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Entretiens - Page 98

  • Le retour au commun...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur le site de la revue Rébellion et consacré à la question du libéralisme. Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017), Décroissance ou toujours plus ? (Pierre-Guillaume de Roux, 2018) et Contre le libéralisme (Rocher, 2019).

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    Entretien avec Alain de Benoist : Le retour au commun

    Vous montrez que les différentes formes de libéralisme partagent une même conception de l’homme. Quelle est cette définition dans la pensée libérale ?

    L’unité profonde du libéralisme réside dans son anthropologie – une anthropologie dont les deux piliers sont, indissociablement, l’individualisme et l’économisme.

    Le libéralisme fait de l’individu la seule et unique source des valeurs et des finalités qu’il se choisit. Cet individu est considéré en soi, abstraction faite de tout contexte social ou culturel. C’est un être fondamentalement indépendant de ses semblables, entièrement propriétaire de lui-même, ne devant rien à la société, déterminant librement ses choix, qui vise toujours et uniquement à maximiser rationnellement son utilité, c’est-à-dire son meilleur intérêt matériel et son profit privé. Cette thèse fait de l’homme un être de calcul et d’intérêt. Le modèle est celui du négociant au marché : c’est l’Homo œconomicus.

    L’individu étant censé venir en premier, soit qu’on le suppose antérieur au social dans une représentation mythique de la « pré-histoire » (antériorité de l’état de nature), soit qu’on lui attribue un simple primat normatif (l’individu est ce qui vaut le plus), les peuples et les nations n’ont plus de propriétés intrinsèques ou de statut d’existence autonome : ce sont de simples agrégats d’individus. « La France n’est qu’un agrégat d’êtres humains », écrit l’économiste libéral Bertrand Lemennicier. C’est dans le même esprit que Margaret Thatcher pouvait affirmer que « la société n’existe pas » (« there is no society »).

    Dans ces conditions, l’homme est censé se construire lui-même à partir de rien, non à partir d’un déjà-là. L’homme se comporte comme un être social, non parce que cela est dans sa nature, ainsi que le soutenait Aristote, mais parce qu’il est censé y trouver son avantage, ce qui signifie qu’il n’a pas de rapport éthique avec lui-même. Dans le libéralisme, le lien social dépend entièrement du système contractuel : la société est censée pouvoir être entièrement régulée par le contrat juridique et l’échange marchand. C’est la fin du bien commun, faussement assimilé à un « intérêt général » qui n’est qu’une somme d’intérêts particuliers. Dans la mesure où le libéralisme prétend mettre les institutions au service de l’individu, il s’oppose inévitablement au bien commun, qu’il considère comme inconsistant. Le monde libéral, c’est le monde du non-commun

    La liberté n’est pas le propre du libéralisme. La « liberté » des libéraux est-elle un moyen de créer un individu égoïste détaché de toutes attaches ?

    Le libéralisme se présente volontiers comme l’« idéologie de la liberté », ce qui peut évidemment séduire. En fait, il n’est pas tant l’idéologie de la liberté que l’idéologie qui met la liberté au service du seul individu. La seule liberté qu’il proclame est la liberté individuelle, conçue comme affranchissement vis-à-vis de tout ce qui excède l’individu. Elle rejette d’emblée toute détermination, notamment celles qui relèvent de l’ancrage historique ou de l’appartenance culturelle. Benjamin Constant n’a cessé de le dire : « La liberté individuelle, voilà la véritable liberté moderne ! » A cette conception « moderne » de la liberté on peut opposer celle des Anciens, qui fait de la liberté la possibilité donnée à chacun de participer aux affaires publiques, ou encore celle de la tradition « républicaine », de Tite-Live et Machiavel à Harrington, qui affirme que je ne peux être libre si la communauté politique à laquelle j’appartiens ne l’est pas. Cette liberté « républicaine » a le souci de la société en tant que telle, tandis que la liberté libérale l’ignore superbement.

