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Métapo infos - Page 286

  • Friedrich List et l'économie politique des nations...

    Les éditions de L'Esprit du temps viennent de publier un essai d'Yves Perez intitulé Friedrich List et l'économie politique des nations, avec une préface de Jacques Sapir. Décédé au début de cette année, Yves Perez était économiste, professeur de la faculté de droit, d'économie et de gestion de l'Université Catholique de l'Ouest à Angers et enseignait également aux écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan. Il a publié plusieurs livres, dont Les vertus du protectionnisme (L'Artilleur, 2020) et Protéger ou disparaître - Le débat français sur le protectionnisme (Perspectives Libres, 2021).

     

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    " Parce qu'il a vécu dans l'Allemagne de la première moitié du XIXè siècle, pays pauvre et en retard, List a magistralement compris le dilemme des pays émergents. Soit ces pays imitent l'économie du pays dominant, acceptent le jeu du libre-échange et ils tombent dans une dépendance sans cesse accrue à l'égard du monde extérieur. Soit ils s'efforcent de se frayer une voie originale vers le développement en préservant leur souveraineté. Pour y parvenir, il est nécessaire que ces pays rompent avec la vulgate libre-échangiste et mondialiste en s'appuyant sur le rôle de l'Etat développeur et du protectionnisme éducateur. Depuis un siècle et demi, tous les pays émergents comme l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et le Japon à la fin du XIXe et durant le XXe siècle, ont emprunté ce chemin, suivis ensuite par les pays du Sud-Est asiatique et, enfin, par la Chine aujourd'hui. Ce livre comporte quatre parties principales : La première porte sur List et sa théorie du développement économique des nations. La seconde traite de l'influence de la pensée de List à l'ère des nationalismes économiques (1870-1945) La troisième aborde la question de l'influence de la pensée de List à l'ère des indépendances et des décolonisations. La quatrième partie étudie l'actualité de la pensée de List à l'ère de la démondialisation et du retour des nations. Elle constitue le prélude à l'élaboration d'une économie politique des nations adaptée à notre temps. "

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  • Les ados trans, abus transsexuel sur mineur !...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François Bousquet cueilli sur le site de la revue Éléments et consacré la mode de la transsexualité chez les adolescentes.

    Journaliste, rédacteur en chef de la revue Éléments, François Bousquet a aussi publié Putain de saint Foucauld - Archéologie d'un fétiche (Pierre-Guillaume de Roux, 2015), La droite buissonnière (Rocher, 2017), Courage ! - Manuel de guérilla culturelle (La Nouvelle Librairie, 2020) et Biopolitique du coronavirus (La Nouvelle Librairie, 2020).

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    Les ados trans, abus transsexuel sur mineur

    Ce samedi, avait lieu la Marche des fiertés LGBT. Arrêtons-nous sur le «T», pour trans et pour testostérone. La testostérone, c’est le choix que font de plus en plus de jeunes adolescentes… dont elles se repentiront adultes.

    Il y a 80 ans, Henry de Montherlant publiait son prodigieux cycle sur Les Jeunes Filles. Une charge de cavalerie contre le beau sexe, injuste, féroce, réjouissante. Elle serait aujourd’hui impubliable pour un tas de raisons. La première d’entre elles, c’est que les jeunes filles en question veulent devenir des garçons. Convenons que la chose n’aurait pas déplu à Montherlant.

    Gender fluid, c’est la nouvelle mode qui fait fureur dans les cours d’école. Adieu la mélancolie de La Dame aux Camélias, finie l’hystérie du docteur Charcot, dévaluée l’anorexie des défilés de mode. Chaque époque développe son propre mal du siècle : au XXIe, ce sont les troubles dans le genre – la dysphorie de genre, si vous préférez, en charabia LGBT, qui attend son Molière pour l’épingler.

