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  • Retour sur un assassinat politique...

    Les éditions Delga viennent de publier un essai historique de Michael Parenti intitulé L'assassinat de Jules César - Une histoire populaire de l'ancienne Rome. Historien et politologue italo-américain, Michael Parenti est l'auteur de plusieurs essais traduits en français dont L'horreur impériale : Les États-Unis et l'hégémonie mondiale (Aden, 2004).

     

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    " Pourquoi une coterie de sénateurs romains a-t-elle assassiné un des leurs, un aristocrate et dirigeant renommé, Jules César ? L’opinion qui domine parmi les historiens, aussi bien les anciens que les modernes, est que les sénateurs avaient l’intention de restaurer les libertés républicaines en supprimant un usurpateur despotique. Dans ce livre, je présente une autre explication : les sénateurs aristocrates ont tué César parce qu’ils le percevaient comme un diri- geant populaire qui menaçait leurs intérêts et privilèges.

    Le péché de César ne fut pas de renverser la Constitution romaine, constitution non écrite, mais de desserrer l’emprise autoritaire que l’oligarchie exerçait sur elle. Pire encore, il a utilisé le pouvoir d’État pour accorder des prestations limitées aux petits fermiers, aux débiteurs et au prolétariat urbain, aux frais de la riche minorité. Peu importe que ces réformes se soient avérées limitées, les oligarques ne le lui ont pas pardonné. César connut ainsi le même sort que d’autres réformateurs romains avant lui.

    Voici donc une histoire de latifundia et d’escadrons de la mort, de maîtres et d’esclaves, de patriarches et de femmes subordonnées, de capitalistes auto-enrichis et de provinces pillées, de marchands de sommeil et d’émeutiers urbains. Voici la lutte entre quelques ploutocrates et la multitude des indigents, des privilégiés contre le prolétariat, mettant en vedette des politiciens corrompus et des élections motivées par l’argent et l’assassinat politique des dirigeants populaires. Je laisse au lecteur le soin de décider si tout cela peut entrer en résonance avec le caractère de notre époque. "

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  • Tranche de vie dans le RER...

    Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et dans laquelle il témoigne du Grand Remplacement...

    Auteur de La confession négative (Gallimard, 2009) et de Tuer (Léo Scheer, 2015), Richard Millet vient de publier aux éditions Léo Scheer un roman intitulé Province.

     

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    Composition d’un wagon du RER, le 18/3/2017

    Dans le RER, cette nuit, au premier étage de l’avant-dernier train qui roulait vers la banlieue, je songeais que Dante avait, en son Enfer, donné les métaphores du monde contemporain. Le souterrain séjour n’est jamais de tout repos : on n’y descend jamais sans risque ; et la grande amnésie, comme l’inculture officielle, y joue le rôle du Léthé… Le train roulait à grand bruit, et la dimension infernale du wagon m’était extraordinairement sensible, comme elle aurait pu l’être aux autres passagers, s’ils s’étaient donné la peine de regarder autour d’eux ; mais c’étaient pour la plupart des zombies post-migratoires, des damnés du « vivre ensemble » idéologique.

    Cette section du wagon était surtout composée de Noirs et de Pakistanais qui, pour ces derniers, à en juger par l’odeur de graillon qu’ils dégageaient, venaient de quitter les restaurants qui les employaient. J’étais monté à Auber. Le wagon était non pas plein, mais prise chaque place où j’eusse pu être seul. Je m’étais donc, pour me ménager un espace vital, assis à un endroit comportant cinq places : trois faisant face à deux autres, ces dernières presque entièrement occupées par une assez jolie fille de race indéterminée, africaine, arabe, indienne, peut-être un mélange des trois, mince et grande, à la poitrine généreuse, vêtue comme le sont les « jeunes » urbains, mais avec ce je ne sais quoi de vulgaire qui dénote la lointaine banlieue. Elle était à demi vautrée, comme tant de tant de jeunes Français, ou administrativement assimilés, ses longues jambes tournées vers moi, sans toutefois me gêner, mais gênant le Noir à longues tresses, énorme casquette et écouteurs plus gros, encore, qui a débarqué peu après moi, et qui a dû les enjamber pour s’asseoir en face d’elle, qui n’a pas plus bougé que lorsqu’une grosse Blanche est venue s’installer près d’elle et, ne voulant pas de « problèmes », l’a fait perpendiculairement, en vaincue.

