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  • Les convergences liberticides...

    Les éditions L'Harmattan ont publié récemment un essai de Jure Georges Vujic intitulé Les convergences liberticides - Essai sur les totalitarismes bienveillants.

    Avocat franco-croate, directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, Jure Georges Vujic est l'auteur de plusieurs essais, dont Un ailleurs européen (Avatar, 2011) et  Nous n'attendrons plus les barbares - Culture et résistance au XXIème siècle (Kontre Kulture, 2015).

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    " C'est au nom d'une promesse d'un futur post-covidien plus sécurisé, sous les traits du nouveau progrès numérique, « du bien-être », de « la santé et la sécurité pour tous », que se maillent les trames complexes de nouveaux totalitarismes bienveillants, de nouvelles stratégies de manipulation et de soumission, de contrôle absolu, à la fois moralisatrices et liberticides. La crise globale agit en tant que facteur disruptif et dessine les contours de notre nouvel ordre mondial et social, avec la convergence de plusieurs matrices totalitaires. Cette convergence est à la fois épistémique, bio-numérique (technologies de traçage et de contrôle social), bio-politique (dressage des corps et des populations) et sécuritaire (politiques de peur, politiques de surveillance globale). Avec cette convergence de matrices totalitaires bienveillantes qui asphyxie l'espace de nos libertés privées et publiques fondamentales, nous assistons au fusionnement des technologies numériques et des systèmes biologiques, une innovation qui constitue une véritable révolution anthropologique qui bouleversera en profondeur notre rapport au monde."

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  • L’intérêt national, mais lequel ?...

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste localiste intitulé Chez nous ! - Pour en finir avec une économie totalitaire (La Nouvelle Librairie, 2022).

    point de vue

    L’intérêt national, mais lequel ?

    À partir de 1624, le cardinal de Richelieu, au conseil du roi Louis XIII, conduit la France à entretenir la guerre de Trente Ans, qui va ravager l’Allemagne jusqu’en 1648 et la tenir éloignée de toute prétention à l’unité pendant deux siècles. L’intérêt de la France commande de garder l’Allemagne divisée — François Mitterrand s’en souviendra en 1989… Mieux encore, le prince de l’Église construit une alliance de revers avec les Turcs contre l’empire chrétien des Habsbourg. Entre la religion et l’intérêt national de la France, il n’a pas hésité.

    En 1939, tout oppose Joseph Staline et Adolf Hitler. Le nazisme est arrivé au pouvoir sur fond d’anticommunisme violent. Et une communauté de valeurs devrait unir la jeune URSS et les majorités socialistes d’Europe de l’Ouest, notamment la chambre issue du Front populaire en France, nombre de militants antifascistes ayant côtoyé les partisans communistes sur le front de la guerre d’Espagne. Mais l’intérêt national appelle au partage de la Pologne, à l’invasion de la Finlande, et le pacte du 23 août 1939 entre la Russie soviétique et l’Allemagne nazie concrétise la primauté de l’intérêt national sur les idéologies revendiquées.

    Dans les années 2000, le rideau de fer est loin, et ce n’est plus l’idéologie qui sépare la Russie de l’Union européenne. La vision eurasiste d’Alexandre Douguine est marginale dans une Russie dont la classe dirigeante reste avide d’Europe, de ses produits, de ses services, de son mode de vie. Et les relations nouées entre le Vatican et le patriarcat de Moscou sont bien proches d’aboutir à un rapprochement qui mettrait fin à la rupture millénaire entre Chrétienté d’Occident et Chrétienté d’Orient, Rome et Constantinople. Mais les ennemis de l’Europe veillent, manipulent, désinforment.

    L’histoire dira peut être quelles inconsistances et quelles manoeuvres ont conduit l’Union européenne à refuser la main tendue de Vladimir Poutine, le Vatican à annuler la rencontre entre le pape et le patriarche, et la Russie à se tourner vers la Chine. L’intérêt britannique, l’intérêt américain ont toujours été de diviser le continent eurasiatique. Ils l’ont emporté. L’intérêt national de la France, l’intérêt collectif de l’Europe, ont-il été bien servis par des dirigeants sourds aux avertissements de Vladimir Poutine ? Ou trahis par des collaborateurs de l’occupant américain ?

