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Métapo infos - Page 1349

  • Médiacrates et médiagogues...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous un entretien avec Jean-Yves Le Gallou, réalisé en mars 2013 et diffusé sur l'Observatoire des journalistes et de l'information médiatique à l'occasion de la sortie de son livre La tyrannie médiatique (Via Romana, 2013).

     


    La tyrannie médiatique : entretien avec Jean... par OJIMTV

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  • L'inquiétude monte...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Eric Conan, cueilli sur le site de Marianne et consacré à la montée du Front national de Marine Le Pen. Analyses, articles, couvertures d'hebdomadaires : on sent poindre comme une inquiétude au sein du système...

     

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    Comment la gauche a livré le peuple au FN

    Il y a un moment où une routine apparaît pour ce qu'elle est devenue : de l'inconscience faite autisme. « Nous aurons à tirer toutes les leçons de ce scrutin », a déclaré François Hollande sitôt connus les résultats de l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot.

    Exactement ce qu'il avait dit, comme premier secrétaire du PS, après le 21 avril 2002 qui avait vu Jean-Marie Le Pen souffler la place de Lionel Jospin au second tour de l'élection présidentielle. Au congrès de Dijon suivant, François Hollande avait précisé l'objectif : « retrouver les liens avec les catégories populaires ».

    Fracture sociale

    Dix ans de perdus. Aucune leçon tirée. Parce que la thèse jospiniste de « l'absurdité » du 21 avril avait prévalu - l'intellectuel du parti, Henri Weber, parlant même d'un « accident ». Hier, comme aujourd'hui, la principale explication crève pourtant les yeux : les catégories populaires ne cessent de fuir le principal parti d'une gauche censée les représenter !

    Et pour une raison qui n'a rien d'accidentel, mais parfaitement logique : il ne les représente plus et ne fait plus rien pour elles. Certes, médias et politiques en parlent de moins en moins, mais les classes populaires (ouvriers, employés, artisans, paysans, chômeurs) représentent toujours plus de la moitié de la population active.

    Or, ces bases sociologiques et géographiques de la gauche ont été ravagées par la mondialisation. Et, contrairement à ce qu'inspire souvent le mépris social à leur égard, elles ont une conscience aiguë de ce que leurs dirigeants ne veulent pas avouer : ils ne savent plus quoi faire d'elles, ils n'ont rien à leur proposer de convaincant.

    Les salariés au chômage, ceux qui le redoutent ou ceux qui ne voient que déclassement programmé pour leurs enfants se sont lassés des discours sur « l'adaptation » à une modernité qui les marginalise. Ils ont bien compris que les élus n'ont aucune prise sur les délocalisations, les fermetures d'usines et la régression des statuts professionnels. Ils ont compris aussi que la crise était surtout pour eux, et qu'il y avait des gagnants de la mondialisation sauvage : grands patrons et banquiers ne se jettent pas par la fenêtre comme en 1929 ; ils se payent en hypersalaires ou en retraites chapeau dignes du Loto, et l'argent public éponge les conséquences de leur cupidité.

    Les « bénéfices » de la mondialisation, dont la Commission de Bruxelles s'est faite le chantre, ils voient bien à qui ils reviennent tandis qu'eux n'ont droit qu'aux discours d'énarques pensionnés à vie dissertant sur le « populisme » et leur expliquant sans conviction qu'il faut s'« adapter », « bouger » et « changer de métier plusieurs fois dans sa vie ».

    « Pour la première fois dans l'histoire, les classes populaires ne font pas partie du projet économique », résume le géographe et sociologue Christophe Guilluy, qui analyse depuis vingt ans la relégation de ces nouveaux « invisibles » à l'écart, dans cette France périphérique faite de chômage, de bas salaires et d'aides sociales. Un peuple perdu de vue par des partis de gauche prisonniers de leur sociologie de cadres et de fonctionnaires ancrés dans les métropoles bobo bordées d'une ghettoïsation urbaine « multiculturelle » dont les désagréments ne sont pas plus maitrisés que ceux de « la » mondialisation heureuse.

