Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • De la décence ordinaire...

    Les éditions Allia viennent de publier un essai de Bruce Bégout intitulé De la décence ordinaire. Philosophe, maître de conférences à l’université de Bordeaux, Bruce Bégout a publié plusieurs essais, dont Zéropolis : L’expérience de Las Vegas (Allia, 2002), et Suburbia (Inculte, 2013), ainsi qu'une fable dystopique intitulé Le Park (Allia, 2010) et un recueil de nouvelles L'accumulation primitive de la noirceur (Allia, 2014).

     

    Bégout_De la décence ordinaire.jpg

    " George Orwell est connu pour avoir écrit 1984 ou La Ferme des animaux, satires du totalitarisme. Il l’est moins pour la réflexion qu’il a menée sur la condition des gens ordinaires. Bruce Bégout rend ici hommage à l’humanisme d’Orwell. Il y a, dans sa pensée, la combinaison inédite d’une lucidité pessimiste et d’une joie de vivre. En parcourant son œuvre, il cherche à définir la notion de “décence ordinaire”. La “common decency” serait ce “sens moral inné” qui incite les gens simples à bien agir. Orwell se demande quel rôle politique elle peut jouer. Partisan de l’engagement, il déplore la résignation des gens ordinaires. Sans jamais tomber dans un sentimentalisme à la Dickens, il défend l’idée d’un socialisme utilisant cette décence comme arme politique. Il dénonce, par contraste, l’indécence extraordinaire des intellectuels qui s’affilient au pouvoir et les dérives d’un socialisme coupé du quotidien. S’ensuit une critique de l’évolution technique de la société occidentale et une analyse de la dérive du langage vers une novlangue. Révélant l'importance qu'occupe la question de la vie quotidienne chez Orwell, Bruce Bégout nous propose une lecture nouvelle de son œuvre et met en valeur la finesse de son jugement politique."

    Lien permanent Catégories : Livres 0 commentaire Pin it!
  • Faire sécession avec Julien Rochedy...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Julien Rochedy à Christopher Lannes sur TV Libertés dans lequel il commente l'actualité politique mais réfléchit également à la constitution d'un socle doctrinal rénové pour la droite...

     

                                       

    " TV Libertés vous présente un nouveau programme mensuel : «  Sécession ».  Proposé initialement par le site «  Le Bréviaire des patriotes », il réunira dorénavant, chaque mois, Julien Rochedy, ancien directeur du Front National de la Jeunesse, et Christopher Lannes, que l’on connait déjà pour son émission « La petite Histoire », un des fleurons de la chaîne.

    Concrètement, il s’agit d’un long entretien anti-conformiste avec une première partie consacrée à l’actualité politique, une deuxième  partie axée sur la réflexion autour d’une doctrine pour la droite (la doctrine « Civiliste » qu’il sera question d’élaborer au fil des mois), et une troisième partie plus libre consacrée aux questions des spectateurs. Le tout dans une ambiance conviviale et amicale.

    Au-delà du simple entretien, « Sécession », se veut un laboratoire d’idées pour la droite (qu’il convient aujourd’hui de redéfinir sans en abandonner l’héritage) avec une réflexion sur le long terme, et la participation bienvenue des spectateurs. Dans les précédents numéros, Julien Rochedy et Christopher Lannes ont d’ores et déjà lancé une nouvelle piste de réflexion : la pensée « Civiliste ».  La droite se doit avant tout, non seulement de défendre, mais aussi de porter et d’incarner la civilisation européenne.

    Face aux incessantes attaques de la gauche à l’encontre de tout ce qui fait l’identité de nos nations européennes, nous devons réagir, réfléchir et se battre. Ce sera là tout l’enjeu de ces prochaines années : rendre toute sa pertinence au clivage droite-gauche.

    Nous vous invitons donc à suivre, chaque mois,  cette nouvelle émission . A vous maintenant de réagir… "

    Lien permanent Catégories : Entretiens, Multimédia 0 commentaire Pin it!
  • Ce que penser veut dire...

