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Métapo infos - Page 76

  • L'appel de Merlin...

    Les éditions Magellan & Cie viennent de publier un livre de photographies de Dimitri de Larocque Latour intitulé Écosse fantastique - L'appel de Merlin.

    Photographe, Dimitri de Larocque Latour a grandi entre la Normandie des Dames blanches et la Vendée de Mélusine, marqué par les oeuvres de son aïeul, l'artiste peintre Jacques de Larocque Latour. Il est l'auteur de La France fantastique - 40 itinéraires au pays des légendes (Gallimard, 2022).

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    " Dimitri de Larocque Latour, auteur de La France fantastique : 40 itinéraires au pays des légendes, publié au éditions Gallimard revient pour un nouveau titre. Depuis l'enfance, l'auteur vagabonde dans les châteaux en ruine, au point de confondre son regard avec celui des fantômes. D'ailleurs, observez bien certaines de ses envoûtantes photographies ; des visages apparaissent entre les nénuphars, et la fameuse dame blanche surgit parfois entre deux arbres... « La plupart des photographies du livre est en noir et blanc. Le ciel est nocturne, pour convaincre Merlin de sortir incognito. Les images sont granuleuses, frémissent - et brûleraient si notre sujet n'était pas de fuir le jour pour devenir Merlin. L'espace d'un livre, voyons le paysage avec ses yeux, sentons la herse des arbres enfoncer notre chair. » "

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  • Alain de Benoist : « Le RN n’est pas en train d’unir les droites, mais d’absorber ses concurrents »

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Breizh-Info, dans lequel celui-ci donne sa lecture de la victoire du RN aux élections européennes et de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (La Nouvelle Librairie, 2021), L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021), L'exil intérieur (La Nouvelle Librairie, 2022) et, dernièrement, Nous et les autres - L'identité sans fantasme (Rocher, 2023).

     

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    Alain de Benoist : « Le RN n’est pas en train d’unir les droites, mais d’absorber ses concurrents »

    Breizh-info.com : Que pensez-vous de la décision du président Macron de dissoudre l’Assemblée ? Y voyez-vous une mesure nécessaire ou un signe d’instabilité politique ?

    Alain de Benoist : C’était surtout une mesure inévitable. Après un tel désastre électoral, comment Macron aurait-il pu rester silencieux ? Je n’y vois pas un signe d’instabilité politique, mais plutôt l’aboutissement somme toute logique d’un processus de recomposition entamé depuis plus de quinze ans. Ce serait en tout cas une grave erreur de voir dans le résultat des élections européennes un simple mouvement de colère passager. Le diagnostic a été posé depuis longtemps. Depuis la révolte des Gilets jaunes, pour ne pas remonter plus haut, Emmanuel Macron a cristallisé sur sa personne une défiance et une hostilité d’une ampleur jamais vue. Avec une industrie qui ne représente plus que 10 % du produit intérieur brut, un endettement de 3000 milliards, un service de la dette qui dépasse 55 milliards par an, 5 millions de chômeurs et 9 millions de pauvres, sans oublier une immigration de masse voulue par le grand patronat qui est perçue partout comme synonyme d’insécurité, les gens ordinaires réalisent que le système est entré dans une phase terminale. Le processus s’est seulement accéléré, grâce à un effet de cliquet qui s’est traduit par un « saut qualitatif brusque » à la suite de quoi les plaques tectoniques se sont mises à bouger. C’est en cela que le vote des européennes peut être qualifié d’historique.

    Breizh-info.com : Le RN a récemment remporté un succès important lors des élections. Quels sont les facteurs qui, selon vous, ont contribué à cette augmentation du soutien au RN ?

    Alain de Benoist : Je viens de l’indiquer. La cause principale du succès du RN, par-delà le discrédit global dont fait l’objet la classe politique dominante, est le véritable schisme qui oppose aujourd’hui un nombre toujours plus grand de citoyens au « monde d’en-haut ». Les fractures sociales et politiques à l’œuvre partout en Europe, mais plus spécialement encore en France, font que la majorité des citoyens ne parlent plus la même langue que les catégories intégrées ou supérieures. C’est une situation dont l’enjeu est existentiel. Le « bloc central » a perdu toute crédibilité du fait de son incapacité à tenir ses promesses et à regarder en face la réalité. Le premier ressort du vote est un profond sentiment de déclin social que Christophe Guilluy a depuis longtemps décrit.

