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Métapo infos - Page 37

  • Mineurs violents, Etat inconsistant...

    Les éditions L'Artilleur viennent de publier un essai du Docteur Maurice Berger intitulé Mineurs violents, État inconsistant

    Après avoir travaillé dans un Centre éducatif renforcé (CER) recevant des mineurs violents placés judiciairement, le docteur Berger est actuellement consultant dans une structure spécialisée dans l’accueil d’adolescents dits « incasables » car ayant mis en échec les autres institutions. Il exerce aussi « de l’autre côté de l’agression », dans un service de réadaptation fonctionnelle recevant, entre autres, des victimes de violences. Il a publié de nombreux ouvrages, dont récemment Sur la violence gratuite en France (L’Artilleur, 2019).

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    " Jamais une telle situation ne s’est présentée  dans l’histoire de notre pays : une hausse dramatique des actes violents commis par des mineurs et une réponse pénale de plus en plus faible.

    Pourquoi la situation actuelle est si grave ? Pourquoi  en est-on  arrivé là ? Quelles solutions peut-on envisager ?

    Telles sont les questions qu’aborde le docteur Maurice Berger, après 35 ans d’expérience en pédopsychiatrie dédiée aux mineurs violents.

    Il constate à quel point le refus de prendre en compte le savoir dont nous disposons concernant le fonctionnement psychique individuel et familial des mineurs violents actuels a entravé, et entrave toujours  la prise de conscience de la gravité du problème. Sans cesse, l’idéologie empêche de regarder le réel, nous le payons maintenant et cela risque de devenir un danger national hors de contrôle."

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  • Face à Donald Trump, raison garder...

    Nous reproduisons ci-dessous une excellente mise au point de Michel Geoffroy, cueillie sur Polémia et consacrée à la fascination exercée par Trump sur une partie de la droite française...

    Ancien haut-fonctionnaire, Michel Geoffroy a publié le Dictionnaire de Novlangue (Via Romana, 2015), en collaboration avec Jean-Yves Le Gallou, ainsi que plusieurs essais, dont La Superclasse mondiale contre les Peuples (Via Romana, 2018), La nouvelle guerre des mondes (Via Romana, 2020), Immigration de masse - L'assimilation impossible (La Nouvelle Librairie, 2021), Le crépuscule des Lumières (Via Romana, 2021), Bienvenue dans le meilleur des mondes (La Nouvelle Librairie, 2023) et, dernièrement Occident go home ! - Plaidoyer pour une Europe libre (Via Romana, 2024).

     

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    Face à Donald Trump, raison garder

    À lire certains commentaires, on a l’impression qu’en 2024 la droite en France – la plus bête du monde, disait déjà le socialiste Guy Mollet en 1957 – a trouvé son leader, sinon son messie : il s’appelle… Donald Trump. Et Elon Musk est son prophète. Malheureusement, cette droite ne semble pas s’être aperçue que son héros n’était ni français ni européen mais américain : un malentendu de taille !

    Ne pas s’illusionner

    Certes on peut saluer l’allant, la superbe et le courage personnel du futur président américain, qui tranchent avec la triste médiocrité de nos homoncules politiciens.
    Comme on peut approuver son rejet du politiquement correct, de la classe médiatique, des juges politisés ou du wokisme, fléaux qui nous touchent également.
    Et que la gauche l’exècre au moins autant que Poutine ne peut que nous le rendre sympathique.

    Mais ce n’est pas une raison pour prendre les vessies trumpistes pour des lanternes européennes ni, a fortiori, françaises.

    Un inquiétant refus du monde qui vient

    D’abord, le mot d’ordre du trumpisme, c’est MAGA : Make America Great Again ; et non pas make Europe great again ni make France great again. Nuance.

    En outre, vouloir rendre aux États-Unis leur (sur)puissance d’antan ne constitue nullement un objectif anodin à l’âge multipolaire : c’est en réalité une déclaration de guerre implicite contre les États-civilisationnels émergents qui rejettent justement le principe d’une direction américaine du monde. Ce mot d’ordre traduit donc un inquiétant refus du monde qui vient.

    D’ailleurs, Donald Trump promet déjà une avalanche de droits de douane contre la Chine et contre tous ceux qui refuseraient l’hégémonie du dollar dans le commerce mondial. Sans même évoquer ses récents propos sur la nécessité d’annexer le Groenland et Panama ou sur le rattachement du Canada aux États-Unis ! Comme si le suzerain voulait rassembler ses vassaux en vue de la lutte finale.
    Voilà une perspective peu rassurante pour nous.

