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Métapo infos - Page 78

  • Le clan Biden, l'Amérique et l'Etat profond...

    Les éditions Konfident viennent de publier une enquête de Gérald Olivier intitulée Cover up - Le clan Biden, l'Amérique et l'Etat profond. Journaliste, Gérald Olivier a été correspondant de Valeurs actuelles aux Etats-Unis puis rédacteur en chef du mensuel Le Spectacle du Monde. Il a notamment publié Le Temps de l'Amérique (Jean Picollec, 2013), une biographie de John et Jacky Kennedy.

     

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    " CHYPRE, MARS 2023. Le Dr Luft, un ex-militaire israélien reconverti dans le secteur de l'énergie, disparaît. Un peu avant de se volatiliser, cet homme, qui avait accusé le président des États-Unis de collusion avec des intérêts chinois, avait écrit : « Le Département de la justice essaie de m’enterrer pour protéger Joe, Jim et Hunter Biden ».

    En octobre 2020, déjà, un article du New York Post exploitant les documents trouvés dans l'ordinateur portable du fils de Joe Biden avait mis en évidence les liens troubles entre le Président et des firmes étrangères, dont une entreprise gazière ukrainienne. Ces révélations avaient été tues par l'immense majorité des médias ou présentées comme une opération de désinformation orchestrée par Moscou. Ceux qui parlaient de cette affaire avaient été bannis des réseaux sociaux, comme l'a exposé Elon Musk s'agissant de Twitter.

    Pourquoi s'est-on livré à la plus grande opération de « Cover up » de l'histoire des USA ? Pour protéger qui et pour cacher quoi ? Plongée au cœur d'une des familles les plus puissantes des USA et dans les méandres de son « État profond ». "

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  • De la déclaration des droits de l’homme à la décadence wokiste...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Delcroix, cueilli sur Polémia et consacré au démantèlement des libertés publiques par les sectateurs des droits de l'homme...

    Juriste et ancien avocat, Eric Delcroix a publié notamment Le Théâtre de Satan- Décadence du droit, partialité des juges (L'Æncre, 2002), Manifeste libertin - Essai révolutionnaire contre l'ordre moral antiraciste (L'Æncre, 2005) et Droit, conscience et sentiments (Akribéia, 2020).

     

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    De la déclaration des droits de l’homme à la décadence wokiste

    Sous l’empire chancelant de l’Occident décadent et sous l’hégémonie socialement et sociétalement délétère des États-Unis, l’individu (l’« homme ») est sempiternellement appelé à revendiquer les droits de l’homme, sous ses multiples déclinaisons telles que produites par l’ONU, le Conseil de l’Europe ou l’Union européenne. Pour flatter le narcissisme de l’individu, il n’y a jamais saturation… À la source réside la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, moins détaillée et donc moins pernicieuse que celles qui s’ensuivront, au-delà et en surplomb de notre cadre national. Il n’en demeure pas moins que la Déclaration apparaît comme une référence philosophique utilisée de façon captieuse de nos jours par l’individualisme que fonde l’ordre moral anti-discriminatoire.

    La déclaration des droits de l’homme : naïveté et transcendance

    La Déclaration avait ses raisons d’être spécifiques, dans une France où nobles, clercs et bourgeois vivaient de plus en plus mal un pouvoir encore très arbitraire issu de l’absolutisme ; aussi en ce siècle des Lumières aspiraient-ils à leur émancipation et à ne plus nourrir de craintes pour leur liberté individuelle. Les Anglais n’avaient-t-ils pas l’habeas corpus depuis 110 ans (1679) ? Tel fut l’aspect circonstanciel d’un texte élaboré de façon un peu brouillonne par l’Assemblée nationale. Cette crainte de l’arbitraire explique l’inscription au titre « des droits naturels et imprescriptibles de l’homme [de] la résistance à l’oppression. » Tâtez donc un peu de cette résistance-là … chiche ?
    Mais naïvement, ses rédacteurs, qui se sentaient inspirés, y voyaient également un aspect transcendantal, puisque plaçant leur texte solennellement « sous les auspices de l’Être suprême », ne doutant pas qu’ils préparaient des lendemains radieux « pour le bonheur de tous » (énoncé dans l’exposé des motifs en préambule) et bien loin d’une future laïcité.

    Le fait est que cet instrument, porté déjà par une philosophie individualiste, énonçant des droits sans mettre en balance de devoirs, n’a jamais rempli les fonctions qui prétendaient être les siennes. Et pour cause :  même si on tend aujourd’hui à le nier, l’individu ne peut vivre que dans le cadre d’obligations, cadres sociaux naturels ou formels, famille, nation, ethnie, culture etc.
    Au demeurant, la Déclaration n’a pas empêché les pires errements qui vont s’en suivre, jusqu’à la Terreur. Mais, au surplus, ses dispositions strictement juridiques n’ont jamais été respectées par ceux-là même qui ne cesseront pas de l’invoquer comme la nouvelle Révélation ! Derrière le texte rédigé en 1789, il demeure un esprit qui relève de la morale, qui est donc ouvert aux ratiocinations de la casuistique (ici l’esprit de la loi plutôt que la loi) aux dépens d’une rationalité juridique promue par les Lumières et la lettre de la Déclaration.
    Mais cela ne détourne pas les sectateurs des droits de l’homme d’y tenir mordicus jusqu’à la déraison. Là réside l’approche superstitieuse du document, appuyé sur une transcendance floue, puisque orpheline de son être suprême fondateur.

