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  • La mécanisation de l'esprit...

    Les éditions Le Verbe haut viennent de publier un essai de Jacques Carbou intitulé La mécanisation de l'esprit - Cybernétique, Intelligence Artificielle, Transhumanisme, avec une préface de Guillaume Travers. Docteur en philosophie politique, ancien élève de Raymond Ruyer, Jacques Carbou, qui a enseigné la philosophie à l'université de Caracas et à celle de Bogota, est déjà l'auteur de La critique sociale de Raymond Ruyer (Le Verbe Haut, 2021).

     

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    " Dans cet essai, Jacques Carbou date la naissance de la cybernétique en 1948, avec le livre de Norbert Wiener. Cette discipline nouvelle a suscité beaucoup d’intérêt chez les scientifiques. Raymond Ruyer publie en 1954 un livre sur la cybernétique dont il critique les postulats et présupposés tout en reconnaissant les avancées intéressantes. Il met l’accent sur l’origine de l’information qui semble oubliée par la cybernétique. A la fin des années 1960, l’engouement pour la cybernétique est retombé, remplacé par l’informatique. L’apparition de l’ordinateur explique le développement de l’intelligence artificielle par les ingénieurs. L’auteur montre, à travers cet ouvrage synthétique, que les analyses de Ruyer restent pertinentes pour critiquer certains postulats de l’IA. En outre, les différentes formes de transhumanismes qui s’appuient sur certaines données de l’IA peuvent être critiquées par les mêmes arguments utilisés par Ruyer. Il existe, en effet, un fil directeur de la cybernétique au transhumanisme en passant par l’intelligence artificielle qui consiste en la mécanisation de l’esprit. C’est ce fil que tire l’auteur pour donner au lecteur une vision concise mais précise des idéologies de ce mouvement, et des acteurs qui les portent. Ces derniers considèrent le cerveau et le corps humain comme des machines sur lesquelles nous nous accordons tous les droits d’agir pour de supposées bonnes raisons. En décrivant, puis en poursuivant, la pensée de Ruyer, Jacques Carbou réfute cette mécanisation de l’esprit qui simplifie à l’excès le fonctionnement complexe du cerveau et du corps humain.

    Un ouvrage pertinent et efficace qui donne les clefs de compréhension et les bases pour de futurs développements philosophiques sur les questions épineuses de l’avenir de l’homme dans les cent prochains siècles. "

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  • Renaud Camus, Olivier Rey et la dépossession du monde...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un débat organisé par la revue Éléments, et présenté par François Bousquet, entre Renaud Camus et Olivier Rey.

    Écrivain, Renaud Camus est notamment l'auteur de plusieurs essais dont Le Grand Remplacement - Introduction au remplacisme global (La Nouvelle Librairie, 2021), Le Petit Remplacement (La Nouvelle Librairie, 2021) ou La Dépossession (La Nouvelle Librairie, 2022). Quant à lui, Olivier Rey, qui est chercheur au CNRS et enseignant en faculté, est l'auteur de plusieurs essais comme Une folle solitude - Le fantasme de l'homme auto-construit (Seuil, 2006), Une question de taille (Stock, 2014), Quand le monde s'est fait nombre (Stock, 2016), L'idolâtrie de la vie (Gallimard, 2020) ou dernièrement Réparer l'eau (Stock, 2021).

     

                                              

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  • Anarchy in the U.S.E....

    Les éditions Au diable vauvert viennent de publier un roman de John King intitulé Anarchy in the U.S.E. Figure de la littérature populiste anglaise, John King est l'auteur d'une trilogie percutante consacrée au monde des supporters de football, amateurs de bière et de bagarre, Football Factory (L'Olivier, 2004), La Meute (L'Olivier, 2000) et Aux couleurs de l'Angleterre (L'Olivier, 2005), mais aussi de Skinheads (Au diable vauvert, 2012) ou de White Trash (Au diable vauvert, 2014).