    Nous vivons l’un de ces moments où l’histoire bascule. L’intérêt national, ou l’opinion qu’en ont les dirigeants est l’argument décisif de la décision, qu’elle engage un traité, une alliance, ou la guerre. Et il doit être le seul. Après six mois de guerre en Ukraine, après les emballements et les réticences maintes fois confrontés, après aussi que le brouillard de la guerre s’appesantit sur des scènes de cauchemar, il est temps de se poser la question ; que commande l’intérêt national de la France ? Où est l’intérêt collectif de l’Union européenne s’il en reste ?

    Pour arrêter la position de la France, pour construire une posture européenne, il faut regarder sans ciller les trois réalités de la guerre.

    Ce n’est une guerre hors limites, dans laquelle les péripéties sur le front ne sont qu’un des éléments, ni le plus décisif, ni le plus stratégique de tous. Au-delà de la guerre engagée par l’OTAN contre la Russie, c’est une guerre de systèmes. Or, monnaies, pétrole et gaz, terres, céréales et eau, voilà le front. Il est de plus en plus clair que les opérations décisives se passent sur le front des règlements internationaux, des réserves des banques centrales, de la place de l’or, et des conditions d’achat et de commerce des matières premières. Après le vol de la moitié des avoirs de la Banque centrale de Russie par le gouvernement démocrate américain, tout gouvernement s’interroge ; si mes intérêts sont en désaccord avec ceux de la ploutocratie financière américaine, vais-je perdre les réserves de ma banque centrale ? Et le véritable front est celui de la tutelle anglo-américaine sur le monde, tel que le dollar l’assure, au bénéfice des Américains et de leurs alliés ; le dollar va-t-il conserver dans les années qui viennent son injustifiable suprématie sur les échanges internationaux ?

    C’est une guerre totale, en ce qu’elle met en jeu, non pas deux civilisations entre elles, et parmi d’autres, mais la civilisation contre son envers, qui est l’uniformité. Le système national affronte le système global. Le conflit qui s’est engagé a pour enjeu un Nouveau Monde, dans lequel les Anglo-américains et la caste financière qu’ils ont placée au pouvoir ne joueront plus que le rôle que leur nombre, leurs mérites et leur territoire leur donneront. Il confronte les civilisations, qu’elles soient russes, chinoises, indiennes, iraniennes, mongoles ou maliennes, à leur inverse, qui est la destruction du monde comme monde par le totalitarisme numérique, juridique et marchand.

    C’est une guerre mondiale, au sens où elle engage bien plus que les belligérants avoués. Nos catégories politiques en sont ébranlées, comme nos certitudes d’abondance. Il suffit de voir le grand trouble suscité aux États-Unis par l’appel du Président Xi Jin Ping à la mobilisation de tous les Chinois résidents hors de Chine, pour défendre leur patrie ! Dur réveil pour le wokisme ahuri ; les origines comptent ! Un contrat ne fait pas une Nation ! Et il faut voir l’empressement des dirigeants français d’un côté, Allemands de l’autre, à s’assurer auprès des gouvernements algériens et turcs de la passivité de leurs ressortissants, en des périodes que beaucoup prévoient agitées…

    Le confort mental de ceux qui se croyaient l’avant-garde du monde et avaient substitué la colonisation insidieuse de la finance, de la propriété intellectuelle et du crédit à celle des missionnaires et des soldats, est ébranlé par le soutien ouvert ou tacite à la Russie de la majorité des Nations, et par l’opposition audible et croissante à tout ce qui peut venir de l’Occident — le décloisonnement de l’Iran en témoigne, comme cette carte diffusée par le PCC qui montre la réalité du monde allié des États-Unis — si peu de choses ! En Afrique comme en Amérique du Sud, en Asie comme dans le Pacifique, l’Occident se rétrécit comme un mirage — ou un mensonge…     

    Que reste-t-il de ce beau mensonge ? Les valeurs ? Comme le rappelait Thierry Mariani, que partageons-nous avec l’Ukraine, l’un des pays les plus corrompus du monde, qui emprisonne ses opposants, limoge ses juges sur injonction américaine et assassine ses critiques ? La paix ? Directement ou indirectement, les États-Unis sont les plus grands fauteurs de guerre des deux siècles passés. Ils n’ont jamais hésité à avoir recours aux armes, fabriquant à dessein les preuves, falsifiant l’histoire et défiant les faits.