    Jordan Bardella a obtenu deux fois plus de voix que la « majorité présidentielle », qui ne représente plus que 15 % des suffrages (et seulement 8 % des inscrits) ! Il est arrivé en tête dans toutes les régions, dans 94 % des communes et dans toutes les classes d’âge, y compris les jeunes et les retraités. On peut donc parler de généralisation sociologique. Au vu d’un tel rapport de forces, prétendre, comme le fait Emmanuel Macron, que tous ceux qui ne partagent pas ses vues appartiennent aux « extrêmes » n’est tout simplement pas crédible. « Extrême-droitiser » les revendications de plus de 50 % des Français revient en fait à légitimer l’extrême droite !

    Breizh-info.com : Comment pensez-vous que les prochaines élections législatives vont remodeler le paysage politique français?

    Alain de Benoist : Logiquement, le résultat des législatives devrait confirmer, voire amplifier, le scrutin des européennes. Il y a certes de grandes différences entre une seule élection à un tour et 577 élections à deux tours et au scrutin majoritaire, mais il est tout aussi évident que toutes les élections, quelles qu’elles soient, se transforment aujourd’hui d’emblée en référendum pour ou contre Emmanuel Macron. La compétition oppose désormais trois blocs. Mais le bloc majoritaire, en l’occurrence le bloc populaire porté par le Rassemblement national, est très uni, tandis que les deux autres sont à la fois minoritaires et divisés. A bien des égards, nous assistons en direct à la fin du macronisme.

    Certains semblent penser que l’union des droites qu’ils appellent de leurs vœux est en train de se réaliser. Ce n’est pas mon avis. Le RN n’est pas en train d’unir les droites, mais d’absorber ses concurrents. Le mouvement Reconquête ! a déjà explosé sous l’effet des rivalités entre Zemmour et Marion, ce qui était prévisible, tandis que les Républicains poursuivent leur descente aux enfers : les uns sont voués à s’associer au RN, les autres à devenir les supplétifs de Macron, tandis que ceux qui ne veulent ni de l’un ni de l’autre finiront dans les poubelles de l’histoire. Au demeurant, ma conviction profonde est que l’avenir du RN ne passe pas par l’union des droites, mais par l’effondrement du centre.

    Breizh-info.com : Parallèlement à la montée du RN, nous assistons à une augmentation du soutien aux factions d’extrême gauche. Quels sont, selon vous, les moteurs de cette évolution parallèle ?

    Alain de Benoist : Pas plus que je n’ai cru dans le passé au « plafond de verre » ou à la pérennité du « cordon sanitaire », je ne crois aujourd’hui au « péril rouge ». Le Nouveau Front populaire n’est qu’un médiocre avatar de la Nupes, et la mise au point en catastrophe d’un « programme » censé convenir à la fois à Glucksmann et à Raphaël Arnault, à Hollande et à Philippe Poutou, est tout simplement grotesque. Les processions de convulsionnaires qui se déroulent actuellement dans la rue relèvent de la stratégie des castors (« faire barrage » à l’extrême droite), ce qui les fait surtout apparaître comme des dinosaures. Ces gens-là, qui ne conçoivent la marche en avant qu’en ayant le regard braqué sur leurs rétroviseurs, n’ont plus rien à dire sinon hurler au « retour du fascisme » à une époque où la majorité des gens sont surtout préoccupés, non d’un « fascisme » inexistant mais de ces réalités bien concrètes que sont l’insécurité grandissante, la baisse du pouvoir d’achat, l’exclusion sociale et la généralisation de la précarité.

    Le Nouveau Front populaire ne peut en fait avoir qu’un seul espoir, celui d’empêcher le Rassemblement national d’atteindre la majorité absolue à l’issue du second tour. Ce qui ne fera qu’accélérer la marche au chaos.

    Breizh-info.com : Comment pensez-vous que ces changements politiques affecteront la société française en termes de cohésion sociale et de politique publique ?