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    " Dans un avenir où les nations individuelles de l'Europe n'existent plus, l'United States of Europe est une dictature dirigée par les EB - Entreprises Bénéficiaires -, qui promeut la Nouvelle Démocratie.
    L'Internet s'est transformé en outil de propagande/ surveillance Interzone, l'exactitude et la censure écrasent la liberté d'expression, les copies physiques de livres, enregistrements audio et films sont illégales, la culture populaire systématiquement volée et revendue sous des formes déformées, tandis que la numérisation forcée a vu l'histoire éditée, supprimée et réécrite.
    De bons Européens dirigent les villes, les autres vivent comme des citoyens de seconde classe. Mais dans toute l'Europe, les groupes de résistance résistent, et la Grande- Bretagne n'y échappe pas. À Londres, un jeune bureaucrate ambitieux qui utilise le logiciel Suspic' pour identifier les menaces contre l'USE, est témoin d'un meurtre choquant...
    Avec tout le talent d'écriture de John King, une vision dystopique en légère anticipation d'une Europe qui fait froid dans le dos. "

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  • La «cancel culture» fabrique-t-elle une génération d'ignorants ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Hubert Heckmann au Figaro Vox pour évoquer la question de la cancel culture et de ses effets dans l'enseignement.

    Agrégé et maître de conférences en littérature médiévale à l'université de Rouen, Hubert Heckmann est membre fondateur de l'Observatoire du décolonialisme et vient de publier Cancel ! De la culture de la censure à l'effacement de la culture (Intervalles, 2022).

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    La «cancel culture» fabrique-t-elle une génération d'ignorants ?...

    FIGAROVOX. - L'expression de cancel culture (culture de l'effacement) n'est-elle pas oxymorique ?

    Hubert HECKMANN. - Au départ, comme dans l'expression «culture d'entreprise», «culture» ne désigne dans l'anglicisme cancel culture  qu'un ensemble de comportements au sein d'une communauté fédérée par des valeurs. Il s'agit en l'occurrence des pratiques d'ostracisation (cancel) de personnes dont les propos sont jugés choquants par les membres de certaines communautés idéologiques. Mais ces valeurs et ces comportements que véhicule la cancel culture ont des implications pour la culture elle-même, entendue comme le domaine de l'activité intellectuelle et artistique. Le terme cancel culture est un terme polémique qui n'est utile que dans la mesure où il permet de décrire le réel: la montée en puissance d'une culture de la censure entraîne de fait un véritable recul, la menace d'un effacement de la culture.

    La cancel culture réduit-elle l'œuvre à son auteur ?

    De ce point de vue, la cancel culture agit comme un effet paradoxal du culte de l'artiste: le mythe romantique du génie puis l'autopromotion de l'artiste contemporain ont fait passer au second plan les œuvres d'art, derrière la personne de l'auteur qui captive l'intérêt du public. En croyant parler d'art, on commente souvent la vie de l'artiste. Mais l'art, c'est avant tout les œuvres, qu'il faut considérer pour elles-mêmes si on veut pouvoir les comprendre et les apprécier. Or, pour l'art contemporain, l'œuvre ne réside plus dans l'objet mais dans l'expérience que l'objet va provoquer, et donc dans le discours qui conditionne et accompagne cette expérience, ce qui peut conduire à brouiller les frontières entre l'œuvre et la personne de l'artiste. Appliquer cette conception de l'art aux œuvres du passé, c'est céder à l'anachronisme. L'artiste en tant que personne ne doit pas pouvoir se soustraire au jugement moral, mais cela n'affecte pas le jugement esthétique, d'une tout autre nature, que l'on porte sur son œuvre. Savoir que Michel-Ange était d'un tempérament exécrable ne me conduit pas à préférer à ses œuvres les peintures et les sculptures d'artistes plus gentils…

    En faisant du texte littéraire un discours ordinaire qui doit provoquer adhésion ou rejet en fonction des valeurs et du message qu'il suppose, la cancel culture dégrade-t-elle la littérature ?

    Si les œuvres sont réduites à un rôle de message, alors il faut en effet ou bien les «aimer» (dans le sens très restreint du like des réseaux sociaux, qui est la manifestation d'une adhésion), ou bien les réprouver. C'est méconnaître la spécificité des genres littéraires, la diversité des niveaux de lecture, la puissance de l'ironie provoquée par les effets de décalage ou de citation… Par exemple, on attribue trop souvent au romancier les propos qu'il place dans la bouche de ses personnages. Ce n'est pas seulement la littérature qui est dégradée par une lecture aussi réductrice, c'est plus généralement notre capacité à accepter et à approfondir les nuances, jusque dans nos discours ordinaires qui s'en trouvent eux aussi appauvris.