    Ils l’ont fait en Syrie comme en Irak, en Libye comme en Serbie, avec une totale insouciance sur les conséquences de leurs agressions et l’impunité assurée à leurs dirigeants criminels. Le progrès ? La société américaine est l’une des plus dysfonctionnelles qui soit, depuis que les démocrates ont trahi le peuple au nom de la globalisation, comme les socialistes français l’ont fait au nom de l’ouverture des frontières.

    Un modèle de progrès ? L’Europe comme les États-Unis sont confrontés à un procès de sous-développement qui ne peut plus être caché ; les urgences médicales sont mieux assurées désormais en Inde ou dans certains pays africains qu’elles ne le sont en France !

    Les libertés ? L’épisode du Covid, comme celui des Gilets Jaunes ou de la dette grecque, comme les cas de censure privée par les réseaux ont révélé le peu de cas que les intérêts financiers font des libertés publiques et de la démocratie quand les rendements sont en jeu. Les élections elles-mêmes s’achètent, comme chaque chose au pays merveilleux du marché.

    Quant au totalitarisme de nos ennemis inventés ? À des régimes autoritaires, voire totalitaires, implantés dans un pays, en concurrence ou en confrontation avec d’autres régimes autoritaires, voire totalitaires, pour des territoires, des populations, des ressources, limitées dans l’espace et dans leurs emprises, s’oppose un totalitarisme sans territoire, sans limites et sans frontières. Jamais la Chine n’a prétendu régir le monde comme entendent le faire les zélateurs du Great Reset de Davos. Jamais la Russie n’a prétendu reprendre à l’Union soviétique sa vocation à sauver le monde. Et jamais les nouveaux géants que sont l’Inde, l’Indonésie, l’Iran ou le Nigeria ne prétendent apporter au monde leur loi — trop occupés à faire leur loi chez eux, et à demeurer ce qu’ils sont !   

    Le constat paraît établi. Pour le monde, ou ce qui en demeure comme diversité, séparation et liberté, le monde serait meilleur sans les États-Unis d’Amérique du Nord. À force de se croire la Nation indispensable, de se mêler de tout et à tout propos, les États-Unis sont devenus la Nation dont le monde se dispenserait bien volontiers. Et l’hystérie sécuritaire qui est en train de s’emparer d’États-Unis qui vont chercher dans la guerre le moyen de nier leur naufrage intérieur, provoquant une guerre avec la Russie acculée dans ses retranchements vitaux, confirme une analyse largement partagée ; les prétentions à la Justice, à la liberté et au Bien des Anglo-américains ne reposent que sur la plus grande violence, l’usage illimité de la force, et la détermination à l’emporter, quel qu’en soit le prix — surtout si les autres le paient.

    Voilà où se pose la question à la France et l’Europe. Voilà sans doute ce qui explique le revirement spectaculaire d’Emmanuel Macron, et l’alignement assumé de la France sur l’OTAN. Ni la justice, ni la démocratie, ni la force, ni de quelconques valeurs n’établissent l’intérêt national de la France, celui de l’Union européenne face à la guerre que les États-Unis ont si bien prévue puisqu’ils l’ont provoquée. En revanche, la réalité des intérêts économiques, la défense du mode de vie, et la protection des avoirs et des patrimoines font la décision.