    Le libéralisme se fonde par ailleurs sur la conviction qu’il existe des droits individuels fondamentaux et inaliénables qui sont à la fois antérieurs et supérieurs à toute institution humaine, et que le premier de ces droits est le droit de poursuivre librement son meilleur intérêt. Ces droits sont évidemment purement formels (le droit au travail n’a jamais donné un emploi), mais là n’est pas le point important : le droit fondamental, c’est le droit d’avoir des droits. Les droits individuels peuvent de ce fait être opposé à toute obligation sociale ou à tout impératif politique. Cette conception des droits subjectifs rompt avec toute la philosophie traditionnelle du droit, qui se bornait à déterminer la juste part qui devait être attribuée à chacun (« suum cuique tribuere »).

    Comme vous le rappelez justement, les communautés authentiques ne sont pas des réunions ou des additions d’individus. Pourtant, dans le monde post-moderne, les néo-communautés se regroupent de manière très artificielle. Les modèles de consommation ou les pratiques sociétales créent des « communautés de consommation ». Pensez-vous que c’est un « triomphe du libéralisme » ?

    Je ne dirais pas cela. Les « communautés authentiques » ne sont pas forcément des communautés fondées sur des liens hérités. Il y a aussi des communautés « acquises », mais il faut les distinguer des « tribus » éphémères et des associations sans autre raison d’être qu’un intérêt partagé. Une communauté authentique donne (ou contribue à donner) un sens à l’existence. Elle peut aussi donner des raisons de mourir. Une communauté qui se forme autour d’un certain nombre de convictions politiques, idéologiques ou philosophiques est par définition une communauté « acquise » (même si cette acquisition peut être transmise). Un homme qui sacrifie sa vie à ses idées meurt pour une chose à laquelle il a décidé d’adhérer. Mais personne n’est prêt à mourir pour une « communauté de consommation » !

    Plus globalement, comment juger de l’impact du libéralisme dans les sociétés occidentales ? La « grande transformation » capitaliste est-elle résorbable ?

    L’impact du libéralisme au sein de la société se mesure à la montée de l’individualisme et de l’utilitarisme, à la prédominance des seules valeurs marchandes. La société capitaliste libérale est tout naturellement une société de marché, c’est-à-dire une société d’individus étrangère à la notion de gratuité, à l’éthique de l’honneur, au système du don et du contre-don, une société où règne le fétichisme de la marchandise et où ce qui n’est pas calculable ne compte pas.

    Le marché peut être considéré comme une loi régulatrice de l’ordre social sans législateur. C’est pourquoi le libéralisme tend à faire de ce modèle le paradigme de tous les faits sociaux (d’où l’analyse libérale du marché politique, du mariage, du crime, de la famille, etc.), tout en prétendant, à tort, que le marché au sens moderne du terme est la forme naturelle de l’échange, alors qu’il a été institué sous l’impulsion d’Etats-nations en formation, désireux de monétariser à des fins de prélèvement fiscal des échanges intracommunautaires non marchands, auparavant insaisissables. Or, le marché exige la disparition de tout ce qui peut faire obstacle aux échanges marchands, et donc que les frontières soient tenues pour inexistantes. Le libéralisme n’a de ce point de vue rien à objecter au mondialisme. Il aspire à l’élimination des frontières (« laissez faire, laissez passer », libre circulation des hommes et des capitaux). Un million d’extra-Européens venant s’installer en Europe, c’est à ses yeux seulement un million d’individus venant s’ajouter à d’autres millions d’individus. « Un marchand, écrit Smith dans un passage célèbre, n’est nécessairement citoyen d’aucun pays en particulier. Il lui est, en grande partie, indifférent en quel lieu il tienne son commerce, et il ne faut que le plus léger dégoût pour qu’il se décide à emporter son capital d’un pays dans un autre, et avec lui toute l’industrie que ce capital mettait en activité ». C’est déjà une apologie des délocalisations !