    Alain de Benoist : Tout dépend de la façon dont se déroulera la cohabitation si cohabitation il doit y avoir, et de ce que Jordan Bardella voudra et surtout pourra faire. Le calcul d’Emmanuel Macron repose sur l’idée qu’il est toujours très difficile pour le Premier ministre d’un régime de cohabitation de mettre en œuvre la politique qu’il entend suivre. Il pense donc que, confronté aux échéances, le Rassemblement national multipliera les échecs, fera la preuve de son incompétence et se discréditera peu à peu. Son éventuel succès aux législatives serait ainsi la garantie paradoxale de sa défaite à la présidentielle. L’hypothèse n’est pas à exclure : Bardella aura contre lui le chef de l’Etat, le Conseil constitutionnel, l’Union européenne, la Cour européenne des droits de l’homme, le gouvernement des juges et les marchés financiers, ce qui fait beaucoup. Je pense néanmoins que des parades sont possibles. La décision macronienne de dissoudre l’Assemblée nationale reste un coup de poker ou, si l’on préfère, un pari pour le moins risqué.

    Breizh-info.com : Quel impact pensez-vous que ces changements politiques en France auront sur ses relations avec l’Union européenne ?

    Alain de Benoist : L’Union européenne sort plutôt affaiblie des résultats de l’élection européenne que nous venons de vivre. Les incertitudes auxquelles elle est confrontée sont certainement appelées à s’accroître. Mais je ne crois pas que les rapports de force vont, dans l’immédiat, y être modifiés d’une façon vraiment substantielle. Il en irait différemment si ce qui vient de se passer en France se produisait aussi dans plusieurs autres grands pays d’Europe.

    Breizh-info.com : Comment décririez-vous le sentiment actuel de l’opinion publique française à l’égard de ses institutions et de ses dirigeants politiques ? Doit-on craindre un retour, à haut niveau, à la violence politique dans les prochaines semaines ?

    Alain de Benoist : Une intensification de la violence est en effet très possible. Mais de quelle violence parle-t-on et où commence-t-elle exactement ? Relire à ce propos les Réflexions sur la violence de Georges Sorel. Ou bien les Essais sur la violence de Michel Maffesoli, qui montre bien que la violence peut être tout à la fois destructrice et créatrice (Marx y voyait la grande « accoucheuse » de l’histoire). La peur de la violence conduit souvent à accepter ou légitimer des choses bien pires que la violence. Il est plus réaliste d’admettre que, dans certaines circonstances, l’épreuve de force est inévitable.

    Breizh-info.com : Quel regard portez vous enfin sur la fracture, la sécession de fait, actée, validée, entre les métropoles et la ruralité, entre plusieurs populations qui manifestement, ne peuvent et ne pourront désormais plus vivre ensemble ?

    Alain de Benoist : Nous vivons aujourd’hui des formes nouvelles de tribalisation et d’« archipélisation » (Jérôme Fourquet). La cause essentielle en est que les formes organiques de vie communautaire ont été systématiquement détruites par la modernité. La société prime désormais sur la communauté, et cette société est une société d’individus. Pour les libéraux, toute analyse de la vie sociale relève de l’individualisme sociologique. L’idéologie des droits de l’homme, qui est la religion civile de notre temps, professe pareillement que les pouvoirs publics doivent faire droit à toutes les revendications individuelles, ce qui aboutit nécessairement à la guerre de tous contre tous.

    Au-delà de toutes ces divisions, on repère néanmoins des entités relativement stables, parmi lesquelles je placerai l’opposition entre la France périphérique et les grandes métropoles mondialisées, entre les somewhere et les anywere, ceux qui ont encore un mode de vie enraciné et ceux qui se veulent « citoyens du monde ». Cette opposition est le fruit de la sécession des élites, à laquelle a répondu la « sécession de la plèbe » (secessio plebis). Le processus est là aussi engagé de longue date. Il sera passionnant de voir comment cela va évoluer.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh-info, 19 juin 2024)

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  • Katanga !...

    Les éditions Perrin viennent de publier une étude historique de Maurin Picard intitulée Katanga ! - La guerre oubliée de la Françafrique contre l'ONU. Journaliste et auteur d’essais historiques, Maurin Picard est correspondant aux États-Unis depuis 2011. Il couvre la politique américaine, ainsi que les opérations de maintien de la paix des Nations unies.