    Achetez… américain

    De même, s’agissant de l’OTAN, Trump semble n’avoir rien appris, ni rien oublié : il ne remet nullement en cause l’alliance comme instrument politique de la domination américaine sur l’Europe ; il veut seulement que les Européens payent plus, fassent ce que le Pentagone veut, et qu’ils achètent encore plus de matériel américain.

    Mme Lagarde, la très atlantiste directrice générale de la BCE, ne nous dit pas autre chose : il faudrait que les Européens achètent plus de produits américains pour se prémunir d’une guerre commerciale avec l’Amérique [1] ! Il est vrai que Donald Trump assimile l’UE – pourtant totalement libre-échangiste – à une « mini-Chine » qui concurrencerait, évidemment indûment, les États-Unis…

    Voilà qui augure mal de la future diplomatie à notre égard du messie Trump.

    Ukraine : stop ou encore ?

    À droite on compte aussi beaucoup sur le fait que Trump ait promis d’arrêter « tout de suite » la guerre en Ukraine : un discours qui nous change agréablement, certes, de celui des démocrates.
    Mais, justement, on semble oublier chez nous que les promesses électorales n’engagent jamais que ceux qui les écoutent, et cela des deux côtés de l’Atlantique. Roosevelt ne s’était-il pas fait élire sur un programme isolationniste, pour ensuite engager les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale ?

    En réalité personne ne sait ce qu’envisage vraiment le futur président américain pour mettre fin au conflit russo-ukrainien qui, faut-il le rappeler, profite quand même avant tout aux États-Unis et notamment à son complexe militaro-industriel et à son industrie gazière.

    Et, si l’on prend la peine d’écouter ce que disent vraiment les responsables ukrainiens et russes, on peut sérieusement douter désormais d’une issue rapide au conflit : parce que l’Ukraine ne veut négocier qu’en position de force – ce qui se comprend –, et parce que la Russie n’entend pas revenir sur ses buts de guerre initiaux : neutralisation, dénazification et restructuration de l’Ukraine.

    Bref, pour les miracles, il faudra certainement attendre un peu.

    Un bon prétexte pour la gauche

    Certains à droite comptent aussi beaucoup sur le fait que Trump se soit prononcé contre le wokisme. Alors que la plupart de nos folies idéologiques nous viennent d’outre-Atlantique, on ne peut que se féliciter en effet de ces nobles intentions.
    Cependant, on ne peut ignorer aussi que la gauche européenne tire justement argument de ce qui peut se passer outre-Atlantique pour radicaliser les réformes sociétales chez nous, comme on l’a vu en France avec la constitutionnalisation de l’IVG, par exemple, censée protéger ce « droit » de toute remise en cause future.
    Alors, ne nous réjouissons pas trop vite.

    Trump reste un Américain

    Si d’aventure Donald Trump met en œuvre dans le cadre de son court mandat ce qu’il a promis, il peut remédier en partie au déclin nord-américain. Mais il n’est pas du tout certain que cela nous soit profitable.

    En effet, l’Europe n’existe pas dans la rhétorique trumpienne, sinon comme un marché captif. Et il ne voit la France que comme un parc d’attractions.

    Car Trump reste un Américain qui regarde donc le monde au travers de ses lunettes déformantes : progressistes, capitalistes et puritaines.
    L’affaiblissement du suzerain nord-américain constituait une occasion pour nous de retrouver notre liberté d’action et notre identité de civilisation. Mais, si nous n’y prenons garde, une Amérique MAGA risque de nous éloigner, pour un temps, de cette perspective.

    Michel Geoffroy (Polémia, 3 janvier 2025)

     

    Note :

    [1] « Le Journal de l’Économie » du 29 novembre 2024.

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  • Quand la France recrutait des scientifiques nazis...

    Les éditions Albin Michel viennent de rééditer dans leur collection de poche l'enquête de Michel Tedoldi intitulée Un pacte avec le diable - Quand la France recrutait des scientifiques nazisMichel Tedoldi, qui a réalisé plusieurs enquêtes sur des faits de société pour France Télévisions et Arte, remet au jour un pan un peu oublié de l'histoire qui a vu notre  pays essayer de concurrencer les États-Unis et l'URSS dans le recrutement des savants et ingénieurs allemands après 1945.

     

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    " Ils s'appelaient Hermann Oestrich, Heinz Bringer, Otto Ambros, Rolf Engel... Ils étaient scientifiques et ils étaient allemands. Ils étaient aussi des nazis engagés, et pourtant la France leur a déroulé le tapis rouge. Certains seront même décorés de la Légion d'honneur pour services rendus à la France.