    Dispositions juridiques formelles et leur contournement

    Bien sûr, et spécialement en ces temps d’États de droit – création allemande du XIXe siècle (« Rechtsstaat ») aux antipodes de la pensée de nos rédacteurs de 1789 qui mettaient au centre de tout la loi formelle « expression de la volonté générale (art. 6) –, la loi est désacralisée. Avec cet État de droit, une institution comme le Conseil constitutionnel peut faire un usage arbitraire du texte, en rejet de la loi (contra legem) et donc au-dessus du législateur, interprète devenu caduc de « la volonté générale ».  Aussi l’État de droit est-il, historiquement et en France, le contraire, l’antonyme d’État républicain.

    Les articles 10 et 11 de la Déclaration sont censés protéger les libertés de pensée, d’opinion et d’expression, mais l’illusion ne saurait survivre (et n’a jamais survécu) compte tenu de la rédaction même de ces articles : après avoir proclamés ces droits, leurs dispositions proclament de façon captieuse :

    Art. 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions … pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi»
    Art. 11 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme … sauf à répondre de cette liberté dans les cas déterminés par la loi » (soulignés par moi).

    Bref, la loi seule détermine ces libertés essentielles, faisant ici de la Déclaration un texte déclamatoire, pompeux mais vide de garanties positives objectivables. Ces articles 10 et 11 n’auraient certainement pas déplu à Staline lui-même.

    Voyons maintenant l’article 8 : « … nul ne peut être puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée. » Là, pas d’échappatoire pourrait-on croire à la toute-puissance du législateur, si l’on s’en tient à la lettre, sur la non rétroactivité de la loi pénale. Mais moralement l’esprit l’emportera grossièrement contre la lettre… Par exemple, Paul Touvier (1915-1996), ancien milicien (Milice française), sera condamné pour des faits réputés crimes, remontant à 1944, mais novés postérieurement en « crimes contre l’humanité » créés par l’Accord de Londres du 8 août 1945, crimes prescrits dans les années 1950, mais opportunément dé-prescrits par une loi tardive de 1964. On voit dans cette chronologie la flagrante transgression des dispositions de l’article 8 de la Déclaration. Pour les parangons des droits de l’homme, l’esprit (le leur) l’emporte sur la lettre (inopportune). Le souverain Bien ne saurait se perdre dans le juridisme. Droit et raison ne cohabitent plus.

    Casuistique et révocation de la philosophie du droit des Lumières

    D’une proclamation des droits de l’homme à l’autre, les casuistes sectateurs des droits de l’homme peuvent quand même se rabattre opportunément sur la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, même si elle n’a pas la valeur constitutionnelle qu’a conféré, en 1971, le Conseil constitutionnel à notre déclaration de 1789. Et nos casuistes ont ainsi trouvé un secours extérieur, puisé dans la tradition juridique anglo-américaine, hors donc de l’héritage rationnel des Lumières, pour écarter la non-rétroactivité des lois, comme on l’a vu dans les procès français pour crimes contre l’humanité.

    La Convention stipule certes dans son article 7-1 : « Nul ne peut être condamné pour une action ou une omission qui, au moment où elle a été commise, ne constituait pas une infraction … », mais renie ce propos incontinent avec larticle 7-2 : « Le présent article ne portera pas atteinte au jugement … d’une personne coupable d’une action ou omission qui, au moment où elle a été commise, était criminelle d’après les principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées » (souligné par moi). Une concession opportuniste au droit coutumier américain et à ses procédés arbitraires puisés dans son héritage moyenâgeux (« dans les États despotiques, il n’y a point de lois : le juge est lui-même sa règle[i] » écrivait Montesquieu – ce qui définissait bien, avant la lettre, l’État de droit).

    En présence de magistrats rétifs, pour leur honneur, à cette violation grossière du principe de non rétroactivité de la loi pénale et donc de l’article 8 de la Déclaration, la Cour de cassation cassera l’arrêt de la chambre d’accusation de Paris, 27 octobre 1975 en faveur de Touvier, motif pris qu’elle aurait dû « examiner si [Touvier] … ne se trouvait pas exclu du bénéfice de la non-rétroactivité de la loi pénale, en vertu de l’article 7, alinéa 2 de la Convention européenne …[ii] » Un principe général, ici à rebours des Lumières, ça s’invente sans intervention du législateur, ravalé désormais à un rang subsidiaire. Ce point était (le sait-on ?) la doctrine juridique des nationaux socialistes allemands, indistinctement hostiles aux Lumières et à l’héritage du droit romain.

    L’individualisme des droits de l’homme conduit tout logiquement à l’anarchie, y compris (un comble) en matière de droit !

