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Métapo infos - Page 1735

  • A propos d'une re-re-re-diffusion...

     

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    Shoah, le film de Claude Lanzmann repasse une nouvelle fois sur Arte ce soir. Ce ressassement des "heures les plus sombres" de l'histoire européenne finit par devenir un rien morbide, à force... Dans son livre Le XXe siècle à l'écran, paru aux éditions du Seuil en 2004, l'historien israélien Shlomo Sand éreintait la fresque lanzmanienne, que tout le monde se voit sommé d'admirer. Dans une note de bas de page, il ajoutait, par ailleurs ceci :

    " C'est l'occasion de rappeler une information qui n'a pas retenu l'attention du public en son temps, mais n'a pas été démentie :  « L'idée du film a été avancée par le chef du département de l'information du ministère des Affaires Etrangères [israélien], à la veille de la campagne électorale de 1977. Le ministère était intéressé à produire un film d'information historique et s'adressa à Lanzmann pour le faire. Pour éviter qu'il ne soit perçu comme un film de propagande israélien, le financement du metteur en scène fut transféré via une société fictive créée à l'étranger à cet effet », Yoram Yarkoni, « Shoah privée» (en hébreu), Kol Hair, n°476, 23 octobre 1987. Je remercie Levana Frenk de m'avoir communiqué cette information. Frenk traite des questions relatives à la production du film Shoah dans sa thèse de doctorat, en préparation."

    L'information est encore plus intéressante quand on se souvient que le même Lanzmann a aussi réalisé en 1994 Tsahal, un film à la gloire de l'armée israélienne...

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  • Résolument a-croissant !

    A l'occasion de la sortie d'un numéro hors-série (janvier-février 2010) du mensuel Sciences et Avenir, intitulé Vivre autrement, Pierre le Vigan, collaborateur régulier de la revue Eléments, réaffirme ses positions sur la décroissance et le développement durable.

     

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    Résolument a-croissant.

     Alain Grandjean est spécialiste de l’impact du carbone sur l’environnement. Il explique : « (...) je ne parle pas de « croissance verte ». Cette expression laisse croire que les technologies vertes ou alternatives résoudront le problème. Mais ca ne suffit pas. La première chose à faire, c’est la sobriété et l’efficacité énergétique. En fait, je n’utilise ni le terme de croissance ni celui de décroissance : il peut y avoir une croissance souhaitable (de l’emploi ou de la qualité de la vie par exemple) et une décroissance souhaitable (de produits énergivores). Tout ne passe pas par la sobriété et toute solution n’est pas que technologique. » (Sciences et avenir, hors série Climat. Vivre autrement, janvier-février 2010). De son coté, Jacques Le Cacheux, économiste à l’OFCE écrit : « (…) je ne crois pas à l’idée de décroissance. Cette notion est judicieuse s’il s’agit de nous faire sortir d’un système qui essaie de nous convaincre de consommer toujours plus, un système trop gourmand en énergie et en matières premières et qui engendre des gaspillages éhontés. En revanche, si on prend au pied de la lettre le mot d’ordre de décroissance, on bute rapidement sur la difficulté du partage. » (Sciences et avenir, op. cit.). Enfin, Serge Latouche, économiste et anthropologue, résume fort bien le caractère de slogan qui ne peut être pris au pied de la lettre de la notion de décroissance : « La décroissance c’est d’abord un slogan provocateur. Si l’on y réfléchit la position qui consisterait à vouloir « décroitre pour décroitre » est ridicule, indéfendable. Mais moins que la proposition inverse, « croitre pour croitre ». La décroissance est donc une manière de critiquer la théologie de la croissance dans laquelle nous vivons. Dans un sens, je suis « a-croissant » comme il y a des athées. » (Sciences et avenir, id.). C’est bien ainsi que la Nouvelle droite, ou les « Alter-Européens » selon l’excellente expression de Frédéric Pichon, doit se positionner, au carrefour de la phronesis (la prudence, la mesure) et de l’esprit d’ambition et de construction qui est celui de l’aventure européenne. Ni croissance indéfinie et sans axe, ni décroissance pour la décroissance (comme si « moins » était toujours mieux). Résolument a-croissant. C’est ce que nous avions expliqué dés 2008 dans l’article ci-après dont nous reprenons les principaux passages.