     

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    " Septembre 1961. Dans une province sécessionniste de l’ex-Congo belge, le Katanga, paradis géologique riche en cuivre et en uranium, un régime minier pro-occidental défie l’ONU et ses casques bleus. Le conflit qui éclate oppose « soldats de la paix » et mercenaires endurcis. Surprise : il s’agit d’ex-officiers d’élite de l’armée française, des « durs » capables de lancer leurs groupes mobiles contre un adversaire dix fois supérieur en nombre. Il s’avère que, loin d’être « perdus », cette poignée d’hommes se trouvent en mission commandée, sur ordre du gouvernement français, en particulier de la « cellule des Affaires africaines et malgaches » de l’Élysée dirigée par Jacques Foccart. Ils infligèrent à l’ONU et ses 16 000 hommes une défaite militaire retentissante, s’appuyant sur des méthodes de guérilla et de contre-guérilla éprouvées en Indochine et en Algérie, avant de battre en retraite sur ordre. Loin d’être une simple escapade de mercenaires, le projet visait à étendre le pré carré de la France, se tailler une part du gâteau de l’ex-Congo belge, contrer la pénétration soviétique et coiffer sur le poteau les Anglo-Saxons pour l’exploitation des ressources minières stratégiques, tout en présentant le Katanga comme un poste avancé de la lutte anticommuniste mondiale."

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  • Netanyahu à l’assaut du Sud-Liban ?...

    Pour son émission sur TV Libertés, Chocs  du monde, Edouard Chanot reçoit le journaliste franco-libanais Alexandre Aoun pour évoquer avec lui le risque d'offensive militaire israélienne au Sud-Liban contre le Hezbollah...

     

                                             

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  • Le grand aveuglement européen...

    Les éditions Balland viennent de publier un essai de Jean-Bernard Pinatel intitulé Ukraine - Le grand aveuglement européen. Ancien officier parachutiste, docteur en sciences politiques et ancien chef d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est spécialiste des questions de géopolitique et d'intelligence économique.

     

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    " Au-delà de son aspect militaire tragique, pour les belligérants, cette guerre aura été le révélateur d'un grand aveuglement européen. Les dirigeants de l'Union européenne n'ont pas envisagé un seul instant que le monde avait changé et que les sanctions contre la Russie ne la mettraient pas à genoux car elles seraient contournées par la très grande majorité des pays et que leur maintien sur la durée se retournerait en boomerang contre l'Europe et profiterait aux États-Unis qui en étaient les instigateurs. Bien plus, cette guerre a aussi été le révélateur que l'ordre mondial régi par des règles et des organismes internationaux mis sur pied à la fin de la seconde guerre mondiale était révolu, notamment parce que les États-Unis sous l'égide desquels ils avaient été élaborés ne les ont pas respectés depuis la chute de l'URSS, gagnés par l'euphorie d'être désormais la seule superpuissance mondiale et décidés à le rester à n'importe quel prix. Je me suis lancé dans la rédaction de ce livre pour expliquer pourquoi l'impossibilité pour l'Ukraine de gagner cette guerre était prévisible dès février 2022. "

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  • Élections : la guerre des mondes...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Jean Montalte, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à la fracture béante qui traverse le peule français et que les résultats des élections ont désormais mise en pleine lumière...

     

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    Élections : la guerre des mondes

    C’est étrange tout ce qui gît au fond d’un esprit, ces vestiges d’une vie intérieure étouffée. On a beau remuer, atteindre le fond, on ne parvient qu’à sabouler des entités résiduelles, des scories, d’étriqués souvenirs, des images mal montées, en somme un film amateur tourné avec les moyens du bord. Il n’est pas dit que vivre à la surface de soi-même soit une fatalité. Et pourtant, tout le monde est pris au piège. Plus personne ne vit. Les zombies sont légion, armée de démons anti-dopés au salariat, à l’administration, aux bons de réduction, aux réseaux sociaux, au lithium portatif et protubérant et, cerise sur le gâteau, au théâtre antifasciste, enfin à tous ces expédients inventés par l’homme pour se désolidariser de sa propre vie, pour se délester de cette tâche écrasante : être au monde.

    Vous en avez de bonnes, me direz-vous, être au monde est une formule de philosophe éculée, lessivée, essorée. Nous avons inventé, depuis lors, tant de mondes alternatifs, tant de carburants psychiques pour schizophrènes, qu’être au monde ne peut plus se faire qu’à la condition de se démultiplier sans cesse, de fragmenter son esprit en autant de particules infimes.

