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  • Le lobby saoudien en France...

    Les éditions Denoël viennent de publier une enquête dirigée par Pierre Conesa et intitulée Le lobby saoudien en France - Comment vendre un pays invendable. Agrégé d'histoire et énarque, Pierre Conesa a fait partie dans les années 90 de la Délégation aux affaires stratégiques du Ministère de la défense. Il est l'auteur de plusieurs essais, dont, notamment, Dr. Saoud et Mr. Djihad - La diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite (Robert Laffont, 2016) et Hollywar - Hollywood, arme de propagande massive (Robert Laffont, 2018).

     

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    " L'Arabie saoudite rivalise avec la Corée du Nord en matière d'atteintes aux droits de l'homme ; d'absence totale de droits de la femme ; d'usage de la torture ; d'intolérance religieuse absolue ; d'interventions militaires extérieures (Bahreïn, Yémen) ; d'absence de liberté de conscience, de la presse et de liberté d'opinion, etc. Une spécificité supplémentaire propre à l'Arabie : la peine de mort pour "blasphème" et l'athéisme assimilé à du terrorisme. Longtemps le régime s'est recroquevillé dans sa superbe indifférence avant que la guerre au Yémen ou l'assassinat de Khashoggi ne l'obligent à soigner son image. La solution a donc consisté à contracter avec toutes les sociétés internationales de relations publiques et les cabinets de lobbying, en particulier aux Etats-Unis et en France. "

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  • Assimilation : histoire d’un échec...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Michel Geoffroy au site de la revue Éléments et consacré à l'échec de l'assimilation. Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean Yves Le Gallou, et deux essais, La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020) et tout récemment Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021).

     

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    Assimilation : histoire d’un échec

    ÉLÉMENTS : En quoi consiste l’assimilation ? Est-ce elle qui pose problème ou les ordres de grandeur qui ont changé ?

    MICHEL GEOFFROY. S’assimiler consiste à devenir semblable à quelque chose d’autre que soi. Pour un immigrant, s’assimiler consiste donc à devenir semblable au peuple, aux traditions et à la culture qu’il rejoint. Lorsqu’on évoque la naturalisation d’un étranger, appelé par conséquent à changer de nature pour devenir Français, on évoque la même ambition. L’assimilation se conçoit donc comme un processus de nature proactive et individuelle : celui qui rejoint le groupe doit faire l’effort de s’assimiler, de changer de nature, pour se rendre compatible avec lui. L’assimilation ne saurait donc se réduire à l’effort que devrait faire la seule société d’accueil, pour intégrer les immigrants.

    L’assimilation renvoie aussi à la conception française de la nation une et indivisible, mise en place à partir de la Révolution française, même si Tocqueville a bien montré que la monarchie avait œuvré en permanence dans le sens de l’unification du royaume. Mais la République ne reconnaît de légitimité, à la différence de l’Ancien Régime, ni aux corps intermédiaires ni à des nations particulières au sein de la Nation. Elle ne veut connaître que des citoyens, individus égaux en droit, selon l’objurgation célèbre du député Stanislas de Clermont Tonnerre en décembre 1789 : « Il répugne qu’il y ait dans l’État une société de non-citoyens et une nation dans la nation ».

    Mais il ne faut pas oublier que contrairement à un discours largement fantasmé, l’assimilation ne va jamais de soi. Il est toujours difficile d’assimiler une autre culture que la sienne parce que l’identité – fait de nature – prime sur la nationalité – qui reste une construction politique. Ce que ne comprennent pas ceux qui fabriquent des Français de papier à la chaîne.

    Le journal La Savoie rapportait récemment qu’un détenu, coupable de violences sur un surveillant de prison avait affirmé au tribunal avoir agi ainsi « pour être renvoyé dans son pays, l’Algérie » : le juge a dû alors lui faire remarquer qu’il était ne nationalité… française, né à Sallanches ! Quel symbole…

    On vante l’assimilation des Italiens, des Polonais ou des Portugais en France. Mais il ne faut pas oublier qu’une partie non négligeable des migrants italiens retournera finalement en Italie. Et que de nombreux Portugais, parfaitement intégrés, retournent cependant en Portugal pour leurs vieux jours, pas uniquement pour des raisons fiscales.

