Une nouvelle loi liberticide contre l’identité française
Le monde politique français révère De Gaulle au point de se laisser aller à en faire l’icône que l’on sait. Aussi est-il gêné par les propos du Général tenus en 1959, rapportés par Alain Peyrefitte [i] au sujet du peuplement de la France. Rappelons ces mots : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne ». Ne nous y trompons pas : ces mots n’étaient pas spécialement gaulliens, ils ne faisaient que refléter benoîtement des sentiments tout à fait ordinaires pour les gens de sa génération non acquis au marxisme.
Ordre moral anti-discriminatoire et législation
De Gaulle étant mort, le législateur français, sous pression internationale (Convention de New-York de 1965 contre les discriminations), vota avec une consternante unanimité la loi Pleven dite abusivement anti-raciste, réintroduisant dans notre droit des délits d’opinion, créant des délits de sentiment (et restaurant l’inquisition des consciences pour certains délits, mais là n’est pas notre propos [ii]).
Préfiguration du ministère de l’Amour, prophétisé Orwell (1984), la loi précitée introduisait dans notre droit la répression de la « haine », inventée tout récemment aux États-Unis, tout comme la morale anti-discriminatoire pour assurer une parfaite fluidité du Marché, selon la thèse de l’économiste Gary Becker dans un ouvrage publié à Chicago en 1957.
Convergences progressistes, ces conceptions issues du capitalisme américain étaient conformes à l’anthropologie marxiste qui, après l’échec pitoyable de Lyssenko, s’est ralliée à celle de l’Américain Frantz Boas (1858-1942), inventeur de l’antiracisme (le mot n’est entré dans la langue française qu’en 1958) [iii], dans le cadre de sa lutte contre la théorie de Darwin.
En soi, il ne devrait pas être interdit de faire des discriminations, distinctions nécessaires de la pensée et des sentiments, les êtres n’étant pas par nature atomisés en individualités, mais ayant leur essence et identité collectives dont on devrait pouvoir discuter à l’infini, comme avant 1972.
La loi Pleven a été complétée par d’autres lois, généralisant ses principes quasiment à toutes les opinions et sentiments naturels, réservant la licence de l’homme à la libre critique pour ce qui ressort de la fortune (chance ou argent ; la haine du riche ou du patron demeure donc licite). Ces addenda furent les lois Lellouche (2003), Perben II (2004), la lois Fabius-Gayssot (1990) introduisant un dogme historique dans la loi de 1881, tout en aggravant la loi Pleven dans l’espoir mesquin de rendre inéligible Jean-Marie Le Pen.
Ordre moral anti-discriminatoire et communisme sociétal
Pour ce qui est de l’expression verbale publique, écrite ou implicite, des pensées et sentiments devenus peccamineux de par ces lois, leur répression a été insérée dans la loi préexistante du 29 juillet 1881, sur la liberté de la presse, loi contenant de nombreuses dispositions protectrices dictées à sa création avec l’élimination du délit d’opinion. Ces dispositions écartaient de nombreuses mesures frappant les délinquants de droit commun : ici, pas d’aggravation en cas de récidive, de mandat de dépôt ou d’arrêt etc. Même si la tendance récente est à l’exclusion de la loi de 1881 de nouvelles infractions d’expression, telle l’apologie du terrorisme (article 421-2-5 du Code pénal).
Mais c’était encore sans compter avec l’extrémisme d’élus du groupe Renaissance (le parti de d’Emmanuel Macron), décidés à soumettre les libres discriminateurs et dissidents de tout poils aux affres du droits commun pénal (cette « envie de pénal », selon feu Philippe Muray).
Il s’agit des députés Mathieu Lefèvre, Caroline Yadan et Sylvain Maillard, qui ont déposé à l’Assemblée une proposition de loi « visant à renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste ou antisémite ». Les auteurs voulaient permettre notamment dans ces domaines la possibilité pour le Tribunal « d’émettre un mandat de dépôt ou un mandat d’arrêt pour permettre l’exécution immédiate de la peine … », en modifiant l’article 465 du Code de procédure pénale (exposé des motifs). Initialement cantonnée aux délits de contestation de crime contre l’humanité et d’apologie de crime contre l’humanité et de guerre, la proposition alourdie d’amendements, a été votée en incluant in fine tous les délits d’opinion ou de sentiments instaurés depuis 1972 par les lois liberticides !
Au surplus la proposition de loi prétend faire des propos discriminatoires non publics (exclus de l’économie de la loi de 1881) des délits, alors qu’ils ne relevaient jusqu’ici que de la simple contravention. La délation en milieu privé a de beaux jours devant elle, d’autant que la Cour de cassation en vient à admettre les moyens de preuve déloyaux (tels les enregistrements clandestins)…
Un vote sous l’emprise de la peur
Mis aux votes en première lecture à l’Assemblée, le scrutin n° 3431 a donné ce résultat révélateur sur 148 votants : pour l’adoption :107, abstentions : 41, contre… 0. Vous avez bien lu zéro !
Monsieur Ciotti et les 26 membres des Républicains, gaullistes de papier mâché, ont voté pour ! Cela veut dire que ces députés, soi-disant gaullistes, si par impossible un clone du Général apparaissait, trouveraient normal de le poursuivre en correctionnelle pour des propos comme ceux tenus en tête-à-tête avec Alain Peyrefitte en 1959 ! Avec mandat de dépôt immédiat, rien moins.
Dans l’hémicycle, ce 6 mars, personne n’a osé défendre dans son essence native le peuple français historique « européen, de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne », De Gaulle qui, rappelons-le, dans l’esprit de son temps, ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’il y ait des Français non européens ou non blancs, sauf à rester « une petite minorité ».
Les 17 députés du groupe Rassemblement National présents se sont abstenus. Incompréhensible ? Si, par la peur ! La vraie peur, celle d’être ostracisé et traité de « racistes », par la nébuleuse efflorescente de l’intersectionnalité (convergence des luttes) marxiste et wokiste. En l’état de la loi, ne l’oublions pas, est « raciste » quiconque manque de respect aux travelos…
L’Assemblée est ainsi devenue l’un de ces Autels de la peur [iv], comme le disait Anatole France dénonçant la Terreur à travers ses institutions.
Espérons que, devant le Sénat, cet autre autel de la peur, il y aura au moins une voix contre, celle au moins de Stéphane Ravier, ex-RN.
Éric Delcroix (Polémia, 12 mars 2024)
Notes :
[i] C’était De Gaulle, Éditions de Fallois / Fayard, 1994.
[ii] Voyez mon ouvrage Droit, conscience et sentiments, Éditions Akribeia, 2020.
[iii] Cf. dictionnaire Petit Robert.
[iv] Petit ouvrage d’Anatole France, publié en 100 exemplaires par l’auteur hors commerce, en 1885. Préfiguration des Dieux ont soif, dénonçant la Terreur. Ne figure pas dans ses œuvres complètes.