    Et pour ceux qui les font passer avant l’indépendance nationale et le sentiment national — de quoi s’agit-il ? — ils lient plus étroitement la France et l’Europe aux États-Unis que tout autre argument. Trop peu de Français le mesurent, aveuglés par l’individualisme ambiant. La Présidence française en a une juste opinion, certains l’ont sans doute aidé à la concevoir. Du quart au tiers environ du niveau de vie français est lié au privilège de l’Ouest — au privilège du dollar américain. Voilà ce qui est en jeu derrière le maintien de l’alliance à l’Ouest. Ce qui reste de la classe moyenne ne mesure pas à quel point elle doit son confort à l’appartenance de la France au monde de l’Ouest — quel qu’en soit par ailleurs le prix.

    Confrontées au choix ; travailler avec le monde, ou travailler avec les États-Unis, à peu près toutes les entreprises confrontées aux sanctions américaines ont choisi, et elles ont choisi les États-Unis. Et d’aucuns qui proclamaient l’indépendance de l’Europe et sa souveraineté finissent du côté des think tanks américains ou, pire, des banques d’affaires — ont — ils le choix ?

    La réalité est que la France et l’Union européenne n’ont pas le choix — n’ont plus le choix. Ni de leurs alliances ni de leur système. Pour la France comme pour l’Union européenne, il est un monde pire que celui où les États-Unis décident de la paix et de la guerre, c’est celui où ils n’interviendraient plus. Il est un monde pire que celui où un dirigeant de Goldman Sachs affirme faire le travail de Dieu, c’est un monde où les acteurs privés ne peuvent plus commercer, échanger, arbitrer les taux, les monnaies et les prix librement. Et il est un monde plus dangereux que celui où les États-Unis et leurs alliés emploient des prétextes qui sont la Justice, la liberté et la démocratie pour justifier leurs interventions, c’est celui où des interventions s’engagent sans même les prétextes de la Justice, de la liberté et de la démocratie.

    Le piège s’est déjà refermé sur la France et sur l’Union européenne. Trop tard pour le Président Emmanuel Macron, critique sévère de l’unilatéralisme américain et analyste lucide du déclin de l’Occident qui prônait le dialogue avec la Russie encore en 2021. Son intérêt national à court terme ne laisse pas le choix à la France. En dépit des liens historiques avec la Russie, les occasions ratées ne se retrouvent pas. En dépit de l’insupportable arrogance américaine, le renversement des alliances n’est pas à notre portée. En dépit des multiples atteintes américaines à l’indépendance de la France, à l’autonomie de l’Union européenne, aux frontières de l’Europe et à la volonté des Nations, la France et l’Union européenne sont engagées dans la guerre américaine. Il est trop tard pour changer de camp. Qui peut raisonnablement aujourd’hui parmi les Nations européennes penser à un renversement d’alliance ? Qui en aurait la lucidité, le courage, ou la folie ?

    Devant la guerre, que chacun se répète la devise britannique ; « Right or wrong, my country ». Il est désolant, ou consolant que nous en soyons toujours là.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 2 septembre 2022)

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  • Tintin et l'Histoire...

    Les éditions Desclée de Brouwer ont publié en début d'année un livre de Bob Garcia intitulé Tintin et l'Histoire. Passionné de littérature populaire, de musique et de bandes dessinée, Bob Garcia a déjà publié chez Desclée de Brouwer plusieurs études sur Tintin, comme Tintin, le Diable et le Bon Dieu (2018) et Tintin, du cinéma à la BD (2019).

     

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    " Entre 1930 et 1980,Tintin participe, à l'instar de ses modèles Albert Londres ou Joseph Kessel, aux grandes mutations géopolitiques du monde. Dès son périple en URSS, il témoigne du « grand tournant » opéré par la Russie soviétique. Il découvre le Congo belge. Puis il se rend dans une Amérique sinistrée par la grande dépression. En Chine, il vit en direct l'« incident de Moukden » et combat aux côtés des Chinois contre l'occupant japonais. Dans Le Sceptre d'Ottokar, il assiste à la montée du nazisme. Après la Seconde Guerre mondiale, Objectif Lune, On a marché sur la Lune, L'Affaire Tournesol et Coke en stock sont de véritables chroniques de la guerre froide sur fond d'espionite, de course à l'espace, de microfilms, de terrorisme, de piraterie aérienne, de trafics d'armes et d'enlèvements de savants. Dans Les Picaros,il est pris impuissant dans la valse des révolutions-éclairs qui agitent l'Amérique latine...

