulliste, c’est à la fois par démagogie (la popularité du Général reste très forte dans l’opinion) et parce qu’à leurs yeux, cela n’engage à rien. Ceux qui prennent cette posture arguent en général du « pragmatisme » du Général pour vider le gaullisme de tout contenu idéologique. « Le gaullisme est une pensée non doctrinale », disait Chirac. « C’est avant tout un pragmatisme », assénait Juppé. « Il se tient loin des idéologies et des systèmes », renchérissait Balladur. Procédé d’une rare malhonnêteté, qui permet de légitimer n’importe quelle trahison, alors que de Gaulle n’a jamais eu recours qu’à un pragmatisme du choix des moyens. Sur les principes, il est toujours resté ferme. Dans sa conférence de presse du 9 septembre 1968, il avait d’ailleurs lui-même défini le gaullisme comme un « système de pensée, de volonté et d’action », c’est-à-dire comme à la fois une pensée et une philosophie. De Gaulle n’avait pas de programme, mais un projet.

    De son vivant, le « grand Charles » a pourtant été loin de faire l’unanimité. Faut-il le voir comme l’homme de la Résistance et de la Libération, comme celui qui a « largué » l’Algérie française ou comme le père fondateur de la Ve République ? Que faut-il retenir de lui ?

    Pour la génération à laquelle j’appartiens, l’antigaullisme a surtout fleuri dans le cadre de l’affaire algérienne. Compte tenu de la manière affreuse dont celle-ci s’est terminée, je peux comprendre que certaines plaies n’aient jamais cicatrisé, même si je suis aujourd’hui convaincu qu’il n’était ni possible ni souhaitable de conserver l’Algérie dans la République française. De Gaulle s’en est rendu compte quand il a perçu les réalités démographiques. Les choses auraient-elles pu mieux se passer ? Je n’en suis pas certain, mais on peut en discuter. Le problème, malheureusement, c’est que l’antigaullisme est en général si passionnel qu’aucune discussion raisonnable n’est possible. La preuve en est dans la façon dont tant d’anciens partisans de l’Algérie française se sont mécaniquement opposés au Général dans tous les autres domaines où il méritait d’être soutenu.

    J’en vois pour ma part au moins trois. D’abord le domaine institutionnel. En instaurant un régime semi-présidentiel, la Constitution de la Ve République, mise au point par Michel Debré et René Capitant (ancien lecteur de Carl Schmitt), puis adoptée massivement par voie de référendum, a permis de sortir de l’instabilité chronique des régimes précédents, et surtout de retrouver une souveraineté populaire nettement distinguée de celle des partis. « En France, disait de Gaulle, la Cour suprême, c’est le peuple. » L’élection du chef de l’État au suffrage universel a permis, parallèlement, de rappeler que le peuple est le détenteur du pouvoir constituant. C’est le deuxième point essentiel. De Gaulle a systématiquement soumis ses grandes décisions à la sanction du référendum. Quand une coalition d’atlantistes et de notables lui a fait perdre celui de 1969, il a immédiatement remis sa démission. Un tel exemple n’a jamais été suivi, notamment en 2005, après le « non » à l’Europe de Maastricht. Il est significatif qu’aujourd’hui, les partisans d’un recours au référendum sur les questions qui engagent l’avenir se situent surtout dans l’opposition.

    Le troisième domaine est évidemment la recherche de l’indépendance nationale, qui a véritablement été l’axe majeur du gaullisme. En pleine guerre froide, à une époque où l’on tentait de faire croire que l’on n’avait le choix qu’entre le bloc soviétique et le monde « libre », de Gaulle a su comprendre, en visionnaire, la nécessité d’ouvrir dans la logique des blocs issue du système de Yalta une troisième voie (entre l’Est et l’Ouest, entre le capitalisme et le communisme) consistant à n’être le vassal de personne. Il a ouvert là une perspective dont on voit bien, aujourd’hui, qu’elle constitue l’enjeu principal de l’existence même de notre peuple.

