Toujours plus d’immigration à prévoir pendant le 2e quinquennat Macron
L’immigration extra-européenne arrivant en France a été durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron d’une ampleur inégalée depuis plusieurs décennies. Le président de la République a même réussi à surpasser le socialiste François Hollande en la matière. Son deuxième mandat démarre sur les chapeaux de roue : plusieurs décisions politiques récentes conduisent à penser que dans ce domaine, ce sera encore toujours plus, toujours plus d’immigration extra-européenne.
Une très forte progression de l’immigration extra-européenne
L’immigration extra-européenne a atteint en France des niveaux extrêmement élevés durant le premier mandat présidentiel d’Emmanuel Macron. De 2017 à 2021, les autorités françaises ont délivré 1,2 millions premiers titres de séjour à des étrangers extra-européens, alors que pendant le mandat de F. Hollande, de 2012 à 2016, ils ont été au nombre de 1 054 909.
Alors que sous la présidence de F. Hollande, 348 770 demandes d’asile ont été déposées en France, il y en a eu 611 404 pendant le premier mandat présidentiel d’E. Macron, soit une augmentation de 75% entre les deux quinquennats.
Dans le même temps, le nombre d’éloignements d’étrangers en situation irrégulière entre 2017 et 2021 n’a été que de 121 231, alors que 145 812 éloignements ont été organisés sous le mandat de F. Hollande (1).
Plusieurs décisions politiques récentes conduisent à penser que le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron qui vient de débuter va être marqué par une accélération de l’immigration extra-européenne à destination de la France.
Le nombre de saisonniers forte hausse
Sous l’impulsion de l’Union européenne, le gouvernement français a ouvert les vannes à l’immigration de travail en simplifiant les procédures de demandes de titre de travail, notamment pour les emplois saisonniers.
Le résultat ne s’est pas fait attendre : alors qu’en 2012, les autorités françaises avaient délivré un millier d’autorisations de travail pour des emplois saisonniers, leur nombre a atteint cette année 22 000 à fin juillet selon la Direction Générale des Etrangers en France (2). Les saisonniers marocains sont les plus nombreux parmi les bénéficiaires de ces titres de travail, demandés principalement pour travailler dans le secteur de l’agriculture et dans celui de l’hôtellerie-restauration.
Si le directeur de l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration estime que « faire appel à des saisonniers étrangers est une solution de facilité », il suggère de favoriser l’accès… des réfugiés à ces emplois (3).
Cette politique passe une nouvelle fois sous silence la question de l’activation des dépenses sociales – en clair, remettre des chômeurs français au travail – et celle du coût du travail et de l’amélioration des conditions de rémunération de certains emplois en France. L’immigration est une « solution » de facilité toujours très prisée sous le régime Macron.
Un nombre record d’étudiants étrangers en France
En 2019, le premier ministre a annoncé une série de mesures visant à augmenter considérablement le nombre d’étudiants étrangers en France. Il fixait comme objectif d’accueillir 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027, notamment en facilitant les inscriptions, en appliquant des frais d’inscription « différenciés », en démultipliant des exonérations et en augmentant les bourses d’études. Toutes ces mesures payées par le contribuable français, bien évidemment (4).
L’objectif fixé par le premier ministre a de fortes chances d’être atteint rapidement. Le seuil des 400 000 étudiants étrangers a été franchi durant l’année universitaire 2021-2022 (5). Parmi ceux-ci, on compte un nombre important d’étrangers issus de pays extérieurs à l’Union européenne qui ont obtenu un visa pour étudier dans notre pays. En 2021, les autorités françaises ont ainsi délivré 79 424 visas pour études. La progression entre 2019 et 2021 du nombre de visas délivrés pour études est particulièrement marquée pour les ressortissants de pays d’Afrique du nord (+24%) et pour ceux d’Afrique subsaharienne (+35%). Les plus gros contingents d’étudiants étrangers viennent du Maroc (44 933 étudiants) et d’Algérie (29 333) (6).