    Comment la gauche a-t-elle pu abandonner ces « invisibles » qui se manifestent en venant gonfler l'électorat du FN (aujourd'hui en tête chez les ouvriers de 20 à 55 ans) alors qu'ils ont constitué son socle électoral jusqu'en 1981 ? Ce n'est pas faute d'avoir été alertée. Dès 1990, le clairvoyant Marcel Gauchet, inventeur de la notion de « fracture sociale », évoquant « les mauvaises surprises d'une oubliée », avait annoncé le « retour de la lutte des classes là où on ne l'attendait pas : pour alimenter la poussée électorale continue de l'extrême droite ». Et l'on se souvient de la colère prémonitoire de Pierre Mauroy, constatant, quelques jours avant le crash du 21 avril, que son parti n'osait plus employer le mot « ouvrier ».

    La gauche n'est plus marxiste, mais les électeurs, eux, continuent de se déterminer en fonction de leur situation économique et sociale ! « Les classes sociales n'ont ni raison ni tort, elles ont des intérêts et des manières d'être, a rappelé Jacques Julliard, ajoutant : Comment demander un comportement rationnel à des gens confrontés à un capitalisme aussi déraisonnable, aussi cupide que celui dont nous sommes affligés ? » Les catégories populaires se sont donc laissé tenter par les promesses de Nicolas Sarkozy en 2007, avant de chasser l'imposteur en votant pour Hollande et son engagement de lutter contre la finance, son « principal adversaire ».

    C'est leur déconvenue qui redynamise comme jamais le vote FN. Marine Le Pen leur paraît désormais comme la seule qui s'adresse à eux, ainsi que le faisaient naguère les communistes, les gaullistes et les socialistes. Et ils rejettent Jean-Luc Mélenchon dont le robespierrisme ne masque pas une apologie de l'immigration non régulée qui rejoint celle du Medef pour presser les salaires à la baisse.

    Contre cette hémorragie de son électorat vers le FN, la gauche a épuisé le registre de l'injure, version « les salauds » de Bernard Tapie (l'heureux bénéficiaire d'un « préjudice moral » de 45 millions d'euros) ou version « les cons » de Julien Dray (le collectionneur de montres à 20 000 €). Marine Le Pen, elle, qu'elle soit sincère ou non, peu importe, n'a pas le même effet répulsif que son père et les dernières partielles montrent que « le FN siphonne les voix du PS », comme l'analyse le politologue Dominique Reynié.

    Ajoutons que la prégnance de la culture communiste, qui a retenu nombre d'ouvriers ou d'ouvriers retraités, désormais abstentionnistes, de passer au vote FN, ne joue plus son rôle inhibiteur chez les jeunes ouvriers et employés. La dénonciation est inefficace parce que le vote FN n'est pas « contestation, mais demande de démocratie », selon Marcel Gauchet. Et le front républicain ne fonctionne plus parce qu'il est d'abord vu comme le programme commun droite-gauche de l'alignement sur une politique européenne qui ne protège pas les peuples de la mondialisation sauvage.

    Une réponse vitale

    En ciblant le fanatisme de José Manuel Barroso et son projet d'une Europe jungle sociale comme «carburant du FN», Arnaud Montebourg a le mérite de placer enfin le débat au niveau des causes plutôt que des symptômes : pourquoi la gauche et la droite françaises se sont-elles alignées sur cette politique européenne qui n'a rien d'inéluctable ? Il a raison de considérer les élites coresponsables des «tourments légitimes d'un peuple empoisonné», selon l'exigeante formule de Jean Daniel.

    Car, à l'origine des errements du peuple, il y a souvent son abandon. Les grands moments historiques français correspondent tous à l'articulation heureuse entre le peuple et ses élites : la Fronde, 1789, les débuts de la IIIe, le Front populaire, le gaullisme. Ce qui distingue l'élite digne de ce nom de l'oligarchie, c'est son souci du peuple et de ses intérêts. Gambetta demandait aux élites d'être les « frères aînés du peuple », François Mitterrand disait qu'il fallait toujours se soucier du sort des « bougres ». Peu importe que ce souci recouvre un paternalisme inspiré par l'intérêt bien compris, la crainte ou l'altruisme. L'important est la réponse qu'il donne aux inquiets. Pour François Hollande et le Parti socialiste, cette réponse devient vitale.

    Eric Conan (Marianne, 10 juillet 2013)

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  • Immigration, changements de société et mutations de civilisation...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue du démographe Yves-Marie Laulan, cueilli sur Polémia et consacré aux changements de société que provoquera l'immigration massive de populations, notamment africaines, dans les pays qui y seront soumis...