    En resituant chaque album dans son contexte de création, Bob Garcia traque et décrypte les références historiques, politiques et d'actualité immédiate qui se devinent en filigrane des aventures du célèbre reporter. Une nouvelle lecture du travail très documenté de Hergé, qui affirmait lui-même : « Tous mes albums portent la trace du moment où ils ont été dessinés. » "

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  • Permis de construire ou de déconstruire ?...

    Dans ce nouveau numéro d’Orages de papier, réalisé par TV Libertés en partenariat avec la Nouvelle Librairie , François Bousquet rencontre Julien Rochedy à l'occasion de la publication de son essai intitulé Philosophie de droite.

    Publiciste et essayiste, Julien Rochedy, qui est une figure montante de la mouvance conservatrice et identitaire, a déjà publié plusieurs essais dont Nietzsche l'actuel, et L'amour et la guerre - Répondre au féminisme.

     

                                               

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  • Opération Z...

    Les éditions max Milo viennent de publier un essai de Jacques Baud intitulé Opération Z. Ancien membre du renseignement stratégique suisse et spécialiste des pays de l’Est, il a participé à des négociations militaires de haut niveau avec les forces armées russes. Au sein de l’OTAN, il a suivi la crise ukrainienne de 2014 puis a participé à des programmes d’assistance à l’Ukraine. Il est l'auteur de plusieurs essais dont La guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur (Rocher, 2003), Terrorisme - Mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident (Rocher, 2016) ou Poutine, maître du jeu (Max Milo, 2022).

     

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    " Pourquoi Poutine a-t-il déclenché l’opération Z en Ukraine ? Les forces ukrainiennes utilisent-elles des volontaires néonazis ? Quelles sont les forces en présence et la réalité du conflit militaire depuis six mois ? Que savons- nous des crimes de guerre comme Boutcha ? Les sanctions économiques occidentales ont-elles fonctionné ? L’envoi massif d’armes par les Occidentaux a-t-il un effet sur le conflit ?

     Après le best-seller Poutine: maître du jeu ?, dont le travail d’analyse a été salué dans le monde entier, Jacques Baud revient dans ce livre sur les causes profondes de la guerre en Ukraine et les raisons qui ont poussé Vladimir Poutine à intervenir le 24 février 2022. En s’appuyant sur les informations des services de renseignement et des rapports officiels, il analyse le déroulement des actions militaires et la manière dont elles ont été interprétées en Occident. Il explique le bouleversement de l’ordre mondial sur les plans politique et économique, ainsi que les conséquences à long terme des sanctions occidentales sur notre vie quotidienne. Il révèle comment le conflit aurait pu être évité et quelles pistes ont été volontairement délaissées par les États-Unis et l’Europe. "

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  • Les Anneaux de pouvoir : il faut sauver la Terre du Milieu !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Marc Obregon cueilli sur le site de L'Incorrect et consacré à la série intitulée Les anneaux de pouvoir, "inspirée" par l’œuvre de Tolkien et diffusée par Amazon. Les craintes exprimées par David Engels dans un entretien voilà quelques mois étaient pleinement justifiées...

     

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    Les Anneaux de pouvoir : il faut sauver la Terre du Milieu

    On n’en rêvait pas, Jeff Bezos l’a fait : la Terre du Milieu version Amazon sera donc parcourue de rastas, d’hobbitesses girl power et de naines noires avec l’accent de Brooklyn. Ce contre quoi Peter Jackson s’était courageusement battu tout au long de la production du Seigneur des Anneaux. Non-content d’être les témoins impuissants de cette mise à sac de l’héritage tolkienien, il faudrait encore l’applaudir. C’est du moins ce que pense Olivier Lamm dans une tribune délirante publiée sur le site de Libération. Nous ne lui ferons pas ce plaisir.