    Le jeu de l'ambiguïté, qui fonde l'art d'écrire, s'adresse à l'imagination du lecteur pour susciter sa réflexion: les œuvres littéraires ne sont pas des recueils d'opinions et de commandements à l'interprétation univoque. La littérature est un art dont la particularité est de prendre les mots pour matériau, mais aucun art véritable ne trouve sa raison d'être dans la fonction de communication. Kundera écrit dans Les Testaments trahis: «vu que les tendances politiques d'une époque sont toujours réductibles à deux seules tendances opposées, on finit fatalement par classer une œuvre d'art ou du côté du progrès ou du côté de la réaction ; et parce que la réaction c'est le mal, l'inquisition peut ouvrir ses procès. (…) Depuis toujours, profondément, violemment, je déteste ceux qui veulent trouver dans une œuvre d'art une attitude (politique, philosophique, religieuse, etc.), au lieu d'y chercher une intention de connaître, de comprendre, de saisir tel ou tel aspect de la réalité.»

    Qu'est-ce qu'une littérature qui répond «aux besoins et aux critères d'un temps» ? Fait-on du livre un produit de consommation qui ne peut plus s'inscrire dans le temps long ?

    Certains éditeurs français recourent déjà à des sensitivity readers, chargés de passer les manuscrits au crible pour relever les passages qui risqueraient d'être perçus comme offensants ou désobligeants envers les minorités. Or, comme l'écrit Belinda Cannone, «la bêtise s'améliore»: de nouvelles susceptibilités éclosent continuellement, toujours plus chatouilleuses sur des sujets qui paraissaient hier anodins aux lecteurs les plus «conscients» et les plus «éveillés». Les livres qui répondent à un cahier des charges commercial et idéologique imposé par l'actualité sont donc ceux qui sont voués à sombrer le plus rapidement ou bien dans l'opprobre ou bien, si l'auteur est chanceux, dans l'oubli… Je cite dans mon livre le cas d'un auteur qui confesse, quelques années seulement après la publication d'un roman, que ce qu'il avait écrit est devenu choquant depuis le mouvement #MeToo. La date de péremption est atteinte ! La «révolution culturelle» permanente des réseaux sociaux invite à la création d'une littérature jetable, «annulable» au fur et à mesure des perfectionnements du conformisme.

    Vous abordez un point absolument essentiel: le respect de «l'altérité culturelle des époques passées». Comment éviter l'anachronisme et le jugement de temps disparus ?

    Le lecteur qui juge le passé à l'aune de ses propres critères moraux est aussi détestable que le touriste qui s'indigne, à l'étranger, de mœurs différentes des siennes ! Longtemps, la culture bourgeoise s'est considérée comme le terme d'une évolution à l'aune duquel il fallait interpréter le passé. La cancel culture perpétue la vieille illusion bourgeoise: elle se tient pour l'accomplissement du progrès et ne voit dans l'héritage culturel qu'une poubelle de l'histoire où s'accumulent les mêmes tares que celles qui restent à dénoncer aujourd'hui chez les ennemis du progrès… Au contraire, nous devons travailler à faire apparaître l'altérité, l'étrangeté des cultures anciennes, en partant de questions qui se posent à nous dans le présent sans faire du passé l'écran de projection de nos préoccupations morales contemporaines. Pour sortir de ce nouvel ethnocentrisme, il faut percevoir et faire sentir les différences dans l'ordre culturel, car ce sont elles qui mesurent le temps. La lecture des œuvres du passé peut être aussi bouleversante qu'une rencontre, mais il n'y a pas de rencontre authentique sans la reconnaissance d'une altérité, et cela représente une réelle prise de risque pour nos «identités» de plus en plus agressives et figées.

    Qu'est-ce que l' «auto-totalitarisme de la société» dont parlait Václav Havel ?

    Si la cancel culture peut rappeler certaines dérives propres aux sociétés totalitaires, la comparaison trouve sa limite car nous ne vivons pas sous le règne de la terreur nazie ou stalinienne: les victimes de la cancel culture ne sont pas encore physiquement éliminées, Dieu merci ! Et pourtant, l'intimidation idéologique fonctionne, sans même avoir recours à la menace des camps. La cancel culture ressemble donc au système communiste des années 1970 en Europe de l'Est, que Václav Havel a qualifié de «post-totalitaire» parce qu'il prolongeait la dictature sans employer les moyens de répression du stalinisme : «Dans le système post-totalitaire, la ligne de conflit passe de facto par chaque individu, car chacun est à sa manière victime et support du système. Ce que nous entendons par système n'est donc pas un ordre que certains imposeraient aux autres, mais c'est quelque chose qui traverse toute la société et que la société entière contribue à créer».