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    Immigration, changements de société et mutations de civilisation

    Les migrations sont aussi vieilles que l’homme.

    Ce dernier, en quête de ressources, partage, en effet, avec la plupart des espèces animales, la capacité de coloniser sans répit, de nouveaux territoires accessibles.
    Sans cela, l’homme n’aurait évidemment pas colonisé la planète entière dès les temps les plus reculés.

    1° Mais le terme migration recouvre en réalité des choses bien différentes.

    En premier lieu, il y a la colonisation de territoires vierges de toute présence humaine. En second lieu, il y a l’entrée, paisible ou violente, acceptée ou forcée, de territoires déjà occupés. C’est le second terme qui nous préoccupe ici.

    2° Le XXIe siècle va être dominé par l’extraordinaire poussée démographique de l’homme, et notamment par l‘explosion démographique de l’Afrique. Selon les prévisions de l’ONU, les populations de ce continent pourraient atteindre 3,4 milliards d’individus à la fin de ce siècle. Dès lors un homme sur trois serait originaire d’Afrique. Un phénomène d’une telle ampleur ne peut qu’entraîner des conséquences difficilement imaginables, notamment en termes de flux migratoires.

    3° L’immigration est, par  définition, destructrice du tissu social, à des degrés divers selon l’intensité des flux migratoires. Comme le disait Paracelse, « c’est dans la dose qu’est le poison » .

    Certes, l’immigration est, en soi et en principe, un élément de dynamisme économique, ne serait-ce que du fait de la stimulation de la demande globale de consommation (*). En revanche, elle nécrose le tissu social dans lequel elle s’implante.

    En d’autres termes, l’immigration massive fortifie le corps mais altère ou, au pire, porte atteinte à l’identité à l’âme des populations d’accueil.

    Au delà d’un certain degré, en effet, d’une part, elle dissout les liens de solidarité et les références identitaires existant entre les différents groupes sociaux (sentiment  d’appartenance à une classe sociale, valeurs nationales, références religieuses, traditions, héritage culturel, modes de comportement etc.) et génère des tensions entre les différentes composantes de la population en quête de reconnaissance sociale et d’accès aux biens de consommation.

    4° Le XXIe siècle verra l’opposition entre les nations à forte intensité migratoire – Etats-Unis, Europe à faible homogénéité sociale –  et les nations à faible intensité migratoire mais à forte homogénéité sociale : Chine, Inde, Japon, Russie, Afrique, Amérique latine, Moyen-Orient.

    Quelles seront celles, des sociétés composites et des sociétés homogènes, qui  l’emporteront dans le combat pour les ressources et la domination géopolitique  régionale ou mondiale ?

    5° Car les sociétés composites souffrent d’un mal originel, à savoir la difficulté, ou l’incapacité, de dégager un consensus global sur les objectifs politiques et sociétaux à atteindre. La volonté collective se disperse et se dissout entre une multitude d’individus sans liens relationnels forts entre eux, si ce n’est la satisfaction des besoins de consommation.

    A cet égard, il est prévisible que les Etats-Unis, de plus en plus dominés par des minorités avides de pouvoir d’achat et de consommation de biens matériels, auront de plus en plus de difficulté à définir et à mettre en œuvre une politique étrangère au service d’une vision stratégique d’ensemble du destin américain.

    Qui va survivre ou dominer le monde de demain ?

    Yves-Marie Laulan (Polémia, 10 juillet 2013)


    Note :

    (*) En fait, ce postulat, cher à Alfred Sauvy, le grand démographe, ne se vérifie pas toujours. La preuve en est la France, et l’Europe, terres d’immigration, mais frappées  néanmoins par la stagnation chronique.

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  • Des Européens bien naïfs...

    Vous pouvez découvrir ci-dessous une très bonne mise au point de Jean-Michel Quatrepoint sur Xerfi Canal consacrée aux méthodes des Etats-Unis. Il fustige, en particulier, la naïveté des "élites" françaises....

     

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  • Albator est de retour !...

