Les éditions Favre publient ces jours-ci une étude de Georges-Henri Bricet des Vallons, intitulée Irak, terre mercenaire et consacrée à la montée en puissance des sociétés militaires privées sur le théatre d'opération irakien. L'ouvrage est préfacé par Jean-Philippe Immarigeon, auteur d'American parano et de L'imposture américaine, deux essais parus chez Bourin éditeur.
"Des multiples bavures de la tristement célèbre Blackwater à l'implication d'employés de CACI dans le scandale de la torture au sein de la prison d'Abu Grahib, en passant par les activités de la tentaculaire Aegis, les sociétés militaires privées, omniprésentes sur le champ de bataille, ont rythmé et marqué le récit de la guerre d'Irak. Fait majeur: c'est la première fois dans l'histoire des opérations militaires américaines qu'on assiste à un basculement de la démographie des forces en faveur du secteur privé. Quels sont les tenants et aboutissants de cette transformation fascinante et sans précédent de l'armée américaine? Qui sont les principaux acteurs de ce mercenariat entrepreneurial et multinational ? Quel rôle ont-ils joué dans les scandales qui ont émaillé l'histoire de l'invasion? Pourquoi et comment ces sociétés ont-elles investi l'Irak? Quel impact la présence de ces sociétés a-t-elle eu sur les armées régulières et l'organisation du champ de bataille? Surtout, quel avenir pour l'Irak après le retrait des troupes régulières prévu pour décembre 2011 ? Les États-Unis choisiront-ils vraiment de se retirer d'un pays pour la conquête duquel ils ont déjà sacrifié plusieurs centaines de milliards de dollars ou adopteront-ils une stratégie plus subreptice, faisant reposer sur les sociétés de mercenariat, en cheville avec le gouvernement irakien mis en place par les néoconservateurs, la responsabilité du futur protectorat ? L'auteur, spécialiste des questions stratégiques, revient sur l'histoire de ces six années de chaos et décrit les conditions qui ont permis l'émergence de ces nouveaux empires de la violence privée et la constitution d'un véritable marché de la guerre où le profit s'écrit en lettres de bitume et de sang. Sa conclusion est sans appel: la mercenarisation de l'American way of war est désormais une tendance structurelle de la politique étrangère de l'Empire en déclin et pourrait bien révolutionner à terme le visage même de la guerre."
Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, doctorant en science politique, Georges-Henri Bricet des Vallons est chercheur-associé à l'Institut Choiseul et à l'Institut Prospective et Sécurité en Europe. Spécialiste de la privatisation de la guerre et des sociétés militaires privées, il est expert en systèmes d'armes pour la revue Défense & Sécurité Internationale.