    On peut tout de même rappeler une chose à Libération : les récits légendaires et mythologiques sont, par définition, enracinés dans une terre et dépendants d’un socle ethnique. La mythologie créée par Tolkien dans Le Seigneur des Anneaux est certes un formidable syncrétisme mais elle puise essentiellement dans des récits folkloriques du nord de l’Europe : le monde germanique et le monde scandinave, pour ne pas les citer. Aujourd’hui, l’idéologie woke et l’occidentalisme impérialiste américain voudraient à tout prix nous faire oublier une chose, ce qui explique sans doute leur hystérie hybridiste récente : un peuple et ses mythes sont le fruit d’une très longue et très patiente décoction dans les athanors de l’histoire et d’une terre.

    La Terre du Milieu est précisément le fantasme romantique (et à ce titre la fantasy est un genre anglo-saxon et dix-neuvièmiste par essence) de ce substrat ethnico-légendaire nord-européen. Car la fantasy n’est pas, comme le dit Olivier Lamm, « née au XXè siècle dans la presse pulp et dans l’édition pour enfants ». En réalité, elle est apparue dès le milieu du XIXè siècle dans le sillage de la poésie romantique et de la réhabilitation du patrimoine culturel préchrétien. Vouloir y importer tout un fatras interracial post-moderne et donc non seulement contre-productif mais tout à fait artificiel. Cela ne répond – est-il besoin de le démontrer – qu’à une logique commerciale typique des grands studios hollywoodiens, pressés de s’amender de leurs « fautes » passées et de prendre le grand virage inclusiviste plus vite que les autres. En nous faisant croire au passage qu’ils ont changé – alors qu’ils sont les mêmes, en pire.

    Rings of Power, la nouvelle série d’Amazon consacrée au pillage sans vergogne des appendices du Seigneur des Anneaux est d’ailleurs ridicule à plus d’un titre : à chaque fois qu’un figurant noir apparaît (ou mieux : un premier rôle), on sent le cadre qui se resserre, comme pour disqualifier d’avance tous les doutes et toutes les moqueries possibles. Outre qu’il est ridicule et vain de s’abaisser à une telle logique mercantile de quotas, ces acteurs « racisés » posent plusieurs problèmes réels.

    La cohérence d’une œuvre ? On s’en fout

    D’abord, celui de la cohérence d’un monde voulu extrêmement vraisemblable par Tolkien : pourquoi y aurait-il des noirs dans le nord montagnard des Terres du milieu, ou dans les plaines au climat très continental du Rohan ? On peut rappeler à Libération une vérité physiologique : la couleur de peau noire est obtenue par la mélanine qui est causée elle-même par une forte exposition au soleil. Peu de chances que les nains de la Moria ou que les elfes de la Lothlorien soient dotés d’une telle pigmentation étant donné leur milieu naturel. La vraisemblance et la rigueur avec laquelle Tolkien a édifié son œuvre sont donc piétinées.

    Et n’y voyez aucun racisme : par exemple, je ne connais pas un seul fan de fantasy qui ira se plaindre de voir des acteurs noirs dans une adaptation de Donjons et Dragons. Cette franchise est précisément faite pour ça, pour adapter les clichés de la fantasy aux standards de la pop culture. Il en est de même pour la Sword and sorcery, popularisée par Robert E. Howard et qui se situe dans une Pangée imaginaire, pendant « l’âge hyborien », et où toutes les civilisations sont donc mitoyennes. Aucun souci donc, même pour le fan de fantasy le plus sourcilleux, si les adaptations de Conan incluent des origines ethniques de toutes sortes. C’est précisément l’intention de l’auteur. Mais Tolkien, non. N’en déplaise aux ayatollahs de l’inclusivisme, les seuls noirs décrits par Tolkien dans le Seigneur des Anneaux sont les « suderons » : ils vivent – en toute logique – dans le sud des Terres du Milieu et ils sont en conséquence totalement assujettis au Grand Œil. C’est comme ça. Ce n’est pas du racisme, c’est la vraisemblance d’une œuvre. Tolkien, c’est une œuvre élaborée pendant toute une vie, ce n’est pas un « lore » griffonné vite fait sur une nappe de restaurant. Et une telle œuvre ne se saborde pas pour des raisons idéologiques.