    «L'auto-totalitarisme de la société», c'est ce phénomène par lequel je me soumets par lâcheté aux mots d'ordre idéologiques, pour me faire bien voir de mes semblables que j'incite à obtempérer en même temps que je cède moi-même. Les réseaux sociaux recréent aujourd'hui un tel système de surveillance réciproque et d'intimidation dont les victimes consentantes de la cancel culture sont aussi les premiers chiens de garde. L'engrenage auto-totalitaire est actionné par la veulerie collective, mais il peut être enrayé par le grain de sable du courage individuel.

    Comment faire survivre la littérature ?

    La littérature en a vu d'autres, elle survivra. La littérature authentique a toujours représenté un péril pour le conformisme social, justement parce qu'elle est irréductible à un message univoque. La violence du procès intenté à la littérature n'étonnera pas l'historien, et peut-être la littérature s'est-elle mieux portée dans les époques où elle a subi les attaques des bigots, des bien-pensants et des polices politiques, plutôt que dans les époques où elle ne suscite que l'indifférence. Mais en voulant aujourd'hui «protéger» la jeunesse d'une contagion morale que répandraient la littérature et l'art du passé, on ne fait qu'aggraver la rupture de transmission culturelle. En effet, la cancel culture creuse les inégalités et accroît l'exclusion sociale, menant tout droit à l'opposé des bonnes intentions qu'elle proclame: en entravant l'accès d'une génération au savoir et à la culture, elle nuit gravement à la capacité de chacun de progresser vers la réflexivité et l'autonomie, portant préjudice en premier lieu aux plus pauvres et aux plus faibles.

    Ce qui me préoccupe, plutôt que la survie de la littérature, c'est la question de notre propre survie dans une société qui s'interdit de rechercher le vrai et le beau parce qu'il faudrait tout soumettre à l'exigence du bien, indexée sur le cours fluctuant des valeurs morales à la bourse des bons sentiments. Serions-nous assez lâches pour renoncer à la quête de la vérité comme à la recherche de l'émotion esthétique, sous la seule pression de quelques provocateurs vociférant qui ont décrété que le savoir et le plaisir étaient coupables ? La soif de vérité et la soif de beauté sont inextinguibles. La production commerciale et l'enrégimentement politique d'un art idéologiquement correct ne pourra jamais apaiser cette soif, ni même la tromper.

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  • La traîne des empires...

    Les éditions Passés Composés viennent de publier un essai de Gabriel Martinez-Gros intitulé La traîne des empires - Impuissance et religions

    Professeur émérite d’histoire de l’Islam médiéval à l’université de Nanterre, Gabriel Martinez-Gros est l’auteur, notamment, de Brève histoire des empires (Seuil, 2014), de L’Empire islamique (Passés Composés, 2019) et de De l’autre côté des croisades (Passés Composés, 2021), tous succès critiques et publics.

     

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    " Christianisme, islam, bouddhisme, les trois religions aux milliards de fidèles sont des créations de fin d’empire, les traînes des trois empires-mondes que sont Rome, la Chine et l’Islam. De ces religions Gabriel Martinez-Gros ne retient ici qu’un point commun, le moment où elles sont nées, lorsque l’impuissance croissante du pouvoir impérial dissocie son action politique de son système de valeurs, lorsqu’il passe de l’agir militaire et politique au dire religieux.

    La résonance avec le monde moderne est frappante. La fin de l’extraordinaire poussée économique et démographique de la modernité (1800-2050), où l’Occident, empire informel, étendit sa domination, devrait ainsi voir une nouvelle émergence religieuse, de la même façon que l’affaiblissement de Rome aux IIIe-IVe siècles, la disparition des Han à la même époque, le naufrage du califat islamique entre IXe et XIe siècle ont abouti à des éclosions religieuses. Telle est l’idée majeure de ce livre aussi brillant que novateur, porté par une érudition confondante. "

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  • Le risque écologique...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au risque lié aux dérives de l'écologie...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