    A Chatelet-Hallal est monté un Maghrébin qui s’est glissé entre le Noir moi, sans interrompre sa conversation téléphonique en arabe. La station étant puissamment allogène, le wagon n’a bientôt plus été peuplé que d’immigrés et de leur progéniture, à l’exception de la grosse femme, d’une jeune Blanche, de l’autre côté de la rangée, et, tout au fond, d’un Blanc, quoique un peu basané, muni d’un bouc agressif, et qui allumait tranquillement un joint sans que personne protestât, fumer du cannabis en public étant un acte prochainement adoubé par Macron, ce recycleur du libéral-socialisme dont la version apparemment light devrait séduire un large électorat d’imbéciles.

    Une vingtaine d’immigrés pour trois ou quatre Blancs. Un marmot braillait. Nous étions brinqueballés, dans ce train d’enfer représentatif d’une France à venir, et par endroits actuelle, où la race blanche sera minoritaire, et notre civilisation entièrement disneylandisée, Français et néo-Français voyageant ensemble en s’ignorant, certains se surveillant néanmoins du coin de l’œil : on sentait que le moindre incident eût mis le feu aux poudres ; telle est la guerre civile, en sa dimension minimale, mais puissamment dangereuse.

    J’exagère ? Mais non : regardez ce qui s’est passé, cette semaine. Après les émeutes tribales d’un lycée de Saint-Denis, un certain Killian, prédestiné par son prénom post-civilisationnel trouvé dans une série yankee, a tenté d’imiter, à Grasse, les zombies de Columbine, sans réussir son coup, la copie ne valant jamais l’original : on a beaucoup pleuré devant les caméras, non sans omettre de répondre aux sms, l’émotion étant segmentée, et on a déclaré le proviseur un héros. À Paris, un « fiché S » a égorgé en pleine rue son père et son frère. A Orly, un « radicalisé » a été tué par un militaire à qui il avait dérobé une arme.

    Concomitants, ces faits ont des relations de cause à effet ; et ils disent l’effondrement de notre civilisation, et son abandon à Satan, sous couleur de la très progressiste inversion des valeurs. Des preuves ? Eh bien, tandis que les gauchos de Podemos réclament la suppression de la messe dominicale à la télévision espagnole, le Pape encourage le recours aux exorcistes ; c’est une bonne nouvelle, et les prêtres exorcistes auront du pain sur la planche, en ces temps où l’on voit des bobos prôner un mysticisme « sans Dieu », ce qui revient à faire croire que le Mal est un fait socio-psychologique, et non l’œuvre du Démon. À nous, aussi, écrivains, de tenter l’exorcisme.

    Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 19 mars 2017)

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  • Transmettre ou disparaïtre...

    A l'occasion de la tenue à Paris du colloque de l'Institut Illiade, la revue Livr'arbitres publie son quatrième numéro hors-série qui comporte les textes des interventions de la plupart des conférenciers. Un numéro à ne pas manquer, notamment pour ceux qui n'ont pas pu être présents.

    La revue peut être commandée sur sa page Facebook :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

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    Editorial

    Qu’est-ce qu’être français ? Qu’est-ce qu’être européen ? Le simple fait de poser ces questions – qui reviennent régulièrement dans le débat intellectuel et politique – prouve la grave crise identitaire que traversent notre pays et notre continent. On interroge aujourd’hui ce qui allait de soi hier…

    Cette situation est d’autant plus préoccupante que, confronté à des périls immenses et pour certains inédits (submersion migratoire, ethno-masochisme, déculturation de masse par la sous-culture américaine, naufrage de l’éducation nationale et de l’enseignement…), jamais peut-être nos peuples n’ont eu autant besoin de bases solides, d’enracinement profond, de connaissance et de fierté d’eux-mêmes afin de se défendre, de résister, et de « combattre ce qui les nie » pour reprendre l’expression de Domnique Venner. Pour survivre tout simplement. D’où l’importance fondamentale – vitale même – de la transmission.