    De jeunes elfes et de vieux orques

    Autrefois, la transsexualité était surjouée, elle relevait du folklore homosexuel. Michou et son cabaret. Michel Serrault et La Cage aux folles couinant après son Renato d’amour sorti d’on ne sait quel musée Grévin du travestissement. On était au théâtre, aujourd’hui on est dans Halloween ou un film de zombie. Le 26 mars 2021, le monde entier, médusé, découvrait les frisottis capillaires de la nouvelle secrétaire adjointe à la Santé de l’administration Biden, Rachel Levine, la première transgenre de l’histoire américaine à ce niveau de pouvoir. Rachel Levine appartient encore au monde de La Cage aux folles. C’est une grosse citrouille fripée coiffée d’une perruque qui tient plus du joint de plomberie en filasse que des modèles en vigueur dans les cours européennes au XVIIIe siècle. Autre signe particulier : elle fait peur aux enfants, ce que sa profession n’indique pas d’emblée : la dame était pédiatre avant d’être ministre.

    Jeunes, les trans ressemblent à des elfes ; vieux, à des orques, elfes déchus. Laissons à Rachel Levine le soin de s’occuper des orques et concentrons-nous sur les elfes innocents. Leur modèle, c’est la comédienne Elliot Page devenue garçon, aussi lisse qu’un androïde, aussi impubère qu’un visage de manga. C’est l’esthétique Pokémon à l’heure de sa reproductibilité cosmétique et hormonale.

    Pour la première fois, une enquête fouillée fait le point sur ce phénomène qui suit une courbe épidémique. Son titre ? Dommages irréversibles. Comment le phénomène transgenre séduit les adolescentes, aux éditions du Cherche Midi. Elle est signée Abigal Shrier, journaliste au Wall Street Journal, et a valu à son auteur une belle campagne de dénigrement aux États-Unis. Abigal Shrier n’est pourtant pas un vieux chaperon austère qui veut mettre une ceinture de chasteté aux jeunes filles. Ce sont d’ailleurs les jeunes filles qui enfilent d’elles-mêmes ces nouvelles ceintures de chasteté : shoots hormonaux, stérilisation, ablation ou mutilation irréparable de l’appareil génital.

    La « T » = la testostérone

    Que nous apprend Abigal Shrier ? Que la dysphorie de genre est une construction sociale. Les médecins évoquent un phénomène de contagion par les pairs. Les filles qui veulent transitionner le font en groupe. Ultraconnectées, elles découvrent derrière leur écran ce qu’elles croient être la vraie vie. La fragilité psychique de ces ados est le revers de la surprotection des parents, majoritairement des familles blanches politiquement progressistes de la classe moyenne supérieure américaine. Ces jeunes filles, qui ont pourtant reçues une éducation très libérale, ne connaissent rien au sexe. Elles observent les transformations de leur corps avec angoisse au moment de la puberté, avec le sentiment d’habiter un corps étranger, comme une chrysalide libérée de son cocon. Comment ces filles pourraient-elles avoir le corps de Kim Kardashian, les yeux de Rihanna et la voix de Beyoncé dont on les gave depuis l’enfance ? Im-pos-si-ble. Il ne leur reste qu’une option : ne pas être. Car les filles qui transitionnent ne veulent même pas devenir des garçons. Leur objectif, c’est cesser d’être des filles. Elles téléchargent leur identité sur Internet, avant de l’expérimenter pour de bon dès l’âge de 12 ans, le seuil à partir duquel on peut transitionner en Californie, sans l’autorisation des parents, cela va sans dire, même si c’est mieux en le disant.

    La théorie du genre et la transidentité sont enseignées dans les écoles, supports pédagogiques à l’appui. Les parents qui osent s’en indigner voient une armée de cyberactivistes trans leur tomber dessus. Un grand classique. Les parents ont l’impression que leur enfant a rejoint une secte dont les gourous sont des youtubeurs qui vendent aux ados les mirages d’un produit dopant : la « T », pour la testostérone.