    La montée de l’individualisme libéral, accompagnant l’ascension des valeurs et des classes bourgeoises, aux dépens des valeurs aristocratiques comme des valeurs populaires, s’est traduite, d’abord par une dislocation progressive des structures d’existence organiques caractéristiques des sociétés traditionnelles, ensuite par une désagrégation généralisée du lien social, et enfin par une situation de relative anomie sociale, où les individus se retrouvent à la fois de plus en plus étrangers les uns aux autres et potentiellement de plus en plus ennemis les uns des autres, puisque pris tous ensemble dans cette forme moderne de « lutte de tous contre tous » qu’est la concurrence généralisée. A terme, cette anomie sociale peut aussi bien déboucher sur une société, non plus « liquide », mais « gazeuse », c’est-à-dire sur le chaos.

    On ne pourra en sortir que par un retour au commun. Dans cette perspective, le bien commun n’a d’autre sens que celui d’un bien qui a été institué en commun, et qui est inappropriable par nature. Dans l’expression « bien commun », le second terme compte d’ailleurs tout autant que le premier, car le commun est à lui seul déjà un bien qui se définit comme ce dont chacun peut jouir sans qu’on ait à en faire le partage. Restaurer le commun et le bien commun est le programme qui s’offre aujourd’hui à tous les antilibéraux si l’on veut sortir d’un monde où rien n’a plus de valeur, mais où tout a un prix.

    Le bourgeois post-moderne est-il très différent de celui de l’époque de Flaubert ?

    En apparence, il a beaucoup changé. Le bobo d’aujourd’hui paraît à première vue bien différent du bourgeois austère, frugal et épargnant, de la fin du XIXe siècle. Le premier est aussi cool que le second était rigide, il est aussi hédoniste et ouvert à toutes les suggestions les plus extravagantes que le second veillait de façon minutieuse au respect des conventions sociales. C’est que la société globale a elle-même beaucoup changé. Elle se veut « ouverte », fluctuante, relativiste, indifférente à la vérité. Mais ce qui, sur le fond, caractérisait le plus l’esprit bourgeois, le souci prioritaire de son intérêt, sa façon de concevoir la société sous le seul horizon du plus ou du moins, n’a pas varié. François Bégaudeau montre tout cela très bien cela dans son dernier livre, Histoire de ta bêtise.

    Autrefois, pour maximiser son avoir, le bourgeois vieux-style devait faire des efforts, s’astreindre à une discipline. Aujourd’hui, on peut s’enrichir tout en s’éclatant et en se bourrant le nez. Mais le but est resté le même. L’entreprise post-moderne est elle aussi bien différente de l’usine, tout comme le capitalisme spéculatif et déterritorialisé d’aujourd’hui diffère du vieux capitalisme industriel qui ne s’était pas encore dégagé de ses ancrages nationaux. Pourtant, dans les deux cas, le but est toujours de transformer l’argent en capital.

    Peut-être pourrait-on dire aussi que le bourgeois a créé son monde, et que dans ce monde les anciennes vertus n’ont plus besoin d’être incarnées de façon exemplaire par des individus, tout simplement parce qu’elles ont été reportées sur la société globale. Désormais, c’est la société elle-même qui doit être gérée de façon rationnelle, précautionneuse, fiable économiquement et commercialement. Werner Sombart l’avait très bien montré dans le cas de l’entreprise : le capitalisme moderne conserve toutes les vertus bourgeoises, mais il les soustrait aux personnes pour les reporter sur les firmes, qui cessent alors « d’être des propriétés inhérentes à des hommes vivants, pour devenir des principes objectifs de la conduite économique ». Or, aujourd’hui, les nations ne sont plus elles-mêmes que de grandes firmes, dirigées par des experts et des techniciens de la gestion.