    C’est pourquoi la rédaction de Livr’arbitres est heureuse et fière de s’associer une nouvelle fois à l’Institut Iliade pour offrir à ses lecteurs un florilège des interventions et contributions de son colloque annuel sur le thème si crucial « Transmettre ou disparaître. »

    Ce nouvel hors-série de « Livr’arbitres » est un numéro important. Un numéro à lire bien sûr, mais aussi à partager, à faire découvrir, à conseiller, à offrir… à transmettre !

    Xavier Eman

    Au sommaire :

    L'héritage européen, le connaître, le transmettre, par Philippe Conrad

    Porter la flamme de notre monde, par Mathilde Gibelin

    Une humanité modèle plutôt qu'une humanité nouvelle, par Edouard Chanot

    Le recours par la transmission, par Rémy Martin

    Le récit civilisationnel de l'Europe, par Lionel Rondouin

    L'école et la transmission, par Maxime Valérien

    Les origines du désastre : l'idéologie de la déconstruction, par François Bousquet

    Aristote au Mont-Saint-Michel. Ou comment la tradition grecque s'est transmise au Moyen Age, par Fabien Niezgoda

    L'entreprise, vecteur de transmission. Entre hiérarchie et volonté de pérennité, par Philippe Christèle

    Le conte, lointaine mémoire et permanence vivante, par Anne-Laure Blanc

    Vincenot, le passeur de traditions, par Patrick Péhèle

    Après le dernier homme, l'Européen de demain ! , par Jean-Yves Le Gallou

     

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  • Voyage dans la République des juges...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous sur TV Libertés une présentation éclairante, par Jean-Yves Le Gallou, des lieux où se niche une grande part du pouvoir réel au sein de notre République...

     

                                        

    Jean-Yves Le Gallou nous emmène en visite dans les vrais lieux de pouvoir de Paris. En effet, pour le président de la Fondation Polémia, les centres décisionnaires ne sont plus à l’Elysée, à Matignon ou au ministère de l’Intérieur mais dans les palais de Justice, puisqu’aujourd’hui se sont les juges qui décident.

    En fonction du politiquement correct, ils décident des lois, des décisions administratives ou encore de qui peut être candidat. Tout cela, bien souvent, au mépris de la démocratie. Un phénomène assez ancien et qui ne concerne pas que la France. Ainsi, aux Etats-Unis, les président Donald Trump s’est en effet vu empêché par deux juges de mettre en œuvre sa politique migratoire.

    Jean-Yves Le Gallou demande donc de rendre le pouvoir au peuple, de revenir à une séparation stricte des pouvoirs prônée par Montesquieu et de retrouver l’esprit de la Vème République notamment avec la pratique du référendum. Le général de Gaulle était d’ailleurs hostile au pouvoir judiciaire en s’opposant, notamment, à la pratique de censure que cherchait à s’octroyer le Conseil constitutionnel. Il réclame également la création d’une haute autorité de la transparence judiciaire pour pouvoir déterminer les appartenances politiques, syndicales ou philosophiques des magistrats et les conflits d’intérêts entre leurs actions et les jugements qu’ils rendent. Il dénonce aussi la Cour européenne des droits de l’homme, institution qui ne cesse de favoriser l’immigration et qui n’hésite pas à limiter la liberté d’expression.

    Du Conseil constitutionnel, législateur suprême qui peut censurer la loi, à la prise de pouvoir sur l’immigration par le  Conseil d’Etat, en passant par la Cour de cassation au sommet de la pyramide judiciaire, Jean-Yves Le Gallou explique comment la Vème République s’est transformée en ”République des juges”.

     

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  • Un Hussard qui ne perd pas le nord...