    L’assimilation à la française relève largement du mythe parce que, contrairement au discours officiel asséné depuis des années, la France n’a jamais été un pays d’immigration et certainement pas un pays d’immigration de masse comme aujourd’hui. Nous ne sommes pas en effet, à la différence des États-Unis, de l’Australie, du Canada ou de la Nouvelle-Zélande, grands donneurs de leçons en matière d’immigration et de multiculturalisme par ailleurs, une nation de colons ou de migrants mais d’héritiers. Nos ancêtres habitaient déjà en Europe il y a des milliers d’années : nous sommes chez nous en Europe ! Et à l’échelle de notre histoire et de notre population, nous n’avons en réalité assimilé que relativement peu de personnes.

    Malika Sorel, essayiste française d’origine algérienne, l’affirmait dans un entretien donné au Spectacle du monde (octobre 2010) : « devenir français est un processus qui doit-être personnel, car il faut être prêt à assumer d’inscrire ses propres descendants dans un nouvel arbre généalogique qui n’est pas celui de ses ascendants biologiques et culturels. Il y là une véritable rupture, très difficile à assumer. »Une rupture d’autant plus difficile à assumer que la distance culturelle s’accroît entre les immigrants et la société d’accueil, phénomène qui caractérise justement la seconde moitié du XXe siècle, avec une immigration majoritairement en provenance de pays africains, arabes et musulmans, et non plus européens et chrétiens.

    Comme l’écrit Didier Leschi, directeur général de l’Office français pour l’immigration et l’intégration, « les écarts de mœurs, de langue, de religion avec les sociétés de départ sont devenus vertigineux » pour les sociétés européennes d’accueil (Le Grand Dérangement. L’immigration en  face, Gallimard Tracts 2020).

    La seconde raisonpour laquelle l’assimilation ne peut plus marcher de nos jourstient au volume même de l’immigration et à la rapidité de son expansion. C’est une question de taille, pour reprendre l’expression du mathématicien et philosophe Olivier Rey. L’assimilation est un processus difficile, individuel et de longue durée. Or, l’immigration de nos jours se caractérise au contraire par sa masse et sa concentration dans l’espace et dans le temps.

    Samuel Huntington soulignait, en analysant la politique d’immigration des États-Unis qu’un « taux d’immigration élevé et continu ralentit l’intégration et peut même aller jusqu’à la bloquer » (Qui sommes-nous ?, Odile Jacob). N’est-ce pas justement ce qui se passe en France ? L’effet masse rend caduc en effet tout effort d’assimilation de la part de la société d’accueil.

    D’abord parce qu’il facilite le regroupement communautaire des immigrants. Samuel Huntington, dans son analyse de l’arrêt du melting-pot américain, rappelle qu’au début des États-Unis les gouverneurs veillaient avec sagesse, à répartir les immigrants – au demeurant avant tout d’ascendance européenne – sur tout le territoire, afin d’éviter leur concentration, qui aurait nui à leur assimilation.

    Nous n’avons pas eu cette prudence en France et l’immigration a eu tendance à se regrouper dans certaines zones urbaines par affinité ethnique ou religieuse. Ce sont les fameux « quartiers sensibles », les « banlieues populaires » ou les « zones urbaines sensibles » qu’évoque la novlangue officielle ! L’effet masse vide également de son sens les procédures censées vérifier la bonne assimilation des immigrants. Car ce ne sont plus des individus qui s’installent en France, mais des populations. Il suffit de regarder la longueur des queues devant nos préfectures en fin de mois !

    Léopold Kohr, le père de la célèbre formule « Small is beautiful », affirmait que quand quelque chose ne marche pas, c’est que quelque chose est trop gros. Il se passe exactement cela avec l’immigration de masse : trop grosse désormais pour qu’une assimilation soit possible.