    « Nous sommes entrés dans une ère de “solutions miracles”, résume Abigal Shrier. La Ritaline pour l’inattention, les opioïdes pour la douleur, le Xanax pour le stress, le Lexapro pour la dépression, la testostérone pour la puberté féminine. »

    Ne donnez pas de smartphone à votre enfant !

    Les médecins sont sommés d’accompagner l’autodiagnostic de dysphorie de genre établi par des patientes qui ont 13 ou 14 ans. On parle alors de « soins affirmatifs ». En gros, les médecins doivent abonder dans le sens des jeunes filles, faute de quoi ils sont accusés de transphobie. Tel est le standard médical américain.

    Imaginons une ado qui va voir son médecin parce qu’elle se prend pour un canidé :

    – Docteur, docteur, je suis un chien !

    – Ah bon, mademoiselle, je croyais que vous étiez une jeune fille ! Mais bon puisque vous vous considérez comme un chien, je vais vous prescrire des croquettes !

    Voilà en quoi consiste cet autodiagnostic. C’est une thérapie dite affirmative. Le médecin n’est là que pour dire à l’enfant : « Oui, tu es un chien et je fais te faire illico, pour ne pas être harcelé, une demande de prise en charge pour tes croquettes. Tes croquettes seront gratuites et tes parents n’en seront rien ! »

    Voilà où nous en sommes. Les croquettes, c’est la Testostérone.

    On a beaucoup glosé sur les affaires de pédophilie et la permissivité des années 1970, mais que dire de la vogue des enfants transgenres ? « Dans vingt ans, s’alarme un psychothérapeute, nous repenserons la ruée vers le changement du sexe de nos enfants comme l’un des chapitres les plus sombres de la médecine. »

    Freud disait : « L’anatomie, c’est le destin ». N’en aurions-nous plus, ni anatomie ni destin, sinon celui tout tracé de l’indifférenciation sexuelle. Plus d’organes, ni d’orgasme. Thèse, antithèse – la synthèse, c’est la prothèse. Ni homme, ni femme, rien de plus qu’une chimère, en attendant le cyborg que nous promettent les gourous de la Silicon Valley.

    Parents, si vous voulez éviter ce futur, suivez scrupuleusement les 7 conseils que donne Abigal Shrier.

    1°) Ne donnez pas de smartphone à votre enfant !

    2°) Ne renoncez pas à votre autorité de parent !

    3°) Ne cautionnez pas l’idéologie du genre dans l’éducation de votre fille !

    4°) Protégez la vie privée de votre famille !

    5°) Envisagez des mesures extrêmes pour éloigner votre fille du danger !

    6°) Arrêtez de pathologiser l’enfance des filles et rappelez-leur, 7°), qu’il est merveilleux d’être une fille !

    Et soyez sûr que votre enfant ne vous remerciera jamais assez quand il aura 20 ans !

    François Bousquet (Site de la revue Éléments, 29 juin 2022)

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  • Territoires ?...

    Le numéro 52 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, avec pour rédacteur en chef David L'Epée, vient de paraître. Cette nouvelle livraison est consacrée aux territoires...

    Vous pouvez commander ce nouveau numéro sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

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    Au sommaire de ce numéro :