    Les libertés publiques contre les droits de l’homme

    La Déclaration universelle des droits de l’homme (ONU, 1948) et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme (Conseil de l’Europe, 1959) ont cherché à pallier ces distorsions entre le texte et l’esprit du texte supposé. Avec l’invention d’un seul et même procédé, que définissent respectivement les articles 30 et 17 de ces documents. Cet article 17 étant de droit positif en Europe, en voici le texte : « Aucune des dispositions de la présente Convention ne peut être interprétée comme impliquant … un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés reconnus dans la présente Convention … » Bref, si votre propos n’est pas conforme à la philosophie individualiste et égalitariste de la Convention, on vous déniera les droits qu’elle énonce, même celui de vous exprimer. Comme avocat, j’ai connu l’application de ce principe qui n’est autre que celui proclamé par Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

    Français, nous avions acquis historiquement un haut niveau de libertés publiques et tout le monde affecte chez nous d’y être attaché. Ce n’est pas une question de droits de l’homme, d’individualisme ou d’idéologie (comme dans les traités internationaux moralisateurs), mais d’un certain sens de l’esthétique de vie et de conscience.

    Avec le militantisme actif des sectateurs des droits de l’homme, la République a démantelé les garanties qu’offrait la loi sur la liberté de la presse de 1881, obtenant la restauration des délits d’opinion, la constitution de délits de sentiment, contre la « haine » et donc implicitement pour l’Amour que prétend porter la puissance publique, avec les lois Pleven de 1972 ou Perben II de 2004 ou encore de blasphème avec la loi Fabius-Gayssot de 1990. Orwell avait prédit l’instauration d’un ministère de l’Amour, « qui veillait au respect de la loi et de l’ordre[iii] ».

    La restauration des libertés publique françaises passe par l’abolition des prétentieuses et captieuses Déclaration, Convention et Charte des droits de l’homme, produit de l’idéologie et non pas d’une aspiration aux libertés, qui ne peuvent exister qu’au pluriel et vécues plutôt que déclamées.

    Quant aux libertés de pensée, de recherche et d’expression, rappelons-nous la leçon de Montesquieu pour qui : « Les paroles ne forment point un corps de délit ; elles ne restent que dans l’idée[iv]. »
    Il convient de remettre le droit à sa modeste place de lubrifiant des rapports sociaux voire internationaux, mais non un moyen d’imposer l’Idéologie, droit aujourd’hui infecté par les scories d’un marxisme diffus et d’un puritanisme américain (wokisme inclus) dégoulinant de moraline post chrétienne. Le totalitarisme c’est ici et maintenant.

    Eric Delcroix (Polémia, 1er mars 2024)

     

    Notes :

    [i] L’esprit des lois, 1745.
    [ii] Jurisclasseur périodique, 1976, II, 18 435.
    [iii] 1984, Gallimard, 1950, page 15.
    [iv] L’Esprit des lois. op. cit.

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  • Friedrich Ludwig Jahn, l'éveilleur...

    Les éditions des Amis de la Culture européenne viennent de rééditer le récit que Jean Mabire a consacré à la vie de Friedrich Ludwig Jahn, qui avait été publié initialement dans le premier tome de son ouvrage Les grands aventuriers de l'histoire (Fayard, 1982).

    Décédé en 2006, Jean Mabire, qui était un des grands écrivains de l'aventure, qu'elle soit historique, mythologique ou politique, a aussi été un combattant pour la cause de l'identité des peuples européens.

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    " La Révolution Conservatrice allemande des années 20 et 30 est bien connue. On connaît le tumulte d’idées provoquées par la défaite de 1918. On ignore que le pays avait connu semblable incandescence sous les coups de boutoir de Napoléon.

    Qui est ce colosse à la barbe rousse qui, juché sur l’Arc de Triomphe en 1815, abat à la masse les insignes de bronze de l’Empire français ? Pour faire le portrait de Ludwig Jahn, nous pourrions relire les Que lire ? de Jean Mabire. Comme Augieras, il fut un original qui vécut dans une caverne ; comme René Quinton, ses aphorismes mobilisèrent les énergies guerrières ; comme Jack London, il porta les souliers usés du « vagabond de l’idéal » ; comme Blanqui, il fut un conspirateur et un enfermé. Comme Georges Hebert, on a fait de lui un rénovateur des corps et un exalté du plein air.

    Aux dires de Jahn, la grande affaire de sa vie fut la défense de la germanité. On lui doit notamment des Recherches sur la nationalité, l’esprit des peuples allemands. Son Histoire de la guerre de trente ans, elle, est perdue à jamais. La postérité retiendra surtout qu’il fonda les Turnen, des sociétés de gymnastique qui encourageaient une pratique sportive joyeuse et collective, loin de tout esprit de compétition individualiste. "

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  • Pour en finir avec le manichéisme autour du conflit russo-ukrainien...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Régis le Sommier sur Omerta, dans lequel elle évoque la crispation en France des partisans de la guerre et du soutien inconditionnel à l'Ukraine...

     

                                               

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  • L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier un essai polémique de Frédéric Saint Clair intitulé L’Extrême Droite expliquée à Marie-Chantal. Ancien conseiller du Premier ministre Dominique de Villepin, écrivain et politiste, Frédéric Saint Clair est l'auteur de Comment sortir de l'impasse libérale ? - Essai de philosophie politique civilisationnelle (L'Harmattan, 2022).