    Une histoire occultée? Certainement. Effacée? Peut-être. Oubliée? Il semblerait. Par un tour de passe-passe dont le roman national a le secret, l'opération de recrutement massif, dès 1944, de scientifiques nazis par le pouvoir gaulliste a été gommée de l'histoire officielle.

    Au terme d'une enquête qui va le mener jusqu'aux lieux où ont vécu et travaillé ces Allemands, mais aussi dans le dédale des archives de la République, au travers d'entretiens avec les rares témoins encore en vie, d'échanges avec des historiens et de la consultation d'archives audiovisuelles, Michel Tedoldi met au jour un pan méconnu et sidérant de notre histoire contemporaine. "

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  • Une classe politique crépusculaire...

    Le 3 janvier 2024, Nicolas Vidal recevait François Bousquet sur Tocsin pour évoquer avec lui l’état crépusculaire de notre classe politique.

    Journaliste, directeur de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020), Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020) et Alain de Benoist à l'endroit - Un demi-siècle de Nouvelle Droite (La Nouvelle Librairie, 2023).

     

                                                  

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  • Géopolitique des montagnes...

    Le nouveau numéro de la revue Conflits (n°55, janvier - février 2025), dirigée par Jean-Baptiste Noé, vient de sortir en kiosque. Le dossier central est consacré à la géopolitique des montagnes.

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    ÉDITORIAL

    L'innovation, fondement de la puissance, par Jean-Baptiste Noé

    CHRONIQUES

    LE GRAND ENTRETIEN

    L’Égypte au cœur du cyclone. Entretien avec Tewfick Aclimandos

    IDÉES

    Vie et mort du Baas(isme), par Tigrane Yégavian

    PORTRAIT

    Pete Hegseth, chef de guerre antiwoke au Pentagone ?, par Alexandre Mendel

    ENJEUX

    Qui est al-Joulaini, le nouveau maître de la Syrie ?, par Gil Mihaely

    Le miracle hongrois du Mathias Corvinus Collegium, par Ophélie Roque

    Aperçu préliminaire de la violence politique dans le Caucase, par Hervé Théry et Daniel Dory

    L'Iran est-il condamné ?, par Tigrane Yégavian

    La corne du croissant. La Turquie et l'Afrique orientale (1940), par Tancrède Josseran

    La France volerait-elle le sexe des Africains ?, par Jean-Baptiste Noé

    Turquie / Syrie. Vers un chaos constructif ?, par Tigrane Yégavian

    Reportage avec la brigade du génie à Angers, par Guy-Alexandre Le Roux

    GRANDE STRATÉGIE

    Faire la guerre en montagne, par Gaëtan Dubois

    HISTOIRE BATAILLE

    La Berezina (26-29 novembre 1812). La victoire invisibilisée, par Pierre Royer

    DOSSIER

    Montagne

     

    GÉOPOLITIQUE ET ENTREPRISE

    RIEN QUE LA TERRE

    LA FRANCE EN CHIFFRES

    CARTE MAÎTRESSE

    REPORTAGE

    ART ET GÉOPOLITIQUE

     

     

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  • De l’eugénisme au transhumanisme : un futur déjà écrit ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Nicolas Degroote cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré aux questions de l'eugénisme et du transhumanisme.

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    De l’eugénisme au transhumanisme : un futur déjà écrit ?

    L’eugénisme a été fréquent et ouvertement pratiqué dans la plupart des civilisations. L’Europe catholique – plus que protestante – fut une notable exception. Aussi n’est-il pas étonnant que la modernité sécularisée provoque un retour de l’eugénisme. Cependant, cet eugénisme moderne est très différent des eugénismes anciens. Utérus artificiels, bébés génétiquement modifiés, implants neuronaux, exosquelettes… Demain est déjà là.

    À partir du XVIIIe siècle réapparaissent en Europe des revendications eugénistes. Condorcet par exemple propose de perfectionner l’espèce humaine comme on améliore le bétail. Le mot lui-même n’apparaît qu’en 1883, forgé par Francis Galton, cousin de Darwin, du grec eu (« bien ») et gennaô (« engendrer »). L’idéologie eugénique se répand vite et on ne compte plus les scientifiques, les prix Nobel, les hommes d’État et les institutions le prônant et le mettant parfois en pratique, dans des campagnes de stérilisations forcées par exemple.

    Tout change lorsque les nazis appliquent brutalement ce programme. L’eugénisme fut alors très mal vu dans l’opinion publique. Pour sortir de cette impasse, Julian Huxley et Pierre Teilhard de Chardin proposèrent en 1957 de remplacer le mot eugénisme par celui de transhumanisme. Depuis, ce qu’on appelle transhumanisme est en réalité l’eugénisme moderne.