    " Avec son oeil unique, l'Albator qui sillonne les cieux, renvoie d'une certaine manière à Wotan-Odin. Son créateur dans la vie réelle est le fils d'un pilote kamikaze de Zéro, mort au combat. " Gabriele Adinolfi, Pensées corsaires

    " Ce personnage luttant pour une humanité dans laquelle il peine pourtant à se reconnaître, marqué par ses combats dans son coeur comme sur son visage, et hissant le pavillon noir à tête de mort sur son vaisseau, avait tout pour séduire les pirates identitaires qui lui ont souvent rendu hommage. " Philippe Vardon-Raybaud, Eléments pour une contre-culture identitaire

     

    Albator (alias Capitaine Harlock au Japon), héros tourmenté et complexe d'un dessin animé japonais, figure tutélaire de la mouvance identitaire européenne, revient dans un film d'animation sur grand écran qui devrait sortir en salle au Japon à l'automne. Vous pouvez découvrir ci-dessous la bande-annonce en version originale...

     


    Captain Harlock (Albator - 2013) : bande... par cloneweb

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  • Débat pour tous !...

    Alors que le phénomène de la Manif pour tous semble doucement s'épuiser, l'heure est sans doute venue de réfléchir au bilan de ce mouvement atypique qui a réussi à mobiliser de nombreux Français, sans pour autant atteindre son objectif, le retrait de la loi Taubira. De sa position surplombante, quelque part sur Sirius, Alain de Benoist s'est essayé à l'exercice sur Boulevard Voltaire. La réaction du "terrain" à ses analyses ne s'est pas faite attendre avec un papier vif signé par la plume alerte de Gabrielle Cluzel. Un papier qui a lui-même provoqué une réponse du journaliste Nicolas Gauthier... Le débat est ouvert ! Bonne lecture...

     

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    On ne fait pas la révolution avec des gens bien élevés

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    Indubitablement, la Manif pour tous a suscité de nouvelles formes de protestation, à base de réseaux sociaux, à l’instar d’autres « printemps » ou de « révoltes » tout aussi informelles, tels les « Indignés » ou les « Occupy Wall Street ». Quelles leçons en tirer ?

    La Manif pour tous a été un grand succès et un incontestable échec. Le succès d’abord : ce n’est pas tous les jours que l’on parvient à mobiliser un million de personnes des deux sexes et de tous âges. Personnellement, j’aurais préféré en voir dix millions protester contre la dictature des marchés financiers et le crétinisme de la marchandise (on peut toujours rêver), mais ce n’est là qu’une opinion personnelle. D’une façon générale, on doit toujours soutenir le peuple quand il descend dans la rue pour une raison ou une autre (le mariage homo à Paris, l’augmentation du ticket de bus à São Paulo, un projet de destruction d’un espace vert à Istanbul), que ce soit en France, au Brésil, en Turquie, en Égypte ou ailleurs. C’est le plus sérieux indice du ras-le-bol. Un autre aspect positif, c’est l’apparition, en marge des manifestations, d’un certain nombre de modes de protestation originaux et inédits (les Hommen, les Veilleurs debout, etc.), qui ne se ramènent pas à une simple affaire de réseaux sociaux.

    L’échec n’en est pas moins évident : la Manif pour tous n’a tout simplement pas obtenu ce qu’elle voulait, à savoir empêcher l’adoption de la loi autorisant le mariage gay. Comme cet échec était prévisible, quoi qu’en aient pu dire les naïfs, une stratégie alternative s’imposait. On n’en a pas vu l’ombre. Tout ce à quoi l’on a assisté, c’est au sommet à des crêpages de chignons et à la base des proclamations du genre « On ne lâchera rien ». Mais lâcher quoi ? Quand on n’a rien obtenu, il n’y a rien à lâcher. Alors, on harcèle, on houspille, on fait siffler les oreilles du chef de l’État le 14 juillet, autant dire pas grand-chose. On rêve d’un « sursaut national » (hop, un sursaut !), comme on le fait depuis plus d’un siècle. Pour le « Printemps français », on repassera. La droite, de ce point de vue, ne changera jamais. Plus réactive que réflexive, elle ne sait marcher qu’à l’enthousiasme ou à l’indignation. Déterminer une stratégie révolutionnaire est au-delà de ses forces.

    Qu’est-ce qui vous frappe le plus dans la nébuleuse anti mariage pour tous ? Son homogénéité sociale ou ethnique ? Son discours politique attrape-tout ? Ou sa réticence à renverser la table ? Bref, avons-nous affaire à de véritables révolutionnaires ?