    ÉLÉMENTS : Vous avez eu le nez creux en publiant cette brochure. Entre Clair Koç, d’origine turque, qui vient de publier Claire, le prénom de la honte ; entre le dernier essai de Raphaël Doan, Le rêve de l’assimilation, et celui du très remarquable Vincent Coussedière, Éloge de l’assimilation, vous faites entendre une voix dissonante. Comment expliquer ce « revival » assimilationniste ?

    MICHEL GEOFFROY. Par son échec, paradoxalement ! Invoquer l’assimilation de nos jours, revient à dénoncer implicitement – ou parfois explicitement – les effets désastreux d’une immigration de masse dérégulée, comme celle que nous connaissons aujourd’hui. On peut rêver de l’assimilation ou faire son éloge, mais il n’empêche qu’elle ne fonctionne plus de nos jours. Et si l’assimilation ne fonctionne plus, alors même que l’immigration ne cesse pas, cela signifie que la France change de nature et devient un agrégat de communautés ayant de moins en moins de choses en commun. Ce que relevait l’ancien ministre de l’Intérieur Gérard Colomb, lors de son départ du ministère en octobre 2018 : « Je crains que demain on vive face à face » en France et non plus ensemble. Le mantra officiel du vivre ensemble sert à cacher l’impossibilité d’une assimilation de flux continus d’immigrants. De fait, le vivre ensemble se réduit à une simple promiscuité sans affinité.

    Pire encore, il s’agit d’un mot d’ordre totalitaire, car le vivre ensemble correspond à l’intégration imposée par l’État à ceux qui n’en veulent pas : qu’il s’agisse des autochtones – à qui on ne demande jamais s’ils souhaitent « accueillir » toujours plus d’immigrants – ou des immigrants eux-mêmes, qui n’entendent pas abandonner leur culture ni leurs convictions.

    Désormais impossible, l’assimilation ouvre la voie au multiculturalisme multi-conflictuel, que rien ne semble pouvoir arrêter désormais. Et certainement pas l’oligarchie mondialiste qui a pris le pouvoir en Europe occidentale et qui a provoqué, par idéologie et par intérêt, un inextricable chaos migratoire.

    Il faut bien constater que dans les pays européens confrontés justement à une immigration de même nature, on retrouve en effet les mêmes pathologies liées à l’immigration de masse, qu’en France : faible intégration au travail des populations d’origine immigrée, part importante des personnes d’origine immigrée parmi les bénéficiaires des prestations sociales, développement du fondamentalisme islamique, création d’enclaves territoriales, white flight, sur-représentation de ces populations dans les actes violents et délictueux, etc.

    L’assimilation ne se produit plus maintenant qu’à rebours, la société d’accueil finissant par s’imprégner, progressivement, des mœurs, de la religion ou de la culture des immigrants. La visibilité croissante de l’islam dans l’espace public, la progression de l’abattage hallal, les menus sans porc dans les cantines ou bien le retrait progressif des symboles chrétiens au prétexte de ne pas « heurter » les non-chrétiens me semblent traduire un tel mouvement. Mais curieusement cette « appropriation culturelle » manifeste ne paraît pas choquer les adeptes du décolonalisme

    Le président turc, en s’adressant en 2010 aux Turcs vivant en Europe n’hésite donc plus à affirmer : « Pour moi, le fait de demander l’assimilation est un crime contre l’humanité, personne ne peut vous dire : renonce à tes valeurs. » Ces propos expriment un discours de conquête et de combat. Ils reviennent à proclamer : je veux vivre chez vous comme chez moi. Cela contredit totalement non seulement notre tradition nationale d’unité, mais l’idée même d’assimilation.

    ÉLÉMENTS : Que faire alors, éternelle question ?