    Les éditions du Rocher viennent de publier Ce que penser veut dire, un recueil des textes qu'au cours des quinze dernières années, Alain de Benoist a écrit dans différentes revues, et notamment dans Le Spectacle du monde, pour présenter l’œuvre d'une trentaine de grands auteurs... Un panorama passionnant sur des penseurs essentiels !

     

    Alain de Benoist_Ce que penser veut dire.jpg

    " « Penser à » n'est pas la même chose que penser tout court. La tâche de l'historien des idées consiste à étudier et à faire connaître l'oeuvre de ceux qui ont proposé diverses grilles d'interprétation, diverses façons de voir et de comprendre le monde, révélant ainsi ce que penser veut dire.
    À l'époque moderne, Rousseau s'est efforcé de penser la nature de l'homme et l'origine de la société, Carl Schmitt la nature du politique, Karl Marx l'essence du capitalisme. Sigmund Freud et Carl Jung ont tenté de jeter les bases d'une psychologie des profondeurs, Gustave Le Bon s'est penché sur la psychologie des foules, Jules Monnerot a analysé le phénomène totalitaire, Michel Villey a entrepris de révéler la véritable nature du droit.
    C'est l'oeuvre de ces penseurs et de bien d'autres, de Heidegger à Arthur Koestler, de Goethe à Georges Sorel, de Nietzsche à Montherlant, de Leo Strauss à Jean Baudrillard, de Charles Péguy à Hannah Arendt, de Denis de Rougemont à Julien Freund, qui est présentée de façon vivante et pédagogique dans ce livre.
    Tous ces auteurs attestent que le travail de la pensée a joué un rôle décisif dans l'histoire, entraînant des mutations bien différentes des révolutions bruyantes, des grandes explosions que tout le monde connaît mais qui sont restées sans lendemain. « Les révolutions silencieuses sont les plus efficaces », disait Jünger. Ce sont peut-être aussi les plus passionnantes. "
    Lien permanent Catégories : Livres 1 commentaire Pin it!
  • Michel Onfray et la décadence européenne...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une chronique de Yannick Jaffré sur Radio Libertés, consacrée à la décadence européenne telle que vue par Michel Onfray dans son dernier essai Décadence (Flammarion, 2017).


                                                   


    Lien permanent Catégories : Multimédia, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • La chute de l'empire médiatique...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°165, mars - avril 2017) est disponible en kiosque ce jour.

    A côté d'un entretien décapant avec Christophe Guilluy et du dossier consacré à la crise des médias,  on trouvera les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» et, comme toujours, une superbe iconographie.

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

    Eléments 164-1.jpg

     

    Au sommaire de ce numéro :

     

    L'éditorial d'Alain de Benoist : Trois tigres et un canard sans tête

    Forum          

    L’entretien

    Christophe Guilluy dit tout

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Le parlement du peuple

    Une fin du monde sans importance de Xavier Eman

    Cinéma : Borowczyk, l'outrage aux bonnes moeurs

    Champs de bataille : Montségur par la face Est

    Musique : Des voix corses pour toutes les victimes de la Grande Guerre

    Duellistes : David L'Epée versus Alexandre Devecchio

    Archaion : Éloge du polythéisme

    Sciences

    Le combat des idées

    Les catholiques combien de divisions

    La tentation populiste

    Antigone, la tragédie des tragédies

    David Bowie, le caméléon de la pop

    Houellebecq, le Père Ubu à l'hypermarché

    Présence de Dominique de Roux

    Les souvenirs de Jacqueline de Roux

    Michel Marmin sur grand écran

    Les confidences de Michel Marmin

    Du côté des romans romands

    Walter Benjamin, révolutionnaire conservateur

     

    Dossier

    La chute de l'empire médiatique

    Entretien avec Ingrid Riocreux

    Toute la vérité sur la « post-vérité »

    Le nouvel Index : du Decodex à Desintox

    Travail, famille, paillettes

    Rencontre avec Robert Ménard

    Entretien avec Claude Chollet

    Nos chers, très chers médias

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : Silicon Valley

    Philosophie : Présent et passé ?

    L’esprit des lieux : Reykjavik

    C’était dans Éléments : Les dieux maudits

    Éphémérides

     

     

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • L’ère des coquilles vides...