    À des contre-révolutionnaires, plutôt. C’est-à-dire à des gens qui laissent régulièrement passer les trains pour ne pas faire la « politique du pire ». La plus grande erreur des organisateurs de la Manif pour tous a été d’accepter docilement de ne pas envahir les Champs-Élysées quand un million de personnes étaient prêtes à le faire. Débordant la simple réponse aux antifa(mille), la Manif pour tous aurait alors pu prendre une véritable dimension insurrectionnelle. Ce qui aurait au moins empêché la police de truquer les images et les chiffres. Mais on ne fait pas la révolution avec la « France tranquille » des pousseurs de poussettes et des gens bien élevés. On ne fait pas une révolution quand on n’a ni programme ni conception du monde à proposer. C’est pourquoi, plutôt que de chercher à renverser le pouvoir, on est allé chercher le soutien de Raffarin et de Copé. Dès lors, la messe était dite. La Manif pour tous a éveillé des consciences, elle n’a pas structuré les esprits.

    Pas de semblant de révolution sans quelques martyrs. Là, ce fut Nicolas Bernard-Buss. Sa peine de prison était évidemment disproportionnée, mais l’émotion de ses défenseurs ne l’était-elle pas un peu également ? Comme si le vide du pouvoir allait de pair avec le flou des revendications des manifestants ?

    On a bien entendu eu raison de protester contre l’incarcération du jeune Nicolas, et contre la généralisation du deux poids, deux mesures. Le mécanisme est d’ailleurs bien rodé. Il suffit de traiter les gêneurs de « fascistes » pour permettre la mise en œuvre du programme, que Laurent Joffrin proposait en toute bonne conscience dans Le Nouvel Observateur du 13 juin dernier, de « réserver aux fascistes (…) la vigilance quand ils se taisent, la dénonciation quand ils parlent, la prison quand ils agissent ». Vigilance-dénonciation-prison : un triptyque à retenir. À ce compte-là, quand Mélenchon traite François Hollande de « capitaine de pédalo », on finira par y voir des allusions homophobes ! Cela dit, on peut protester énergiquement sans tomber dans le délire ou la paranoïa. Dire que Nicolas sera « traumatisé à vie » pour avoir fait trois semaines de taule n’est pas flatteur pour lui : je l’espère quand même capable d’en voir d’autres ! Je reçois régulièrement des courriels affirmant que nous vivons aujourd’hui quasiment dans un régime totalitaire soviétique, ce qui est un peu ridicule (tout courriel comportant des séries de points d’exclamation va chez moi immédiatement à la poubelle). Certains devraient se souvenir que, dans bien des pays, quand on est gardé à vue, on a aussi de bonnes chances d’être tué, torturé ou violé. On n’en est pas encore tout à fait là.

    Beaucoup de participants de la Manif pour tous, à commencer par la petite bourgeoisie catholique (la « Génération JMJ ») qui en constituait les plus gros bataillons, manifestaient pour la première fois. Il leur en est resté le souvenir d’une excitation qui va de pair avec une certaine ingénuité. Ils déclarent fièrement qu’ils ont été « gazés », comme s’ils avaient eu à respirer du gaz sarin ou du Zyklon B. Pour ma part, j’ai dû prendre dans ma vie une bonne trentaine de giclées de lacrymogène dans la figure sans y voir autre chose que la conséquence logique de ma présence dans une manifestation ! Au moins ces néophytes ont-ils découvert que les gentils policiers « qui sont là pour nous protéger » savent aussi se servir de la matraque. Si cela leur a permis de comprendre que lorsqu’on s’attaque à l’ordre en place (qui n’est le plus souvent qu’un désordre établi), les forces de l’ordre sont des forces ennemies, ce sera toujours cela de pris.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 15 juillet 2013)

     

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    La France bien élevée vous emmerde !

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    Mais que cherchent au juste ceux qui, sur Boulevard Voltaire, à l’instar d’un Alain de Benoist, raillent, méprisent, minimisent (en faisant mine de le soutenir) le grand mouvement de cette année, et prophétisent sa fin depuis des mois, comme s’ils l’espéraient ?

    Ils l’appellent la manif des bisounours, des cuculs, des neuneus, des benêts, des trop polis, des naïfs, des ravis de la crèche, bref des cathos qui n’ont rien compris. Ils leur font la leçon, expliquant doctement, ah, là, là, que ce n’était pas du tout comme ça qu’il fallait faire, qu’ils s’y sont pris comme des pieds, que d’ailleurs, c’était perdu d’avance, qu’emmanchés comme ils sont, on ne fera jamais rien d’eux, surtout pas une révolution, bref que tout cela n’a servi à rien, que c’était juste la manif pour les nuls. Fermez le ban.