    Pierre Le Vigan

     

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     Pour un développement vraiment durable

    Nous vivons dans une curieuse société : les élites sont bilingues français-anglais – mais, au vrai, elles parlent de moins en moins bien le français (aucun homme politique ou presque ne sait plus écrire comme écrivait François Mitterrand ou Edgar Faure). Dans le même temps les travailleurs manuels sont de plus en plus issus – surtout dans les grandes métropoles - de l’immigration, ce qui, pour beaucoup, veut dire des gens illettrés en français, ne comprenant pas le langage de base de nombreux corps de métier. Conséquence : une formidable césure culturelle s’est installée entre les donneurs d’ordre que sont les clients et les exécutants. Bien entendu, l’appel à des immigrés très peu qualifiés se fait sur la base de la recherche du coût minimum, par les bas salaires ou l’utilisation de travailleurs sans papiers, par des prix « tirés » vers le bas au maximum, et des profits maximum pour la superclasse des dirigeants – qui ne sont pas les patrons de petites entreprises. Tout ceux qui ont connu le monde ouvrier jusque dans les années 1960 - 70 le savent : un certain capitalisme mondialisé et immigrationniste a réussi à mettre en place un formidable recul de civilisation, un recul du savoir-faire et de l’amour du métier.


    Appelons cela la perte de la patrie de nos âmes communes. « La patrie, écrivait Montherlant dans L‘équinoxe de septembre, c’est le pays où nous nous faisons comprendre à demi-mot ; où aucune des incidentes de la conversation ne nous échappe. » Il n’y a plus guère, en ce sens, de patrie, ou encore de « monde commun » entre des « prolos » de moins en moins français et aussi de moins en moins francophones (il suffit de pratiquer les chantiers de bâtiment pour le voir) et des bourgeois eux-mêmes de plus en plus cosmopolites pour les grands bourgeois, et de plus en plus paupérisés et acculturés pour les petits bourgeois.


    Le lien social se délite : un délitement dont sont victimes au premier chef les couches populaires françaises car ce lien était déjà fragilisé par une modernité plus ancienne, plus prégnante, plus dangereusement installée dans les âmes et les esprits d’Europe que chez les immigrés, en un sens restés plus proches de leurs racines « authentiques ». Ce qui est certain est que cela ne fait pas une société viable. La société d’immigration de masse est aussi, indissociablement, la société de l’obsession de la croissance et la société des superprofits de groupes multinationaux peu nombreux mais hyperpuissants. Cette société est la société de la super classe politico-médiatico-financière, la nouvelle classe dirigeante. C’est aussi la société qui tue à la fois la campagne et la ville (cf. par exemple Guy Burgel, Paris meurt-il ?, Perrin, 2008).


    Jacques Attali indiquait – en contradiction avec ce qu’il défendait trente ans auparavant – : « Opposer écologie et croissance est une bêtise intellectuelle profonde. En réalité on ne peut pas améliorer l’environnement sans croissance. Ce n’est pas la croissance qui pollue, c’est la production. Si on veut changer la nature de la production il faut évidemment croître. Croître autrement, pour transformer la production. » (Europe 1, 24 octobre 2007). Il est au contraire bien évident que la recherche de la croissance à tout prix est incompatible avec l’écologie.