    Olivier Eichenlaub / Culture et territoire, aux origines de la géopolitique
    Henry War / Le goût du territoire comme subsumation et comme annihilation
    Guillaume Travers / De la déterritorialisation de la richesse à la déterritorialisation de la terre
    Raphaël Juan / Semailles pour la fin des temps
    Jean-Philippe Antoni / Du biotope au territoire, une définition écologique de l’habitat
    David L’Épée / L’urbanisme au coeur des utopies
    Michel Lhomme / Du cauchemar climatisé du monde confiné à une politique esthétique de l’immense
    Éric Maulin / De la mondialisation à la relocalisation
    Document – Friedrich Hölderlin / Tout comme au jour de fête…
    David Cumin / Carl Schmitt et la géopolitique, la théorie du Großraumordnung
    Grégory Aymé & Jean-Philippe Antoni / Face à l’adversaire, la dimension cachée du territoire
    Denis Collin / Les territoires contre la République
    Jean-Paul Brighelli / De la responsabilité de l’école dans les dérives communautaristes
    Fabien Niezgoda / L’espace au Moyen-Âge, entre polarisation et territorialisation
    Jean-François Thull / La Grande Région, un reliquat lotharingien ?
    Laurent Schang / Nostalgie des garde-frontières
    Jacob Cohen / Une terre, un peuple : le sionisme a-t-il échoué ?
    Rémi Soulié / Les hauts lieux
    Texte – Carl Schmitt / L’homme est un être terrestre
    Les auteurs du numéro
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  • La vérité du terrain...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien donné par Régis Le Sommier à Jean-Baptiste Noé, pour la revue Conflits, afin d'évoquer son livre La vérité du terrain - Récits d'un reporter de guerre (Bouquins, 2022). Régis Le Sommier a été grand reporter à Paris Match, puis directeur adjoint de ce journal.

     

             

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  • Youri Gagarine, l'ange du prolétariat...

    Les éditions 21G viennent de publier une bande-dessinée du scénariste Alex Nikolavitch et du dessinateur Félix Ruiz consacrée au héros de la mission Vostok 1 et intitulée L'ange du prolétariat - Une vie de Youri Gagarine.

     

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    " « C'est magnifique, quelle beauté ! » 12 avril 1961, Youri Gagarine, à l'origine simple ouvrier mécanicien, entre dans l'histoire comme le premier humain dans l'Espace. Derrière cet homme seul qui tourne autour de la Terre, des équipes de scientifiques hors du commun ont été mobilisées dans le plus grand secret. Choisi pour incarner le triomphe du communisme au temps de Nikita Khrouchtchev, Youri Gagarine va devenir à ce point célèbre qu'il lui sera interdit de retourner dans l'Espace par peur d'un accident fatal... "

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  • « Blanquer et Ndiaye partagent l’un et l’autre la matrice libérale »...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Ambroise Tournyol du Clos à Boulevard Voltaire pour évoquer la situation de l'éducation nationale. Professeur agrégé d'histoire, Ambroise Tournyol du Clos a publié Transmettre ou disparaître - manifeste d'un prof artisan (Salvator, 2021).

     

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    Ambroise Tournyol du Clos : « Blanquer et Ndiaye partagent l’un et l’autre la matrice libérale »

    Qu'avez-vous pensé des deux controverses autour du bac, cette année ? Est-ce anecdotique ou révélateur ?

    Ambroise Tournyol du Clos. L’anecdote, si elle n’est pas traitée comme telle, c’est-à-dire de manière superficielle, a toujours de quoi nous enseigner sur une époque. À ce titre, le bac 2022 offre à notre réflexion quelques indices éloquents des grandes difficultés auxquelles est aujourd’hui confrontée l’Éducation nationale. L’un des sujets du bac de français en lycée professionnel a semé le doute et, sur les réseaux sociaux, l’indignation et la zizanie : « Selon vous, le jeu est-il toujours ludique ? » Que des élèves de première aient pu se heurter au sens du mot « ludique » est d’abord d’une cruelle ironie. Car, au fond, quel mot résume mieux que celui-ci les canons actuels de la pédagogie et l’ambiance à laquelle ils ont été confrontés durant une bonne partie de leur scolarité. Ayant passé par pertes et profits tout désir sérieux de transmission d’une culture exigeante, les inspecteurs en visite dans ces classes s’inquiètent d’abord de savoir si le cours est suffisamment ludique. Qu’on leur indique alors un serious game, une classe inversée et transversale, l’intervention de comédiens ou une séance de ciné et l’on sera quitte de leurs attentes didactiques ! Le sujet ne manquait pourtant pas de saveur, mais seule une pédagogie sérieuse pouvait préparer nos impétrants à approfondir la question du jeu.