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    Le risque écologique

    Qui ne l’aperçoit ? L’écologie devient haïssable. Les écologistes la rendent haïssable. Ils ont fait de la science à laquelle ils se réfèrent abusivement la plus grande menace que la majorité des Européens voit peser sur son mode de vie, sur sa joie de vivre, et sur cette beauté qui continue d’être son privilège quotidien. À force d’agresser ceux qui aiment la viande, roulent en voiture et prennent des bains chauds, les Verts font tout pour dégoûter les Français comme les Européens de l’écologie. Et le résultat sera là cet hiver ; devant une crise du pouvoir d’achat et du mode de vie, largement imputables aux folies anti-nucléaires, tout électrique et globalistes, les citoyens européens vont massivement rendre à raison les Verts responsables, et bien à tort, l’écologie complice de leurs malheurs quotidiens. En clair ; les Verts sont devenus les premiers ennemis de l’écologie. Toute politique écologique nationale se fera contre eux, au nom de la science qu’est l’écologie, au nom du bien vivre sur son territoire qui est le sens du combat écologique, au nom des limites et des frontières qui sont les conditions indépassables de la survie des écosystèmes ! 

    Quatre dangers menacent de ruine l’écologie, science de l’environnement, savoir calme du bien vivre chez soi, patient apprentissage d’être d’ici et des siens.

    Hold up de l’ultra gauche

    Le premier est le hold up que l’ultra gauche a entrepris et réussi à ce jour, sur l’écologie. Le mélange entre les choix politiques de l’ultragauche et l’écologie est exécrable, et d’abord parce qu’il est une négation de l’écologie humaine. L’écologie, science des systèmes vivants complexes, ne peut être favorable aux mouvements incontrôlés de population. Les afflux de population dans un écosystème donné sont porteurs d’une pression accrue sur les ressources limitées dont il dispose. Ils sont une négation des biens communs, cet héritage de générations qui transmettent aux leurs ce qu’ils ont conquis pour eux.

    La mobilité des populations à travers les frontières nie le rapport intime, unique d’un homme avec la terre sur laquelle il est né. Elle est la fourrière de l’artificialisation des conditions de vie — de la fabrique de l’homme hors sol. Un système vivant ne subsiste que parce qu’à travers la membrane, la peau ou la frontière, il trie ce qui de l’extérieur lui apporte, ce qui de l’extérieur le menace. L’idéologie migratoire participe à l’artificialisation des relations entre les hommes et le climat, le territoire, les saisons, qui est une négation de l’écologie. L’égalitarisme des « droits à… » est lui aussi profondément antinomique avec la priorité écologique. Non, 60 millions de Français ne peuvent avoir accès à toutes les plages de France !

    La préservation des biens communs suppose le contrôle des accès et des usages, la priorité aux communautés locales, un droit des résidents supérieur à celui des nomades ou des nouveaux arrivants. Les socialistes devraient davantage y réfléchir ; sauf à reconnaître le droit des communautés à contrôler leur territoire et ses ressources, la seule régulation vient de l’argent — plages payantes, parking payants, immobilier hors de prix pour les populations locales, etc. Est-ce le modèle que nous voulons pour la France ?

    La rente de la peur

    Le second est le catastrophisme irresponsable d’ONG, d’associations, et aussi d’élus, qui attisent les peurs et comptent sur des paniques collectives pour réaliser leur agenda. Jouer sur les peurs est toujours la recette des totalitarismes. Nous sommes loin du « catastrophisme éclairé » cher à Jean-Pierre Dupuy (2009) ! Quand elles s’adressent à des mineurs ; « la planète brûle, papa que fais-tu ? » et poussent des enfants de dix ans à se réveiller en pleurant d’angoisse, ces opérations sont des manipulations indignes et doivent être condamnées. Les apostrophes de Greta Thunberg — qui est Greta Thunberg ? — appellent cette seule question ; qui l’a fabriquée ? Qui la finance ? Quels intérêts emploient cette marionnette, et déjà remisée au rang des accessoires ? Les usines de la peur ne sont pas moins dangereuses quand elles s’adressent aux populations. Dans la mesure où elles diffusent des informations fausses, exagérées ou tronquées, elles mettent en risque toute la crédibilité de la science qu’est l’écologie — rappelons Georges Steiner ; une affirmation qui ne peut pas être contredite n’est pas scientifique.