    MICHEL GEOFFROY. Une politique d’assimilation, si elle reste toujours possible dans le registre individuel, n’a plus de sens face à l’immigration de masse que nous connaissons aujourd’hui. Prétendre promouvoir une telle politique, voire – comme certains le proposent tels Manuel Valls ou Valérie Pécresse – de mettre en œuvre une « politique de peuplement », revient à transférer sur le seul pays d’accueil toutes les conséquences et toutes les charges d’une immigration de masse dérégulée. Cela n’a aucun sens, sinon de culpabiliser une fois encore notre civilisation, accusée en permanence de ne jamais assez bien intégrer les immigrants ni d’en accueillir jamais assez. Ce faisant, on passe sous silence que l’assimilation suppose au minimum une volonté de s’assimiler de la part de celui qui rejoint une autre culture et une autre histoire : elle ne saurait donc se réduire à un seul effort de la société d’accueil.

    En outre, on s’obstine aujourd’hui à déconnecter la question de l’assimilation ou celle de l’islamisme de celle de la régulation de l’immigration. Cela revient à vouloir écoper la baignoire sans fermer le robinet d’arrivée d’eau. Cela ne peut pas marcher !

    Il faut donc d’abord suspendre toute nouvelle immigration, qui de toute façon coûte désormais plus à la collectivité qu’elle ne lui rapporte. La situation est suffisamment grave pour justifier une telle mesure d’exception.

    Il faut ensuite organiser la remigration progressive de ceux qui manifestent par leur comportement leur refus évident de s’intégrer : notamment expulser les délinquants étrangers ou binationaux multirécidivistes, les prêcheurs salafistes et d’une façon générale cesser tout laxisme – ou toute lâcheté – en la matière. C’est en soi un vaste programme !

    Il faut aussi partir à la reconquête des zones d’immigration que l’État a en réalité abandonnées, se contentant d’y déverser des milliards pour acheter une paix sociale à court terme. Nombre de ces populations issues de l’immigration se trouvent livrées à elles-mêmes ce qui ne peut que renforcer leur propension au communautarisme.

    Enfin on doit offrir quelque chose de concret à ceux qui souhaitent s’intégrer au destin français. Or, on a consciencieusement déconstruit en France toutes les institutions holistes qui favorisaient l’intégration à la communauté nationale : la famille, l’école publique, le service militaire, l’État, la culture française. Et ces mêmes déconstructeurs prennent aujourd’hui sans honte la posture pourdéplorer l’échec de l’intégration !

    Qu’est-ce que la France offre aujourd’hui aux immigrants comme modèle ? Un individualisme fanatique, une société qui fait de la réussite matérielle le seul but de l’existence, une sous-culture audiovisuelle standardisée, un féminisme hystérique, la négation des différences sexuelles, la destruction des familles, un laxisme comportemental et judiciaire croissant, une lâcheté collective sans bornes ? Et pour couronner le tout, un discours victimaire véhiculé par les autorités et les médias qui culpabilise en permanence la société d’accueil.

    Personne ne peut s’intégrer à un néant.

    Il faut bien comprendre que l’échec de l’assimilation démontre la faillite, non pas de la France, mais de l’universalisme abstrait des Lumières et du sans-frontiérisme. Car il prouve que les hommes ne sont que superficiellement interchangeables, et que chaque civilisation possède une « âme » en propre comme l’avait pressenti, il y a déjà un siècle, Oswald Spengler, dans son célèbre essai Le Déclin de l’Occident.

    En d’autres termes, répondre au défi que l’immigration nous pose, suppose un profond renouveau culturel, moral, politique et social de notre pays et surtout de retrouver une fierté nationale et civilisationnelle qui nous fait gravement défaut.  Une utopie ? Non pas : un projet pour notre temps.

    Michel Geoffroy, propos recueillis par François Bousquet (Éléments, 19 avril 2021)

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  • Le dernier Romain...

    Les éditions des Belles Lettres viennent de publier un essai de Jacques-Olivier Boudon intitulé Napoléon, le dernier Romain. Ancien élève de l’École Normale Supérieure, Jacques-Olivier Boudon est professeur d’histoire contemporaine à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon.