    Nous reproduisons ci-dessous la suite d'une réflexion entamée par Slobodan Despot dans la lettre d'Antipresse et consacrée au Système et à sa dernière création... Écrivain et éditeur, Slobodan Despot est l'auteur de recueils de chroniques mordantes, comme Despotica (Xénia, 2010) et Nouvelleaks (Xénia, 2015), et d'un merveilleux petit roman intitulé Le Miel (Gallimard, 2014).

    Vous pouvez lire ici la première et la deuxième partie de cette réflexion :

    Le cœur du Système, I

    Le cœur du Système, II

     

     

    Macron_Rastignac.jpg

    L’ère des coquilles vides (Le cœur du Système, III)

    Nous évoluons désormais dans des systèmes sédévacantistes: des systèmes fondés sur la souveraineté populaire, mais où le siège du souverain est vide.

    Après la perte du Tao vient la bonté.

    Après la perte de la bonté vient la vertu.

    Après la perte de la vertu vient la justice.

    Après la perte de la justice vient le rite.

    Le rite est l’écorce de la droiture et de la sincérité et le commencement du désordre.

    (Livre du Tao, ch. XXXVIII)

    Le plus étrange printemps français

    La France ne respire plus en cette veille de présidentielle. La sidération est universelle: comment en est-on arrivé là? D’où sort ce Rastignac de synthèse dont on parle partout? Où sont passés les partis qui régnaient hier encore?

    La comète Macron® a troué le firmament politique français et entraîné dans son sillage les décombres de tout ce qu’on pouvait appeler le «centre». Ne restent à leur place que le FN et son miroir, Mélenchon. Et tous contemplent l’improbable fuite en avant de Fillon, qui impose l’admiration par son entêtement même.

    Les formes sont respectées, et d’autant plus qu’elles sont totalement creuses. La traque au Fillon est certes légale, mais son calendrier compromet sa légitimité. On a oublié les leçons du XXe siècle, où rien ne fut plus légaliste que les régimes totalitaires.

    C’est l’une de ces évidences qu’on n’ose même plus rappeler publiquement, tant elles sont… évidentes. Du point de vue de l’intérêt public, il est ainsi infiniment moins grave de surpayer sa femme et ses enfants que de déposséder la nation du fleuron de son économie comme l’a fait Macron® entre autres en vendant Alsthom à General Electric. A moins de quarante ans, le joli Emmanuel s’est déjà illustré comme l’un des plus redoutables prédateurs du patrimoine industriel français, mais nul ne le lui reprochera. Qu’a-t-on à lui reprocher si tout est légal? Ne vivons-nous pas sous un état de droit? L’intérêt public n’est codifié ni par un article de loi, ni par un impératif moral. On lui reprochera peut-être, mollement, ses cachotteries fiscales ou sa promotion payée sur la caisse de l’État. Mais ces licences restent peu de chose auprès des conséquences de son action ministérielle.

    Ce qui a vraiment changé

    Le phénomène Macron® est incompréhensible dans le cadre de la culture politique dans laquelle nous avons été élevés. Il relève pourtant d’une réalité qui ne date pas d’hier: la réalité de ces pouvoirs de l’ombre que dénonçait dès 1958 le Président de Simenon dans son prophétique discours à l’Assemblée. Une Assemblée «où les partis ne sont plus que des syndicats d’intérêts».

    Rien de nouveau sous le soleil, alors? Si, justement: le fait que tout se joue en plein soleil et non plus en coulisses. Plus besoin de longues ascensions, d’«entrisme», de double jeu ni de double langage. Plus besoin même de l’ébauche d’un programme. Bien au contraire. Les spin-doctors vous le diront: dans une campagne de pure «comm» politique, mettre en avant un contenu est «clivant» et donc dangereux. M. Hollande avait promis des choses qu’il n’a pas tenues ni ne pouvait tenir: il n’a fait que décevoir. Un candidat qui ne promet rien ne déçoit personne. Son argument n’est pas de l’ordre de la promesse, mais du charme. Il suffit d’être «dans le vent»: s’assurer de toujours tenir le couteau par le manche. Et puis, bien entendu, bénéficier de la bienveillance fidèle d’un nombre prépondérant de médias, ce dont le candidat s’est assuré tant par ses relations personnelles que par ses services rendus à leurs patrons.