    Comme elles sont généralement incapables de proposer des solutions à la hauteur des problèmes évoqués — ce n’est pas en prenant des douches froides que le problème de l’eau sera résolu, et l’Europe est bien placée pour savoir que les énergies dites renouvelables ne sont pas la solution, mais une partie du problème ! Le temps n’est pas loin où la complicité de trop d’organisations « vertes » avec des intérêts privés obligera chacun à se poser la question ; et si la prétendue « écologie » n’était que le moyen d’une politique de la peur, au service d’intérêts privés évidents ? Evidents, comme ceux qui ont détruit la suprématie de l’industrie automobile allemande et française au profit d’Elon Musk — l’homme le plus riche du monde ! —, comme ceux qui interdisent l’exploitation des algues en France, pour ne pas concurrencer l’oligopole allemand de l’alimentation animale et des engrais, comme ceux qui ont mobilisé la population allemande contre le nucléaire, moyen incontournable d’une indépendance énergétique qui aurait consacré la primauté mondiale de l’industrie allemande, comme ceux qui utilisent les migrations de masse pour en finir avec l’unité ethnique des peuples d’Europe et saper la volonté de se battre de nos Nations.

    L’atlantisme vert

    Le troisième est lié à l’atlantisme forcené des partis dits « Verts » au parlement européen et dans la vie nationale. Les Verts sont les premiers à faire la leçon sur les droits humains, la protection des minorités, etc. Les premiers à entretenir la guerre en Ukraine, à justifier les ingérences des Fondations et ONG, à soumettre les Nations à l’universalisme frelaté de Wall Street de la City. Il en est qui chérissent les tribus brésiliennes pour mieux punir les Français. Il en est qui, au nom de la juste défense de l’indépendance nationale de l’Ukraine, se font les complices des trusts et des mafias qui ont assuré le contrôle du tiers environ de toutes les terres arables ukrainiennes, les meilleures du monde, aux oligarques américains, des Kerry aux Biden ! Et de promouvoir le « biofuel », carburant « vert », qui détruit des millions d’hectares de forêts en Asie, en Afrique et en Amérique latine pour enrichir leurs financiers !

    D’autres défendent l’intégrité territoriale de Taiwan ou de l’Ukraine, mais n’ont pas un mot pour le pillage du gaz et du pétrole syrien par le corps expéditionnaire américain, ou pour l’escroquerie qui peut priver demain le Liban de ses ressources gazières et bloque déjà ses comptes bancaires! Il en est qui font la leçon à l’Europe sur les migrants, mais servent le marché européen à un Elon Musk qui revendique ouvertement des coups d’État là où des gouvernements élus le privent de ses mines de lithium (comme Evo Morales en Bolivie) !

    Et ceux qui entendent interdire de parole toute critique du Green Deal, du Farm to Fork, du « tout électrique » et autres fantaisies européennes dictées d’outre-Atlantique, sont sourds aux cris qui montent de partout ; laissez-nous vivre ! Selon nos mœurs, nos traditions, nos goûts ! Selon nos choix, nos préférences collectives, et ces particularités remarquables qui font la richesse de nos Nations ! Le débat est existentiel. La vision américaine de la protection de l’environnement — le wilderness, interdit aux hommes ; et tout le reste, livré au développeurs ! — est antinomique avec le savoir vivre millénaire du paysan français et européen qui façonne son environnement autant qu’il est façonné par lui. Le progrès n’est pas la séparation entre les hommes et ce que l’on appelle à tort « « environnement », et qui est notre foyer — la source intarissable de ces bonheurs quotidiens qui ne s’achètent pas. Il est dans une réconciliation aux antipodes de l’amour américain pour les « fake things », le plastique et le béton.

    La nouvelle religion

    La quatrième est d’une tout autre nature. Le 6 septembre dernier, Radio France annonçait sa décision de devenir verte. Plus de place sur les ondes pour le débat sur le changement climatique, la promotion des conclusions du GIEC est de rigueur, et la conversion des journalistes aux règles de sobriété environnementales est exigée. En clair ; une vérité officielle est proclamée, et il n’y a pas place ni de parole en dehors d’elle. La question n’est pas celle de la validité des travaux du GIEC, objet de la plus large association de scientifiques jamais réalisée, et d’ailleurs à peine contestée à ses marges. La question n’est pas non plus celle de la réalité d’un dérèglement climatique partout attesté, des rizières de Madagascar aux forestiers d’Alaska, et du Pacifique à la Méditerranée ! Que ceux qui n’ont jamais vu la couche de pollution à l’atterrissage sur Delhi, Pékin ou Paris, nient l’impact des activités humaines sur l’air et le climat !