     

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    " Pour comprendre Napoléon, pour comprendre la fascination qu’il exerce sur nous deux cents ans après sa mort, il faut passer par Rome. Stendhal nous l’apprend dès les premières lignes de La Chartreuse de Parme : « après tant de siècles, César et Alexandre avaient un successeur. »
    Quoi ? Nous préférons regarder l’Antiquité comme un aimable decorum, offrir l’image d’Épinal d’un Napoléon costumé en Romain, alors qu’elle pourrait bien être son ADN.
    De la soif de conquête à l’apothéose finale, Napoléon Bonaparte a sculpté sa légende dorée ou noire dans le marbre antique faisant de son gouvernement un précis d’histoire romaine, des fondations de la République jusqu’aux règnes de Constantin et de Justinien, favorisant la paix religieuse, promouvant le Code civil… ou organisant un véritable culte de sa personne, fidèle aux empereurs sanguinaires dépeints par Suétone. Car de la Rome antique, Napoléon retient avant tout la leçon d’immortalité.
    Le premier empereur des Français serait-il le dernier Romain ? La réponse dans cet essai novateur qui recèle bien des surprises. "

     

                               

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  • Démographie et multiculturalisme...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le Visegrád Post et consacré aux questions de démographie et d'homogénéité ethno-culturelle.

    Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

     

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    « Size matters » ? La démographie déclinante de la Pologne dans le contexte européen

    Il y a quelques jours, les médias ont rapporté que, malgré les efforts considérables de son gouvernement, la Pologne continue d’afficher une tendance démographique à la baisse : par rapport à 2020, la population a diminué de 115 000 personnes, et le nombre de naissances est aussi faible qu’il l’était pour la dernière fois il y a 17 ans. Que signifie cette évolution, qui est considérée par de nombreux opposants au gouvernement comme la preuve de l’« échec » des politiques natalistes et anti-avortement du gouvernement conservateur ?

    Tout d’abord, il convient de souligner que la Pologne s’inscrit tout à fait dans la tendance des autres pays de l’UE pour l’année 2020 : l’Allemagne, la France et de nombreux autres pays ont également connu une baisse analogue des naissances. L’explication est simple : une pandémie accompagnée d’un confinement de la population, d’une surpopulation dans les hôpitaux, d’une fermeture des écoles et de la crainte des conséquences désastreuses du lockdown pour l’économie est certainement tout sauf un moment idéal pour mettre des enfants au monde – que ce soit en Pologne, en Allemagne ou en France. Mais le problème est plus profond, car l’ensemble du monde occidental souffre d’un déclin démographique rampant depuis des décennies.

    Les explications sont multiples : déclin de la foi religieuse, attitude hédoniste face à la vie, désir de développement personnel radical, banalisation de l’avortement, féminisme extrême, conséquences de la propagande sur le changement climatique, crise de la masculinité, disparition du mariage, nécessité pour les deux partenaires de travailler pour gagner leur vie, effets du culte de l’« éternelle jeunesse », etc. Mais toutes ces raisons ne sont que des symptômes superficiels d’un fait beaucoup plus profond : toutes les civilisations, lorsqu’elles atteignent leur stade final, connaissent un déclin démographique progressif, et nous pouvons observer des tendances similaires en Égypte au début de la période ramesside au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, en Chine à la fin de la période des « États combattants » au IIIe siècle avant J.-C., dans le monde gréco-romain de la République tardive au Ier siècle avant J.-C., dans l’Iran sassanide tardif du VIe siècle de notre ère, ou dans le monde islamique post-classique du Xe siècle de notre ère.

    Si l’on considère les civilisations par analogie avec les êtres vivants, tôt ou tard, elles sont toutes condamnées à décliner, à mourir, à se fossiliser, et à mesure que la vigueur de la civilisation diminue, le désir de transmettre les traditions ancestrales à ses enfants s’estompe. Pourquoi une personne qui ignore, méprise ou même déteste son propre passé (et ces personnes sont de plus en plus nombreuses, grâce aux écoles, universités et médias politiquement corrects) voudrait-elle transmettre ses traditions culturelles à ses descendants – ou même avoir des enfants?