    Pour sa part, Albert Jacquard remarquait : « Sur une planète dont les dimensions et les richesses sont finies, tout processus exponentiel ne peut qu’être éphémère. La croissance de la consommation est en réalité l’équivalent d’une drogue ; la première dose crée l’euphorie mais les suivantes mènent inévitablement à la catastrophe. Prétendre résoudre un problème, par exemple le chômage, par la croissance, s’est s’enfoncer délibérément dans une impasse. » (Mon utopie, Stock, 2006). Pour autant, il y a danger de confusion à employer certains mots. Et parmi eux le mot de « décroissance ». Tous les mots sont bien sûr polysémiques. Mais certains peuvent véhiculer beaucoup d’illusions. Sait-on ainsi que la faible croissance économique de certaines années récentes (de 2001 à 2004 en gros) a pu favoriser l’économie de rente plus que l’économie d’investissement et d’innovation ? Sait-on qu’elle a pu favoriser la rémunération du capital plus que celle du travail ? Bien entendu, il ne faut pas, à l’inverse, être dupe de tout ce que l’on appelle « innovation » et qui ne sont pas toutes d’un intérêt décisif pour l’homme, mais on ne peut non plus refuser la dose nécessaire d’ivresse dont toute société a besoin. Internet n’est-elle pas une invention merveilleuse – ce qui ne veut pas dire sans danger ? Sommes-nous destinés à n’être que du coté des grincheux qui regrettent le monde d’avant et ne goûtent rien de la créativité du monde d’aujourd’hui ?


    Jean-Claude Besson-Girard écrit avec justesse : « La décroissance est d’abord une expression provocante. Elle s’oppose directement au dogme quasi religieux de la croissance. Mais, pour commencer à comprendre le sens de cette provocation, il faut aussitôt affirmer que la décroissance n’est pas une idée économique mais relève d’une représentation du monde où l’économie n’aurait plus le dernier mot. » (« La décroissance, un nouveau romantisme révolutionnaire », Libération, 2 mars 2007). Mais ce théoricien de la « décroissance harmonique » poursuit de manière plus contestable : « La société de croissance n’est pas soutenable, et le "développement durable" n’est qu’un gadget à ranger sur le rayon des tartes à la crème. Ce n’est pas l’adjectif "durable" ou "soutenable" qui est en cause, mais la notion même de développement. » Il poursuit : « C’est évidemment sur ce point que la notion de décroissance est extrêmement choquante puisqu’elle sous-entend qu’il y aurait un "au-delà du développement", idée presque impensable qui remet en question tout l’imaginaire occidental, fondé sur une croyance aveugle dans le mythe du progrès depuis plus de deux siècles. » Cette thèse est proche de celle de Serge Latouche comme quoi c’est la notion même de développement qui doit être abandonnée (« L’imposture du développement durable ou les habits neufs du développement », Mondes en Développement Vol.31-2003/1, et Survivre au développement. De la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative, Mille et une nuits, 2004), tandis que des idées proches sont avancées par Vincent Cheynet (Le choc de la décroissance, Seuil, 2008).


    Pour séduisant que soit le radicalisme des « antidéveloppementistes », il a l’inconvénient de mal peser les conditions de la sortie de l’économie mondialisée – entendons par là l’autonomie des économies européennes, nationales, et locales par rapport au système économique mondial. La décroissance dans certains domaines sera nécessaire mais l’autocentrage de l’économie européenne nécessitera des objectifs de développement ambitieux dans d’autres domaines. Sachons-le : nous ne contribuerons pas en amont à un mouvement idéologique d’économie relocalisée et de démocratie enracinée sans faire leur place aux questions de la puissance. Or, il n’y a pas de puissance si tout développement est assimilé à un mal sans bénéfice d’inventaire. C’est pourquoi il faut être a-croissant ; la priorité c’est l’économie européenne autocentrée par un protectionnisme européen, raisonnable et raisonné.


    Etre a-croissant implique de voir de manière favorable la notion de développement durable. Certes, la notion de « développement durable » est devenue une auberge espagnole. C’est pourquoi beaucoup préfèrent parler de « décroissance ». Cela ne rend pas le débat plus clair. La décroissance, est-ce que c’est croître moins, ou est-ce une croissance négative, c’est-à-dire une diminution des richesses produites en termes monétaires. La vérité est qu’il faut être a-croissant c’est-à-dire ne plus se déterminer en fonction de la croissance. Nous avons vu que toute croissance n’est pas bonne. Mais toute diminution de a croissance n’est pas pour autant forcément positive.