    Les éditions Auda Isarn viennent de publier, dans leur collection policière Le lys noir, un court roman de Bruno Favrit intitulé Le Hussard ne perd pas le Nord. Amateur de philosophie et de montagne, Bruno Favrit est l'auteur de recueils de nouvelles comme Ceux d'en haut (Auda Isarn, 2007), de romans, dont Le soleil d'or (Alexipharmaque, 2015) et Fort à faire (Auda Isarn, 2016) et de divers essais comme Vitalisme et Vitalité (Editions du Lore, 2006) ou Esprit du Monde - œuvres en perspectives (Auda Isarn, 2011). Il a également publié Midi à la source (Auda Isarn, 2013), le journal qu'il a tenu entre 1990 et 2011, ainsi qu'un recueil d'aphorismes,Toxiques & Codex (Alexipharmaque, 2013).

    Le livre est disponible sur le site des éditions Auda Isarn, mais également sur le site de la Librairie Mollat.

     

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    " Même au fin fond du Lubéron, au pays de Giono, on peut faire des rencontres singulières. Ainsi en est-il pour Julien Ardant, dit le Hussard, auquel la jeune Lola demande protection. Une bonne action qui va le propulser dans l’univers des plus malfaisants prédateurs. Du Sud au Nord, aidé de son acolyte le Lansquenet et d’un jeune journaliste indépendant et rebelle, le Hussard va affronter tous les dangers. Il y aura des coups à prendre et à donner pour gagner la partie. Avec le Hussard, franc-tireur, ami de l’ordre, défenseur des justes causes, aristocrate à la longue mémoire et digne successeur d’Arsène Lupin, un héros de haute volée est né. "

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  • Les dernières années de la démocratie en Europe...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Laurent Ozon, cueilli sur son blog Centurie News et consacré à la question de la démocratie, du point de vue de sa capacité à assurer la continuité d’un projet civilisationnel ou d’une population...

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    Les dernières années de la démocratie en Europe

    La démocratie est un principe de gouvernement défini habituellement comme le « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». « Gouvernement du peuple » signifie que le pouvoir tient sa légitimité du peuple qui l’incarne et est souverain. « Pour le peuple » signifie que les choix politiques sont dédiés aux intérêts du peuple ; et « par le peuple », qu’il exerce lui-même ce pouvoir par des mécanismes de décision, participation, délégation, contrôle, élection et de révocation. Dans les faits, cette définition, souvent invoquée pour définir le fonctionnement démocratique, est issue du discours de Gettysburg d’Abraham Lincoln. La démocratie athénienne accorde cette légitimité non au peuple mais au citoyen, qui ne l’est pas automatiquement du fait de son lieu de résidence ou de son appartenance à l’espèce humaine, mais le tient de son appartenance à la « Cité », c’est –à-dire à une institution politique selon des critères variables (naissance, fidélité supposée à l’institution, services rendus, âge, sexe, etc.). En synthèse, la démocratie est un processus de participation, de destination et de finalité politique. Elle définit les contours d’un acteur politique (le peuple, constitué par la somme de ses citoyens) qui est en lui-même la finalité de sa propre action et simultanément le moyen de la réaliser. Cet idéal est contraint par les compétences réelles des acteurs (peuvent-ils, par l’expression de leur volonté, réaliser leurs intérêts ?), leur nature (selon quels critères sont-ils admis à en être acteurs et donc décisionnaires et à en déterminer les finalités) et leurs moyens (par quels moyens exercent-ils leur volonté).

    Le système démocratique présente un certain nombre de défauts. Le premier d’entres eux est son caractère irrationnel dans la mesure où il institue le pouvoir d’une majorité, non d’une compétence, ou d’une connaissance. D’autre part, les confrontations de pouvoir et d’influence, la recherche de l’assentiment des citoyens, évoluent logiquement vers la démagogie et/ou la trahison des promesses faites en période de campagne pour se faire élire. 