    Lorsque j’ai discuté avec une dame allemande lors d’une conférence il y a quelques années, elle m’a pratiquement reproché d’avoir des enfants, affirmant que les « Européens » avaient commis de telles atrocités dans leur histoire que c’était un signe de colonialisme et d’égoïsme que d’avoir sa propre progéniture, plutôt que d’adopter des enfants d’Afrique ou d’Asie, ou – afin de lutter pour la « neutralité climatique » – de s’en passer complètement. Lorsqu’une société entière pense de cette façon – et c’est maintenant le cas de beaucoup de citoyens, pas seulement en Allemagne – les civilisations se fossilisent et s’éteignent : non seulement par manque d’enfants, mais aussi par manque d’amour pour leur propre histoire et leur tradition. Il ne reste qu’une masse anonyme de personnes qui ne pensent qu’à leur propre intérêt matériel et ne peuvent ressentir aucune solidarité culturelle entre elles.

    Mais comment se fait-il que la Pologne et les autres États de la zone du trimarium soient particulièrement touchés par ce déclin démographique et donc aussi culturel ? Cela signifie-t-il même que l’Est de l’Europe est moins disposé à vivre que l’Ouest ? Ce serait probablement une erreur. D’une part, il faut garder à l’esprit que le déclin démographique de l’Europe de l’Est n’est pas seulement dû à la natalité, mais aussi au simple fait que de nombreuses personnes de l’Est se rendent à l’Ouest pour y travailler durement (et donc sans enfant) pendant plusieurs années et profiter des salaires plus élevés, et ne rentrent chez elles que plus tard – voire pas du tout. Mais d’autre part – et cela me semble central – les pays d’Europe de l’Est se caractérisent par une grande homogénéité de leur population, tandis que l’Ouest est de plus en plus peuplé de personnes issues des mondes subsaharien et musulman.

    Il est bien connu que ces personnes ont nettement plus d’enfants que les habitants « autochtones », non seulement au début, mais souvent aussi après plusieurs générations, et cela explique aussi la différence entre les deux moitiés de l’Europe : plus la nation est homogène et « européenne », moins il y a d’enfants désormais ; plus elle est « multiculturelle », plus il y en a : il n’est pas étonnant que la France et l’Angleterre aient une natalité élevée, mais plus on regarde vers l’Est et le Sud-Est, plus la démographie diminue.

    Maintenant, bien sûr, la question se pose de savoir quels seront les effets de cette dépopulation progressive. Une faible population signifie-t-elle nécessairement que son propre peuple sera dominé par ceux qui sont plus nombreux ? Pas nécessairement, ou du moins pas immédiatement : lorsque les Espagnols ont conquis les Amériques au XVIe siècle, ou lorsque les Anglais et les Français ont colonisé de grandes parties de l’Afrique et de l’Asie au XIXe siècle, ils étaient bien moins nombreux que les indigènes. Ils avaient cependant un avantage fondamental que l’Europe d’aujourd’hui a perdu : leur énorme supériorité technique. C’est également la voie empruntée par une autre société en déclin, celle des Japonais ; au lieu de compter sur l’immigration massive, ils investissent massivement dans les technologies du futur afin de maintenir un niveau de vie et une influence politique constants. Mais nous devons également considérer d’autres aspects.

    Auparavant, les Européens étaient convaincus de leur mission dans ce monde et avaient des sociétés fortes et cohérentes qui soutenaient la croissance et l’expansion. Aujourd’hui, la majeure partie de l’Europe est encore traumatisée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et renonce non seulement à toute forme d’expansionnisme ou même de violence physique, mais même à la défense de sa propre survie, préférant acheter la paix et la tranquillité à court terme avec de l’argent plutôt qu’avec du respect – et sacrifier pour cela les générations suivantes.