    Le développement durable est une notion plus à même que celle de décroissance de traduire la volonté d’aller vers des progrès (des progrès du lien social entre générations, des progrès dans la maîtrise des énergies locales, des progrès vers des transports réduits et plus propres, etc) – sans croire au Progrès – d’une autre façon et selon une autre logique. Le climatologue Jean-Marc Jancovici écrit justement : « La vraie définition [du développement durable], répondre aux besoins présents sans pénaliser les générations futures, n’est pas compatible avec notre consommation actuelle. Les ressources naturelles ne permettent pas à six milliards de personnes d’avoir une voiture » (20 minutes, 31 mars 2008). Quant le développement est vraiment durable c’est en fait un projet révolutionnaire mais réaliste et concret qui implique économie solidaire, relocalisée et sortie du laissez faire économique.


    Le développement durable implique de cesser de croire bonne toute croissance en soi ; il implique de cesser de croire positif le développement toujours plus intense et toujours plus mondial des échanges. Poussé à fond, le développement durable est une idée révolutionnaire. Le développement n’est pas une voie unique, chaque peuple doit le concevoir à sa façon, qui ne se réduit pas au modèle occidental. Il faut démondialiser les économies, il faut développer l’autocentrage de l’économie européenne, il faut développer une nouvelle protection sociale faite de contreparties, de solidarités concrètes, communautaires et locales, de dons et de contre-dons, il faut développer l’auto-subsistance des hommes des pays du tiers monde chez eux et non ici. Il faut développer les échanges en monnaie européenne et au plan sociétal les échanges non monétaires. Il faut développer les préférences nationales et régionales au détriment des échanges mondiaux. Il faut développer les circuits courts par rapport aux circuits longs. Il faut développer la part de la vie qui échappe au règne de l’économie. « L’économisme déresponsabilise et démobilise en annulant le politique et en imposant toute une série de fins [objectifs] indiscutées, la croissance maximale, l’impératif de compétitivité, l’impératif de productivité et, du même coup, un idéal humain, que l’on pourrait appeler l’idéal F.M.I. (Fonds Monétaire International » notait Pierre Bourdieu (Le Monde Diplomatique, Manière de voir, n°72, 1997). Sortir de l’économisme, c’est cela le développement vraiment durable. C’est alors non plus un concept fourre-tout mais une idée à la fois révolutionnaire et mobilisatrice.


    Aussi pouvons-nous affirmer : La croissance est une imposture – tout comme Le « Progrès » l’est. La société d’hypercroissance et d’immigration massive et désordonnée ne peut survivre qu’en devenant une société post-démocratique et totalitaire. C’est ce qui menace, et c’est ce à quoi nous devons opposer la liberté des peuples et le génie créateur des hommes. Mais dans le même temps il faut affirmer clairement qu’une société a besoin d’un horizon : des croissances sont nécessaires, des croissances des transports en commun, des croissances des infrastructures fluviales, des croissances des modes de prises en charge des personnes dépendantes, des croissances du budget d’une défense populaire et civique, des croissances des politiques d’inversion des flux migratoires. Pour que les élites africaines servent à l’Afrique et que l’Europe assume tous les métiers avec ses concitoyens. Pour que l’immigration pillage des élites ou alibi pour financer les retraites soit abandonnée.


    En d’autres termes, l’ouverture aux autres est nécessaire, mais non la perte dans l’autre. La compétition économique est nécessaire mais à arme égale, dans des conditions définies et dans la même sphère de civilisation et de modèle social, comme ce fut le cas avec le « modèle rhénan » ou encore le fordisme à l’européenne. Cette sphère de civilisation, c’est ce que doit être l’Europe, c’est le partage d’une même Grande Patrie. C’est une patrie au sens où Cocteau écrivait le 12 mars 1942 dans son Journal : « Une patrie c’est la rencontre d’hommes qui se trouvent instantanément au même niveau. »

    Pierre Le Vigan

     

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  • Flash n°31 : l'affaire Pie XII !