    La question est que la méthode est celle des régimes totalitaires. La question est celle des vérités officielles, qui suscitent d’elles-mêmes défiance, contestation et refus — que les enseignants chargés de faire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en témoignent ! Elle signale un affaiblissement démocratique considérable ; nous en avons bien fini avec le libre examen, la liberté de conscience et d’opinion ! et elle place l’écologie en tant que cible ; plus une science, dont chaque affirmation doit être prouvée, éprouvée et démontrée sans cesse, mais une religion, qui relève du sacré, et dont les articles de foi ne peuvent être questionnés sans sacrilège !

    A quand des fatwas contre ceux qui ne s’alignent pas sur la vérité écologique proclamée par WWF, Greta Thunberg, Oxfam et Escrocs Inc ? A proclamer des vérités officielles, l’écologie suit une pente qui sape sa crédibilité, fait d’elle la cible des esprits libres, et peut lui aliéner cette majorité de la population qui constate où la conduisent les mensonges d’État qui lui sont assénés — écoutez le Président Emmanuel Macron justifier la fermeture de Fessenheim par la proximité avec l’Allemagne ! Le chemin détestable suivi par les lois mémorielles nous conduit à la suppression progressive de toutes les libertés de conscience et d’expression. La menace du juge écrase le débat politique. Il est grave que l’écologie entre dans ce processus qui dénie le propre de l’homme — la capacité de se faire son opinion. Par lui-même et pour lui-même.

    Les Zuckerbeg, Bezos ou Attali sentent bien la menace ; et si les Français pensaient par eux-mêmes ! Et tous les moyens du totalitarisme numérique se mobilisent pour revenir sur l’un des acquis décisifs des révolutions ; la liberté d’opinion ! L’autonomie est le refus de toute vérité révélée, la capacité à remettre en question tous les dogmes et toutes les figures sacrées, qu’elles soient historiques (les « lois mémorielles » utilisées pour empêcher le débat et terroriser les opposants), religieuses (la fatwah contre Salman Rushdie a son équivalent dans les persécutions subies par tous ceux qui contestent les nouveaux dogmes, qu’ils soient LGBT, immigrationnistes ou européens) ou sanitaires (les mesures de licenciement abusif, d’enfermement administratif, voire de privation de liberté, dont ont été victimes ceux qui refusaient le prétendu « vaccin » contre le COVID témoignent d’un nouveau champ du sacré, lié au corps, à la santé, et au refus éperdu de la maladie et de la mort).

    Que l’écologie devienne la source de nouveaux dogmes, devant lesquels il n’y a qu’à s’incliner avec une pieuse révérence, sans les questionner, les interroger, et les confronter à l’expérience, signifie que l’écologie n’est plus une science. Cette dénaturation est de grande importance. L’écologie comme fabrique d’une vérité officielle devient haïssable, elle perd son autorité légitime, et sera combattue comme escroquerie instrumentalisée — car nous n’échapperons pas à la question ; qui gagne à l’escroquerie écologique européenne qu’est le « Green Deal » ? L’écologie comme parti peut tuer l’écologie comme science. Il est à craindre que ce crime parfait soit déjà bien engagé, pour qui est conscient de la somme d’absurdités à laquelle la couleur « verte » a servi d’habillage, de l’assujettissement de l’Europe aux injonctions venues des États-Unis à la préférence irrationnelle pour le moteur électrique, de la casse du nucléaire à la destruction des mécanismes de prix pour l’énergie. 

    L’écologie doit redevenir ce qu’elle est ; la science du bien vivre chez soi parmi les siens. Science de l’apaisement du rapport à notre foyer, la terre, la vie animale et végétale, et la succession des générations. Science de l’apprivoisement réciproque entre ceux que nous sommes et toutes les formes de vie qui nous avoisinent, qui partagent notre vie, et sans lesquelles nous ne serons pas. Et par-dessus tout, science de l’émerveillement devant le temps qui passe, la succession des saisons, la vie et la mort, et tout ce qui n’a de prix sur aucun marché du monde.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 8 septembre 2022)

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