Quand il évoque sa politique d’accueil massif d’étudiants étrangers, le gouvernement reste muet sur de nombreuses questions : le pillage des cerveaux des pays tiers en raison des nombreux étrangers qui restent en France une fois leurs études terminées, le jeu de bonneteau avec l’important contingent des jeunes Français qui s’expatrient une fois leurs études terminées, le coût pour le contribuable français des prises en charge des bourses et des coûts de formation, l’orientation contre leur gré de bacheliers français vers une formation faute de place et des bacheliers laissés sur le carreau par la plateforme Parcoursup, et, in fine, la réalité du bénéfice pour la France à accueillir tant d’étudiants étrangers (7).
Toutes ces questions sont absentes de l’argumentaire du gouvernement annonçant le cap de 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027. Il préfère se gargariser de formules ronflantes et simplistes sur le « rayonnement de la France ».
Des relocalisations de migrants toujours plus nombreuses
Alors que les arrivées clandestines en Europe par la mer méditerranée atteignent une ampleur considérable, la commission européenne a apporté une curieuse réponse afin d’y faire face. Plutôt que de prendre des mesures fermes pour arrêter les incessants débarquements des bateaux des passeurs et des O.N.G. dans les pays du sud de l’Europe, la commission européenne a réussi à faire adopter en juin 2022 un mécanisme pérenne de répartition et de relocalisation de migrants arrivés en Espagne, en Italie et en Grèce.
Une vingtaine de gouvernements a accepté de participer à ce « mécanisme de solidarité », qui consiste à répartir et à installer des demandeurs d’asile dans d’autres pays que ceux de première arrivée. Certains gouvernements, comme celui d’Autriche, ont refusé d’envoyer « un mauvais signal aux passeurs ». D’autres ont avec réalisme estimé n’avoir pas de capacité d’insertion suffisantes (8).
Parmi les pays volontaires pour accueillir des migrants par ce mécanisme, la France présidée par E. Macron figure en bonne place. Peu importe que notre pays accueille déjà chaque année un nombre considérable de demandeurs d’asile ( 117 508 en 2021) qui, mêmes déboutés de leur demande, restent très majoritairement sur le territoire national.
Pour la première année de mise en œuvre du mécanisme de solidarité, en 2022, les pays européens volontaires se sont fixés un objectif de 10 000 relocalisations de demandeurs d’asile (9). Les autorités françaises ont décidé d’en accueillir 30% (3 000), bien que la population de la France représente 15% de celle de l’Union européenne.
Ce mécanisme vient s’ajouter à d’autres existants, comme le programme de l’Union européenne de « réinstallation » de réfugiés. Le gouvernement français s’est ainsi engagé à réinstaller en 2022 5 000 réfugiés en France depuis le Proche-Orient (Liban, Turquie, Jordanie) et depuis l’Afrique (Niger, Tchad, Égypte, Éthiopie, Cameroun et Rwanda) (10). Le nombre de demandeurs d’asile n’est jamais un problème sous le régime Macron.
Beaucoup d’entrées, peu de sorties
S’il y a toujours plus d’entrées d’extra-européens en France, les sorties du territoire national des étrangers en situation irrégulière sont toujours aussi peu nombreuses. Le ministre de l’intérieur a mis en cause en septembre 2021 les gouvernements des pays du Maghreb pour leur peu d’empressement à délivrer les laisser passer consulaires nécessaires à l’éloignement ou à l’expulsion de leurs ressortissants en situation irrégulière. Il a également annoncé à cette occasion la réduction drastique du nombre de visas délivrés aux Maghrébins, afin de faire pression sur leurs gouvernements pour qu’ils se montrent plus coopératifs.
Alors que les premiers chiffres du nombre d’éloignements d’étrangers en situation irrégulière ne montrent pas d’amélioration notable en 2022, les pressions venues tant d’Afrique du nord que de la gauche pour être plus « souple » dans la délivrance de visas auront eu raison de la détermination de Gérald Darmanin (11).