    La question du mythe

    Enfin, et de façon sûrement plus intéressante, ce grossier ravaudage racialiste pose un problème plus profond qui est celui de la nature même du mythe. Qu’est-ce qu’un mythe ? Un mythe est le récit collectif né de l’observation des changements dans un milieu donné, qu’il soit cosmique ou « sublunaire ». Le mythe change donc radicalement en fonction de ce milieu : on ne développera pas les mêmes mythes sur les versants du Kilimandjaro que dans la bise glacée d’un fjord norvégien. On pourrait même dire que si les monothéismes se sont développés dans des milieux désertiques, c’est parce que précisément les représentations métaphysiques du monde y étaient influencées par un décor minimaliste, réduit à une simple ligne d’horizon et à ces cieux tout-puissants – mais c’est une autre histoire.

    Un mythe est enraciné dans une terre – et c’est ce que les Américains, peuple de colons, peuple hybride par excellence, ont du mal à comprendre – sans doute en premier lieu parce qu’ils ont génocidé le peuple autochtone – seul détenteur des mythes originels de cette partie du globe. Lorsque Libération se désole que les méchants fans de fantasy racistes vouent une « obsession de fidélité au foklore », nous lui répondons que cette fidélité nous prémunit précisément d’un imaginaire lissé, cosmopolite, sans saveur, où tout est mis à égalité, sur l’autel du mercantilisme éhonté des grands studios et des plateformes de streaming. Le mythe, c’est le sang des peuples.

    La « panique immorale de l’Occident » dénoncée par Libération ne vient donc pas des défenseurs de son intégrité mais bien de ses contempteurs à deux vitesses. De ceux qui ont hâte d’enterrer les vraies luttes – notamment de classe – sous le strass des revendications d’arrière-garde. D’ailleurs, même les « minorités visibles » commencent à dire leur ras-le-bol face à leur sur-représentation complètement hors-sujet dans la fiction. Un noir, n’en déplaise aux showrunners de Netflix et consorts, n’a pas forcément envie de se voir représenté dans une fiction d’inspiration nordique. Tout comme, si un jour un producteur africain s’empare de mythes locaux pour bâtir une série populaire, je ne prendrais strictement aucun plaisir à y voir figurer des babtous.

    Vers une fantasy queer et multiraciale ?

    De toute façon, le vrai débat n’est pas là, puisque ce que nous impose l’idéologie woke n’est pas la fraternité, la complicité entre les peuples, mais bien un égalitarisme forcené qui voudrait tout placer au même niveau. L’exemple le plus probant, c’est la représentation de la femme dans Rings of Power : ainsi, on se contentera de faire de Galadriel un garçon manqué ultra-antipathique, une vraie pimbêche qui ne pense qu’à guerroyer – en bref qu’à être l’égale des hommes… Tolkien, dans son infinie clairvoyance, avait bien compris que le pouvoir des femmes était bien plus large que ces petites aspirations martiales. D’ailleurs toutes les femmes qu’il décrit sont surpuissantes – y compris Galadriel dont le renoncement à l’Anneau unique constitue sans doute une des scènes-clés du livre – mal comprises.

    Olivier Lamm a donc encore tout faux lorsqu’il évoque notre habitude à voir « des femmes passives qui n’attendent que d’être sauvées ou embrassées. ». Car, ultime horreur, les fans de fantasy que nous sommes n’apprécieraient pas non plus de voir autre chose que des mœurs « hétéro-normés ». On y vient donc. Si l’on suit jusqu’au bout le programme d’ingénierie sociale du néo-impérialisme américain, nos futurs blockbusters pour enfants incluront bientôt des héroïnes trans et des héros queer. C’est tellement important d’initier nos enfants aux valeurs saines de la vaginoplastie. Et Olivier Lamm, pour conclure, de dire qu’il a hâte de voir à l’écran une adaptation de la Dark Trilogy, un roman de « fantasy jamaïcaine queer ». Grand bien lui fasse. Perso, lorsque j’ai envie de rêver, je suis plus team Tinúviel que team RuPaul. Chacun ses goûts.

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