     

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    " « Trentenaire, jolie, bourgeoise, macroniste jusqu’au bout des ongles, rencontrée par hasard au café de Flore, Marie-Chantal incarne à merveille l’élite actuelle, à la fois obsédée et effrayée par l’extrême droite. Je l’interroge : c’est quoi, l’extrême droite ? Elle peine à répondre. Un dialogue s’engage, au fil de nos rencontres : discrimination, grand remplacement, dictature, remigration, coup d’État… ou comment repenser la notion d’ennemi à l’heure du choc des civilisations ? À la fin de l’histoire : elle sait ce que ça coûte politiquement d’être cosmopolite à la manière de Kant et de n’avoir pas lu Carl Schmitt. Et qu’est-ce que ça change ? Absolument tout ! » Un livre indispensable pour comprendre les grands enjeux de notre temps. "

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  • L’hiver démographique est-il inéluctable ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Ferdinand Sudres, cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré à l'hiver démographique dans lequel est entré l'Europe...

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    L’hiver démographique est-il inéluctable ?

    Lors de sa conférence de presse fleuve du 11 janvier 2024, le président de la République a évoqué la nécessité d’un « réarmement démographique » du pays. Ces termes n’ont pas manqué de provoquer une petite polémique dans le landerneau parisien : les féministes accusant le chef de l’État de vouloir imposer aux corps des femmes des choix politiques et la droite rappelant à bon droit qu’Emmanuel Macron avait participé au gouvernement durant lequel la courbe démographique française avait entamé une descente vertigineuse.

    En 2023, l’Insee nous apprenait que la France avait enregistré son plus bas taux de natalité depuis 1946 avec moins de 700 000 naissances et un taux de natalité s’établissant à 1,6 enfant par femmes. Alors que la France disposait encore d’une natalité dynamique par rapport au reste de l’Europe, elle semble rentrer dans un hiver démographique de long terme, c’est-à-dire une baisse concomitante de ses naissances associée à un vieillissement de plus en plus important de sa population.

    Cet hiver démographique, phénomène bien connu en Italie ou au Japon, constitue en réalité un phénomène mondial qu’il appartient à tout acteur de la Cité d’appréhender. Si le défi écologique ou climatique est toujours en première ligne des préoccupations et de l’intérêt médiatique, le défi démographique, plus obscur, invisible par définition, constitue en réalité la plus grande menace pour l’équilibre de nos sociétés reposant largement sur une utilisation extensive du capital humain.

    Il nous faut ainsi établir les données du problème et identifier les causes aussi subjectives que matérielles qui concourent à ce vieillissement accéléré de l’ensemble de la population du globe et singulièrement de la population européenne. La démographie et le maintien d’une population active ne sont pas qu’une lubie économiste ou le dernier avatar d’une pensée chrétienne accrochée à la procréation. cette problématique doit être saisie comme centrale, car elle conditionne le futur et la stabilité socio-économique de nos pays et particulièrement du continent européen.

    L’hiver démographique arrive

    L’Europe et les pays fortement développés comme le Japon ou la Corée du Sud connaissent depuis la fin des années 1990 des niveaux démographiques alarmants. Pour la Corée du Sud, le point de non-retour semble déjà passé. Avec en moyenne 0,7 enfant par femme, il est désormais admis que la Corée du Sud perdra la moitié de sa population active d’ici 2050 et passera en dessous de 35 millions d’habitants d’ici la fin du siècle. Le Japon et l’Italie sont d’ores et déjà les pays les plus vieux du monde et leur atonie économique structurelle repose en partie sur cette situation démographique désastreuse.

    Néanmoins, si la situation alarmante des pays européens et des pays d’Asie du Sud-Est est déjà largement connue, on observe une baisse structurelle du taux de natalité dans la quasi-totalité des pays du monde et un vieillissement de certaines sociétés moins riches et moins développées. À ce titre, l’Amérique du Sud, connaissant désormais un taux faible de natalité, enregistre un vieillissement accéléré de sa population. Alors que les États-Unis d’Amérique avaient mis cinquante ans pour voir la part de leur population âgée de plus de 60 ans passer de 10 à 20 %, des pays comme le Pérou, la Colombie ou le Venezuela mettront moins de trente ans à passer cette limite déterminante avec un système de protection sociale moins performant, toutes proportions gardées, que le système américain.

    En Afrique, dont l’augmentation démographique est à juste titre une source d’inquiétude, particulièrement pour le Vieux Continent, on observe que nombre de pays africains connaissent une baisse démographique tendancielle de leur taux de natalité, malgré une démographie encore galopante en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. L’augmentation de la population mondiale résidera pour le siècle en cours essentiellement en Afrique qui conserve encore un taux de natalité important, à l’inverse du reste de la planète. Les pays du Maghreb ont d’ores et déjà terminé leur transition démographique et la natalité des grandes métropoles africaines est passée sous la barre du taux de renouvellement des générations.

    Dans le monde entier, depuis la Covid-19, les pays qui observent une augmentation de leur démographie se comptent sur les doigts d’une main. Seules la Mauritanie, l’Afghanistan et Israël affichent encore des taux de natalité croissants alors que la plupart des pays sont non seulement passés sous le seuil de renouvellement des générations, mais subissent également une baisse continue de leur taux de natalité.