    L’autre controverse liée au bac concerne l’extrait d’un roman de Sylvie Germain, Jours de colère, publié en 1989, et qui, après avoir rencontré l’incompréhension d’une partie des lycéens, a littéralement déchaîné les passions tristes sur les réseaux sociaux : « Car tout en eux prenait des accents de colère, même l’amour. Ils avaient été élevés davantage parmi les arbres que parmi les hommes, ils s’étaient nourris depuis l’enfance des fruits, des végétaux et des baies sauvages qui poussent dans les sous-bois et de la chair des bêtes qui gîtent dans les forêts. » Comment ne pas tirer d’étroite correspondance entre l’énumération sauvage et poétique de ce texte et le défoulement verbal, creux et barbare qu’il a suscité ?
    Privés de mots autant que de liberté intérieure, les insurgés de et d’Instagram illustrent de manière exemplaire la crise de la culture dans laquelle nous sommes plongés. Celle-ci est d’abord une crise de l’attention et de la lecture – j’entends des classiques, parce qu’on me rétorquera bien vite que les ados n’ont jamais autant lu -, pulvérisée par les écrans et la littérature bas de gamme (mangas), en famille comme à l’école. Il nous faut retrouver le chemin des humanités. La formation du cœur et de l’intelligence ne peut se passer de cette révérence ressentie à la lecture des grands textes de la littérature et de la philosophie comme à travers chaque discipline qui se donne la peine de dévoiler le sens du monde et de la vie. Là, dans l’étrangeté belle et irréductible des dialogues socratiques, de la tragédie classique ou de l’histoire médiévale, l’élève est appelé à se dessaisir de lui-même, de ses opinions comme de ses sentiments les mieux fondés, pour découvrir l’intelligence qui le précède et qui désormais l’oblige. « La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la dépassent ; elle n’est que faible, si elle ne va pas jusqu’à connaître cela », écrit Pascal.

    Le choix de Pap Ndiaye au ministère de l'Éducation nationale a fait beaucoup gloser. Vous a-t-il étonné ? 

    A. T. du C. Comme tout le monde, j’ai été dans un premier temps surpris par cette nomination. On pouvait difficilement imaginer contraste idéologique plus accusé avec son prédécesseur Jean- Blanquer. Il m’est pourtant apparu très vite qu’il s’agissait d’une manœuvre politique dont les conséquences institutionnelles seraient quasiment nulles, en somme une rupture en trompe-l’œil.

    On s’est abondamment inquiété, et l’on a eu raison de le faire, des positions intellectuelles du nouveau ministre de l’Éducation nationale. Tenant des Black studies, qui transfèrent le principe de la lutte des classes dans le domaine des identités ethniques, Pap Ndiaye n’a pas manqué de prendre position à diverses reprises sur la question postcoloniale et d’afficher sa sympathie pour les militants woke issus du courant américain Black Lives Matter.

    Néanmoins, sur le fond, la rupture est sujette à caution. Si Blanquer a tenu un discours conservateur sur la question scolaire, ses mesures ont largement contribué à la dégradation d’une école qui n’allait déjà pas bien. À rebours du bon sens affiché, les politiques éducatives des cinq dernières années ont paru creuser le désastre. La réforme du lycée a détruit la logique de la classe au profit d’innombrables groupes de spécialités qui se croisent sans se connaître. La relation pédagogique en sort profondément affectée, l’individualisme renforcé. Quant au niveau, le hiatus est considérable entre les ambitions démesurées des nouveaux programmes de Spé et les lacunes dont souffrent de nombreux élèves dans la maîtrise des savoirs fondamentaux.
    Sous couvert de générosité, le discours lénifiant sur « l’école inclusive » ajoute encore un élément de complexité à notre institution scolaire déjà bien mal en point : il conforte la médicalisation des difficultés scolaires, contribue à la déresponsabilisation de nos élèves et force les professeurs à multiplier les aménagements spécifiques de manière souvent dérisoire. Loin d’avoir été revalorisée, la carrière enseignante a par ailleurs continué à se prolétariser : le recrutement de professeurs contractuels n’a cessé d’augmenter, fragilisant la profession autant que la transmission. Le métier n’attire plus, comme en témoigne la baisse inquiétante du nombre de candidats au CAPES. Enfin le bac, comme examen national et anonyme, a été largement détricoté et remplacé par un dispositif anxiogène et complexe. Le contrôle continu jette nos élèves dans l’angoisse dès le premier jour de l’année et pousse de nombreux collègues à ajuster leurs notes à la demande des familles. L’algorithme Parcoursup impose sa loi d’airain, utilitariste, aux apprentissages scolaires : passés les vœux au mois de mars, de nombreux élèves, qui se sentent quitte vis-à-vis de l’école, prennent la poudre d’escampette ou multiplient plus discrètement les absences perlées. Quant aux trois galops d’épreuves restants (spécialités, philosophie, grand oral), leur dispersion de mars à juillet rend l’année scolaire illisible.