Le 31 août, le ministre de l’intérieur annonçait benoitement la normalisation « avec effet immédiat », des modalités de délivrance des visas en Tunisie (12). Quelques jours avant, Emmanuel Macron annonçait à l’occasion d’une visite officielle en Algérie au président de ce pays 8 000 visas supplémentaires afin de permettre à des jeunes algériens d’étudier en France. Le stock des clandestins présents en France n’est dans ces conditions pas près de diminuer, sauf par voie de leur régularisation, ce qui constitue une prime à la clandestinité.
Des perspectives peu engageantes
Le membres de la majorité présidentielle ne sont pas avares en benchmarking (comparaison entre pays) pour justifier l’augmentation de l’immigration. Mais bien que la France accueille des flux bien supérieurs à ses voisins européens en matière d’asile, le discours est immuable : « la France restera fidèle à sa tradition d’asile ». Lors d’un discours de politique générale devant les parlementaires le 6 juillet, Elizabeth Borne a en effet laissé entendre qu’elle ne changerait rien au dispositif actuel de l’asile, pourtant massivement détourné par des migrants économiques qui même déboutés de leur demande, ne retournent jamais dans leur pays (13).
La première ministre a fait preuve d’un silence éloquent sur les autres droits à venir s’installer en France, notamment le regroupement familial, en dépit de son ampleur de plus en plus considérable. On peut donc s’attendre à une augmentation mécanique de l’immigration extra-européenne durant les prochaines années.
S’agissant de l’éloignement des clandestins, E. Borne a devant les députés tout au plus évoqué la simplification des procédures pour reconduire plus rapidement ceux dont la demande d’asile a été refusée. Dans quelques semaines devrait débuter à l’assemblée nationale l’examen d’un projet de loi porté par Gérald Darmanin qui irait dans ce sens. Mais dans le contexte actuel, et compte tenus des premiers signaux qu’il a envoyés, le gouvernement va avoir fort à faire pour convaincre une majorité de français de sa volonté de réellement « réguler » les flux migratoires et d’agir efficacement pour renvoyer dans leur pays les étrangers en situation irrégulière. Une hyper communication ne peut masquer indéfiniment l’ouverture en grand des vannes, dans un contexte de récession économique qui se profile.
Paul Tormenen (Polémia, 15 septembre 2022)
Notes :
(1) « L’immigration extra-européenne est repartie fortement à la hausse en 2021 ». Polémia. 27 janvier 2021
(2) « Le recours aux travailleurs saisonniers étrangers explose ». Le Figaro. 11 août 2022
(3) « Emploi : le recours aux saisonniers étrangers en forte hausse ». Le Monde. 3 août 2022
(4) « Bienvenue en France »: la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux ». Ministère de l’enseignement supérieur. 8 avril 2019
(5) « Record du nombre d’étudiants internationaux en France ». Studyrama. 6 septembre 2022
(6) « La mobilité étudiante dans le monde. Chiffres clé. Juin 2022 ». Campus France
(7) « Éducation : la plateforme Parcoursup laisse près de 250 bacheliers sur le carreau ». Le Midi Libre. 23 septembre 2021. « Parcoursup : plus de 94 000 candidats toujours en attente de places ». La Provence. 15 juillet 2022
(8) « Le pacte européen sur les migrations et l’asile progresse : ce sera toujours plus d’immigration et moins de contrôles ! ». Breizh Info. 14 juin 2022
(9) « First asylum seekers relocated from Italy to France via new EU mechanism ». Infomigrants. 29 août 2022
(10) « Programme de réinstallation de réfugiés en France en 2022 ». Préfecture de la région Normandie. Appel à projets. 1er mars 2022
(11) « Maroc – France : Des responsables français réagissent aux mesures drastiques de refus de visas ». 3 août 2022. Yabiladi.com
(12) Communiqué de presse du ministère de l’intérieur. 31 août 2022
(13) Elisabeth Borne : « Il est temps d’entrer dans l’ère des forces qui bâtissent ensemble ». Public Sénat. 6 juillet 2022