    Selon l’ONU, le taux de natalité mondial s’établirait en 2023 à 2,2 enfants par femme. S’il est encore supérieur au seuil de renouvellement des générations, porté en partie par le déploiement de la démographie africaine, l’espèce humaine semble sur la voie d’une baisse structurelle de sa natalité. Les transitions démographiques rapides et désormais le vieillissement accéléré de la population constituent des phénomènes de plus en plus structurels non seulement en Europe où près de 30 % de la population aura plus de 60 ans en 2040, mais également dans d’autres parties du monde comme l’Amérique latine ou l’Asie du Sud-Est. Pour l’Empire du milieu, les effets de long terme de la politique de l’enfant unique, conjugués à une urbanisation et à un développement rapide, ont amené le pays à un taux de natalité à un enfant par femme, entraînant un vieillissement accéléré de la population chinoise réduisant ses chances d’hégémonie et de domination à long terme. Avant d’être riches, les Chinois seront vieux.

    Zeitgeist nullipare

    Le sujet de la démographie est un sujet complexe. Il se situe à l’intersection du privé et du public. Il concerne l’espace privé, ce que font les gens dans leur chambre à coucher, ou ailleurs, ce qui ne devrait pas normalement relever de l’examen de l’État ou des décideurs publics, mais il concerne surtout le collectif et le destin tout entier de la Cité. Si faire un enfant est une question intime, la natalité est une cause collective.

    Dans le monde occidental, cette baisse brusque de la natalité depuis la Covid-19 tient d’abord à une cause générationnelle. La génération dite Z (née entre 1997 et 2004) arrive peu à peu à l’âge de procréation. Génération socialisée par les écrans, déstructurée par le confinement, inquiète des évolutions du monde et d’un futur incertain, marquée par une solitude grandissante et une difficulté à s’engager, voire tout simplement à procréer, elle s’affirme comme une génération fortement nullipare (autrement dit : qui n’a jamais porté d’enfant ni accouché), où le projet d’enfant vient contrecarrer les aspirations individuelles. Dans un sondage récent paru dans Libération, l’IFOP estimait qu’un quart des jeunes Français de moins de 24 ans n’avaient pas pratiqué d’activités sexuelles dans les douze derniers mois, un chiffre record par rapport à la précédente enquête publiée en 2006. Par ailleurs, s’il y a une quinzaine d’années, la maternité était encore l’idéal de la quasi-totalité des Françaises (98 % en 2006), elle n’est plus aujourd’hui un rêve pour toutes : 13 % des Françaises âgées de 15 ans et plus (+11 points depuis 2006) expriment leur préférence pour une vie sans enfant, et leur nombre est trois fois plus élevé chez les femmes sans enfant en âge et en capacité de procréer (31 %). À l’inverse, la « famille nombreuse » (3 enfants et plus), qui était un idéal de vie pour près d’une femme sur deux il y a encore une quinzaine d’années (49 % en 2006), n’attire aujourd’hui plus qu’une Française sur trois (32 %).

    Le développement des réseaux sociaux explique en partie ce phénomène de non-natalité. Selon une étude récente de la Fondation de France, près de 25 % des jeunes Français sont en état de solitude aggravée, n’ayant plus ou peu d’interactions sociales avec autrui.Cette solitude moderne, paradoxale,car inscrite dans une absence de relation humaine réelle mais dans une surmobilisation et un surinvestissement de relations numériques éphémères, participe à un grand mouvement nullipare de la société.

    Parallèlement, la figure de la maternité et de l’enfant disparaît peu à peu de l’environnement des sociétés. Les grands ensembles urbains où vivent la majorité de la population sont de plus en plus rétifs à la présence des enfants. Les parcs, aires de jeux, ou autres infrastructures publiques dédiées à la présence enfantine, sont de moins en moins construits ou déployés.

    L’individu contre la famille

    Par ailleurs, les lieux de sociabilité et de rencontre, ferments de la civilisation européenne, comme les bars ou les cafés, tendent peu à peu à disparaître. Les boîtes de nuit, symbole de la jeunesse et de la sociabilité des années 1980 et 1990, subissent une désaffection profonde de la génération Z et ferment les unes après les autres.Selon le sociologue Jérôme Fourquet, un phénomène puissant de repli sur l’espace intime et l’intérieur irrigue désormais toute la société et particulièrement les plus jeunes. Cette civilisation du plaid, inquiète et adepte de safe space, souvent solitaire, semble devenir de plus en plus incapable de se projeter dans un avenir commun et particulièrement de troquer sa liberté de monade solitaire contre la charge de la parentalité.

    La baisse de la natalité en France et en Europe réside également dans la dégradation des conditions matérielles d’existence des jeunes. Le marché du logement, par exemple, constitue le frein le plus évident à la fondation d’une famille. L’exiguïté des lieux d’habitation comme l’instabilité structurelle dans leur occupation par l’impossibilité récente d’accès à la propriété découragent les couples à fonder une famille.