    La démocratie et le libéralisme furent unis par l’idéologie des droits de l’homme. Désormais, il semble que ce couple soit au bord de la rupture comme modèle. Pensez-vous que le libéralisme est possible sans son habillage démocratique ?

    C’est d’autant plus possible que cet habillage n’a jamais été qu’un déguisement. A force d’entendre parler de « démocratie libérale », on s’est habitués à penser que libéralisme et démocratie sont en quelque sorte synonymes. C’est une énorme erreur. La démocratie implique le pouvoir souverain du démos ou, si l’on préfère, la souveraineté populaire en tant que pouvoir constituant titulaire de la légitimité politique. La démocratie est la forme de gouvernement répondant au principe de l’identité de vues des gouvernants et des gouvernés, l’identité première étant celle d’un peuple concrètement existant par lui-même en tant qu’unité politique. Le libéralisme est tout différent puisqu’il prétend que la « sphère économique » doit être rendue autonome vis-à-vis du pouvoir politique. L’économie, considérée à l’origine comme le royaume de la nécessité, devient ainsi par excellence celui de la liberté.

    Redéfinie dans un sens libéral, la démocratie n’est plus le régime qui consacre la souveraineté du peuple, mais celui qui « garantit les droits de l’homme ». Les droits de l’homme priment la souveraineté du peuple au point que celle-ci n’est plus respectée que pour autant qu’elle ne les contredise pas : l’exercice de la démocratie est ainsi placé sous conditions. Le libéralisme est en outre fondamentalement hostile à la notion de souveraineté – sauf bien entendu à la souveraineté de l’individu. Pour lui, toute forme de souveraineté excédant l’individu est une menace pour sa liberté. Il condamne donc la souveraineté politique et la souveraineté populaire au motif que la légitimité n’appartient qu’à la volonté individuelle. Toutes les démocraties libérales sont aussi des démocraties parlementaires représentatives, ce qui signifie que la souveraineté parlementaire s’y substitue à la souveraineté populaire. Pour le libéralisme, le pouvoir n’a pas fondamentalement pouvoir à diriger, mais à représenter la société. Dès l’origine, la démocratie représentative n’avait en fait d’autre but que de se prémunir contre les « débordements » du peuple et la colère des « classes dangereuses ». Jacques Julliard parle même d’une « barrière de sécurité imaginée par la classe gouvernante à l’égard des débordements possibles de la souveraineté populaire ». Or, le peuple a d’autant moins vocation à se faire représenter qu’il n’est vraiment souverain que lorsqu’il est présent à lui-même. C’est la raison pour laquelle Carl Schmitt disait qu’une démocratie est d’autant moins démocratique qu’elle est plus libérale.

    Les « démocraties illibérales » sont-elles une réponse à cette crise de légitimité ?

    Leur apparition répond de toute évidence à la crise actuelle de la démocratie libérale, et plus précisément à « l’éloignement du libéralisme de la démocratie, c’est-à-dire au non-respect de la souveraineté du peuple dès lors qu’il ne valide pas les choix économiques ou politiques des élites qui le gouvernent » (Laurent Bouvet). Plus profondément, les démocraties illibérales naissent d’une prise de conscience que le système formel de l’Etat de droit, conçu sous la forme d’un empilement de normes abstraites, ne répond pas à la question fondamentale de savoir ce que peut être une bonne société, ni quel sens nous pouvons donner à nos existences.

    L’Etat libéral s’abstient par principe de tout jugement concernant la façon dont les gens choisissent de vivre. Il n’a pas à trancher entre les conceptions concurrentes en matière de morale, il ne doit pas contribuer à donner un sens à l’existence, il ne doit pas proposer un modèle de « vie bonne » (Aristote), il n’a pas à encourager certaines attitudes ou à en décourager d’autres. Le gouvernement, souligne Robert Nozick, doit être « scrupuleusement neutre face à ses citoyens ». Comme le dit très bien Pierre Manent, le libéralisme est d’abord un renoncement à penser la vie humaine selon son bien ou selon sa fin ». Comment s’étonner dès lors de l’incapacité des sociétés libérales à légiférer de façon cohérente sur des « questions de société » (bio-éthique, procréation assistée, mariage homosexuel, immigration, etc.) qui impliquent inévitablement un jugement en termes de moralité substantielle ?