    Et, bien sûr, il y a le problème de la pression démographique que subit l’Europe, non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, en raison de sa « culture de l’accueil » qui remonte déjà à des décennies, mais qui a été renforcée de manière drastique par le gouvernement Merkel : la population des Européens de souche diminue de façon spectaculaire, tandis que le nombre d’immigrants augmente rapidement, de telle sorte que dans de nombreuses villes d’Europe occidentale, les immigrants et leurs descendants constituent déjà la nette majorité de la population, surtout dans les groupes d’âge les plus importants, c’est-à-dire les jeunes. Compte tenu de l’absence apparente d’intégration culturelle dans la culture occidentale, cela signifie qu’au long terme, il sera de plus en plus difficile d’attendre une quelconque forme de solidarité entre les habitants de ce continent, car la solidarité se fonde généralement sur un certain nombre d’éléments culturels communs tels que l’histoire, la langue, la religion, le patriotisme, le folklore, les caractéristiques nationales et régionales ou une vision très spécifique de l’individu ou de la famille.

    Ces facteurs d’identité commune ont aujourd’hui largement disparu, et de nombreux pays, comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, se sont transformés en sociétés tribalisées. Tant que l’économie reste stable et que les pressions démographiques extérieures sont maîtrisées, même une société aussi fragmentée peut raisonnablement survivre. Mais dès que des conflits internes éclatent à propos de la répartition de richesses décroissantes et que les frontières extérieures ne sont plus défendues, cela conduit inévitablement à la catastrophe. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment.

    En conclusion, il est donc peut-être plus sûr pour une nation européenne d’avoir une population décroissante, mais homogène et solidaire, qu’une population croissante, mais multiculturelle et déchirée à l’intérieur d’elle-même.

    David Engels (Visegrád Post, 15 avril 2021)

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  • La séduction pornographique...

     « Comme marchandise massive, signifiante et promotionnelle, la pornographie participe d’un façonnage anthropologique décisif, socialement dangereux, politiquement risqué. »

     

    Les éditions L'échappée viennent de publier un essai de Romain Roszak intitulé La séduction pornographique. Romain Roszak est professeur agrégé de philosophie. 

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    " Si représenter la sexualité a longtemps été un défi à l’ordre établi, ce n’est plus le cas depuis les années 1970, époque où le capitalisme entre dans sa phase consumériste et sensualiste. La transformation des images pornographiques, mais aussi du dispositif dans lequel elles s’insèrent – pratiques, normes, lois, modalités d’accès –, répond à l’émergence des industries du loisir et du plaisir. Ces marchés du désir, chargés de redynamiser un mode de production à la peine, ne peuvent rencontrer leur clientèle qu’à cette condition : la vie heureuse doit être redéfinie comme la poursuite illimitée de la jouissance sexuelle. Manne économique inédite, et mieux servie que jamais par les technologies numériques, la pornographie constitue aujourd’hui le nouveau totem occidental, notamment pour une caste d’intellectuels qui la promeut à coups d’empowerment des femmes et d’alternative porn, et l’élève au rang de pratique culturelle avec les porn studies. Au point de balayer toute approche véritablement critique, d’inspiration marxiste ou féministe radicale. En dévoilant cette collusion inédite de la théorie, du marketing et de la propagande, ce livre se risque à briser le totem. "

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  • Initiation à la pensée de Nietzsche...

    Le 16 avril 2021, Grégory Roose , chroniqueur régulier sur Sud Radio et fondateur du site d'informations  Adoxa, recevait Rémi Soulié pour évoquer avec lui la pensée de Nietzsche. Philosophe et critique littéraire, Rémi Soulié est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les châteaux de glace de Dominique de Roux (Les Provinciales, 2002),  Nietzsche ou la sagesse dionysiaque (Seuil, 2014) et Racination (Pierre-Guillaume de Roux, 2018).

     

                                              

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