    De plus, l’évolution de la politique nataliste a eu un effet catastrophique sur la démographie française. Alors que le pays se félicitait d’associer un haut niveau d’accès à l’emploi pour les femmes et une natalité relativement dynamique, les réformes des allocations familiales, particulièrement sous le quinquennat Hollande, ont participé à enrayer ce qui était encore un atout déterminant de la France dans le concert européen. La fin de l’universalité des allocations familiales a entraîné une diminution de la natalité des couples de classes moyennes supérieures ou de la petite bourgeoisie. Si on ne fait jamais un enfant pour les aides, la perspective d’un soutien financier de l’État rassure quant à la possibilité de la conception d’un deuxième ou d’un troisième enfant. Des études ont ainsi exposé le lien mécanique entre la fin de l’universalité des allocations familiales, au mépris de la tradition historique de la gauche républicaine en faveur de toutes les familles, et le début de l’hiver démographique français.

    Par ailleurs, l’instabilité des économies occidentales, tertiarisées et flexibles, contribue à dissuader tout projet d’enfants. L’Italie constitue à ce titre un pays malheureusement exemplaire dans ce phénomène. Depuis 2000, la croissance italienne est nulle et son industrie est à la peine. Le baby-boom italien, situé dans les années 30 et non la fin des années 40, a pour conséquence tardive une impossibilité pour beaucoup de jeunes Italiens d’avoir accès à un emploi stable en dépit d’un haut niveau de formation universitaire. Le vieillissement de la société italienne a entraîné une sclérose tant du marché locatif que des possibilités professionnelles. Ainsi en 2023, 21 % des jeunes Italiens étaient au chômage contre 17,4 % des jeunes Français. Le marché locatif italien empêche également les jeunes de quitter le foyer familial. L’Italie affiche ainsi le triste record de 42 % de jeunes de 25 ans vivant encore chez leurs parents. Malgré les promesses du nouveau gouvernement de Giorgia Meloni, la natalité italienne ne repart toujours pas, lestée d’une situation économique, locative et sociétale particulièrement problématique et d’un manque criant d’infrastructures publiques pouvant concilier l’accueil d’un enfant et le maintien d’une vie professionnelle pour les parents, en particulier pour les mères.

    Des enfants de plus en plus tard

    Enfin, la baisse de la natalité trouve aussi sa cause dans la progression vertigineuse de l’infertilité des couples. Celle-ci s’explique par deux facteurs. En premier lieu, les femmes ont en moyenne leur(s) enfant(s) de plus en plus tardivement. En France, l’âge du premier enfant s’établit à 28 ans contre 22 ans en 1960 selon l’INSEE. Ce décalage constant de l’âge de conception de l’enfant repose dans une inadéquation entre l’âge de fertilité le plus élevé et l’entrée dans la vie professionnelle.

    En effet, les femmes sont les plus fertiles entre 20 et 30 ans, au moment de leur entrée dans le monde professionnel et où le besoin de faire ses preuves et d’être productif est le plus fort. Ainsi, et en notant un manque tangible d’éducation sexuelle du public féminin à ce sujet, l’âge du premier enfant se décale de plus en plus vers la trentaine au moment où les grossesses deviennent de plus en plus difficiles et où la femme comme l’enfant courent un risque accru.

    De plus, on observe également l’augmentation de l’infertilité masculine. La qualité du sperme de l’homme occidental n’a cessé de régresser. Selon Santé publique France en 2018, les études ont confirmé une altération globale de la santé reproductive masculine en France, depuis les années 1970, avec une baisse significative et continue de 32,2 % de la concentration spermatique entre 1989 et 2005. Les principales causes de cette crise sanitaire demeurent dans l’exposition constante des populations occidentales et européennes aux perturbateurs endocriniens. Malgré un plan de recensement et de lutte contre ces substances lancées par la Commission européenne et le gouvernement français en 2021, comme la mobilisation de parlementaires nationaux sur ce sujet, les populations européennes demeurent fortement exposées à ces substances issues de l’industrie chimique ou de traitements médicaux qui affectent fortement la capacité reproductive des couples. Ainsi, les troubles de l’infertilité concernent près de 3 millions de couples en France réduisant d’autant plus les capacités démographiques des populations.

    L’immigration, pharmakon contre la dépopulation

    Face à cet effondrement de la démographie européenne, certains, comme l’inénarrable démographe Hervé Le Bras ou une partie de la gauche, voudraient recourir à une immigration plus importante, capable d’apporter les forces vives et les naissances qui manquent désormais à un continent vieillissant.

    Il va sans dire que ce remède contre la dépopulation qui vient serait pire que le mal. Néanmoins il nous faut expliquer pourquoi l’immigration ne saurait en rien le moyen de régler le vieillissement démographique accéléré de nos sociétés.

    La dépopulation demeure encore un risque peu identifié, voire hypothétique pour beaucoup ; pourtant, les premiers effets de ce vieillissement démographique se font d’ores et déjà sentir par la dégradation des systèmes de soins aux populations reposant largement sur un capital humain à haute valeur ajoutée. Si les Français sont légitimement inquiets de la crise de l’hôpital public et de la disparition progressive dans de larges territoires de médecins généralistes ou spécialistes, peu identifient cette question comme le prolégomène de la crise démographique. En effet, le débat public circonscrit la cause de cette crise aux effets désastreux de l’application du numerus clausus lors des précédentes décennies. Il nous faut convenir que cette limite bureaucratique au nombre de médecins a fortement dégradé l’offre médicale. Néanmoins, de nombreux pays comme l’Allemagne ou le Canada n’ayant pas mis en place de tels mécanismes subissent également une baisse de la démographie médicale et un manque de bras et de médecins dans leurs hôpitaux. La cause ne résulte pas d’une décision bureaucratique, mais bel et bien des premiers effets de cette crise démographique et de la difficulté de trouver soit dans la population autochtone soit même parmi les populations immigrées des personnes disposant des qualités requises pour effectuer ses tâches.