    Je lis, par exemple, que l’on ne fait pas la révolution avec des poussettes. Dois-je rappeler qu’on ne la fait pas non plus sans poussettes ? Car le propre d’une poussette est de voir, à terme, le contenu s’échapper du contenant… pour aller gambader, par exemple, quelque vingt ans plus tard sur les Champs-Élysées vêtu d’un polo rose La Manif pour tous. L’arme fatale du camp catho contre le camp bobo, pour reprendre la terminologie du dernier Causeur en kiosque, a été sa jeunesse, en nombre, que personne n’avait vu venir, sans soupçonner, bizarrement, que l’accueil de la vie prôné par l’Église à rebours de la société depuis des dizaines d’années finirait par porter ses fruits démographiques. Les cortèges de La Manif pour tous étaient peuplés de familles nombreuses, cela n’a échappé à personne. Les contempteurs de La Manif pour tous sur ce site lui reprochent souvent, à trop s’occuper du mariage gay, de ne pas voir « le grand remplacement ». Et pourtant, quelle meilleure façon, quelle façon plus vitale, plus féconde que bien des longs discours, d’œuvrer contre celui-ci, que ces petits enfants ?

    Ensuite, s’apitoyer sur le sort de Nicolas qui a fait trois semaines de taule serait bien ridicule. Cette bande de chochottes ! La prison est une promenade de santé, sans jeu de mots, une « expérience », a dit Ségolène Royal, avec le même sourire condescendant que certains sur ce site, et ce sont ceux qui n’en ont jamais fait qui en parlent le mieux. Quand Nicolas se réveillait dans sa cellule de Fleury-Mérogis, quand certains passaient la nuit en garde à vue, d’autres dormaient benoîtement dans leur petit lit blanc.

    Oui, je me prends à me le demander, quel objectif poursuivent donc ces contributeurs qui affirment — du bout des lèvres — se réjouir de ce mouvement sans précédent, mais jettent sur lui leurs critiques asséchantes comme du sable pour éteindre le foyer ?

    S’ils savent tout mieux que personne depuis le début, que ne font-ils œuvre de pédagogie par une analyse constructive et en renforçant leurs rangs, plutôt que rester à l’écart pour mieux les écraser de leur supériorité distanciée empreinte de désespérance ?

    Ne craignent-ils pas que cette France qu’ils ont décrétée consubstantiellement niaise, impropre par nature au service, finisse, malgré toute sa bonne éducation, par s’asseoir sur le bord du chemin pour leur demander des comptes : super, les gars, les éminences grises, les inspecteurs des travaux finis plus malins que les autres ; ben maintenant, on vous regarde : où se cache donc le million de gens que vous avez réussi à faire descendre dans la rue, la jeunesse (mal élevée, forcément, pour être efficace) rentrée en résistance qui harcèle le gouvernement, sans craindre l’opprobre pour défendre ses idées ? En plus d’être gnangnan, cette France-là doit être myope, hein, car elle a beau chercher, elle n’arrive pas à les voir, même en remontant loin en arrière. On ne fait peut-être pas la révolution avec la France bien élevée, on ne la fait pas non plus avec la France des éteignoirs et des bonnets de nuit.

    Je ne sais pas, encore une fois, quel objectif poursuivent ces contributeurs, mais je sais que ce n’est pas celui de l’unité, de l’unité pour mener sur tous les fronts le combat de civilisation dans lequel la France — bien élevée ou non — est engagée.

    Gabrielle Cluzel (Boulevard Voltaire, 17 juillet 2013)

     

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    Eh oui, un intellectuel, ça sert à quelque chose !

     

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    La polémique, pour peu qu’elle soit le fait de gens bien élevés, est toujours un régal de l’esprit. Ainsi, Alain de Benoist, dans un entretien réalisé par votre serviteur, pointe du doigt les faiblesses structurelles du collectif de la Manif pour tous et son échec politique final. En retour, Gabrielle Cluzel s’insurge, nous assurant en filigrane que les intellectuels, c’est bien gentil, mais qu’on ne les a pas beaucoup vus défiler dans la rue ni aller en prison.