    La répression du mouvement des Gilets Jaunes est sans précédent, c’est un basculement durable dans le maintien de l’ordre libéral pour vous ?

    Oui, on peut dire cela. Lors des manifestations des Gilets jaunes, les forces de police n’ont pas fait du maintien de l’ordre, mais de la répression. Celle-ci a atteint un niveau de violence et de brutalité que l’on n’avait pas vu en France depuis la guerre d’Algérie. Cette brutalité témoigne de la peur que ce mouvement a inspiré à la classe dirigeante (souvenez-vous de cet hélicoptère qui volait au-dessus de l’Elysée afin d’« exfiltrer » le président de la République en cas de nécessité), mais aussi de ce que cette même classe dirigeante ne recule devant rien pour défendre ses positions. Si besoin était, elle n’hésiterait pas un instant à faire tirer sur la foule à balles réelles, j’en suis convaincu. 

    La crise des Gilets Jaunes a fait revenir l’idée d’une démocratie directe à travers le RIC. Que pensez-vous de cette idée et des travaux d’Étienne Chouard ?

    Je défends moi-même depuis longtemps l’idée d’une démocratie participative et d’une démocratie plus directe ; vous devez donc vous douter de ma réponse. Quant aux travaux d’Etienne Chouard, je trouve qu’ils mériteraient d’être mieux diffusés et plus abondamment discutés. L’idée, également avancée par Chouard, d’une assemblée constituante tirée au sort, mériterait notamment d’être sérieusement examinée. Quant au référendum d’initiative populaire (ou d’initiative citoyenne) dont ce critique résolu de l’idéologie libérale est un chaud partisan, je partage à ce sujet tout à fait son opinion, même si je ne fais pas du référendum une panacée. Qu’Etienne Chouard ait joué un rôle de « conseiller informel » auprès de certains Gilets jaunes ne me surprend pas, et me le rend d’autant plus sympathique.

    Pourquoi l’idée de la fin du capitalisme est aujourd’hui devenue synonyme de fin du monde ?  Le mythe du collapsus est-il devenu un moyen de légitimer le monde actuel ? Une autre fin du monde est possible pour vous ?

    Il est plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du système capitaliste, a-t-on pu dire en effet. La raison en est que ce système a depuis des décennies façonné les imaginaires de toutes les façons possibles et imaginables. Il y a un demi-siècle, l’opinion dominante était également convaincue que le système soviétique n’était pas près de s’effondrer. On sait ce qu’il en est advenu. Je pense pour ma part qu’il peut très bien en aller de même du système capitaliste, qui se heurte actuellement à des contradictions internes insurmontables. Une nouvelle crise financière mondiale, plus ravageuse encore que celles de 1929 et de 2008, pourrait encore accélérer les choses. Mais, qu’on se rassure, ce ne sera pas la fin du monde ! Ce sera seulement la fin d’un monde qui, dans tous les sens du terme, a fait son temps.

    On remarque l’émergence d’une réflexion transversale visant à proposer des alternatives concrètes au système. Les notions de communauté, d’autonomie et d’entraide peuvent-elles devenir un nouvel élan vers le bien commun ?

    Oui, sans doute. Mais dans l’époque de transition que nous vivons actuellement, il reste encoree beaucoup à faire. Il serait déjà bien, dans l’immédiat, de susciter et d’organiser la réflexion en gardant l’œil ouvert sur ce qui s’annonce, de façon parfois confuse, afin de faire apparaître des directions à suivre.

     

    Alain de Benoist (Rébellion n°87, novembre 2019)

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  • Face au drame social, la priorité nationale !...