    Là encore, ce ne sont que truismes. Macron® exploite à l’extrême la stratégie du look et les complaisances du système. Ce n’est même pas de sa faute. Il incarne la fin de vie d’une Ve république aussi adaptée à ce temps que le télégraphe ou la machine à écrire. Il a émergé à la faveur d’une innovation venue on ne sait d’où. Ou plutôt non: venue on sait d’où: d’Amérique. Les soudaines primaires qui, à droite comme à gauche, ont propulsé des candidats extrêmes, ouvrant un boulevard pour l’extrême… centre! Mais cela encore — les primaires — fait partie de la révolution dont nous sommes témoins.

    Ce qui est nouveau en 2017, c’est la carte blanche laissée à cette hypnose collective déguisée en changement politique. Les règles du jeu sont rebattues du jour au lendemain. Des figures apparaissent et disparaissent comme par enchantement. Les mensonges sont sans conséquences. Le ludion peut bien se prétendre «anti-système» bien qu’il en soit un pur produit, soutenir que le libéralisme est «une valeur de gauche», et même déclarer ringard le processus électoral en soi: nul ne lui en tient rigueur sinon ses adversaires politiques — dont la position est par définition suspecte de parti pris. L’arbitrage de la décence n’existe plus. Au milieu du balancier, là où les intérêts s’annulent et où il ne reste que le jugement mûr et impartial, il n’y a plus personne.

    Ce n’est pas que le poste en question ait jadis été occupé par des personnes en particulier. C’est tout simplement que la décence commune, l’objectivité et la logique ne guident plus le débat public. Pas plus que la raison d’État, la raison politique tout court. Le jeu des institutions est devenu mobile, tournoyant, comme une scène de théâtre. Comme s’il se jouait dans des couloirs déserts. Comme si le navire de l’Etat était devenu une coquille vide. Exit les institutions et les partis. Voici venu le temps des des manieurs d’opinion.

    Le règne de la carpe et du lapin

    Le petit Macron® est un péril avéré pour l’intérêt national, mais il est «propre sur lui» (en comparaison d’autres, en tout cas). Il est l’antipode exact du prince de Talleyrand, qui était une crapule cynique, «de la merde dans un bas de soie» (selon Bonaparte), mais dont l’expérience et le sens de l’État ont sauvé la France lors du Congrès de Vienne en 1815. Il s’enrichit certes au passage, mais la mémoire de la nation a su faire la part des choses.

    De Talleyrand à Macron®, un paramètre de la vie publique a fondamentalement changé. La raison et le bon sens ont fait place à une alliance mortelle, l’alliance entre les clercs et les magistrats, entre la morale et le droit.

    La morale et le droit sont le marteau et l’enclume entre lesquels tout ce qui nous a définis au cours des siècles se fait tailler en pièces au jour le jour. Raison d’État, coutumes et mœurs innées, modes de gouvernement public et privé, expressions d’identité: tout y passe. Une caste s’est cristallisée, possédant à la fois une idéologie rigide et les moyens de la traduire rapidement en articles de loi. Et le bon peuple observe médusé, la bouche ouverte et les bras ballants, comment des bizarreries dont il se gaussait la veille encore deviennent les nouvelles normes au petit matin. «Mariage pour tous! Non mais quoi encore? Pourquoi pas les noces de la carpe et du lapin!» Et hop! Essayez aujourd’hui de vous moquer de cet acquis définitif de l’humanisme

    L’avantage de la stratégie du choc juridique, c’est qu’elle est une crémaillère. Une fois qu’une loi a fait «clic», grâce au lobbying des minorités, des «représentants de la société civile» (nouvel avatar des pouvoirs illégitimes) ou des corporations, propulsée au besoin par la vague émotionnelle des tsunamis médiatiques, elle est verrouillée pour de bon. Revenir en arrière? Impossible. Il y faudrait des majorités parlementaires, impossibles à réunir dès lors qu’il s’agit de contrer les intérêts de la suprasociété. Les «élus», une fois élus, ne rêvent que d’être recrutés. Le suffrage de la masse ne leur sert que de strapontin pour accéder au monde de quelques-uns. A-t-on vu des chiens pisser dans leur gamelle?