    Est-il possible d’être un gaullien politique sans forcément se réclamer du gaullisme historique ?

    Dès que l’on en tient pour la primauté du politique, que l’on estime que la politique de la France « ne se joue pas à la corbeille », qu’on voit dans la société autre chose qu’un empilement d’intérêts privés, qu’on mesure l’ampleur des divergences d’intérêts entre le continent européen et la puissance maritime américaine, qu’on en tient pour le volontarisme contre le fatalisme, que l’on estime que le rôle du Conseil constitutionnel est de vérifier la constitutionnalité des lois et non leur conformité à l’idéologie des droits de l’homme, qu’on se refuse à laisser à d’autres le soin de désigner nos adversaires, que l’on croit que « la démocratie, c’est le gouvernement du peuple exerçant sa souveraineté sans entrave » (27 mai 1942), que l’on veut une France française dans une Europe européenne (« depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural »), on est nécessairement gaullien, même si l’on ne se dit pas gaulliste.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 31 mai 2020)

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  • Sur les vertus du protectionnisme...

    Le 8 juin 2020, Pierre Bergerot recevait dans l'émission Politique & Eco, sur TV libertés, Yves Perez pour évoquer avec lui la question du protectionnisme. Économiste, Yves Perez a été professeur et doyen de la faculté de droit, économie et gestion de l’Université catholique de l’Ouest à Angers et enseigne actuellement aux Écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a récemment publié un essai intitulé Les vertus du protectionnisme (Toucan, 2020).

     

                                       

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  • Quand Michel Onfray et sa revue Front populaire dérangent la pensée unique…

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la campagne de presse qui vise Michel Onfray et sa nouvelle revue, Front populaire. Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Alain de Benoist : « Pourquoi Michel Onfray et sa revue, Front populaire, dérangent la pensée unique… »

    Avec le lancement de sa nouvelle revue, Front populaire, le philosophe semble sortir du bois des idées pour aller se frotter à celui de la politique en relançant l’idée d’une alliance (ou d’une convergence) des souverainistes des deux rives. Que pensez-vous de cette initiative ?

    Quand on parle d’un auteur, la moindre des choses est de connaître un peu son œuvre. Au cours de ces dernières années, j’ai dû lire cinq ou six mille pages de Michel Onfray. J’y ai trouvé une approche originale et non conformiste de nombre de problèmes. J’apprécie aussi les billets d’actualité qu’il publie régulièrement sur son site. Onfray est un esprit libre, honnête, qui s’intéresse à une multitude de sujets et qui n’a jamais hésité à se remettre en question. Il a, en outre, une très belle écriture. Le titre de sa revue, Front populaire, ne sera peut-être pas du goût de tout le monde. Moi, il me convient parfaitement, car je crois qu’il correspond à ce dont nous avons le plus besoin : donner de nouveaux moyens d’expression à ceux qui défendent la cause du peuple.

    L’idée d’une « convergence des souverainismes » me semble, à cet égard, un peu restrictive. Tous les populistes ne sont pas souverainistes et tous les souverainistes ne sont pas populistes. La souveraineté populaire et la souveraineté nationale ne sont pas, non plus, exactement, la même chose. Le souverainisme est souvent associé au jacobinisme. Michel Onfray, qui est un homme de gauche d’inspiration proudhonienne, est au contraire un girondin. Je suppose que Front populaire sera l’occasion d’approfondir le débat entre ceux qui estiment que le peuple est aujourd’hui une notion plus essentielle encore que la nation, ou que la démocratie passe avant la « république », et ceux qui pensent l’inverse.

    Le Monde, voici quelques jours, a déjà déclenché un tir de barrage contre Front populaire. Et à en croire Valeurs actuelles, Thomas Guénolé, ancien coordinateur de l’école de formation de La France insoumise, a fermé la porte en ces termes : « L’extrême droite a une conception ethnoculturelle de l’identité nationale, tandis que la gauche la définit comme un projet de civilisation tendant vers le progrès. » Votre avis ?