    Le 8 mai 2020, Martial Bild recevait, sur TV libertés, Marion Maréchal, pour évoquer avec elle la crise sanitaire, sa gestion politique par Emmanuel Macron et son gouvernement et les enseignements qu'il convient d'en tirer. Retirée de la vie politique, Marion Maréchal dirige l'Institut De Sciences Sociales Économiques & Politiques.

     

                                       

     

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  • La crise sanitaire vue par Michel Onfray...

    Le 5 mai 2020, Michel Onfray répondait aux question de Sputnik à propos de la crise sanitaire et de sa gestion par le gouvernement français. Philosophe populaire, tenant d'un socialisme libertaire, Michel Onfray a publié de nombreux ouvrages, dont une trilogie  Cosmos (Flammarion, 2015), Décadence (Flammarion, 2017) et Sagesse (Flammarion, 2019), et récemment Grandeur du petit peuple (Albin Michel, 2020).

     

                                      

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  • Anatomie d'un désastre...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Jean-Dominique Michel au média suisse Athlé. Genvois, Jean-Dominique Michel est un anthropologue spécialiste des questions de santé, qui s'est également intéressé aux médecines alternatives.

     

                                         

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  • Quartiers sensibles et pouvoir criminel...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Xavier Raufer à Sputnik, dans lequel il évoque la criminalité et la situation dans les cités à l'heure de la crise sanitaire.

    Criminologue et auteurs de nombreux essais, Xavier Raufer a publié ces dernières années Les nouveaux dangers planétaires (CNRS, 2012) et Criminologie - La dimension stratégique et géopolitique (Eska, 2014) et, tout récemment, Le crime mondialisé (Cerf, 2019).

     

                                           

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  • Julien Rochedy : “Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit !”

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien récent donné par Julien Rochedy à Valeurs actuelles et cueilli sur son site, dans lequel il évoque ses travaux de réflexion autour de la question masculine, de Nietzsche, du conservatisme, du progrès et de l'évolution. Publiciste et essayiste, Julien Rochedy est une figure montante de la mouvance conservatrice révolutionnaire.

     

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    “Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit !”

    Samedi [décembre 2019], vous vous êtes illustrés par un tweet aux accents provocateurs qui a été abondamment commenté, notamment par la secrétaire d’État Marlène Schiappa. Il s’agit d’une photo prise dans votre supermarché de province montrant une pile de poupons métis et accompagnée du message suivant : « Maintenant nous n’avons même plus le choix […] le seul poupon mis en avant est métis […] » avant de conclure : « L’avenir nous est montré ; mieux, il nous est prescrit : disparaissez, sales blancs. » Vos opposants ont fustigé une obsession identitaire de votre part qui confinerait au racisme. Que leur répondez-vous ?

    Je fais partie d’une génération qui n’a pas peur de voir ce qu’elle voit, comme l’exhortait Charles Péguy, et encore moins de « décrire la réalité de manière spontanée » comme le formule Roger Scruton. Dès lors, je ne me cache pas derrière mon petit doigt ou derrière de grands concepts pour parler de choses crues qui, sous leurs dehors apparemment simplistes, sont en vérité fondamentales. J’entre dans un supermarché de province dans laquelle la population est encore à grande majorité blanche et je vois un poupon noir en tête de gondole. Est-ce quelque chose d’absolument anodin, ne méritant pas que l’on s’y arrête, ou est-ce plutôt quelque chose de très significatif dans le contexte d’une Europe qui a peur de s’affirmer et celui d’une immigration de masse venue d’un continent qui va démultiplier sa démographie dans les années à venir ? Selon moi, ce mignon petit poupon noir que Marlène Schiappa veut offrir à sa nièce, est très révélateur de l’état d’esprit qui préside à l’abandon de nous-mêmes. Nous ne sommes pas seulement une culture, des valeurs, un « mode de vie » ou autres abstractions utilisées pour nous définir dans les frontières du politiquement correct : nous sommes aussi des peuples d’ethnies européennes sans lesquels il n’y aura plus ni de France ni de civilisation européenne. Qu’importe que dire cela soit très mal vu : je préfère la vérité à un bon diner en ville.