    Le nouveau numéro du magazine Flash est disponible avec, notamment, un dossier sur l'affaire Pie XII. 

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    Au sommaire :
    UN DOSSIER EXCLUSIF : Saint Pie XII ? Les raisons d’une polémique.
    • Ces juifs qui le défendent, ces chrétiens qui l’attaquent…
    • Les réponses de…
    Éric Letty (Monde et vie)
    Tareq Oubrou (Recteur de la mosquée de Bordeaux)
    Alain de Benoist (philosophe)
    • Philippe Bourdrel et Bernard Plouvier : deux historiens font le point !

    Témoignage d’un bankster repenti : “Comment on gruge les petits clients…”

    Mieux que la maffia sicilienne : la “gjakmarria”… la vendetta kosovare ! Analyse de Christian Bouchet.

    Noël à Gaza : pas de trêve pour les braves ! Notre correspondant, Ibrahim Jouda, nous rapporte des nouvelles palestiniennes… pas toujours roses, forcément.

    Evo Morales : les Boliviens ont-ils voté pour un fasciste ?

    Les naufragés du sarkozyme : ces “people” frappés par la malédiction. Nicolas Gauthier dresse la liste des disparus.

    On va tous mourir ? Non. L’épidémie de grippe A n’a pas pris. Topoline décrypte l’erreur marketing de Madame Bachelot. Cette fois ci, la trouille ne s’est pas déclarée.

    Taxe Carbone, grippe cochonne, renflouement des banques, 11 septembre… Alain Soral revient sur les plus belles “foirades” de l’année 2009.
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  • "L'homme et l'œuvre" selon Guy Debord

    Un beau texte de Guy Debord, tiré d'une lettre adressée à Guy Leccia le 7 décembre 1976, concernant les rapports qu'il convient d'établir, ou pas, entre l'auteur en tant qu'homme et son œuvre.

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    "[...]Sur «l'homme et l'œuvre », j'admets tout à fait que l'on ne doit pas juger un auteur sur sa moralité, son comportement politique (ou social, etc.) ; autrement dit sur n'importe quoi de manifestement extérieur à l'œuvre qui est le seul point de départ de la discussion et la seule origine du fait même qu'on ait parlé de cet homme. Mais presque toutes les œuvres d'aujourd'hui dont nous parlons ont choisi de mêler - et d'abord parce qu'elles sont dépourvues d'un critère interne vraiment décisif – à leur tissu même le critère de la vérité politique, ou du pittoresque biographique : parce qu'elles croyaient plus ou moins en avoir besoin, pour se soutenir. Et il est normal que «qui tire l'épée périsse par l'épée». Ainsi, tandis qu'il est pleinement indifférent que Shakespeare n'ait jamais vu Vérone ou Venise, il n'est pas insignifiant qu'un pompeux mythomane comme Malraux n'ait jamais mis les pieds en Chine dans les années 20, quoique ayant alors fondé sa violente publicité mondaine de bouche à oreille sur cette aventure (mais si La Condition humaine valait intrinsèquement le Don Quichotte, cela redeviendrait sans importance).

    Il faut comparer le comparable; et le contraire de Malraux, dans ce temps, était Orwell quand il a écrit La Catalogne libre, à tout point de vue un meilleur livre que, par exemple, 1'Espoir

    et qui se trouve être aussi le plus véridique sur 1a révolution espagnole. Il est, aujourd'hui encore, infiniment moins connu. La politique y intervient. Les intellectuels de gauche d'alors (1937) voulaient cacher cette «opinion» gênante et Malraux qui soutenait le Komintern était soutenu par les staliniens et «mitterrandistes» du moment et les Delfeil de Ton de ce temps soutenaient Malraux, non Orwell. On ne peut nier qu'un Sartre ait consacré la moitié de ses écrits à la question du communisme, et comme il s'est toujours trompé, ou a toujours menti sur ce sujet, voilà déjà la moitié de son œuvre perdue, et le reste, à mon avis, avis, n'est pas grand chose. Au contraire, le fait que Villon ait été socialement un voleur et un assassin n'enlève rien – ni n'ajoute rien - à l'authenticité et à la réussite de son lyrisme. Les Mémoires de Retz ou L'Homme de cour me paraissent des livres admirables, quoique je n'aime guère les cardinaux et les Jésuites. Le fanatisme politique ne m'aveugle même pas au point de trouver mauvais tous les livres politiques écrits dans une perspective contraire à la mienne. Tocqueville est un ennemi de la révolution de 1848, mais les Souvenirs qu'il lui a consacrés sont un chef-d'œuvre dans l'analyse de l'action historique et aussi, bien sûr, littérairement.