    Même les Suisses, avec leur système unique au monde de démocratie directe, peinent à détricoter la camisole que leur impose un establishment apatride. De plus en plus souvent l’on voit les décisions les plus souveraines, celles obtenues par référendum, rester lettre morte. Incompatibilité avec la législation européenne, les fatwas de la CEDH ou on ne sait quel décret de quelle institution sans mandat populaire: les juristes trient et censurent, déplaçant la souveraineté du peuple vers la primauté du droit.

    Le peuple? Quel peuple?

    C’est bien le problème: nous évoluons désormais dans des systèmes sédévacantistes: des systèmes fondés sur la souveraineté populaire, mais où le siège du souverain est vide.

    En France, la souveraineté du peuple n’est qu’une pétition révocable par le pouvoir législatif (comme l’a montré l’annulation du référendum sur la Constitution européenne), et le pouvoir législatif n’est qu’un consultant de l’exécutif (art. 49.3). On le sait, la patrie de la Révolution n’a jamais cessé d’être une monarchie. Mais il y a un fait nouveau. Les monarchies éprouvent de temps à autre le besoin de recourir au peuple, ce recours que la France ne connaît ni ne comprend plus. Le Front national est devenu, pour ainsi dire, l’interprète exclusif de l’entité «peuple», son ventriloque. Mais de quel peuple parle-t-on?

    Dans son livre Fin de partie — Requiem pour l’élection présidentielle, Vincent Coussedière semble considérer cette question comme le seul et unique enjeu de cet étrange printemps. Le défi lancé au pays, écrit-il, ne se résume pas à choisir l’homme (ou la femme) le plus capable de gouverner. «Le défi est un défi archi-politique, qui consiste à réinstituer un peuple capable de légitimer un homme.»

    Nul ne semble s’apercevoir de l’inanité des systèmes de gouvernement modernes où le principal intéressé, ce souverain qui les légitime, est écarté des débats, atomisé, réduit en une bouillie muette et indifférenciée, l’équivalent du raya infidèle sous un pouvoir islamique. Le gouvernement pour le peuple et par le peuple est peut-être une illusion, mais un gouvernement contre le peuple et pourtant en son nom est une absurdité de phase terminale qui conduit sûrement à la catastrophe. C’est en son nom que les oligarchies aujourd’hui hissent pignon sur rue avec des hologrammes de type Macron® — afin d’achever de le réduire à une masse servile.

    Slobodan Despot (Lettre d’information ANTIPRESSE n°67, 12 mars 2017)

     

    PS. — La France des gens normaux retrouvera-t-elle la voix? Je me le demande chaque fois que je passe deux ou trois jours à Paris, à entendre et observer. Les classes y sont séparées comme au cordeau, par la tenue, le maintien, la manière de s’exprimer. Il y a ceux d’en bas, qui disent «bonjour» en trois syllabes (bonjourreuh) et mettent des chuintantes à la fin des mots comme les clercs serviles des romans de Gogol (ouiche, merciche). Il y a le «personnel technique», sécurité et services, qui, vivant dans la crainte, semble parler à contrecœur pour aussitôt se dédire de chaque mot prononcé, comme le caméléon ravale sa langue. Et puis la caste des bureaucrates et des cadres supérieurs, qui gutturalisent et se portent raides et précautionneux tels des vizirs sous leurs grands turbans, imitant la démarche ondoyante et majestueuse de leurs chameaux. Ceux-là ne voient personne autour d’eux. Ils oublient que c’est à cause de leurs turbans, qui les obligeaient à construire des navires trop hauts, que les amiraux turcs ont été ratatinés à Lépante. Le réveil d’un «peuple», on l’a vu en Russie, passe par la confusion, même éphémère, de ces castes cloisonnées qui se repoussent comme l’huile et l’eau.

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!