    Ancien cadre du Front national, vous avez quitté la “politique politicienne” pour vous concentrer sur d’autres activités, entrepreneuriales et intellectuelles pour l’essentiel. Vos différentes réalisations, de l’école Major (site de développement personnel à destination des hommes) en passant par la tenue de conférences jusqu’à la rédaction d’ouvrages, convergent vers une même préoccupation : la crise de la civilisation européenne et occidentale. En cela, ne poursuivez-vous pas un travail éminemment “politique” ?

    J’ai compris assez vite que les politiques n’avaient pas de pouvoir et qu’ils n’étaient que des exécutants et des comédiens. Le vrai pouvoir se situe dans l’influence que l’on peut avoir sur les autres. Pouvoir influencer des décisions, des opinions, des modes et des mouvements, là réside la véritable puissance. Or, il y a deux manières d’influencer : soit par l’argent, soit par les idées. N’étant hélas pas riche, je me concentre sur les idées. Si, demain, je pouvais influencer une partie de la société civile ainsi que des acteurs importants, alors, oui, on pourrait considérer mon travail comme éminemment politique, car j’aurais atteint le vrai pouvoir. Pour l’heure, par exemple, je travaille sur une longue conférence-vidéo sur la pensée conservatrice. Elle sera sûrement vue par plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup de jeunes qui sont en politique et des acteurs du monde économique et culturel. Je le sais car ces gens m’écrivent. A ma petite échelle, c’est déjà de l’influence.

    La masculinité occupe une place de choix parmi vos réflexions. Tandis que le post-féminisme réduit l’identité masculine à une simple construction sociale, vous l’envisagez au contraire sous un prisme anthropologique. Pouvez-vous préciser votre pensée sur ce point ?

    Réfléchir à la masculinité autrement que sur le ton du seul reproche et de la condamnation vous transforme en « masculiniste », qui n’est qu’un autre mot pour dire, en langage progressiste, « homme de Cro-Magnon frustré et misogyne ». Pourtant, il faut admettre que la fin des sociétés traditionnelles, la tertiarisation de l’économie et les conditions de vie postmodernes ont apporté de toutes nouvelles façons de se penser homme et de se penser femme, ce qui a une profonde incidence sur nos vies, en amour, au travail, en famille, etc. Apparemment, dans ce nouveau monde, la masculinité classique semble devenue inutile, anachronique voire même souvent détestable. Et si ce point de vue n’était en fait que très superficiel ? Peut-être avons-nous toujours besoin d’hommes qui se pensent dans des contours classiques. Et peut-être même qu’en vérité, ces hommes n’ont jamais été aussi nécessaires. En général, je crois à la grande sagesse et à la profonde intelligence de l’existence de pôles masculins et féminins, et je redoute l’indifférenciation nihiliste à laquelle se livrent les postféministes qui, par ressentiment, cherchent désormais moins à s’occuper des femmes et à promouvoir le féminin qu’à haïr les hommes et vouloir liquéfier les genres. Je veux croire qu’il est toujours beau, bon et heureux qu’il y ait des hommes et qu’il y ait des femmes, pour le bonheur des deux d’ailleurs.

    Selon vous, nos sociétés sont en proie à une forme de nihilisme civilisationnel. Quels chemins préconisez-vous pour sortir de la nasse ?