     

    En fait, je déteste surtout les multiples bandes de la révolution falsifiée ; et comme leur monde est vulgairement faux, leurs livres sont tous ratés, même en tant que livres.[...]"

     

    Guy Debord, Correspondance, volume 5, janvier 1973 – décembre 1978, Librairie Arthème Fayard

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  • Nouvelle Ecole N°59 : Oswald Spengler

    Comme nous vous l'indiquions il y a quelques semaines, le numéro 59 de la revue Nouvelle Ecole sera bien consacré à Oswald Spengler.La couverture présentée ci-dessous est librement imaginée par Métapo infos !...

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    Il est possible de pré-commander ce numéro en s'abonnant pour un numéro à la revue Nouvelle Ecole.
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  • Irak, terre mercenaire

    Les éditions Favre publient ces jours-ci une étude de Georges-Henri Bricet des Vallons, intitulée Irak, terre mercenaire et consacrée à la montée en puissance des sociétés militaires privées sur le théatre d'opération irakien. L'ouvrage est préfacé par Jean-Philippe Immarigeon, auteur d'American parano et de L'imposture américaine, deux essais parus chez Bourin éditeur.

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    "Des multiples bavures de la tristement célèbre Blackwater à l'implication d'employés de CACI dans le scandale de la torture au sein de la prison d'Abu Grahib, en passant par les activités de la tentaculaire Aegis, les sociétés militaires privées, omniprésentes sur le champ de bataille, ont rythmé et marqué le récit de la guerre d'Irak. Fait majeur: c'est la première fois dans l'histoire des opérations militaires américaines qu'on assiste à un basculement de la démographie des forces en faveur du secteur privé. Quels sont les tenants et aboutissants de cette transformation fascinante et sans précédent de l'armée américaine? Qui sont les principaux acteurs de ce mercenariat entrepreneurial et multinational ? Quel rôle ont-ils joué dans les scandales qui ont émaillé l'histoire de l'invasion? Pourquoi et comment ces sociétés ont-elles investi l'Irak? Quel impact la présence de ces sociétés a-t-elle eu sur les armées régulières et l'organisation du champ de bataille? Surtout, quel avenir pour l'Irak après le retrait des troupes régulières prévu pour décembre 2011 ? Les États-Unis choisiront-ils vraiment de se retirer d'un pays pour la conquête duquel ils ont déjà sacrifié plusieurs centaines de milliards de dollars ou adopteront-ils une stratégie plus subreptice, faisant reposer sur les sociétés de mercenariat, en cheville avec le gouvernement irakien mis en place par les néoconservateurs, la responsabilité du futur protectorat ? L'auteur, spécialiste des questions stratégiques, revient sur l'histoire de ces six années de chaos et décrit les conditions qui ont permis l'émergence de ces nouveaux empires de la violence privée et la constitution d'un véritable marché de la guerre où le profit s'écrit en lettres de bitume et de sang. Sa conclusion est sans appel: la mercenarisation de l'American way of war est désormais une tendance structurelle de la politique étrangère de l'Empire en déclin et pourrait bien révolutionner à terme le visage même de la guerre."

    Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, doctorant en science politique, Georges-Henri Bricet des Vallons est chercheur-associé à l'Institut Choiseul et à l'Institut Prospective et Sécurité en Europe. Spécialiste de la privatisation de la guerre et des sociétés militaires privées, il est expert en systèmes d'armes pour la revue Défense & Sécurité Internationale.
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