    L’eugénisme est d’abord négatif. Autrefois, on se débarrassait des enfants qui ne plaisaient pas après leur naissance : c’était l’exposition. Aujourd’hui, on se débarrasse également des enfants qui ne plaisent pas, mais avant la naissance. Les progrès des échographies ont permis d’éliminer 97 % des trisomiques. La procréation médicalement assistée (PMA) est au cœur de l’eugénisme. Pour faire une fécondation in vitro (FIV), on crée plusieurs embryons, en général cinq, parfois jusqu’à trente. Avant l’implantation dans l’utérus de la mère, on scanne tous ces embryons, c’est le diagnostic préimplantatoire qui permet de choisir l’embryon dont le profil génétique plaît le plus. Les embryons surnuméraires, les enfants à naître qui ne plaisent pas, sont éliminés. Certains sont utilisés pour faire des expériences. D’autres servent de matière première pour leurs cellules souches si convoitées par les bio-ingénieurs et l’industrie cosmétique.

    La FIV, c’est 3 % des naissances en France, ce qui est peu. Mais c’est en croissance de 10 % par an, ce qui est beaucoup. Les spécialistes situent le point de bascule vers 2045 : c’est alors que la majorité des enfants naîtra par PMA. La reproduction artificielle, donc le tri des embryons, va rapidement devenir la norme.

    Humains à la carte

    Ce qui va bientôt arriver, c’est l’ectogenèse, l’utérus artificiel. Les embryons fabriqués in vitro ne seront plus implantés dans le ventre d’une femme, mais dans une espèce de bocal où le fœtus se développera. La procréation n’impliquera plus la grossesse. Bientôt commencera le monde sans mères des enfants de la machine. L’ectogenèse est presque au point, la GPA est donc déjà obsolète. Si l’on ajoute qu’il est désormais possible de fabriquer les gamètes mâle et femelle nécessaires à la FIV à partir de cellules de la peau, alors on obtient la possibilité d’une procréation pour les homosexuels ou les célibataires. Enfanter n’est plus le monopole des couples hétérosexuels. Le wokisme est une des faces de l’eugénisme moderne.

    L’eugénisme n’est pas seulement négatif (on élimine), il est aussi positif. Autrefois, on tentait de réserver les femelles aux meilleurs reproducteurs, par exemple avec la polygamie qui prive de femmes beaucoup d’hommes inférieurs au bénéfice du sérail des mâles dominants. Désormais, la technologie permet d’aller beaucoup plus loin. On intervient dans le processus de procréation pour optimiser les bébés par des manipulations génétiques. L’invention révolutionnaire des ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 permet tous les couper-copier-coller d’ADN que l’on souhaite. Il ne s’agit plus seulement de choisir la couleur des yeux, le sexe ou la taille du bébé, mais l’objectif est de déterminer toutes ses caractéristiques, y compris son QI. La loi de bioéthique de 2021 autorise même les recherches sur les chimères, les hybridations homme-animal.

    Les bébés génétiquement modifiés (BGM) ne sont pas de la science-fiction. Les premiers ont été fabriqués en Chine en 2018, modifiés pour échapper au SIDA. Passée une indignation de façade, les autres pays ont retroussé leurs manches pour ne pas prendre de retard. Les chimères existent déjà également. Entre autres monstres, on trouve la fleur de Kac avec du sang humain à la place de la sève, un lapin croisé avec une méduse pour être fluorescent, un rat avec une oreille humaine dans le dos.

    Télécommander le vivant

    L’eugénisme technologique moderne n’est pas seulement négatif (le tri des embryons) et positif (les BGM), il est aussi continu. Ce n’est pas seulement lors de la conception mais pendant toute l’existence qu’on peut améliorer l’homme. Pour cela, on l’hybride avec la machine. C’est désormais possible grâce à la convergence NBIC qui combine les percées de quatre technologies révolutionnaires : les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives.

    Ce n’est pas de la plaisanterie. L’Europe a investi entre 2014 et 2020 pas moins de 79 milliards d’euros dans le programme de recherche NBIC dénommé KET, investissement évidemment très inférieur à ceux des Américains ou des Chinois. Les progrès sont fulgurants. Grâce à des implants cérébraux, un singe téléguide par la pensée un bras mécanique. Le lien cerveau-machine fonctionne également dans l’autre sens : il existe un rat télécommandé. En pianotant sur un ordinateur, on le fait aller et venir comme on veut. La société d’Elon Musk, Neuralink, a commencé d’implanter des humains et vient d’annoncer qu’un de ses cobayes était capable de manipuler par la pensée une souris d’ordinateur.