    L’immigration ne sera pas ainsi la solution pour repeupler nos campagnes de médecins ou pour raccourcir les délais d’attente dans les urgences. En effet, l’immigration hautement qualifiée sera, dans les années à venir, une ressource rare et chère. Non seulement nous ne pouvons ni moralement ni politiquement vider les pays en développement de leur force vive, dont leurs médecins et leurs ingénieurs, mais, bientôt, beaucoup de pays pourvoyeurs d’immigration hautement qualifiée comme l’Asie ou l’Amérique seront dans l’incapacité de répondre à leurs propres besoins en raison du vieillissement démographique. Récemment, la Turquie a annoncé sa volonté de faciliter l’entrée de médecins d’origine d’Afrique noire pour pallier elle aussi au vieillissement accéléré de sa population et à un manque de personnels de santé.

    Par ailleurs, une immigration massive ne peut pas régler le problème structurel de la baisse de la natalité. On l’observe particulièrement en Amérique du Nord où le Canada comme les États-Unis subissent depuis de nombreuses années une immigration massive largement encouragée par les gouvernements libéraux et démocrates au pouvoir à Washington DC et à Ottawa. Au Canada par exemple, malgré l’entrée de près de 500 000 personnes par an depuis le début de l’ère Trudeau, la démographie canadienne a elle aussi atteint un stade critique, en dépit de l’apport de nombreux immigrés, avec 1,4 enfant par femme. De plus, comme l’a montré le même Hervé Le Bras, dans Le destin des immigrés, si les immigrés sont beaucoup plus féconds à leur arrivée sur le sol de leur pays d’accueil, dès la deuxième génération le taux de natalité s’adapte globalement à celui du pays d’accueil. Recourir à l’immigration serait donc, face au problème de la natalité, reculer pour mieux sauter… dans le vide.

    Enfin, face à ce vieillissement accéléré de la population et un risque d’hiver démographique en France et en Europe, miser sur l’immigration c’est réduire la stabilité ethnoculturelle des différents pays et ainsi saper un esprit communautaire, voire un simple esprit de redistribution entre tous les citoyens. La dépopulation et le vieillissement poseront à l’avenir des problèmes de grande ampleur, mêlant une charge de plus en plus intense sur les dépenses publiques et privées pour prendre en charge une population sénescente mais aussi altérant l’affectio societatis des collectivités par la rareté croissante d’un capital humain de haute qualité. Devant le vieillissement de la population, il faut ainsi rappeler que le maintien d’une unité ethnoculturelle est un préalable vital pour garantir la stabilité de nos pays.

    Aux bébés citoyens ?

    Retour au 11 janvier 2024. La gauche a fait feu de tout bois contre l’expression du président de la République de « réarmement démographique ». Si ce terme semble le concept central d’une simple opération de communication présidentielle forgée par un cabinet de conseils américain, il ne permet en rien d’appréhender le problème de l’hiver démographique et encore moins d’y apporter une solution.

    Il existe une constante dans l’étude des politiques de natalité : toute politique coercitive ou d’imposition morale faite aux femmes de faire des enfants, émanant d’une entité politique, est toujours une politique sans effet. Le moindre manuel scolaire publié sous la Troisième République alertait chérubins (et parents) de ce manque croissant d’enfants qui mettait à mal la capacité de défense et de prospérité du pays, particulièrement dans l’entre-deux-guerres, où une Allemagne revancharde accumulait les performances démographiques face à une France saignée à blanc et qui avait connu une transition démographique rapide sans commune mesure avec le reste de l’Europe. Les exhortations natalistes de tel ou tel gouvernement n’y ont rien fait.

    Il a fallu attendre le déploiement d’une politique familiale, dès 1942, sous le régime de Vichy, puis poursuivie par le Conseil national de la Résistance, le tout mêlé à un optimisme renouvelé des populations au sortir de la guerre, pour donner lieu au baby-boom. La politique nataliste doit ainsi reposer sur une volonté de l’État d’aider les couples à avoir des enfants et sur une politique réelle, appuyée sur des mécanismes financiers et administratifs qualitatifs, et non des injonctions moralisatrices ou patriotiques. À ce sujet, la Pologne comme la Hongrie donnent des exemples de mesures fiscales réelles pour soutenir et améliorer des taux de natalité très bas.

    Si la gauche veut réduire le problème de la natalité à une problématique purement individuelle et intime, elle en oublie que tout système socialisé repose sur une natalité dynamique. En effet la puissante armature sociale de l’État français, qui représente près de 700 milliards d’euros, est exclusivement financée par les prélèvements obligatoires des actifs et leur renouvellement.