    A la suite de Nietzsche, la question du nihilisme occidentale me hante. Pourquoi la civilisation européenne, qui est le lieu par excellence de la haute culture, de l’évolution et de la beauté, se renie-t-elle à ce point, craint de faire état de volonté de puissance et fait manifestement tout pour se suicider ? C’est un nihilisme profond qui est à l’œuvre ; un nihilisme entendu comme une maladie de l’esprit que les civilisations fatiguées, et trop coupées du naturel, attrapent. Il faut d’abord, comme en médecine, constater le mal. Faire réaliser au patient qu’il est en train de mourir. Ce n’est déjà pas gagné, car les progressistes ont souvent coutume d’appeler la mort « changement » pour tromper le monde. Puis, il faut essayer de comprendre les causes historiques, anthropologiques, philosophiques, et même biologiques, de la maladie nihiliste qui se propage si facilement dans l’existence postmoderne. Enfin, en termes de réponse et pour résumer brièvement, je crois qu’il faut se débarrasser de la moraline qui est son symptôme purulent, revenir au droit naturel, assainir nos modes de vie, et trouver de nouveaux défis civilisationnels exigeants. Tout cela est possible.

    Dans une publication récente sur votre site, vous expliquiez vouloir développer une nouvelle idéologie, “l’évolutisme”, consistant à lutter contre le progressisme ambiant sans céder aux sirènes de la nostalgie et à un chimérique retour du passé. Qu’entendez-vous par là ?

    Depuis des années, je cherche une réponse possible au progressisme qui soit autre chose que du pur conservatisme, car celui-ci a déjà beaucoup perdu et perdra encore. La vision du monde qu’oppose le conservatisme au progressisme n’est qu’un décadentisme et sa proposition idéologique n’est qu’un simple statu quo. En face, il y a des promesses, il y a un mouvement, il y a une narration empreinte de positif, même si elle est mensongère. Pour s’y opposer, il faut comprendre la signification profonde de la civilisation européenne et renouer avec ce qui la fonde : l’évolution. Or, l’évolution n’est pas le progrès, en tous cas pas celui entendu par la gauche ou par les libéraux. Pire encore : il semble bien que plus on « progresse », moins on évolue. La vérité est qu’en bien des domaines, nous régressons. La raison est simple, et elle tient dans la différence essentielle entre évolution et progressisme : pour évoluer, il faut partir de son état antérieur ; on évolue en fonction de ce que l’on est – grâce à ce que l’on est ; le passé n’est donc pas méprisé : il est fondamental pour évoluer. Au contraire, le progressisme est axiologiquement fondé sur la tabula rasa ; pour progresser comme ils l’entendent, il faut se débarrasser du passé, s’en « émanciper » – fondamentalement, on « progresse » donc contre ce que l’on est. Et cela change tout. A la place du conservatisme, c’est une doctrine de l’évolution qu’il faut opposer au progressisme, et c’est celle sur laquelle je travaille. Cependant, je ne suis malheureusement pas encore assez connu pour la formuler aujourd’hui, car j’aurais besoin de crédit. Mais ça viendra je l’espère.

    Vous travaillez présentement à la rédaction d’un prochain livre. Sur quoi portera-t-il ?

    Je publie à la rentrée trois de mes manuscrits de jeunesse : mon premier livre, un essai impétueux sur la décadence postmoderne nommé Le Marteau ; mon roman, Mourir à petit peu, roman d’une jeunesse sans vie ; et Nietzsche contre le nihilisme suivi de Nietzsche et l’Europe, deux essais que je réunis en un livre. Mon prochain livre traitera normalement de la condition masculine à l’heure actuelle. Je cherche à répondre à la question que nous sommes beaucoup à nous poser : est-il encore possible (et souhaitable !) de rester un homme aujourd’hui ? Et si oui, comment ? Si je parvenais à trouver une bonne maison d’édition, je suis sûr que ce pourrait être un best seller ! Car ce sujet, même s’il est un peu méprisé par l’intelligentsia comme un sujet mineur, n’en demeure pas moins essentiel pour la vie réelle de millions de gens.

    Julien Rochedy (Club Valeurs actuelles, 19 décembre 2019)

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