    Ce qui est frappant, dans ces attaques, c’est que leurs auteurs n’ont pas hésité à tirer à boulets rouges sur une publication qu’ils n’ont jamais lue, puisque son premier numéro n’est pas encore sorti ! Le contenu n’intéresse donc pas nos censeurs : on est en présence d’un pur procès d’intention. La méthode a consisté à aller consulter la liste des 10.000 premiers abonnés pour y rafler cinq ou six noms « marqués à droite ». Tâche qui n’a pas dû être bien difficile, puisque Onfray a déclaré d’emblée son désir de s’adresser à des lecteurs « de droite, de gauche et, surtout, d’ailleurs ». Après quoi, il a suffi aux fins limiers du Monde d’énumérer ces quelques noms pour assener que Michel Onfray est « devenu la coqueluche de la droite de la droite » (dans ces milieux-là, les métaphores médicales sont toujours les bienvenues). Le Monde, autrefois journal sérieux, n’est vraiment plus, aujourd’hui, qu’un bulletin paroissial. En utilisant des méthodes aussi minables, il s’imaginait sans doute délégitimer l’entreprise. Il n’a suscité qu’une immense rigolade.

    Mais cette diabolisation bas de gamme montre aussi que le succès de Michel Onfray, succédant à bien d’autres signes avant-coureurs, commence à inquiéter ceux qui voient de plus en plus le sol se dérober sous eux. Car il ne faut pas s’y tromper : ce qu’on reproche le plus à Onfray, ce n’est pas tant ses idées personnelles que de vouloir ouvrir ou approfondir des voies transversales qui ne correspondent pas à d’anciens clivages (droite-gauche, par exemple) qui, aujourd’hui, craquent de partout. C’est là ce que certains ne tolèrent pas. Ils ne veulent pas reconnaître un ébranlement général du paysage qui annonce la fin de leur monde. En dernière analyse, ces attaques ne sont qu’un épisode (révélateur) de plus dans la guerre qui oppose ceux qui veulent ouvrir et ceux qui veulent bétonner.

    Quant à Thomas Guénolé, qui est aussi un ancien conseiller de Jean-Louis Borloo, c’est visiblement un expert en langue de bois. Définir l’identité nationale comme « un projet de civilisation tendant vers le progrès » (le progrès vers quoi ?) a ceci de remarquable qu’une telle définition peut s’appliquer à peu près à n’importe quoi : le dernier discours de Macron, la loi Avia, la découverte d’un vaccin, la conquête de la planète Mars, etc. Au sens propre, ce sont des mots qui ne veulent rien dire. Des incantations rituelles que l’on récite pieusement quand on ne sait plus quoi répondre.

    Si ce projet voit le jour, vous paraît-il destiné à contrecarrer, à remplacer ou à accompagner les deux principaux mouvements populistes incarnés par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ?

    Rien de tout cela, je l’espère. Il faudrait en demander plus aux animateurs de Front populaire, dont je ne suis pas. Mais il me semble qu’il ne faut pas attendre d’une revue plus qu’elle ne peut donner, ni confondre une initiative politico-intellectuelle donnant l’occasion à des esprits libres venus de différents horizons de confronter leurs points de vue, en cherchant à dégager quelques points de convergence, avec une opération politicienne à simple visée électorale. Si Front populaire contribue à dégager quelques chemins de traverse, ce sera déjà beaucoup.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 28 mai 2020)

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  • Analyse stratégique de la pandémie...

    Vous pouvez ci-dessous découvrir un entretien avec Slobodan Despot, réalisé par Thierry Casasnovas pour son émission Regenere et diffusé le 26 mai 2020 sur Youtube, dans lequel il évoque les causes de la crise sanitaire, sociale et politique.

     

                                         

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