    David Lapoujade, dans son livre L’Altération des mondes, consacré à Philip K. Dick, produit une exégèse de cet exégète de soi-même, de ce paranoïaque superbe, de ce génie schizoïde, et établit ceci : l’œuvre de Dick met en scène une guerre des mondes, une guerre des psychismes d’une intensité inouïe dans la littérature. « La SF pense par mondes. Créer des mondes nouveaux, avec des lois physiques, des conditions de vie, des formes vivantes, des organisations politiques différentes, créer des mondes parallèles et inventer des passages entre eux, multiplier les mondes, telle est l’activité essentielle de la SF. Guerre des mondes, meilleur ou pire des mondes, fins du monde sont les thèmes récurrents. […] Dick répond bien à l’impératif SF de créer des mondes, mais ses mondes ont en effet la particularité de s’effondrer très vite, comme s’ils n’avaient pas suffisamment d’assise pour tenir debout par eux-mêmes ou comme s’ils manquaient de réalité. Ses mondes sont instables, susceptibles d’être altérés, renversés à la faveur d’un événement qui en perce et en dissipe la réalité. »

    Don Delillo a cette formule impeccable, dans son roman Zéro K : « Tout le monde veut posséder la fin du monde. » Vous, moi, Macron, tout le monde aspire à la dissolution, à s’en rendre maître plus encore. En attendant la fin du monde – les buccinateurs de la scène finale sont dans l’attente fiévreuse du signal –, nous assistons, pour le moment, à une guerre des mondes et, en effet, à une guerre des psychismes. D’un bord à l’autre de l’échiquier politique, des Français sont devenus des extra-terrestres pour d’autres Français. La France est aujourd’hui divisée entre entité-mondes étrangères et hostiles, autant qu’on peut l’être. Je note, en passant, un paradoxe savoureux : la victoire du RN aux élections européennes, parti qui refuse le clivage gauche-droite, a ressuscité ce clivage en l’exacerbant. Et la haine hystérique qui se nourrit de ce clivage – clivage dont je ne discute pas le bien-fondé ici – n’a jamais été aussi forte.

    Ce que beaucoup de Français désirent, c’est qu’on leur rende ce monde commun qui était le leur avant l’ensauvagement, la brutalité des mœurs importées d’autres continents géographiques, ethniques et spirituels. Qu’on leur rende cette douceur de vivre longtemps associée à ce pays de cocagne. Qu’ils puissent se rendre à une fête de village, en famille, pour jouir des bons moments de la vie, sans avoir à craindre la visite d’individus nuisibles et carnassiers, dont le seul ressort psychique est la violence. Qu’on cesse d’excuser les pourritures qui les agressent, avec la complicité d’une extrême gauche, cette autre entité-monde, imperméable à la réalité et à la morale, tout simplement. Les abrutis qui nous rejouent la comédie de l’antifascisme feignent d’ignorer cette réalité : les Français n’ont aucune envie de restaurer un quelconque fascisme, ils veulent juste vivre en paix et ne plus être martyrisés. En quoi devraient-ils culpabiliser pour avoir formulé un souhait auquel tout le monde devrait se rallier ? Les Français refusent la spoliation systématique de leur être-au-monde et c’est la raison pour laquelle l’anti-France – dénomination désormais revendiquée par les nervis les plus excités de l’extrême gauche – se bat, non pas contre le fascisme mais contre les Français et leur être-au-monde. Raison pour laquelle ils ont vandalisé le local d’une association catholique dans le secteur d’Ainay à Lyon, lors d’une manifestation prétendument antifasciste. Ils s’attaquent, au fond, à une anthropologie, une culture, une spiritualité, qui leur sont étrangères. La haine est de leur côté et personne ne s’y trompe ou presque. S’ils déploient autant de violence, ne serait-ce pas pour cette raison : comme dans les romans de Philip K. Dick, leur monde factice est en train de s’effondrer ? C’est une hypothèse que je soumets à ces zombies d’une époque révolue.

    Dantec : « Je voudrais dire aux bouffons et aux bouffonnes : votre monde, il est déjà mort. » L’auteur des Racines du mal a écrit dans son Journal métaphysique et polémique : « Nous vivons sur les ruines du futur. » C’est sur les ruines de leur idéologie anti-France que nous élèverons notre glorieux avenir.

    Jean Montalte (Site de la revue Éléments, 19 juin 2024)

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