    Blanquer et Ndiaye ont beau se distinguer sur la forme, le premier affectant un discours conservateur sur la transmission, le second un discours émancipateur issu des post-colonial studies; ils partagent l’un et l’autre la matrice libérale qui commande aujourd’hui notre institution. Selon cette logique, l’école est sans cesse sommée de s’adapter aux évolutions du moment, ce qui suppose à la fois d’encourager la compétition et de vanter la diversité, à défaut de réduire les inégalités dont le marché du travail sait bien se satisfaire.
    Rupture en trompe-l’œil avec l’ère Blanquer, censément conservatrice, la nomination de Pap Ndiaye est une belle ruse politique d’Emmanuel Macron. Inattaquable par la droite, au nom de l’épouvantail antiraciste, adulé par la gauche qui s’empressera de partager son wokisme, le nouveau ministre pourra poursuivre en toute impunité le processus de libéralisation et de bureaucratisation de l’école, engagé depuis bien longtemps.

    Une récente note des renseignements généraux a fait remonter de nombreux incidents au collège liés « aux vêtements religieux ». Parallèlement, une école de a concentré sur elle les feux médiatiques en interdisant le port de la jupe à deux petits garçons. Faites-vous un lien entre ces deux événements ?

    A. T. du C. Ces deux événements relèvent de deux logiques contradictoires qui traversent aujourd’hui la et dont l’école constitue à la fois la caisse de résonnance et le point de crispation. D’une part, l’extension du communautarisme musulman, qui se traduit notamment par la multiplication des signes d’appartenance religieuse. D’autre part, l’extension infinie des droits individuels, en particulier dans le domaine de la morale sexuelle. Loin de répondre à ces défis, l’Éducation nationale, gouvernée à la fois par le principe d’ et l’idéal multiculturaliste, se targue de pouvoir faire se tenir côte à côte toutes les composantes de la nation sans les contraindre à ne rien sacrifier de leurs identités particulières. En témoigne la circulaire Blanquer relative aux élèves transgenres (octobre 2021). Le libéralisme moral sur lequel la modernité s’est fondée renonce à définir le bien commun. L’intérêt général suffit, qui renvoie chacun à son indépendance individuelle. L’expérience de l’altérité et l’acceptation de contraintes que nous n’avons pas choisies nous offrent pourtant la plus haute des libertés : conquise par le détour d’un arrachement à soi, la liberté nous est restituée, plus complexe et plus vraie, à travers la relation à l’autre. Nous voudrions aujourd’hui faire l’économie de cet effort dont nous ne percevons plus la nécessité sans voir que ce refus met en péril la communauté politique. L’École devrait, bien au contraire, se donner les moyens d’assumer un discours de sens et de responsabilité capable d’offrir à nos élèves l’horizon du Bien, du Beau et du Vrai.

    Ambroise Tournyol du Clos (Boulevard Voltaire, 26 juin 2022)

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