« Comme marchandise massive, signifiante et promotionnelle, la pornographie participe d’un façonnage anthropologique décisif, socialement dangereux, politiquement risqué. »
Les éditions L'échappée viennent de publier un essai de Romain Roszak intitulé La séduction pornographique. Romain Roszak est professeur agrégé de philosophie.
" Si représenter la sexualité a longtemps été un défi à l’ordre établi, ce n’est plus le cas depuis les années 1970, époque où le capitalisme entre dans sa phase consumériste et sensualiste. La transformation des images pornographiques, mais aussi du dispositif dans lequel elles s’insèrent – pratiques, normes, lois, modalités d’accès –, répond à l’émergence des industries du loisir et du plaisir. Ces marchés du désir, chargés de redynamiser un mode de production à la peine, ne peuvent rencontrer leur clientèle qu’à cette condition : la vie heureuse doit être redéfinie comme la poursuite illimitée de la jouissance sexuelle. Manne économique inédite, et mieux servie que jamais par les technologies numériques, la pornographie constitue aujourd’hui le nouveau totem occidental, notamment pour une caste d’intellectuels qui la promeut à coups d’empowerment des femmes et d’alternative porn, et l’élève au rang de pratique culturelle avec les porn studies. Au point de balayer toute approche véritablement critique, d’inspiration marxiste ou féministe radicale. En dévoilant cette collusion inédite de la théorie, du marketing et de la propagande, ce livre se risque à briser le totem. "