    Enfin, comme les autres formes de gouvernement, sa corruptibilité introduit de nombreux biais dans son mode de fonctionnement. La démocratie ne fonctionne pas non plus de la même façon dans une société simple, homogène et de petite taille que dans une société complexe pour des multitudes hétérogènes. Dans une société complexe, la multiplication des institutions, des contre-pouvoirs, des lois et des règles rend l’exercice des institutions inaccessible au plus grand nombre et entraîne une professionnalisation de l’exercice du pouvoir et de fait aussi, un ralentissement de la prise de décision et de la mise en œuvre de ces décisions.

    Mettons de côté le fait que les systèmes démocratiques cumulent fréquemment d’autres formes de gouvernement (oligarchie élective, ploutocratie, etc.) sans en compenser toujours les inconvénients et qu’ils ne sont pas plus efficaces pour en contenir les effets néfastes. Regardons ce principe de gouvernement, non comme un dogme, mais avec pragmatisme, comme un outil dont des collectivités se dotent pour assurer leur survie, leur adaptation aux aléas de l’histoire et leur continuité historique. C’est en effet sur la capacité du système démocratique à assurer ces dernières fonctions qu’il faut juger de l’intérêt de ce mode de gouvernement. C’est à ce stade qu’il reste deux arguments lourds à l’encontre des principes de gouvernement démocratiques. Le premier est d’ordre fonctionnel : la démocratie est une synergie dotée de boucles rétroactives lourdes qui valide un état existant sans se donner la capacité d’assurer la continuité d’un projet civilisationnel ou d’une population initiale.

    Chaque critère (essence : qui est le peuple ? projet : quelle est sa volonté ? méthode : comment réalise-t-il cette volonté ? outils : via quelles institutions ?) rétroagit sur l’autre. Par exemple, l’inclusion au « peuple » politique d’une population modifiant sa composition transforme la nature de ses besoins, de sa volonté et les moyens d’y parvenir. Le changement de définition de ce qu’est le peuple (par exemple, la substance historique sensible ou la somme des habitants d’un espace géographique et politique) agit sur sa nature et modifie l’expression de sa volonté et les moyens de l’exercer. C’est dans ce processus de rétroaction facilité que se situe la spécificité du système démocratique.

    De fait, les transformations affectant l’un de ces quatre paramètres (essence, projet, méthode et outils), modifient les autres et justifient des adaptations permanentes sous la pression des rapports de forces. Cette capacité d’adaptation des formes de gouvernement démocratiques à leurs contraintes historiques (épidémies, transformation de la composition de la population, évolution culturelles, économie, etc.) peut être perçue comme une force mais forge par ailleurs une instabilité de nature particulière. Aucun système démocratique ne peut constituer un système de gouvernement stable pour la population qui l’institue pour la raison simple que la majorité et les rapports de forces électoraux qu’ils déterminent peuvent redéfinir ce qui constitue le peuple, la nature des pouvoirs sur lesquels il a prise, et les moyens de l’exercice de ceux-ci par les outils que constituent ses institutions. Les redéfinitions de ce qui constitue le « peuple », les « nationaux » ou « citoyens » sont permanentes, soit du fait de l’évolution naturelle de sa composition, soit du fait des manipulations par des représentants politiques de la composition de la population en attribuant le statut de citoyen ou « national » selon leurs objectifs électoraux ou leurs visions idéologiques. La démocratie est en définitive le dispositif de légitimation de l’existant plus que la façon d’assurer la continuité d’un état initial. La démocratie est la mise en œuvre pragmatique du droit du plus fort (les plus riches et / ou les plus nombreux) et non un mode de gouvernement conservateur capable d’assurer la continuité d’un projet civilisationnel, d’une culture ou d’une population initiale.

    Trop contraint, notamment par l’agenda électoral, le système démocratique actuel ne produit plus d’élites capables de décision ou d’action à long terme. Il est devenu un mécanisme d’adaptation et de légitimation de l’état des rapports de forces subit à un instant déterminé par le corps social. Incapable de contrer le découragement de la participation sous l’effet de la distance, de la complexité et de la dilution du principe de responsabilité, le système démocratique est, de plus, structurellement trop adaptatif et rétroactif pour assurer la continuité d’un projet civilisationnel ou d’une population.