    Le dernier mouvement social portant sur l’augmentation de l’âge à la retraite a démontré l’absolue irresponsabilité de la gauche Nupes au sujet de la natalité, s’enfermant dans des positionnements impolitiques et des postures morales, fortement éloignés des causes réelles de cette dégradation de la protection sociale pour les Français.

    Selon l’expression lumineuse de feu Patrick Buisson, cette réforme des retraites c’est le paiement des enfants que nous n’avons pas eus. Le système redistributif français ne peut reposer que sur une natalité dynamique et c’est cet impensé fondamental tant de nos gouvernants que d’une large partie du personnel politique, à l’exception notable du Rassemblement national et de Reconquête !, qui génèrent les drames sociaux actuels et futurs que vivront nos compatriotes. Sans une remontée de la démographie non pas à des niveaux délirants mais bien à un niveau moyen de 1,8 ou de 1,9 enfant par femme, la stabilité de notre système social est pour ainsi dire condamné.

    Quelles solutions reste-t-il alors pour le personnel politique ?

    L’hiver démographique menace. Néanmoins, une fois les données établies et les défis analysés, des solutions demeurent pour améliorer le taux de natalité marginale des Français.

    En premier lieu, le rétablissement d’une politique inconditionnelle d’allocations familiales universelles est un préalable obligatoire. Si, comme on l’a dit, l’argent public n’enfante pas, il permet en revanche d’augmenter la natalité marginale. Or, c’est bien ces quelques points supplémentaires qui permettront de sauver notre ordre social et préserver l’intégrité de notre pays.

    Par ailleurs, une réflexion d’ensemble doit être menée quant à la préparation de l’accueil et du suivi de l’enfant. Ainsi, la persistance de violences obstétricales terrifiantes sur certaines jeunes mères, mises en lumière par des collectifs féministes, participe malheureusement au grand dégoût de l’enfantement pour une large partie des jeunes femmes françaises. L’État doit ainsi reconstruire un cadre protecteur et accueillant pour les familles françaises en garantissant un suivi et une qualité de services dans tout le parcours de l’enfantement.

    À ce sujet, le manque de plus en plus criant de place en crèche constitue un jalon fondamental des politiques natalistes. Il conviendrait de mettre sur pied un plan de grande ampleur, centré sur les collectivités territoriales, à commencer par les municipalités, de façon à exiger des administrations publiques comme des acteurs du secteur privé qu’ils mettent en place des crèches professionnelles et de façon à ce qu’un véritable service public de la petite enfance décentralisé puisse voir le jour soit au niveau des communes soit au niveau des départements dans les zones rurales. Ainsi, un tel mouvement ne pourra être entrepris que par la revalorisation des métiers touchant à la petite enfance et à ses rémunérations.

    Par ailleurs, un grand plan de lutte contre l’infertilité passant par le recensement des perturbateurs endocriniens (et des entreprises fabricant les produits incriminés), couplé au développement de pratique médicalisée pour aider à l’enfance (que ce soit la FIV, soit la fécondation in vitro, sinon la PMA), pourrait contribuer à permettre à des couples ayant un désir d’enfant tardif, c’est-à-dire à plus de 30 ans, de l’obtenir. Il conviendrait de s’inspirer des pays nordiques, le Danemark en tête, qui ont été très tôt sensibilisés à la problématique de l’infertilité masculine et ont développé depuis de nombreuses années des dispositifs sociaux d’évaluation de la fertilité chez les jeunes et des soutiens financiers aux couples infertiles ou éprouvant des difficultés à enfanter pour répondre à leur désir d’enfants.

    Enfin, c’est bien un discours de réenchantement démographique qu’il faudra construire. L’image culturelle et médiatique de la maternité et de la paternité doit être revalorisée comme un moment de joie et d’accomplissement personnel, mais aussi comme une modalité réelle de réussite de l’individu, à l’heure où des vies professionnelles hachées et souvent dépourvues de sens réduisent l’homme au simple rang de producteur ou d’exécutant. L’éducation sexuelle doit aussi être renforcée, entre autres pour alerter les jeunes filles sur les risques d’une grossesse tardive et sur la réalité de la ménopause.

    La prise en charge politique réelle du problème démographique ne doit pas se fourvoyer dans un choix binaire : le déploiement d’un discours coercitif, voire patriotique, qui rebute les couples, ou la seule mise en valeur du choix individuel qui est à terme aussi dangereux et profondément impolitique. À cet égard, on ne peut que se lamenter du temps perdu dans de vains débats sur la natalité. La France, par son histoire, a été un pays où la politisation de cette question et le déploiement concomitant de mesures financières ou administratives réelles avaient su concilier une pleine liberté accordée aux couples et un État protecteur de l’enfance.

    Remarquons, au passage, que le tournant néolibéral a contribué à sortir de l’agenda public la question de la procréation, au moment même où les évolutions sociétales et migratoires rendaient ce sujet absolument central.

    L’hiver démographique n’est pas encore une fatalité pour la France ni même pour l’Europe. Si des causes structurelles et collectives concourent à cet esprit nullipare, le citoyen comme les pouvoirs publics doivent se mobiliser face à ce défi et promouvoir des réponses politiques visant à reconstruire un État protecteur des familles et des enfants, gages de notre avenir collectif.

    Ferdinand Sudres (Site de la revue Éléments, 28 février 2024)

     

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