    L’eugénisme moderne, que l’on nomme désormais le transhumanisme, procède donc par le tri des embryons, les modifications génétiques et l’hybridation homme-machine. Un discours bienveillant prétend vouloir éliminer les maladies, mais en réalité c’est d’augmentation et non de thérapie qu’il s’agit. 15 % des FIV en France ont déjà lieu sans raison thérapeutique, uniquement pour bénéficier du tri des embryons. L’artificialisation de la procréation permet également sa marchandisation.

    Cette augmentation de l’homme n’a rien à voir avec les améliorations anciennes des arbres ou du bétail, qui procédaient par sélections et croisements. Le cheval et l’âne sont des espèces interfécondes, ce qui donne un mulet. Mais le lapin et la méduse, l’homme et la machine ne sont pas interféconds. La technique force la nature à sortir du cercle de son possible et contraint les cellules à produire ce qu’elles n’auraient jamais produit par elles-mêmes. L’homme est considéré comme une matière première muable, liquide, sans consistance, sans essence, sans nature et sans finalité, que l’on peut modifier à sa guise. L’homme n’est que pâte à modeler, indéfiniment manipulable. Tel est le credo cybernétique forgé dans les années 40 par Norbert Wiener et appliqué à la biologie depuis Schrödinger.

    Homo deus

    Le transhumaniste veut se créer lui-même, faire de lui tout ce qu’il voudra. Il se veut causa sui et rêve de se faire immortel, toujours jeune et beau, super-intelligent et doté de superpouvoirs. Il utilise la science pour faire de lui un dieu. C’est exactement le mensonge du serpent au jardin d’Éden : si vous goûtez du fruit de l’arbre de la connaissance, vous serez comme des dieux. Le transhumanisme est l’accomplissement du péché originel.

    L’eugénisme moderne a le même objectif que l’eugénisme archaïque, améliorer l’homme, mais de tout autres moyens technologiques qui lui permettent de l’améliorer en le modifiant. La conséquence est immense. Le transhumanisme mène à l’avènement d’une nouvelle espèce, un posthumain produit par la technique. Le transhumanisme, c’est le grand remplacement du naturel par l’artificiel, du spontané par le planifié, de l’homme par le cyborg. Évidemment, les progrès techniques rapides impliqueront pour les posthumains des mises à jour fréquentes. Le transhumanisme prétend nous libérer de la nature et de ses contraintes, mais au prix d’un asservissement à la technique et aux multinationales qui en disposent.

    On n’échappera pas à cette bascule anthropologique inouïe. D’abord parce que les ingénieurs ravis de procéder à l’ingénierie du vivant, les banquiers salivant devant d’immenses profits, les militaires et les hommes d’État avides de puissance font tout pour l’imposer. Un sondage en 2016 a révélé que 72 % des Français jugent le transhumanisme et l’homme augmenté comme une bonne chose. Ensuite parce que la fertilité masculine s’effondre en raison de la pollution industrielle. Elle a chuté de 60 % entre 1973 et 2011, chute qui s’accélère et se mondialise. Tout porte à croire qu’il deviendra dans quelques décennies difficile d’enfanter sans PMA. Enfin, le transhumanisme sera obligatoire, non parce qu’il sera imposé par des États totalitaires, mais parce qu’il sera imposé par le marché. Demain, qui trouvera un emploi s’il ne dispose de dispositif de cognition augmentée (pour les cadres) ou d’exosquelette (pour les ouvriers) ? Le transhumanisme aujourd’hui naissant est voué à s’imposer aussi inéluctablement que les smartphones. On ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher, sinon peut-être la fin du système technocapitaliste que provoquerait l’effondrement écologique.

    Les gueux ou les réfractaires qui ne s’augmenteront pas deviendront des sous-hommes superflus, menacés d’extinction si la fertilité continue de chuter. Cela fera les affaires des augmentés : le trognon de Terre restant n’a pas besoin de bouches inutiles. Ray Kurzweil, ponte du transhumanisme et responsable de l’IA chez Google, l’a clairement dit dans Libération : « Il y aura des gens implantés, hybridés, et ceux-ci domineront le monde. […] Ceux qui décideront de rester humains et refuseront de s’améliorer auront un sérieux handicap. Ils constitueront une sous-espèce et formeront les chimpanzés du futur. »

    Nous sommes les derniers des humains.

    Nicolas Degroote (Site de la revue Éléments, 27 décembre 2024)

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