    La surdétermination des pouvoirs médiatiques, économiques ou technoscientifiques, soumet les citoyens à des rapports de force contre lesquels les lois, polices ou armées sont largement inopérantes. La transformation des sociétés est le fait de pouvoirs non-démocratiques et les systèmes démocratiques s’adaptent à des contraintes sur lesquelles ils n’ont pas prise mais qui ont prise sur la source de la légitimité : le peuple. De fait, l’impératif de souveraineté à la base du principe démocratique (peuple souverain) est vidé de sa substance. Si la somme des pouvoirs qui impriment leurs capacités de transformation sur notre société ne sont pas démocratiques, la société démocratique, ne pouvant plus compenser ses faiblesses endogènes (loi du nombre, corruptibilité, lenteur, irrationalité, compétences, démagogie) expose les « citoyens » à toutes les expérimentations sociales, économiques, culturelles ou normatives.

    Il existe dans les faits au moins sept types de pouvoirs. Le premier est institutionnel (exécutif, législatif et judiciaire), le second est basé sur la proximité (acteurs et influences liées), le troisième est associatif (lobbies, groupes d’opinions, etc.). Le quatrième est médiatique (réseaux, presse écrite, audiovisuel, etc.). Quatre pouvoirs auxquels il faut ajouter le pouvoir idéologico-religieux (églises, sectes, cultures et traditions normatives), technoscientifique (innovations qui bouleversent les rapports de forces, découvertes qui influencent notre regard sur le monde ou la vie sociale, etc.) et économico-financier. Chacun de ces pouvoirs peut s’exercer de façon simultanée sur les autres (une association prosélyte ou un média politique, une économie stratégique pour un État ou une culture influencée par la télévision ou internet).

    Pour définir le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, encore faut-il définir ce qui fait pouvoir. La population votante est aujourd’hui travaillée par des pouvoirs sur lesquels elle n’a pas prise. De fait, le « pouvoir » évoqué par Lincoln est devenu une partie de plus en plus faible des formes de pouvoir en concurrence dans la société complexe industrielle moderne. La plupart des autres formes de pouvoir ne subissent pas la contrainte des principes démocratiques. Les régimes démocratiques sont en principe organisés selon le principe de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, théorisé par Montesquieu, afin d’éviter leur concentration entre les mains d’une seule personne. Certaines Constitutions privilégient la stricte séparation des pouvoirs ; d’autres leur permettent, tout en étant distincts, de disposer de moyens de contrôle les uns à l’égard des autres. Ces trois pouvoirs se neutralisent d’ailleurs souvent entre eux.

    Le second argument contre la démocratie est contextuel. La démocratie dans une société complexe impliquant la représentation et la délégation, ne donne pas d’autre pouvoir au peuple que celui de choisir des représentants triés par d’autres pouvoirs et chargés d’adapter les lois et les populations à des contraintes sur lesquelles elles n’ont presque plus prise. Elle est la courroie de transmission des véritables pouvoirs, de ceux qui les détiennent, et des objectifs de ceux qui les déterminent.

    La forme de gouvernement démocratique est simultanément la plus lente, la plus inefficace, la plus corrompue par les influences des pouvoirs non-démocratiques et la moins conservatrice sur le plan des fondamentaux anthropologiques, civilisationnels et culturels. Sapée par l’élargissement et la complexification des sociétés, elle ne pourra retrouver sa pertinence comme mode de gouvernement que dans des formes d’organisations relocalisées et simplifiées. Compte-tenu de la nature des enjeux prioritaires auxquels nombre de peuples devront faire face en Europe dans les années à venir, la démocratie, comme cybernétique sociale de la « mégamachine » techno-économique occidentale laissera probablement la place à des formes de gouvernement plus adaptées aux enjeux. 

    Laurent Ozon (Centurie News, 21 mars 2017)

     

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