    La critique est courte. Car à ce compte, il faut se faire circoncire pour parler des juifs, boursicoter pour disserter du capitalisme et se faire empapaouter pour causer des homosexuels.

    On ajoutera qu’Alain de Benoist ne nie en rien les aspects positifs de la chose : on a vu dans les rues des gens n’ayant guère l’habitude d’y descendre et nombre de jeunes y ont connu une sorte de « rite initiatique ». Qu’ils en rajoutent dans les « persécutions », rien que de très logique, de très humain ; à l’instar de ces soixante-huitards ayant eu un peu tendance à confondre rue de Gay-Lussac et tranchées de Verdun.

    Que feront-ils ensuite de cette expérience, c’est une autre histoire. On nous dit que certains adhèrent à l’UNI, d’autres à l’Action française et même au Front national. Vu la sociologie des manifestants, il y a gros à parier qu’une bonne majorité est déjà partie en vacances au Touquet en attendant d’intégrer de prestigieuses écoles préparatoires. À ce simple constat, il sera évidemment rétorqué à Alain de Benoist qu’il voit les choses de « haut » et le clope au bec. Ce serait pourtant oublier que l’homme s’éveilla à la politique en des temps lointains où la prise de risque était autrement plus dangereuse : à l’époque de l’Algérie française, on risquait plus souvent une balle qu’une giclée de gaz lacrymogène. Eh oui, la hauteur et l’ancienneté donnent du recul…

    Et le même, à juste titre, de houspiller cette droite traditionnelle en quête d’un hypothétique Triangle des Bermudes politique, là où ont disparu des Philippe de Villiers et au moins deux autres Charles, Millon et Pasqua. Soit une droite présentable qui ne sentirait pas trop fort sous les bras, façon Le Pen père et fille. La preuve en est qu’au climax de l’affaire, c’est à Jean-Pierre Raffarin et Jean-François Coppé que nos manifestants pour tous ont fait appel. Finalement, Marine Le Pen a été sage de ne pas s’impliquer plus que ça dans ce happening brinquebalant, préférant laisser monter sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, en première ligne…

    La polémique semblant enfler sur ce site, certains commentateurs évoquent encore les mannes audiardesques : « Un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis… » Certes, mais si c’est pour aller droit dans le mur ou le gouffre, à quoi bon ? D’où cette question induite : à quoi sert un intellectuel ? Et, dans le cas qui nous occupe, quelle est l’utilité d’un Alain de Benoist ?

    Peut-être tout simplement à ceci : près d’une centaine de livres édités et traduits en de nombreuses langues, trois revues, Krisis, Nouvelle École et Éléments, vieilles de près d’un demi-siècle, sans oublier des milliers d’articles et autres entretiens publiés en Europe et ailleurs. Bref, une œuvre hors du commun.

    Après, l’influence d’un intellectuel est délicate à peser à telle ou telle aune. Quelle fut celle d’un Charles Maurras ? Le général de Gaulle et François Mitterrand l’avaient manifestement lu et ce ne fut pas sans effets. Celle d’un Alain de Benoist ? Il est plausible de rappeler qu’elle est majeure depuis les années 70. Sans ses écrits, la droite française en serait toujours au stade des Bérets verts, le film très con de John Wayne, voire à celui d’un Chuck Norris, plus nul encore. Aussi empiriste que le vieux maître de Martigues, c’est grâce à lui que nous avons compris à ne pas confondre causes et effets. Explications : c’est bien de lutter contre l’immigration de masse, ce « Grand Remplacement » stigmatisé par un autre intellectuel, Renaud Camus. Mais c’est mieux de taper sur les véritables coupables, le club Le Siècle et le MEDEF, que sur les idiots utiles de l’extrême gauche.

    C’est encore lui qui a su théoriser ce que tant de gens ressentaient confusément. L’URSS était un concurrent, alors que l’ennemi de toujours demeure les USA. Qu’un centre commercial menaçait plus sûrement la civilisation chrétienne et l’âme française qu’une mosquée. Et que nombre de gens de droite se réfugient plus dans la réaction que la réflexion, persuadés qu’il est possible de défendre en même temps libéralisme économique et conservatisme moral, alors que le libre-échange des hommes et des marchandises conduit inévitablement au libre-échangisme des sexes. Comme quoi, un intellectuel qui pense peut aller plus loin qu’un clampin qui marche, précédé ou non d’une poussette…

    Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 17 juillet 2013)

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